La planète des grands singes

peut assurer que la création d'emplois, le développement économique et la ... des Standards de Performance de la Corporation International de Finance (IFC ...
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La planète des grands singes Industries extractives et conservation des grands singes

Les grands singes et les gibbons sont en danger, leur survie est menacée par la déforestation et la dégradation de leurs habitats, les maladies, la chasse et le commerce illégal. Le monde de la conservation, l’industrie, la société civile et les communautés législatives doivent travailler ensemble pour assurer que le développement ne se fait pas aux dépens de l’environnement. Cette coopération ne peut réussir que dans un contexte de

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es industries extractives ne peuvent jamais être considérées comme « positives » pour l’environnement, mais il existe des approches efficaces et pratiques qui peuvent les rendre moins destructrices. Une coopération constructive entres industries extractives, gouvernements et organisations environnementales et de conservation peut assurer que la création d’emplois, le développement économique et la génération de bénéfices financiers se trouvent réalisés sans nécessairement détruire la biodiversité et les écosystèmes. La coopération est également cruciale pour assurer la survie des gorilles, chimpanzés, bonobos, orang-utans et gibbons à l’échelle mondiale. L’accélération de la consommation de ressources naturelles telles que bois, minerais, pétrole et gaz, induit l’envahissement de l’habitat des grands singes par les industries extractives. L’explosion démographique humain et la croissance économique expliquent cette demande, tout en la rendant plus complexe. Les lois internationales, les accords commerciaux et financiers jouent un rôle fondamental pour influencer les pratiques des industries dont les opérations peuvent avoir un impact négatif sur la biodiversité et les forêts, et dans lesquels les droits fonciers traditionnels sont souvent menacés. Un futur durable pour les industries extractives exige non seulement une compréhension des conséquences des pratiques habituelles, mais aussi une volonté et une approche décisives pour améliorer la situation. Le premier pas est de comprendre le type, l’étendue et la durée des impacts des industries extractives sur les grands singes et leur environnement. Les généralisations fiables sont rares car les espèces ne réagissent pas de la même façon et avec la même intensité aux activités industrielles, d’une part à cause de leur organisation sociale et de leur écologie, et d’autre part parce que certaines industries, comme par exemple l’exploitation forestière, sont mieux étudiées et comprises que d’autres.

des impacts des industries pétrolière, gazière et minière. Cette connaissance approfondie permettra de développer des recommandations pratiques et efficaces pour définir des approches plus durables. Il est évident que l’extraction de ressources naturelles dans les habitats des grands singes est accompagnée par des impacts directs et indirects, et ce sont surtout ces derniers qui ont des conséquences les plus sérieuses et les plus longues (en particulier dans le cas de l’extraction du pétrole, du gaz et des minerais). Inévitablement, les industries extractives détruisent la forêt lors de leur développement. Cependant l’effet de ces impacts directs est éclipsé par les impacts indirects tels que la construction de routes et d’infrastructures, le bruit et la pollution, l’augmentation de la chasse et de la capture d’animaux, l’agriculture vivrière et les maladies qui résultent de l’augmentation des populations humaines dans et autour des concessions qui étaient, jusqu’alors, des forêts isolées. Les grands singes ne se reproduisent que lentement et les jeunes dépendent de leurs mères de nombreuses années. Il faut donc beaucoup de temps pour que les populations d’anthropoïdes puissent combler une mortalité accrue due au braconnage, au stress et à des maladies, ou qui résulterait d’une perte d’habitat et de ressources alimentaires. Les tendances récentes vers une exploitation forestière durable commencent a changer la façon dont les décisions sont prises dans les concessions forestières, et offrent une opportunité pour remédier aux lacunes et échecs politiques caractéristiques de la plupart des opérations d’extraction dans le passé. La Gestion Durable des Forêts (Sustainable Forestry Management) est basée sur un partenariat entre écologistes et compagnies forestières, pour minimiser les effets négatifs sur les grands singes et autres espèces. Bien que certains changements dans les pratiques actuelles d’extraction aient eu un impact positif sur la biodiversité forestière, on ne peut ignorer le fait que toute extraction de bois aura aussi un impact sur le comportement des grands singes, comme par exemple le déplacement de groupes vers d’autres zones, ou la dispersion des populations, menaçant ainsi leur viabilité.

Une recherche substantielle doit être établie sur le long-terme de façon urgente pour rectifier ce manque de compréhension

Arcus Foundation. 2014. La planète des grands singes: Industries extractives et conservation des grands singes. Cambridge: Cambridge University Press.

données fiables, d’analyses compréhensives et d’une meilleure compréhension, permettant une communication et une collaboration efficaces entre acteurs. La série « La planète des grands singes », dont ceci est le premier tome, a été conçu pour créer ce contexte, afin d’offrir une analyse objective et rigoureuse des enjeux de la conservation des grands singes et de produire des statistiques fiables sur le statut et le bien-être des grands singes, à l’état sauvage et en captivité.

La Hiérarchie de Mitigation est une approche qui vise à gérer le risque pour la biodiversité. Cette approche forme une partie des Standards de Performance de la Corporation International de Finance (IFC de la Banque Mondiale). En particulier, cette approche implique que des efforts nécessaires soient fournis lors des tous premiers stades du processus de planification d’un projet d’extraction afin de: 1. Empêcher et éviter les effets négatifs sur la biodiversité autant que possible ; 2. Puis, minimiser et réduire les effets qui ne peuvent pas être évités ; 3. Puis réparer et restaurer les effets qui ne peuvent pas être évités, empêchés ou réduites.

Le potentiel pour une exécution efficace de ces politiques est sérieusement entravé si les lacunes et la manque de mise en application de la loi sont exploités par le secteur privé ou par les agents du gouvernement, ou quand des mesures mal adaptées ou inefficaces sont adoptées. La protection de l’environnement doit être considérée comme un aspect critique et central pour toute activité de développement économique. La protection de l’environnement ne peut pas être considérée comme une moindre priorité ou quelque chose de secondaire, tout juste bonne à être reléguée aux départements ou organisations les moins a-mêmes d’appliquer la loi. Trouver des solutions a ces énormes problèmes complexes sera ni facile, ni rapide, mais cela reste vitale. Cela exige la collaboration et la participation de spécialistes dans de nombreuses disciplines qui ne font pas nécessairement parties des compétences requises dans l’industrie extractive, et demande aussi une consultation approfondie avec des partie-prenantes diverses et variées. Il est vrai cependant que seul ce genre de coopération et collaboration peut fournir aux opérateurs, financiers, gouvernements, ONGs, populations locales et consommateurs une confiance dans la gestion durable des écosystèmes et de la biodiversité qui est la base de la survie des toute vie, humaine ou non.

La Hiérarchie de Mitigation exige qu’après l’exécution de toutes ces actions, les développeurs d’un projet doivent traiter les impacts résiduels avec des mesures de compensation, telles que des mesures de compensation de biodiversité. Pour être efficace, ce processus de planification et d’évaluation doit être incorporé le plus tôt possible dans la planification d’un projet d’extraction. Ceci représente un défi considérable, puisque les questions de conservation et environnementales ne sont typiquement considérées que lorsque le potentiel d’extraction d’un site a été évalué, alors que des investissements considérables ont déjà été produits. Les Gouvernements des pays de l’aire de répartition des anthropoïdes sont de plus en plus conscients de l’importance d’inclure les considérations environnementales dans les politiques et législations nationales. Plusieurs de ces gouvernements travaillent avec des ONG et des compagnies extractives pour développer des recommandations optimales d’extraction qui soient claires et pratiques. Cela varie entre le développement d’une stratégie nationale pour compenser la perte de biodiversité en Guinée; des cadres législatifs et régulateurs qui guident l’industrie en ce qui concerne la conservation des forêts tropicales au Gabon; et le moratorium sur l’extraction forestière en Indonésie pour améliorer la gestion forestière pour les orang-utans.

www.stateoftheapes.org

www.arcusfoundation.org/conservation

Pour être efficace, ce processus de planification et d’évaluation doit être incorporé le plus tôt possible dans la planification d’un projet d’extraction. Ceci représente un défi considérable, puisque les questions de conservation et environnementales ne sont typiquement considérées que lorsque le potentiel d’extraction d’un site a été évalué, alors que des investissements considérables ont déjà été produits.

www.cambridge.org

Les secteurs public et privé admettent généralement que les besoins de développement des populations entrent en conflit, ou sont incompatibles, avec la conservation de la biosphère dont l’homme dépend. Voilà pourquoi certains considèrent qu’il faut mettre un frein au développement économique dans l’intérêt de la conservation de la biosphère ou mettre un frein à cette dernière au nom du développement. Les efforts mis en œuvre dans cette publication pour identifier des objectifs complémentaires ou des compromis satisfaisants prouvent, pourtant, que cette situation n’est pas inéluctable. La planête des grands singes : les industries extractives et la protection des grands singes, premier tome d’une série de publications, met en avant l’impact croissant des activités des industries extractives sur l’habitat des grands singes et des gibbons. Cette série de publications repose sur une étude rigoureuse et s’adresse aux responsables politiques, aux experts de l’industrie, aux universitaires et aux ONG. Elle entend influencer le débat, les comportements et les politiques en cherchant à réconcilier les objectifs de conservation et de protection des grands singes et le développement économique et social.

The State of the Apes is the most comprehensive assessment to date of the threats confronting man’s closest cousins and what can be done to address them. It urgently calls for collective action to ensure their survival and is a must-read for policy-makers, business leaders, conservationists, researchers and anyone who has an interest in ape conservation and the interface with economic development.

Robert Muggah PhD (Oxford)Research Director Igarapé Institute