Logement : Face aux CIQ, Ville et syndics se dédouanent

Dans la salle, Omar, évacué il y a trois mois jour pour jour de son logement situé .... annexe des services à la population – l'état civil – et conservés comme des.
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La Marseillaise / vendredi 15 février 2019

PROVENCE

Logement : Face aux CIQ, Ville et syndics se dédouanent MARSEILLE Hier soir, la confédération générale des Comités d’intérêt de quartier (CIQ) consacrait son assemblée générale à l’habitat indigne, plus de trois mois après le drame de la rue d’Aubagne. Syndics et élus de la majorité ont chargé les propriétaires. Édifiant.

Agora de Noailles ce samedi au Daki Ling La 3e Agora de Noailles conçue comme une grande assemblée de quartier se tient ce samedi 16 février de 10h30 à 13h au Daki Ling (45 A rue d’Aubagne). Ce rendez-vous proposé par Destination Familles, Because U Art, le Daki Ling, le Dar Lamifa, Un Centre-Ville Pour Tous, le Conseil Citoyen 1/6 et le Collectif du 5 Novembre Noailles en colère, se veut « l’occasion d’une expression commune des habitants ».

Des nouvelles de la famille Stamov

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a vérité, c’est que pour faire les travaux, il y a toujours un courrier qui manque ou une entreprise défaillante. Bref, il ne se passe jamais rien ». Avec cet aveu, désarmant de sincérité, Julien Ruas, adjoint au maire chargé de la prévention des risques, fait l’aveu de l’impuissance des autorités à résoudre la question de l’habitat indigne à Marseille. Invités, hier soir, à la confédération générale des Comités d’intérêt de quartier (CIQ), lors de l’assemblée générale, élus et syndics ont voulu « faire preuve de pédagogie » pour expliquer les démarches entreprises pour gérer la crise et lutter contre l’habitat indigne. En réalité, il a surtout été

MARSEILLE

« Les travaux d’office ne peuvent être faits qu’après des délais très longs », a assuré Julien Ruas. PHOTO M.RI.

question pour la Ville et les syndics de se dédouaner et de charger les propriétaires. « Le maire n’est pas là pour entretenir les immeubles des uns et des autres », justifie Julien Ruas pour qui, aujourd’hui : « on évacue beaucoup, et c’est normal, les gens ont peur ». « On vit un truc inédit », appuie Arlette Fructus, adjointe (Radicale) chargée de l’habitat et vice-présidente de la

Métropole. Pour rappel, trois mois après le drame de la rue d’Aubagne, 1 434 personnes sont encore logées à l’hôtel par la mairie. « Mais on est face à des familles qui refusent des relogements, alors qu’on est sur du temporaire », lâche l’élue. « Les compétences des uns et des autres doivent être clarifiées », tente Alexandra Louis, députée (LREM) de la 3 e cir-

conscription des Bouches-duRhône. « Le patrimoine marseillais est en très mauvais état. Pourquoi ? Et bien on ne sait pas », lance Julien Berthoz, représentant des syndics. Dans la salle, Omar, évacué il y a trois mois jour pour jour de son logement situé au 12, bd Dugommier (1 er ), fait la moue. Et pour cause, Berthoz était son syndic. Marius Rivière

Nous évoquions mercredi dans nos colonnes, le cas de la famille Stamov, délogée du 44 rue St-Pierre, après un arrêté de péril le 29 octobre. Faisant face à un propriétaire mal intentionné, et malgré une mainlevée de l’arrêté de péril signé par la Ville de Marseille, le 21 janvier, il leur était impossible de rentrer dans leur appartement. Dans la journée, après une nouvelle nuit à l’hôtel prise en charge par la municipalité, il semble qu’une solution de relogement intermédiaire ait été débloquée, via un bailleur social. La famille espère vite l’intégrer et poursuit ses démarches pour mettre le propriétaire face à ses responsabilités.

Aubagne : l’ancien squat de la rue Jeu de ballon bientôt rénové par le bailleur social 13 Habitat TAUDIS

veau du mur mitoyen », attestent deux locataires de l’immeuble voisin. Il n’y a pas que le voisinage qui a pris peur à l’installation d’un périmètre de sécurité et la pose d’un arrêté municipal devant l’édifice. Pourtant celui-ci, pour une fois, annonce la rénovation du lieu.

L’immeuble du 12 rue jeu de ballon, à l’abandon depuis des années, et propriété de 13 Habitat, va bientôt être rénové.

R

egardez, il a pris l’eau, le béton n’est plus que de la poudre...», observe un jeune homme dans la rue jeu de ballon. « J’ai dormi quelques fois dans « la maison aux pigeons », et dans l’autre aussi » détaille-t-il, en montrant le bâtiment, adjacent récemment remis à neuf. « Bon assez parlé, j’y vais », lâche-t-il avec un signe amical. Le « 12 » était une des adresses clandestines aubagnaises des sans-abri, offrant à peine un toit, et des chambres très exiguës, « on se croyait à l’hôpital tellement c’était petit, à peine la place d’avoir un matelas ». Un matelas et un toit, avant que celui-ci ne prenne l’eau et que l’immeuble ne serve

Il était devenu un abri de fortune depuis 4 ans

Des études sont en cours pour planifier les travaux de rénovation du 12 jeu du ballon, cet immeuble délabré et inoccupé depuis 4 ans. PHOTO S.F.

d’abri aux volatiles urbains. Une porte blindée a été installée, il y a deux ans, pour en interdire définitivement accès, éviter les « dégradations » sans que des travaux ne soient entamés. Et depuis le drame de la

rue d’Aubagne, certains voisins regardent avec anxiété cette bâtisse aux couleurs brique et blanc, à la façade marquée de traces d’infiltration et de moisissure. Même si « aucun dégât n’est apparent au ni-

« Le bâtiment, qui n’est plus habité depuis 4 ans, fait partie des plans de réhabilitations programmés par 13 Habitat », nous confirme, par écrit, l’office HLM rattaché au conseil départemental des Bouches-du-Rhône. « Une mission d’étude et de planification de ces travaux est en cours, et dans l’attente du commencement du chantier, et en concertation avec la mairie, nous avons mis en place ce périmètre pour protéger les piétons d’éventuelles dégradations de la façade », stipule-t-il. Bientôt un bâtiment insalubre de moins. C’est déjà ça. S.F.

Des arrêtés municipaux sous clé Difficile de mettre la main à Aubagne sur les arrêtés municipaux de péril imminent, ordinaire ou d’insalubrité, qui y pleuvent aussi. Plutôt que d’être consultables au rezde-chaussée du bâtiment de la mairie, ils sont épinglés dans le bâtiment annexe des services à la population – l’état civil – et conservés comme des reliques sous une vitrine, rendant impossible leur consultation. Faut-il faire appel à un agent de la police municipale pour qu’il ouvre ladite vitrine et rende enfin accessibles des documents qui auraient dû toujours l’être ? Quant au site internet de la ville..., c’est peine perdue.