Intervention de Monsieur Adama OUANE Administrateur de l'OIF

25 avr. 2016 - des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) ... Francophonie (OIF) dont le Bureau régional pour l'Afrique centrale a son siège ici même à ... Nous ne pouvons plus faire l'économie d'une refondation de l'école si .... A l'heure où la communauté internationale constate l'ampleur des défis.
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57ème Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) 25-29 avril 2016, Libreville, Gabon

Intervention de Monsieur Adama OUANE Administrateur de l’OIF

Seul le texte prononcé fait foi

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Allocution de Monsieur Adama OUANE

57ème Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) 25-29 avril 2016 Libreville, Gabon Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique du Gabon,

Madame la Ministre de l’Education nationale de Côte d’Ivoire et Présidente en exercice de la CONFEMEN,

Mesdames et Messieurs les Ministres de la CONFEMEN,

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement gabonais,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants du corps diplomatique,

Monsieur le Secrétaire général de la CONFEMEN,

Mesdames et Messieurs les experts et correspondants nationaux de la CONFEMEN,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs, C’est pour moi une immense joie de me trouver ici à Libreville, quelques

mois après la mémorable visite officielle que Son Excellence Madame Michaëlle JEAN, Secrétaire générale de la Francophonie, y a effectué.

Je me réjouis particulièrement de me retrouver ici, avec vous, dans le

cadre de la 57ème session de la CONFEMEN, la fille aînée de la Francophonie.

La visite de la Secrétaire générale a permis de consolider les excellentes

relations entre le Gabon et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dont le Bureau régional pour l’Afrique centrale a son siège ici même à Libreville. Cette visite a aussi permis de tracer de nouvelles perspectives en faveur des femmes et des jeunes, et de

renforcer la contribution de la Francophonie à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.

Il me plaît de transmettre les remerciements de la Secrétaire générale à l’endroit du Président de la République, des plus hautes autorités et du gouvernement du Gabon pour la qualité des relations, le soutien et les

facilités accordées à l’OIF ainsi que pour l’accueil qui nous a été réservé dans le cadre de cette 57ème session ministérielle de la CONFEMEN.

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres, L’éducation, la jeunesse et la formation constituent l’une des quatre missions fondamentales de la Francophonie. On peut même la qualifier de méta-mission, celle qui outille et ouvre la voie à l’atteinte des autres

missions. Cette 57ème session ministérielle de la CONFEMEN est la première qui se tient après le Forum mondial sur l’éducation d’Incheon,

en République de Corée, en mai 2015, qui a été l’occasion de dresser le bilan des résultats atteints au cours des dernières années et de tracer la voie pour les quinze prochaines années.

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L’OIF se félicite certes des progrès qui ont été accomplis au sein de l’espace francophone, en matière de scolarisation universelle, de progression des taux de scolarisation et d’inscription au primaire, au secondaire et à l’enseignement supérieur. Mais nous ne devons pas

nous voiler la face. C’est dans notre espace francophone, c’est surtout en Afrique de l’Ouest francophone qu’on trouve les indicateurs les plus bas en matière d’égalité filles-garçons et de niveaux d’apprentissage.

Quant aux pays du Nord, ils ne sont pas les plus performants dans les enquêtes

internationales.

En

effet,

malgré

les

efforts

et

les

investissements consentis, force est de constater que des millions

d’enfants et de jeunes sont encore en dehors de l’école. En outre,

chaque année, que ce soit dans les pays du Nord ou dans les pays du Sud, des millions d’autres enfants quittent l’école sans qualifications.

D’autre part, comme le montrent les évaluations internationales, aussi bien celles du Programme international de suivi des acquis des

apprentissages (PISA) réalisées par l’OCDE que celles du PASEC réalisées par la CONFEMEN, les connaissances et les compétences que

les enfants et les jeunes acquièrent ne sont pas nécessairement à la mesure des attentes et des standards qui ont été fixés. Ces connaissances et compétences n’aident pas non plus les jeunes

diplômés à faire face aux problèmes concrets de la vie courante, que ce soit l’employabilité ou la citoyenneté critique.

Les résultats de ces évaluations nous interpellent non seulement par

rapport aux méthodes d’enseignement mais aussi par rapport à la qualification des enseignants, à la pertinence des contenus enseignés et à l’écologie des apprentissages.

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Nous ne pouvons plus faire l’économie d’une refondation de l’école si nous voulons que celle-ci puisse s’adapter aux exigences sociétales au sens le plus large. Nous devons participer à la révolution des

apprentissages et des formations tout au long de la vie pour répondre aux défis du développement durable, du numérique et anticiper sur les transformations socio-culturelles, environnementales et technologiques.

Assurer une éducation et une formation de qualité qui débouchent sur des

possibilités

d’emploi,

d’auto-emploi

et

d’insertion

socio-

professionnelle, dans une perspective de promotion des valeurs humaines et de participation citoyenne constituent des défis pressants

auxquels l’ensemble des Etats et gouvernements de la Francophonie

doivent faire face, pour participer avec panache et affirmation à la compétition mondiale pour les compétences et les économies basées sur le savoir.

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres, Face à ces défis, nous avons l’obligation d’apporter des réponses

concrètes et d’amorcer les réformes nécessaires. La spécificité de notre espace, les valeurs que nous avons dans notre ADN, la belle langue que

nous avons en partage nous le demandent, je dirais même nous y obligent. La Francophonie est fière d’avoir accompagné les Etats et gouvernements membres dans ce sens et d’avoir contribué, au cours

des dernières années, à améliorer la qualité de l’éducation au sein de l’espace francophone.

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A la demande des Etats et gouvernements membres, nous avons lancé

plusieurs initiatives et développé plusieurs modèles. J’aimerais citer l’Initiative francophone de formation à distance des maîtres (IFADEM) qui a permis à l’OIF de former environ quinze mille enseignantes et enseignants, en zones rurales, dans 15 pays de la Francophonie.

Je citerais aussi le programme Ecole et langues nationales en Afrique

(ELAN) qui encourage l’utilisation des langues nationales durant les trois premières années du cycle primaire pour permettre aux enfants de maîtriser les concepts de base et les connaissances instrumentales dans

leurs propres langues avant d’apprendre le français, qu’ils sont appelés à maîtriser et pratiquer parfaitement. L’Initiative ELAN, mise en œuvre

dans les écoles depuis octobre 2013, a déjà touché près de 50 000

élèves dans les 8 pays de l’Afrique subsaharienne concernés et dans 39 langues nationales, en articulation avec le français. De

manière

plus

générale,

l’OIF

s’est

également

engagée

à

accompagner les pays qui le souhaitent à mettre en œuvre des

innovations et réformes éducatives visant à garantir l’équité, à améliorer la qualité et à accroître l’efficacité interne et externe de leurs systèmes éducatifs.

Au cours des dernières années, l’OIF est également intervenue en

matière de formation professionnelle et technique dans 21 pays

francophones en Afrique, dans l’Océan Indien, dans les Caraïbes, en Asie du Sud-Est ainsi qu’en Europe centrale et orientale.

Grâce à cet appui, les pays ont pu développer des politiques sectorielles

et des plans d’action à moyen terme pour la mise en œuvre de la 5

FPT ainsi que des nouveaux programmes d’études axés sur les compétences, et non plus uniquement sur les connaissances. Ces programmes enseignés en Afrique et en Asie du Sud-Est bénéficient aujourd’hui à environ 10,000 jeunes.

Tout cela a été rendu possible grâce à une action concertée de la

Francophonie rassemblée et unie, dans la diversité, et dans la complémentarité des mandats des acteurs de la Charte de la Francophonie, au même titre que l’OIF : qu’il s’agisse de la CONFEMEN,

de la CONFEJES, de l’AUF ou de l’Université Senghor d’Alexandrie pour ce qui concerne l’éducation et la formation.

Toutes ces réalisations de la Francophonie ont été rendues possibles

grâce aux apports conjugués des opérateurs et de tous les membres de la grande Francophonie, au rôle majeur joué par la CONFEMEN, à la fois dans l’analyse et l’évaluation fournies par le PASEC, dans l’expertise et l’accompagnement technique, et enfin et surtout dans le domaine du plaidoyer politique, qui est sa principale raison d’être.

Tout cela a été rendu possible, enfin, grâce à l’engagement et au soutien de nombreux pays à la fois membres de l’OIF et de la CONFEMEN.

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres, Comme vous le savez, et comme je l’ai signalé tout à l’heure, l’éducation et la formation ont, depuis les débuts de la Francophonie institutionnelle, constitué l’une de nos grandes missions. 6

Nous avons développé une expertise reconnue qui a pris la forme

d’actions concrètes, qui a fourni des résultats probants et a conféré à la Francophonie une légitimité forte, une crédibilité avérée en tant

qu’actrice de la coopération éducative internationale. C’est sur le fondement de ce constat que nos Etats et gouvernements nous ont

demandé d’aller plus loin, de nous mobiliser et de nous concerter encore davantage.

C’est sur cette base que les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de créer, lors du Sommet de Dakar, l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF).

A l’heure où la communauté internationale constate l’ampleur des défis et appelle à la synergie, l’IFEF est une réponse de la Francophonie – et pas uniquement de l’OIF – pour faire converger nos efforts, fructifier et

bonifier nos acquis, renforcer notre collaboration, engendrer davantage de résultats et les partager plus amplement. L’IFEF a donc vocation à

rassembler les énergies et les expertises afin de multiplier les retombées positives à tous les niveaux et de soutenir la réalisation des objectifs

communs et partagés par les acteurs de la Francophonie institutionnelle, en particulier la CONFEMEN.

Je saisis cette occasion pour adresser à S. E. M. Serigne Mbaye THIAM,

Ministre de l’éducation nationale du Sénégal, et à travers lui au Chef de l’Etat sénégalais Son Excellence le Président Macky SALL, nos plus vifs remerciements. Le Sénégal, en acceptant d’accueillir l’IFEF, a une fois

de plus montré son indéfectible engagement, et a rendu possible le souhait des Etats et gouvernements d’installer ce nouvel Institut en 7

Afrique, au plus près de nombreux partenaires et bénéficiaires prioritaires.

Il apparait qu’à travers la création de l’IFEF, la Francophonie a la possibilité de concrétiser plusieurs grands principes évoqués dans le cadre de l’élaboration et de l’adoption de l’agenda Education 2030 et de

celui des Objectifs du développement durable, notamment : l’alignement

sur les priorités nationales et la mise en synergie d’acteurs disposant de compétences et d’expertises complémentaires.

Alors que l’IFEF a été inauguré en octobre 2015 par la Secrétaire générale, dans le suivi du Sommet de Dakar, il nous revient de réaliser

nos engagements à l’égard des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie, et de rendre ainsi opérationnel l’IFEF le plus rapidement possible dans la perspective du Sommet d’Antananarivo, en novembre prochain.

Nous formons le vœu que la CONFEMEN puisse prendre toute sa part au sein de l’IFEF, comme les autres acteurs de la Charte de la

Francophonie, dans la continuité de la collaboration menée jusqu’ici, puisque la CONFEMEN, à travers son secrétariat technique permanent,

a été associée et s’est impliquée dans toutes les étapes menant à la création de l’IFEF, notamment dans l’élaboration des Statuts de l’IFEF

adoptés lors de la 31e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie à Erevan (10 et 11 octobre 2015).

Le temps presse et les chefs d’Etat et de gouvernement nous jugeront

sur nos actes au Sommet d’Antananarivo. Il nous revient de prendre toutes nos responsabilités pour rendre opérationnel l’IFEF, dans le 8

respect des décisions prises et des Statuts adoptés, mais aussi dans un

espace d’échanges et de dialogues entre nous pour clarifier autant que

possible ce qui doit être clarifié, surtout pour construire ensemble ce beau chantier qui vise à magnifier l’apport de chacun dans le respect des mandats.

En ce qui concerne l’OIF, nous avons déjà pris toutes les dispositions

pour décentraliser dès que possible l’ensemble de nos programmes en matière d’éducation et de formation, ainsi que nos équipes concernées.

Que cela soit bien clair, je voudrais le redire ici : chacun des acteurs

impliqués au sein de l’IFEF, notamment par le biais du Comité de pilotage, doit avoir la liberté bien évidemment de mener ses propres actions selon les orientations de ses propres instances, en conformité avec ses propres mécanismes de fonctionnement et son propre budget.

En la matière, nous comprenons tout à fait qu’un programme aussi historique, utile et innovant que le PASEC, qui a fait la marque de

fabrique de la CONFEMEN dans tout l’espace francophone, demeure

entièrement piloté par la CONFEMEN compte tenu de son expertise indéniable.

Et il est indéniable que les résultats du PASEC, qui nous ont été très utiles dans la conduite de nos actions de coopération éducative,

enrichiront et guideront les actions lancées depuis l’IFEF. Telle est la définition même de la complémentarité.

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L’IFEF constitue un outil visant à faciliter les convergences et les

complémentarités. Il s’agit d’un espace de collaboration, de coconstruction et d’innovation au service de toute la Francophonie.

L’IFEF pourra devenir, à terme, un pôle d’excellence qui donnera aussi plus de poids à la Francophonie pour mobiliser des moyens additionnels.

Ainsi, de nombreux partenaires tels que la Banque mondiale et le Partenariat mondial pour l’éducation se tiennent d’ores et déjà prêts pour appuyer l’IFEF et engager des actions avec nous.

Ensemble, nous serons plus forts, nous serons plus convaincants et nous serons surtout plus efficaces au service des jeunes et des femmes de notre espace commun, la Francophonie. Je vous remercie.

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