jeunes

L'homme de 25 ans avait adhéré à l'Islam environ un ... Le forcené, âgé de 32 ans .... Or, il est facile d'entrer en Afghanistan, mais il est très difficile d'en sortir !
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SCIENCE TECHNO SOCIÉTÉ

MAI 2015

#07

Le monde est À nous !

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jeunes

radicraquLoii?sÉs pou comment?

« J'AI FAavITecLEunDexJ-dIHétADen»u entrevue de Guantanamo

Par l’équipe des

#10677

MAI 2015 - 4,95 $

MD

curiummag.com

Le magazine des 14-17 ans

jeunes radicaLisÉs Pourquoi et comment ?

curium MAI 2015

Ils ont 15, 17, 20 ans. Ils sont Canadiens, Français, Britanniques ou Belges. Ils devraient passer la soirée avec des amis ou regarder une série télé en rafale sur Netflix. Mais non. Certains s’envolent pour la Syrie. D’autres commettent des attentats chez eux, au nom du djihad. Pourquoi ?

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Vrai ou FauX Les jeunes qui se radicalisent ont de graves problèmes de santé mentale.

VRAI ■ FAUX ■

Au contraire, les groupes radicaux recherchent avant tout de bons soldats, avec la tête sur les épaules. Ils ont plutôt tendance à rejeter les éléments qui risquent de leur causer des problèmes.

Ce sont tous des immigrants maghrébins.

VRAI ■ FAUX ■

Il y a des gens nés au pays, comme les Québécois Martin CoutureRouleau* et Michael Zehaf-Bibeau*, qui commettent des attentats.

Ces jeunes sont des intégristes religieux. C’est-à-dire des croyants qui respectent les règles de leur religion à la lettre et refusent toute évolution.

VRAI ■ FAUX ■

Beaucoup connaissent très mal la religion pour laquelle ils se battent. Des djihadistes ont même acheté Le Coran pour les nuls avant de s’embarquer pour la Syrie !

Tout le monde peut se radicaliser :

VRAI ■ FAUX ■

Les jeunes radicaux viennent de toutes les classes sociales et de tous les milieux.

Deux jours plus tard, le 22 octobre, au parlement d’Ottawa, michael Zehaf-Bibeau fusille un caporal. Le forcené, âgé de 32 ans et natif de Montréal, est tué à son tour.

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* Le 20 octobre 2014, martin couturerouleau (dit Ahmad le converti) tue un militaire et en blesse un autre à Saint-Jeansur-Richelieu, avant d’être abattu par la police. L’homme de 25 ans avait adhéré à l’Islam environ un an auparavant.

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Texte Noémie Larouche

À La Vie, À La mort? Seriez-vous prêts à mourir pour une cause ? Répondre non, c’est normal. L’être humain est génétiquement programmé pour assurer sa survie. Comment expliquer alors que des jeunes de plusieurs pays rejoignent le djihad1 au péril de leur vie ? 1. Faire le djihad c’est partir au combat, mener une action armée pour étendre l'islam ou le défendre. Mais attention ! Pour le groupe armé État islamique, l’islam n’est pas seulement une religion. C’est une idéologie politique qui prône la création d'États islamiques et l'application stricte de la charia.

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Et la charia ? C’est la loi qui régit la vie religieuse, politique, sociale et individuelle. Elle est appliquée de manière rigoureuse dans certains États musulmans.

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D

es jeunes se tournent vers les groupes radicaux parce qu’ils sont en quête de sens, affirme Jocelyn Bélanger, professeur de psychologie à l’UQAM et spécialiste des processus de radicalisation. Plusieurs n’adhèrent pas aux valeurs de notre société. En perte de repères, ils cherchent un idéal auquel s’accrocher. Mais quoi ? Rétablir la justice dans le monde ? Tout un contrat ! Protéger la planète ? Écologistes et pollueurs, c’est un remake de David contre

Goliath. Et la politique ? Elle alimente davantage le cynisme que l’action. Pour certains jeunes, l’islamisme radical donne des réponses toutes faites à cette quête de sens. C’est, pour eux, une promesse de sécurité, un projet révolutionnaire et collectif. Le groupe armé État islamique (EI)1 offre à ces jeunes la possibilité d’être acceptés par un groupe. Mieux, de devenir des héros. Ils adhèrent à l’idéologie pour obtenir du prestige et un

statut. Enfin, ils seront utiles. Enfin, ils retrouveront une image positive d’eux-mêmes.

La force du nombre

« À partir du moment où leur identité – et c’est vrai pour tout le monde – est définie par un groupe, ils ont moins peur et gagnent du pouvoir », affirme Jocelyn Bélanger. Ils n’ont plus peur de mourir. Ils sont même prêts à se sacrifier pour le clan. Et lorsque leur groupe (dans ce cas-ci l’EI) se sent menacé – de façon réelle ou imaginaire – ils ont le devoir de s’investir et de le défendre.

Ruminations... Qui suis-je ? Que fais-je ? Où vais-je ?

Beaucoup de questions… et parfois si peu de réponses. Pas toujours facile de trouver sa place ! Vous sentez-vous protégés et valorisés par votre communauté ? Vous laisse-t-on en plan ? Commentaires, idées, réflexions, projet de révolution… Écrivez-nous. On va partager. [email protected] Développer un sentiment d’appartenance à un pays, une région, une collectivité, un groupe, c’est bon pour l’amour-propre. « Pour se sentir citoyen, un jeune doit se sentir défendu par sa société. S’il est seulement défendu par " sa " religion, il y a des risques de dérives », affirme Bochra Manaï, membre du groupe interministériel sur la radicalisation. Elle prépare un postdoctorat sur la radicalisation des jeunes à l’Institut national de la recherche scientifique.

Mais pourquoi rejoindre une organisation violente ? Ce ne sont ni les groupes ni les causes louables qui manquent  ! « Parce qu’une personne qui pense qu’elle n’a pas d’avenir (un peu comme les membres de gangs de rue) réalise que la violence lui donne du pouvoir », répond Jocelyn Bélanger. Elle est soudainement puissante, mais surtout applaudie et approuvée par sa bande.

La gratification est beaucoup plus modeste lorsqu’on fait le choix de s’impliquer dans une organisation humanitaire ou écologique, par exemple. « Si tu laves un lépreux ou que tu vas à la soupe populaire, on ne te met pas sur un piédestal pour chanter tes louanges», remarque le chercheur. Pour les gens qui souffrent de solitude et d’exclusion, le but est d’intégrer un groupe. L’adhésion à l’idéologie n’est que le moyen d’y parvenir. N

la radicalisation, c'est quoi ?

Personne ne se réveille un matin en décidant de devenir terroriste ! La radicalisation est un processus. Une idée qui chemine tranquillement (et pas toujours consciemment). Elle se manifeste par un changement d’attitude et de comportement extrême.

- Jocelyn Bélanger

Le djihad, un pansement

« Souvent, ce sont des personnes rejetées, humiliées qui ressentent une grande douleur », note le chercheur. Une étude publiée dans la revue Science a d’ailleurs démontré que les zones du cerveau activées par la douleur sociale (le sentiment d’exclusion) sont les mêmes que celles associées à la douleur physique. Se faire rejeter, ça fait donc VRAIMENT mal !

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Succès instantané

« Le groupe nous aide à avoir des certitudes »

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«j'ai Fait Le djihad» À 19 ans, Mourad part en Afghanistan, gonflé à bloc. Sur place, tout tourne au cauchemar. Aujourd’hui, il tente de convaincre les jeunes de résister à l’appel du djihad.

© Guillaume Atger

Texte Jade Bérubé

entreVue Mourad Benchellali ex-détenu français du camp de Guantánamo1.

curium : Quel genre d’adolescent étais-tu ?

c : Et une fois sur place?

Mourad Benchellali : Comme beaucoup d’ados, c'est surtout le cinéma d'action qui nourrissait mon imaginaire. Je n'étais pas passionné par les études. Je souhaitais travailler le plus rapidement possible pour gagner mon indépendance. À 16 ans, j'étais aussi animateur dans un centre communautaire. J'aimais m'occuper des enfants.

M. B. : Avant le camp d'entrainement, ça allait. Jalalabad est une ville magnifique avec une rivière et beaucoup de verdure. C'était tel que je l'avais imaginé. Mais les gens qui m'ont accueilli m’ont parlé d’un endroit où devaient aller tous les jeunes qui arrivaient en Afghanistan. Ça m’inquiétait. Je me suis retrouvé au camp al-Farouk, un camp d'entrainement militaire appartenant à al Qaeda. Je ne parlais pas arabe. Je ne comprenais rien. J'avais rêvé de Rambo, mais là, c’était MAD Max.

c : Pourquoi es-tu parti en Afghanistan ? M. B. : J’avais surtout besoin de voir autre chose que mon quartier. Prendre l'avion pour un autre pays, c’était très excitant.

c : Quel regard avais-tu sur ce pays ? M. B. : Il me fascinait. Ma référence d'adolescent, c’était le film Rambo 3, qui se passe là-bas. 1. Centre de détention militaire américain où sont détenus les combattants soupçonnés de terrorisme et capturés à l’étranger par l’armée américaine. La prison, située à Cuba, est dénoncée par de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme.

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2. Personne qui se donne la mort par foi religieuse.

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c : Comment te sentais-tu en préparant ton départ? M. B. : J'étais très excité avec tout de même un peu d'appréhension.

c : Pourquoi n’as-tu pas quitté le camp ? M. B. : Le camp est situé au milieu du désert de Kandahar. Une fois entré, il est impossible d’en sortir ! Il fait plus de cinquante degrés et les conditions sont très rudes. On est très peu nourris. On dort peu. J’ai perdu plusieurs kilos. Dans la formation, on nous parlait déjà d’attentats-suicides. Le camp est l'antichambre du champ de bataille, le but étant de faire de nous des volontaires au combat et des martyrs2.

Si Dieu le dit…

« L’être humain est sujet au fanatisme, affirme Solange Lefebvre, titulaire de la Chaire religion, culture et société de l’Université de Montréal. Tuer pour une vérité, c’était une pratique très répandue à une certaine époque. »

« L’appel au djihad est une manipulation » - Mourad Benchellali

c : Que penses-tu des jeunes qui partent faire le djihad ? M. B. : Je pense qu'ils se mettent en danger. Ils idéalisent beaucoup le voyage et n'ont aucune idée de ce dans quoi ils mettent réellement les pieds. On peut se retrouver complices de groupes criminels voire commettre nous-mêmes des actes que la morale et les lois réprouvent.

c : Que dirais-tu à quelqu’un qui a envie de combattre l’injustice par la violence ? M. B. : Je lui dirais que je comprends ce qu’il ressent, mais que ce n’est pas la solution. Qu’il n’y a pas de guerre propre et qu’il risque de reproduire des comportements qu’il avait auparavant méprisés.

c : Comment résister à la propagande des radicaux ? M. B. : Je pense qu’il faut avoir des outils. Et cela comprend les outils religieux : une compréhension suffisante de l’islam pour pouvoir rester clairvoyant et ne pas adhérer à tout ce qui pourrait lui être naturellement contraire, comme le meurtre ou le suicide.

De fait, les zélotes (les conquérants du judaïsme), les croisés (ceux du christianisme) les combattants du djihad (islam), les polythéistes : tous, ils ont sacrifié des humains. Des moines bouddhistes et des tamouls hindouistes se sont entretués. Les Romains ont fait la chasse aux chrétiens. Alouette.

c : Les djihadistes parlent de désinformation. A-t-on raison d’être sceptiques face aux grands médias ? M. B. : La plupart d’entre eux font bien leur travail. Il ne faut surtout pas tomber dans la « théorie du complot ». Ça rend méfiant et ça nous fait oublier la réalité du monde dans lequel on vit.

« La criminalisation du meurtre est récente dans l’histoire de l’Humanité, ajoute Solange Lefebvre. Au 18e siècle, en France, le meurtre n’était pas automatiquement sanctionné. Si on assassinait l’un de vos proches, il ne restait plus qu’à vous faire justice vous-même.

c : Quelle est la meilleure chose à faire si on se sent confus face à tout ce qu’on entend ? M. B. : En parler. Poser des questions aux bonnes personnes. À ses professeurs. Aux responsables religieux considérés comme légitimes. À ses parents. C’est bête, mais c’est vrai : vaut mieux en parler à ses parents qu’à ses amis. N

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M. B. : J'y suis resté 60 jours. On me disait que c’était obligatoire. J'avais conservé mon billet de retour et ma première pensée en sortant fut de m’envoler pour Paris. Or, il est facile d’entrer en Afghanistan, mais il est très difficile d’en sortir ! On m’a arrêté comme terroriste avant que je puisse revenir. Et je me suis retrouvé à la prison américaine de Guantánamo !

© Richard Vallerand

c : Combien de temps as-tu passé là-bas ?

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1999 = 9 siTes WeB RADiCAUX

2015 = 12 000 siTes WeB RADiCAUX

Internet:

arme de recrutement massiVe YouTube, Twitter, Facebook, etc. : les groupes radicaux sont partout sur la toile. Texte Noémie Larouche

on n’attire pas Les mouches aVec du VinaiGre

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Les fusils et les « jeux » de guerre, c’est surtout une affaire de garçons. Mais plusieurs filles sont aussi recrutées sur les réseaux sociaux. Leurs correspondants djihadistes les invitent à venir aider les enfants de la guerre en Syrie. On leur envoie des vidéos troublantes de gamins blessés. Elles partent avec l’intention de sauver des vies humaines…

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De jeunes femmes s’amourachent aussi du combattant avec lequel elles échangent sur Internet. L’amour leur donne des ailes… jusqu’en Syrie où elles épousent l’« élu de leur cœur ».

C

es gens-là sont à l’affût. Si vous aimez leur page, ils le savent. « C’est une entreprise très manipulatrice, note Jocelyn Bélanger, spécialiste des processus de radicalisation. Surtout sur les sites de clavardage : tu écris que tu te sens seul et triste. Tout de suite, ils répondent. Ils te promettent l’aventure, t’offrent de goûter à la vie et de te rendre utile. » L’EI maîtrise aussi suffisamment bien le web pour concevoir et diffuser des messages de propagande sur mesure. Des photos et des vidéos qui s’adressent à un auditoire spécifique. À un adolescent de Calgary, on parlera d’un héroïque djihadiste canadien. À une jeune fille qui rêve de sauver le monde, on vendra plutôt la mission humanitaire. Pour

celle qui attend le grand amour, le djihadiste deviendra prince charmant. Et ça marche. Grâce à Internet, l’État islamique recrute massivement à l’étranger. Les aspirants djihadistes se motivent les uns les autres en partageant des contenus. Ils rêvent de devenir une idole du mouvement, d’aller sur le terrain pour défendre leurs nouveaux idéaux et obtenir la reconnaissance du groupe. Ces partisans, jusqu’ici spectateurs, peuvent même échanger directement avec des membres de l’organisation. Ils obtiennent ainsi réponse à leurs questions, leur choix est encouragé et validé. Résultat : ils se radicalisent davantage.

« On est toujours à 10 clics de la Syrie. C’est facile d’entrer là-dedans. » - Bochra Manaï, spécialiste de la radicalisation des jeunes

La Faute À L’aLGorithme de FaceBooK? Ce fameux (et ô combien mystérieux) programme détermine ce qui s’affiche dans votre fil d’actualité, selon vos interactions, vos « j’aime » ou les vidéos que vous regardez (parce que, oui, Facebook sait tout ça). Son fonctionnement est un secret bien gardé de l’entreprise américaine, mais une chose est certaine : plus on aime un sujet, plus l’algorithme nous expose à des contenus connexes. Donc : EI EI = encore plus de contenus sur l’État islamique.

rÉseau sociauX: L’escaLade 1 2 Vous naviguez sur You Tube. Vous tombez par hasard sur une vidéo djihadiste. Des hommes scandent le nom d'Allah. Ils paradent avec des armes et des drapeaux, ont l’air déterminés et braves. La mise en scène fait penser à celle d’un clip de rap… plutôt cool…

Twitter-Instagram-Facebook Curieux, vous décidez de suivre le groupe sur Facebook et de partager la vidéo. Vous recevez de nouvelles demandes d’amitiés et échangez avec ces gens qui s’intéressent aussi au djihad.

Buddy99 T’as vu cette vidéo ? Les gars sont trop forts ! JC_super Oui. C’est bon. Et celle-là, qu’est-ce que t’en dis ?

Les vidéos sont de plus en plus violentes, mais vous vous y habituez. Après tout, ce n’est pas pire que Game of Thrones – sauf que cette fois, c’est la vraie vie. Et vos nouveaux « amis » sont unanimes : c’est le seul moyen de vaincre les infidèles (les non-musulmans), qu’ils dépeignent comme des êtres cruels. Vous avez maintenant un certain nombre d’abonnements. Vous interagissez même avec des membres de l’organisation. Vous aimeriez tellement participer à la cause...

Imaginez… 3 4 Ask.Fm

Vous demandez conseil sur Ask.Fm. Les conversations sont anonymes et les recruteurs djihadistes, disponibles pour répondre aux questions en tout genre. Soins d’hygiène personnels ? Liste des choses à prévoir pour un départ en Syrie ? Vous avez les questions. Ils ont les réponses.

Kik Surespot Skype Messenger

Souvent la dernière étape avant le grand départ… Enfin, vous avez la possibilité d’échanger, en temps réel, avec un combattant sur le terrain. Il vous donne toute l’information nécessaire concernant le recrutement, la mobilisation et les questions d’immigration.

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YouTube Flickr Tumblr

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action rÉaction Texte Noémie Larouche

Quand dois-je commencer à m’inquiéter pour un de mes proches et Que puis-je faire pour l’aider ?

1

quels sont les indices de radicalisation ? u Il devient intolérant et beaucoup plus qu’à l’habitude. Ce n’est pas une simple question de SPM ou de défaite des Canadiens ! Il est incapable d’accepter les différences de point de vue, et ce, sur plusieurs sujets.

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u Il rejette son réseau d’amis. Il s’isole et se referme complètement. Il peut aussi fréquenter des gens aussi intolérants que lui.

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u Il arrête ses activités sportives ? Ne veut plus aller à l’école ? Préfère manger seul et change ses habitudes alimentaires ? N’écoute plus de musique ? Se désintéresse du cinéma ? S’habille différemment ? Ou, pire, toutes ces réponses ? Ça pue !

2

est-ce que je peux faire quelque chose ? u La première chose à faire, c’est de discuter avec lui. « On dirait que ça ne va pas ces tempsci ? » Il s’est peut-être fait larguer par sa copine. Il a peut-être échoué à son dernier examen ou est devenu le souffre-douleur de Benêt Gonflette à l’école. Bref, il y a mille raisons pour s’isoler et avoir le moral à zéro. u Vos soupçons se

OUI !!!! L’antidote, selon les experts ? Le respect et la dignité. Les gens qui se sont radicalisés ont été manipulés. Ils ont appris à déshumaniser « l’autre ». Les nazis n’exterminaient pas des juifs, mais des « coquerelles ». Les djihadistes ne s’attaquent pas à des hommes ou à des femmes, mais à des « infidèles ». Or, lorsqu’ils recommencent à échanger avec « ces autres », les jeunes embrigadés réalisent non seulement qu’il s’agit d’humains, mais que la plupart sont bienveillants. « Il se crée alors une ouverture et ils changent profondément », explique Jocelyn Bélanger.

u Vous pouvez aussi aller chercher de l’aide auprès du travailleur social ou du psychologue de l’école.

Oui. Il se peut que vous ne soyez pas trop chaud à l’idée de « dénoncer » votre ami à ses parents ou, pire encore, de le « livrer » à la police. Mais dans ces cas-là, on ne trahit pas l’autre, on l’aide. La pire chose à faire serait d’ignorer la situation.

80 % des cas auraient pu être déjoués, mais les proches n’ont rien dit, rien fait. Mieux vaut avoir un ami qui fait la gueule pendant quelques mois qu’un ami mort au combat.

u Rien à faire ? Il fait la sourde oreille ? Allez voir la police.

uN EXEmPLE. En 2009, le chef des Tigres tamouls (un groupe armé sri lankais) est tué. Le gouvernement conclut un armistice avec les insurgés, qui intègrent un programme de déradicalisation. Ils sont 11 000. On les appelle les « bénéficiaires ». Ils sont regroupés dans un bâtiment dont ils ne peuvent sortir, mais où ils peuvent circuler librement. On discute, on fait de la méditation, on leur apprend des métiers, mais surtout on les traite avec respect et considération.

Résultat : 0 % de récidive.

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Et après, est-ce qu’on peut guérir ?

confirment. Il refuse d’en parler avec vous. La meilleure chose à faire est d’aviser ses parents.

Oui. C’est délicat.

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