LIBERATION DE PARIS 24 août 2017 Madame la députée de Paris

24 août 2017 - Madame la députée de Paris, chère Brigitte,. Monsieur le député de Paris,. Mesdames et Messieurs les élus,. Monsieur le président du Comité de liaison, ... naturellement prendre sa place, car Paris et la France ont tout prévu et savent ce qu'ils veulent. Paris et la France ont un gouvernement, c'est hier ...
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LIBERATION DE PARIS 24 août 2017

Madame la députée de Paris, chère Brigitte, Monsieur le député de Paris, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le président du Comité de liaison, Mesdames et Messieurs les présidents d’associations, Madame et Messieurs les porte-drapeaux, Chers amis, C'est avec fierté et émotion que je m'adresse à vous pour la toute première fois dans ma fonction de maire du 17e arrondissement et vous imaginez bien que ce discours à l’occasion du 73e anniversaire de la Libération de Paris revêt à mes yeux un caractère très particulier. En préparant cette cérémonie, j’ai éprouvé le besoin de relire les quotidiens de l’époque sur la Libération de Paris (que vous aurez tout le loisir de consulter plus tard) et de visionner le film réalisé clandestinement par une équipe de cinéastes de la Résistance intitulé tout simplement "Journal de la Résistance". J’ai trouvé ce récit tellement marquant que je me permets de vous en livrer quelques lignes. *** Paris a compris que la Libération est proche et que c'est luimême qui doit la conquérir. Mais avant d'aller au combat, un brin de toilette : d'un coup de balai, Paris se débarrasse de deux chefs d'Etat. La décision est prise : il faut en finir ; et un bruit court de bouche à oreille : «Aux armes, citoyens».

Ce peuple sans arme a su trouver des armes ; le feu couve et soudain le cœur même de Paris commence à battre et à se battre. Dans la Cité, berceau de la ville, entre Notre-Dame et le palais de Saint Louis, la préfecture de Police est le premier bastion de la résistance. Derrière ces hautes murailles se sont retranchés des hommes en uniforme bleu qui en avaient assez de saluer des hommes en uniforme vert. Parti du cœur de Paris, le mouvement s'étend, la fièvre gagne ; on tire, on guette. Les F.F.I s'organisent sous la direction de leur chef le colonel Rol ; le premier drapeau est hissé sur la préfecture ; il n'en descend plus et désormais il faudra modifier la vieille chanson française et dire : «les agents sont des gens braves». L'appel du Comité National de la Résistance a été entendu ; la lutte se déchaîne ; Paris a trouvé l'autre centre de son combat : l'Hôtel de Ville, la maison commune, l'origine de toutes nos libertés ; là aussi flotte le drapeau, là aussi le droit de le hisser a été acheté dans le sang. Une voiture surgit du no man's land de l'insurrection : elle conduit à l'Hôtel de Ville le nouveau préfet de la Seine : M.Flouret. Il est accueilli par M. Stéphane qui a conduit la lutte à l'intérieur de la maison. Il vient tout naturellement prendre sa place, car Paris et la France ont tout prévu et savent ce qu'ils veulent. Paris et la France ont un gouvernement, c'est hier qu'ils n'en avaient pas. Paris se bat toujours. Les mairies ont suivi l'exemple de l'Hôtel de Ville : dans tous les arrondissements de Paris la vraie France a repris sa place. Aux

Batignolles, la lutte a été chaude, les Allemands ont contreattaqué, ils ont été vaincus. Le maire du 17ème a tenu son poste. Paris est un grand pays fait de petites villes et c'est parce que chacune d'elles fait son devoir que Paris sera sauvé. Les Allemands ont fini par comprendre : ils savent maintenant qu'on ne les laissera pas partir sans leur dire adieu. *** Édifiant ! Édifiant en effet de réaliser à mon âge que des combats pour notre liberté se sont déroulés à quelques mètres de l’endroit où nous nous trouvons et quelle fierté de voir que le 17e a tenu un grand rôle dans ce jour historique. Victor Hugo avait déjà compris en 1870 l’intérêt stratégique de sauvegarder notre capitale. Il écrivait : « Sauvez Paris, c'est plus que sauver la France, c'est sauver le monde ! » Charles de Gaulle savait combien cette bataille était capitale pour la suite de l’engagement des alliés en Europe. Le Général l’exprima en des termes très puissants : « Parmi les points de la terre que le destin a choisis pour y rendre ses arrêts, Paris fut en tout temps particulièrement symbolique. Il l’était surtout dans ces moments de l’Histoire où, sur le sol de la France, se décidait le sort de l’Europe et, par la même, celui du monde ». Un destin qu’il a fallu provoquer. Le Général de Gaulle a dû faire preuve de persuasion pour convaincre les alliés d’appuyer la Résistance à Paris. Les stratèges militaires ne voulaient pas retarder la progression de leurs troupes, à laquelle participait la 2ème DB, dans une

bataille qui, de toute évidence, promettait d’être longue et féroce. Un continent entier devait être libéré ; Paris pouvait bien attendre quelques mois de plus ! Mais De Gaulle avait compris qu’une défaite allemande à Paris précipiterait la chute du 3e Reich. La guerre est un domaine où la dimension psychologique occupe une place décisive. Et Paris n’est pas n’importe quelle ville !  Paris, c’est une ville de dimension mondiale, qui ne tient pas seulement au prestige de son patrimoine, mais également au legs intellectuel et culturel fait à l’humanité.  Paris, c’est la ville des lumières, symbole des valeurs universelles de paix et de solidarité.  Paris n’est pas seulement la ville musée, elle est le creuset d’une histoire et dépositaire d’une âme contre laquelle même les nazis n’ont rien pu faire.  Paris, c’est la ville qui résiste et résistera toujours à la barbarie d’hier et d’aujourd’hui ; négation même des valeurs les plus sacrées de l'humanité.  Paris, c’est la ville que l’on fredonne… Charles Trenet n’aurait pas pu chanter « Le cœur de Paris, c’est une fleur. Une fleur d’amour si jolie que l’on garde dans son cœur, que l’on aime pour la vie» si l’autre Charles, le grand, le Général n’avait pas prononcé 8 ans plus tôt « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré !» ***

73 ans ont passé, mais le souvenir de ces instants extraordinaires nous rappelle l'exigence et le prix de la justice et de la liberté. Aujourd'hui, nous rendons hommage à celles et à ceux qui se sont battus. A celles et à ceux qui sont tombés. A ces héros, admirables de courage, et si souvent anonymes. A ces français libres, résistants, combattants de la Libération de toutes origines, de toutes convictions, qui, aux côtés de nos alliés, ont dessiné notre avenir et l'avenir de nos enfants dans une espérance commune. Aujourd'hui, rassemblés dans le souvenir de la Libération de Paris, j'appelle les plus jeunes de l’arrondissement, à être fidèles à cet idéal de liberté, d'égalité et de fraternité pour lequel ces hommes et femmes se sont battus et sacrifiés. C’est le devoir de mémoire que je compte bien voir amplifier par la création d’un passeport du civisme que je mettrai en place dans les prochains mois. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur ! Si nous avons rendu hommages à celles et ceux qui ont libéré Paris il y 73 ans, nous rendons également hommage aux hommes et aux femmes qui, aujourd’hui, défendent notre liberté sur le territoire français et sur les théâtres d’opérations à l’étranger. Je salue la noblesse de leur mission. Qu’ils reçoivent notre gratitude et notre plus profond respect. Vive la République ! Vive la France ! Et Vive Paris ! Je vous remercie.