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pas seulement les recettes techniques qui peuvent servir de boussole dans un monde dont tous les repères, techniques, organisationnels, économiques, ...
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Interview d’Yves Jeanneret, responsable de la Chaire du celsa, et de Valérie Patrin-Leclère, responsable du Mastère Spécialisé Celsa Entreprendre –innovation et création d’entreprise dans la communication et les médiasPar Arnaud Le Gal, rédacteur en chef des Echos Entrepreneur Arnaud Le Gal : Le Celsa crée un Mastère spécialisé sur la création d'entreprise et l'innovation dans les médias et la communication. Pourquoi une telle initiative, maintenant ? Yves Jeanneret : Parce qu’aujourd’hui, les repères du monde de la communication et des médias sont fortement remis en cause. Il faut inventer des formes, des discours et des structures, des offres et des modèles économiques, des organisations et des modes de coopération entre entreprises, qui façonneront le futur des sociétés. Nous ne savons pas encore tout de la façon dont ces changements interviendront, mais tout nous indique qu’ils ne reposeront pas seulement sur des structures traditionnelles ni sur des politiques planifiées. Ils passeront par l’initiative innovante, la créativité, les projets audacieux, l’association d’acteurs qui jusque là existaient de façon disjointe. Nous pensons que c’est le rôle de l’école de référence française en communication, qui bénéficie d’une expérience et de moyens d’analyse stratégique, d’accompagner ces changements en offrant cette formation de niveau Bac+6 à tous ceux qui désirent participer à ces transformations décisives. La situation actuelle peut déboucher, on le voit bien, sur des avancées extraordinaires, mais elle comporte aussi des risques de sclérose ou de dégradation de la qualité de l’information et de la communication. Or le maintien des usages actuels n’est pas la solution, pas plus que la multiplication des expériences sans repères. Il y a donc des opportunités exceptionnelles pour les porteurs de projets, mais qui ne pourront se concrétiser qu’avec une connaissance approfondie de l’univers médiatique. Arnaud Le Gal : Est-ce le rôle d'une grande école liée à une université de former des entrepreneurs ? Yves Jeanneret : La création du Celsa, il y a plus de cinquante ans, correspondait déjà à l’idée qu’une université dotée de moyens intellectuels et de repères forts comme la Sorbonne était particulièrement bien placée pour préparer les étudiants à l’entreprise. C’est notre métier depuis toujours, et du reste bon nombre de nos anciens étudiants ont créé et développé des entreprises médiatiques. Ce nouveau Mastère est donc un prolongement et pas un changement de cap. L’actualité montre que ce ne sont pas seulement les recettes techniques qui peuvent servir de boussole dans un monde dont tous les repères, techniques, organisationnels, économiques, politiques, sont bouleversés. Il faut à la fois une pensée forte et une volonté de créer et d’agir. L’université, particulièrement une université héritière de siècles d’exigence et d’analyse des relations symboliques entre les hommes, n’est pas la seule à pouvoir le faire, mais son concours est particulièrement précieux. Les difficultés que la politique et l’économie rencontrent ces dernières décennies viennent de ce que ce concours n’est pas assez sollicité, on cherche sans cesse des solutions techniques à des problèmes symboliques. Les entrepreneurs formés au Celsa auront un profil original, dont l’économie française et européenne a besoin. Arnaud Le Gal : Le titre de la formation parle non seulement de création d'entreprise, mais aussi d'innovation. En quoi est-ce un enjeu particulier pour le Celsa ? Valérie Patrin-Leclère : Le souci de l’innovation est central pour l’équipe de recherche du Celsa, le Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Processus d’Information et de Communication. Notre posture scientifique consiste à fonder l’avenir de la communication non sur un déterminisme mais sur l’inventivité des hommes et la création des formes. Ceci dit, accompagner des étudiants porteurs de projets très innovants est un métier en partie nouveau pour nous. C’est la raison pour laquelle nous avons établi des partenariats avec des structures et des professionnels qui ont une expérience forte dans l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat. Ils seront les piliers de l’équipe pédagogique qui animera ce Mastère. Dans la même logique, le concours que nous apporte le Neuilly Lab est prépondérant : il

accueillera et accompagnera les projets avec nous. Ce sont de nouvelles façons de travailler, bien entendu, que nous allons devoir développer. « Celsa Entreprendre » est un éventail d’actions complémentaires, qui s’inscrit sous l’égide de la chaire que nous avons créée sur l’innovation et la création d’entreprises dans la communication et les médias. Cette structure permettra de mener une veille, de réaliser une anticipation, de travailler de façon constante entre universitaires, acteurs du monde de l’entreprise et représentants de la société civile. Arnaud Le Gal : Comment cette formation à l'entrepreneuriat se positionne-t-elle par rapport à toutes celles qui existent déjà ? Pourquoi choisir de se former au Celsa plutôt que dans une business school ? Yves Jeanneret : La réponse est simple. Etre innovateur et créateur d’entreprise suppose des compétences générales, qui sont travaillées dans notre formation, mais cela demande surtout une capacité stratégique et une véritable créativité, qui n’est possible que si l’on comprend en profondeur les lignes de force des changements en cours. Or former des stratèges, dans l’ensemble des compétences que nous couvrons – la communication, le journalisme, le marketing, la publicité, les ressources humaines - c’est la raison d’être du Celsa, la spécificité qui fonde notre statut de grande école au sein d’une université. La formation du Celsa repose sur des compétences générales, mais surtout et avant tout sur une analyse fine et intelligente du monde de la communication et les médias, sans laquelle il ne peut pas y avoir de vraie innovation stratégique durable. Celsa Entreprendre va donc partager avec les futurs créateurs qui suivront cette formation une analyse qu’il mène depuis des années sur les enjeux, les transformations, les risques et les perspectives de la communication. Valérie Patrin-Leclère : Nous ne cherchons pas à former des entrepreneurs tous azimuts, ni des gens qui veulent occuper une position sociale et professionnelle sans avoir de projet. Nous espérons accompagner des jeunes créateurs qui savent comprendre la communication, qui sont de réels experts stratégiques de ce secteur, et qui sont porteurs de choix, de valeurs, de projets ayant du sens pour l’avenir du monde de la communication. Cela, une école de management généraliste ne peut le donner. Arnaud Le Gal : Le marque de fabrique du Celsa - des formations de pointe sur le plan des techniques, et une ouverture intellectuelle, grâce à une communauté pédagogique où les enseignants-chercheurs collaborent avec des professionnels des métiers auxquels forme l'école- se retrouvera-t-elle bien dans ce Mastère Spécialisé ? Yves Jeanneret : Le programme de formation du Mastère, comme les formes d’échange pédagogique que nous proposons, s’inscrivent dans la logique fondatrice de l’école, que nous venons de rappeler. Par-delà le découpage des activités, la formation correspond à un trajet qui relie l’acquisition de repères stratégiques fondamentaux, le dialogue avec des acteurs majeurs du secteur et l’approfondissement graduel d’un projet personnel. Et celui-ci sera accompagné et évalué par l’ensemble de l’équipe. Arnaud Le Gal : Quel est le profil type du futur étudiant de ce Mastère ? Valérie Patrin-Leclère : Nous accueillerons à la fois des professionnels et des étudiants récemment diplômés. Nous ne cherchons pas des leaders qui se sentiraient avant tout une fibre de dirigeant et verraient la communication et les médias comme un champ d’opportunités parmi d’autres. Nous cherchons des personnes qui portent à la communication et aux médias un intérêt tout particulier, et leur volonté de développer une innovation doit être primordiale. Leur engagement doit s’appuyer sur un travail de veille, sur une ouverture d’esprit, sur du bon sens, sur une capacité critique. Arnaud Le Gal : Quelle place cette formation réservera-t-elle au projet de création d'entreprise propre à chaque étudiant ? Yves Jeanneret et Valérie Patrin-Leclère : Une place centrale ! Nous recrutons les étudiants sur projet, ils seront suivis par des experts avec lesquels ils échangeront régulièrement, au Celsa et au NeuillyLab, tous les cours les aideront à nourrir leur connaissance du marché et à parfaire la mise en

oeuvre de leur création intra- ou entrepreneuriale jusqu’à la soutenance de leur thèse professionnelle. La communication autour de leur projet sera un élément fort de notre pédagogie : nous ne pensons pas que la culture du secret, de la confidentialité à tout prix, du chacun pour soi, soit bénéfique au porteur de projet. Nous pensons qu’au contraire il faut savoir échanger, argumenter, contre-argumenter, pour faire évoluer son projet dans le bon sens. Des entrepreneurs qui s’engagent dans nos métiers doivent intégrer les impératifs de la communication, s’ils veulent que leur offre corresponde aux nouveaux usages et ait une forte attractivité.