millions de soutiens la privatisation du groupe

en France, des citoyens se mo- bilisent : là on créé ... privatisation des autoroutes décidée en 2002 par ... “Sitôt qu'on évoque l'exemple des autoroutes, ça fait.
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26 La Marseillaise / du vendredi 12 au jeudi 25 juillet 2019

EN FRANCE

Le groupe Aéroports de Paris (ADP) regroupe trois infrastructures : les aéroports d’Orly, de Roissy et du Bourget. PHOTO DR

Encore 4 millions de signatures pour l’organisation d’un référendum contre la privatisation d’ADP RIP Le recensement de 4,7 millions de soutiens à la procédure de Référendum d’Initiative Partagée contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP) se poursuit. Plus de 500 000 citoyens ont déjà apporté leur signature.

U

n demi-million de citoyens mobilisés en 40 jours pour dire stop aux privatisations d’infrastructures publiques. Plus d’un mois après son lancement, la procédure de Référendum d’Initiative Partagée (RIP) contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP) recense un peu plus de 512 000 signatures selon plusieurs compteurs en ligne créés par des internautes bidouilleurs, à défaut d’un compteur officiel que le ministère de l’Intérieur refuse de

mettre en place. Soit plus de 10% de l’objectif final de 4,7 millions de signatures fixé par le Conseil Constitutionnel. Les 248 parlementaires de droite et de gauche à l’origine de la procédure ont jusqu’au 13 mars 2020 pour recueillir les plus de 4 millions de soutiens encore nécessaires pour voir ce référendum organisé. La procédure de RIP est extrêmement complexe. Pour qu’il ait effectivement lieu, 10% du corps électoral doit soutenir la démarche (les fameux 4,7 millions de soutiens). A la suite de cela, si le Sénat et l’Assemblée Nationale ne mettent pas toutes deux le sujet à l’ordre du jour, alors le président sera tenu d’organiser le scrutin. Le gouvernement a bien tenté de faire annuler la procédure par le Conseil Constitutionnel mais celui ça n’a rien trouvé à redire à son organisation. “C’est une occasion inédite pour les français d’être consulté sur un sujet d’intérêt public et de participer à un référendum qui n’est pas initié par le président de la

République”, s’enthousiasme Patrick Weil, historien et politiste engagé pour la tenue du référendum.

Campagne tout azimut Comme lui, un peu partout en France, des citoyens se mobilisent : là on créé un site internet pour expliquer comment voter, là on monte des comités pour rassembler le nombre de signatures.“On tracte et on s’organise pour installer des ordinateurs sur le marché pour permettre aux gens de signer directement”, détaille Vincent Bouget, secrétaire départemental du PCF Gard. “Le premier cercle des militants a signé, maintenant on doit mener une campagne de proximité et toucher tout le monde”, ajoute-t-il. Pour mobiliser, les arguments ne manquent pas. Le groupe Aéroports de Paris (ADP) se porte bien, très bien même. L’an dernier, l’activité a rapporté 173 millions d’euros de dividendes à la collectivité. Des bénéfices qui aiguisent l'apétit des investisseurs. Vinci, dé-

jà actionnaire minoritaire d’ADP et grand gagnant de la privatisation des autoroutes décidée en 2002 par Dominique de Villepin, est dans les startings blocks. “Sitôt qu’on évoque l’exemple des autoroutes, ça fait tilt. Les gens ne veulent pas d’une nouvelle privatisation”, détaille Paul Cassia, professeur de droit à l’université Paris I et auteur de La République en miettes.

Des précédents catastrophiques “ADP, ce n’est pas que des pistes et des magasins duty free comme le dit le gouvernement, c’est un service public qui rapporte à la collectivité et plus de 1300 hectares de terrains autour de l'aéroport qu’on va laisser au privé”, interpelle Patrick Weil. L’exemple catastrophique de la privatisation de l’Aéroport de Toulouse Blagnac (ATB), décidée en 2015 par un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, a de quoi calmer l’enthousiasme du gouvernement. Casil Europe, le fonds d’investisse-

ment chinois actionnaire majoritaire de l’aéroport, basé dans les Îles Caïmans, a reversé 100% des bénéfices de la société aux actionnaires et a largement puisé dans les réserves financières de l’entreprise. Le 16 avril dernier, la cour d’appel de Paris a annulé la procédure de privatisation de l’aéroport considérée comme irrégulière. L’État, au lieu de suivre cette décision, a décidé de porter l’affaire en Cassation. Rien n’y fait, le gouvernement veut se “désengager” non seulement d’ADP mais aussi de la Française des Jeux (FDJ) et d’Engie. Pour lui, ces entreprises nationales ne constituent des actifs « stratégiques », leurs activités se résument à du commerce. “Contrairement à ce qui était annoncé, ce gouvernement ne fonctionne que dans le dogme libéral. Sous l’appellation de nouveau Monde, Il n’accepte aucune contradiction et préfère jouer le rapport de force”, décrypte Vincent Bouget. Marius Rivière