Le contexte exclusions à la Croix Rouge, « cela revient très cher de construire, car il y a trop de normes à respecter. »
Repenser le logement social Face aux loyers trop élevés, nombreux sont ceux qui demandent des logements sociaux. Pourtant, ce secteur connaît le même problème : il n’y en a pas assez. Normalement, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) de 2000 oblige les communes à avoir au minimum 25 % de logements sociaux, mais elle
« Ce qui redonne espoir, c’est que de nombreuses associations et quelques mouvements citoyens lancent des initiatives intéressantes », rassure Olivier Dupuy. Par exemple : monter des projets d’hébergement dans des endroits en attente de construction et donc inoccupés pour quelques années, aider les personnes à vivre en habitat participatif (des citoyens s’associent pour acquérir un logement)… Pour Frédérique Kaba, « il faut aussi que l'État et les collectivités territoriales s’appuient sur les habitants des quartiers populaires, ils ont des compétences et des idées ingénieuses ! »
◊ Texte : Pauline Hammé // Illustration : Sabrina Koëhl
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ette crise est à multiples tiroirs, elle a de nombreuses dimensions », prévient d’entrée Frédérique Kaba, directrice des Missions sociales à la Fondation Abbé Pierre. « D’abord, le coût d’un logement à louer ou à a cheter a explosé ces 15 dernières années, en particulier dans les zones tendues, comme
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à Paris, Toulouse ou encore Marseille. » Dans la plupart des grandes villes, il n’y a pas assez de logements décents disponibles par rapport aux personnes qui en ont besoin. Ce décalage entre l’offre et la demande fait monter les prix. Il faudrait produire 500 000 habitations supplémentaires 8 • août-septembre 2016
chaque année pour régler le problème, mais nous sommes loin de cet objectif. « Cela s'explique par le fait que le coût des matières premières et des terrains augmente. Sans compter que les aides à la construction diminuent», analyse Frédérique Kaba. Pour Olivier Dupuy, délégué national à la lutte contre les
Inventer ensemble Une autre solution est de transformer des logements privés en logements sociaux. « Ça va beaucoup plus vite et en plus ça coûte moins cher, résume René Dutrey, Secrétaire général du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées. Il existe environ 40 000 logements dans ce cas. Ils sont gérés par des associations. » Pour mettre ce dispositif en place, elles ont développé des principes d’intermédiation locative. Elles proposent à un propriétaire de louer son bien en dessous du prix du marché. En échange, il bénéficie d'une garantie du loyer et paye, moins d'impôts.
© Laurent Zylberman
Éric Pliez
© Jean-Baptiste Gurliat
En France, 15 millions de personnes sont touchées par la crise du logement. Résultat, trouver un habitat correct quand on a peu de ressources ressemble souvent à un parcours du combattant. Des experts expliquent les causes de ce problème.
Frédérique Kaba
© Croix Rouge
La crise du logement, état des lieux
est loin d’être respectée partout. « Trop d’élus et d’habitants en ont peur, car ils pensent que le logement social, c’est forcément des ghettos avec des grandes tours », regrette Éric Pliez, directeur de l'association Aurore. Pourtant, les choses changent. Certains promoteurs préfèrent faire des petits logements intégrés aux quartiers ou aux centres-villes. « Quand nous créons des résidences sociales ou des maisons relais dans des petits immeubles, ils s’intègrent dans le quartier sans aucun problème », constate Éric Pliez.
© Séb!Godefroy - FAP
L'une des solutions est de transformer des logements privés en logements sociaux.
Olivier Dupuy
René Dutrey
661 euros par mois C’est le montant dépensé en moyenne par les Français pour se loger en 2016, soit 5 % de plus que l'année dernière. Pour une personne sur quatre, le budget consacré au logement est supérieur au tiers de ses revenus. Chiffres de Sofinscope – Baromètre Opinion Way pour Sofinco
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