Dossier de presse Octobre 2011
Cancers du sein : l’Institut Curie au service des femmes
Fondation privée reconnue d’utilité publique, habilitée à recevoir des dons et legs
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Les cancers du sein, problème de santé majeur
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Répondre aux attentes de toutes les femmes Privilégier les traitements conservateurs Eviter au maximum les séquelles des traitements
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S’occuper des patientes sur tous les fronts
Cancers du sein : l’Institut Curie au service des femmes
Soutenir les femmes psychologiquement Conseiller sur le plan nutritionnel Aider les femmes à se reconstruire socialement Accompagner les femmes dans l’après-cancer La Maison des Patients® et des proches Gros plan sur... Répercussions du cancer sur la vie professionnelle
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A chaque étape de la vie, une réponse spécifique Les femmes jeunes Les femmes à risque Les femmes ménopausées Les femmes âgées
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L’espoir pour les femmes : une innovation médicale permanente et une recherche scientifique intensive De nouvelles méthodes diagnostiques Des traitements de plus en plus personnalisés Des cibles thérapeutiques pour les cancers agressifs Des risques de récidive identifiés grâce à la génétique L’épigénétique pour aller au-delà de la génétique
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Annexes
Les chiffres-clé •
1 femme sur 9 développera un cancer du sein
•
53 000 nouveaux cas de cancers du sein en France en 2011 (A)
•
11 300 décès par cancer du sein en France en 2009 (A)
•
5 à 10 % de formes héréditaires de cancers du sein
Des cancers du sein très différents Glossaire Références bibliographies Les spécialistes cités
CONTACTS PRESSE Catherine Goupillon-Senghor Tél. 01 56 24 55 23
Photothèque
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Céline Giustranti Tél. 01 56 24 55 24
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Inst In nst sstit iitut it ut Cur urie urie e
Les cancers du sein, problème de santé majeur C
ancer féminin le plus fréquent et deuxième cancer
Proposer toujours le traitement le mieux adapté et respectant au maximum les souhaits des patientes
dans l’ensemble de la population après celui de la
prostate, le cancer du sein est un problème majeur de
L’Institut Curie dispose des atouts indispensables pour combattre
santé publique. En 2011, 53 000 nouveaux cas de cancer
ce problème de santé majeur, et en fusionnant avec le Centre
. On estime ainsi
René Huguenin (Saint-Cloud) début 2010, est devenu l’un des plus
que 1 femme sur 9 développera un cancer du sein au cours
grands centres européens de prise en charge des cancers du sein.
de sa vie.
Ce renforcement des compétences va donner un nouvel élan à la
du sein ont été diagnostiqués en France
(A)1
Quelle évolution connaît la maladie ?
recherche clinique et à l’innovation thérapeutique au bénéfice des patientes. Par ailleurs, l’Institut Curie dispose des compétences
Entre 1980 et 2005, le nombre de cas de cancers du sein a
médicales et scientifiques pour développer d’ambitieux projets de
augmenté de 138 %. Cette forte augmentation s’explique en
recherche sur cette pathologie. Alliant recherche fondamentale et
partie par l’allongement de la durée de la vie et le dévelop-
recherche translationnelle*2, ces projets permettront d’accélérer
pement du dépistage. Certaines études pointent également
l’innovation diagnostique et thérapeutique.
du doigt l’évolution des facteurs de risques environnemen-
Plus de 55 % des patients pris en charge à l’Institut Curie viennent
taux ou comportementaux, comme l’âge au premier enfant
pour un cancer du sein. Chaque année, sur les sites de Paris
et l’utilisation de certains traitements hormonaux de la
et de Saint-Cloud, l’Institut Curie prend en charge près de
ménopause. Comme dans d’autres pays développés, cette
6 500 patientes, dont 3 200 nouvelles patientes, ce qui représente
progression s’est récemment arrêtée et depuis 2004, l’inci-
près d’un tiers des cas de cancers du sein en Ile-de-France.
dence semble même diminuer. Même si les changements
« Depuis toujours, l’Institut Curie participe à l’amélioration
d’habitudes vis-à-vis des traitements hormonaux sont
de la prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein,
souvent évoqués, un peu de recul sera nécessaire pour
de la mise au point de nouvelles stratégies diagnostiques et
réellement confirmer et comprendre cette diminution.
thérapeutiques à la poursuite des recherches pour faire progresser les connaissances sur cette pathologie. Ainsi 10 % des patientes prises en charge participent à des essais cliniques. » souligne le Dr Brigitte Sigal, directeur délégué à la sénologie 3[1].
1. Les références bibliographiques (A, B, C...) sont détaillées p. 23 2. Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dans le glossaire p. 22 3. Les titres et le rattachement des personnes citées [1, 2, 3...] sont détaillés p. 23
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Inst In nst sstit iitut it ut Cur urie urie e
Répondre aux attentes de toutes les femmes A
ujourd’hui grâce aux progrès de la recherche sur les
qui ne pouvaient pas en bénéficier auparavant : à chaque
cancers, un arsenal de traitements existe pour lutter
région mammaire correspond une technique spécifique(C).
efficacement contre les tumeurs du sein : chirurgie, radio-
A l’Institut Curie, la chirurgie oncoplastique est venue
thérapie, chimiothérapie*, hormonothérapie*, thérapie
logiquement compléter l’expertise sur les traitements
ciblée*, seule ou en association. Même s’il est encore par-
conservateurs.
fois difficile de parler de guérison, l’espérance et la qualité
Cependant, l’ablation complète du sein - mastectomie* est
de vie des personnes atteintes de cancer progressent. En
parfois nécessaire - en raison de la taille de la tumeur, de
France, 86 % des patientes ayant été atteintes d’un cancer
la présence de plusieurs foyers tumoraux ou de l’existence
du sein sont en vie 5 ans après le diagnostic(B).
de cellules tumorales disséminées dans le sein. Les chirur-
Privilégier les traitements conservateurs
giens enlèvent alors la glande mammaire dans sa totalité
Le traitement des cancers du sein repose, en première intention, sur la chirurgie. Quand le diagnostic est suffi-
Une étude française(D) qui a interrogé
samment précoce, l’acte chirurgical peut se limiter à une
181 femmes atteintes de cancer du sein
tumorectomie* : la tumeur est enlevée en préservant au
avant la mastectomie*, montre que quatre
maximum la glande mammaire.
femmes sur cinq optent pour la recons-
Une école « Curie » s’est développée : elle privilégie les trai-
truction (immédiate pour 83 % d’entre elles)
tements conservateurs chaque fois que cela est possible. En
versus un cinquième qui choisissent la
fonction de la localisation du cancer et du rapport entre la
mastectomie simple. Une étude australienne
masse tumorale et le volume du sein, les résultats esthé-
plus restreinte(E) identifie les facteurs qui
tiques après une chirurgie conservatrice peuvent varier.
orientent le choix de la reconstruction chez
Les chirurgiens sénologues anticipent donc la qualité des
les femmes. Ils concernent avant tout le
résultats par la connaissance des autres traitements et de
désir de « se sentir entière », puis l’évite-
leurs actions sur les cicatrices et le volume mammaire.
ment du recours aux prothèses externes,
Les techniques de chirurgie plastique en cancérologie
la possibilité de s’habiller plus normale-
se sont considérablement développées et permettent de
ment, le sentiment retrouvé de féminité.
réaliser des traitements conservateurs pour des patientes
4
en conservant si possible les muscles pectoraux pour permettre une reconstruction mammaire. Selon les cas, la
Entretien
reconstruction du sein peut se faire au moment de l’abla-
Limiter les effets secondaires des traitements
tion ou à distance. Les chirurgiens-plasticiens utilisent les différentes techniques de reconstruction (prothèse ou lambeau musculaire), le choix de la technique dépend de la
Dr Alain Fourquet [3] Chef du département de Radiothérapie
morphologie et des antécédents de chaque patiente, et se fait lors d’une consultation dédiée. Pour optimiser les chances de rémission, tout en anticipant au mieux les conséquences esthétiques de la chirurgie, les différents spécialistes (chirurgiens, radio-
Parmi les 53 000 nouveaux cas de ces cancers survenant
thérapeutes et chimiothérapeutes) évaluent conjointe-
annuellement en France, 86 % des patientes sont
ment les possibilités de traitements avant la chirurgie
désormais en vie cinq ans après le diagnostic (B). « Pour
pour optimiser la prise en charge et minimiser les
les tumeurs traitées à un stade précoce, le taux de rechute
séquelles. Une chimiothérapie peut ainsi être prescrite
locale à dix ans n’est plus que de 6 % alors qu’il atteignait
avant l’acte chirurgical - chimiothérapie néo-adjuvante* -
15 % il y a quinze ans. » précise le Dr Alain Fourquet.
pour réduire la taille de la tumeur et permettre un traite-
« Hier encore nous étions principalement préoccupés par
ment chirurgical conservateur.
la guérison des patientes. Avec l’amélioration du pronostic des cancers du sein, nous devons désormais prendre en
Eviter au maximum les séquelles des traitements
compte les séquelles à long terme des traitements pour améliorer encore la qualité de vie des patientes. »
La technique du ganglion sentinelle* — introduite à l’Institut
Certains effets secondaires des traitements apparaissent
Curie en 1997 et réalisée en routine depuis 2000 pour les
précocement après les traitements, dans les cinq
patientes ayant une tumeur de moins de 2 cm — permet
premières années, comme par exemple des troubles de la
4
d’éviter l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire
(F)
.
Grâce à un colorant bleu et à un traceur radioactif, le chirur-
concentration ou de la mémoire après une chimiothérapie. D’autres – beaucoup
gien peut durant l’intervention détecter le premier relais
plus rares – comme
ganglionnaire, le retirer et le faire analyser pour détecter la
les problèmes cardio-
présence de cellules tumorales dans le système lymphati-
vasculaires et les risques
que*. Si le ganglion n’est pas atteint, l’ablation de la chaîne
de cancers secondaires,
ganglionnaire est inutile et peut donc être évitée.
après radiothérapie et /ou
« Le principal intérêt pour la patiente est d’éviter la surve-
chimiothérapie, peuvent
nue d’un gros bras qui peut apparaître après l’ablation de
survenir beaucoup plus
5
la chaîne ganglionnaire » explique le Dr Séverine Alran .
longtemps après. « Le
« En outre, la technique du ganglion sentinelle permet de
suivi après les traitements
dépister des cellules tumorales circulantes et donc d’af-
doit donc faire partie
finer les traitements après la chirurgie. Cette technique
intégrante de la prise en
n’est possible que grâce au travail conjoint des chirurgiens,
charge et intégrer la vigilance à long terme. Mais il
des anatomopathologistes et des médecins nucléaires »
convient de garder un équilibre entre la limitation des
ajoute-t-elle.
effets secondaires et le traitement de la maladie. Car
Les chirurgiens étudient actuellement les possibilités
les cancers du sein restent des maladies graves. Et notre
[2]
4. La technique du ganglion sentinelle a été mise au point aux Etats-Unis, initialement dans les cancers de la verge et les mélanomes, puis appliquée aux cancers du sein par Krag (1993) et Giuliano (1994). 5. Cette technique de chirurgie permet une hospitalisation courte, peu de gêne post-opératoire et un risque minime de séquelles.
priorité doit être tout d’abord de stopper la maladie cancéreuse. » ajoute-t-il. 5
Dr Alain Fourquet. « Le Dr Youlia Kirova
[5]
mène à l’Institut
Curie des essais thérapeutiques, en collaboration avec l’équipe d’infirmiers de Francisco Arbones-Heredia Isabelle Fromantin
[7]
[6]
et
, pour tester l’efficacité de différents
traitements qui visent à réduire les réactions cutanées et améliorer la tolérance durant l’irradiation. » Ces dernières années, des travaux ont été menés pour mieux cerner et prévenir les risques à long terme des radiothérapies (voir entretien avec Alain Fourquet p. 5).
Parallèlement, les thérapies ciblées - dont la première a été le trastuzumab (Herceptin®)* - se multiplient. Des molécules bloquant la croissance tumorale ou la formad’étendre la technique du ganglion sentinelle à des
tion des vaisseaux qui l’alimentent sont commercialisées
tumeurs du sein plus volumineuses.
ou en cours d’essais. C’est notamment le cas des molécu-
La chirurgie est dans 70 % des cas couplée à la radiothé-
les (lapatinib ou Tyverb®, pertuzumab ou les inhibiteurs de
rapie, qui a pour but de détruire d’éventuelles cellules
mTOR) qui agissent sur la cascade de signalisation déclen-
[3]
tumorales résiduelles. Dirigé par le Dr Alain Fourquet ,
chée par le récepteur ciblé par trastuzumab (Herceptin®).
le département de Radiothérapie dispose d’un plateau très
Elles découlent toutes d’une meilleure connaissance de
complet composé des appareils les plus performants, ce
la cellule tumorale et de son développement au sein de
qui permet de proposer aux patientes la radiothérapie la
l’organisme. Nouvelle preuve s’il en faut de la nécessité de
plus appropriée et limitant au maximum les séquelles. La
poursuivre les recherches pour comprendre le développe-
radiothérapie fait partie du traitement conservateur des
ment et les spécificités de chaque type de cancer du sein.
cancers du sein.
Un observatoire a été mis en place dans le département de
Ces radiothérapies sur-mesure proposées à l’Institut
Radiothérapie de l’Institut Curie pour évaluer la tolérance
Curie sont basées sur l’anatomie de la patiente, son âge
d’une irradiation en association avec Herceptin® et le trai-
et les traitements déjà reçus.
tement angiogénique Avastin®.
Grâce au scanner, les oncologues radiothérapeutes reconstruisent en 3 dimensions le volume de la tumeur et des organes avoisinants. A partir de cette reconstitution, ils déterminent pour chaque patiente le meilleur moyen d’irradier le volume défini tout en épargnant au maximum les tissus voisins. « Ces techniques de radiothérapie, dites
conformationnelles, s’adaptent à la forme de la tumeur. Utilisées depuis plusieurs années à l’Institut Curie, elles permettent une irradiation plus précise et une meilleure préservation des tissus sains avoisinants. » explique le Dr Alain Fourquet. Une technique appelée décubitus latéral isocentrique (DLI), notamment développée par le Dr François Campana
[4]
,
a été spécialement conçue pour diminuer le risque d’irradiation pulmonaire et cardiaque. « Dans le même temps, nous n’oublions jamais la qualité
de vie des patientes pendant la radiothérapie » insiste le
6
Inst In nst sstit iitut it ut Cur urie urie e
S’occuper des patientes sur tous les fronts E
n complément de l’accompagnement traditionnel pro-
et la prévention de la douleur. Ainsi des séances d’hypnose
posé par les psychologues et psychiatres de l’Institut
sont proposées lors de la pose d’une chambre implantable
Curie (entretien individuel, de couple, ou de famille, prise en
(cathéter*) ou avant les séances de chimiothérapie. « Les
charge individuelle ou en groupe) dont le format est adapté
professionnels de santé sont aujourd’hui à la recherche
aux besoins de chaque patiente, les thérapies psycho-
d’approches complémentaires, tant pour apporter du bien-
corporelles ont pour objectif d’améliorer le confort des
être aux patients, que pour soulager certaines souffrances
patientes et de leur apporter un certain mieux-être. Les
causées par la maladie, ou prévenir certains effets secon-
approches psycho-corporelles se servent du corps comme médiation. Relaxation, sophrologie ou massages réalisés par des kinésithérapeutes ou des infirmières, autant de
TÉMOIGNAGE
moyens de soulager des problèmes spécifiques, de favori-
menée afin de déterminer si ces approches pouvaient
Aline, traitée pour un cancer du sein, a bénéficié de séances de sophrologie : « C’est comme une bouée pour ne pas couler »
améliorer la qualité de vie des patients » explique Fran-
Quand à l’hôpital de jour de l’Institut Curie on m’a proposé
ser la reprise des activités et la réappropriation du corps, indispensables au retour à une bonne qualité de vie. « Avant d’intégrer ces pratiques, une réflexion a été
çoise Sebestik , directrice des soins. « Ce n’est que dans
des séances de sophrologie, j’ai été enthousiaste !
un second temps qu’elles sont venues compléter la prise
Une grande chance car, quelques semaines après ma première
en charge, et, comme toutes les autres, elles sont évaluées
entrevue, j’ai eu un mauvais résultat de scanner cérébral.
[8]
Et quand « l’unité centrale » fait défaut, on perd pied.
régulièrement. » « Il ne s’agit pas de médecines alternatives, seulement
Subitement, je ne croyais plus en ce corps malade.
d’une aide supplémentaire et ponctuelle pour les patientes
J’étais coincée par les angoisses pour la première fois de
[9]
qui en ont besoin » précise le Dr Sylvie Dolbeault , chef du département Interdisciplinaire de soins de support.
ma vie. Réapprendre les choses essentielles de la vie, respirer calmement, sentir son corps, c’est ce que j’ai ressenti dès
Les indications prioritaires de ces soins complémentaires
la première séance de sophrologie, en solo face
sont les douleurs chroniques, la prévention et la réduction
à l’infirmière sophrologue.
des nausées et de l’insomnie, le soulagement de l’angoisse
7
daires des traitements, comme la fatigue ou les nausées, que les médicaments ne peuvent pas toujours juguler », explique Chantal Barré [10], infirmière sophrologue. Les approches psycho-corporelles sont une aide appréciable pour accompagner les patientes tout au long de leur maladie, en leur offrant la possibilité de gérer les troubles occasionnés par les traitements (anxiété, nausées, fatigue…) et en leur donnant la capacité de se sentir acteur de leurs prises en charge.
Soutenir les femmes psychologiquement Psychologues et psychiatres sont amenés à rencontrer des patients à leur demande ou sur indication de leur médecin
40 % des femmes ayant répondu à cette enquête estiment
référent, à différents moments du parcours de soins que
en effet que leur maladie ou leur traitement altèrent leur
ce soit en hospitalisation ou en ambulatoire. En parallèle,
vie sexuelle. Or, ces difficultés sont rarement, voire jamais,
l’unité a largement développé le soutien proposé aux proches
abordées lors du suivi médical, d’où la volonté de l’Institut
du patient, qu’il s’agisse du conjoint, des enfants, ou de la
Curie de former les médecins à cette problématique, mais
famille toute entière. Outre les approches individuelles,
aussi de travailler avec un réseau de sexologues afin d’aider
d’autres modalités d’intervention, notamment en groupe,
les patientes à mieux vivre les conséquences de la maladie
sont proposées. Ainsi, depuis 2000, la prise en compte des
dans ce domaine.
difficultés propres aux patientes atteintes de cancer du sein a abouti à la mise en place de groupes psycho-éduca-
Conseiller sur le plan nutritionnel
tionnels pour les patientes ayant récemment terminé leur
Les diététiciennes de l’Institut Curie conseillent les
traitement. Un nouveau groupe est actuellement proposé
patientes tout au long de leurs traitements qui peuvent
aux femmes jeunes, du fait de certaines problématiques
causer un amaigrissement ou au contraire une surcharge
qui leur sont spécifiques. En collaboration avec médecins
pondérale. Elles apportent leur expertise en évaluation
et soignants, les pycho-oncologues travaillent aussi à la
nutritionnelle et leur savoir-faire dans le suivi alimentaire
prise en compte des difficultés rencontrées par les fem-
adapté à chacune afin de préserver et/ou d’améliorer leur
mes dans l’intimité et la vie sexuelle du fait de la maladie
statut nutritionnel, d’effectuer une éducation nutrition-
et des traitements. C’est dans ce contexte que, grâce au
nelle et une prise en charge personnalisée. Le surpoids et
soutien de l’entreprise Simone Pérèle, une étude menée à
l’obésité, la consommation de boissons alcoolisées aug-
l’Institut Curie a permis d’identifier ces difficultés : plus de
mentent le risque de cancers du sein. Par contre, l’activité physique, surtout chez les femmes ménopausées, et la consommation de fruits et légumes à faible densité énergétique en diminueraient le risque. Le conseil diététique permet de concilier équilibre alimentaire, couverture des besoins nutritionnels, adaptation des habitudes alimentaires, aide à la vie quotidienne, prévention nutritionnelle et amélioration de la qualité de vie.
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Accompagner les femmes dans l’après-cancer Alors que l’espérance de vie et la qualité de vie des personnes atteintes de cancer progressent, l’accompagnement des malades doit désormais s’étendre à l’après-cancer et leur suivi à long terme s’organiser. Pour favoriser le passage entre la fin des traitements et le retour à la vie quotidienne - étape importante vers la guérison - l’Institut Curie propose depuis octobre 2009 aux patientes ayant terminé leur traitement une consultation d’entrée en surveillance. Lors de cette consultation, la
Aider les femmes à se reconstruire socialement
patiente prend connaissance du dispositif de suivi qui lui
La prise en charge des cancers a aussi des répercussions
L’organisation des rendez-vous, prévue sur une longue
sur la vie sociale : rupture socio-professionnelle, pertur-
période, les rassure, de même que le lien créé par le
bations de la vie familiale... Le service social de l’Institut
cahier de surveillance et les fiches de suivi. Les patien-
Curie intervient pour réduire le déséquilibre familial,
tes ont l’assurance, par l’intermédiaire de l’unité de
socio-professionnel et/ou économique lié à la maladie,
surveillance, de pouvoir reprendre rapidement un ren-
tout en favorisant la réinsertion des patientes. Les assis-
dez-vous en cas de problème médical. 596 patientes ont
tances sociales évaluent les difficultés sociales et les modi-
été reçues à l’unité de surveillance en un an.
fications de la vie quotidienne générées par la maladie et
Or, les expériences le montrent, préparer le plus tôt et le
conseillent ou orientent en conséquence.
mieux possible l’après traitement facilite la réinsertion
Elles soutiennent aussi les malades et leurs familles en
dans le milieu familial, social et professionnel.
est proposé, avec des rendez-vous qui auront lieu alternativement à l’hôpital et chez son médecin personnel.
mettant en œuvre les aides existantes afin de trouver l’adéquation entre les contraintes des traitements et le projet de vie des personnes. Elles proposent aussi des conférences sur le retour au travail afin d’anticiper les difficultés que les patientes pourront rencontrer (voir encadré p. 11 ).
9
La MAISON DES PATIENTS® et des proches, un premier pas vers l’après-cancer « Quand un patient pousse la porte, chacun est attentif
à lui laisser prendre sa place, à lui offrir un temps d’accueil, de convivialité et surtout une écoute attentive. Les patients et leurs familles se posent, en dehors des murs de l’hôpital, pour se faire entendre dans leurs besoins d’aide, leurs manques, leurs émotions » explique Monique Sevellec. La « maison » est centrée sur l’écoute du « prendre soin de soi ». Les activités proposées privilégient l’approLa Maison des Patients de l’Institut Curie à Saint-Cloud
che globale de la personne. Les ateliers « conseils »
est née d’un constat : les patients étaient en demande
autour d’un professionnel permettent de dédramatiser
d’un lieu où se reconstruire. La prise en charge des
les conséquences des traitements : comment choisir
patients ne se limite pas aux seuls traitements. Ils doi-
et donc vivre avec une perruque, acheter une prothèse
vent être entendus dans leur détresse, obtenir des répon-
mammaire, comment éviter d’avoir un lymphoedème
ses à leurs multiples questions (qui sont loin d’être toutes
(gros bras) et apprendre à se maquiller malgré la chute
médicales), qu’on leur accorde du temps et de l’attention,
des cils et des sourcils, soigner sa peau, rester belle…
pas seulement comme malade mais aussi comme per-
Au cours des ateliers « pratiques », les patients
sonne ayant une vie sociale, des émotions, des peurs…
découvrent le qi gong, le yoga, la sophrologie ou l’art-
Répondre à l’ensemble de leurs attentes nécessite sou-
thérapie, des techniques qui vont les aider à se récon-
vent beaucoup de temps et de disponibilité et fait appel
cilier avec leur corps et ses cicatrices, trouver une
à des compétences qui ne relèvent pas forcément de
sérénité. « L’instrument dont dispose les patients, leur
l’hôpital.
corps, a vécu des choses vraiment difficiles et je leur
« A la Maison des Patients, il n’est plus question de plan
propose de l’accorder tel un instrument de musique,
de traitement. Il s’agit d’une autre approche de la maladie,
en leur apprenant à organiser leur verticalité » expli-
de la personne : une façon de penser le corps différente
que Véronique, professeur de qi gong à la Maison des
qui s’inscrit dans une complémentarité de la pratique de
Patients.
soins. » précise Monique Sevellec
[11]
, psycho-sociologue
« On est dans un autre monde ici, le temps s’arrête et
et responsable du lieu.
les gens prennent le temps » raconte Nora, venue pour
La « maison », un espace à investir pour soi où des liens se tissent
sa 8e séance de sophrologie. Enjeu du 2e plan cancer, la prise en charge de l’après-
Rompre avec la solitude, partager ses émotions et ses
cancer doit pouvoir associer l’hôpital, des structures
expériences aident les patients pendant leur maladie et
intermédiaires comme la Maison des Patients et des
facilitent leur passage vers l’après-cancer. Passerelle
structures indépendantes telle la Cité de l’emploi. Car,
entre l’hôpital et le monde extérieur, la « maison » est
il convient de prendre en compte l’ensemble des consé-
une composante essentielle à la réussite du dispositif de
quences physiques, sociales et psychologiques indui-
réinsertion socio-professionnelle des patients.
tes par la maladie et ses traitements.
1010
GROS PLAN SUR...
Répercussions du cancer sur la vie professionnelle Les employés et ouvriers ont quant à eux une médiane de reprise de 10 mois. Les salariés expriment souvent d’importantes difficultés, particulièrement après un arrêt supérieur à 6 mois. Ce retour dans le monde professionnel, tant attendu par la plupart des patients ayant terminé leur traitement, reste difficile car il montre souvent que plus rien ne sera jamais [12]
L’étude pilotée par Bernard Asselain , chef du service de Biostatistiques de l’Institut Curie, et Monique Sevellec [11], psychosociologue à la Maison des Patients, montre que bien des efforts restent à faire pour faciliter la réinsertion dans le monde du travail.
comme avant. Qu’avez-vous plus largement découvert sur la fragilité de ces salariés ? M S : Par rapport à la population générale, les salariés ayant repris après un cancer sont trois fois plus stressés, et leur risque de dépression sévère est multiplié par deux. 44 % d’entre eux souffrent de troubles du sommeil et
Quel était le cadre de votre étude sur les répercussions
38 % ont recours aux antidépresseurs.
du cancer sur la vie professionnelle ? B A : Impliquant 82 médecins du travail de plus de cent entreprises et 402 salariés atteints de cancer entre 2005 et 2006, notre analyse livre une vision concrète et inédite de la réinsertion aujourd’hui dans le monde du travail. Cette étude pointe du doigt la très grande fatigabilité des salariés et l’insuffisance d’accompagnement lors de la reprise. En fonction de la localisation tumorale, le taux de retour au travail est très différent ? M S : Alors que 27 % des salariés ont poursuivi leur activité
61 % des salariés se déclarent plus fatigables qu’avant,
professionnelle au cours des traitements, 79 % ont repris leur
33 % signalent des troubles de la mémoire et de la
activité professionnelle dans les 2 ans suivant le diagnostic.
concentration, chiffre qui atteint même 45 % chez les
Ce taux est variable selon la localisation du cancer : s’il est
femmes ayant eu un cancer du sein. Comment expliquez-vous
de 100 % pour les cancers du testicule, de 94 % pour les
cette situation et que recommandez- vous ?
cancers de la thyroïde, de 92 % pour les cancers du sein et
B A : Nos travaux révèlent que dans 92 % des cas, aucun
de 78 % pour les cancers de la prostate, il n’est que de 38 %
contact n’a été établi entre le médecin du travail et l’oncologue.
pour les cancers du poumon.
Le manque d’anticipation du retour à la vie professionnelle, le
Ce sont les cadres supérieurs qui reprennent le travail le
dialogue insuffisant avec le médecin du travail, la hiérarchie
plus rapidement (50 % dans les 4 mois suivant le diagnostic),
mais aussi les collègues nous semblent être les points
suivis des cadres moyens (médiane de reprise de 5 mois).
que l’on doit débloquer en priorité.
11
Inst In nst sstit iitut it ut Cur urie urie e
A chaque étape de la vie, une réponse spécifique Les femmes jeunes
E
n France, environ 5 % des cancers du sein touchent des
préservation de la fertilité et la réduction maximale du
femmes de moins de 40 ans. Chez les femmes jeunes,
risque de rechute.
les cancers du sein sont souvent diagnostiqués à un stade
Depuis plusieurs années, les médecins et les chercheurs de
plus avancé. Leur traitement repose sur l’association de
l’Institut Curie poursuivent des programmes de recherche
la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie,
dédiés aux cancers du sein chez les femmes jeunes pour
éventuellement suivie par une hormonothérapie*.
notamment comprendre pourquoi plus les patientes sont jeunes, plus le risque de récidive locale est élevé.
Réduire le risque de récidive
Pour cela médecins et chercheurs de l’Institut Curie étudient le profil génomique de ces tumeurs. Ces études
Chez les femmes jeunes, un traitement avec conservation
devraient permettre d’une part de repérer des gènes*
du sein est proposé toutes les fois où cela est possible.
impliqués dans l’agressivité tumorale ou dans la résis-
Cependant, l’une des caractéristiques des cancers touchant
tance aux traitements et, d’autre part, servir de base à la
les femmes de moins de 40 ans est le risque de récidive
recherche de nouveaux traitements mieux adaptés aux
plus élevé au niveau du sein traité que dans la population
tumeurs à risque de récidive.
générale. Les facteurs connus d’agressivité tumorale que
Par ailleurs, un essai thérapeutique en cours vise à
l’on retrouve plus fréquemment chez les femmes jeunes ne
diminuer ce risque de récidive en augmentant la dose
suffisent pas à expliquer cette majoration du risque de réci-
d’irradiation dans la zone opérée chez ces femmes jeunes,
dive locale. D’autres facteurs inconnus à ce jour pourraient
avec des techniques qui permettront de limiter la toxicité
également être en jeu.
de cette dose accrue. L’ensemble de ce programme dédié
Les cancérologues sont confrontés à un véritable dilemme
aux cancers de la femme jeune devrait à terme assurer une
dans la mise en œuvre d’un traitement devant trouver les
meilleure prise en charge limitant au maximum les séquel-
meilleurs compromis entre la limitation des séquelles, la
les pour les patientes.
12
Entretien Fertilité et cancer du sein Dr Pascale This [13] Gynécologueendocrinologue Quelles sont les conséquences des traitements sur la fertilité ?
Les femmes à risques
Les chimiothérapies, selon le type, l’âge de la femme, les doses prescrites et la susceptibilité individuelle, peuvent altérer le fonctionnement des ovaires, mais entraînent assez
En France, près de 50 000 femmes de 25 à 70 ans pour-
peu d’infertilité définitive. En revanche, une perte transitoire
raient être prédisposées au cancer du sein. Certaines sont
des règles peut survenir pendant et après une chimiothérapie.
porteuses d’une mutation dans l’un des deux gènes majeurs
De plus, après chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie,
de prédisposition au cancer du sein ou de l’ovaire identifiés :
on propose souvent une hormonothérapie* par tamoxifène
BRCA 1 ou BRCA 2. Pour d’autres, l’histoire familiale est
pendant une période de trois à cinq ans. Or le tamoxifène
évocatrice d’une prédisposition mais aucune mutation n’a
induit l’ovulation et est tératogène (peut être à l’origine de
pu être mise en évidence. Dans tous les cas, ces femmes
malformations fœtales). Une contraception par préservatifs
doivent bénéficier d’un suivi adapté pour anticiper au plus
ou par dispositif intra-utérin est donc indispensable.
tôt l’éventuelle survenue d’une tumeur.
Comment peut-on préserver la fertilité ?
Lors de la consultation d’oncogénétique, leur his-
La préservation de la fertilité est au stade expérimental
toire familiale est reconstruite : nombr e de cas de can-
qu’il s’agisse de la congélation d’ovocytes ou d’ovaires, ou
cers, distribution sur l’arbre familial, sites tumoraux,
de la mise au repos des ovaires pendant la chimiothérapie.
âge au diagnostic, taille de la famille. C’est aussi pendant
Par ailleurs, en raison des conséquences sur la pathologie
cette consultation que les impacts d’un futur test sont
mammaire, la stimulation ovarienne est totalement exclue. Quels conseils donnez-vous aux patientes qui envisagent une grossesse ?
L’Institut Curie vient d’être retenu par
Nous conseillons de respecter un délai d’environ 2 à 3 ans,
l’Institut National du Cancer (INCa) comme
car le risque de récidive est plus élevé immédiatement après
centre pilote pour la prise en charge des
le diagnostic. Quoi qu’il en soit, il faut attendre au moins 1 an
femmes à haut risque de cancer du sein.
après la dernière chimiothérapie et 2 mois après l’arrêt du
Ce programme débute par une consultation
tamoxifène afin d’éviter tout risque tératogène.
spécifique, au cours de laquelle le médecin
Il est important que les femmes ayant eu un cancer du sein
explique aux femmes leur projet person-
soient accompagnées dans leur projet de grossesse, tant
nalisé de suivi et leur remet un carnet de
par l’équipe de cancérologie et un médecin spécialiste que
surveillance répertoriant les examens à
par le médecin traitant. Nous travaillons avec les services
effectuer et des fiches d’information.
d’assistance médicale à la procréation du groupe hospitalier
Toutes les femmes à haut risque de cancers
Cochin - Saint-Vincent-de-Paul (Paris) et de la Pitié-Salpêtrière
du sein et de l’ovaire sont concernées,
(Paris) pour permettre aux patientes de disposer de toutes
soit 400 à 450 femmes chaque année pour
les informations nécessaires et leur faciliter l’accès éventuel
l’Institut Curie (Paris et Saint-Cloud).
à la procréation médicale assistée. 13
abordés, que ce soit sur le plan personnel ou familial. Puis, lorsque l’histoire familiale est effectivement évocatrice d’une prédisposition, une analyse génétique est proposée. Une nouvelle consultation permet ensuite de présenter les résultats de la recherche de mutation et lorsque celle-ci est positive de l’expliquer.
Organiser une surveillance spécifique « Une femme porteuse d’une mutation d’un des gènes
BRCA a au cours de sa vie un risque 6 à 8 fois supérieur à la population générale de développer un cancer du sein » [14]
, chef du ser-
que 2 fois par an dès l’âge de 20 ans ; mammographie et
vice de Génétique oncologique (Paris). L’âge moyen de sur-
échographie annuelles dès l’âge de 30 ans, ou 5 ans avant le
venue est le plus souvent très précoce : 43 ans, contre 60
cancer du sein le plus précoce dans la famille ; IRM annuelle
ans pour les tumeurs non héréditaires. En revanche, chez
dans la plupart des cas.
explique le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet
les femmes non porteuses d’une prédisposition génétique, le risque est évalué en fonction de l’histoire familiale.
Parallèlement à la prise en charge, les spécialistes de
Le médecin travaille de concert avec le gynécologue de la
l’Institut Curie cherchent à mieux comprendre l’origine de
femme pour organiser son suivi alterné. Concernant le can-
ces prédispositions génétiques, à identifier de nouveaux
cer du sein, il s’agit de mettre en place une surveillance à
gènes impliqués dans les formes familiales de cancer du
la fois plus précoce, plus fréquente et plus spécialisée que
sein et à repérer les facteurs qui pourraient modifier les
chez les femmes de la population générale : examen clini-
risques tumoraux chez les patientes prédisposées.
2 QUESTIONS À Marion Gauthier-Villars [15] Médecin dans le service de Génétique oncologique Une prédisposition suffit-elle pour développer la maladie ? L’altération des gènes* BRCA1 ou BRCA2 représente un facteur de prédisposition génétique majeur. Celle-ci confère à une femme un risque de cancer du sein de 60 à 80 % et un risque de cancer de l’ovaire de 10 à 40 %, au cours de sa vie. La prédisposition génétique n’implique donc pas un risque à 100 %. Ainsi, certaines femmes prédisposées atteindront un âge avancé sans avoir jamais eu de cancer. La transmission est-elle systématique ? Tous nos gènes sont présents dans nos cellules en double exemplaire, un transmis par notre père et un par notre mère. Une prédisposition au cancer du sein et/ou de l’ovaire correspond à une altération d’un des deux exemplaires de BRCA1 ou de BRCA2. On ne transmet à son enfant que la moitié de son patrimoine génétique. Ainsi, chaque enfant, fille ou garçon, a une chance sur deux de ne pas avoir reçu l’anomalie génétique responsable de la prédisposition familiale.
14
Entretien Traitements hormonaux de la ménopause Dr Nasrine Callet [16] Gynécologue Où en est-on des traitements hormonaux
Les femmes ménopausées
de la ménopause en France ? L’arrivée de ces traitements, dans les années 50, a été considérée comme un progrès pour les femmes : c’était la fin des troubles dus à la carence en oestrogènes (bouffées de chaleur, irritabilité, sécheresse vaginale, risque
Une majorité des cancers du sein surviennent chez des
d’ostéoporose...). Depuis, la controverse a laissé les femmes
femmes ayant plus de 50 ans, soit a priori chez des femmes
dans l’incertitude. Or, l’enjeu est de taille puisque, rien qu’en
ménopausées - l’âge moyen de la ménopause en France
France, on compte 10 millions de femmes ménopausées,
étant estimé à 51 ans. Les demandes et les attentes de ces
dont 3,5 millions qui ont entre 50 et 60 ans. Aujourd’hui
femmes sont spécifiques : elles sont souvent à un tournant
seules 20 % des femmes prennent un traitement hormonal.
de leur vie professionnelle et personnelle. L’accompagne-
Reflet des doutes existant entre bienfaits et risques.
ment psychologique et social doit les aider à répondre à
Que faire quand on est une femme tout juste ménopausée ?
cette situation.
Il n’existe pas UN traitement mais DES traitements hormonaux.
Bloquer l’action hormonale
Selon le mode d’administration, la posologie et la nature du traitement, le risque varie. Ainsi, un traitement par
En ce qui concerne les traitements, le statut pré- ou post-
oestrogènes naturels seuls ou par oestrogènes naturels
ménopausique est important. L’hormonothérapie* est des-
et progestérone micronisée ne semble pas entraîner un
tinée aux femmes ayant une tumeur hormono-sensible,
« sur-risque » de cancer du sein. Quant aux oestrogènes
définie par la présence de récepteurs aux œstrogènes et/
transdermiques, contrairement aux formes orales, ils
ou à la progestérone, ce qui correspond à 80 % des cancers
n’augmentent pas le risque de thrombose. D’autre part,
du sein. Le principe de l’hormonothérapie est simple : blo-
ces traitements pourraient avoir un effet bénéfique sur
quer l’action ou la fabrication des hormones qui favorisent
le plan vasculaire, neurologique, voire de prévention
la croissance des cellules cancéreuses. Selon le médica-
du cancer colorectal.
ment prescrit, soit il se fixe sur les récepteurs hormonaux,
Le traitement hormonal de la ménopause doit être prescrit
prenant ainsi la place des hormones, et les empêche d’agir,
s’il y a une indication et en respectant les contre-indications.
soit ils bloquent la synthèse des hormones.
Il doit être «sur mesure» et régulièrement évalué dans le
Chez les femmes ménopausées, on peut utiliser les inhi-
temps, en considérant le «risque/bénéfice». La décision
biteurs d’aromatase ou le tamoxifène, alors que chez les
reste individuelle. Les dernières études laissent à penser
femmes pré-ménopausées, seul le tamoxifène peut être
que le « sur-risque », s’il existe, est faible avec un traitement
utilisé. Certaines patientes ménopausées ont des carac-
de courte durée. Ce traitement doit être prescrit pour les
téristiques pharmacogénétiques qui rendent leur tumeur
ménopauses récentes, le moins longtemps possible, à
plus sensible au tamoxifène. Une étude est en cours pour
la dose minimale efficace et privilégier les oestrogènes
essayer de prédire la sensibilité au tamoxifène grâce à
percutanés naturels (patch ou gel), associés à la
des paramètres biologiques et ainsi d’optimiser le choix de
progestérone micronisée.
l’hormonothérapie.
15
Entretien Une prise en charge globale de la patiente âgée Dr Etienne Brain [17] Médecin-oncologue Comment se déroule la prise en charge des femmes âgées atteintes de cancer du sein ?
Les femmes âgées
En étant adaptés à l’âge et à l’état général de la patiente, tous les traitements peuvent être envisagés. La radiothérapie peut entraîner tardivement des complications, en particulier
Près de 40 % des cancers du sein surviennent chez des
pulmonaires et/ou cardiaques, et induit des transports
femmes de 65 ans ou plus. Chez les femmes âgées, les
répétés auxquels peuvent s’ajouter des problèmes
cancers du sein sont généralement diagnostiqués à un
d’autonomie et de dépendance. C’est pourquoi il est important
stade plus avancé et trois fois plus souvent sous forme
d’étudier des approches de radiothérapie hypofractionnée
métastatique que chez les femmes jeunes. En revan-
ou partielle pour réduire les effets secondaires et les
che il n’existe pas de différence fondamentale dans la
déplacements. La chimiothérapie reste considérée comme
répartition des types de cancers diagnostiqués. Seule
plus à risque chez le sujet âgé. La recherche clinique se
distinction : davantage de cancers du sein survenant
poursuit donc pour définir les modalités d’administration les
chez les femmes âgées sont hormono-sensibles.
plus adaptées à cette population. Quant à l’hormonothérapie*,
Réduire la durée du traitement ?
c’est le traitement le moins débattu en raison de sa tolérance confirmée et de l’hormonosensibilité fréquente et croissante
Les radiothérapeutes de l’Institut Curie étudient la
du cancer du sein avec l’âge.
possibilité de réduire le nombre de séances de radio-
Quels sont les problèmes spécifiques à prendre en compte ?
thérapie chez les patientes les plus âgées. Ils ont
Les problèmes liés à l’isolement et à la dépendance,
notamment comparé le devenir de patientes fatiguées
des revenus modestes, d’éventuels troubles cognitifs et
de plus de 80 ans traitées entre 1995 et 1999 pour une
démentiels nécessitent une prise en charge adaptée. Par
tumeur non métastatique du sein par 5 séances de
ailleurs, chez les femmes âgées, il ne faut pas oublier que le
radiothérapie (1 fois par semaine, pendant 5 semaines),
sein reste un symbole de féminité. Et c’est un tort de penser
avec celui des patientes de plus de 70 ans ayant eu
que l’ablation d’un sein sera plus facilement acceptée.
25 séances (5 fois par semaine, pendant 5 semaines).
Comment envisagez-vous l’avenir
Les résultats de cette étude rétrospective ne montrent
de la prise en charge des femmes âgées ?
pas de différence significative en termes de survie spé-
Des protocoles adaptés aux caractéristiques des patientes
cifique, de survie sans récidive locale et de survie sans
âgées doivent se développer, en gardant en mémoire que
métastase* . Néanmoins, les médecins préconisent la
l’autonomie est le paramètre « clef » de leur qualité de vie.
confirmation de ces résultats par des études prospectives
La population âgée a été trop longtemps exclue des essais
sur une plus large échelle.
thérapeutiques. Or la toxicité des thérapies doit être évaluée
(G)
spécifiquement pour cette population en intégrant bénéfice absolu, espérance de vie et tolérance. La prise en charge d’une patiente âgée ne se limite pas au strict soin du cancer, elle doit aussi intégrer la personne dans une globalité. 16
Inst In nst sstit iitut it ut Cur urie urie e
L’espoir pour les femmes : Une innovation médicale permanente et une recherche scientifique intensive De nouvelles méthodes diagnostiques
anormale. La mammographie numérique est alors réalisée après injection de produit de contraste iodé.
A
l’Institut Curie, l’ensemble des équipements diagnos-
« Avec ces nouveaux développements, la mammographie
tiques dédiés à l’exploration des lésions mammaires
devrait supplanter l’IRM dans certaines indications pour
(mammographie, table de stéréotaxie, échographie) est
lesquelles elle était à ce jour l’imagerie de référence. C’est
rassemblé dans l’unité de Sénologie interventionnelle.
une solution pour réduire l’encombrement au niveau des
Ainsi, tous les examens nécessaires sont réalisés dans la
IRM » ajoute le Dr Sylvia Neuenschwander.
journée et dans un lieu unique permettant d’obtenir rapide-
Pour améliorer la caractérisation des lésions mam-
ment un diagnostic précis et complet.
maires, le Dr Alexandra Athanasiou
Au-delà de la prise en charge de tous les examens d’image-
les performances de l’élastographie* en échographie.
rie qui permettent de détecter, diagnostiquer et évaluer les
Cette nouvelle technique, développée avec l’équipe CNRS
tumeurs, le département d’Imagerie médicale, dirigé par
du physicien Mathias Fink, en plus de fournir une image
le Dr Sylvia Neuenschwander [18], participe activement aux
anatomique, apporte des informations sur l’élasticité des
recherches et développements technologiques de l’ima-
tissus. A terme, les médecins espèrent pouvoir éviter un
gerie. « Aujourd’hui, une partie de nos recherches porte
certain nombre de biopsies* en déterminant de manière
sur l’évaluation des développements technologiques de la
précise par élastographie la nature des lésions détectées
mammographie numérique plein champ » souligne-t-elle.
par l’échographie standard.
A titre d’exemple, le Dr Fabienne Thibault
[19]
participe, en
[20]
étudie quant à elle
Roussy, à l’évaluation clinique de la tomosynthèse en
Des traitements de plus en plus personnalisés
mammographie. Cette technique permet d’obtenir une ima-
Une meilleure connaissance des cancers du sein, en par-
gerie en coupes du sein à partir de clichés standards obte-
ticulier grâce à la génomique, permet désormais dans
nus à des angles différents (rotation du tube à rayons X). Ce
certains cas de proposer des traitements ciblés mieux
dispositif devrait améliorer la caractérisation des lésions
adaptés et plus efficaces. Les recherches se poursuivent
tout particulièrement en cas de seins denses. Un autre
pour découvrir de nouvelles cibles ou encore affiner les
développement actuellement à l’étude, l’angio-mammo-
choix thérapeutiques. Parallèlement, les connaissan-
graphie, offre la possibilité de détecter une vascularisation
ces génétiques sur la tumeur mais aussi sur la personne
collaboration avec General Electric et l’Institut Gustave-
17
malade se développent. Elles permettront d’aller plus loin
de l’Institut Curie, pour que les analyses soient réalisées en
dans la prise en charge personnalisée.
moins de 15 jours et soient ainsi compatibles avec la prise
Prédire l’évolution tumorale…
en charge clinique.
L’Institut Curie participe entre autres à l’étude internationale Mindact, qui vise à comparer la signature moléculaire dite « d’Amsterdam », ou MammaPrint®, - établie par le Netherlands Kancer Institute - aux facteurs classiques permettant de prédire l’agressivité d’une tumeur sans envahissement ganglionnaire. Une signature de bon pronostic pourrait éviter une chimiothérapie adjuvante, inutile, lourde et coûteuse à une fraction des patientes. L’essai a récemment été étendu aux patientes ayant 1 à 3 ganglions présentant un envahissement par des cellules tumorales. L’Institut Gustave-Roussy et l’Institut Curie
cet essai.
Des cibles thérapeutiques pour les cancers agressifs
…et la réponse aux traitements
Les cancers du sein dits « triple négatif » sont des cancers
L’Institut Curie a lancé avec l’Institut Gustave-Roussy, l’es-
non hormono-sensibles et n’exprimant pas HER2. Ils ne
sai Remagus 04, premier essai clinique académique dans
peuvent pas bénéficier de l’hormonothérapie* ciblée ni du
lequel le choix de la chimiothérapie pré-chirurgicale (ou
trastuzumab (ou Herceptin®*). En revanche, l’anti-angiogé-
néo-adjuvante*), est déterminé par l’identité génétique de
nique* bevacizumab (Avastin®) semble apporter un béné-
la tumeur. En résumé, cet essai permet d’accroître l’effi-
fice thérapeutique.
cacité de la chimiothérapie en première intention et ainsi
Ces cancers sont un enjeu important de la recherche. Leur
un plus grand nombre de patientes peut ensuite bénéficier
traitement repose sur la chimiothérapie qui n’est pas une
d’une chirurgie conservatrice.
solution satisfaisante et dont l’efficacité est parfois limitée.
L’essai Remagus 04 nécessite une forte structuration
Considérés comme de mauvais pronostic, ils font l’objet
autour d’une plate-forme génomique, en l’occurrence celle
de nombreuses recherches pour tenter de mettre au point
sont les deux premiers centres recruteurs en France pour
une thérapie ciblée adaptée. Dans le cadre d’une colla-
TÉMOIGNAGE
boration avec le groupe pharmaceutique Servier, l’équipe de Thierry Dubois [21] décortique l’ensemble des perturbations génétiques rencontrées dans ce groupe de cancers
Chantal, traitée pour une récidive de cancer du sein, a participé à un essai clinique : « C’était un espoir pour moi ! »
pour identifier les protéines* pouvant devenir des cibles
En 2003, j’ai été diagnostiquée pour un cancer du sein, traitée
nariat de recherche sur 3 ans avec le laboratoire Roche,
par chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie, puis considérée
afin d’explorer une nouvelle piste prometteuse dans ces
comme guérie. Deux ans plus tard, la maladie a repris, sous
cancers de mauvais pronostic. Des modèles tumoraux
une forme très agressive. Heureusement, les connaissances
développés à l’Institut Curie vont permettre d’explorer le
médicales avaient évoluées et l’on m’a proposé de participer
mode d’action d’une molécule d’une nouvelle classe issue
à un essai clinique. J’ai signé immédiatement car, dans mon
de la recherche Roche. Cette molécule pourrait affecter
esprit, le retour de la maladie signifiait la mort sûrement et la
les cellules souches tumorales ou initiatrices de tumeur
vie peut-être. Pour conclure, je dirai que c’est extrêmement
qui - même si elles sont peu nombreuses dans la tumeur
rassurant de participer à un essai clinique.
- pourraient être à l’origine des rechutes ou métastases.
thérapeutiques. Dernièrement, l’Institut Curie a également signé un parte-
Ces cellules sont l’une des grandes voies de recherche
18
actuelle en cancérologie. Cette étude permettra de montrer si des voies métaboliques potentiellement importantes
Entretien
pour les cellules souches tumorales, peuvent être affectées
Les biomarqueurs en plein essor
par cette nouvelle molécule. Cette recherche est particulièrement innovante car elle est effectuée à un stade très
Pr Dominique Bellet [22] Responsable du laboratoire d’Oncobiologie
précoce, c’est-à-dire avant toute évaluation clinique chez l’homme. L’objectif est de mettre en évidence des biomarqueurs prédictifs d’efficacité et d’identifier les sousgroupes de patientes susceptibles de bénéficier de cette
Qu’est-ce qu’un biomarqueur ?
nouvelle molécule.
Pour envisager un traitement individualisé, il faut pouvoir prédire l’agressivité de la tumeur, son risque de récidive ou sa sensibilité au traitement. Tout l’enjeu réside donc dans la découverte de caractéristiques biologiques, des biomarqueurs, facilement mesurables et liées au processus tumoral : signature génétique, taux de protéine*, ou mutation spécifique, détectables dans la tumeur au moment de la chirurgie, ou dans la circulation sanguine. Quels sont les biomarqueurs qui ont déjà fait leur preuve dans les cancers du sein ? En ce qui concerne la réponse thérapeutique, la surexpression
Des risques de récidive identifiés grâce à la génétique
du récepteur HER2, qui augmente la réponse au traitement par Herceptin®*, est désormais recherchée. Des essais cliniques sont en cours pour évaluer les biomarqueurs
Grâce au développement du dépistage, les tumeurs du sein
pronostiques — des signatures génétiques — qui permettent
de petite taille, sans envahissement ganglionnaire, concer-
de distinguer les patientes de bas et de haut risque. Mais leur
nent la grande majorité des patientes diagnostiquées. Chez
validation est compliquée. Par exemple, le test Mammaprint®,
ces femmes, une question cruciale se pose quant au choix
qui mesure l’expression de 70 gènes* pronostique de
thérapeutique : doit-on, après traitement local (chirurgie
l’agressivité d’une tumeur du sein sans envahissement
et/ou radiothérapie), leur prescrire une chimiothérapie pour
ganglionnaire, reste controversé et une étude internationale
réduire le risque de récidive ? On sait qu’environ 20 % des
(Mindact) évalue actuellement si sa valeur pronostique est
patientes porteuses d’une tumeur de petite taille sans
supérieure aux critères classiques.
envahissement ganglionnaire en aura réellement besoin
Et l’avenir ?
car leur tumeur est agressive, tandis que pour les autres,
C’est un domaine en plein essor. Aux Etats-Unis, un essai est
la chimiothérapie sera inutile. L’enjeu majeur est donc de
en cours pour valider le test Oncotype DXTM qui analyse une
distinguer les 2 groupes de tumeurs dès le diagnostic.
signature de 21 gènes*. Récemment une signature « Curie »,
Pour le moment, la décision des médecins repose sur des
mise en évidence chez les patientes porteuses d’une tumeur
critères biologiques et cliniques : âge au diagnostic, taille
de petite taille sans envahissement ganglionnaire, permet de
de la tumeur, grade, statut des récepteurs hormonaux et
distinguer un groupe à bon pronostic et un groupe à mauvais
du récepteur HER2.
pronostic. Reste à confirmer à plus grande échelle. Dans un
C’est au cœur des cellules tumorales, dans leur matériel
avenir proche, les biomarqueurs tissulaires seront certainement
génétique, qu’une équipe réunissant médecins, ingénieurs
utilisés en combinaison avec des biomarqueurs détectables dans
et chercheurs de l’Institut Curie est allée trouver le moyen
le sang et avec des techniques d’imagerie fonctionnelle comme
de distinguer les patientes à faible et à fort risque métastati-
la tomographie par émissions de positons (TEP).
que. Ils ont étudié les altérations génétiques présentes dans
19
les échantillons biologiques prélevés chez 168 patientes porteuses de cancers du sein en majorité de type luminal,
Dans le cadre de l’appel à projets des « équipements
de taille inférieure à 3 cm, sans envahissement ganglion-
d’excellence » (Equipex), le projet ICGex, dédié à la génomique du cancer, porté par l’Institut Curie a reçu un financement de
naire, diagnostiquées entre 1989 et 1999 (H). Deux groupes de patientes ont ainsi pu être définis
12,5 millions d’euros. Ce projet couvre l’ensemble des besoins
selon la nature des profils et le nombre d’altérations
pour répondre au défi de la médecine personnalisée :
génétiques survenant dans leurs tumeurs du sein : un
automatisation du centre de ressources biologiques, séquenceur
à bon pronostic et un à mauvais pronostic. La signature
haut débit, développement de logiciel de bioinformatique...
« Curie » devrait permettre de mieux prédire le risque de
A terme, les médecins disposeront du profil génomique de chaque
survenue de métastases chez les patientes ne présentant
tumeur, de manière suffisamment fine et rapide pour pouvoir l’intégrer à leur décision thérapeutique.
aucun signe avant-coureur d’un risque de dissémination. « Parallèlement, les équipes du Centre de Recherche
Par ailleurs, les données biologiques générées pourront fournir
continuent leurs études sur les facteurs génétiques qui
de nouvelles pistes de recherche. Cet équipement renforce
interviennent dans l’évolution de la maladie, son agressi-
les capacités de l’institut à jouer un rôle majeur en Europe
vité et sa réponse au traitement. D’autres se consacrent
pour la médecine personnalisée.
à l’étude des mécanismes moléculaires du développement tumoral qui inclut, l’étude des modifications épigénétiques, l’étude de la biologie des cellules cancéreuses mammaires et de leur interaction avec l’environnement stromal et immunitaire. » ajoute le Dr Olivier Delattre
[23]
,
L’épigénétique pour aller au-delà de la génétique Les facteurs épigénétiques sont de plus en plus souvent
directeur délégué à la recherche biomédicale.
impliqués dans la cancérogenèse. Ils « marquent » l’activa-
L’ensemble de ces connaissances permettront notamment
tion ou la désactivation de certains gènes dans la cellule.
d’identifier des biomarqueurs, à savoir un paramètre bio-
C’est grâce à eux si, à partir d’un même capital génétique,
logique propre à la tumeur ou à l’hôte. L’objectif est de
les cellules acquièrent des spécificités et forment par
mettre en évidence des biomarqueurs prédictifs d’efficacité
exemple un neurone ou un globule blanc. Ces facteurs
et d’identifier ainsi les sous-groupes de patientes suscep-
peuvent être des modifications chimiques sur l’ADN et les
tibles de bénéficier de tel ou tel traitement. Seuls les
protéines qui lui sont associées (les histones), ou des
patients atteints de ces sous-types de tumeur pourront
perturbations de l’organisation de l’ADN au cœur de la
alors recevoir ce traitement, sans exposer les autres inuti-
cellule. On sait désormais que les processus tumoraux
lement. C’est une étape-clé pour le développement de la
résultent d’une accumulation de défauts aussi bien géné-
médecine personnalisée.
tiques qu’épigénétiques. Ces facteurs épigénétiques pourraient permettre de comprendre la très grande diversité des cancers du sein, que peine à expliquer la génétique. L’équipe de Geneviève Almouzni [24], qui étudie l’implication et la nature de ces facteurs épigénétiques dans les cancers du sein, a découvert fin 2009 un nouveau marqueur pronostique de l’évolution des cancers du sein, et probablement d’autres cancers : la protéine HP1α. Plus cette protéine est présente en quantité dans les tumeurs du sein, plus le risque de développer rapidement des métastases est élevé. Ce marqueur pronostique semble significativement important que les marqueurs actuellement utilisés (I).
20
Inst In nst stit iitut it ut Cur u ie urie e
Annexes expriment fortement les récepteurs des oestrogènes : luminal A (25 à 40 % des cas), ou faiblement, luminal B (20 à 25 % des cas).
Les cancers du sein HER2+
Des cancers du sein très différents
Environ 15 % des cancers du sein surexpriment le récepteur HER2 à leur surface et entre donc dans la catégorie des tu-
Il n’y a pas un cancer du sein mais des cancers du sein en
meurs HER2+. Activé, ce récepteur provoque la prolifération
fonction du stade d’évolution, du lieu et des cellules à partir
cellulaire et sa surexpression a longtemps été synonyme de
desquelles il s’est propagé.
mauvais pronostic, jusqu’au jour où un anticorps* ciblant ce
Le cancer du sein est donc une maladie très hétérogène,
récepteur a été découvert : trastuzumab (Herceptin®*).
associée à des caractéristiques pathologiques spécifiques et un comportement clinique différent selon les types.
Les cancers du sein de type basal-like
L’épithélium mammaire se compose principalement de cel-
Les cancers du sein basal-like (10 à 15 % des cas) se
lules luminales, qui produisent le lait, et de cellules basales
caractérisent par l’absence de récepteurs aux oestrogè-
myoépithéliales, chargées de son expulsion. Récemment,
nes et à la progestérone, et par le fait qu’ils ne surexpri-
la classification s’est affinée grâce à l’émergence des
ment pas HER2. Ils sont donc définis comme triple néga-
analyses génomiques. Elles permettent ainsi de distin-
tifs. Ils sont très similaires aux tumeurs survenant chez
guer le type luminal, le type basal-like, et le type HER2+.
les femmes porteuses de mutations de BRCA1. Si tous les cancers de type basal-like sont triple négatifs,
Les cancers du sein de type luminal
une certaine proportion de tumeurs triple négatives n’ap-
Ces cancers du sein se développent à partir des cellules
partienne pas à la catégorie basal-like. Les deux dernières
épithéliales dites luminales des canaux ou des lobules.
années ont permis de mieux caractériser les cancers de
Ce sont les formes les plus fréquentes de cancers du sein.
type basal et triple négatifs et d’en illustrer l’hétérogénéité
Elles comprennent deux sous-groupes selon qu’elles
morphologique et pronostique.
1. Cage thoracique 2. Muscles pectoraux 3. Lobules 4. Mamelon 5. Aréole 6. canaux galactophores 7. Tissu adipeux 8. Peau Source Wikipédia
La glande mammaire se compose principalement de lobules où est produit le lait et des canaux servant à son transport. Les phases initiales des cancers du sein se développent à partir des cellules épithéliales des canaux ou des lobules. Tant que les cellules cancéreuses restent confinées au niveau des canaux ou des lobules, les cancers sont dits « in situ ». En revanche, à partir du moment où les cellules cancéreuses ont traversé la membrane, dite « basale » des canaux ou des lobules et sont présentes dans les tissus avoisinants, le cancer est infiltrant. Les cellules cancéreuses peuvent se propager soit dans les ganglions situés sous l’aisselle (ganglions axillaires), soit par voie veineuse.
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Glossaire ANTICORPS : molécule fabriquée par certains lymphocytes B au contact de substances étrangères ou d’anomalies de l’organisme (les antigènes) et destinée à contribuer au rejet de cette substance. L’anticorps se fixe de manière spécifique sur l’antigène. Il peut être synthétisé en laboratoire de façon à ne reconnaître qu’un seul déterminant de l’antigène, qui en possède généralement plusieurs. L’anticorps est alors monoclonal. Cette caractéristique est utilisée pour mettre en oeuvre des traitements spécifiques. BIOPSIE : prélèvement d’un fragment de tissus ou d’organe pour effectuer une analyse anatomopathologique. La biopsie sera fixée et colorée pour être observée au microscope de façon à permettre un diagnostic précis. CATHÉTER : il s’agit d’un petit réservoir, implanté sous la peau, relié à une voie veineuse centrale (veines cave, sous-clavière, jugulaire...), ce qui permet les traitements injectables ambulatoires de longue durée, comme la chimiothérapie. CHIMIOTHÉRAPIE ADJUVANTE : parce qu’elle aide et qu’elle renforce le traitement principal, la chimiothérapie est de plus en plus souvent associée à un acte chirurgical ou radiothérapique curatif initial : on parle alors de chimiothérapie adjuvante. Pratiquée comme traitement des cancers du sein avec envahissement des ganglions axillaires, elle permet d’éviter, dans la plupart des cas, les métastases dues à la dissémination et à la prolifération des cellules cancéreuses. CHIMIOTHÉRAPIE NÉO-ADJUVANTE : chimiothérapie prescrite avant l’acte chirurgicale pour réduire la taille de la tumeur et permettre ainsi un traitement conservateur. On parle de chimiothérapie néo-adjuvante lorsque cette technique est utilisée en première intention, avant tout autre traitement. ELASTOGRAPHIE : cette technique évalue in vivo les propriétés élastiques des tissus et peut ainsi détecter la perte d’élasticité des zones tumorales. Concrètement, à partir de la sonde utilisée pour l’échographie, des ondes dites de « cisaillement » sont envoyées dans les tissus. Elles se propagent à une vitesse variable selon l’élasticité du milieu qu’elle traverse. L’analyse du retour de ces ondes donne une image de l’élasticité de la région et dessine alors les contours des éventuelles tumeurs.
sifs. Elle consiste à repérer - grâce à l’injection d’un produit colorant - si le premier ganglion de la chaîne est atteint par les cellules tumorales. S’il n’est pas atteint, l’ablation de la chaîne ganglionnaire est inutile et peut donc être évitée. Dans ce cas, la technique du ganglion sentinelle évite les risques de lymphoedème pouvant survenir suite à l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire. GÈNE : fragment du matériel génétique qui sert de base à la fabrication d’une protéine. Les gènes se comptent par milliers sur chacun de nos 46 chromosomes. Capables de muter, de s’altérer, de disparaître ou d’être absents, ils peuvent être à l’origine de maladies et de cancers en particulier. Les altérations peuvent être favorisées par le tabac, les rayonnements UV... GÉNOME : ensemble du matériel génétique d’un individu ou d’une espèce codé dans son ADN. HERCEPTIN® (TRASTUZUMAB) : anticorps monoclonal ciblant le récepteur HER2 présent dans 20 à 25 % des cancers du sein. Activé, ce récepteur provoque la prolifération cellulaire ; sa surexpression dans les cancers du sein a longtemps été synonyme de mauvais pronostic, jusqu’au jour où cet anticorps a été découvert. HORMONOTHÉRAPIE : c’est, avec la chirurgie, la radiothérapie, et la chimiothérapie, l’un des traitements de référence des cancers du sein. Le principe de l’hormonothérapie est simple : bloquer l’action des hormones qui favorisent la croissance des cellules cancéreuses. Les traitements prescrits se fixent sur les récepteurs hormonaux prenant ainsi la place des hormones et les empêchent ainsi d’agir. Environ 60 % des tumeurs du sein possèdent ces récepteurs et sont donc hormono-sensibles. Le type d’hormonothérapie utilisé dépend du statut pré- ou post-ménopause : chez les femmes pré-ménopausées, il s’agit du tamoxifène ; alors que les inhibiteurs d’aromatases sont préconisés chez les femmes post-ménopausées. HYPNOSÉDATION : technique d’anesthésie combinant des médicaments en faibles doses et l’hypnose. MASTECTOMIE (OU MAMMECTOMIE) : intervention chirurgicale qui consiste à retirer toute la glande mammaire.
GANGLION LYMPHATIQUE : lieu de production et de prolifération des cellules du système immunitaire. Les ganglions lymphatiques sont situés le long du système circulatoire lymphatique ; leur taille varie en fonction de leur localisation. Les vaisseaux lymphatiques amènent un antigène (dans la grande majorité des cas issus d’un pathogène), du tissu jusqu’aux ganglions, ceci permet d’activer la réponse immunitaire spécifique en activant les lymphocytes T et B.
MARQUEUR : substance « antigénique » permettant de détecter la présence d’une tumeur. Le dosage, dans le sang, des marqueurs biologiques est utile pour apprécier la présence d’une tumeur et de ses éventuelles métastases, et l’efficacité du traitement en cours. Ils permettent aussi de déceler un début de récidive. L’antigène carcinoembryonnaire (ACE) évoque un cancer colique et digestif, l’alphafoetoprotéine un cancer primitif du foie, l’antigène CA 15-3 est souvent élevé dans les cancers du sein, l’antigène prostatique (PSA) est spécifique des tumeurs de la prostate, le calcium renseigne sur l’existence de métastases osseuses, etc.
GANGLION SENTINELLE : cette technique évalue l’invasion du système lymphatique par les cellules tumorales tout en évitant l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire dans les cancers du sein inva-
MEMBRANE BASALE : agencement de cellules particulier qui sert de frontière entre les tissus. C’est la première barrière à franchir pour les cellules tumorales pour ensuite disséminer à d’autres organes.
MÉTASTASES : une métastase est une prolifération de cellules cancéreuses dans un organe ou un tissu situé à distance de la tumeur initiale. Les métastases sont dues à la migration de cellules cancéreuses de la tumeur primaire via le sang, la lymphe ou une cavité naturelle. Ces cellules colonisent de nouveaux organes en s’y fixant et se multipliant de façon anarchique. La fréquence des métastases dans un organe dépend de l’afflux de sang provenant de la tumeur primitive et de l’affinité des cellules métastatiques avec l’organe nouveau ; cette affinité se traduit par une adéquation entre les besoins des cellules et les caractéristiques du tissu d’accueil. Il peut y avoir des métastases partout, mais les organes les plus fréquemment envahis sont le foie, le cerveau, les os et les poumons. PROTÉINE : macromolécule biologique composée par une ou plusieurs chaînes d’acides aminés. L’ordre dans lequel les acides aminés s’enchaînent est codé par le génome et constitue la structure primaire de la protéine. RECHERCHE TRANSLATIONNELLE (OU TRANSFERT) : la recherche translationnelle assure le développement, l’évaluation et la validation d’outils diagnostiques, pronostiques et de suivi des malades, de dispositifs biomédicaux ou d’approches thérapeutiques issus de la recherche fondamentale. SYSTÈME LYMPHATIQUE : réseau de vaisseaux lymphatiques qui permettent la circulation et le nettoyage de la lymphe. Les ganglions lymphatiques sont situés le long de ce système. Les vaisseaux lymphatiques amènent un antigène (dans la grande majorité des cas issus d’un pathogène), du tissu jusqu’aux ganglions, ceci permet d’activer la réponse immunitaire spécifique en activant les lymphocytes T et B. THÉRAPIE CIBLÉE : molécule ciblant un ou des mécanismes spécifiques de la prolifération tumorale ou de l’environnement tumoral. Ces traitements s’administrent par voie orale ou intraveineuse, souvent en association à la chimiothérapie. L’Herceptin® et le tamoxifène sont les premières thérapies ciblées du cancer du sein. TRAITEMENT ANTI-ANGIOGENÈSE : mécanisme qui empêche la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse), qui sont nécessaires au développement de la tumeur dès lors qu’elle atteint une certaine taille. Privées de leur approvisionnement nutritif, les cellules tumorales sont asphyxiées et, sans apport sanguin, elles meurent. Les traitements basés sur les anti-angiogenèse seraient à priori efficace sur des petites tumeurs, à un stade précoce. TRANSCRIPTOME : ensemble des ARN messager - molécules servant de matrice pour la synthèse des protéines - issu de l’expression d’une partie du génome d’un tissu cellulaire ou d’un type de cellule. TUMORECTOMIE : intervention chirurgicale consistant à enlever la tumeur avec une marge, mais sans enlever le sein, contrairement à la mammectomie.
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Références bibliographiques (A) Projections de l’incidence et de la mortalité par cancer en France pour l’année 2011. Hospices Civils de Lyon/InVS/INCa/Francim/ Inserm. (B) Rapport « Survie attendue des patients atteints de cancers en France : état des lieux » publié par l’Institut National du Cancer, avril 2010. (C) « Chirurgie oncoplastique et reconstruction dans le cancer du sein » A. Fitoussi, B. Couturaud, R. Salmon. Springer.
(D) «Determinants of Patients’ Choice of Reconstruction with Mastectomy for Primary Breast Cancer.» P. Ananianet coll. Ann. Surg. Oncol. 2004, vol. 11, p. 762. (E) «Breast Restoration Decision Making: Enhancing the Process.» LL. Reaby. Cancer. Nurs. 1998, vol. 21, p. 196. (F) « Le ganglion sentinelle en routine dans le cancer du sein : expérience de l’Institut Curie. » S. Delahaye et coll. Bull. Cancer. 2004, vol. 91, p. 641.
(G) «Breast-Conserving Treatment in the Elderly: Long-Term Results of Adjuvant Hypofractionated and Normofractionated Radiotherapy.» YM. Kirova et coll. Int. J. Radiat. Oncol. Biol. Phys. 1er septembre 2009. Vol. 75(1), p. 76. (H) «A Prognostic DNA Signature for T1T2 Node-negative Breast Cancer Patients» E. Gravier et coll. Genes Chromosomes and Cancer. décembre 2010. Vol. 49(12), p. 1125-34. (I) «Heterochromatin Protein 1 Alpha: a Hallmark of Cell Proliferation Relevant in Clinical Oncology» L. de Koning et coll. EMBO Mol Med. J.
Les spécialistes cités [1] Dr Brigitte Sigal, pathologiste, département de Biologie des tumeurs (Paris), directeur délégué à la Sénologie
[10] Chantal Barré, infirmière sophrologue, direction des Soins (Paris)
[19] Dr Fabienne Thibault, radiologue, département d’Imagerie médicale (Paris)
[2] Dr Séverine Alran, chirurgienne, responsable de l’unité de Chirurgie sénologique et gynécologique (Paris)
[11] Monique Sevellec, psychosociologue à la Maison des Patients (Saint-Cloud)
[20] Dr Alexandra Athanasiou, radiologue, département d’Imagerie médicale (Paris)
[3] Dr Alain Fourquet, oncologue radiothérapeute, chef du département de Radiothérapie (Paris)
[12] Dr Bernard Asselain, chef du service de Biostatistiques (Paris)
[21] Thierry Dubois, chercheur, département de Transfert (Paris)
[13] Dr Pascale This, gynécologue-endocrinologue, service de Génétique constitutionnelle, département de Biologie des tumeurs (Paris)
[22] Pr Dominique Bellet, responsable du laboratoire d’Oncobiologie (Saint-Cloud), professeur à l’Université Paris Descartes
[14] Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, généticienne, chef du service de Génétique oncologique, département de Biologie des tumeurs et professeur à l’Université Paris Descartes (Paris)
[23] Dr Olivier Delattre, biologiste, chef de l’équipe Génétique et biologie des tumeurs pédiatriques et cancers du sein sporadiques, directeur de l’unité Génétique et biologie des cancers Institut Curie/Inserm U830 (Paris), et directeur délégué à la recherche biomédicale
[4] Dr François Campana, responsable du plateau technique de radiothérapie, département de Radiothérapie (Paris) [5] Dr Youlia Kirova, oncologue radiothérapeute, département de Radiothérapie (Paris) [6] Francisco Arbones-Heredia, infirmier principal, directions des Soins (Paris) [7] Isabelle Fromantin, infirmière spécialisée en plaies et cicatrisation, directions des Soins (Paris) [8] Françoise Sebestik, directrice des Soins (Paris) [9] Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre, responsable de l’unité de Psychooncologie, chef du département interdisciplinaire de Soins de support (Paris)
[15] Dr Marion Gauthier-Villars, généticienne, service de Génétique oncologique, département de Biologie des tumeurs (Paris) [16] Dr Nasrine Callet, gynécologue, service Consultations (Saint-Cloud)
[24] Geneviève Almouzni, biologiste, chef de l’équipe Dynamique de la chromatine et directrice de l’unité Dynamique nucléaire et plasticité du génome, Institut Curie/ CNRS UMR 218 (Paris)
[17] Dr Etienne Brain, oncologue médical, département d’Oncologie médicale (Saint-Cloud) [18] Dr Sylvia Neuenschwander, radiologue, chef du département d’Imagerie médicale (Paris)
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L’Institut Curie au service des femmes Leader dans la prise en charge des cancers du sein avec près de 6 500 nouvelles patientes chaque année, l’Institut Curie propose le traitement le mieux adapté et respectant au maximum la qualité de vie et les souhaits des patientes. L’Institut Curie dispose des atouts indispensables pour combattre ce problème de santé publique majeur : recherches de pointe, essais cliniques, soins innovants, prise en charge individualisée, accompagnement à toutes les étapes, surveillance, aide au retour à la vie quotidienne et professionnelle… L’Institut Curie a en particulier développé des approches complémentaires spécifiquement adaptées aux besoins des femmes : groupes de parole thématiques (sexualité, nutrition…), sophrologie, relaxation, hypnothérapie, art-thérapie, qi gong, yoga, ateliers de conseils et prévention (kinésithérapie, chevelure, lingerie…), soins esthétiques, conférences-débats (maladie, traitements, conseils…), consultations dédiées aux couples et aux familles. Chercheurs et médecins travaillent chaque jour ensemble pour faire progresser les connaissances, améliorer la précision du diagnostic et proposer des traitements plus ciblés, moins toxiques et donc mieux tolérés. L’Institut Curie mène pour cela plus de 30 programmes de recherche innovants sur les cancers du sein. Les équipes de l’Institut Curie s’attaquent à tous les aspects de la pathologie mammaire, de la recherche fondamentale à la recherche clinique, en incluant les multiples points de vue : génétique, épigénétique, épidémiologique, diagnostique, pronostique, thérapeutique… C’est en étudiant toutes les « facettes » des cancers du sein et en tenant compte des caractéristiques de chaque femme que de nouvelles approches pourront voir le jour dans le respect de la personne et pour le bénéfice de toutes les femmes, à toutes les étapes de leur vie.
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