Les différences servies sur un plateau

16 mars 2017 - Car si ce restaurant gastronomique, à la décoration minimaliste et design ... Une levée de fonds de 400 000 €, récoltés ... que ça vaut le coup.
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Les différences servies sur un plateau Le Reflet est le premier restaurant à employer des personnes porteuses de trisomie 21. Ce lieu extraordinaire prouve que la différence n’est pas un handicap.

PHOTOS THOMAS LOUAPRE / DIVERGENCE POUR LA VIE

ANTOINE BESLOT, 31 ans, serveur au Reflet : « La restauration, ce n’est pas de tout repos, mais j’adore ça. »

FLORE LELIÈVRE, architecte d’intérieur à l’origine du Reflet : « L’idéal serait que ce projet inspire d’autres restaurateurs et soit copié. »

Situé dans le centre-ville de Nantes, Le Reflet affiche complet depuis son ouverture en décembre. « On a réservé trois

semaines à l’avance », annonce Cathy Bouëssé, venue y déjeuner avec sa fille, Marie. La jeune femme a découvert cet établissement « extraordinaire » grâce à un reportage télévisé. « Extraordinaire », c’est bien le mot. Car si ce restaurant gastronomique, à la décoration minimaliste et design, pourrait ressembler aux plus branchés, Le Reflet est le seul en France à employer des personnes porteuses de trisomie 21 : deux cuisiniers et quatre serveurs. Chacun bénéficie d’un contrat de 24 heures par semaine pour un salaire équivalent au smic. Ce jeudi midi, sous le regard bienveillant et vigilant du gérant, Thomas Boulissière, c’est Antoine Beslot qui fait le service. « Ce qui me plaît dans ce métier, c’est le contact humain », sourit, mutin, cet ancien d’un établissement et service d’aide par le travail (Ésat) apprécié des clients pour son côté blagueur. Plus que de créer de l’emploi pour des hommes et des femmes en situation de handicap, l’objectif du Reflet est de « permettre la rencontre entre ces

MARIE ET CATHY BOUËSSÉ, c lientes du Reflet : « On ne vient pas seulement pour manger, on vient faire fonctionner une entreprise qui a du sens. »

personnes et le reste de la société dans un milieu ordinaire », explique Flore Lelièvre, dont le grand frère trisomique est « souvent confronté au regard des autres et aux préjugés ». Pour « banaliser les différences », cette architecte d’intérieur de 26 ans a imaginé en 2013 Le Reflet. Un projet social et solidaire d’abord porté par un réseau POUR EN SAVOIR PLUS de connaissances puis une association, Le Reflet 4 rue des Trois-Croissants, Trinôme 44, que préside la jeune Nantaise. 44000 Nantes. Une levée de fonds de 400 000 €, récoltés Tél. : 02 40 20 33 86 auprès d’investisseurs et de donateurs, a [email protected] été nécessaire pour adapter les lieux et projet-lereflet.fr le matériel. Sur les tables, un code couleur pour pouvoir se repérer, des empreintes de doigts moulées sur les assiettes pour leur apporter une meilleure prise en main. Fort de son succès, Le Reflet compte-t-il essaimer ? Les mentalités doivent évoluer, selon Flore Lelièvre : « La plupart des entreprises ne voient encore que l’aspect contraignant d’employer une personne handicapée. Mais cela peut tellement apporter d’un point de vue professionnel et humain que ça vaut le coup. » LOUISE PLUYAUD



LA VIE 16 MARS 2017

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