Logements vacants : une action pour la réquisition

rue, comme nous l'expliquions dans notre dossier (La. Marseillaise du 26 décembre. 2018). Le 78 appartient à deux promoteurs : Promologis et. Sileo. « Depuis ...
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La Marseillaise / mercredi 6 février 2019

PROVENCE

Logements vacants : une action pour la réquisition MARSEILLE Au moment où la municipalité se lance dans la démolition de plusieurs immeubles du centre-ville, les collectifs citoyens ont décidé de passer à l’action hier soir rue de la République afin de réclamer la réquisition des logements vacants.

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n 2004, rue de la République, 200 familles déplacées. En 2018 : Marseille, 2 000 délogés et 33 000 logements vides, occupons ! ». Inscrits en lettres capitales, les mots flottent désormais sur une grande banderole attachée à la façade d’un immeuble haussmannien situé au 78, rue de la République. Hier, en fin d’après-midi, le collectif du 5 novembre, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), l’Assemblée de la Plaine, le Droit au Logement (DAL) ont frappé fort pour commémorer un double anniversaire : le drame de la rue d’Aubagne, survenu il y a trois mois jour pour jour et le début de la réhabilitation de la rue de la République, il y a 15 ans. Une poignée de militants attachent la banderole avant d’inviter la presse à une visite guidée. À l’intérieur : un tapis rouge est étendu sur les marches de la cage d’escalier, dans les étages, des dizaines d’appartements, vides, attendent des locataires, parfois depuis 14 ans. Certains, comme ce T4 visité hier soir pourraient accueillir des délo-

À travers l’exemple de la rue de la République, c’est toute la politique de gentrification menée par la Ville que les collectifs citoyens réunis entendent dénoncer. PHOTO M.RI.

gés sans problème. D’autres mériteraient d’importants travaux de rénovation. En tout : 8 400 mètres carrés de surface habitable.

Rue de la République, une « rue morte »

Et ce n’est qu’un immeuble. Les logements vacants se comptent par centaines sur toute la rue, comme nous l’expliquions dans notre dossier (La Marseillaise du 26 décembre 2018). Le 78 appartient à deux promoteurs : Promologis et Sileo. « Depuis 2016, ils ont in-

terrompu les travaux. On veut montrer l’échec de la politique d’urbanisme menée par la municipalité. Voilà le résultat : une rue morte », dénonce Kevin Vacher, du collectif du 5 novembre. À l’heure où plus de 2 000 personnes ont été délogées des taudis marseillais et où plus de 1 300 demeurent à l’hôtel, les collectifs de citoyens réclament la réquisition de ces immeubles. « Ça fait deux mois que je vis à l’hôtel, voir ces logements vides, franchement ça fait mal au cœur », lâche Afid,

un délogé, qui était de la visite. « Ce bâtiment et cette rue illustrent la déconnexion des pouvoirs publics qui pondent des projets opaques après des concertations bidon », pointe Bernard Eynaud, président de la LDH des Bouches-du-Rhône, après la visite. Tous signataires du « manifeste pour une ville verte, vivante et populaire » signé la semaine dernière, les collectifs réunis hier sont plus que jamais décidés à « montrer que cette ville ne se fera plus jamais sans nous ». Marius Rivière

Rue d’Aubagne : trois mois après, Marseille n’oublie pas HOMMAGE 5 novembre - 5 février, trois mois après l’effondrement des immeubles, l’association « Marseille en colère » a honoré la mémoire des huit victimes.

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imona. Ouloumé. MarieEmmanuelle. Chérif. Julien. Niasse. Fabien. Taher. Les huit victimes du drame de la rue d’Aubagne ont, de nouveau, été honorées hier soir, trois mois après l’effondrement des 65 et 67. Un hommage, à l’initiative de l’association « Marseille en colère », démarré par une projection de photos sur un des murs de la placette, à quelques

mètres en bas du lieu du drame. « Je suis très touchée par cette solidarité, nous espérons que cette commémoration fasse qu’il n’y ait plus jamais ça », remercie la maman de Simona, venue d’Italie ces jours-ci dans le cadre de l’enquête. « On se bat pour lui », ajoute, en larmes, la cousine de Chérif. « Marseille en colère » a pour projet de poser une plaque commémorative, « de manière officielle, mais la mairie ne fait rien encore », déplore Kaouther Ben Mohamed, responsable de l’association. « Nous serons là tous les 5 du mois au moins pendant un an », promet-elle. L’hommage s’est poursuivi par un lâcher successif de lanternes volantes. Comme un symbole, toutes sont allées survoler les fantômes du 63 et 65. F.C.

Plus d’une centaine de personnes, dont l’élu Benoît Payan (PS), était présente. PHOTO F.C.

MARSEILLE

Le Vélodrome transféré à la Métropole ? C’est la question soulevée, hier matin en conseil municipal, par Benoît Payan. Le président du groupe socialiste, dont certains comme Samia Ghali ou Patrick Mennucci se sont désolidarisés de la démarche, a demandé à ce que l’enceinte du boulevard Michelet soit transférée à la Métropole au « nom de la justice fiscale ». Construit en partenariat public-privé, le stade pèse lourd dans les finances (15 millions d’euros par an) de la Ville et, comme l’a rappelé encore hier Jean-Claude Gaudin, « tant que je serai maire, je ne vendrai pas le stade ». Benoît Payan fait le parallèle avec un autre équipement sportif, la piscine de Venelles qui est, elle, métropolitaine, et là où « jamais un Marseillais n’est allé se baigner ». À l’inverse donc du stade Vélodrome, dont l’usage dépasse largement le seul cadre marseillais. La question, légitime, n’a pas été débattue. Présente dans l’hémicycle, Martine Vassal, présidente LR de la Métropole, s’est contentée d’un petit rire nerveux au moment de l’intervention de l’élu socialiste mais n’a pas ensuite pris la parole.

Les féministes réagissent aux propos de S. Ravier Avant-hier, en fin de séance du conseil municipal, Stéphane Ravier (RN, ex-FN) a été rappelé à l’ordre par le maire Jean-Claude Gaudin suite à des propos « d’un sexisme patent et virulent », dénoncent les associations Osez le féminisme et Femmes solidaires Marseille. L’exmaire du 13-14 s’adressait à l’élue écologiste Lydia Frentzel (notre édition d’hier). « Nous tenons à signifier notre soutien à Lydia Frentzel ! C’est en tant que femme qu’elle a été victime d’injure sexiste et à travers elle, nous sommes toutes injuriées ! », réagissent les associations dans un communiqué. « Parce qu’aucune petite phrase sexiste n’est anodine, nous attendons l’exemplarité de ceux qui sont censés nous représenter ! », réclament Osez le féminisme et Femmes solidaires Marseille, rappelant que l’injure sexiste est passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende : « Les injures sexistes sont des violences du quotidien et elles s’inscrivent dans le continuum des violences patriarcales et masculines contre les femmes ».