Pendant 4 jours, Aubagne met son Grain de sel dans le livre jeunesse

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L’événement à Aubagne

Pendant 4 jours, Aubagne met son Grain de sel dans le livre jeunesse Du 19 au 22 novembre, le Festival du livre et de la parole d’enfant investit le centre-ville. Un événement fort pour la région qui évolue au fil du temps. Cette année encore, des dizaines d’auteurs et d’illustrateurs feront briller les yeux des enfants

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CÔTÉ ORGANISATION

ette année encore, il va flotter un parfum de jeunesse dans les rues d’Aubagne. La ville s’apprête à accueillir, du 19 au 22 novembre, la 5e édition de Grains de sel, le festival du livre et de la parole d’enfant. Dédicaces d’ouvrages, rencontres avec des dizaines d’auteurs et d’illustrateurs, ateliers, spectacles, expositions... le programme donne une fois de plus le tournis. Pour le cru 2015, le 120e anniversaire de la naissance de Marcel Pagnol n’a bien évidemment pas échappé aux organisateurs et une place toute particulière sera réservée à celui qui a ravi des générations de lecteurs, petits et grands. Il n’y aura pas que Pagnol qui donnera une tonalité différente à cette 5e édition. Parce que la littérature jeunesse évolue sans cesse, le Festival du livre et de la parole expérimente, s’adapte. La configuration du Salon Shéhérazade sera cette année profondément repensée. Objectif ? Donner toute leur place aux livres et à ceux qui les créent. Les ouvrages seront désormais classés par genre littéraire et non plus par éditeur. Au total, ce sont plus de 1 000 m² qui seront entièrement dédiés aux ouvrages et à la trentaine d’auteurs et illustrateurs attendus. À quelques pas du Salon Shéhérazade, de l’autre côté de l’avenue Simon Lagunas, sur le parvis Guy-Môquet, des bungalows permettront aux enfants et aux parents de cultiver, ensemble, les Droits de l’enfant. Dans l’Espace des libertés se joueront de nombreux ateliers et animations qui auront comme fil rouge l’acquisition des connaissances au fil de l’enfance. Le livre y aura bien sûr une place de choix. Les sujets de prédilection seront ici les bébés, les sciences et la philosophie. "Philosopher avec les enfants", c’est d’ailleurs sur ce thème que plancheront les professionnels -auteurs, enseignants, bibliothécaires-, vendredi, pendant la journée qui leur sera réservée. Car le Festival du livre et de la parole d’enfant, en plus de consacrer les journées de samedi et de dimanche au grand public, est un formidable lieu de rencontres et d’échanges autour de la littérature jeunesse. Jeudi et vendredi, 3 000 enfants des écoles primaires et des établissements secondaires de la région seront accueillis pour rencontrer les auteurs et illustrateurs, participer aux ateliers et animations, assister aux spectacles... Pour les enfants, pouvoir échanger avec l’auteur d’un livre qui les a fait rêver constitue un moment magique. Pour les auteurs aussi. "C’est enchanteur, c’est très agréable de rencontrer nos lecteurs. D’autant plus qu’ils ne viennent généralement pas les mains vides", sourit Raphaële Frier, auteur. Pour Susie Morgenstern, qui a écrit plus d’une centaine d’ouvrages jeunesse, le festival Grains de sel est le point d’orgue de l’année. Pour le contact avec les lecteurs, mais aussi avec les professionnels de la littérature jeunesse. "C’est ’le’ festival que je ne veux pas manquer. C’est important, entre auteurs et illustrateurs, d’échanger sur la profession." Les éditions s’enchaînent et le festival Grains de sel est petit à petit devenu un temps fort pour le département et la région. Sans nul doute, le cru 2015 devrait encore un peu plus faire d’Aubagne la capitale du livre jeunesse. Un supplément réalisé par Isabelle APPY et Simon JOUSSET

LES 3 QUESTIONS

Un salon Shéhérazade entièrement remodelé

Jeudi et vendredi, 3 000 enfants viendront par classes rencontrer leurs auteurs préférés. Samedi et dimanche, le public de tout âge pourra déambuler d’un univers littéraire à l’autre.

à Gérard Gazay, maire d’Aubagne

"Un événement professionnel, grand public et intergénérationnel unique" ❚ Qu’est-ce qui fait la singularité du festival aubagnais du livre et de la parole d’enfant? Grains de Sel est considéré, à juste titre, comme le "Salon du Livre et des auteurs de littérature jeunesse" dans toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ! Et peut-être plus loin encore, car la notoriété de ce festival continue de croître chaque année. Cette reconnaissance est avant tout due au grand professionnalisme des organisateurs de cet événement. Ce professionnalisme est présent partout : dans la qualité de la promotion et de l’organisation d’un événement qui accueille plusieurs milliers de visiteurs, dans les choix artistiques du comité de sélection, dans la quantité et la qualité des professionnels invités, qu’ils soient libraires, éditeurs, auteurs, illustrateurs ou animateurs. Bien sûr, les concepteurs et les organisateurs de ce festival sont soutenus dans leurs efforts à tous les niveaux par de nombreux partenaires et par la Municipalité : au plan logistique et technique, mais aussi par l’implication des services de la ville, service Ville lecture, service Enfance, service Culture et le service de la Vie éducative qui mobilise les écoles de la ville. Grâce à ces efforts conjugués et au talent de tous les protagonistes, le public – les jeunes en premier lieu, mais aussi les grands frères, les grandes sœurs et les parents ! — est conquis. N’oublions pas que c’est le public qui donne, par sa participation et par son enthousiasme, la "note définitive" à ce festival ! Et ce n’est pas loin d’être un "10 sur 10" ! ❚ Comment expliquez-vous son succès au-delà de la ville? Beaucoup d’habitants du département et de la région savent qu’Aubagne organise des événements de qualité, populaires au sens noble du terme, que ce soit au plan sportif avec de grandes rencontres telles que les derniers championnats européens d’athlétisme, au plan culturel avec l’excellente programmation annuelle du théâtre le Comœdia ou encore avec les nombreux ateliers et conférences dans le cadre de l’Université du Temps Libre proposée par les services de l’Agglo en collaboration avec la Ville. Un autre temps fort aubagnais attire lui aussi des visiteurs de tout le département. Il s’agit de Festimôme, beau festival ludique et créatif, dédié au spectacle vivant pour les enfants, organisé au mois de juin au parc Jean-Moulin. Quant à Grains de Sel, c’est un événement à la fois professionnel, grand public et intergénérationnel, unique dans sa catégorie. Il vient

parfaitement compléter l’offre récréative et culturelle d’Aubagne, ville Amie des Enfants, d’où son succès au-delà des frontières de notre territoire. ❚ Pourquoi est-ce essentiel d’initier les enfants à l’amour de la lecture? La lecture a toujours été et restera le premier fondement de l’éducation de nos enfants. La valeur ajoutée d’un événement tel que Grains de Sel, c’est l’ouverture au monde et aux techniques permettant de décoder ce monde. Cette ouverture se fait sur un mode très ludique, en complément de l’école qui accomplit le reste de l’année de beaux efforts pour rendre agréable l’apprentissage de la lecture. Ce passage de l’apprentissage vers l’amour de la lecture, notre enfant d’Aubagne, Marcel Pagnol, l’avait lui-même déjà expérimenté, bien avant l’âge auquel un enfant commence à lire. On peut même se demander s’il n’avait pas eu l’amour des mots avant de savoir déchiffrer l’alphabet ! Je suis donc très heureux que Grains de Sel réserve à notre grand écrivain, lui qui a génialement su transcrire ses souvenirs d’enfance, une place de choix en cette fin d’année "Aubagne Capitale Marcel Pagnol 2015".

SUSIE MORGENSTERN, L’AMÉRICAINE AUX 120 SUCCÈS

/ PHOTO MARINE STROMBONI

Celui qu’on a appelé "le salon jeunesse de Montreuil en Paca" (Montreuil comme salon de référence au niveau national) est sur le point d’ouvrir ses portes. Et la coordinatrice de l’événement qui s’inscrit dans le dispositif "Aubagne-Ville lecture", Véronique Paris, n’en finit pas de dérouler le fil des activités qui auront lieu sur les quatre jours. Preuve de la fourmilière littéraire que représente Grains de sel pour Aubagne et la région. Le temps fort consacré aux livres jeunesse à Aubagne existe depuis 1993. Vingt-deux ans de manifestation et toujours une même effervescence autour du monde de l’édition et des auteurs. Cette année, la ville d’Aubagne, au côté des deux librairies indépendantes du Lycée d’Aubagne et l’Alinéa de Martigues, propose une cinquième édition remodelée du festival Grains de sel. "Nous avons souhaité donner un nouveau souffle, une nouvelle dynamique et une nouvelle attractivité" explique Véronique Paris, confrontée en 2015 à deux problématiques. Celle de valoriser le travail et le catalogue des éditeurs d’une part, celle d’accorder une visibilité plus importante aux auteurs et aux libraires d’autre part. Le format du salon Shéhérazade a donc été repensé pour devenir une grande librairie de 1000 m² qu’habillent des pôles thématiques (philosophie, bébé, conte, roman, documentaire, poésie, numérique...) plutôt qu’une succession de stands d’éditeurs. Cette refonte souligne la richesse et la diversité de la littérature jeunesse avec la présence notamment de nouveaux auteurs qui côtoient la première génération d’une Susie Morgenstern par exemple (lire ci-dessous). Du côté des éditeurs, "c’est un secteur plein de vitalité, assure Véronique Paris. Ce sont souvent des indépendants qui malgré les difficultés continuent de faire des propositions pleines d’audaces. Il y a de vraies politiques éditoriales qui ne cèdent pas à la facilité." Le festival qui a changé trois fois de format a acquis une notoriété importante au niveau régional. "Il suffit de voir l’attractivité de la journée professionnelle. Nous organisons une visite guidée du salon pour les 150 à 200 personnes

BENJAMIN CHAUD, PAPA DE L’ÉLÉPHANT POMELO

Véronique Paris pilote l’organisation du festival mais aussi les projets qui ont lieu autour du livre dans les établissements scolaires d’Aubagne et de son agglomération. / PHOTO DR inscrites qui viennent découvrir toute l’actualité de la littérature jeunesse." Destinée aux enseignants, aux médiateurs ou aux bibliothécaires de la région, la journée professionnelle du vendredi fait la part belle à la parole autour du thème "Philosopher avec les enfants" ou comment s’appuyer sur la littérature jeunesse pour parler de sujets difficiles. En parallèle, 3000 scolaires sont accueillis sur les deux premiers jours. L’occasion pour eux de découvrir les auteurs qu’ils ont lus et de se placer dans le rôle d’un critique littéraire en herbe. "Venir à Aubagne a toujours un sens pour les enseignants. Ils ne viennent pas se

’balader’. Ils mesurent bien pourquoi ils le font" analyse la coordinatrice qui accueille des classes d’Aubagne et de son agglomération, mais aussi de Marseille, d’Aix, du Var et du Vaucluse. Avec son équipe, Véronique Paris œuvre toute l’année à sensibiliser les enseignants au niveau des collèges et des lycées qui pourraient "décrocher" de la littérature jeunesse. En mettant notamment en évidence son évolution. "La littérature jeunesse observe le monde et la société. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Tout un travail sur les collégiens et la lecture doit continuer. Mais, assure-t-elle, nous ne baisserons pas les bras."

RAPHAËLE FRIER, UNE ÉTOILE MONTANTE

"Voir grandir mes deux filles m’a donné "Je n’imaginais pas que l’on puisse faire envie d’écrire des livres pour enfants" des livres graphiques, presque abstraits"

"Je connais bien les enfants. Je me suis dit que j’étais capable de leur parler"

Que ce soit dans les allées du festival Grains de sel ou dans le monde de l’édition jeunesse, Susie Morgenstern ne passe pas inaperçu. Son accent américain y est sans doute pour quelque chose, elle qui a traversé l’Atlantique en 1967 pour poser ses valises à Nice. Mais si aujourd’hui Susie a fait sa place parmi les auteurs de livres pour enfants, c’est surtout grâce à son talent internationalement reconnu. Et peu importe si elle compte 120 ouvrages au compteur, dont certains traduits dans trente langues. À 70 ans, l’auteur ne compte pas s’arrêter là. "Depuis toute petite, j’écris sans arrêt, confie celle qui pendant 40 ans a enseigné l’anglais à l’université de Nice. Je me suis mise aux ouvrages jeunesse quand j’ai eu mes deux filles. Les voir grandir m’a donné beaucoup d’idées. Et maintenant qu’elles sont grandes, mes petits-enfants ont pris le relais et sont mes nouveaux sujets d’inspiration !" s’amuse-t-elle. Insatiable, elle s’attaque aujourd’hui à un exercice nouveau pour elle : le livre pour adulte. Elle viendra d’ailleurs présenter son dernier ouvrage au festival Grains de sel, Jacques a dit (Bayard).

Moment de rencontre entre auteurs et illustrateurs, le festival Grains de sel fait se côtoyer "ogres" du métier et "novices". Débutante, Raphaële Frier l’est de moins en moins. Même si elle a commencé sa carrière d’auteur en 2008, cette native de Lyon, qui a posé ses valises il y a 15 ans dans la cité phocéenne, est en train de se faire une place dans le milieu. "J’écris depuis toute petite mais pendant très longtemps je n’osais pas envoyer mes textes aux maisons d’édition", confie celle qui enseigne dans une classe allophone des quartiers Nord de Marseille. Ses proches la poussent alors à franchir le pas. En 2009 sort Un baiser à la figue. "Dans mes livres, il y a presque toujours une trame sociale. Elle est là et elle s’impose." Histoires inspirées de faits réels, portraits de personnalités ou pure fiction, cette auteur âgée de 45 ans s’aventure dans les genres. "Je trouve l’inspiration partout. Si j’ai opté pour la littérature jeunesse, c’est parce que je pense bien connaître les enfants. Je me suis dit que j’étais capable de leur parler." Son intuition a fait mouche et six ans après son premier livre, Raphaële Frier a pu-

Les visiteurs pourront bien entendu retrouver ses livres phares, comme La sixième ou Lettre d’amour de 0 à 10. D’amour aussi il est question entre Susie et Grains de sel. "Voilà plus de 20 ans que je viens ici. Je ne dirai jamais non à ce festival." www.susiemorgenstern.com

Benjamin Chaud a une habitude. Celle de s’accorder une heure chaque matin au café du coin pour dessiner et écrire ce qui lui passe par la tête. "Je trimballe toujours un carnet de croquis avec moi pour noter mes idées" explique l’auteur-illustrateur de 40 ans. Il est le papa d’une véritable star dans le monde de la littérature jeunesse : l’éléphant Pomelo conçu à Marseille, il y a 12 ans. C’est d’ailleurs à la terrasse d’un café que le petit éléphant a trouvé ses formes sous les traits de crayons de Benjamin Chaud. "Ramona (l’auteur de Pomelo et amie de l’illustrateur, ndlr) me racontait son rêve de la nuit précédente. Celle d’un éléphant avec une grande trompe sous un pissenlit. J’ai commencé à dessiner. Elle buvait un jus de pamplemousse. Sur l’étiquette était écrit : ’Pomelo’". Tout simplement. Le succès est au rendez-vous en France mais aussi à l’étranger, les albums (Albin Michel Jeunesse) ayant été traduits dans une quinzaine de pays. Le goût du livre pour enfant, Benjamin Chaud l’a affiné lors de ses études d’arts décoratifs à Strasbourg. C’était à la fin des années 1990. Parmi ses inspirations, Hélène Riff ou le département jeunesse des éditions du Rouergue. "Je n’imaginais pas que l’on puisse faire des livres graphiques, presque abstraits et pas forcément mignons" commente l’auteur installé dans la Drôme. Amoureux de l’objet livre, il avoue faire des ouvrages avant tout pour lui ou pour l’enfant qu’il était, n’en déplaise aux lecteurs. La confiance en soi grandissante, il crée ses propres histoires comme Poupoupidours (Hélium), sorti en 2014. Il s’agit du troisième récit des aventures de Petit ours et de Papa ours dans un livre d’observation avec des découpes. Benjamin Chaud fera découvrir son univers aux enfants lors de rencontres avec les scolaires et, armé de crayons il affrontera Lili Scratchy dimanche à 14 h dans une bataille de dessins.

ARNO CÉLÉRIER, ILLUSTRATEUR ET "POPUPLIEUR"

HUBERT BEN KEMOUN, L’HOMME QUI FAIT AIMER LE POLAR AUX ENFANTS

"Le livre pop-up est souvent précieux. Là, les enfants sont invités à toucher"

"En littérature jeunesse le maître mot est: efficacité. Elle nous oblige au scénario"

"Officiellement, je suis ingénieur papier", explique Arno Célérier, Marseillais de 51 ans. Avant d’ajouter aussitôt : "Mais je n’aime pas cette appellation. Alors j’utilise celles que me donnent les enfants lors des ateliers que j’anime en classe. Ma préférée, c’est ’popuplieur’". Le pop-up, késako ? "Les livres pop-up que je crée permettent au lecteur de participer à la création de l’histoire. Il faut faire du pliage, du collage et il peut ensuite faire évoluer des personnages à sa guise", explique ce diplômé de l’École supérieure d’arts graphiques (ESAG). Arno Célérier n’est pas venu au pop-up immédiatement après avoir quitté les bancs de l’école. Il a d’abord travaillé 10 ans pour un bureau de création à Paris, où il officiait en tant que graphiste. "Je réalisais des présentoirs à placer sur des lieux de vente. L’idée était déjà de faire du graphisme sur un morceau de carton qu’il fallait ensuite plier." Puis il s’est mis à l’illustration en travaillant avec un éditeur de livres pour enfants. "J’ai toujours aimé les livres. Ceux pour enfants laissent beaucoup de place à l’image. Il y a comme un côté cinéma." Même si le pop-up était depuis longtemps dans la tête d’Arno Célérier, c’est un éditeur marseillais, Les apprentis rêveurs, qui l’encourage à franchir le pas et à glisser du pliage entre les pages. En 2012 sort Un tigre dans mon jardin. Suivent deux autres ouvrages pop-up, dont le petit dernier, Un tout petit point, qu’il a coréalisé avec Thomas Scotto. "On voulait désacraliser le livre pop-up, qui est souvent considéré comme un objet un peu précieux. Là, les enfants peuvent toucher. Mais c’est aussi un livre lien, un moment de rencontre, où enfants, parents, grands-parents partagent du temps ensemble."

Avant d’être un auteur prolifique de la littérature jeunesse avec plus de 150 livres à son actif, Hubert Ben Kemoun a écrit des pièces de théâtre pour Radio France et France Inter. Il y a appris l’immédiateté et le sens du dialogue. "En une minute trente, il faut que l’histoire soit installée, sinon on perd l’auditeur, explique-t-il. Le maître mot est efficacité. En tant qu’auteur nous sommes payés pour raconter une histoire, pas pour montrer notre nombril. La littérature jeunesse nous oblige à fabriquer un scénario. À la fin du livre, pour le personnage, plus rien ne sera jamais comme avant." Hubert Ben Kemoun ne se cantonne pas à un genre particulier. Il aborde aussi bien le roman à suspens avec Seuls en enfer ! ou Blues en noir (Flammarion) que le fantastique (Terriblement vert ! aux éditions Nathan, raconte l’histoire de Simon et de son meilleur ami Lionel ou la transformation d’un des garçons en... arbre) ou le sentiment amoureux avec À samedi ! (Rue du monde), roman-album paru à la rentrée 2015. "J’écris des livres qui se passent dans l’ici et le maintenant. Je veux que le lecteur s’identifie aux personnages quel que soit son âge. Je ne touche pas au roman historique ou à la science-fiction pour cette raison". Hubert Ben Kemoun avoue ne pas croire aux "livres-médicaments". Plus important que le message selon lui, l’éthique. "J’adore faire peur et créer un rythme haletant ! Mais je souhaite que la dernière note de mon livre soit positive, que le lecteur le referme avec l’envie de vivre." Ou l’art de la fin ouverte. Dès jeudi, l’auteur, habitué du festival d’Aubagne depuis une quinzaine d’années, rencontrera des élèves du primaire. Avec toujours la même exigence : qu’ils aient lu un de ses livres pour avoir des points d’accroche et en discuter ensemble. La principale qualité d’un écrivain est selon lui sa capacité à ne pas être déconnecté du monde de ses scénarios. Cela passe par beaucoup d’écoute et de curiosité. La récompense ? La liberté totale de création.

www.arno-celerier-illustrations.com

blié une trentaine d’ouvrages, essentiellement pour les petits et les adolescents, de la primaire au lycée. L’auteur a encore de nombreux projets en tête. À demi-mot, elle évoque même un roman pour adulte. Peut-être osera-t-elle se lancer prochainement ?

L’événement à Aubagne

La cure de jouvence des aventures du petit Marcel La bonne étoile Pagnol brille sur le festival qui lui consacre un temps fort

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n rêve d’enfant". Voilà comment le gamin du pays, Serge Scotto, qualifie son travail d’adaptation en bande dessinée de l’œuvre intégrale de Marcel Pagnol. Co-scénarisés avec Eric Stoffel, les deux premiers albums La Gloire de mon père et Merlusse (Bamboo Editions) sont parus au début du mois de novembre. Depuis l’âge de 7 ans, Serge Scotto se qualifie comme "un fondu de Marcel Pagnol" qu’il découvre au côté d’autres lectures estivales de l’époque : Le Petit Chose, Poil de carotte ou les aventures du Club des cinq. Pour l’enfant Scotto comme tant d’autres, l’identification avec les héros joue beaucoup dans la fascination exercée par les œuvres. "Aujourd’hui quand je les relis, je suis nostalgique, concède à regret le Marseillais. Tout me semble plus petit...". Heureusement, pour la magie de l’enfance, c’est le point de vue du petit Marcel que l’équipe de la BD La Gloire de mon père a adopté. Celui qui croit voir derrière chaque buisson un puma. Ou qui discerne

Adapter l’œuvre de Marcel Pagnol en BD ? Une évidence pour le co-scénariste, Serge Scotto. / PHOTO FRÉDÉRIC SPEICH un anaconda quand la couleuvre se faufile dans le bosquet. Voilà une bande dessinée aux allures de "western provençal" qui ro-

mance et redimensionne le monde à travers l’œil de l’enfant. "À l’origine, c’est un roman autobiographique, explique Serge

Scotto. Tout est vrai et tout est faux à la fois. Lorsque Pagnol l’écrit, il a soixante ans passés. L’académicien est allé chercher en lui le petit gamin des collines qu’il était. Une manière de se ressourcer à la fontaine de jouvence qu’est le souvenir d’enfance." À l’heure d’"Aubagne, capitale Marcel Pagnol", le festival du livre jeunesse ne fait pas l’impasse sur l’univers de l’académicien. Une rencontre est prévue le samedi 21 novembre avec Nicolas Pagnol, Serge Scotto et le dessinateur Morgann Tanco. Un stand "Le monde de Marcel" dans le salon Shéhérazade lui est par ailleurs consacré. Le même jour, les écrivains en herbe invités lors d’un concours de nouvelles à raconter leurs souvenirs d’enfance, seront récompensés. Serge Scotto, s’il y avait participé, aurait raconté l’histoire d’une pêche miraculeuse à Corbières lors d’un été particulièrement sec. Les poissons attrapés avaient été rapportés à la grand-mère non sans fierté. Une aventure pagnolesque en somme.

LA SCIENCE POUR TOUS

"On peut dire beaucoup avec des mots simples" Jean-Baptiste de Panafieu est auteur d’une soixantaine d’ouvrages jeunesse de vulgarisation scientifique. ❚ Livres à destination des enfants, des adultes, documentaires, conférences... Vous êtes un touche-à-tout ! J’utilise en effet différents supports mais pour traiter à chaque fois des mêmes domaines, à savoir l’environnement, les animaux, la biologie, qui m’ont toujours intéressé. Après avoir été professeur agrégé de SVT, j’ai voulu changer ma manière de transmettre. De professeur, avec des interventions devant des élèves, je suis devenu auteur scientifique sur différents supports. ❚ Comment devient-on auteur d’ouvrages de jeunesse ? Il n’y a pas de formations spécialisées qui préparent à ce métier, on apprend en le faisant. Dans mon cas, je me suis appuyé sur mes connaissances scientifiques et sur mon expérience dans l’enseignement. ❚ Quelle est la clé pour réussir à expliquer aux enfants des choses parfois compliquées ?

Les éléments visuels sont très importants. Il faut s’appuyer sur des illustrations, des photos. Pour les textes, on peut dire beaucoup de choses aux enfants du moment qu’elles sont expliquées avec des mots simples. L’objectif n’est pas d’être exhaustif, mais plutôt de les émerveiller à la richesse du monde, de leur ouvrir des portes afin qu’ils aient envie de continuer à en savoir plus. Jean-Baptiste de Panafieu animera une conférence, dimanche 22 novembre, à 15 h, à l’Escale rencontres, sur le thème "Naître animal...Être humain". Dès 8 ans.

DATES, HORAIRES, SPECTACLES

Tout ce qu’il faut savoir pour profiter pleinement du festival Grains de sel

VENDREDI 20 NOVEMBRE ◆ De 9h à 17h • Rencontres professionnelles. Cinéma Le Pagnol ◆ 17h • Renouvellement du titre Ville Amie des Enfants. Escale Rencontres.

SAMEDI 21 NOVEMBRE ◆ 9h30 • La lune la nuit. Théâtre Comœdia, salle Sicard • Motmot. Espace Bras d’Or ◆ 10h • Nathalie Novi, illustratrice. Escale Rencontres ◆ 10h30 • Bataille de dessins entre Max Ducos et Antonin Louchard, Escale Rencontres. • Inauguration officielle du Festival Grains de Sel • Lectures à voix haute. Stand de la BDP13 ◆ 10h45 • La lune la nuit. Théâtre Comœdia, salle Sicard ◆ 11h • P’tit bonhomme & Compagnie. Espace Bras d’Or ◆ 11h30 • Béatrice Fontanel, auteur. Escale Rencontres ◆ 12h • Remise des prix du concours de Nouvelles par Nicolas Pagnol et Susie Morgenstern. Escale Rencontres.

ET AUSSI... En voyage avec Ulysse Elle s’est nourrie toute son enfance de contes et d’épisodes de la mythologie. Ce n’est donc pas un hasard si après Le feuilleton d’Hermès et Le feuilleton de Thésée la journaliste et écrivain, Murielle Szac (P) nous embarquera dans le sillage d’Ulysse. Dimanche 22 novembre à 10 h 30, Espace des libertés, elle livre une lecture de quelques épisodes de son dernier ouvrage Le feuilleton d’Ulysse. Ou la réécriture de L’Iliade et L’Odyssée en cent chapitres à partir de 5 ans. La mythologie n’a pas d’âge.

Si on jouait en famille? Qui a dit : "Que le meilleur gagne" ? Au lieu de jouer en opposition, les jeux coopératifs permettent de gagner ensemble... ou de perdre ensemble ! À l’espace des Libertés (salle Stéphane Hessel), tout au long du week-end, les plus petits pourront s’émanciper au gré des ateliers et animations. Les plus grands pourront jouer avec eux dans des espaces dédiés pour partager des moments inoubliables et inventer ensemble de nouveaux mondes.

L’École des loisirs fête ses 50 ans Pour fêter les 50 ans de création de la célèbre maison d’édition, Grains de sel présentera à l’Escale rencontres l’exposition "Nos héros préférés" pour partager les héros littéraires des enfants. À l’Espace des libertés, une autre exposition expliquera "la fabrication d’un livre" illustrée par Yvan Pommaux, auteur de littérature d’enfance, de jeunesse et de bande dessinée.

Une ribambelle de spectacles ◆ 14h • Nicolas Pagnol et les auteurs de la BD, La Gloire de mon père, Serge Scotto et Morgann Tanco, à l’Escale Rencontres • Motmot. Espace Bras d’Or • Harmonie et bien-être. Parvis Guy-Môquet. Bungalow 3 ◆ 14h30 • Les aventures de Pinocchio. Théâtre Comœdia ◆ 15h • Séverine Vidal, auteure. Escale Rencontres • P’tit bonhomme & compagnie. Espace Bras d’Or • Atelier Pop-up avec Arno Célérier, salon Shéhérazade • Lectures à voix haute. Stand de la BDP13 ◆ 16h • Alex Cousseau, auteur. Escale Rencontres ◆ 16h30 • Atelier Pop-up avec Arno Célérier. Salon Shéhérazade. • Le Presque Petit Chaperon rouge. Théâtre Comœdia ◆ 17h • Julien Neel, auteur de BD, à l’Escale Rencontres • Lectures à voix haute, stand de la BDP13

DIMANCHE 22 NOVEMBRE ◆ 9h30 • Motmot. Espace Bras d’Or ◆ 10h • Christian Jolibois, auteur. Escale Rencontres

◆ 10h30 • Lectures à voix haute, stand de la BDP13 • Le Presque Petit Chaperon rouge. Théâtre Comœdia • Murielle Szac : lectures à voix haute des feuilletons d’Ulysse. Espace des Libertés, salle Simone Veil ◆ 11h • Table ronde avec Daniel Picouly, Nicolas Pagnol, Azouz Begag. Escale Rencontres • P’tit bonhomme & compagnie. Espace Bras d’Or ◆ 14h • Bataille de dessins entre Benjamin Chaud et Lili Scratchy. Escale Rencontres • Motmot. Espace Bras d’Or • Chocolat théâtre. Espace des Libertés, salle Stéphane Hessel ◆ 14h30 • Les aventures de Pinocchio. Théâtre Comœdia ◆ 15h • Lectures à voix haute, stand de la BDP13 • «Naître animal…Être humain». Conférence de Jean- Baptiste de Panafieu. Escale Rencontres • La folle traversée. Espace Bras d’Or 1 ◆ 16h30 • Le Presque Petit Chaperon rouge. Théâtre Comœdia ◆ 17h • Lectures à voix haute, stand de la BDP13

LA BILLETTERIE DES SPECTACLES ◆ Tarif • enfant 3€ - adulte 6€ ◆ Accompagnant • Un adulte par famille dans les petites salles ; possibilité de deux adultes par famille dans la grande salle. ◆ Réservations avant le spectacle • Les réservations des spectacles présentés au Comœdia et au Bras d’Or seront ouvertes au public au théâtre Comœdia les mardi 17 et mercredi 18 novembre, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h. ◆ Achat le jour même au Comœdia • Samedi 21 de 9 h à 10 h 45 pour les spectacles du matin : Motmot, La lune la nuit et P’tit Bonhomme & Cie; et à partir de 13h pour les spectacles de l'après-midi : Motmot, Les aventures de Pinocchio, P’tit Bonhomme & Cie et Le Presque Petit Chaperon rouge. Dimanche 22, de 9 h à 10 h 45 pour les spectacles du matin : Momot, Le Presque Petit Chaperon rouge et P’tit Bonhomme & Cie ; et à partir de 13h pour les spectacles de l'après-midi : Motmot, Les aventures de Pinocchio, La Folle traversée et Le Presque Petit Chaperon rouge.

Cette année encore, des spectacles seront proposés samedi et dimanche et devraient ravir petits et grands. Avec Les aventures de Pinocchio, l’Autre compagnie proposera un spectacle où se mêleront théâtre d’objet, manipulation de marionnettes, illustrations (dès 8 ans). Le spectacle La lune la nuit (dès 9 mois) ravira, lui, les tout-petits et sera conté par Claire Pantel : "D’où viennent la nuit et les étoiles? Et que fait la lune la nuit?". Dès 5 ans, les enfants pourront apprécier Le presque petit chaperon rouge, donné par la Compagnie Nansouk (dès 5 ans, O) : "Des créanciers impitoyables viennent chercher leur dû chez Charles Perrault. Après ses meubles, ils s’en prennent à ses histoires." Un spectacle où l’on trouve du théâtre, des marionnettes, de l’opéra, des décors en pop-up. La Compagnie Éclats de scène proposera Motmot (dès 4 ans) à l’Espace Bras d’or, "l’histoire d’une rate qui raconte des histoires : une Ratconteuse. Un spectacle entre ombre chinoise et peinture vivante sur les thèmes de la transformation et de la transmission. Toujours à l’Espace Bras d’or, Pierre Delye contera P’tit bonhomme & compagnie, l’histoire d’un enfant qui a envie de tout découvrir, surtout ce qui est interdit! Enfin, La folle traversée (dès 3 ans) est un conte de Claire Pantel : "Pour communiquer d’une rive à l’autre de la Méditerranée, les hommes ont tout imaginé au fil des âges : téléphone arabe, avec ou sans fil, bouteilles à la mer, morse ou SMS. Et demain? L’homme marchera sur l’eau."