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4 juin 2014 - Très souvent, pour mieux cerner la psychologie des personnages, se mêlent sans distinction biographie et fiction romanesque. Dans un style ...
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São Bernardo un film de Leon Hirszman

Remerciements au Festival des 3 Continents de Nantes qui a permis la re-découverte de ce film en 2012 et à Robert Grélier, qui grâce à son travail et à sa ténacité, a rendu possible la sortie du film en France.

CANNES 1972

São Bernardo Les Films du Paradoxe présentent

un film de Leon Hirszman Brésil – 1h53 – 1971 – VOSTF

Sortie : 4 juin 2014 - INÉDIT EN FRANCE -

Presse Jean-Bernard Emery Tél. : 01 55 79 03 43 - Mob. : 06 03 45 41 84 [email protected] Distribution

Les Films du Paradoxe Tél. : 01 46 49 33 33 Fax : 01 46 49 32 23 [email protected] Photos et dossier de presse disponibles sur le site : www.filmsduparadoxe.com

« En 1963 nous vivions un moment de grande agitation politique, et Leon était toujours en première ligne, en train de filmer. Je crois que c’est le seul parmi nous qui a toujours fait preuve de cet engagement. Il n’a jamais cessé de s’engager (…). À tel point qu’il cherchait toujours une production en rapport avec un mouvement politique. Et il avait une fantastique passion politique toujours à la recherche d’une pensée nouvelle. Nourri des lectures de Marx et de Brecht, il parlait durant des heures, délirait et s’envolait… C’était très beau et nous l’admirions tous, Ruy Guerra, Carlos Diegues, Glauber Rocha et moi-même ». Nelson Perreira dos Santos Monteur du second film de Leon Hirszman, MAJORITÉ ABSOLUE

Synopsis Paulo Honório est obsédé par l’idée d’acquérir la ferme de São Bernardo dans laquelle il a été ouvrier agricole. Il y parvient à force de tractations malhonnêtes. Pour être respectable, un riche propriétaire se doit de fonder une famille. Il se marie donc avec Madalena, jeune professeur, qui cherche à se maintenir au courant de l’actualité des questions politiques, sociales et littéraires. Paulo Honório aime sa femme, mais cet homme frustre qui considère le mariage comme une transaction commerciale ne peut supporter l’émancipation de son épouse qui soutient les ouvriers agricoles face à son autoritarisme. Dévoré par une jalousie maladive, Paulo Honório ne supporte plus ses amis et encore moins les cris de son fils. Progressivement Madalena se détruit…

Entretien

avec le réalisateur

Quel a été jusqu’ici votre rapport avec le public ? Le Cinéma Novo ne s’adresse-t-il pas à la petite bourgeoisie des villes ? Si l’on veut démystifier, on doit affronter le problème de la relation de notre œuvre avec le public. Notre cinéma n’a pas établi de véritable communication avec les couches profondes du public brésilien (…) En ce qui me concerne, je veux appliquer la conception du cinéma d’auteur à certains mythes actuels (…) Je voudrais partir de la présence de mythes sociaux dans notre réalité. Ainsi après le coup d’état d’avril (1er avril 1964), la peur, la crainte de la persécution, l’absence d’une activité définie, tout cela représente une mythologie sociale bien précise dont il faut analyser les aspects concrets. (…) il s’agit donc pour moi d’utiliser le cinéma comme un outil pour la connaissance de notre réalité, sans toutefois lui imposer de limitation. Analysant les aspects de cette réalité susceptible de conduire le spectateur au cinéma je peux dès lors lui permettre d’adopter, face à ses problèmes, une position critique.

Quelles sont les raisons qui vous ont porté à adapter SÃO BERNARDO de Graciliano Ramos ? Dans l’œuvre de Graciliano Ramos, SÃO BERNARDO est certainement le roman que j’ai toujours trouvé le plus cinématographique. De par son écriture et sa structure, il contient pour moi tous les ingrédients pour la réalisation d’un film, du moins dans l’optique de mes préoccupations. Avec brio, l’écrivain s’acquitte de l’unité de lieu, comme dans le théâtre, avec l’irrésistible ascension du personnage principal. De plus on y respire vraiment la terre du Nordeste. La littérature de Graciliano est extraordinaire. Son approche des personnages n’est pas schématique, il n’a pas de préjugés, il fait preuve de compréhension et d’humanité à leur égard. Graciliano Ramos expose de manière presque didactique, la reconstruction économique de Paulo Honório, homme du Sertão, qui dédie sa vie à l’accumulation d’un capital, la construction de richesses en transformant la nature, en industrialisant. Pour lui tout est marchandise. Il devient de plus en plus propriétaire, au point suprême d’acheter une épouse. Et c’est cette déshumanisation, cette habitude de tout réduire aux questions matérielles qu’il va finalement analyser plus tard pour écrire le livre d’une confession.

São Bernardo

Quelle a été votre méthode de travail ? J’ai cherché à réaliser une lecture directe du roman. J’ai provoqué l’émotion à tous les niveaux de la raison du spectateur en évitant tout ce qui pouvait le tromper. La thématique du film analyse la dialectique de la raison et tente d’établir avec elle un équilibre dynamique. Pour fluidifier la lecture cinématographique de SÃO BERNARDO j’ai coupé ce qui aurait pu être superflu, ce qui aurait ajouté quelque chose d’inutile. Pour mon travail je me suis appuyé sur l’essai, Thèse et antithèse d’Antônio Candide. Il n’y a pas eu véritablement de scénario à proprement parler. Tout était déjà dans le roman. En aucune façon je ne voulais inventer ni extrapoler, car pour moi c’est une œuvre littéraire que j’aime trop pour lui manquer de respect. J’ai fait en sorte que mon travail ressemble à celui d’un musicien qui interprète la musique d’un compositeur qu’il admire et estime. Dix ans après sa sortie au Brésil, quelle est la signification de ce film ? SÃO BERNARDO a signifié pour beaucoup de personnes, l’affirmation claire d’une position, d’une identité, d’une vision d’un monde totalement opprimé. SÃO BERNARDO est une histoire populaire conçue dans un esprit esthétique, artistique qui lui permettait d’échapper à la censure (1), celle-ci approuvait difficilement une quelconque attitude critique face au problème de la grande propriété terrienne.

entretien

La confession de Paulo Honório, lorsqu’il essaie de se justifier en tant qu’individu est un fait d’actualité. La classe sociale à laquelle il avait accédé n’était pas capable de comprendre son rôle, parce que le suicide de sa femme (qui recherchait une relation plus solidaire avec le peuple, une relation de nonexploitation) l’avait condamné. Il voulait tout posséder, mais il est allé de déconvenue en déconvenue. Cette histoire ressemble à celle que nous sommes en train de vivre, tout était affaire d’économie, un peu comme le miracle (2). Le film représente un peu ma haine du miracle. Entretiens réalisés par Helena Salem, Alex Viany, José Carlos Monteiro, Louis Marcorelles, traduits et adaptés par Robert Grélier

1. La censure exigea cependant de nombreuses coupures, car il était interdit de parler du système latifundium. Suite au refus de Leon Hirszman, les pourparlers durèrent six mois ruinant le réalisateur et sa société de production. 2. Le réalisateur fait allusion à l’expression, “miracle économique”, donnée par la dictature militaire au sujet notamment de la construction de la route transamazonienne.

Restauration

du film São Bernardo

« Le projet de restauration numérique de l’œuvre de Leon Hirszman m’a donné l’occasion de contribuer à la restauration du film SÃO BERNARDO, le premier long métrage que j’ai filmé. En tant que producteur et superviseur technique du projet, j’ai pu me rendre à l’évidence que nous n’avions pas été capables de nous occuper convenablement de notre fonds cinématographique. Les marques d’une utilisation inadéquate par les laboratoires sont visibles sur un grand nombre de films, marques parfois aggravées par la précarité des conditions de conservation. Cette réalité ayant été constatée à de multiples occasions, nous a placés devant la nécessité absolue de rechercher les possibilités de restauration des films de notre patrimoine. Dans le cas de SÃO BERNARDO, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur les négatifs images et son originaux comme matrices. Mais l’analyse de l’état du négatif image a révélé des stigmates de la plus grande gravité. Nous avons découvert que le laboratoire qui avait eu la charge de l’image a adopté, à cette occasion, une technique de correction appelée dépolissage de la base du négatif, visant à éliminer les rayures provoquées par une manipulation incorrecte du matériel. Mais ce procédé a laissé des taches, déjà visibles sur les copies de conservation,

devenues encore plus évidentes lorsque nous avons débuté les travaux de numérisation. Ce constat nous a amenés à effectuer une série d’essais au Brésil et à l’étranger pour trouver la meilleure technique de numérisation des négatifs. Au regard de ces essais, nous avons opté pour une numérisation en 2K, avec le scanner Spirit de la société Teleimage qui avait pour avantage l’utilisation d’une source de lumière bien plus diffuse que celle des autres équipements. Le processus de restauration a duré deux ans avec la projection de la copie de conservation déposée à la Cinémathèque brésilienne. Avec le concours de Patrícia di Filipi, spécialiste en restauration et directrice de cette institution, nous avons commencé l’analyse et la programmation du processus. Cette copie, outre qu’elle était rayée, présentait une décoloration à forte dominante magenta. Négatif dépoli, copies décolorées, rayures et salissures faisaient que ce film n’était plus qu’un pâle souvenir de celui dont je me souvenais.Le son a été restauré à partir du négatif son. Celui-ci offre peu de possibilités de modifications et a demandé à José Luiz Sasso un travail minutieux pour son amélioration. Ce travail a été réalisé par le Studio JLS, supervisé par Eduardo Escorel, monteur du film. J’espère que dorénavant SÃO BERNARDO sera vu et apprécié dans toute sa beauté. » Lauro Escorel (Traduction Robert Grélier)

C

onsidéré comme l’un des plus importants écrivains brésiliens, Graciliano Ramos est sans nul doute celui qui fut le plus à l’écoute des habitants du Nordeste, région où il naquit et vécut enfant, et où il passa une partie de sa vie d’adulte. Chroniqueur et journaliste, il mène parallèlement une activité de romancier et de fonctionnaire. Durant la dictature de Getulio Vargas, il écrit en 1934, SÃO BERNARDO (1). Dans le cadre d’une soi-disant menace communiste, il est arrêté et emprisonné pendant trois ans. Néanmoins, en 1936, il parvient à faire publier ANGOISSE. Son séjour en prison fera l’objet d’un Ecrivain livre de souvenirs MÉMOIRES DE PRISON qui sera publié à titre posthume en (1892 - 1953) 1953. En 1938, paraît SÉCHERESSE, puis en 1945, son autobiographie sous le titre d’ENFANCE. La même année, il adhère au Parti communiste brésilien dont il s’est toujours senti très proche. Invité à Moscou en 1952, il relate ce voyage dans un livre qui ne paraîtra qu’en 1954. Son œuvre est profondément marquée par le Nordeste, région aux structures archaïques, où l’homme pour sa survie doit lutter contre une nature hostile, l’injustice, l’intolérance, l’arbitraire, la corruption et l’immoralité. L’homme est le plus souvent confronté à des forces qui n’engendrent guère la révolte. Très souvent, pour mieux cerner la psychologie des personnages, se mêlent sans distinction biographie et fiction romanesque. Dans un style rude, où priment les phrases courtes, Ramos recherche constamment la concision et les mots justes, même s’ils n’appartiennent pas au langage académique. Il fut d’ailleurs l’un des premiers à introduire les expressions populaires sertanejas.

Graciliano Ramos

1. La plupart de ses livres sont publiés aux éditions Gallimard, Collection Du monde entier

Leon Hirszman réalisateur

Leon Hirszman est un scénariste et réalisateur brésilien, né en 1937 à Rio de Janeiro et décédé dans cette ville en 1987. À quatorze ans, Leon Hirszman se passionne déjà pour la politique et s’inscrit au parti communiste. Après des études d’ingénieur, Leon Hirszman, qui fut donc très tôt impliqué dans la vie sociale et politique de son pays, se consacre à la diffusion d’un cinéma militant au sein des ciné-clubs. Devenu cinéaste et chef de file du Cinema Novo, ce grand admirateur d’Eisenstein restera fidèle à ses préoccupations. ILS NE PORTENT PAS DE SMOKING et ABC DA GREVE, une fiction et un documentaire tournés simultanément dans les faubourgs industriels de São Paulo, témoignent de son engagement. Lorsqu’il initie la production de CINCO VEZES FAVELA en 1962, Leon Hirszman jette les bases du Cinema Novo et affirme, dès 1963, sa volonté de questionner les grands sujets de société en réalisant MAIORIA ABSOLUTA, un documentaire sur l’analphabétisme au Brésil. Avec LA MORTE, son premier long métrage tourné en 1964, il refuse l’image stéréotypée de la cité carioca en pointant sa caméra sur les faubourgs de Rio. Une quête qu’il poursuit quinze ans plus tard à São Paulo lorsqu’il adapte la pièce de Guarnieri, ILS NE PORTENT PAS DE SMOKING.

Leon Hirszman

Récompensé au Festival de Venise, le cinéaste touche le grand public sans pour autant renoncer à ses convictions idéologiques et esthétiques. Par une coïncidence troublante, la préparation de ce film consacré à la condition prolétarienne et à ses contradictions s’inscrit dans le contexte des grèves de l’ABC pauliste, banlieue industrielle de la ville. Pour capter ce tournant de l’histoire politique et sociale du pays qui serait à l’origine de la création du Parti des travailleurs, Hirszman tourne ABC DA GREVE. Son décès en 1987 l’empêche de finaliser le montage. Témoignage remarquable du mouvement populaire, l’oeuvre inaugure une période de démocratisation après trente ans de régime dictatorial.

réalisateur Filmographie 1962

LA CARRIÈRE DE SÃO DIOGO Court métrage - Noir et blanc Episode du long métrage collectif CINQ FOIS FAVELA

1964 1965 1965 1969

MAJORITÉ ABSOLUE Court métrage - Noir et blanc LA DÉFUNTE Long métrage - Noir et blanc LA FILLE D’IPANEMA Long métrage - Noir et blanc VENDREDI SAINT, VEILLE DE PÂQUES Court métrage - Noir et blanc

1969 1972

NELSON CAVAQUINHO Court métrage - Noir et blanc SÃO BERNARDO Long métrage - Couleur D’abord censuré, sorti en 1972 au Brésil

1974 1974 1975

MEGALOPOLIS Court métrage - Couleur ECOLOGIA Court métrage - Couleur CHANTS DE TRAVAIL DANS LES CHAMPS : MUTIRÃO Court métrage - Couleur 1975-1990 CINEMA BRÉSILIEN : MARCHÉ OCCUPÉ Court métrage - Vidéo

1976-1982 PARTIDO ALTO Court métrage - Couleur 1976 CHANTS DE TRAVAIL DANS LES CHAMPS : CACAO Court métrage - Couleur

1976

CHANTS DE TRAVAIL DANS LES CHAMPS : CANNE À SUCRE Court métrage - Couleur

1978 RIO, CARNAVAL DE LA VIE Court métrage - Couleur 1979-1990 ABC DE LA GRÈVE Long métrage - Couleur 1981 ILS NE PORTENT PAS DE SMOKING Long métrage - Couleur

1983-1986 IMAGES DE L’INCONSCIENT 3 épisodes - Couleur 1984-1996 BAHIA DE TOUTES LES SAMBAS Long métrage - Couleur

Réalisation, scénario Leon Hirszman d’après le roman de Graciliano Ramos Image Lauro Escorel Montage Eduardo Escorel Son Walter Goulart Musique Caetano Veloso Production Embrafilme, Mapa Filmes, Saga Filmes Producteur délégué Henrique Coutinho, Marcos Farias, Luna Moskovitch, Marcio Noronha Directeur artistique Luiz Carlos Ripper Avec Othon Bastos Isabel Ribeiro Rodolfo Arena Remerciements : Maria Hirszman, Ana Afonso, Helena Salem (auteur de l’ouvrage LEON HIRSZMAN O NAVEGADOR DAS ESTRELAS), Carla Fernandes, Tatiana Salem Levy, Paula Alves de Souza (Conseillère au Ministère des Relations Extérieures à Brasilia), José Carlos Avellar (Chargé de la programmation cinéma de l’Instituto Moreira Salles à Rio de Janeiro), José Mauricio Bustani (Ambassadeur du Brésil en France), Carlos Augusto Calil (Responsable pour l’intégrité artistique et physique de l’œuvre de Léon Hirszman et de sa diffusion), Alex Giacomelli (Ministre Conseiller, Ambassade du Brésil en France), Marcos de Souza Mendes (Professeur de cinéma à l’Université Fédérale de Brasilia), Jean-Claude Bernardet (écrivain), Lauro Escorel (chef-opérateur, chargé de la restauration des films de Leon Hirszman). Photos : © collection Maria Hirszman

agence C3 05 61 16 06 51

São Bernardo