Les 35 ans de la centrale nucléaire de Mühleberg - BKW

faisons aujourd'hui le bilan des 35 ans de la centrale nucléaire de Mühleberg, soit de plus d'un tiers de siècle de production d'électricité exempte d'émissions ...
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Seul le discours prononcé fait foi

Les 35 ans de la centrale nucléaire de Mühleberg : état des lieux et perspectives Exposé de Monsieur Kurt Rohrbach, président de la direction d’entreprise Mesdames, Messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue. C’est un plaisir de vous accueillir à cette rencontre. Nous faisons aujourd’hui le bilan des 35 ans de la centrale nucléaire de Mühleberg, soit de plus d’un tiers de siècle de production d’électricité exempte d’émissions de CO2 pour tout le nord-ouest de la Suisse. Notre entreprise et l’économie en général profitent aujourd’hui encore de cet acte de pionnier.

Remerciements Nous évoquons une longue coopération avec la commune d’implantation et toute la région, marquée par une confiance mutuelle et la volonté de soutenir le projet d’abord puis d’y être associé.

Je tiens également à rendre hommage aux autorités qui nous ont accompagnés pendant toutes ces années, et en particulier à la DSN. Nos relations ont toujours été basées sur le respect mutuel et sur la recherche objective d’une solution optimale. La collaboration entre les exploitants et les autorités peut être qualifiée de bonne, si « soutien » et « critique » ne sont pas considérés comme antagoniques, mais plutôt comme complémentaires.

Nous ne serions pas ici aujourd’hui non plus sans l’excellent travail et l’engagement de tous nos collaborateurs depuis 35 ans, que ce soit dans l’élaboration, la planification du projet ou l’exploitation de la centrale. Je tiens à remercier tout particulièrement les collaborateurs et à leur exprimer toute ma reconnaissance, au nom de la direction d’entreprise et du conseil d’administration également.

Après 35 ans, il est temps de faire le bilan et plus que temps de se tourner vers l’avenir.

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Données clés 60 % de l’électricité produite en Suisse est d’origine hydraulique et 40 % d’origine nucléaire, dont une grande partie est fournie par la centrale de Mühleberg. La construction de la centrale nucléaire de Mühleberg au début des années 70 a donné lieu aux premières manifestations antinucléaires. Si ces contestations avaient abouti et empêché sa construction, il aurait été nécessaire, il y a 35 ans déjà, soit de construire dans notre région des centrales à mazout et des centrales à gaz - qui auraient généré des émissions de CO2 - soit d’importer l’électricité. La centrale nucléaire de Mühleberg produit en moyenne 2,7 TWh d’électricité par an, suffisamment donc pour couvrir les besoins de 400 000 personnes. Si la construction de cette centrale n’avait pas été approuvée dans les années 70 et que le choix s’était porté sur une centrale à mazout, comme à Chavalon, les émissions de CO2 auraient atteint 2,3 millions de tonnes par an. Si l’on faisait le calcul sur une période de 35 ans, elles se chiffreraient à 80 millions de tonnes. Les centrales combinées à gaz - dont il n’était pas encore question à l’époque - en auraient émis 3 fois moins soit, mais 26 millions de tonnes tout de même.

Bien sûr, les émissions de CO2 n’entraient pas encore dans les critères de décision dans les années 60. Cette époque présente des analogies avec la situation actuelle : à la fin des années 50 en effet, il est apparu, que la force hydraulique en Suisse ne suffirait plus à long terme pour répondre à la demande d’électricité d’une part et que les importations n’étaient pas la solution idéale pour résoudre le problème d’autre part. En effet, les années de guerre terminées à peine 20 ans auparavant, pendant lesquelles l’autosuffisance était un sujet primordial et quotidien, étaient encore relativement présentes dans les mémoires.

Une politique axée sur le long terme Si le choix s’est porté sur une centrale nucléaire plutôt que sur une centrale au mazout, c’est aussi grâce au Conseil fédéral de l’époque. Dans son rapport de gestion de l’année 1963, le Conseil fédéral écrivait : « Il faut renoncer à la phase transitoire à court terme des centrales thermiques conventionnelles et qu’il faut s’orienter sans plus attendre vers la construction et la mise en service de centrales nucléaires. » Le Conseil fédéral y voyait une façon élégante de dépasser l’ère des énergies fossiles.

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Le conseiller fédéral socialiste de l’époque Willy Spühler était le plus fervent défenseur de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire en Suisse. La protection de l’environnement et l’autonomie étaient alors au centre des préoccupations. La situation actuelle est comparable.

En 1967, les Forces Motrices Bernoises SA ont opté pour la construction d’une centrale nucléaire. L’exploitation commerciale de la CNM a débuté en 1972, avec une puissance de 306 MW. Permettant ainsi de tripler la production en propre de FMB de 1967 à 1972, vous avez bien entendu, Mesdames et Messieurs, en l’espace de 5 ans seulement.

Des décisions importantes

Il s’agit donc de témoigner du respect non seulement à un gouvernement avisé, mais aussi au conseil d’administration de FMB qui donna son accord pour réaliser des investissements importants. Pour poursuivre la comparaison, les ventes d’énergie en 1971 sans la production de la centrale de Mühleberg donc - s’élevaient à environ 4,5 TWh. Le volume est 4 fois plus important aujourd’hui puisque FMB a vendu l’année dernière presque 20 TWh d’énergie. Le chiffre d’affaires de FMB en 1972 atteignait plus de 300 millions de CHF. En 2006, il affichait 2,3 milliards de CHF. Le total au bilan de l’entreprise en 1972 se situant juste au-dessous d’un milliard, le financement d’une centrale nucléaire sur ses fonds propres représentait pour FMB une charge financière considérable et un risque non négligeable.

FMB a construit la centrale de Mühleberg sans faire appel à un partenaire financier. La décision de réaliser seule ce projet a été bien pesée, les fournisseurs ont été soigneusement évalués, la population a été informée tout en étant associée au projet. Hier, il s’agissait de trouver des experts qu’il fallait former soi-même car le savoir-faire requis n’existait pas encore en Suisse et aujourd’hui, 35 ans plus tard, les spécialistes font également cruellement défaut.

Doutes et opposition À l’époque de la planification de la centrale de Mühleberg, la société espérait dépasser l’ère des énergies fossiles grâce à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. La technologie a été accueillie favorablement et il n’a même pas été jugé nécessaire de clôturer l’enceinte de la centrale nucléaire de Mühleberg. « Atoms for peace », telle était la devise de l’aprèsguerre. Quand plus tard, la centrale nucléaire de Mühleberg a été raccordée au réseau,

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l’opinion de la population avait changé et les premières manifestations antinucléaires ont eu lieu. Depuis, le sujet reste controversé.

Que la sûreté soit prioritaire et touche tout particulièrement est parfaitement compréhensible. Les risques potentiels ont pris une toute autre dimension par rapport aux modes de production d’électricité connus jusqu’alors. La priorité absolue avait été donnée à la sûreté dès le départ, dont la nécessité était pleinement reconnue sur le plan technique. L’acceptation de cette thématique par la société reste cependant difficile.

Cette option de la sûreté comme priorité absolue a été la bonne, comme l’ont tristement prouvé les accidents de Three Mile Island aux États-Unis et de Tschernobyl, bien sûr. Même si nous savons désormais que les insuffisances de la construction du réacteur soviétique (qui servait aussi à des fins militaires) ainsi que les erreurs de planification et de fonctionnement ont provoqué la catastrophe, Tschernobyl a fortement discrédité l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Et cela, bien que l’on puisse démontrer que la technique utilisée pour nos réacteurs exclut de tels accidents.

L’accident de Three Mile Island survenu en 1979 avait déjà ébranlé la confiance dans la technologie nucléaire. Il aurait toutefois été possible d’en tirer de nombreux enseignements au niveau technique. Suite à cet accident, de nombreuses installations ont d’ailleurs été optimisées. Si les exigences requises n’ont cessé d’augmenter, Mühleberg a, au cours des trois dernières décennies, continuellement intégré les dernières connaissances, le système SUSAN en est un exemple.

Aujourd’hui, la centrale nucléaire de Mühleberg est à la pointe de la technologie et son état irréprochable permet encore de longues années d’exploitation. En tant qu’exploitante, FMB attend du Tribunal fédéral qu’il lève la limitation de la durée d’exploitation de la centrale, instaurant l’égalité de traitement digne d’un État de droit comme la Suisse.

La suppression de la limitation de la durée d’exploitation, décidée uniquement pour des motifs politiques, est indispensable pour garantir la sécurité d’approvisionnement du nord-ouest de la Suisse ; je ne crois pas que notre économie puisse se payer le luxe se s’en passer. Mais même l’octroi de cette autorisation ne résout le problème de l’approvisionnement que pour un certain temps. Aucune centrale nucléaire ne dure

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éternellement. Il est donc impératif de planifier dès aujourd’hui le remplacement de la centrale. FMB a déjà fait un premier pas dans cette direction.

Une politique axée sur le long terme Nos projets pour le remplacement de la centrale de Mühleberg concordent avec la politique énergétique du Conseil fédéral présentée récemment. Vous pouvez constater certaines analogies avec l’année 1967 ; cette année-là aussi, une politique énergétique fédérale misant sur le long terme et partant du principe qu’il ne faut exclure aucune option de production avait en effet été présentée.

La politique énergétique du Conseil fédéral repose sur quatre piliers, dont le premier est l’efficacité énergétique. Selon le Conseil fédéral, les mesures prises dans ce domaine et le progrès technologique feront que la demande totale d’énergie stagnera en Suisse ces prochaines années, voire qu’elle diminuera dans le meilleur des cas. On ne peut pas en dire autant de la demande d’électricité. L’importance de l’électricité, qui occupe en effet une place vitale dans notre société orientée services, ne cesse de croître. L’électricité peut remplacer avantageusement d’autres agents énergétiques, les énergies fossiles, par exemple, mais a un effet multiplicateur. Les procédés industriels qui permettent d’optimiser le rendement énergétique global requièrent plus d’électricité. Les pompes à chaleur peuvent remplacer le chauffage à base d’énergie fossile, mais elles augmentent la consommation d’électricité. Conséquence : la consommation d’énergie diminue, mais pas celle d’électricité. La croissance de la demande réelle est de l’ordre de 1,5 % à 2 % par an. Cela peut paraître beaucoup, certes, mais le chiffre serait bien plus élevé si des applications plus efficaces n’avaient pas permis de réaliser d’importantes économies. - Si le Conseil fédéral, c’est-à-dire l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et les spécialistes qui ont élaboré les scénarios d’évolution de la demande, tablent sur une évolution favorable, ils n’en dressent pas moins un tableau où l’amélioration de l’efficacité énergétique et les économies prennent une très grande place.

Nos estimations en matière d’évolution de la demande sont basées sur les dossiers sérieux, mais plutôt optimistes, de la Confédération, puis étayées et complétées en fonction de notre expérience.

Chez FMB, l’efficacité énergétique est un des piliers de la stratégie, ce ne sont pas des effets de manches. Nous prônons l’efficacité énergétique depuis longtemps, bien

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avant que l’expression ne soit devenue à la mode. C’est en 1988 que FMB a fondé pour ses clients le club des économies d’énergie. Aujourd’hui, nos clients peuvent par exemple analyser leur consommation d’électricité sur notre site Internet au moyen du check-énergie et bénéficier de conseils s’ils le souhaitent. Notre objectif est d’informer nos clients de manière ciblée et non pas de les éduquer.

Les nouvelles énergies renouvelables constituent le deuxième pilier de la politique énergétique fédérale. FMB a également été pionnière dans ce domaine. Elle a été la première des grandes entreprises électriques de Suisse à miser sur les nouvelles technologies. La première installation photovoltaïque a été construite il y a quinze ans à Mont-Soleil dans le Jura bernois. Depuis, l’offre en termes d’énergies renouvelables n’a cessé de s’étoffer.

Le solaire a été suivi de l’éolien, de la biomasse, de la géothermie et de la minihydraulique, qui tous sont venus enrichir notre portefeuille de production. Afin de regrouper et de renforcer les activités dans ce domaine, FMB a créé en octobre une nouvelle filiale, sol-E Suisse. Nous allons investir 250 millions de francs dans les nouvelles énergies renouvelables ces cinq prochaines années.

Des technologies à haut rendement s’imposent Comme nous, les électriciens, le Conseil fédéral sait que les nouvelles énergies renouvelables ne permettront pas de produire les quantités d’électricité nécessaires à la Suisse, malgré tous les efforts faits dans ce but. La construction de centrales à haut rendement est impérative. Et cela parce que le quatrième pilier de la politique énergétique de la Confédération, à savoir la collaboration avec l’étranger, ne pourra pas combler la demande croissante. Nos contrats de longue durée avec la France arrivent à échéance. La Suisse ne fait pas exception à la règle : tous les pays d’Europe sont confrontés aux mêmes difficultés d’approvisionnement. Et aucune économie ne peut se permettre actuellement d’exporter la majeure partie de sa production, comme c’était le cas des États de l’ancienne Europe de l’Est dans les années nonante en raison de l’effondrement de la demande intérieure.

Le Conseil fédéral a donc réaffirmé à plusieurs reprises que l’électronucléaire continuera à faire partie du mix de production d’électricité de la Suisse. Comme je l’ai mentionné plus haut, il en va surtout du remplacement des installations existantes. Notre stratégie et les recommandations du Conseil fédéral concordent.

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Nous avons déjà signalé que Mühleberg est le site envisagé par FMB pour un tel remplacement. De premières études techniques ont déjà été effectuées sur la faisabilité du remplacement sur le site actuel. Les premiers résultats sont encourageants. La géologie, la superficie, la situation géomorphologique, les possibilités de refroidissement et la logistique font de Mühleberg l’emplacement adéquat.

La prochaine étape sera le dépôt d’une demande d’autorisation générale à la Confédération ; nous sommes en train de la préparer. En communiquant ses propositions, le Conseil fédéral a attribué des mandats, dont l’un prévoit que les autorités préparent des solutions pour simplifier les procédures. Les résultats, que nous attendons avec impatience, sont prévus pour la fin de l’année.

Le Conseil fédéral a demandé au secteur de l’électricité s’il voulait et s’il était prêt à pallier la pénurie d’approvisionnement. La réponse est sans équivoque : oui, la branche est prête à le faire et elle le peut. C’est le cas pour FMB, et je suis sûr que ça l’est également pour nos concurrents.

« Être prêt », oui, mais nous devons faire face à de grands défis. Ce qui est de plus en plus préoccupant pour l’électronucléaire comme pour les autres installations de production en Suisse et à l’étranger, c’est la pénurie de matériel mais aussi le manque de capacités de fabrication. Autre source de préoccupation, le manque d’ingénieurs et de spécialistes au niveau mondial. On s’arrache les candidats sur le marché. La situation se complique encore du fait que le Conseil fédéral a, lui aussi, besoin de spécialistes supplémentaires pour traiter les procédures d’autorisation prévues.

Mesdames, Messieurs,

Je suis convaincu qu’à moyen terme l’énergie nucléaire, donc la fission nucléaire, jouera un rôle majeur pour l’approvisionnement de demain. La technologie s’est constamment développée, la sûreté de ces installations a été augmentée, il serait donc irresponsable, au vu de la problématique du réchauffement climatique, de renoncer à cette option.

J’espère par mon discours avoir souligné la volonté de FMB d’assumer ses responsabilités et de prendre au sérieux la question de l’approvisionnement en électricité de

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demain. J’ai aussi évoqué que nous ne sommes pas seulement confrontés à d’importants défis au niveau politique, mais aussi en matière de capacités disponibles et de savoir-faire.

Nous avons aussi un bel atout, à savoir des relations empreintes de confiance mutuelle avec la commune de Mühleberg et le reste de la région.

Les bases sont les mêmes qu’il y a 40 ans, lorsqu’il a été décidé de construire la centrale nucléaire de Mühleberg. Le même courage d’innover et la même ténacité sont demandés aujourd’hui. Nous sommes prêts : saisissons cette chance !

Un grand merci pour votre attention.