Franck Annese se raconte

compliqués et de nombreuses personnalités les ont « envoyés bouler » lorsqu'ils frappaient aux portes pour donner des interviews. Sur quoi repose le modèle ...
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Franck Annese se raconte Patron de So Press, Sovage, Allso et Vietnam, nous avons eu le plaisir de rencontrer Franck Annese à l’occasion d’un petit déjeuner dans les locaux de Zeens. A l’occasion de ce petit-déjeuner, ce patron pas comme les autres, nous raconte son quotidien, sa réussite et sa vision de la presse actuelle et de la presse à venir. Comment se fait-il que So Press soit un succès quand nous savons que l’industrie du média papier est en déclin ? Ne pas suivre les règles semble être la clé de la réussite de So Press.

Retour sur la carrière de Franck Annese. Passionné de média depuis très longtemps, il a créé son premier magazine Sofa, un magazine de critique culturelle pendant ses études à l’ESSEC. Franck Annese nous explique la raison de l’échec de ce dernier par son âge et la fierté puérile liée à sa jeunesse tout autant que par les frictions quotidiennes entre lui et ses potes avec lesquels il avait créé ce projet. Il reconnaît aujourd’hui que Sofa était de « l’anti-ce qu’il fait maintenant », chaque co-créateur du magazine était chef ce qui résultait en une palette de tons très différents. Franck Annese a également à son passif la création d’une radio et d’un festival de musique qui, selon lui, était plutôt populaire à l’époque. Toutes ces activités l’ont menées à ce jour où il est devenu patron de So Press, une société d’édition de magazines, Sovage, une société de production publicitaire, Allso, une société de production de contenus et Vietnam, un label de musique. A travers So Press sont édités So foot, Doolittle, Pédale !, Society qui est un magazine d’actualité, So film. Plein de surprises, nous avons également appris qu’il écrivait des sketchs pour des comiques. Process de création de So Press ? Après avoir appris que son rêve d’enfant était de devenir footballeur professionnel, nous lui demandons ce qui l’a poussé à devenir le patron de médias en vogue, question à laquelle il répond : « je n’ai jamais eu de stratégie, je vis au jour le jour ». Dès son premier magazine, le papier avait été choisi, ce qu’il explique par le fait que Sofa soit né lors du début d’internet. Il reconnaît également un côté prestigieux au support papier et plus adapté à la longueur des critiques parues dans le magazine. L’équipe actuelle de So Press a été formée « par des potes et de la famille uniquement » ce qui, selon lui, explique en partie le succès de So Press car « on est entre potes et on avance ensemble ce qui fonctionne très bien pour le moment et se ressent dans le ton des magazines ». Les débuts furent

compliqués et de nombreuses personnalités les ont « envoyés bouler » lorsqu’ils frappaient aux portes pour donner des interviews. Sur quoi repose le modèle de So Press ? So Press repose sur trois H (Humain, Humour, Histoire) que sont l’Histoire car oui, So Press sait et aime raconter des histoires, l’Humain car leur but est de faire ressortir la meilleure part d’humanité dans chacun des interviewés et l’Humour parce qu’ils rigolent de tout, même des choses dont ils ne devraient pas. En revanche, les scoops ne sont pas son fort. En guise de preuve, Franck nous explique qu’en juin 2015, Society avait publié un papier sur l’affaire de censure du documentaire sur le crédit mutuel par Bolloré et ce avant tout autre média. Le papier est passé sous silence et ce sera finalement mediapart, qui le raconte 3 mois plus tard, qui se verra attribué le scoop, son analyse étant que « le web est plus un média de scoop que le papier ». Quelle stratégie numérique ? Nous apprenons que So foot n’a pas été rentable pendant 9 ans, faisant perdre 30 000€ par mois à So Press. La stratégie fut donc de financer du web avec du papier. Franck Annese s’explique : « Je n’ai pas arrêté le site parce que beaucoup de gens comptaient là-dessus et je ne pouvais pas les laisser tomber ». En effet, l’humain est une priorité pour le patron de So Press. C’est pour cette raison qu’il ne fait que très peu appel à des pigistes extérieurs, ne voulant pas « diluer » le talent. Chez So Press, l’embauche se fait très tôt et ensuite le but est de les garder et ce en créant des sources de revenus. A quoi est due la réussite du média So Press ? La recette de la réussite d’un magazine selon Franck Annese repose entre autres sur la récurrence des publications. Sur Society, plus les magazines sont récurrents, plus les abonnements sont fréquents donc c’est un format qui marche plutôt bien. Le magazine sort tous les 15 jours. Selon lui, « Les hebdomadaires sont otages de l’actualité et ils se retrouvent donc forcément à faire de la critique de l’actualité ». Il reconnaitra quand même que l’hebdomadaire est économiquement plus rentable et plus facile à mettre en place. Le marché des magazines, toujours selon le patron de So Press est également mis à mal par le peu de nouveaux entrants sur ce dernier alors que ces mêmes nouveaux entrants pourraient booster les ventes pour les médias déjà présents. Les médias dans le futur ? Nous l’interrogeons ensuite sur sa vision du futur de So Press et des médias en règle générale. « Le digital n’est pas un modèle absurde mais je ne l’envisage pas. J’ai juste envie de faire des trucs cools avec mes potes, mais je ne prévois rien », nous explique-t-il Franck Annese. Il rajoute ne pas avoir d’attachement viscéral par rapport au papier mais que les histoires qu’ils racontent sont mieux sur papier, « tant que le papier est rentable je le continue ». En revanche, il ne se positionne pas sur le futur du média. Il nous révèle quand même que selon lui différents supports continueront à coexister. Il rajoute qu’il est contre la curation malgré que ce soit le modèle le plus rentable. Et après ? « On va produire notre premier long métrage prochainement » dont le tournage débutera en septembre.