Institut écologie et environnement - CNRS

10 sept. 2014 - Actualités scientifiques. Institut écologie et environnement. CNRS - Campus Gérard Mégie. 3 rue Michel-Ange, 75794 Paris Cedex 16. T 01 44 ...
1MB taille 5 téléchargements 220 vues
Institut écologie et environnement Actualités scientifiques

Le passé d’El Niño lu dans des coquillages septembre 2014 Le tristement célèbre phénomène météo El Niño se caractérise par une hausse des températures de l’océan Pacifique tropical de plus de 0.5°C et pouvant atteindre 8°C, qui génère de dramatiques sécheresses en Asie et de fortes pluies en Amérique. Il constitue la phase « chaude » de l’oscillation australe (ENSO), marquée par des variations irrégulières des températures du Pacifique, et représentant la principale cause de variabilité du climat d’une année à l’autre. Une équipe internationale, a pu remonter l’histoire de l’ENSO il y a 10.000 ans en analysant des coquillages fossiles du Pérou. Publiés dans la revue Science du 29 août, ces résultats pourraient aider à améliorer les modèles climatiques visant à prévoir l’activité future d’ENSO.

A partir des variations de températures calculées, les chercheurs ont reconstruit l’évolution de l’intensité de l’ENSO et de sa structure spatiale. ENSO se compose de deux modes : l’un provoquant des évènements El Niño modérés dans le Pacifique central ; l’autre, des El Niño forts dans le Pacifique oriental. Les résultats révèlent des changements importants dans l’activité passée d’ENSO. En effet, entre 10 et 8 milliers d’années (ka) avant le présent, celle-ci était presque au niveau actuel, ponctuée de quelques évènements extrêmes provoquant des crues catastrophiques. Entre 7.5 et 6.7 ka, ENSO était dominée par des évènements modérés dans le Pacifique central. Puis entre 6 et 4 ka, El Niño a même quasiment disparu dans le Pacifique. L’ENSO semble avoir acquis ses caractéristiques modernes entre 3 et 4 ka. « Ces variations montrent que l’ENSO réagit de manière complexe aux changements climatiques globaux », souligne Matthieu Carré paléoclimatologue à l’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier (ISEM). il est également apparu dans cette étude que le niveau d’activité actuel de l’ENSO est le plus élevé des 10,000 dernières années. D’autres recherches sont nécessaires pour savoir si ceci est lié au réchauffement climatique.

En savoir plus

Amas coquillier archéologique de la période inca dans la basse vallée d’Ica au Pérou. - (©Matthieu Carré)

Pour obtenir ces résultats, des chercheurs, issus de disciplines différentes, ont reconstitué les variations de températures du Pacifique tropical des 10 000 dernières années en étudiant la composition chimique de 180 coquilles de bivalves, provenant de plusieurs sites archéologiques côtiers du Pérou. Les bivalves fabriquent leur coquille en carbonate de calcium (CaCO3), en incorporant deux types d’atomes d’oxygène (18O et 16 O), dans une proportion dépendant de la température de l’océan.

Coquille de Mesodesma donacium en coupe où apparaissent les lignes de croissance formées pendant les marées basses. Ces lignes offrent un calendrier interne permettant d’analyser les coquilles avec un pas temporel mensuel - (©Matthieu Carré)

www.cnrs.fr

Holocene history of ENSO variance and asymmetry in the eastern tropical Pacific, par Matthieu Carré, Julian P. Sachs, Sara Purca, Andrew J. Schauer, Pascale Braconnot, Rommel Angeles Falcón, Michèle Julien, Danièle Lavallée publié online dans Science le 29 août 2014

Contacts chercheurs Matthieu Carré Tél. : 04 67 14 38 08 Email : [email protected]

Informations complémentaires Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier – ISEM (CNRS/ UM2/ IRD) Université Montpellier 2 Sciences et techniques Bâtiment 22, 1er étage place Eugène Bataillon BP CC065 34095 MONTPELLIER CEDEX 5

Institut écologie et environnement CNRS - Campus Gérard Mégie 3 rue Michel-Ange, 75794 Paris Cedex 16 T 01 44 96 51 96 @INEE_CNRS www.cnrs.fr/inee