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AcTUALiTÉs

LE JOURNAL DE MONTRÉAL

SAMEDI 17 MAI 2014

FRANcO-AMÉRicAiNs Marie-Joëlle Parent CORRESPONDANTE Aux éTATS-uNiS

Le recul du français, Notre dossier de quatre jours sur les FrancoAméricains de la Nouvelle-Angleterre a soulevé de nombreux commentaires, notamment sur l’inquiétude de voir le Québec suivre la même trajectoire. Entre 1840 et 1930, près d’un million de Québécois ont immigré avec leur famille en Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les usines de textile. On compte aujourd’hui deux millions de FrancoAméricains dans cette région. Seul un faible pourcentage parle encore français, cependant. Dans le Maine et le New Hampshire, le quart de la population est francoaméricaine. Or, 6 % d’entre eux parlent français dans le New Hampshire et 12 % dans le Maine. Dans le Vermont, où les Franco-Américains représentent 22 % de la population, seuls 5 % sont bilingues. Est-ce qu’une telle chose pourrait se produire au Québec à long terme? Voici ce qu’en pensent quelques Québécois.

C’est la grande crainte que j’ai. Ce qui se passe là-bas, c’est ce qui se passe dans le reste du Canada à une vitesse fulgurante. L’assimilation des Canadiens francophones ne présage rien de bon pour le Québec. Si ça se passe dans le reste du Canada, la pression deviendra énorme sur le Québec par la suite. Les immigrants qui viennent ici au Canada, ils viennent avant tout en Amérique du Nord, ils se tournent vers la langue de la majorité, qui est l’anglais, et ça représente un danger. Si on ne se donne pas les moyens, c’est-à-dire un État qui nous appartient, dans 150 ans, on sera sur le chemin des Franco-Américains. Lorsqu’on regarde ce qui s’est passé en Nouvelle-Angleterre, c’est une chance qu’on n’ait pas écouté Louis-Joseph Papineau et son fils Amédée et leur idée d’annexer le Québec aux États-Unis. Ça aurait accéléré l’assimilation totale des Québécois. – Gilles Duceppe, ancien chef du Bloc québécois

Les familles sont beaucoup moins nombreuses chez les Québécois aujourd’hui, tandis que les familles d’autres cultures qui arrivent ici ont plus d’enfants. C’est eux qui vont prendre le dessus, c’est triste. Je suis content qu’au Québec on ait une ouverture pour accueillir les gens, on ne manque pas d’espace, mais c’est sûr qu’il faudra être très vigilant par rapport à notre langue et pour la conserver, ça prend du monde. Il faut appuyer les familles québécoises. Ma famille a fait partie de la dernière grande vague d’immigration aux ÉtatsUnis, au début des années 1960. On a quitté notre petite ferme laitière dans la Beauce pour s’installer au New Hampshire. Mon père balayait les planchers dans une usine de chaussures. Ma mère n’a jamais appris l’anglais pour que ses sept enfants parlent tous français. – L’archevêque de Québec, Mgr Gérald Cyprien Lacroix. Il a immigré à Manchester à l’âge de six ans. Il y a passé 11 ans de sa vie. Toute sa famille s’y trouve toujours.

Le Québec doit toujours rester prudent, mais la situation est très différente, le Québec a un gouvernement national qui peut faire des lois pour protéger la langue. Sans la loi 101, on ressemblerait sans doute aux Franco-Américains. L’anglais est une langue vraiment dominante dans le monde entier et l’intérêt du monde n’est pas que les langues nationales disparaissent. Défendre une langue nationale aujourd’hui, ce n’est pas uniquement du nationalisme, c’est du civisme planétaire. Les francophones du reste du Canada sont assimilés à une vitesse prodigieuse. Les seuls qui s’en tirent mieux, ce sont les Acadiens. Les universités québécoises et les collèges devraient recruter des étudiants franco-américains en Nouvelle-Angleterre. Quand j’étais au Collège de Joliette pour mon cours classique, une partie de nos confrères venaient des États-Unis. Ils nous ont appris à jouer au football américain. – Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec