L'évolution du terrorisme aux sommets et perspectives sur le sommet ...

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Le G8 et le terrorisme international : l’évolution du terrorisme aux sommets et perspectives sur le sommet de Sea Island Andre Belelieu Centre des Etudes Stratégiques et Internationales (CSIS) Washington D.C. Discours le 5 Mars, 2004, pour le G8 Research Group Bonjour, je suis Andre Belelieu, associé de recherche au centre des études stratégiques et internationales à Washington. Je vous remercie de cette invitation à venir présenter le rôle du G8 par rapport au problème du terrorisme international. Je vais me concentrer aujourd’hui sur la question de “ L’évolution du terrorisme aux sommets du G8 et les perspectives sur le sommet de Sea Island ” Pour y répondre, je vais procéder à l’étude de quatre questions particulières, soit: l’évolution du terrorisme international, l’histoire du terrorisme aux sommets, la réponse du G8 à la suite des attentats de 9-11, et enfin les perspectives pour le sommet de Sea Island. Le terrorisme international Le terrorisme international est devenu, dans l’espace de trois décennies, la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales. Durant les années 1970 et 1980, le terrorisme fut pratiqué par des groupes anarchistes et nationalistes, comme les brigades rouge en Italie, le Groupe Islamiste Armé (GIA) en Algérie, l’Armée irlandaise républicaine (IRA), et le Sentier Lumineux au Pérou. Par rapport aux réseaux terroristes d’aujourd’hui, ces groupes ont démontré plus de retenu dans la poursuite de leurs buts. De plus, ils disposaient de moins de ressources financières, étaient moins organises, et leur lutte visait seulement un changement politique. Par contre, à partir des années 90 le terrorisme a nettement changé, et la menace est devenue plus inquiétante avec la création de réseaux terroristes d’inspiration religieuse et fondamentaliste. Ces groupes ne cherchent pas a négocier pour atteindre leurs buts. Au lieu d’un simple changement politique, ces réseaux terroristes cherchent à détruire la liberté et les valeurs des democracies libérales. Ils sont plus intéressés par des attentats qui font un maximum de morts et de dégâts, et sont prêts à mourir pour leur cause. De plus en plus, ils ciblent les Etats-Unis, qu'ils associent avec la destruction des « valeurs fondamentales » associes à leur interprétation de l’Islam. Ils bénéficient d’ailleurs du phénomène de la mondialisation, qui facilite le mouvement des personnes et de l’information grâce aux avancés technologiques, telles qu’Internet, à la libre circulation des personnes à travers les frontières internationales, et à la technologie qui leur permet d’obtenir l’expertise nécessaire à la planification d’attentats bioterroristes, ou même au développement d’armes nucléaires. Ce nouveau terrorisme s’est manifesté pour la première fois en 1995, quand la secte Aum Shinrikyo a attaqué le métro de Tokyo au moyen du gaz neurotoxique sarin, un attentat

qui a fait 12 morts et plus de 5 500 blessés. En 1998, deux importantes explosions aux centres-villes de Nairobi (Kenya) et Dar Es Salaam (Tanzanie) ont fait 257 morts et environ 5 000 blessés, à la suite d’un attentat coordonné revendiqué par l’Armée islamique pour la libération des lieux saints, une organisation qui aurait été créée par Oussama Ben Laden. Cet evenment confirme le ciblage des Etats-Unis par les groupes islamiques. Enfin, le nouveau terrorisme s’est nettement manifesté lors des attentats du 911, qui a fait le bilan le plus lourd de l’histoire du terrorisme: plus de 3000 morts. En conséquence, selon les chiffres publiés par le Département d’État américain et le service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), 2001 a enregistré le bilan le plus lourd attribuable au terrorisme pour une année. L’évolution du terrorisme dans le G7/8 Le G7/8 s’occupe du terrorisme depuis bien longtemps, et le terrorisme a gagné la distinction d’être le premier problème politique sur lequel le G7 s’est intéressé en 1978. Le traitement du terrorisme aux sommets s’est développé en quatre étapes: 1ere Etape:

Bonn 1978- Ottawa 1981 Le début du terrorisme sur l’agenda du G7

2eme Etape:

Versailles 1982 – Paris 1989 Evolution de la stratégie du G7

3eme Etape:

Houston 1990 – Gênes 2001 Développement de la capacité du G7/8 a lutté contre le terrorisme

4eme Etape:

Kananaskis 2002 jusqu’a présent Réponse aux attentats du 9-11

1ère Etape : Bonn 1978 - Ottawa 1981 Les premières manifestations de l'intérêt du G7 pour le terrorisme remontent à Bonn et à l’initiative du chancelier allemand Helmut Schmidt en 1978. Cette initiative constitue essentiellement une réaction aux nombreuses prises d’otage et détournements d’avion qui eurent lieu dans les années 1970 et qui furent perpétré par le groupe anarchiste allemand, le Baader-Meinhof Gang. Le résultat de cette initiative fut un court passage sur le terrorisme dans le communiqué final, sans qu’aucune véritable action ne soit prise par G7. Par contre, le fait que le terrorisme ait fait partie de la discussion à Bonn est très significatif. En effet, pour la première fois depuis la création du G7 en 1975, le groupe s’est penché sur une question politique. Avant Bonn, le G7 s’occupait uniquement de concertation et de coordination sur des questions macroéconomiques. Après Bonn, le terrorisme apparaît de nouveau sur l’agenda du G7 à Venise (1980) et puis à Ottawa (1981). Cependant, comme au sommet de Bonn en 1978, le résultat de ces

discussions se résume en un simple passage dans le communiqué final, sans véritable action de la part du G7. 2ème Etape : Versailles 1982 – Paris 1989 De 1982 à 1986, le G7 ne prend aucune action en ce qui a trait à la question terroriste, sauf pour une courte déclaration sur le terrorisme international faite à Londres (1984). Au cours de cette période, la priorité du G7 reste l’économie internationale et la coordination macroéconomique. C’est à partir de 1986, au sommet de Tokyo, que l’on constate pour la première fois un changement de stratégie à l’égard de la question du terrorisme au sein du G7. En effet, un véritable désir de développer une stratégie proactive plutôt que réactive semble émerger. À Tokyo, le G7 crée son premier groupe d'experts sur le terrorisme, dont les objectifs principaux sont de renforcer la coopération internationale en matière de lutte antiterroriste. Ce groupe représente le passage d’une étape dans la lutte antiterroriste du G7: non seulement le terrorisme domine pour la première fois l’agenda d’un sommet du G7, mais en plus le G7 a, également pour la première fois, réussi à créer un mécanisme qui lui permet d’examiner la question du terrorisme international tout au long de l’année, au lieu d’y revenir simplement lors des sommets. En 1987 le G7 poursuit ses efforts sur le terrorisme avec une déclaration au sommet de Venise. 3ème Etape : Houston 1990 – Gênes 2001 De 1990 à 1994, le G7 « oublie » de nouveau la question du terrorisme international et s’intéresse à d’autres développements politiques. Les membres du groupe estiment que l’intégration de la Russie est prioritaire pour le G7, et passe donc sous silence la plupart des attentats terroristes perpétrés entre les années 1990 et 1995, incluant le premier attentat contre le World Trade Centre en 1993. A partir de 1995 par contre, le G7 commence à travailler sérieusement sur la question terroriste, principalement dans le cadre des réunions ministérielles. Ce qui permet au G7 d’étudier plus sérieusement la question du terrorisme, puisque la majeur partie du véritable travail du G7 s’effectue lors de ces réunions, dont par ailleurs, la préparation a lieu tout au long de l’année. Désormais, le G7 cherche davantage à développer une stratégie à long terme, plutôt que de simplement répondre de minière ponctuelle chaque crise internationale avec une nouvelle déclaration sur le terrorisme. Par conséquent, le G7 présente son premier plan d’action sur le terrorisme lors du sommet d’Halifax en 1995. Ce plan est le résultat de la conférence ministérielle d’Ottawa, qui a eu lieu quelques semaines avant le sommet d’Halifax, et qui est basé sur le travail du groupe du terrorisme créé à Tokyo en 1986. Le plan représente le document le plus ambitieux jamais créé par le G7, et dans ce document, le G7 annonce pour la première fois son intention de diriger la lutte internationale contre le terrorisme, en disant "Nous sommes déterminés en tant que groupe à continuer d'assumer la direction au sein de la communauté internationale des initiatives menées à l'égard de cette question, en utilisant des mesures et des accords bilatéraux et multilatéraux de lutte contre le

terrorisme". La déclaration cherche concrètement a améliorer la capacité de la communauté internationale a lutter contre des réseaux terroristes en renforçant la coopération à l’égard de l'assistance légale mutuelle, des procédures d’extradition, et de la sécurité aérienne et maritime. De plus, à la suite de l’attentat du métro de Tokyo, cette déclaration est aussi la première déclaration du G7 à reconnaître le danger du bioterrorisme. En 1996, le G8 (la Russie participant désormais aux discussions politiques) revient sur la question terroriste à Lyon, en partie en raison de l’attentat sur des soldats américains à Dhahran en Arabie Saoudite, quelques semaines à peine avant le sommet. Rapidement Lyon devient le premier « sommet sur le terrorisme » du G8, ou le terrorisme reste la préoccupation principale des membres du groupe. Les discussions au sommet convergent sur « L’Accord sur 25 mesures pour combattre le terrorisme », le deuxième document du G8 à vraiment viser une stratégie développée qui essaie à la fois de renforcer la coopération internationale en même temps que le groupe continue de faire avancer les efforts antiterroristes au sein de la communauté internationale. Plusieurs grands problèmes sont identifiés dans ce document : le financement des réseaux terroristes, la prolifération des armes nucléaires, les lois nationales sur l’asile et les refuges, et puis la lutte contre la contrefaçon de documents. À ce jour, ces problèmes restent la principale préoccupation du groupe. De 1997 à 2001, le terrorisme a gardé son importance dans les rencontres ministérielles. Aux sommets de Denver (1997) et puis Birmingham (1998), le G8 a lancé un appel a la communauté internationale à ratifier des conventions de l’ONU sur le financement du terrorisme et les droits d’asile. La sécurité des sommets devient elle aussi une préoccupation majeure. À Gênes, en 2001, le gouvernement Italien prend des mesures extraordinaires pour éviter un attentat et assurer la sécurité des chefs d’état. Selon les agences d’intelligence des différents gouvernements, Al Qaeda vise pour la première fois le G8 comme cible importante. Malgré cette situation menaçante pour la sécurité, le terrorisme n’occupe pas une place très importante dans l’agenda du G8. 4eme Etape : Kananaskis 2002 jusqu'à présent C’est les évènements du 11 septembre 2001 qui ont ramené de nouveau la question du terrorisme au centre de l’agenda du G8, qui a répondu promptement et fermement à ces attaques. Le 19 septembre 2001, le G8 ont effectué leur première déclaration sur les évènements du 11 septembre. Dans cette déclaration, les dirigeants du G8 condamnent les attaques terroristes et appellent toutes les nations à ratifier et mettre en place immédiatement les 12 conventions contre le terrorisme adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ils demandent à leurs ministres concernés d’élaborer des mesures concrètes contre le terrorisme. Enfin, ils mettent en évidence leur attachement aux lois internationales en soulignant leur détermination à traduire devant la justice les acteurs de cette tragédie.

La première action concrète prise en matière de lutte contre le terrorisme a été menée par les ministres des Finances du G7. En octobre 2001, ils adoptèrent un plan d’action prévoyant le gel des avoirs des terroristes et l’élimination de leurs sources de revenu, l’accroissement du partage d’information entre les États, et le développement et l’application des règles internationales visant à mettre fin à l’emploi abusif du système financier international par les terroristes. En février 2002, les ministres des Finances publièrent leur premier rapport d’avancement et les premiers résultats fut plutôt impressionnants. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur du G8 se sont réunis au Mont Tremblant (Que.) en mai 2002 afin de discuter des aspects légaux de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. De même les ministres des Affaires étrangères se sont réunis en juin 2002 à Whistler (B.C.) où ils ont discuté des progrès effectués au niveau d’un certain nombre de mesures antiterroristes, incluant les nouvelles lois et politiques domestiques, les améliorations apportées aux systèmes de sécurité, l’accroissement de la communication entre les pays et le rehaussement des normes de sécurité aérienne. Ils ont également promis d’encourager les pays non membres du G8 à s’engager davantage visà-vis des mesures antiterroristes adoptées par l’ONU. Ils ont souligné l’importance d’accroître la coopération entre les pays du G8 afin d’empêcher les terroristes d’avoir accès à des armes chimiques, bactériologiques, radiologiques et nucléaires. Enfin, ils ont planifié de renforcer les efforts internationaux de non-prolifération des armes nucléaires. Lors du sommet du G8 à Kananaskis, une des priorités du G8 consistait à assurer la mise en œuvre globale de la Résolution 1373 qui constitue une action internationale visant à empêcher et punir les actes terroristes, de même que le financement du terrorisme, et extrader ou traquer les terroristes et ne pas leur accorder l’asile. Le sommet fut également l’occasion de faire le bilan des mesures existantes contre le terrorisme, incluant le financement du terrorisme, et d’ajouter deux nouveaux instruments. Le premier est un accord sur la sécurité dans les transports (Action coopérative du G8 sur la sécurité dans les transports) qui prévoit une série d’action coopérative visant le renforcement de la sécurité et le rendement du système de transport international. Le second est le Partenariat mondial du G8 contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes qui comporte une série de 6 principes portant sur la nonprolifération, visant à empêcher que des armes nucléaires, chimiques, radiologiques et biologiques ou des missiles ne tombent entre les mains des terroristes et leurs alliés. La clause la plus importante de cet accord prévoit l’investissement par les pays du G8 de $20 milliards sur 10 ans afin de financer la destruction ou le nettoyage des armes chimiques et nucléaires et autres matériels, en Russie et dans d’autres pays de l’ex-URSS. Au sommet d’Évian de juin 2003, les questions de sécurité internationales ont occupé une place importante. Les pays du G8 se sont entendus pour créer un Groupe d’action contre le terrorisme (GACT) qui aidera les pays intéressés à fournir un entraînement spécialisé aux policiers de même que d’aider les autorités légales à combattre le terrorisme et à renforcer leurs mesures de sécurité. L’objectif est de renforcer la volonté politique et de coordonner l’assistance au développement des capacités de lutte contre le terrorisme. Les pays du G8 ont également annoncé des mesures pour empêcher la prolifération des armes

de destruction massive et du terrorisme. À cet effet, ils ont adopté un plan d’action visant à garantir la sécurité des sources radioactives. Les membres du G8 ont également demandé à la Russie de faire encore plus d’efforts pour détruire ses réserves d’armes nucléaires et chimiques, de même que d’agir afin de prévenir la propagation du savoir dans ces domaines Perspectives pour le sommet de Sea Island Le sommet de Sea Island marquera le troisième sommet du G8 depuis les attentats du 911. Cela fait plus de deux ans que la guerre internationale contre le terrorisme a été lancée, et l'on constate que malgré un succès international dans la lutte contre la capacité des réseaux terroristes comme Al Qaeda, il reste beaucoup de travail à faire. Le terrorisme a frappé encore en 2003 dans les pays du Moyen-Orient, en Tchétchénie, en Russie, en Turquie, au Maroc, en Colombie, et bien sur en Irak. Néanmoins, il est certain que l'Europe et les États-unis restent la cible privilégiée des réseaux terroristes islamistes. Donc, même si les sommets de Kananaskis et d'Evian ont démontré de nouveau que le G8 a un rôle important à jouer en matière de lutte antiterroriste internationale, surtout en tant que catalyseur de la coopération internationale, le G8 ne peut pas « oublier » le terrorisme comme dans le passé. Même si l'agenda est encore en développement à l’heure actuelle, il semble que le terrorisme restera à l'agenda à Sea Island. Premièrement, Sea Island sera une occasion pour le G8 de prendre du recul et de faire le bilan sur le progrès des initiatives antiterroristes de Kananaskis et d’Evian. La discussion pourrait donc éventuellement rester sur le financement du terrorisme et sur la prolifération des armes chimiques, bactériologiques, radiologiques et nucléaires, où les États-unis, et leurs allies Européens, espèrent faire avancer l'agenda. Il est certain que la coopération internationale est meilleure qu'avant 2001. Cependant, il reste beaucoup de travail à accomplir et le G8 doit continuer à chercher des moyens pour faire avancer la coopération internationale. Il y a déjà des indications que la Maison-Blanche cherche particulièrement à faire avancer cette discussion. Comme les États-unis fixent l'agenda, on peut s’attendre, en conséquence, à une discussion sur le terrorisme cohérente avec les objectifs du gouvernement américain. Deuxièmement, il est probable que les États-unis chercheront à faire avancer un agenda antiterroriste qui reconnaît l'importance de démocratiser le Moyen-orient. Depuis l'invasion de l'Irak, le Président Bush a répété l'objectif des États-unis de voir l'Irak servir d’exemple de démocratisation pour les pays voisins. On constate que ce projet a besoin de plus de coopération internationale, il est donc fort probable que Bush utilisera Sea Island pour convaincre les membres du G8 que la situation en Irak reste une opportunité unique d'exporter la démocratie dans des pays autocrates. On parle déjà d'un « Greater Middle East Initiative », qui sera un mélange de programmes économiques et militaires basés sur le modèle d'assistance que les États-unis ont fourni à l'Europe, après la deuxième guerre mondiale, et à l'Europe de l'Est, après le fin de la guerre froide.

Il me semble que le sommet de Sea Island traitera le terrorisme comme un problème important, mais je ne m’attends pas à de grandes surprises et certainement pas à ce le G8 mette en place un nouveau plan d'action. Je crois plutôt, qu’on peut s’attendre à un sommet où les membres chercheront à améliorer les relations transatlantiques, et où le terrorisme sera un sujet qui verra les membres du G8 sur la même longueur d’onde. Note : Ce discours a été préparé avec l’aide de Geneviève Cote Ce discours est basé en grande partie sur “The G8 and Terrorism: What Role Can the G8 Play in the 21st Century?” G8 Global Governance, Juin 2002, disponible en ligne à http://www.g7.utoronto.ca/governance/belelieu2002-gov8.pdf