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5 mai 2015 - aérien (DENAE) et électronicien de bord (ELBOR) ont été rénovées et les branches érigées en spécialités : opérateur chargé de la navigation.
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www.colsbleus.fr FOCUS CAÏMAN MARINE : HÉLICOPTÈRE MULTIRÔLE PAGE 26

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

N°3039 — MAI 2015

RENCONTRE VICE-AMIRAL D’ESCADRE ARNAUD DE TARLÉ PAGE 28

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RH TOURNÉE DES PORTS 2015 DU DPMM PAGE 38

L’aéronautique navale Au-delà de l’horizon…

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Éditorial

Les yeux et les griffes de la Flotte © PASCAL DAGOIS/MN

L

Capitaine de vaisseau

Didier Piaton Directeur de la publication

a bataille pour la supériorité en mer a longtemps été confinée à la surface du dioptre. Une mission colossale de par l’étendue des espaces maritimes, ces derniers couvrant – faut-il le rappeler – plus des deux tiers du globe. Avec l’apparition des sous-marins puis, quelques années après, celle des aéronefs, dont la rapidité complète l’endurance des navires et la furtivité des sous-marins, la supériorité en mer repose depuis le début du XXe siècle sur la maîtrise des trois dimensions. Maîtriser la troisième dimension fait ainsi partie des savoir-faire essentiels à la Marine pour accomplir quotidiennement les missions qui lui sont confiées. Placée sous les ordres de l’amiral commandant la force de l’aéronautique navale (ALAVIA), la composante aérienne de la Marine déploie ses marins du ciel et leurs avions, hélicoptères et demain drones embarqués, au service des autorités opérationnelles, selon les missions ordonnées. Les marins du ciel sont les yeux et les griffes de la Flotte. Ses yeux, car l’aéronautique navale dote nos forces maritimes d’une incomparable allonge pour observer l’environnement, détecter les comportements de nos adversaires ou des contrevenants aux lois et aux conventions internationales. Ce sont des yeux

connectés car ils sont capables, grâce aux liaisons de données, de transmettre en temps réel au commandant de bâtiment, de Task Force ou poste de commandement à terre, leurs observations détaillées et les images du théâtre d’opération. Ses griffes, car elle dote nos forces maritimes d’une vélocité et d’une capacité de frappe à longue distance. Avec l’hélicoptère ou l’avion de patrouille maritime, le commandant d’une frégate peut faire peser une menace létale sur un navire ou sousmarin adverse en restant hors de sa portée. Avec un groupe aérien embarqué, le commandant d’une Task Force peut projeter la puissance contre une force navale ou intervenir dans les opérations interarmées depuis la mer, comme vient de le réaliser le groupe aéronaval dans l’opération Chammal. Directement au service de la protection de nos concitoyens, elle tient également une alerte permanente sur les façades maritimes et intervient très fréquemment dans des opérations de sauvetage en mer, souvent dans des conditions extrêmes. Les marins du ciel relèvent quotidiennement, dans un environnement maritime particulièrement exigeant, le défi de l’excellence opérationnelle. Par choix et par passion. Le succès de leurs missions est celui de toute la Marine.

LE MAGA ZINE DE L A MARINE NATIONALE Rédaction : 2 rue Royale 75008 Paris Téléphone : 01 42 92 17 17 Télécopie : 01 42 92 17 01 Contact internet : [email protected] Site : www.colsbleus.fr Directeur de publication : CV Didier Piaton, directeur de la communication de la Marine Directrice de la rédaction : CC Karine Trastour Rédactrice en chef : LV Caroline Ducret Rédacteurs en chef adjoints : EV2 Pauline Franco, ASP Paguiel Kohler Secrétaire : QM2 Anthony Berthet Rédacteurs et journalistes : Stéphane Dugast, Laurence Ollino, EV1 Grégoire Chaumeil, EV1 Virginie Dumesnil, ASP Paguiel Kohler, Claire Beaujouan, Vanessa Quelen Infographie : EV1 Paul Sénard Conception-réalisation : Idé Édition, 33 rue des Jeûneurs 75002 Paris Direction artistique : Gilles Romiguière Secrétaires de rédaction : Céline Le Coq, Mathilde Martinez-Socard Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant Photogravure : Média Grafik Couverture : Alain Monot/MN 4e de couverture : Paul Sénard/MN Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge 77185 Lognes. Abonnements : 01 49 60 52 44 Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8 route du Fort 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél : 01 49 60 58 56 Email : [email protected] – Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction. Commission paritaire : n° 0211 B 05692/28/02/2011 ISBN : 00 10 18 34 Dépôt légal : à parution

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actus 6

32 vie des unités Opérations, missions, entraînements quotidiens. Les unités de la Marine en action

passion marine 16 L’aéronautique navale Au-delà de l’horizon…

38 RH Tournée des ports 2015 Rencontre avec le vice-amiral d’escadre Christophe Prazuck

focus 26 Caïman Marine : un hélicoptère multirôle

rencontre 28 « Ma conviction : nous avons une marine aux performances opérationnelles remarquables », vice-amiral d’escadre Arnaud de Tarlé

40 portrait Maître Antoine J. Détecteur navigateur

42 immersion En stage au CESSAN

46 histoire La flottille du Niger Les marins à la conquête de Tombouctou (1884-1893)

48 loisirs Toute l’actualité culturelle de la mer et des marins

planète mer 30 Hackers des mers. De la piraterie au piratage

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actus MAI 2015

instantané

COMMANDANT BIROT : OPÉRATION TRITON/ FRONTEX

Samedi 2 mai, l’aviso Commandant Birot a porté assistance à trois embarcations signalées en détresse en haute mer, au nord des côtes libyennes. Mercredi 20 mai, il a recueilli 297 naufragés à 300 km des côtes italiennes. Au bilan, plus de 500 personnes ont été secourues par le Commandant Birot.

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© NICOLAS FERNANDEZ/MN COLS BLEUS - N°3039 —

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instantané

HERMIONE : LE LATOUCHE-TRÉVILLE SALUE SON DÉPART

© STÉPHANE MARC/MN

Le 18 avril, la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville croisait au large de l’île d’Aix pour fêter le départ vers Boston de l’Hermione et de ses 80 membres d’équipage. Les deux frégates ont échangé le salut solennel de 15 coups de canon. Elles ont ensuite navigué de conserve jusqu’au matin, quand le Latouche-Tréville a souhaité bon vent et bonne mer à l’Hermione.

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actus

Amers et azimut Instantané de l’actualité des bâtiments déployés

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DONNÉES GÉOGRAPHIQUES

OCÉAN ATLANTIQUE OPÉRATION CORYMBE Aviso Cdt L’Herminier

ANTILLES ZEE : env. 138 000 km2

OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME Patrouilleur Fulmar • PSP Cormoran

GUYANE ZEE : env. 138 000 km2

OPÉRATIONS DE GUERRE DES MINES CMT Croix du Sud

CLIPPERTON

OPÉRATIONS DE POLICE DES PÊCHES BEGM Thétis • PSP Flamant

ZEE : env. 434 000 km2

OCÉAN ARCTIQUE

DÉPLOIEMENT HYDROGRAPHIQUE BH Laplace

MÉTROPOLE

ENTRAÎNEMENT MULTINATIONAL DYNAMIC MANGOOSE FASM Latouche-Tréville • BCR Somme • PSP Pluvier • Atlantique 2

ZEE : env. 434 000 km2

NOUVELLE-CALÉDONIE – WALLIS ET FUTUNA ZEE : env. 1 625 000 km2

PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE BATRAL Dumont d’Urville • Aviso LV Le Henaff • CMT Eridan • RHM Tenace • BH2 Borda • BH Lapérouse

SAINT-PIERRE-ETMIQUELON

FORMATION Goélette Belle Poule • Cotre Mutin

OCÉAN ATLANTIQUE 2 1

ZEE : env. 10 000 km2 Antilles

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES

Clipperton 4

ZEE : env. 1 727 000 km2 OCÉAN PACIFIQUE

POLYNÉSIE FRANÇAISE ZEE : env. 4 804 000 km2

4 LA RÉUNION – MAYOTTE – ÎLES ÉPARSES ZEE : env. 1 058 000 km2

OCÉAN PACIFIQUE OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME D FS Prairial • FS Vendémiaire • Remorqueur Revi OPÉRATIONS DE POLICE DES PÊCHES Patrouilleur Arago

Source Ifremer

MISSION JEANNE D’ARC BPC Dixmude • FLF Aconit

Points d’appui Bases permanentes en métropole, outre-mer et à l’étranger Zones économiques exclusives françaises

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Guyane

actus

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5 600 MARINS

Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Équipes spécialisées connaissance et anticipation Fusiliers marins (équipes de protection embarquées - EPE) Commandos (opérations dans la bande sahélosaharienne opération Barkhane) © MN

BÂTIMENTS

LE 5 MAI 2015

MISSIONS PERMANENTES

A

2 MÉDITERRANÉE OPÉRATION TRITON Aviso Cdt Birot DÉPLOIEMENT FLF Surcouf • FDA Forbin OPÉRATIONS DE GUERRE DES MINES CMT Orion DÉPLOIEMENT HYDROGRAPHIQUE A BHO Beautemps-Beaupré PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE FREMM Aquitaine

© MN

B

OCÉAN PACIFIQUE

OCÉAN INDIEN

3 La Réunion

Saint-Paul Crozet

Kerguelen

C

OCÉAN INDIEN MISSION ARROMANCHES Nouvelle-Calédonie Nouvelle-C C C FASM Jean de Vienne • FDA Chevalier Paul • PA Charles de Gaulle • PR Meuse OPÉRATION CHAMMAL Atlantique 2 TF 150 BCR Var OPÉRATIONS DE SURVEILLANCE MARITIME BATRAL La Grandière • Patrouilleur Le Malin • B Patrouilleur L’Adroit OPÉRATIONS DE GUERRE DES MINES CMT L’Aigle • CMT Andromède

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© MN

Mayotte

Polynésie française © MN

Wallis et Futuna

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en images 1 14/04/2015 TRIOMPHANT

Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Le Triomphant a quitté le bassin pour rejoindre la base opérationnelle de l’île Longue. Dernière ligne droite d’une période d’entretien, de modernisation et d’adaptation au missile stratégique M51. 2 17-23/04/2015 ENTRAÎNEMENT KALONG

Le BPC Dixmude et la frégate Aconit ont participé à l’entraînement Kalong aux côtés des forces malaisiennes. Cet entraînement a permis notamment d’initier et de renforcer l’interopérabilité entre les deux forces dans le domaine des opérations maritimes. 3 13/04/2015 SEA AIRSPACE 2015

Le 13 avril dernier, le chef d’étatmajor de la Marine, l’amiral Bernard Rogel, intervenait à Washington aux côtés de son homologue américain, l’amiral Jonathan Greenert, à l’occasion du Sea Airspace 2015, symposium sur le thème « Enjeux maritimes et coopérations ».

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© PASCAL DAGOIS/MN

4 19/05/2015 TIR

La frégate Aquitaine, première des frégates multimissions (FREMM), a tiré avec succès son premier missile de croisière naval (MdCN). La réussite de ce tir constitue un jalon essentiel vers la mise en œuvre du triptyque FREMM/Caïman/ MdCN qui constituera la « bascule

© LISA NIPP/SEAPOWER MAGAZINE

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© PASCAL SUBTIL/MN

actus

3 stratégique » du Livre blanc de la Défense et de la Sécurité de 2013. 5 29/04/2015 VISITE MINISTÉRIELLE

Le Premier ministre Manuel Valls a visité la base opérationnelle de l’île Longue avant de plonger avec le SNLE Le Téméraire.

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© MÉNANIE DENNIEL/MN

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Le Latouche-Tréville, la Somme et un Atlantique 2 ont participé à l’exercice OTAN de lutte anti-sous-marine Dynamic Mangoose, regroupant 10 marines alliées, au large de la Norvège.

© WO C.ARTIGUES (HQ MARCOM)

© LOÏC BERNARDIN

6 04/05/2015 DYNAMIC MANGOOSE

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actus

dixit

© FLORENT LE BIHAN/MN

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A FRÉGATE ANTI-SOUS-MARINE (FASM) PRIMAUGUET ET SON HÉLICOPTÈRE LYNX, LE CHASSEUR DE MINES TRIPARTITE (CMT) CASSIOPÉE, LE BÂTIMENT BASE DES PLONGEURS DÉMINEURS (BBPD) STYX, AINSI QU’UN AVION DE PATROUILLE MARITIME ATLANTIQUE 2 ONT PARTICIPÉ, DU 11 AU 24 AVRIL, AU PLUS GRAND EXERCICE ANNUEL INTERALLIÉ ET INTERARMÉES EUROPÉEN : JOINT WARRIOR. Près de 14 000 hommes, plus de 50 navires et 75 aéronefs ont été engagés dans cet exercice au scénario réaliste… Après l’éclatement d’un empire en plusieurs États aux ambitions rivales, l’accroissement des tensions menace la paix et la sécurité dans la zone et conduit à l’intervention des forces de l’OTAN. Face à la multiplication d’actions hostiles de groupes extrémistes et à la recrudescence de la piraterie et du trafic d’armes, ces forces avaient pour mission de faire diminuer la tension globale tout en sécurisant les mers et en protégeant l’intégrité territoriale des États. C’était sans compter sur une coalition hostile venue prêter main forte à l’un des États opposés à l’action de l’OTAN. Dans cet environnement instable, le Primauguet a été confronté à des situations tactiques réalistes : escorte d’un groupe amphibie en transit, protection d’une force débarquant des troupes, lutte asymétrique face à des nuées d’embarcations hostiles, attaques aériennes, guerre sous-marine, visite et contrôle de bâtiments suspectés de piraterie, ravitaillement en haute mer sous menace.

Le Germinal saisit 220 kg de cocaïne

© SIMON GHESQUIÈRE/MN

Entraînement interallié pour le Primauguet, la Cassiopée et le Styx

« Il y a 70 ans, la libération de la France nous a rappelé qu’il n’y avait pas de liberté sans combat. Aujourd’hui, en rendant hommage à tous ceux qui se sont engagés dans la Résistance, comme à la population de Lorient victime de la guerre, nous nous souvenons qu’il n’y a pas non plus de liberté sans mémoire pour la défendre. » Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, lors de la commémoration de la libération de Lorient, le 10 mai.

« Les armées sont aujourd’hui fortement sollicitées. Pour ce qui est de la Marine, le Livre blanc prévoit que ses moyens soient déployés en permanence sur « 1 à 2 » théâtres. Elle en est actuellement à 4 ou 5. Je ne vois pas ce niveau de sollicitations baisser à court terme. » Amiral Bernard Rogel, chef d’étatmajor de la Marine, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Association nationale des officiers de carrière en retraite (ANOCR), le 9 avril.

Antilles

Joint Warrior 15.1

LE 17 AVRIL, LA FRÉGATE DE SURVEILLANCE GERMINAL EST INTERVENUE SUR UN PETIT REMORQUEUR SUSPECTÉ DE TRAFIC DE STUPÉFIANTS AU LARGE DES ANTILLES. Avec l’aide de son hélicoptère embarqué Panther et le concours d’un avion de surveillance maritime P-3C Orion des US Customs and Border, le Germinal a détecté et intercepté le navire de pêche suspect battant pavillon guyanien à 350 nautiques (650 km) dans l’est de l’Arc antillais. Lors de la fouille du navire, l’équipe de visite a découvert 5 bidons contenant environ 220 kg de cocaïne en provenance du Guyana vers une destination inconnue.

© FLORENT LE BIHAN/MN

le chiffre

1 000 Le Task Group formé par le Primauguet, la frégate portugaise Alvarez Cabral et le portehélicoptères d’assaut britannique HMS Ocean transitait sous menace asymétrique vers une zone d’opérations amphibies, lorsqu’il a été attaqué par une vingtaine d’embarcations rapides hostiles équipées d’armes légères et de lance-roquettes.

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C’est le nombre d’heures de vol que les détachements successifs d’Atlantique 2 ont réalisé depuis février dans le ciel irakien.

actus

enbref

Guerre des mines

Sécurisation du détroit de Bab-el-Mandeb

FORBIN COOPÉRATION FRANCOAMÉRICAINE Le 26 avril, dans le cadre de son déploiement opérationnel en Méditerranée orientale, la frégate de défense aérienne Forbin a conduit avec le destroyer américain USS Laboon différentes manœuvres de coopération.

Sous-marin

© MN

Manœuvres Soleil du Sud

DU 20 AU 24 AVRIL A EU LIEU L’ENTRAÎNEMENT DE SAUVETAGE SOLEIL DU SUD AU LARGE DE TOULON. Pour la première fois, le Submarine Rescue Vessel (SRV) Nemo, du système NSRS (dispositif otanien de sauvetage de sous-marin), s’est posé sur un sous-marin nucléaire d’attaque français. Le sousmarin de sauvetage Nemo a évacué quatre sous-mariniers et a ainsi permis de valider concrètement le transfert de personnel entre un sous-marin nucléaire d’attaque de type Rubis et le SRV.

Connaissance-anticipation

Le Cassard en Méditerranée orientale

L

E 9 AVRIL, LA FRÉGATE ANTIAÉRIENNE CASSARD, DÉPLOYÉE EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE, A CONDUIT UNE SÉRIE D’EXERCICES AVEC LES FORCES ARMÉES LIBANAISES (FAL). Ces manœuvres ont mobilisé, côté libanais, deux patrouilleurs, le Al Kalamoon et le Tabarja, ainsi que des commandos et leurs embarcations semi-rigides déployant des commandos. De la mi-mars à la fin avril, le Cassard a également contribué à l’appréciation autonome de la situation de notre pays ; la frégate a ainsi orienté ses capteurs électromagnétiques et optroniques, et ceux de son hélicoptère, dans tous les azimuts et dans les trois dimensions. C’est ainsi qu’en moyenne 35 navires étaient relocalisés et 70 aéronefs militaires (chasseurs, hélicoptères, drones, avions de transport) étaient détectés et reportés quotidiennement. Ce déploiement a aussi été l’occasion de resserrer les liens de coopération avec certains de nos alliés, le Royaume-Uni et les États-Unis notamment. Des manœuvres ont également été conduites avec nos partenaires turcs, libanais, israéliens et grecs.

© MN

GUÉPRATTE COOPÉRATION FRANCO-

ALGÉRIENNE

SOFINS DÉMONSTRATIONS DE SAVOIR-FAIRE

© MN

© MN

© MN

EN RÉACTION À LA CRISE QUE TRAVERSE LE YÉMEN, le chasseur de mines tripartite (CMT) L’Aigle, déjà présent dans le golfe Arabo-Persique, a été redéployé du 19 avril au 13 mai dans le détroit de Bab-elMandeb, au sein d’un groupe ad hoc de guerre des mines : le Task Group 52.2. Il a pour mission de s’assurer qu’aucune mine ne vienne entraver la libre circulation dans ce détroit essentiel aux échanges économiques entre la Méditerranée et l’océan Indien.

de découvrir la Marine nationale et de réfléchir plus largement au monde de la mer. La Marine entretient en effet un rapport privilégié avec le monde des Lettres, par le biais des écrivains de Marine notamment.

Le 15 avril, une centaine de marins issus des commandos Trépel et Hubert, de la base des fusiliers marins et commandos, et des équipages de Caïman Marine et d’Atlantique 2, ont participé à des démonstrations d’opérations spéciales conduites grandeur nature sur le bassin d’Arcachon. Cet entraînement nautique exceptionnel s’inscrivait dans le cadre du séminaire des forces spéciales françaises (SOFINS) qui se déroulait à Souges du 14 au 16 avril.

PARTENARIAT LA MARINE ET LE PLUMIER D’OR Pour la 14e année consécutive, la Marine est partenaire du concours du Plumier d’or, organisé par l’association Défense de la langue française, auquel ont participé 14 000 élèves de 4e. Les 10 premiers lauréats partageront pendant une semaine la vie d’un équipage sur un bâtiment de la Marine. Ce concours est une occasion, pour de jeunes collégiens,

Du 13 au 30 avril, la frégate Guépratte a mené des manœuvres conjointes avec la frégate algérienne Raïs Kelich en Méditerranée occidentale. Ces activités de coopération baptisées Raïs Hamidou permettent aux navires français et algériens de partager leurs savoir-faire, dans un contexte où la situation géopolitique du théâtre méditerranéen exige une collaboration croissante des États riverains.

FLOTTILLE 12F POSTURE PERMANENTE Du 5 au 19 mai, la 12F a pris la permanence opérationnelle (PO) dans le cadre de la posture permanente de sûreté aérienne. Deux semaines au minimum par an, l’aéronautique navale assure cette permanence depuis la BAN de Lann-Bihoué, en lieu et place de l’armée de l’Air. Cette mission a pour but d’être en mesure d’intervenir en permanence dans toutes les missions liées à la protection du territoire aérien et à l’assistance d’aéronefs en danger.

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passion marine

L’aéronautique

© SÉBASTIEN CHENAL/MN

Au-delà de l’horizon…

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e navale

passion marine

La montée en puissance des enjeux maritimes constatée depuis quelques années rappelle chaque jour la nécessité pour la France de disposer d’une marine hauturière, capable de se déployer dans les trois dimensions océaniques (sous la mer, en surface et au-dessus de la mer). Sécurisation des routes maritimes, protection des ressources, renseignement, interventions extérieures : l’aéronautique navale, totalement intégrée aux autres forces de la Marine, est sur tous les fronts. Pour utiliser l’allonge offerte par l’espace aérien au-dessus de la mer, elle bénéficie de la liberté de circulation des eaux internationales. L’opération Chammal démontre à nouveau l’étendue de ses capacités et le professionnalisme des marins du ciel au service des forces aéromaritimes et de la coalition internationale. DOSSIER RÉALISÉ PAR L’EV1 VIRGINIE DUMESNIL

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passion marine Rencontre

Innovation et recherche de la performance Entretien avec le contre-amiral Bruno Thouvenin, commandant la force de l’aéronautique navale (ALAVIA).

Quel est votre sentiment sur l’état de l’aéronautique navale aujourd’hui ?

Quand je suis arrivé à la tête de la force de l’aéronautique navale, j’y ai trouvé des

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marins passionnés et formidablement motivés. Mais les défis sont nombreux. Il s’agit de gérer la mutation profonde de l’aéronautique navale. Je répète à l’envi qu’il y a 35 ans, la force comptait 15 bases ou établissements contre 4 aujourd’hui et plus de 2 fois le nombre d’aéronefs actuels. Cette réduction drastique n’a pu se faire qu’en innovant, en développant les synergies avec les autres armées et en externalisant au maximum les compétences non spécifiques. Ces réformes ont été menées tout en assurant une permanence opérationnelle et le soutien aux opérations extérieures qui n’ont pas diminué, bien au contraire. À titre d’exemple, une base opérationnelle 24 h sur 24 et 365 jours par an comme Lann-Bihoué a connu dans les dernières années quatre réformes profondes et concomitantes : accueil des flottilles auparavant basées à Nîmes-Garons, réforme des bases de défense, mise en place de la navigabilité(1) sur tous les aéronefs et adossement au service industriel de l’aéronautique (SIAé). Les mises en place des structures ou processus

© FABIENNE SEYNAT/MN

« Marins du ciel, soyons fiers ensemble de ce que nous sommes. »

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© VINCENT MAUPILE/MN

Commandant organique de la force, je suis responsable de la mise en œuvre des 200 avions et hélicoptères qui sont déployés au sein des différentes formations, à la fois dans la partie préparation et exécution des vols, mais aussi dans la partie entretien et soutien opérationnel. Je suis également responsable d’environ 5 000 marins du ciel, de leur formation initiale, de leur sécurité aéronautique et de leur préparation opérationnelle, pour qu’ils soient prêts in fine pour leurs différentes missions.

© GABIEL DEBERGUES/DGA

Amiral, quelles sont vos prérogatives en tant qu’ALAVIA ?

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nécessaires se poursuivent parfois encore, mais je peux affirmer que nous sommes aujourd’hui un outil cohérent et complet, parfaitement optimisé et redoutablement efficace. Les faits le démontrent tous les jours et sur toutes les mers du globe. Quels sont les grands jalons de votre mandat à la tête de l’aéronautique navale ?

Comme je le disais en liminaire, l’innovation et la recherche de la performance constituent l’ADN même de l’aéronautique navale. D’un point de vue qualité par exemple, l’arrivée de la navigabilité sur les bases a demandé

© M. LEMPIN/MN

passion marine

2 1 Fin avril, au large des îles d’Or, l’ATL2 effectue un tir d’une torpille d’essai MU90 afin de maintenir ses capacités d’engagement. 2 En opération Chammal, les appontages du E-2C Hawkeye embarqué sur le porte-avions Charles de Gaulle sont quotidiens. Il y effectue des missions de contrôle de l’espace aérien.

3 Détaché sur la frégate antiaérienne Cassard, l’hélicoptère Panther a été déployé pendant 40 jours en Méditerranée orientale pour y effectuer des missions de renseignement.

qui constituent le groupe aérien embarqué (GAé) sur le porte-avions. Nous allons mettre à profit notre excellente entente avec la marine américaine pour déployer à bord d’un porte-avions américain, et si possible plusieurs fois, une flottille de Rafale Marine. Enfin, ma préoccupation de tous les instants est d’assurer la sécurité des vols, en tous lieux et pour toutes les missions. À travers les différentes inspections que j’ai menées, j’ai pu à chaque fois constater l’éventail des missions que doivent être capables de conduire les marins du ciel, et ce dans des environnements aéromaritimes par essence changeants. J’ai été conforté dans mon idée que les normes d’activités, d’entraînement ou de qualifications ont été définies au plus juste et je ne transigerai pas sur leur respect. Amiral, un mot pour vos marins ?

de profonds changements d’organisation afin d’éviter toute surcharge administrative. La voie tracée à Landivisiau a été suivie par les autres bases d’aéronautique navale (BAN) et, à l’horizon 2016, l’ensemble du périmètre ALAVIA devrait être agréé. Il reste certes quelques efforts de pédagogie, mais dans l’ensemble le bien-fondé de la navigabilité n’est plus à démontrer. Sur le plan du soutien aéronautique, je souhaite mettre à profit mon mandat pour renforcer notre partenariat avec le SIAé, qui est une pièce maîtresse dans le maintien en condition opérationnelle des matériels de la force.

Je porte une attention particulière au maintien des compétences dans le domaine de la lutte sous la mer. J’en ai fait une priorité de mon mandat. La tâche est ardue pour deux raisons : les retards dans la livraison du Caïman et ceux liés à la régénération du potentiel des Caïman en service, et l’emploi accru de nos avions de patrouille maritime en mission aéroterrestre. Cela impacte également les bâtiments de surface : le Caïman ne pouvant pas apponter sur les FASM type F70, l’entraînement conjoint se trouve freiné. L’arrêt technique majeur 2 du porte-avions Charles de Gaulle est également un jalon essentiel. À la lumière de ce qui a été fait lors de l’arrêt technique majeur 1, nous allons devoir trouver des solutions innovantes afin de préserver au maximum les qualifications de nos marins. Et je ne parle pas que des pilotes, mais aussi des techniciens, des contrôleurs aériens et de tous ceux

Le mot « fierté ». Je suis fier d’être à la tête de ces hommes et ces femmes qui se dépassent tous les jours, en particulier dans le domaine du soutien technique, afin de permettre l’exécution des missions et le respect de notre contrat opérationnel. Et les marins du ciel peuvent et doivent être fiers eux-mêmes du travail accompli en France métropolitaine et ultramarine, au Sahel, en Irak et sur toutes les mers du monde. J’en profite ici pour rappeler que la dénomination « marin du ciel » n’est pas une simple coquetterie sémantique, c’est notre raison d’être, un état d’esprit nécessaire pour mettre en œuvre et maîtriser des technologies de pointe au service des opérations conduites par la Marine. Soyons fiers ensemble de ce que nous sommes ! 1. La navigabilité définit les conditions permettant à un aéronef d’effectuer sa mission en sécurité pour ses équipages, la population survolée et les autres usagers de l’espace aérien. Elle s’organise autour de trois fonctions : le suivi, le contrôle et le maintien de la navigabilité.

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passion marine Sur toutes les mers du monde

Déploiement des aéronefs de la Marine au 5 mai 2015

Une force éprouvée au combat !

LA COMPOSANTE « GROUPE AÉRIEN EMBARQUÉ (GAÉ) »

Le porte-avions permet de projeter le GAé à partir de toutes les mers du monde. Il s’agit d’un véritable atout, car les centres d’intérêt stratégiques se trouvent majoritairement près des côtes. Le GAé est composé de Super Étendard Modernisé (SEM), de Rafale Marine, d’E-2C Hawkeye, ainsi que d’un détachement d’hélicoptères de sauvetage et de liaison surnommés Pedro. Grâce à ces unités, le GAé participe à de multiples missions : dissuasion nucléaire avec le missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA), projection de puissance (raids à plus de 500 nautiques du porte-avions en autonomie), recueil de renseignements et maîtrise de l’espace aéromaritime. Le GAé vient de terminer son déploiement en océan Indien (mission Arromanches) et a assuré une présence opérationnelle et un prépositionnement dans cette zone stratégique pour la France. Fin février, il avait rejoint l’opération Chammal pour renforcer les forces déjà engagées. En 2011, le GAé avait été déployé dans l’opération Harmattan au large de la Libye. LA COMPOSANTE « PATROUILLE, SURVEILLANCE ET INTERVENTION MARITIME (PATSIMAR) »

Cette composante est constituée par des patrouilleurs maritimes Atlantique 2 (ATL2), des Falcon 50M et des Falcon 200. L’ATL2 est le seul avion en service au monde conçu spécialement pour la lutte anti-sous- marine. Même si sa principale mission est le combat aéromaritime, 20 — COLS BLEUS - N°3039

BAN Lanvéoc Caïman Ma L EC Alouet CA

En 1910, l’état-major de la Marine concluait une étude en soulignant l’importance future du rôle de l’aviation dans la guerre navale marquant ainsi l’acte de naissance de l’aéronautique navale.

il reste un aéronef polyvalent comme le démontrent ses participations récurrentes aux missions aéroterrestres. Depuis le 19 septembre dernier, un ATL2 est déployé dans l’opération Chammal afin d’y assurer des missions de renseignement (intelligence surveillance recognition : ISR). Les ATL2 avaient également été déployés dans le cadre de l’opération Harmattan en Libye ou de l’opération Serval au Mali. Quant aux F50M en métropole (et ponctuellement dans les départements d’outre-mer) et aux F200 dans les collectivités outre-mer, ils assurent des missions de surveillance, de recherche de renseignements, de secours ou encore de lutte contre les pollutions et contre les trafics.

BAN Lann-B Atlantique 2 (21F e Falcon 50M Hawkey Xingu Rafale Marine - Posture permanente de sûreté La Roc 1 DET Dauphin SP

1 DET Panthe

Tahiti Gardian (25F) 1 DET Dauphin N3+ (35F)

LA COMPOSANTE « HÉLICOPTÈRES »

Cette composante met actuellement en œuvre 6 types d’hélicoptères. Les Caïman Marine, hélicoptères de combat embarqués multimissions, sont capables de réaliser l’ensemble des missions de combat aéromaritimes (lutte antinavire, anti-sousmarine, actions de vive force en mer). Les Lynx arment les frégates anti-sous-marines, ils disposent d’un sonar trempé et de torpilles qui constituent un système d’arme toujours efficace. Les Panther arment,

Près de 2/3 des aéronefs sont embarqués, les autres agissent au-dessus de la mer et sont systématiquement associés à un ou plusieurs navires.

Caraïbe 1 DET Panther (36F) à bord de la frégate de surveillance Ventôse Opérations de surveillance maritime

© PAUL SÉNARD/MN

L

’indispensable apport de l’aéronautique navale aux opérations interarmées se concrétise à travers la diversité des missions qu’elle réalise chaque année. Parmi elles, la dissuasion nucléaire, la lutte sous la mer, le contre-terrorisme maritime, la projection de puissance, le sauvetage en mer ou encore la protection de l’environnement… Pour accomplir ses missions, la force s’articule autour de trois composantes principales qui interagissent.

BAN Rafale Mar Super Étendard M Fa

Océan Pacifique 1 DET Alouette III (22S) à bord de la frégate de surv 1 DET Alouette III (22S) à bord de la frégate de surv Opérations de surveillance maritime

quant à eux, les frégates de surveillance, les frégates antiaériennes et les frégates de type Lafayette. Ils ont été conçus initialement pour la lutte antinavire, mais leur champ d’action a été étendu au contreterrorisme maritime et à la lutte contre les trafics. Enfin, les hélicoptères Alouette III peuvent être embarqués sur tous les bâtiments qui disposent d’une plate-forme hélicoptère pour assurer des missions de soutien. Du sauvetage en mer à la lutte sous la mer,

passion marine

Océan Atlantique 1 DET Lynx (34F) à bord de la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville 1 DET Alouette III (22S) à bord du bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme Entraînement Dynamic Mangoose

BAN Landivisiau fale Marine (11F et 12F) ndard Modernisé (17F) Falcon 10M (57S)

Norvège 2 DET Atlantique 2 (21F et 23F) Exercice Dynamic Mangoose

anvéoc-Poulmic ïman Marine (33F) Lynx (34F) EC225 (32F) Alouette III (22S) CAP 10 (50S)

Légende Déploiement temporaire Déploiement permanent Base aéronautique navale (BAN) DET : Détachement

Cherbourg 1 DET Caïman Marine (33F) Le Touquet 1 DET Dauphin SP (35F)

Lann-Bihoué 2 (21F et 23F) con 50M (24F) Hawkeye (4F) Xingu (28F) de sûreté (12F)

BAN Hyères Caïman Marine (31F) Panther (36F) Dauphin SP (35F) CEPA (10S) 1 DET Lynx (34F) 1 DET Falcon 50M (24F)

La Rochelle uphin SP (35F)

Méditerranée 1 DET Panther (36F) à bord de la frégate de défense aérienne Forbin Déploiement Méditerranée orientale T Panther (36F) à bord de la frégate Surcouf Déploiement en océan Indien

Golfe Arabo-Persique 1 DET Atlantique 2 (21F ou 23F) Opération CHAMMAL Nouvelle-Calédonie 1 DET Gardian (25F)

Dakar 1 DET Falcon 50M (24F)

Mayotte 1 DET Falcon 50M (24F) Opérations de surveillance maritime

aïbe bord tôse time

Océan Indien 1 DET Panther (36F), Rafale (11F), Super Étendard Modernisé (17F), Hawkeye (4F), 2 Dauphin (35F), et 1 Alouette III (35F), à bord du porte-avions Charles de Gaulle 1 DET Caïman Marine (31F) à bord de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul 1 DET Lynx (34F) à bord de la frégate anti-sous-marine Jean de Vienne Mission ARROMANCHES Martinique 1 DET Alouette III (22S)

e de surveillance Prairial e de surveillance Vendémiaire

Chiffres clés • 5 000 marins, militaires et civils, servent dans l’aéronautique navale. • 300 marins du ciel déployés en permanence, 1 000 lorsque le groupe aéronaval est en mer. • 201 aéronefs dont 84 hélicoptères et 117 avions. • 15 flottilles de combat et 4 escadrilles au sein de 4 BAN.

La Réunion 1 DET Panther (36F)

en passant par la lutte contre tous les trafics, les hélicoptères sont depuis longtemps indispensables à toute force navale. « MOYENS ET ORGANISMES DE SOUTIEN »

– Les Xingu, qui assurent, en métropole, des missions de soutien logistique et participent à la navalisation des pilotes. – Les Cap 10 et Cirrus SR 20 de l’École d’initiation au pilotage (EIP/50S), qui participent à la présélection et à

la formation initiale des pilotes. – Les Falcon 10, qui complètent l’entraînement des pilotes de chasse et assurent occasionnellement des liaisons logistiques. – Le centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale (CEPA/10S), qui est l’organisme spécialisé de la Marine pour l’expérimentation, la validation de nouveaux matériels aéronautiques, la réception et le convoyage des aéronefs de l’aéronautique navale. COLS BLEUS - N°3039 —

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passion marine D’hier à demain

RÉNOVATION DE LA COMPOSANTE PATSIMAR

À l’occasion de l’opération Serval, deux ATL2 ont été pourvus d’une nouvelle boule optronique intégrée à l’arrière des appareils, système fourni par le groupe canadien Wescam. Il s’agit d’un équipement particulièrement précis et performant en termes d’imagerie. Une troisième unité sera prochainement pourvue d’une nouvelle tourelle Wescam. Concernant la flotte de surveillance et d’intervention maritime, la flottille 24F a réceptionné deux Falcon 50 en provenance de l’armée de l’Air, qui ont fait l’objet de travaux de navalisation par Dassault. Deux autres seront livrés au deuxième semestre 2015. Ces F50 n’ont pas, pour le moment, de capacité de largage de chaînes de recherche et de sauvetage (SAR) d’où leur dénomination Falcon MS, « S » pour surveillance. RAFALE MARINE RÉTROFITÉS AU STANDARD F3

Produits à la fin des années 1990, les dix Rafale au standard d’origine F1, limités aux seules missions de supériorité et de défense aériennes, suivent actuellement un rétrofit au standard F3 par Dassault Aviation. Ce passage au standard le plus évolué suppose des modifications complexes (nouveaux calculateurs, nouveaux écrans cockpit ou encore évolution du radar…). Leur livraison s’étalera jusqu’en 2017 et permettra dès 2016 de retirer les SEM du service actif. 22 — COLS BLEUS - N°3039

PANTHER STANDARD 2

En mai 2011, la Marine a reçu un premier hélicoptère Panther porté au standard 2. Avec le rajout d’un système de liaison de données, une caméra optronique, une avionique rénovée et des moyens de transmissions cryptées supplémentaires, il améliore sa capacité à accomplir, de jour comme de nuit, les missions qui lui sont confiées. La modernisation du parc doit s’achever en 2016. Actuellement, il reste six Panther en chantier de transformation et un seul encore au standard 1. CAÏMAN MARINE

Les remarquables performances du Caïman permettent une profonde évolution des tactiques et de la doctrine d’emploi des hélicoptères de lutte anti-sous-marine. Ses capacités apportent aux forces de surface un outil de premier ordre pour acquérir la supériorité en lutte anti-sous-marine. Le Caïman forme un binôme redoutable avec les frégates multimissions à partir desquelles il est amené à opérer. En 2021, la Marine disposera de 18 Caïman Marine.

Évolution des infrastructures MUTUALISATION DES FLOTTILLES

Depuis l’été 2011, les flottilles 21F et 23F (Atlantique 2) ont emménagé dans un seul et même bâtiment à Lann-Bihoué : le bâtiment de commandement interflottilles. C’est ainsi que la flottille 21F a quitté sa base de Nîmes-Garons pour venir rejoindre la 23F, déjà basée à Lorient. Avec des missions similaires, elles mutualisent ainsi leurs moyens – services techniques, logistique, RH –, tout en conservant leur identité. Il s’agit de faire travailler et réfléchir ensemble les deux flottilles, dans un souci d’économie et de rationalisation des

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moyens. Ce mode opératoire, rendu possible par l’utilisation d’une flotte d’aéronefs homogène, est aussi utilisé pour les flottilles de Rafale 11F et 12F.

Évolution des entraînements LA SIMULATION POUR ÊTRE TOUJOURS PRÊT

La simulation permet d’optimiser la préparation des équipages, leur formation, leur entraînement et l’entretien de la qualification des pilotes. Au-delà de la formation initiale, ce simulateur permet aux équipages de s’entraîner dans un environnement tactique complexe et extrêmement réaliste, en utilisant l’ensemble de ses équipements. Outre le simulateur Rafale que l’on retrouve sur la BAN de Landivisiau ou les simulateurs Atlantique 2 du centre d’entraînement et d’instruction de la BAN Lann-Bihoué, de nouvelles plates-formes d’entraînement font leur entrée dans le paysage. En phase avec l’arrivée progressive des Caïman, la BAN de Lanvéoc vient d’inaugurer le premier

© VALÉRIE GUYOTON/MN

Évolution du matériel

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© THOMAS LETOURNEL/MN

D

epuis plus de 100 ans, l’aéronautique navale voit ses missions en perpétuelle évolution, s’adaptant ainsi au contexte géopolitique changeant. Déjà très optimisée, l’un des objectifs de la force pour les prochaines années sera d’atteindre une flotte d’aéronefs la plus homogène possible. En effet, la modernisation de l’ensemble des composantes de l’aéronautique navale est aujourd’hui en marche.

© JEAN-LUC BRUNET/ARMÉE DE L’AIR

S’adapter en permanence

passion marine

© CHRISTIAN CAVALLO/MN

1 Sa polyvalence, son autonomie et son efficacité font de l’ATL2 un aéronef apte aux missions aéroterrestres. Engagé dans l’opération Chammal, il y effectue des missions de reconnaissance et de renseignement. 2 Départ en mission de reconnaissance pour le Rafale F3 équipé d’un Pod de reconnaissance nouvelle génération qui permet l’augmentation de ses capacités de recueil longue distance.

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3 Début février, le Panther embarqué à bord du Ventôse en mission de lutte contre le narcotrafic a permis de neutraliser des produits stupéfiants transportés par un go-fast.

5 Appontage du drone embarqué de retour d’un vol d’essai lors de son expérimentation en Méditerranée sur le patrouilleur L’Adroit.

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simulateur NH90 Multirole Training Device (MRTD). Un second sera mis en service sur la BAN d’Hyères à la fin de l’automne 2015.

Les drones, nouvel atout de la Marine Depuis 2012, la Marine a lancé, sous le nom de SERVAL (Système embarqué de reconnaissance vecteur aérien léger), une première expérimentation du drone tactique Camcopter S-100, embarqué sur le patrouilleur L’Adroit. Les premiers résultats confirment que les drones embarqués apportent une réelle plus-value opérationnelle. Ils permettront de renforcer la cohérence entre moyens de détection et d’action des bâtiments, d’assurer une permanence de la surveillance, tout en préservant le potentiel des aéronefs pour les interventions à forte valeur ajoutée.

© MARC GROZEL/MN

© VALÉRIE GUYOTON/MN

4 Outre ses capacités anti-sous-marines, le Caïman Marine peut aussi intervenir lors d’opérations de sauvetage. Il hélitreuille ici le personnel d’un SNLE en haute mer.

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passion marine Marins du ciel

L

’aéronautique navale est structurée par le milieu dans lequel elle effectue ses missions, un milieu parti-  culièrement exigeant et hostile : la mer. Apportant une contribution essentielle aux opérations interarmées, interalliées ou interministérielles les marins du ciel permettent aujourd’hui à la France de disposer des capacités d’action essentielles, en mer ou depuis la mer, comme la protection de la force sous-marine ou la capacité d’intervenir en premier sur un théâtre de crise. Focus.

© SÉBASTIEN CHENAL/MN

Des hommes profondément ancrés !

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L’adaptation des matériels de l’aéronautique navale au milieu maritime, ainsi que l’expertise de la mer que doit développer son personnel nécessitent des formations et entraînements bien spécifiques. C’est notamment la vocation du Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (CESSAN) qui permet d’acquérir les bons gestes de survie et de mieux appréhender son environnement maritime. Toutes les formations des pilotes s’effectuent sous le giron de l’École de l’aviation navale, y compris durant leurs différents stages au sein de l’armée de l’Air ou de l’armée de Terre (pour les hélicoptères). Les pilotes reçoivent ensuite une formation opérationnelle et maritime dans leurs écoles de spécialités (chasse, hélicoptère, avions multimoteurs). Tout au long de sa carrière, pour être formé ou maintenir ses qualifications, le personnel volant s’entraîne, dans des centres d’entraînement et d’instruction, sur de nombreux simulateurs configurés pour des missions au-dessus de la mer. TECHNICIEN DANS UN ENVIRONNEMENT MARITIME : UN DÉFI !

Pour évoluer dans un environnement maritime, les aéronefs doivent être adaptés à leur emploi. Les aires d’appontage et de stationnement sur les bâtiments étant très exiguës et parfois instables, les aéronefs disposent d’un train d’atterrissage renforcé, de crosses d’appontage et d’ailes ou pales 24 — COLS BLEUS - N°3039

© PASCAL GHUIGOU/MN

DES FORMATIONS ENTRE CIEL ET MER

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Polyvalence, solidarité, confiance mutuelle, ingéniosité… Tous les marins du ciel s’accordent pour dire que ce sont des qualités essentielles !

repliables… Ils sont également protégés par une peinture anticorrosion spécifique pour tenir compte du milieu salin dans lequel ils évoluent. Ce phénomène de corrosion se répercute de façon importante et permanente sur la maintenance des aéronefs : c’est un point de vigilance majeure. Toutes ces contraintes sont considérées dans le maintien en condition opérationnelle (MCO). C’est aussi pour cela que les techniciens suivent les aéronefs sur toutes leurs missions afin de prévenir les dommages liés à l’atmosphère saline. Être technicien nécessite donc également d’être marin !

passion marine 1 Partir loin et longtemps est une caractéristique de la force de l’aéronautique navale embarquée. L’esprit d’équipage est alors primordial pour vivre cette expérience loin des siens.

© THIBAUT CLAISSE/MN

2 Conduisant des missions au-dessus de la mer, le personnel navigant doit obligatoirement posséder une solide culture maritime afin d’appréhender son environnement. 3 En pleine mission Corymbe, les techniciens procèdent au remplacement de la turbine de l’Alouette III à bord du BPC Tonnerre.

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Témoignages

© AUDREY AGOSTINELLI/MN

© BRUNO GAUDRY/MN

© STÉPHANE DZIOBA/MN

Marins du ciel, bien plus qu’un surnom

« Je me rappelle particulièrement de la mission Héraclès. C’était la première mission de guerre du Charles de Gaulle. Il y avait une ambiance si particulière ! L’ensemble du bateau, du matelot au commandant, ne pensait qu’à une seule chose : la réussite de la mission. »

« Je fais partie d’une équipe dont la mission est de permettre à un des avions de chasse les plus performants au monde de décoller et de se poser sur un bateau. Et ce en pleine mission de guerre… Je n’aurais pu rêver mieux ! » PM Rémi S., technicien avionique

« J’apprécie surtout les missions en équipage et la confiance mutuelle que cela exige. Dans l’action, on ne peut rester insensible au regard et à la gratitude des personnes secourues. On fait au quotidien un métier extraordinaire ! » MT Damien L., plongeur hélicoptère

MP Fréderic G., contrôleur aérien COLS BLEUS - N°3039 —

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focus

Caïman Marine (NH90) Hélicoptère multirôle Le Caïman Marine est un hélicoptère de combat naval : lutte au-dessus de la surface (ASF), lutte anti-sous-marine (ASM), contre-terrorisme maritime. Il peut participer également à des missions de soutien et de logistique navale, de sauvetage en mer (secours maritime : SECMAR), d’évacuations sanitaires par voie aérienne (EVASAN) et de transport de commandos. L’équipage est constitué de trois personnes : un pilote, un coordinateur tactique (TACCO) et un opérateur senseurs (SENSO) également chef cargo et treuilliste. La forme et la conception en matériaux composites du fuselage diminuent la signature radar du Caïman Marine. Il forme avec la frégate multimission un couple particulièrement redoutable pour les sous-marins.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

LE

SAVIEZ VOUS

Longueur : 19,56 m Diamètre rotor : 16,3 m Poids à pleine charge : 11 t

CAÏMAN MARINE

Vitesse de croisière : 260 km/h ; maximum 295 km/h Capacité : 14 à 20 passagers selon la version Armement : 2 torpilles MU 90, armement de sabord (mitrailleuse 7,62 mm et/ou tireur d’élite) Équipements permanents : tourelle FLIR, radar panoramique 360° à extraction de piste, treuil de sauvetage, système de détection électromagnétique, système lance-leurres, commandes de vol électriques

TORPILLES MU90 Lutte anti-sous-marine

SONAR TREMPÉ GRANDE PROFONDEUR Détection de cible sous-marine

BOUÉES ACTIVES/PASSIVES Un barillet de 10 bouées + 10 bouées complémentaires avec une capacité de programmation et d’écoute à bord de l’hélicoptère © PAUL SÉNARD/MN

?

Le nom « Caïman » a été choisi en concertation avec l’armée de Terre. Il évoque le milieu amphibie dans lequel le Caïman évolue, ainsi que les qualités attendues : aptitude à se fondre dans l’environnement, à observer et à libérer une énergie importante au moment voulu pour apporter l’effet militaire souhaité. « Caïman » était l’indicatif radio de la flottille 33F, dotée de Super Frelon et dissoute en octobre 1999. Particularités du Caïman Marine : repliage automatique des pales et du pylône de queue, intégration possible d’équipements de lutte ASM (sonar, bouées, torpilles).

TREUIL

RAMPE ARRIÈRE

Treuil électrique de sauvetage

Chargement de matériels volumineux

MITRAILLEUSE CARGO Permet le transport de personnel et matériels

VERSION COMBAT

VERSION SOUTIEN

Pour des missions de lutte anti-sous-marine et au-dessus de la surface avec ou sans coopération avec son bâtiment porteur.

Transport de troupes, transport de matériels, secours maritime (SecMar) évacuations sanitaires, appui feu avec intégration d’une mitrailleuse 7,62 mm.

26 — COLS BLEUS - N°3039

focus

IFF (Identification Friend or Foe) Identification ami ou ennemi. Permet aux équipages de reconnaître des aéronefs « amis » ainsi que leur cap, distance et altitude (équivalent de l’AIS pour les navires).

ESM

PORTE LATÉRALE Embarquement/débarquement. Capacité d’armement : mitrailleuse 7,62 mm et/ou tireur d’élite.

(Electronic Support Measures) Permet la détection des signaux électromagnétiques.

PLIAGE Antennes de localisation des bouées acoustiques.

FLIR

(Forward Looking InfraRed) Système de détection et de pistage des cibles (caméra thermique).

RADAR 360° Radar panoramique à traitement automatique numérisé.

HARPON BRAS D’EMPORT Permet le montage d’une torpille supplémentaire ou d’un réservoir de carburant.

Permet le maintien du Caïman Marine sur le pont d’une frégate une fois qu’il est apponté ou après sa sortie du hangar.

Pour permettre au Caïman Marine de rentrer dans le hangar d’un bâtiment porte-helicoptères. L’hélicoptère dispose d’un système de repliage de ses pales et de son pylône de queue.

SYSTÈME DE CONTRE-MESURES Permet de lancer des leurres pour dévier des missiles ennemis.

LE

SAVIEZ VOUS

?

SONARS ACTIFS

Le sonar actif émet une onde sonore dans l’eau. Lorsque celle-ci atteint une cible, elle est réfléchie et renvoyée vers le sonar puis analysée. Le sonar est donc un émetteur et un récepteur. Les sonars actifs sont rarement utilisés par les sous-marins, car ils peuvent signaler leur présence.

SONARS PASSIFS

Sonar héliporté

SONAR FLASH GRANDE PROFONDEUR Sonar basse fréquence léger à immersion, fonctionnant en mode actif ou passif

Le sonar passif n’émet aucun signal. Il reçoit ceux émis par les sous-marins. Il peut être utilisé pour détecter toutes sortes de signaux, selon la fréquence émise (comme des boîtes noires d’aéronef abîmé en mer).

> 500 M

POUR PLUS D’INFORMATIONS SUR LES SONARS

retrouvez l’infographie du magazine

Co l s ble u s N° 3028 a vr il 2014 sur colsbleus.fr

COLS BLEUS - N°3039 —

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rencontre

« Ma conviction : nous avons une marine aux performances opérationnelles remarquables » Vice-amiral d’escadre Arnaud de Tarlé Major général de la Marine

© PERRINE GUIOT/MN

Le major général de la Marine (MGM) assiste et supplée le chef d’état-major de la Marine (CEMM) pour l’ensemble de ses attributions. À cet effet, il dirige et coordonne les travaux de l’échelon central de la Marine qui regroupe l’état-major de la Marine (EMM), certains bureaux de la direction du personnel militaire de la Marine (DPMM) et l’état-major des opérations de la Marine (EMO-M).

COLS BLEUS : Amiral, pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre fonction ? Avec qui travaillez-vous au quotidien ? VAE ARNAUD DE TARLÉ : Le MGM dirige les travaux de l’échelon central de la Marine pour préparer les décisions du CEMM et faire valoir les spécificités de la Marine en interarmées et auprès du ministre de la Défense. À ce titre, je dispose de toute la 28 — COLS BLEUS - N°3039

force de frappe des bureaux de l’EMM et de l’état-major des opérations de la Marine (EMO-M), ainsi que du soutien des services (Service du soutien de la flotte – SSF – et Service logistique de la Marine – SLM), mais aussi des autorités maritimes territoriales et organiques. Chaque autorité ou sous-chef de l’EMM agit dans ses propres domaines de compétences, avec des délégations accordées par le CEMM. Le rôle du MGM est de permettre de prendre les décisions les plus délicates sur les domaines transverses ou réservés. Pour cela, je m’appuie sur le comité exécutif de l’EMM (COMEX) qui regroupe les amiraux de l’échelon central et qui se réunit chaque semaine. Pour illustrer ma relation avec le CEMM, la meilleure image est celle des rapports entre le commandant en second et le commandant à bord d’un navire, en l’occurrence le navire Marine nationale. La relation CEMM-MGM est quotidienne pour échanger sur tous les sujets majeurs et faire en sorte que la position de la Marine soit unique. Enfin, je travaille en relations étroites avec mes homologues des autres armées et le major général des armées, afin

d’assurer un fonctionnement harmonisé des armées tout en respectant nos spécificités, et avec les services et directions pour le suivi des soutiens et de la préparation des opérations. COLS BLEUS : Quelle vision avez-vous de la Marine aujourd’hui ? VAE A. T. : J’ai pris mes fonctions depuis

bientôt un an et j’ai une conviction qui s’est renforcée chaque jour : nous avons une marine aux performances opérationnelles remarquables. Regardez le haut niveau d’emploi de toutes nos unités et composantes ! Nous avons actuellement 4 forces maritimes en océan Indien, le groupe aéronaval vient d’achever sa participation à l’opération Chammal, le groupe Jeanne d’Arc a évacué des ressortissants français au Yémen (photo 1), un groupe de guerre des mines intervient dans le golfe Arabo-Persique et en mer Rouge, et la France commande la TF 150, force de lutte contre le terrorisme. Et les opérations se déroulent avec la même intensité sur les autres théâtres : permanence de missions de surveillance et de reconnaissance en Méditerranée orientale ou en mer Noire, opération Corymbe dans le golfe de Guinée, intérêt croissant pour le Grand Nord, défense

rencontre

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© MAËL PRIGENT/MN

© PASCAL SUBTIL/MN

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maritime du territoire métropolitain, mais également outre-mer, et, bien sûr, permanence de la dissuasion nucléaire. Ainsi, au quotidien, ce sont près de 5 000 marins qui agissent sur, sous et au-dessus de la mer, et 3 280 marins qui contribuent 365 jours par an à la défense maritime du territoire et à la protection des installations sensibles de la Marine. Je tiens à souligner que ce niveau d’emploi n’est possible que grâce à un maintien en condition opérationnelle (MCO) naval et aéronautique performant qui permet d’assurer une excellente disponibilité en opérations. Au final, ce résultat est celui d’une marine professionnelle, forte d’un format cohérent et de savoir-faire rares entretenus par une expérience des opérations unique en Europe. COLS BLEUS : Vous décrivez une marine active sur tous les fronts. Néanmoins, dans le contexte des travaux budgétaires et d’actualisation de la loi de programmation militaire (LPM), les défis ne doivent pas manquer ? VAE A. T. : Effectivement, un certain nombre

de défis nous sont posés pour permettre de maintenir dans la durée le bel outil que je viens de décrire : – 1er défi : valoriser l’efficacité opérationnelle de la Marine. Notre action est souvent méconnue notamment en raison de son éloignement en mer, du caractère permanent de certaines missions et d’un relais insuffisant du sujet des enjeux maritimes en France. Or, le contexte actuel de multiplication des menaces et des risques maritimes ne laisse aucun doute sur le besoin croissant d’une marine forte pour défendre nos intérêts. Il faut ainsi renforcer notre culture de valorisation de nos résultats opérationnels, pour faire mieux connaître la pertinence de chaque composante de la Marine et des missions conduites.

– 2e défi : réussir la transformation. Il s’agit d’abord de réussir la transition capacitaire vers des bâtiments de nouvelle génération, avec de nouveaux formats d’équipages et des systèmes d’armes modernes et innovants. Cet enjeu concerne toute la Marine, depuis le recrutement, en passant par la formation, la préparation organique et l’emploi opérationnel qui doit s’adapter à nos nouveaux moyens. Ainsi, il nous faut assurer le suivi de compétences pour des microfilières toujours aussi nombreuses, mais plus réduites en effectifs et donc plus critiques. Les besoins nouveaux dans les domaines cyber ou protection doivent également être pris en compte pour renforcer notre capacité de résilience. Autre volet majeur de la transformation : la réforme des soutiens. L’enjeu pour la Marine est de maintenir un service de proximité et adapté à nos besoins spécifiques dans les différentes branches du soutien. Cela se traduit par la signature de partenariats, tels que ceux signés avec le service du commissariat des armées ou avec le service de santé des armées. – 3e défi : préparer la Marine de demain. Cela signifie d’abord réaliser la LPM 2014-2019 comme prévu, bien sûr en intégrant l’évolution du contexte (fortes contraintes budgétaires, renforcement de la protection du territoire national, conséquences des dossiers exports), mais sans remettre en cause notre format. Et il s’agit également d’anticiper les besoins sur le plus long terme. Nos programmes ne se font pas sur six ans. C’est aujourd’hui qu’il nous faut préparer les conditions de la cohérence de notre format pour 2025. C’est bien l’objectif du plan Horizon Marine 2025, et c’est ce qui me permet d’être aussi confiant pour l’avenir : nos marins peuvent être fiers de ce qu’ils font et impatients de ce qu’ils feront. Nous construi-

sons, aujourd’hui, l’outil qui leur permettra, demain, de compter encore plus sur les mers. Le plus bel exemple est la montée en puissance du triptyque FREMM/Caïman/missile de croisière naval (photo 2) dans les forces avec, dès la rentrée, trois équipages constitués. COLS BLEUS : Dans quelques mois, les marins quitteront l’Hôtel de la Marine. Quels sont les défis de Balard pour la Marine ? VAE A. T. : Le changement est majeur. Il va

falloir apprendre à travailler à partir de sites éloignés : une partie de la DPMM déménage à Tours et une autre à Vincennes. Certaines entités ne pouvant être accueillies à Balard seront concentrées à l’École militaire. L’enjeu est de conserver l’efficacité de notre système qui, aujourd’hui, fonctionne remarquablement. Sur le site de Balard, nous bénéficierons d’atouts réels : nous serons plus proches de nos correspondants extérieurs (interarmées, directions et services), les infrastructures y seront modernes et offriront les outils adaptés à un travail collaboratif. Le fonctionnement intégré de l’EMM (la fameuse « roue ») est un atout pour s’adapter rapidement à cet environnement et profiter des moyens mis en place. En revanche, nous ne serons plus les seuls locataires de notre emprise : cela permettra de bénéficier d’un soutien mutualisé, mais nécessitera un effort de chacun pour préserver la cohésion avec des bureaux parfois éloignés les uns des autres. Pour le reste, et au-delà des premiers ajustements et réglages inhérents à l’installation à bord d’un nouveau bâtiment, nous sommes déjà organisés au format Balard. Il n’y aura donc pas de conséquences sur le fonctionnement de la Marine.

PROPOS RECUEILLIS PAR LE CF LOUIS -XAVIER RENAUX

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Planète mer

Hackers des mers

De la piraterie au piratage

Mer de Chine : une frégate britannique voit fondre sur elle des chasseurs de l’armée populaire de Libération. Certain d’être en haute mer, son équipage ignorait que son GPS avait été la proie d’un piratage électronique destiné à créer un incident international. La position était faussée, le bâtiment naviguait dans les eaux sous souveraineté chinoise. L’ACTIVITÉ MARITIME FACE À LA CRIMINALITÉ INFORMATIQUE

L’ouverture de Demain ne meurt jamais, film de la saga James Bond, semblait tenir de la fantaisie il y a encore une dizaine d’années. Mais plusieurs faits divers récents sont venus démontrer que la fiction était de plus en plus proche de la réalité. L’attaque ou la manipulation de données informatiques concernant les navires et leur cargaison est désormais possible, du fait de leur dépendance croissante à l’électronique de bord connectée en réseaux. Cette intégration des systèmes informatiques et électroniques dans la gestion et l’automatisation des opérations liées aux activités maritimes est appelée « marétique »(1). Essentielle pour le développement des interfaces portuaires, cette informatisation a permis, pour la seule gestion des porte-conteneurs, un gain de productivité de 7 à 14 % au cours des dix dernières années. La mise en réseau des navires, des armateurs et des ports permet une fluidité et une gestion de l’information décisive pour l’efficacité des acteurs du monde maritime. Toutefois, ce progrès 30 — COLS BLEUS - N°3039

technologique ne s’est pas toujours accompagné de l’introduction de mesures de sécurité adéquates. Certains logiciels ne disposent

Rendez-vous Le vendredi 19 juin, le Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) organise avec le Centre des hautes études du cyberespace (CHECY) et le Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN) un colloque sur le thème « La marétique – les enjeux de la transformation numérique du monde maritime ». Le colloque aura lieu de 14 h 00 à 17 h 00, à l’amphithéâtre Desvallières de l’École militaire de Paris. Renseignements et préinscription à [email protected].

ainsi que d’antivirus basiques, similaires à ceux vendus aux particuliers, signe que beaucoup d’opérateurs ne sont pas formés à la gestion d’une attaque informatique, voire à sa simple détection. La confiance trop grande accordée à certains matériels comportant une dimension informatique, comme le GPS, peut aussi, à terme, générer une dégradation des capacités de réaction du personnel en cas de panne provoquée ou de piratage. Cette vulnérabilité s’accompagne de la multiplication d’acteurs malveillants qui voient dans le secteur maritime une cible d’importance du fait de sa place capitale dans les échanges internationaux. Le port d’Anvers, l’un des premiers au monde, a été victime de 2011 à 2013 d’un piratage de son logiciel de gestion des stocks(2). Des hackers s’étaient introduits dans les registres informatiques à l’aide de simples mails piégés destinés aux employés du port. Une fois effacés des registres, les conteneurs, chargés de drogue en provenance d’Amérique du Sud, étaient récupérés sans contrainte par les narcotrafiquants. L’alerte est donnée en 2011

© PAUL SÉNARD/MN

Planète mer

par les sociétés de transports maritimes qui s’inquiètent de la disparition de certaines cargaisons. Mais il faudra encore deux ans pour trouver la parade à cette cyber-attaque. Les craintes des experts du secteur ne se limitent cependant pas à la criminalité ; si les infrastructures portuaires ou les navires peuvent constituer des cibles, ils peuvent tout autant se muer en armes. En témoigne ce cargo iranien, le Ramtin, qui en octobre 2013(3) a réussi temporairement à falsifier son identification électronique pour mieux contourner l’embargo sur le pétrole iranien. D’après Patrick Hebrard, expert en cyberdéfense chez DCNS, rien n’exclut que de telles méthodes ne soient utilisées un jour par des organisations terroristes, afin, par exemple, de détourner ou de prendre en otage le personnel d’un navire(4). LE MONDE MILITAIRE, PARTENAIRE INDISPENSABLE DE LA CYBER-SÉCURITÉ

De plus en plus d’acteurs du monde maritime comprennent désormais l’enjeu de la sécurisation des systèmes informatiques. La multiplication ces dernières années de rapports publics ou émanant de compagnies d’assurances sur le sujet témoigne d’une prise de conscience sur le nécessaire renforcement de la cyber-sécurité dans son ensemble, et non plus de manière cloisonnée

et désordonnée. L’agence européenne pour la sécurité des réseaux et de l’information (ENISA) a ainsi pointé du doigt en 2011 le manque de procédures de sécurité communes entre pays européens, mais également au sein d’infrastructures locales, en particulier dans les ports de commerce. Le secteur militaire se penche donc très logiquement sur le sujet. Fortement informatisées depuis la Seconde Guerre mondiale – à la fois pour la « liaison des armes » sur un bâtiment, pour le fonctionnement d’une force navale et pour les liens avec le commandement à terre –, les marines de guerre ont toujours été à la pointe en matière de sécurité sur leur réseau électronique. Signes de l’importance que la Marine nationale attache à cette nouvelle forme de guerre : la création l’année dernière d’une chaire de cyber-sécurité à l’École navale à Brest et la désignation d’un officier général pour la cyber-sécurité. Mais les armées ne sont pas seules dans cette lutte. Les agences gouvernementales, telles que l’ANSSI(5), cherchent désormais elles aussi à s’assurer du niveau de protection des acteurs privés du monde maritime et à développer les synergies entre acteurs civils et militaires. Le classement d’industries ou de sites maritimes sensibles en tant qu’« opérateurs d’importance vitale »

(désignation regroupant des infrastructures essentielles à la sécurité de la France) pourrait conduire à renforcer les partenariats public/privé en matière de cyberdéfense. Premier exemple d’une telle collaboration, l’exercice DEFNET 2015 dirigé en mars dernier par le vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général responsable de la cyberdéfense. Si cet exercice a essentiellement concerné des ressources militaires, notamment deux BPC de la Marine, il a permis d’entraîner l’ensemble des acteurs de la cyberdéfense – ANSSI, EMA (État-major des armées) et spécialistes interarmées – aux intrusions informatiques, mais également à la protection de sites stratégiques civils sensibles. Un premier pas dans l’intégration du secteur maritime, dans son ensemble, à une politique de cyberdéfense cohérente et réactive. ASP ALEXANDRA BABIN, ASP (R) ARNAUD VALLI, CENTRE D’ÉTUDES STRATÉGIQUES DE LA MARINE

(1) Cf. Le Livre bleu de la marétique paru en 2012. (2) La libre Belgique : Comment Anvers a été piraté et s’en est sorti. Octobre 2013. http://www.lalibre.be/economie/actualite/commentanvers-a-ete-pirate-et-s-en-est-sorti-5269e7ea35708def0d93513c. (3) GCaptain : Iranian Tanker Hacks AIS to Disguise Itself Off Singapore. Octobre 2013. http://gcaptain.com/iranian-tanker-hacksdisguise/. (4) France Inter, Secrets d’info : « Les cyber-pirates passent à l’attaque ». 12 décembre 2014. http://www.franceinter.fr/emissionsecrets-d-info-les-cyber-pirates-passent-a-lattaque. (5) Agence nationale pour la Sécurité des systèmes d’informations.

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vie des unités Flottille 36F Depuis 20 ans, « Partout, servir et combattre » Groupe aéronaval Après Chammal, la mission continue Modernisation Le renouvellement passe par tous les formats ! Task Force 150 La France participe à la lutte contre le terrorisme dans l’océan Indien

C

réée en 1995, la flottille 36F fête ses 20 ans. De sa création sur la base d’aéronautique navale de Saint-Mandrier à aujourd’hui, la flottille 36F a poussé ses racines le long des côtes varoises. Transférés à Hyères en 2003, ses 150 marins du ciel mettent en œuvre 16 hélicoptères Panther que leur vocation à embarquer disperse sur toutes les mers du globe. Avec 8 détachements armant 12 bâtiments, dont 3 sont en permanence déployés outre-mer et 5 répartis à bord des frégates toulonnaises en fonction des missions ordonnées, les couleurs de la 36F flottent sous tous les climats et toutes les latitudes. La 36F a été créée pour garantir la supériorité au-dessus de la surface d’une force à la mer. Née sous ces auspices guerriers, la flottille en a conservé l’esprit et dépassé le concept pour s’adapter aux nouveaux enjeux et ouvrir son domaine d’emploi. Au fil des années, elle s’est ainsi vu confier d’autres missions : lutte contre le narcotrafic, la piraterie et l’immigration clandestine, police des pêches ou encore action au profit des forces spéciales. La flottille a récemment développé ses capacités en matière de contreterrorisme maritime. Depuis 2011, les hélicoptères de la flottille sont engagés dans un programme de modernisation sur 32 — COLS BLEUS - N°3039

ASP SARAH VIVIER

© LAURENT BOUILLON/MN

Depuis 20 ans, « Partout, servir et combattre »

Entraînement au dropping des nageurs de combat.

Interview

CC Giry

commandant la flottille 36F

© JEAN-MARC CASANOVA/MN

Flottille 36F

5 ans. Le Panther standard 2 intègre désormais une caméra infrarouge équipée d’un télémètre laser et d’un suivi automatique des pistes verrouillées (FLIR), une console tactique optimisée et un « glasscockpit » (planche de bord) compatible JVN. Ces équipements contribuent à faire du Panther un atout de poids sur les théâtres d’opérations maritimes. À 20 ans, la flottille peut déjà s’enorgueillir d’un bilan éloquent : 65 000 heures de vol, 150 personnes secourues, contribution à 4 libérations d’otages, à la capture de 197 pirates et à l’interception de 26 tonnes de drogue. Un joli tableau de chasse pour une flottille à l’état d’esprit félin !

La devise de la flottille « Partout, servir et combattre » résume l’ambiance qui règne à la 36F, comment expliquez-vous la pérennité de cet esprit ? Plus les années passent, plus cette devise colle à la réalité de la 36F.

Nous sommes déployés à bord des éléments précurseurs chaque fois qu’une nouvelle zone de tension maritime ou littorale émerge. Il en résulte une quasi-permanence de nos Panther dans tous les arcs de crise actuels, de la mission Trident hier au Kosovo à l’opération Chammal aujourd’hui en Irak. Cet esprit combattant est aussi entretenu par les missions permanentes de lutte contre la piraterie ou le narcotrafic. Mais l’esprit de service est également très

fort puisque nous sommes régulièrement engagés dans le soutien aux populations, que ce soit lors d’inondations, de séismes et de cyclones outre-mer ou lors de catastrophes aériennes. Quel est le programme de la journée du 26 juin, date retenue pour fêter à Hyères l’anniversaire de la flottille ? La journée débutera par une cérémonie militaire, puis une projection viendra illustrer nos 20 années d’existence sur toutes les mers du globe.

Il y aura aussi des démonstrations aériennes des capacités militaires de la flottille. Enfin, un moment de convivialité pour accueillir les anciens et nos amis est prévu. « La Marine recrute »… Que diriez-vous aux jeunes chez qui la 36F pourrait susciter des vocations ? Rejoignez-nous ! Nulle part ailleurs vous ne trouverez une aventure humaine comparable. Aujourd’hui, un jeune second maître peut, après un an et demi de flottille, être déployé

à l’autre bout du monde pour stopper un skiff de pirates à la mitrailleuse, changer un moteur dans une mer démontée aux Kerguelen, sauver un pêcheur en détresse… et tout cela au sein d’une équipe familiale et soudée.

Retrouvez la 36F en images sur colsbleus.fr

vie des unités

Groupe aéronaval

Après Chammal, la mission continue

M

i-avril, la Task Force 473, articulée autour du porteavions Charles de Gaulle, a achevé sa participation à l’opération Chammal visant à fournir un appui aux forces armées irakiennes dans leur lutte contre le groupe Daech.

SOUS LE SIGNE DE LA COOPÉRATION

Après Chammal, la Task Force 473 a poursuivi sa mission de prépositionnement stratégique en océan

© MATHIEU MULLER/MN

Un Rafale Marine catapulté depuis le porte-avions Charles de Gaulle en mission au-dessus de l’Irak.

© MATHIEU MULLER/MN

Pendant huit semaines, le groupe aéronaval a contribué efficacement à la coalition. Le groupe aérien embarqué (GAé) a mené chaque jour, pendant deux mois, une quinzaine de missions de reconnaissance armée, de renseignement dans la profondeur et de contrôle aérien, en parfaite complémentarité avec l’armée de l’Air. Au final, le groupe aéronaval affiche un bilan remarquable, qui reflète les savoir-faire et la détermination des pilotes comme de toute la chaîne de mise en œuvre et d’entretien de l’aviation embarquée. « Nous avons confirmé que cet outil stratégique qu’est le groupe aéronaval répondait parfaitement aux besoins militaires de notre pays et, au-delà, à ceux d’une coalition internationale », souligne le contre-amiral Chaperon, commandant de la Task Force 473. Le fait marquant de cet engagement est le haut niveau de coopération et d’interopérabilité atteint avec l’US Navy. Ravitaillements à la mer entre les unités des deux pays, vols opérationnels communs, manœuvres logistiques conjointes, ravitaillements d’aéronefs français par les aéronefs américains en vol se sont succédés. Du 12 au 16 avril, le porte-avions Charles de Gaulle a assuré seul au profit de la coalition la permanence aéronavale dans le golfe AraboPersique avant d’être relevé par le porte-avions américain USS Roosevelt.

© 11F/MN

HUIT SEMAINES D’ENGAGEMENT

Le contre-amiral Chaperon rencontre le Rear Admiral Hari Kumar, commandant de la flotte indienne de l’Est basée à Mumbai, à bord du INS Viraat (Inde).

Indien restant prête à tout moment à répondre, en fonction des évolutions du contexte, à une décision des autorités politiques. Du 28 avril au 2 mai, le GAN a mené des manœuvres de grande envergure avec son homologue indien constitué autour du porte-avions Viraat. La 14e édition de l’entraînement bilatéral Varuna a réuni, au large de la côte ouest de l’Inde, dix bâtiments de combat indiens et français pour 5 jours d’interactions. Les Rafale Marine et Super Étendard Modernisé français et les Sea Harrier indiens se sont entraînés à l’attaque de cibles maritimes et au combat aérien – afin de tester les aptitudes des aéronefs et navires des deux marines –, à coordonner leur action et à se défendre mutuellement. De

Vue aérienne de l’ensemble des bâtiments participant à l’exercice Varuna lors de la mission Arromanches 2015.

EFFICACITÉ Pendant huit semaines, les chasseurs du GAé ont participé, à partir du porte-avions Charles de Gaulle, à l’opération Chammal. Intégré dans une coalition internationale, le GAé a utilisé au mieux les capacités de ses avions pour mener efficacement les 10 à 15 sorties opérationnelles quotidiennes. Mettant à profit son entraînement, le GAé s’est immédiatement adapté aux spécificités du théâtre irakien.

nombreux exercices de lutte contre la menace sous-marine ont également été menés, mettant notamment en scène les avions de patrouille indiens Poséidon P8I et le sous-marin de type Shishumar. Les bâtiments d’escorte des deux forces se sont également exercés aux ravitaillements à la mer et au tir contre des cibles flottantes. Au total, 120 sorties aériennes ont été réalisées par les aéronefs des deux pays. Intervenant au cœur du déploiement Arromanches, les manœuvres Varuna ont permis à la Marine française de développer son interopérabilité avec la Marine indienne et de partager son expertise aéromaritime afin d’opérer au service de la sécurité maritime en océan Indien.

EV1 VINCENT L.

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vie des unités

Modernisation

Le renouvellement passe par tous les formats !

© DGA/SOCARENAM

Pièces graphiques des vedettes de liaison (VLI)

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sera livrée à Brest en mars 2016). Les tranches conditionnelles prévoient la commande d’une dizaine d’embarcations supplémentaires, dont quatre pour l’Outre-Mer, à livrer en 2017 et 2018. EMBARCATION D’INSTRUCTION À L’HÉLITREUILLAGE

Basée à l’École navale, l’embarcation d’instruction à l’hélitreuillage réalisera des missions de formation au profit du centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (CESSAN) et de l’école de spécialisation sur hélicoptères embarqués (ESHE). Les stagiaires (pilotes d’hélicoptères, plongeurs et personnels navigants) pourront alors s’entraîner

ERF Mise à l’eau le 8 avril dernier et livrée à la fin de l’été, l’embarcation relève filet (ERF) est destinée au relevage des filets des pêcheurs illicites en Guyane. Aux normes civiles et d’une longueur de 23 m, elle est dotée d’une grue légère et d’une aire de travail dégagée lui permettant de relever et stocker les filets saisis. Armée par trois membres d’équipage, elle peut embarquer une équipe de protection de six personnes en renfort. Disposant d’une autonomie de 72 h, elle est capable d’agir sur tout le littoral guyanais. L’ERF agira en coordination avec les vedettes de la Gendarmerie maritime, les bâtiments de la Marine de type P400 ou, d’ici quelques mois, les patrouilleurs légers guyanais.

© JACQUES BAZIN/MN

Ces vedettes en aluminium assureront des missions de liaison et de rotation avec tous types de bâtiments (y compris des sous-marins). Elles remplaceront à terme les différentes vedettes de transport de personnel. Construites selon la réglementation civile relative aux navires de transport de passagers, elles mesureront 16 m de longueur pour 4,50 m de largeur et pourront transporter 36 passagers avec bagages à une vitesse de 15 nœuds. La tranche ferme de ce marché, notifié en décembre 2014 à la société Socarenam, comporte dix vedettes. Elles seront livrées à Toulon, Brest et Cherbourg en 2016-2017 (la première

Perspective 3D de la future embarcation d’instruction à l’hélitreuillage (EIH).

Chaloupe de la base navale de Toulon dans la rade de Hyères.

sur une embarcation en aluminium construite spécifiquement à cet usage (zone de treuillage, tenue au souffle, visibilité en timonerie, mise à l’eau et récupération de personnel). Elle remplacera deux chaloupes vieilles de 30 ans. Avec ses 23 m de longueur pour 43 tonnes, elle pourra atteindre la vitesse de 12 nœuds par mer 3 à pleine charge et embarquer jusqu’à 25 stagiaires. Le marché a été notifié le 2 février 2015 au chantier naval Gléhen. Elle sera livrée au deuxième semestre 2016. EV1 VIRGINIE DUMESNIL

© JÉRÔME HARY/MN

VEDETTES DE LIAISON

© MAURIC ET GLEHEN

À 

la suite de la parution du Livre blanc en 2013 et de la loi de programmation militaire l’année suivante, la France a affirmé la nécessité de moderniser ses équipements dans les années à venir. Au-delà de la flotte de combat, les petits bâtiments sont également concernés. Deux marchés ont ainsi été passés pour la livraison prochaine à la Marine de vedettes de liaison (VLI) et d’une embarcation d’instruction à l’hélitreuillage (EIH).

Vedette de liaison Enez Hir («île Longue » en breton).

© MN

© MN

vie des unités

Task Force 150

La France participe à la lutte contre le terrorisme dans l’océan Indien

D

© MN

epuis le 6 avril dernier, la France assume le commandement de la TF 150, force navale multinationale dont la finalité est de lutter contre le terrorisme et les activités illégales qui participent à son soutien, notamment financier. Le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var embarque à son bord un état-major qui assure

la conduite tactique des moyens navals de la force, grâce aux moyens de commandement et de contrôle dont ce bâtiment a été spécifiquement doté. Mise en place à la suite des attentats du 11 septembre 2001, la Task Force 150, placée sous commandement des Combined Maritime Forces, rassemble 18 nations qui fournissent des moyens navals et aériens pour garantir la permanence de la mission. Assurant pour la neuvième fois son commandement, la France démontre encore une fois tout l’intérêt qu’elle porte à la région de l’océan Indien, définie comme une priorité stratégique du Livre blanc de 2013. En effet, la zone de responsabilité recouvre l’ensemble de la mer Rouge et une très large partie de l’océan Indien. Elle se caractérise par la présence des principales routes maritimes entre l’Occident et l’Orient, ainsi que de deux détroits internationaux particulièrement névralgiques : Ormuz et Bab-El-Mandeb. Le BCR

AU PLUS PRÈS DES OPÉRATIONS Parmi les 18 nations participant à la Task Force 150, la France est la seule à assurer le commandement de la force depuis la mer. Ce choix permet la conduite tactique des forces au plus près des opérations, en bénéficiant d’une appréciation in situ des problématiques rencontrées. Il est alors possible d’engager directement et avec une forte crédibilité une coopération avec les autres Task Forces déployées dans la zone et avec les autorités en charge de la sécurité maritime lors des relâches opérationnelles dans les pays de la région.

Var y conduit depuis le mois d’avril des opérations de sécurisation maritime. Les approches et contacts menés et entretenus avec les boutres et bâtiments de pêche locaux sont l’occasion de recueillir des renseignements précieux sur la connaissance de la région. Le 17 avril, une prise de contact avec un boutre de pêche a conduit l’équipe de visite du Var à faire intervenir le médecin du bord, afin que ce dernier puisse prodiguer des soins médicaux à certains des pêcheurs qui souffraient d’infections bénignes. Ce type d’intervention permet également de recueillir des informations d’ambiances importantes pour la connaissance du trafic maritime. Par ailleurs, les unités placées en soutien direct de la TF 150 mettent en œuvre leur équipe de visite pour réaliser des enquêtes de pavillon sur des navires suspects. Celles-ci peuvent ensuite déboucher sur des mesures plus coercitives en cas de trafic illicite avéré. Outre ces opérations de sécurisation maritime, la Task Force 150 s’attache à faire connaître ses missions auprès des pays riverains de sa zone de responsabilité afin de renforcer la coopération opérationnelle entre les différentes marines. À ce titre, le capitaine de vaisseau Crignola, commandant la TF 150, a rencontré le 12 avril dernier les autorités militaires omanaises en charge de la Marine et des gardes-côtes. Ces entretiens ont permis aux autorités d’engager un dialogue constructif sur les perspectives de coopération dans le domaine de la sécurité maritime. EV1 ROXANE M.

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RH

Conciliation vies professionnelle et personnelle

Paroles de marins ! Entre les mois de novembre et décembre 2014, près de 4 000 marins se sont exprimés sur un sujet qui concerne l’ensemble du personnel de la Marine : la conciliation entre vies personnelle et professionnelle (1). Une comparaison avec les résultats de l’enquête « La Marine en questions » réalisée en 2012 révèle une baisse de la satisfaction. Comment les marins parviennent-ils à articuler ces deux vies ? À quelles contraintes font-ils face ? Tour d’horizon des résultats de cette enquête. EV1 BENOÎT DELACOUR

Quelles sont les deux contraintes liées au statut militaire qui vous pèsent le plus dans votre travail (2) ? Q

5%

Q

17 %

Q

17 %

Q

20 %

Q

22 %

1%

Q

Q

© PASCAL GHIGOU/MN

Q

P

rès de 60 % des marins interrogés déclarent être satisfaits de la conciliation entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, même si 40 % d’entre eux jugent cet équilibre difficile. Les contraintes du marché de l’emploi et une conjoncture économique difficile, ainsi que les évolutions d’organisation des armées pèsent probablement sur cet équilibre. DES CONTRAINTES PERMANENTES Si 44 % des marins interrogés ne perçoivent pas de contraintes liées à leur statut militaire dans leur travail, les 56 % restants sont principalement affectés par l’incertitude des programmes d’activité, qui impacte l’organisation de la vie personnelle, et par la mobilité géographique. Cette dernière fait écho aux difficultés rencontrées par les conjoints sur le marché de l’emploi ; or, les résultats montrent que, parmi les marins dont le conjoint est en recherche d’emploi ou au chômage, seuls 34 % connaissent les cellules d’aide à l’emploi du conjoint (CAEC). Corollaires : les marins sont surtout

préoccupés, en dehors du travail, par le manque d’argent et de temps. Les marins franciliens signalent également les problèmes de transport. Quant aux difficultés de logement, elles sont plus prégnantes à Toulon et à Paris qu’à Brest. Les préoccupations liées aux gardes d’enfants diminuent depuis 2012 grâce aux efforts visant à augmenter le nombre de places en crèches (+121 places entre 2009 et 2014). Près de deux demandes sur trois sont aujourd’hui satisfaites. UN CONSTAT S’IMPOSE ! Les marins considèrent que l’équilibre personnel est fondamental à l’exercice plein et entier de leur métier. Acceptant les exigences du statut militaire, ils attendent de la Marine une gestion personnalisée. Ces consultations anonymes permettent au commandement de disposer d’un éclairage objectif sur les conditions de vie et de travail des marins, et de mieux comprendre les situations individuelles : voilà tout l’intérêt et l’enjeu d’avoir une connaissance fine du « corps social » des marins. ET APRÈS ? Cette enquête permet d’orienter la réflexion des bureaux de la DPMM, associés aux autorités organiques et territoriales, sur des actions de court, moyen ou long terme.

1%

14 %

44 %

Q

36 %

Q

23 %

Q

QL’incertitude des programmes d’activité QLa mobilité géographique QLa durée des absences QLes astreintes QLa pesanteur hiérarchique QLes obligations/restrictions de certains droits QLa disponibilité QLe devoir de réserve QLes risques QLa discipline, la rigueur QNon-réponse (2) Deux réponses possibles. Le total est égal à 200.

PROFIL TYPE DES RÉPONDANTS Âge moyen : 33 ans Ancienneté de service moyenne : 20 ans % femmes : 13 % % marié(e)s : 42 % % pacsé(e)s : 3 % % parents : 53 % Nombre d’enfants en moyenne : 2 % sous contrat : 59 %

(1) Enquête réalisée par la section études sociologiques et suivi du moral du bureau condition du personnel (CPM/ESSM).

% célibataires géographiques : 14 % % embarqué(e)s : 36 %

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RH

Tournée des ports 2015

« Aller au contact des marins militaires et civils » La Tournée des ports 2015 du vice-amiral d’escadre Christophe Prazuck, directeur du personnel militaire de la Marine (DPMM), s’est déroulée à Paris et en région du 10 mars au 14 avril. L’occasion d’expliquer la politique des ressources humaines (RH) et de présenter les projets pour l’avenir. ASP SARAH VIOLANTI

Amiral, que retenez-vous de la Tournée des ports 2015 qui vient de s’achever ? La Tournée des ports est un moment important pour moi, car elle me permet d’exposer l’actualité de la politique RH de la Marine, mais aussi d’aller au contact des marins militaires et civils, notamment dans les ports, et de recueillir ainsi leurs préoccupations sur ces sujets. J’ai rencontré près de 2 000 marins dans les cinq ports. Le chef d’état-major de la Marine (CEMM) rappelle régulièrement son attachement au dialogue interne. La Tournée des ports fait partie du dispositif : elle me permet de confirmer les sujets de préoccupation et les interrogations que je vois apparaître dans les rapports sur le moral, dans les enquêtes initiées par la DPMM ou la direction des ressources humaines – ministère de la Défense (DRH-MD), dans mes échanges avec le correspon38 — COLS BLEUS - N°3039

dant du personnel officier (CPO), le réseau des majors conseillers et des présidents de catégorie, et les concertants du conseil de la fonction militaire de la Marine (CFMM) et du conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM). Tous ces acteurs apportent des visions complémentaires, qui n’enlèvent rien à l’implication du commandement primordiale pour transmettre l’information à la fois vers les marins et vers les hautes autorités. Pour ceux qui n’auraient pas pu y assister, quels sont les messages clés à retenir ? – Chaque marin a vocation à naviguer. La réforme des autorités de gestion des emplois (AGE) devrait permettre d’atteindre plusieurs objectifs : donner au marin un seul gestionnaire pour toute sa carrière afin d’améliorer la lisibilité et la construction des parcours professionnels, au sein

© PATRICE DONOT/MN

Vice-amiral d’escadre Christophe Prazuck, DPMM

de la Marine comme hors Marine, mettre en place l’alternance terre/mer, renforcer le rôle des autorités de domaine de compétence dans l’établissement des cursus. – L’une de mes préoccupations principales est d’allier la déflation des effectifs et l’augmentation constante des compétences nécessaires : la Marine est une juxtaposition de microfilières. Ma politique de fidélisation, en particulier envers les officiers mariniers, les quartiers-maîtres et les matelots, vise à préserver les savoir-faire rares, tout en absorbant une partie de la déflation et en donnant de la visibilité aux marins sur leur carrière. Le cursus brevet élémentaire (BE), brevet d’aptitude technique (BAT), brevet supérieur (BS) et brevet de maîtrise (BM) est un repère structurant de la carrière : ces piliers sont indispensables. – J’ai demandé une mise à jour de

la note sur les cursus de carrière des officiers. J’ai bien conscience que mon discours vers les officiers a besoin d’être simplifié et charpenté comme il l’a été pour les élèves sortis de Maistrance et pour l’équipage, notamment en ce qui concerne la deuxième partie de carrière. – L’inscription de titres permettant une validation des acquis de l’expérience (VAE) de niveau bac +5 pour les officiers, qui m’avait été demandée lors d’une précédente Tournée des ports, aboutira fin 2015 et début 2016. C’est une belle avancée. – La gestion des personnels civils connaît une réforme profonde, car elle est centralisée depuis le 1er janvier 2015 par la DRH-MD ; la Marine est désormais l’employeur de ces agents qui sont indispensables à son bon fonctionnement, notamment dans le maintien en condition opérationnelle.

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précis dans chaque grade. L’augmentation des limites d’âge de deux ans a également créé un ralentissement. Toutefois, les effets de cette réforme devraient s’estomper d’ici 2 à 3 ans. Côté rémunération, la mise en œuvre de la dernière tranche du nouvel espace statutaire (NES B) est attendue pour le 1er décembre. La revalorisation des indices de solde les plus bas pour suivre le SMIC est actée. Enfin, concernant Louvois, la situation reste maîtrisée, grâce au travail remarquable des équipes de la chaîne RH solde : centre d’expertise des ressources humaines (CERH), service administration du personnel (SAP), bureau d’administration des ressources humaines (BARH), délégués et correspondants administratifs. Je resterai très vigilant dans ce domaine, jusqu’à la mise en service d’un nouveau calculateur de solde.

Le recrutement externe comme interne représente un enjeu crucial de la manœuvre RH, quels sont les moyens mis en œuvre ? Nos équipages ont un impératif de jeunesse, en raison des exigences de notre métier. Ainsi, chaque année, 3 000 marins anciens quittent la Marine et 3 000 jeunes marins la rejoignent. Les campagnes de recrutement dans les

médias, comme celle lancée au mois de janvier, sont absolument nécessaires pour atteindre nos objectifs ; elles doivent être accompagnées par les marins, qui sont nos meilleurs recruteurs lorsqu’ils parlent de leur métier. Le réseau des centres d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA) constitue la cheville ouvrière de ce processus.

Nous avons également des besoins en recrutement interne, notamment des officiers mariniers atomiciens (ATO) destinés aux forces sous-marines et à l’armement du porte-avions. La Marine est le deuxième exploitant nucléaire européen. Auparavant, nous avions un vivier de 4 500 candidats mécaniciens et électriciens susceptibles de suivre la formation d’atomicien ; aujourd’hui, ce nombre est de 2 500. Parmi les solutions, je souhaite ouvrir le recrutement aux candidats de toutes les spécialités possédant le bagage scientifique suffisant. L’avancement et la rémunération sont deux grands sujets de préoccupation. Quelles sont les perspectives dans ces deux domaines ? L’avancement répond en premier à des besoins de gestion et je dois respecter un contingentement

Quelles seront les grandes orientations de la DPMM pour les mois à venir ? Aujourd’hui, chaque marin compte. Je souhaite améliorer la qualité de l’accompagnement de proximité du marin. La remise en ligne du guide du capitaine de compagnie, la refonte du portail RH tourné vers le marin et la réforme des AGE vont dans ce sens ; elles doivent être accompagnées par une implication forte du commandement et des cadres. La première étape du coffre-fort électronique devrait être mise en place en 2016, offrant sur internet la consultation des bulletins de solde et des éléments du compte individuel de retraite. Enfin, la DPMM va bientôt déménager vers Tours, Balard et Vincennes. Mon objectif est de maintenir la qualité de service aux marins dans cette nouvelle configuration.

Info Pour plus d’informations sur la Tournée des ports 2015, retrouvez la présentation et l’ensemble des questions/réponses sur le portail RH (rubrique actualités).

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portrait

Maître Antoine J.

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Détecteur navigateur

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Son parcours

Meilleur souvenir

Septembre 2003 : entrée à l’École d’initiation au pilotage de Lanvéoc-Poulmic. Janvier 2006 : École de maistrance. 2007 : incorporation à la flottille 23F. Juin 2008 : ralliement d’un détachement au Sénégal. 2011 : déploiement dans le cadre de l’opération Harmattan en Libye. Mai 2012 : passage de la mention « radariste ». 2013 : déploiement au Mali/opération Serval.

Première chasse au sous-marin En avril 2007, j’effectuais l’un de mes premiers vols sur Atlantique 2 (ATL2) au sein de la 23F. Nous survolions l’Atlantique au large de Brest lorsque nous sommes passés au-dessus d’un sousmarin. S’est alors engagé un jeu du « chat et de la souris » : il s’agissait pour nous, détecteurs, de suivre sa trace qu’il soit immergé ou bien en surface. J’ai ressenti à ce moment-là l’exaltation d’occuper mon poste et le poids des responsabilités des marins chargés de la lutte anti-sous-marine, spécialité d’un équipage d’ATL2.

portrait

Focus

Réforme des métiers du personnel navigant tacticien

C

’est animé par le rêve d’être un jour pilote qu’Antoine J. s’est engagé dans la Marine. Il intègre initialement la formation d’élève-officier pilote de l’aéronautique navale (EOPAN) à l’École d’initiation au pilotage de Lanvéoc-Poulmic, avant de se réorienter vers la spécialité de détecteur navigateur aérien (DENAE). Il suit alors une formation de six mois à l’École du personnel volant en septembre 2006. À l’issue, il rejoint la flottille 23F à Lann-Bihoué. Lors de sa première année, il est déployé au sein d’un détachement au Sénégal comme opérateur navigateur sur ATL2. Une année est nécessaire pour former un équipage de patrouille maritime constitué sur ATL2. En tant qu’opérateur navigateur, le rôle d’Antoine J. est alors d’offrir une aide au tacticien en lui donnant des informations complémentaires. C’est grâce à ce travail d’équipe et à ce « crosscheck » d’informations que les multiples missions de l’ATL2 sont menées à bien. En avril 2009, son équipage est déclaré pleinement opérationnel et effectue son premier vol de secours maritime auprès d’un bateau de plaisance en perdition en Méditer-

ranée. Ayant obtenu sa mention « navigateur », Antoine J. se forme à l’utilisation du radar. « Il s’agit alors de guetter le moindre petit écho en mer ou encore le périscope d’un sous-marin qui remonterait à la surface. » En mai 2012, il obtient la mention « radariste ». En 2011, il est engagé dans l’opération Harmattan en Libye, une opération qui l’a beaucoup marqué. Sa mission consiste alors à assurer la sécurité des avions contre les diverses menaces au sol. « Cela a été une longue opération, qui a nécessité plusieurs relèves des équipages, ainsi que des avions. Nous étions en effet en vol 24 h sur 24 au-dessus du théâtre. » Un an après, c’est à nouveau sur le territoire africain que le maître J. est déployé dans le cadre de l’opération Serval au Mali. Pendant plusieurs mois, les équipages des ATL2 se sont relayés sans relâche au-dessus du territoire malien, permettant ainsi le guidage des avions de chasse et des hélicoptères de combat engagés contre les groupes armés terroristes. ASP PAGUIEL KOHLER

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plusieurs mois, à l’issue de laquelle ils intègrent une flottille de combat de patrouille et de surveillance maritime ou d’hélicoptères embarqués. Les parcours professionnels les conduisent sur tout type d’avion ou d’hélicoptère de la composante.

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L

’arrivée d’aéronefs modernes, de plus en plus complexes, comme le Caïman Marine, le Panther Standard 2, l’Atlantique 2 (ATL2) rénové a conduit à une révision des parcours professionnels et des formations du personnel navigant tactique (PNTAC). Les deux spécialités détecteur navigateur aérien (DENAE) et électronicien de bord (ELBOR) ont été rénovées et les branches érigées en spécialités : opérateur chargé de la navigation et de la détection radar (DENAE), opérateur spécialisé dans la guerre acoustique (DASBO), opérateur spécialisé dans la guerre électronique et les transmissions (GETBO) et opérateur spécialisé dans la lutte anti-sous-marine et antisurface sur hélicoptère (HELAE). Désormais, l’École du personnel volant (EPV) est accessible après l’École de maistrance. Les élèves suivent alors une formation de

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En 1980, un stage sur les équipements de survie et de sauvetage au profit du personnel navigant de l’aéronautique navale est mis en place à Saint-Raphaël. Depuis 20 ans, le Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (CESSAN), implanté sur la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic, a pris le relais. Si la majorité des stagiaires sont des marins, le CESSAN met son savoir-faire à la disposition des autres armées, françaises et étrangères, et de différents organismes étatiques. Chaque année, près de 1 200 stagiaires sont accueillis par une équipe de 15 personnes, dont 7 plongeurs, pour y être formés ou pour renouveler leur aptitude. De la réussite de ce stage dépend l’obtention de leur brevet. Immersion au CESSAN, avec les élèves-officiers pilotes de l’aéronautique navale (EOPAN). PAR L’EV1 VIRGINIE DUMESNIL

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En stage au CESSAN

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1 Avant de suivre des modules pratiques dans le bassin de 1 500 m3, les stagiaires débutent par la théorie et les grands principes de la survie en mer et en milieu hostile. Un médecin leur présente les principaux phénomènes physiologiques et physiques affectant la survie.

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2 Véritable reproduction d’une cabine d’aéronef, le simulateur s’adapte à chaque type d’avions ou d’hélicoptères grâce à ses éléments modulables : portes et équipements intérieurs. Surnommé « la gloutte », il permet de simuler un crash en mer, puis l’immersion d’un aéronef. Les stagiaires s’y entraînent en ambiance de jour, crépusculaire ou de nuit (en portant des lunettes opaques).

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3 Avant tout exercice, les moniteurs expliquent aux stagiaires les gestes et comportements à adopter. Un débriefing a lieu après chaque phase d’entraînement pour

aider les stagiaires à progresser. 4 Essentielle, la phase de survie en mer place les stagiaires en conditions réelles. Mis à l’eau, ils rejoignent leur canot de sauvetage collectif pour des exercices avec un moniteur, avant d’être hélitreuillés par un Caïman. Dans la semaine, cet entraînement sera reconduit de nuit et avec un canot individuel. 5 Les plongeurs accompagnent en permanence les stagiaires pour assurer leur sécurité. Ils sont soutenus par les embarcations du CESSAN (deux Zodiac et bientôt un nouveau Zeppelin plus adapté), ainsi que par une chaloupe de l’École navale, qui sera remplacée fin 2016 par l’embarcation d’instruction à l’hélitreuillage (EIH) spécialement conçue pour ce type de manœuvres.

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2 1 Après chaque activité, le personnel de l’atelier remet en condition tous les gilets, canots et combinaisons utilisés lors du stage et remplit les bouteilles de CO 2 . Un travail essentiel qui nécessite beaucoup de précision !

2 Pendant que deux stagiaires passent l’épreuve d’une cabine retournée, les autres, pour se mettre en condition, répètent les gestes enseignés. Devenus des automatismes, ils leur permettront, en cas de crash, de s’extraire d’un aéronef immergé.

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3 Les stagiaires sont également formés à l’utilisation d’un équipement respiratoire subaquatique (ERSA). Accoutumance et techniques de la respiration sous l’eau réclament toute leur motivation. Les encouragements de leurs camarades sont nécessaires pour réussir ces épreuves pas toujours agréables ! 4 Sur les conseils des moniteurs, les stagiaires apprennent à retourner leur « Dinghy » et à se protéger des intempéries. En cas de besoin, à l’abri dans ce canot individuel de survie, ils économiseront leurs forces et gagneront ainsi de précieuses minutes jusqu’à l’arrivée des secours.

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5 Après s’être initiés à l’utilisation de l’ERSA, les stagiaires doivent réaliser un parcours aquatique avec l’appareil. Attachés à une chaise puis retournés, ils doivent se détacher et progresser dans un environnement restreint.

6 Une fois les techniques d’arrivée à l’eau sous parachute acquises, les stagiaires s’exercent à se sortir d’une voile dont ils seraient pris au piège. Ils doivent pour cela utiliser les bons gestes afin de se libérer sans s’emmêler dans les suspentes.

7 Pour assurer la sécurité des stagiaires, les techniciens du CESSAN vérifient et entretiennent, toutes les semaines, l’ensemble des installations et en particulier « la gloutte ». La rénovation des simulateurs à câbles (arrivée à l’eau, treuillage, traînage) prévue cette année permettra d’améliorer l’efficacité et le réalisme des entraînements.

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histoire

La flottille du Niger

Les marins à la conquête de Tombouctou (1884-1893) Alors que, dans la seconde moitié du XIXe siècle, la colonisation de l’Afrique progresse jusqu’aux régions les plus enclavées du continent, les marins continuent d’apporter un savoir-faire précieux sur les voies naturelles d’accès que constituent les grands fleuves africains.

A

insi, en Afrique occidentale, l’axe de progression défini par le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal (1854-1861 et 1863-1865), consiste à passer du bassin du fleuve Sénégal à celui du Niger, soit une rupture de charge de 350 kilomètres entre le dernier poste français et Bamako. En 1863, une première reconnaissance dans cette direction effectuée par le lieutenant de vaisseau Eugène Mage lui permet de tracer le plan d’action de ses successeurs : « Si la France veut intervenir d’une manière efficace dans la politique du Soudan(1), il n’y a, suivant moi, qu’un moyen sérieux, c’est de remonter le Niger avec des bâtiments. » Ce projet va susciter bien des vocations chez les marins quand reprend, à la fin des années 1870, le mouvement d’unification des possessions françaises d’Afrique occidentale. Le 1er février 1883, la prise de Bamako permet l’établissement d’une flottille permanente sur le Niger. Sa mission : la reconnaissance et la pacification des régions riveraines jusqu’à Tombouctou, la « perle du désert » bénéficiant, depuis le Moyen Âge, d’une aura mystérieuse. UNE AVENTURE LOGISTIQUE

La constitution d’une telle force à mille kilomètres de l’arsenal de Dakar est, en soi, une aventure logistique. En 1884, une petite canonnière démontable baptisée Niger est transportée jusqu’à Bamako. Mais elle peine à dépasser les 5 nœuds et il faut l’installer dans un mouillage en aval de Bamako, au-delà des rapides. La navigation est d’autant plus difficile qu’elle dépend entièrement des maigres ressources en bois du pays, faute de charbon, ainsi que de la crue du fleuve. Grâce à cette première expé-

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rience, les années suivantes sont consacrées au renforcement de la flottille et à la reconnaissance du pays. Ainsi, en 1886-1887, le lieutenant de vaisseau Émile Caron transporte à Bamako la machine d’une nouvelle canonnière à construire sur place, le Mage. Mais celle-ci ne donne pas satisfaction, malgré l’exploit technique que représente cette construction. Le LV Caron poursuit donc l’exploration du fleuve avec le Niger et atteint pour la première fois Korioumé, un village qui sert de port fluvial à Tombouctou. Cette mission est riche de renseignements diplomatiques et permet également de lever une carte du fleuve au 1/500 000e. En 1888, le lieutenant de vaisseau Davoust arrive à Bamako avec une nouvelle canonnière Mage, à coque de fer, et fonde l’arsenal définitif de la flottille, à Koulikoro. Épuisé par ses efforts, il meurt l’année suivante, laissant à ses successeurs une flottille opérationnelle dont l’activité peut prendre une tournure plus militaire. LE TEMPS DES EXPÉDITIONS

C’est d’autant plus nécessaire qu’une nouvelle expédition jusqu’à Korioumé, menée par le lieutenant de vaisseau Jean-Gilbert Jaime, éprouve un « raidissement » du pays face à la présence française, qu’il s’agisse des monarques indigènes ou des bandes touarègues hostiles. L’année suivante, l’enseigne de vaisseau Émile Hourst pacifie le haut Niger avec ses canonnières, puis participe à la prise de Ségou à la tête d’une flottille de pirogues. C’est dans ce contexte d’exacerbation de la course à la colonisation sur le point de s’achever qu’une fièvre de gloire saisit des officiers impatients d’associer leur nom aux dernières conquêtes de l’Empire. Le lieute-

nant de vaisseau Henri Boiteux, nommé au commandement de la flottille du Niger en 1892, fait partie des « têtes brûlées » que les écrits de Caron et Jaime ont habituées à considérer que la conquête de Tombouctou revenait de droit aux marins. À L’ABORDAGE… DE TOMBOUCTOU

À la fin du mois de novembre 1893, Boiteux appareille donc avec le Mage et le Niger, bien décidé à ne pas rester aux portes de la ville sainte. Profitant d’une crue exceptionnelle, il peut emprunter un marigot qui l’amène à portée de canons de la ville. Celle-ci est alors assiégée par les Touaregs, et l’arrivée des Français est sans doute vue comme un moindre mal : le 15 décembre 1893, les notables de Tombouctou signent un traité plaçant leur ville sous autorité française. Autorité encore précaire puisque les marins français sont soumis à forte pression. Ainsi, le 28 décembre, l’enseigne de vaisseau Aube, le second maître Le Dantec et quinze matelots indigènes sont tués dans une embuscade.

Dates clés • 1863 : publication, par le général Faidherbe, d’un plan de conquête du Soudan. Expédition du LV Eugène Mage et du médecin de Marine Quintier vers le fleuve Niger. • 1er février 1883 : conquête de Bamako par le LCL Gustave Borgnis-Desbordes. La flottille du Niger est créée en 1884. • 1886-1887 et 1888-1889 : expéditions successives du LV Émile Caron et du LV Jean-Gilbert Jaime sur le Niger. Les marins rêvent d’être les premiers à Tombouctou. • 1892-1893 : le LCL Louis Archinard est gouverneur du Niger. Il planifie la conquête de Tombouctou avant d’être destitué et remplacé, à titre temporaire, par son adjoint, le LCL Bonnier. • 15 décembre 1893 : prise de Tombouctou par le LV Boiteux, commandant de la flottille du Niger. Combats répétés conte les Touaregs qui encerclent la ville. • 1895 : création du gouvernement général de l’Afrique occidentale française (AOF). Le Sahara devient alors le dernier horizon de l’expansion coloniale française.

© DR, MONTAGE : PAUL SÉNARD/MN

histoire

Obligé de défendre à la fois la ville et sa flottille avec des moyens dérisoires, Boiteux s’astreint à des sorties quotidiennes appuyées par des tirs de 37 mm. Enfin, le 4 janvier, le décrochage des tribus touarègues se confirme et, le 10, la colonne de renforts du lieutenant-colonel Bonnier rallie Tombouctou. La « prise à l’abordage » de Tombouctou n’en a pas moins un goût amer pour les marins

du Niger et particulièrement pour leur chef qui doit se défendre de l’accusation d’insubordination et subir les critiques de la presse métropolitaine. Car cette victoire contestée survient au moment précis où l’administration des colonies s’émancipe de la rue Royale pour devenir un ministère distinct, marquant la fin de l’aventure coloniale. Les militaires explorateurs, diplomates et

conquérants passent donc la relève aux administrateurs. Le 1er juin 1895, la flottille du Niger est définitivement supprimée. 1. On nomme alors Soudan, ou « Soudan français », la région de la boucle du Moyen Niger correspondant à l’actuel Mali. DOMINIQUE GUILLEMIN, chargé de recherche au service historique de la Défense, est responsable du projet Marine OPEX consacré à l’histoire des opérations extérieures de la Marine.

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loisirs Musique

Livres

Cinéma

Expos

Vies d’espion Ultime œuvre

Spectacle

CLAIRE BEAUJOUAN

le saviezvous ? Garde-meubles royal

« L’ESPION AUX PIEDS PALMÉS » S’EST ÉTEINT LE 20 AVRIL DERNIER À L’ÂGE DE 92 ANS. FIGURE LÉGENDAIRE, PÈRE FONDATEUR DES NAGEURS DE COMBAT, BOB MALOUBIER ÉTAIT SANS CONTESTE L’ESPION FRANÇAIS LE PLUS CÉLÈBRE. Dans son dixième et ultime ouvrage, il reconstitue pièce par pièce le puzzle « Dansey ». Un jour « Colonel Z », un autre « Oncle Claude », Sir Claude Edward Majory Banks Dansey est l’un des plus méconnus et des plus mystérieux maîtres-espions britanniques du XXe siècle. Engagé par le Secret Intelligence Service, il mène en bateau des années durant les services secrets adverses comme alliés. Ses traces, Dansey les efface, même au-delà de la mort. S’appuyant sur des récits de témoins directs et de nombreuses anecdotes, Bob Maloubier retrace dans cet ouvrage le parcours complexe mais fascinant de « Dansey la chaussette ». Un récit captivant, un style alerte, à lire d’une traite ! La Vie secrète de Sir Dansey maître-espion, de Bob Maloubier, éditions Albin Michel, 19,90€.

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C’est la vocation initiale de l’Hôtel de la Marine. Il est construit entre 1757 et 1774 selon les plans de Jacques Ange Gabriel, premier architecte de Louis XV. Gabriel s’était vu confier une vaste opération d’aménagement de l’esplanade séparant les Champs-Élysées du jardin des Tuileries (aujourd’hui, place de la Concorde). Le bâtiment était destiné à accueillir les meubles, tapisseries, luminaires, bronzes, bijoux, armes et autres objets précieux des collections de la Couronne. Soigneusement entretenus et restaurés par Pierre-Élisabeth de Fontanieu, puis, à partir de 1784, par son successeur Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray, les objets étaient répartis en plusieurs galeries et salons. À cette époque, le lieu était régulièrement ouvert au public et s’apparentait davantage à un musée. Après le retour forcé de la famille royale à Paris en 1789, le ministre de la Marine s’installa au Garde-meubles, qui changera de fonction en 1806 pour devenir l’Hôtel de la Marine. Les marins, quant à eux, y resteront… jusqu’en 2015 ! D’après l’ouvrage Les œuvres vives de la rue Royale.

Encre marine De Bénodet à Roscoff Les peintres officiels de la Marine (POM) Jean-Pierre Arcile, Michel Bellion, Michel Bernard, Patrick Camus, Pierre Courtois, Christoff Debusschère, Michel King, Jean-Pierre Le Bras, Jean Lemonnier, Jean Le Merdy, Guy L’Hostis, Ronan Olier, Christiane Rosset, Jacques Rohaut, Anne Smith présentent leurs œuvres sur le thème « Faune maritime et flore de bord de mer » jusqu’au 30 septembre à Bénodet. Exposition du 9 mai au 30 septembre, Musée du bord de mer, Bénodet (29).

Chaque année, les POM choisissent un port où, quelques jours durant, ils travaillent ensemble sur le motif, afin de comparer les résultats de leurs inspirations respectives. Cette année, 17 d’entre eux ont posé leurs chevalets à Roscoff mi-mai. Leurs toiles seront exposées cet été. Exposition du 3 juillet au 30 août, Abri du canot de sauvetage, quai d’Auxerre à Roscoff (29).

loisirs

Tranches de vie Le porte-avions sur le vif APRÈS LE BÂTIMENT DE PROJECTION ET DE COMMANDEMENT MISTRAL EN 2013, CARL SPRIET NOUS EMMÈNE CETTE FOIS AU CŒUR DU CHARLES DE GAULLE. L’illustrateur a embarqué quelques semaines en novembre dernier aux côtés des 2 000 marins du porte-avions. Ses dessins croqués sur le vif restituent les gestes, les attitudes, le quotidien de ces hommes et femmes qui font fonctionner ce navire de combat. Appareillage, manœuvres aviation sur le pont d’envol, séquences en passerelle ou au central opérations, ravitaillements à la mer, moments de détente au carré, appel… En instantané, chaque action qui rythme la vie à bord est immortalisée. Le lecteur devient ainsi à son tour un spectateur privilégié de cette agitation maîtrisée. L’immersion est totale ! Ce bel ouvrage est aussi un acte solidaire puisqu’il est vendu au profitde l’association pour le développement des œuvres sociales de la Marine (ADOSM). Le Charles de Gaulle, de Carl Spriet, éditions ADOSM, 208 pages. Prix public : 38 € / Tarif spécial pour les marins.

Salon du Bourget 2015 Les marins du ciel au rendez-vous

Carnet de recettes à bord Navigation gourmande

Du 15 au 21 juin, le salon international de l’aéronautique et de l’espace 2015 se déroulera au Bourget. Plus de 100 nations réparties en 290 délégations officielles, 3 000 journalistes, ainsi que 140 000 visiteurs professionnels sont attendus. Les marins du ciel vous donnent rendez-vous sur le stand du ministère de la Défense où ils présenteront leurs métiers et leurs missions. Un hélicoptère Caïman Marine sera à l’honneur dans sa version anti-sous-marine. Un Rafale Marine sera également présenté sur le stand de Dassault aviation, son constructeur.

Bien manger à bord d’un voilier… une mission impossible ? Nathalie Bourgougnon et JeanJacques Durand relèvent le défi et dévoilent dans ce petit livre 50 recettes adaptées à la cuisine à bord. Au fil de 6 escales de Pornic à Groix, ils nous embarquent et nous invitent à leur (bonne) table. Tapenade d’algues, risotto aux moules de Groix, agneau de pré-salé de l’île d’Yeu, pavlova de la sirène sont au menu ! Des recettes à tester aussi à terre. La cuisine des marins. Carnet de recettes à bord, de Nathalie Bourgougnon et Jean-Jacques Durand, éditions îles majuscules, 10 €. 1 livre acheté = 1 euro reversé à la SNSM.

Parc des expositions Paris-Le Bourget. Le salon est ouvert au grand public du 19 au 21 juin. Billet salon 1 journée plein tarif : 14 €. Gratuit pour les moins de 7 ans.

Voyage littéraire Là-bas, au loin, si loin… Jean Raspail nous propose avec cet ouvrage de lire ou relire cinq de ses chefs-d’œuvre : Le Jeu du roi ; Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie ; Qui se souvient des hommes… ; Septentrion ; Sept cavaliers… L’écrivain de marine y dévoile aussi un roman inédit et inachevé : La Miséricorde. En tout, près de 1 200 pages de voyage dans l’univers si particulier de Jean Raspail… Un rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs de celui que Sylvain Tesson appelle dans sa préface le « serviteur des ruines » ! Là-bas, au loin, si loin…, de Jean Raspail, éditions Robert Laffont, 30 €.

Les objets témoignent Le passé sorti de l’eau Jusqu’au 15 novembre 2015, 35 objets retrouvés dans l’épave du Titanic complètent l’exposition permanente « Titanic, retour à Cherbourg » à la Cité de la Mer. Vaisselle de 1re, 2e et 3e classes, chaussettes en soie blanche, porte-bonheur, dentifrice… nous laissent imaginer la vie des passagers, riches voyageurs ou émigrants à la recherche d’une vie meilleure. Exposition « Des objets du Titanic nous racontent … », Cité de la Mer, Cherbourg.

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loisirs

Labyrinthe Aidez le quartier-maître à retrouver son bâtiment en trouvant la solution du labyrinthe. BULLETIN DE LA FAMMAC

La mer c’est vital pour la France

Lien entre les marins, la FAMMAC regroupe des associations d’anciens marins de nos 3 marines : nationale, commerce et pêche. La FAMMAC publie chaque trimestre la revue Sillages qui fournit, sous une forme facilement accessible, des informations sur tous OHVVHFWHXUVGXPRQGHPDULWLPHHWGHVQRXYHOOHVGHVDPLFDOHVDI¿OLpHVjODIpGpUDWLRQ

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Tarif spécial *

France métropolitaine Dom-Com

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24,00 € 41,00 €

46,00 € 81,00 €

(*) Le tarif spécial est conditionné par l’envoi d’un justificatif par le bénéficiaire. Il est réservé aux amicalistes, réservistes, jeunes de moins de 25 ans ainsi qu’aux personnels civils et militaires de la défense, aux mairies et correspondants défense.

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