le biomimétisme dans les rapports de l'opecst - Revue du ...

Tantôt caméléon, tantôt chasseur, en meute ou en solitaire, délimitant son territoire par son chant ou son cri, soucieux de l'utilisation optimisée du vent dominant ...
674KB taille 5 téléchargements 193 vues
Biomimétisme • TRIBUNES

LE BIOMIMÉTISME DANS LES RAPPORTS DE L’OPECST Par Roland COURTEAU Sénateur Socialiste de l’Aude ff Vice-président de l’Office ff Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques

C

heminant ces jours-ci dans le Quartier latin, autour du Sénat, méditant sur la rédaction de la présente tribune sur le biomimétisme, j’ai noté, une fois encore, la présence de touristes asiatiques photographiant les devantures. Probablement pour s’en inspirer et créer des présentations nouvelles dans les vitrines de leurs pays respectifs. Espionnage ? Plagiat ? Atteintes à la propriété intellectuelle ? En réalité, nul ne saura si ces touristes butinent simplement des photos-souvenirs, une source d’inspiration ou un modèle à copier fidèlement pour l’exploiter. Leur observation réfléchie de l’existant leur permettra de gagner du temps et de perfectionner l’utilisation de techniques inventées ailleurs. En fait, la démarche de ces touristes ne s’apparente-t-elle pas à celle de chercheurs explorant le biomimétisme ? En effet, nul besoin de réinventer ce que la nature présente à nos sens. Il suffit d’observer, de décrypter la complexité de ses mécanismes pour comprendre à quel point ceux-ci sont déjà élaborés et offrent aux chercheurs des solutions toutes faites… qu’il n’est pas interdit d’améliorer. Au gré de près de deux cents rapports, en plus de trente-cinq années, l’OPECST s’est habitué et intéressé à des approches fondées sur le biomimétisme imprégnant les domaines les plus divers et finissant par s’imposer avec brio comme des évidences riches de potentialités. Tel a été le cas, au cours des dernières années, dans les rapports ou auditions publiques portant sur : - Les ressources génétiques végétales, de l’amélioration à la conservation des espèces : le modèle français (2016, audition publique).

En effet, les fonctionnalités écologiques sont susceptibles d’être, par biomimétisme, à la source de processus industriels utiles dans le futur ; - De la biomasse à la bioéconomie : une stratégie pour la France (2016, rapporteur Roland Courteau) où les perspectives offertes par la chimie verte s’enrichiront des leçons du biomimétisme ; - Les drones et la sécurité des installations nucléaires (2016, audition publique) ; la solution pour arrêter ces drones de libellules motorisées semblant être le filet… comme pour la chasse à la palombe ; - L’aviation civile à l’horizon 2040 (2013, rapporteur Roland Courteau) à propos des oiseaux migrateurs longs courriers que sont les avions de ligne. Il ressort de ces quelques aperçus que le biomimétisme devrait tenir de plus en plus ses promesses et se situer au cœur de la stratégie française de recherche dont la loi confie l’évaluation périodique à l’OPECST.

« le biomimétisme devrait tenir de plus en plus ses promesses et se situer au cœur de la stratégie française de recherche. » D’ailleurs, les parlementaires ne sont-ils pas excellemment placés pour comprendre tout l’intérêt des recherches sur le biomimétisme ? L’homme politique ne donne-t-il pas, depuis de nombreux siècles, l’exemple d’une conduite bio mimétique ? Tantôt caméléon, tantôt chasseur, en meute ou en solitaire, délimitant son territoire par son chant ou son cri, soucieux de l’utilisation optimisée du vent dominant ou contraire et offrant un pelage ou un plumage imperméable aux critiques. Les chercheurs aussi savent manifester une adaptabilité quasi animale pour regarder autrement le réel, vers l’infiniment grand ou l’infiniment petit, trouver les crédits pour leur recherche, animer leurs équipes, publier sans relâche tout en demeurant intransigeants sur la pureté de l’intégrité scientifique en dépit de l’attrait de diamants de synthèse, les scintillants plagiats à l’éclat éphémère.

La Revue du Trombinoscope | Octobre 2016 | 25