Mai 1968 - Dieppe

temps, ce premier pas, alors cette marche n'aura pas été inutile. ...... Nouveau calcul élémentaire pour l'Inspection. ..... auprès du Bureau Air informa- tion, 16 rue ...
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Temps>fort

Mai 68 © Serge Lucas

Mai-juin 2008

Il y a quarante ans :

Mai 1968 ne surgissait pas dans un ciel serein. En 1967, plusieurs milliers de personnes avaient défilé pour la sauvegarde de l’emploi chez Allis Chalmer et avaient reçu le soutien de la population, y compris des commerçants qui avaient baissé leur rideau. A l’automne, ce seront de grandes manifestations contre la réforme de la Sécurité sociale et l’instauration des premières franchises. Au début de l’année 68, ce seront les marins pêcheurs qui arrêteront le travail plusieurs jours. Pendant le premier trimestre et pendant la manifestation du 1er mai, la lutte pour la paix au Vietnam sera au cœur des préoccupations des Dieppois. Irénée Bourgois et Albert Legras, leader syndicaliste chez Allis-Chalmers devant la Sous-préfecture.

Le lundi 13 mai sera la première grande manifestation du printemps et plus de 4 000 personnes circuleront dans les rues de Dieppe pour protester contre les violences policières subies par les étudiants à Paris. >>>

Pas de désordres

Mai 68 © Serge Lucas

De nombreux événements vont commémorer les 40 ans des événements de mai 1968. A Dieppe, du 23 au 31 mai, une exposition consacrée à ces luttes et à leur héritage social et culturel en France et à l’étranger animera le hall de l’Hôtel de Ville. Par ailleurs, une vingtaine de panneaux, illustrant le mois de mai 1968 à Dieppe seront présentés à l’espace Communication de la Ville du 26 mai au 17 juin. Une table ronde regroupant des acteurs de l’époque et des militants associatifs et syndicaux aura également lieu au forum de la Médiathèque Jean Renoir. En préambule à ces rendez-vous, Journal de Bord retrace ces événements qui ont marqué l’histoire sociale de la France.

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40 ans après… ils racontent Mai 68 Une marche exemplaire Pierre Verbraeken évoque l’avant mai 1968 de son œil de journaliste. Pouvez-vous évoquer pour nous l’avant mai 1968 à Dieppe ? J’avais 35 ans et j’étais rédacteur en chef des Infos depuis déjà cinq ans. Je commençais à connaître Dieppe, alors dirigée par une municipalité de centre droit ébranlée par l’élection récente d’un conseiller général communiste, Léon Rogé, sur Dieppe-Ouest. Le 22 mars, jour des événements de Nanterre, 500 jeunes Dieppois, lycéens, jeunes communistes, jocistes, guides et éclaireurs de France… marchaient contre la faim dans le monde, défilant en silence dans les rues avec des banderoles et distribuant un texte commun paru la veille dans les Infos. J’ai retrouvé l’édito sur cet événement: “Les jeunes manifesteront pour l’homme. On les traitera de rêveurs, d’idéalistes. Ils manifesteront contre la faim. On les jugera. Mais s’ils dépassent cette prise de conscience du plus important problème de notre temps, ce premier pas, alors cette marche n’aura pas été inutile. Mais exemplaire”.

Mai 68 © Serge Lucas

Le 22 mars 1968, des étudiants de Nanterre, avec à leur tête un certain Cohn Bendit, protestaient contre la non-mixité des résidences étudiantes. A Dieppe, ce même jour, 500 jeunes manifestaient contre la faim dans le monde. Quelques semaines plus tard, la France s’embrasait et Dieppe participait très activement aux événements de Mai 68. 40 ans après, quel est l’héritage de ce mouvement social ? Tandis que deux livres consacrés à MAI 68 sur Dieppe paraissent, des expositions et des débats ponctueront l’anniversaire de ce mois explosif. Journal de bord s’est entretenu avec des témoins et des acteurs de l’époque.

Mai 1968 ! >>> Un temps de respiration et c’est dans la soirée du vendredi 17 mai, à la suite de l’extension rapide des grèves avec occupation d’usines dans la région à partir du mercredi 15, que les ouvriers et techniciens de la Cellophane, à Arques-la-Bataille, et les cheminots des services de la SCNF de Dieppe (les gares et le transmanche) donneront le coup d’envoi d’un mouvement qui s’amplifiera de jour en jour et durera jusqu’à la première semaine de juin. Avec une particularité extraordinaire. « L’occupation des usines et des services par les salariés en grève, tout cela s’est déroulé sans incident. Même au plus fort des événements, il n’y a pas eu une voiture ou une vitrine de touchée. Un wagon avec du champagne était consigné en gare de Dieppe. Quelques individus isolés avaient voulu le piller. Aussitôt, les piquets de grève sont intervenus et les ont sommé de rendre la marchandise. Cet épisode s’est terminé sans bagarre » explique Serge Lucas, alors journaliste à Paris-Normandie. L’absence de débordements est en partie due au charisme de certains leaders syndicaux, au rang desquels Irénée Bourgois. Alors secrétaire de l’union locale CGT, celui qui deviendra Maire de Dieppe savait « galvaniser » les foules sans jamais se faire dépasser. Le 22 mai, lors de la manifestation qui réunit plus de 5 000 manifestants, Irénée Bourgois insiste

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sur l’aspect non insurrectionnel du mouvement. « La classe ouvrière, précise-t-il avec force, n’accepte pas le désordre qui fit venir le pouvoir personnel en 1958 ». Signalons aussi que les jeunes de la MJC présentèrent des spectacles devant les grévistes. Par ailleurs, le conseil municipal, interpellé par l’intersyndicale, accorda des bons de pain et de viande et la gratuité de la cantine pour les personnes les plus en difficulté. Les syndicalistes étaient quant à eux chargés par le Sous-préfet d’assurer le ravitaillement en essence des professionnels qui en avaient le plus besoin. >>>

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Mai, une explosion de vie

Mai 1968, une boule d’énergie

Mai 1968 vu par Georges Trébot, aujourd’hui retraité, mais alors dirigeant syndical à la Cellophane, première entreprise locale à entrer en grève et dernière à reprendre le travail.

Jean-Pierre Chérès, artiste alors professeur au lycée Ango.

Comment avez-vous vécu Mai 1968 ? Mai 1968, c’était une explosion de vie! Après tant d’années de promesses patronales qui n’étaient jamais tenues, tant d’années de répression contre ceux qui osaient tenir tête, c’était des moments palpitants où au sérieux des actions revendicatives, s’ajoutaient des moments de détente et de fête. A l’époque, la Cellophane est la première entreprise de la région à se mettre en grève. Pourquoi ? Nous préparions une grève illimitée prévue pour juin pour lutter contre la disparité des salaires à la tête du client et l’autoritarisme. Nous faisions des milliers de billets de tombola pour que la population et les ouvriers du groupe Rhône Poulenc nous soutiennent. Aussi, dès que Cléon a donné le signal d’envoi dans la région, nous étions prêts. Notre mouvement a duré quatre semaines et nos salaires ont doublé.

>>> Acteurs de mai 1968 à la Mairie Entre le lundi 20 mai, date de l’extension générale de la grève à la Fonction publique et aux petites et moyennes entreprises, et le lundi 27 mai à 7 heures du matin (lorsque le premier ministre Pompidou annonce les résultats de la négociation de Grenelle) il ne s’est en fait passé qu’une semaine. Mais quelle semaine ! 10 millions de grévistes en France, les usines occupées, l’économie arrêtée. Le 2 juin, plusieurs centaines de contre manifestants gaullistes défilent dans la rue. Peu à peu les salariés reprennent le travail, entreprise par entreprise, au gré de l’obtention de leurs revendications. Trois années plus tard, en mars 1971, arrivait en mairie de Dieppe autour d’Irénée Bourgois, une équipe constituée des acteurs du mai 1968 dieppois.

Que représente pour vous Mai 68 ? Mai 68, c’était une boule d’énergie qui se communiquait de l’un à l’autre. J’étais comme un poisson dans l’eau. Au lycée Ango, nous étions une vingtaine de profs à être très impliqués dans le mouvement, une minorité agissante. Je peux vous assurer qu’à l’époque il y avait un intense bouillonnement d’idées. Pendant l’occupation du lycée, nous avons travaillé d’arrache pied, créé des commissions, notamment sur la modification du règlement intérieur avec par exemple l’introduction des parents et des élèves dans le fonctionnement de l’établissement. Est-ce-que Mai 68 a changé vos méthodes d’enseignement ? Oui et non. Déjà avant 68, dans mes cours, je faisais étudier les tracts des étudiants berlinois. Mon enseignement avait toujours été en prise avec l’actualité politique et culturelle. Par contre, dans la forme, il y a eu un changement radical. J’ai transformé la configuration de ma salle de classe. J’étais au milieu de mes élèves, puis j’ai profité des 10 % culturels ! Peut-on dire que Mai 68 a changé votre vie ? Profitant de l’effervescence culturelle qui régnait après Mai 68, je me suis initié au théâtre, à la marionnette… et en 1970, avec une vingtaine de copains, nous avons créé la troupe de L’Arcouest. Devant le succès de notre premier spectacle joué dans toute l’Europe, j’ai dû quitter l’Education nationale pour me consacrer au théâtre, à l’écriture. “Mère gigogne”, mon deuxième spectacle parle du refus de l’autoritarisme qui nourrissait Mai 68. Ce que l’on peut dire, c’est que j’ai changé de vie après Mai 68.

4 Mai 68 : quel héritage ? Gilles Pichavant, secrétaire à l’Institut CGT d’Histoire sociale de SeineMaritime, a coordonné l’ouvrage Mai-juin 1968 en Seine-Maritime, un printemps de luttes sociales qui ont changé la vie. Entretien.

de congés supplémentaire. La liberté est entrée dans l’entreprise grâce à l’obtention des droits syndicaux.

Quelles sont vos motivations concernant cet ouvrage ? Je suis militant syndical à la CGT et passionné d’histoire sociale. C’est avec plaisir que je me suis attelé à ce travail collectif destiné à revisiter cette période dont on dit tant de mal aujourd’hui. D’autant plus que j’avais déjà travaillé il y 10 ans à une exposition sur Mai 68 dans la région dieppoise. J’ai rédigé le chapitre sur la région dieppoise et coordonné l’ouvrage. A l’heure où le président Sarkozy annonce sa volonté d’éradiquer l’héritage de Mai 68, il me semble indispensable de se remémorer ce que fût cette lutte et ses acquis. Il est bon de savoir qu’avant la grève, la durée hebdomadaire du travail était de 48 heures, et que le pouvoir d’achat était très bas. Le SMIC a été augmenté de 35 %. La durée du travail s’est réduite de 2 à 4 heures. Les salariés ont bénéficié d’une semaine

Pensez vous qu’un mouvement de telle ampleur pourrait renaître ? Aujourd’hui comme hier, tout cela est possible, à condition d’être aussi nombreux ! Mais pour cela, il est nécessaire de faire reculer l’individualisme et de comprendre que l’on a, en général, les mêmes intérêts que son voisin. Que seul on ne peut rien, sauf à se faire exploiter plus. Mais que tous ensemble, à condition d’être des millions, oui on peut faire avancer la société dans le sens du progrès et de la liberté ! Cela passe évidemment par la mobilisation et l’investissement de chacun, et, évidemment, par le renforcement des syndicats.

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Edito> Un formidable élan d’espoir Le 22 mai 1968, 5 000 Dieppois, dockers, ouvriers, employés des grands magasins, postiers, cheminots, enseignants et lycéens se regroupent autour de la statue de Duquesne sur la place Nationale, aux cris de « De Gaulle, démission » et « La Gauche au pouvoir ». La question du pouvoir d’achat, la répartition des richesses créées par le travail, sont déjà au cœur des revendications. Rappelons-nous qu’il y a 40 ans, la mobilisation a payé : à l’issue du Grenelle, le salaire minimum est augmenté de 35 %. Rappelons-nous qu’il y a 1 an, le candidat Sarkozy voulait « tourner la page de Mai 68 une bonne fois pour toutes », tout en se présentant comme le candidat du pouvoir d’achat. Qu’en est-il en réalité ? Les entreprises du CAC 40 n’ont jamais réalisé autant de profits, leurs patrons n’ont jamais été aussi riches, et la vie n’a jamais été aussi chère pour la grande majorité d’entre nous. Le « travailler plus pour gagner plus » se révèle être une supercherie. La politique du Président Sarkozy attaque les fondements de notre République : le Service Public, garant de la cohésion sociale, notre système de protection fondé sur la solidarité, à l’image des franchises médicales, des menaces sur l’Hôpital public et sur les retraites par répartition. L’esprit de Mai 1968 est plus que jamais d’actualité. Les mouvements sociaux à venir, et notamment celui du 15 mai prochain, le démontrent. C’est aussi pourquoi j’ai souhaité, avec ma nouvelle équipe, valoriser cette période de l’Histoire, ces luttes, ces conquêtes sociales, ce formidable élan d’espoir.

Sébastien Jumel Maire de Dieppe Vice-Président du Département

Parution de deux ouvrages sur Mai 68 à Dieppe Mai-Juin 1968 : un printemps de luttes sociales qui a changé la vie L’institut social de la CGT vient de publier Mai-Juin 1968 : un printemps de luttes sociales qui a changé la vie. Dans cet ouvrage collectif de 150 pages, une quarantaine sont consacrées à Dieppe. Abondamment illustré, avec de nombreuses photos inédites, il traite notamment de la période 1958-1967, du contexte économique, social, politique en Seine-Maritime, du démarrage de la grève et l’occupation de Renault Cléon (2e usine en grève en France). Occupations d’usines, manifestations, contre-manifestations y sont évoquées. Ce livre est vendu au prix de 10 euros à l’union locale CGT, place Louis Vitet, et en librairie.

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Serge Lucas, journaliste à Paris Normandie lors des évènements de Mai 68, publie Dieppe, 1968 entre deux marées. Ce livre, abondamment illustré et dans lequel le mouvement des pêcheurs prend une place importante dans les événements de 1968 est une chronique de la vie dieppoise pendant une année. On y voit la naissance d’Alpine et celle du Littoral Caux-Bray-Bresle. Edité aux Editions du Moulin Alidor, 29,90 euros en librairie.

Mai 68 © Serge Lucas

Dieppe, 1 968 entre deux marées

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