Fabergé brise sa coquille

lignes par le Poinçon de Genève. nous prêtons une attention particulière à l'innovation dans le travail des matières, comme Fabergé l'a toujours fait. D'autant qu'avec Gemfields, nous avons accès à des pierres incroyables que nous abordons de manière différente, en témoigne la lady libertine et ses émeraudes brutes.
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Int e r vie w Aussi, Peter-Carl Fabergé, le fondateur, s’entourait de work masters, reconnus dans leur domaine, et c’est avec la même intention que nous avons fait appel à Jean-Marc Wiederrecht pour le projet de complication ou encore au bureau neuchâtelois de Sébastien Perret pour le design. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ? Il y a eu du fil à retordre ! Avant même que je n’arrive, un travail remarquable a été fait pour " nettoyer " la marque de certaines licences ( parfums, bijoux ). Puis il a fallu convaincre les fournisseurs de travailler avec nous. Personne n’aime les commandes de petits volumes, surtout pas les cadraniers. Quant à Jean-Marc Wiederrecht, j’ai obtenu un meeting à l’usure! Il a fini par m’accorder une entrevue d’une demi-heure … Pendant la rencontre son attitude a changé, le projet l’a conquis. Il a fallu tout mettre au point dans un délai record de 18 mois. Heureusement les équipes ont admirablement coopéré. Nous avons retenu notre souffle jusqu’à Bâle : si la renommée des maîtres horlogers avec qui nous collaborons a aidé à attiser la curiosité, c’est le bouche à oreille qui a achevé de remplir notre stand ! Nous avons été là où on ne nous attendait pas.

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Fabergé brise sa coquille Par Tiffany Cartier-Millon

A

près son rachat par le groupe Pallinghurst en 2007 suivi d’une fusion avec Gemfields en 2012, et un travail soigneux pour redonner à la marque son éclat historique, Fabergé prend de la voix dans le secteur horloger. Un coup de théâtre salué par le métier, et un challenge de taille, relevé par une jeune femme œuvrant jusqu’à lors dans les coulisses d’Audemars Piguet. Aurélie Picaud nous raconte son parcours de battante et parle de sa vision pour les collections horlogères Fabergé.

Comment avez-vous atterri chez Fabergé ? Cela commence par une interview avec un chasseur de tête qui me fait part du challenge. Il s’agit de mettre en place une stratégie pour développer les nouvelles gammes horlogères Fabergé. Jusque-là, c’est la firme allemande Mohr Time qui détient la licence et son contrat prend fin sous peu. Au fond, je ne suis pas convaincue de vouloir laisser un travail que j’aime, étant alors chef de produit au sein d’Audemars Piguet, mais je suis curieuse… De son coté, Sean Gilbertson ( maintenant CEO de Fabergé, ndlr ) semble rebuté par mon jeune âge lorsqu’il me reçoit.

Et les efforts ont payé … La Lady Compliquée Peacock a reçu le Prix de la Haute Mécanique pour Dame au GPHG en 2015. Quels sont les challenges pour l’avenir ? Nous souhaitons avoir des collections horlogères établies tout en continuant de jouer autour des complications. Au niveau horloger, nous préparons la certification de certaines lignes par le Poinçon de Genève. Nous prêtons une attention particulière à l’innovation dans le travail des matières, comme Fabergé l’a toujours fait. D’autant qu’avec Gemfields, nous avons accès à des pierres incroyables que nous abordons de manière différente, en témoigne la Lady Libertine et ses émeraudes brutes.

Vous avez attaqué sur plusieurs fronts en même temps. Quel segment vous porte ? Les montres haute horlogerie " concept " ou les collections plus abordables ? Avec une esthétique inspirée directement par les créations de la marque et un mouvement exclusif développé par Agenhor ( l’entreprise de Jean-Marc Wiederrecht ), la Peacock est rapidement devenue emblématique. Puis il y a eu la série limitée haute joaillerie et encore la ligne masculine Visionnaire I élaborée avec Renaud Papi. Il est encore un peu tôt pour savoir quels sont les best-sellers mais pour l’instant, nous nous démarquons grâce aux complications. Avez-vous un rêve en particulier ? Une collaboration, un projet ? Il y a beaucoup d’horlogers indépendants avec qui nous aimerions réaliser des choses. Difficile de les citer tous … Il y a par exemple Emmanuel Bouchet dont j’admire le travail. Avec le recul, que feriez-vous différemment ? On peut toujours faire mieux, c’est certain. La mission m’a poussée à m’installer à Londres et je suis souvent en déplacement, pour des événements entre autres. Si j’avais une baguette magique, je passerais plus de temps en Suisse avec l’équipe en place depuis quelques mois, mais aussi pour voir les fournisseurs et les journalistes.

Au-delà de toute attente, notre rencontre se termine dans l’enthousiasme  ! Les idées fusent et mon interlocuteur, détaché des conventions, décide d’écouter ses émotions et de parier sur l’avenir. Rapidement, je lance quatre projets de gammes, l’essentiel étant d’aborder les meilleurs fournisseurs pour chaque projet. Pourquoi faire des montres ? En quoi est-ce lié avec l’histoire de Fabergé ? Jusqu’à la révolution bolchévique en 1917, Fabergé a réalisé de très belles horloges. L’accent était souvent mis sur l’affichage: par exemple avec la Blue Serpent Clock Egg, l’heure est indiquée par un serpent. Les mouvements pouvaient provenir de Vacheron Constantin ou H. Moser & Cie entre autres. Nous avons aussi dans nos archives de nombreux dessins de montres femmes datant de l’époque des premières montresbracelets. Il y avait encore les automates … En réalité, Fabergé a toujours nourri une part de créativité mécanique. Cette interprétation du temps a sa place parmi les trois piliers de la marque : l’horlogerie, la joaillerie et les objets d’art.

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WINTER 2016

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