la théorie sensorielle : une archéologie de la ...

des savoirs jusqu'alors fragmentés et compartimentés en diverses disciplines. Ces travaux, réalisés avec la contribution de biologistes, de neurologues et de ...
117KB taille 22 téléchargements 126 vues
LA THÉORIE SENSORIELLE : UNE ARCHÉOLOGIE DE LA PERCEPTION SENSORIELLE Par Philippe Roi, Tristan Girard Pour citer cet article : Roi, Philippe et Girard, Tristan, Extrait de : « Présentation et remerciements », La Théorie Sensorielle. I - Les Analogies Sensorielles, First Edition Design Publishing (2013) p. 7 et 8. Copyright 2013 par Philippe Roi et Tristan Girard

Cet article a pour objet de présenter succintement La Théorie Sensorielle, qui met en relation des savoirs jusqu'alors fragmentés et compartimentés en diverses disciplines. Ces travaux, réalisés avec la contribution de biologistes, de neurologues et de médecins spécialistes du CNRS et de l’INSERM, mais aussi d’archéologues et d’historiens de renommée nationale et internationale, ont fait l’objet d’un ouvrage, publié en 2013, intitulé La Théorie Sensorielle. I Les Analogies Sensorielles, dans lequel les auteurs proposent un modèle synthétisant les mécanismes qui pourraient être à l’origine des inventions.

Comment le cerveau intègre-t-il les informations qu’il perçoit par les sens pour que nous puissions interagir avec notre environnement ? A-t-il élaboré un code pour traiter la masse colossale de données que tout être humain enregistre chaque jour au cours de sa vie ? Comment perçoit-il l’espace et le temps pour indexer ces informations ? Mais surtout, de quelle façon parvient-il à reconstruire, à partir des entrées sensorielles, une représentation du monde en schématisant l’organisation de ces données au point de pouvoir, dans certaines conditions, anticiper les événements ? Il est devenu crucial de pouvoir répondre à ces questions pour définir les règles d’intégration qui sont à la base des grandes fonctions sensorielles, cognitives et comportementales. Une des difficultés majeures pour y parvenir réside dans le fait que cette schématisation sensorielle de l’information s’applique à tous les domaines. Elle peut donc être abordée de bien des façons. Toutefois, quel que soit l'intérêt que l'homme porte aux mathématiques, à la physique, à la biologie ou à l'économie, c'est avant tout à lui-même qu'il s'intéresse et à la technologie parce qu'elle structure son cadre de vie et fait partie des moyens qu'il sollicite spontanément pour agir. Cette considération nous a incités à consacrer le premier chapitre de cet ouvrage au moment où l’homme est passé du statut de chasseur-cueilleur à celui d'agriculteur-éleveur. Cette période, au cours de laquelle il commença à modifier son environnement en manipulant le vivant – végétal et animal – devait faire de lui un villageois, puis un urbain. Elle allait aussi libérer des flux démographiques qui aboutiraient à une transformation de la société, au sein de laquelle une élite dominante allait procéder à l'élaboration d'un code de vie sociale auquel l’humanité est encore soumise. Dans le deuxième chapitre, nous nous attarderons sur le 4e millénaire avant notre ère, période au cours de laquelle l'humanité néolithique s'est engagée sur une voie qui allait la conduire à un mode de vie urbain. L'agglomération qui se forme à cette époque est une société qui n'a plus rien de commun avec les premières communautés agricoles, ni même avec les chefferies qui leur ont succédé. La préhistoire cède la place à l'histoire et c'est un autre monde, un autre mode de vie politique et sociale qui se met en place. C'est au sein de cette société si profondément modifiée que sont faites sept inventions remarquables : l’araire, le moule à briques normalisé, l’écriture, la comptabilité, la harpe, le métier à tisser vertical et l’image de cônes. Ces inventions engendreront à leur tour sept concepts fondamentaux : l’agriculture, l’urbanisme, l’administration, l’économie, la communication, l’industrie et l’information, qui constituent les fondations sur lesquelles reposent toujours 1

nos sociétés contemporaines. Nous essaierons alors de comprendre comment ces inventions ont pu être élaborées sur des modèles identiques à ceux qui permettent aux organes sensoriels de traiter l'information, malgré le fait qu’ils étaient à l’époque inaccessibles à la perception et à la compréhension. Dans le troisième chapitre, nous aborderons l'ordre dans lequel ces sept inventions ont été réalisées et nous chercherons à comprendre si elles résultent d'une dynamique déterministe ou d'un système instable imprédictible, malgré leur simplicité apparente et le nombre restreint de leurs variables. Nous formulerons alors l’hypothèse selon laquelle ces inventions pourraient être le produit de l’analogie et de la catégorisation, nos travaux nous ayant conduits à envisager l’existence d’un processus d’analogies sensorielles. Pour le comprendre, nous devrons dépasser le cadre traditionnel des études de l’analogie. En effet, celui-ci privilégie la thèse selon laquelle l’analogie et la catégorisation sont fondées sur la ressemblance entre deux domaines, reléguant ainsi loin de l’investigation expérimentale et de la simulation les hypothèses s’articulant autour de l’interaction entre deux systèmes distincts, comme les inventions urukéennes et les organes des sens. Puis, nous décrirons plusieurs évènements neuronaux non-conscients qui précèdent et influencent, selon nous, ce processus d’analogies sensorielles. Enfin, nous présenterons un modèle qui rend compte des mécanismes donnant naissance à l'invention, en démontrant que la source d'inspiration intuitive n'échappe pas à toute dénomination et possède une structure générique tout à la fois habilement dissimulée et pourtant aisément accessible.

Extrait de La Théorie Sensorielle. I - Les Analogies Sensorielles (2013) Roi, P. & Girard, T. Published by First Edition Design Publishing. Library of Congress Cataloging in Publication Data. Dépôt légal à la Bibliothèque royale de Belgique.

Tous droits réservés ©2013. Philippe Roi et Tristan Girard Contact : [email protected]

2