Discours de Herdolor Lorenz, représentant de « Wer-rettet-wen », l ...

en 1999, au départ, la Grèce n'a pas été autorisée à devenir un Etat membre de l'euro. Sa dette publique était trop importante. Afin de contourner cet obstacle, ...
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Discours de Herdolor Lorenz, représentant de « Wer-rettet-wen », l’association qui a nominé le lauréat 2013 du Public Eye Jury Award, Goldman Sachs « Je suis réalisateur de films documentaires. Ces dernières années, en Allemagne, j’ai souvent lu ou entendu des phrases telles que : « Pourquoi c’est à nous de renflouer ces paresseux de Grecs ? » ou « La Grèce ? Ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. ». Et cætera. D’autres personnes ont réalisé dès le départ que quelque chose allait sérieusement de travers. Mais elles se sentent impuissantes, parce qu’elles ne comprennent pas le jeu aux milliards d’euros. C’est dans ce contexte que nous avons commencé notre projet de film « Wer rettet wen ? Wie wir die Risiken des Finanzmarkts tragen » (Qui sauve qui ? Ou comment nous assumons les risques des marchés financiers). Une des missions du film consiste à montrer la vraie histoire de la Grèce : en 1999, au départ, la Grèce n’a pas été autorisée à devenir un Etat membre de l’euro. Sa dette publique était trop importante. Afin de contourner cet obstacle, Lucas Papademos, gouverneur de la banque centrale grecque à cette époque, a organisé un réel tour de force. Trois banques dirigées par Goldman Sachs ont accordé des prêts supplémentaires à la Grèce, d’une valeur de plusieurs milliards d’euros, sans que ceuxci figurent dans le budget national. Tout cela, en « échange » des bénéfices à venir des péages autoroutes, des taxes d’aéroport et de la loterie nationale. Avec l’aide du département de Goldman Sachs, dirigé depuis 2002 par l’actuel président de la BCE, Mario Draghi, d’autres dettes du budget national ont été transférées sous forme de prêts à long terme à la banque centrale grecque, par le biais de la société écran Titlos. C’est ainsi que Papademos a réussi, comme par magie, à réduire la dette publique grecque, de sorte que son pays a pu rejoindre la zone euro sous les applaudissements des banques. Evidemment, ce n’était que de la triche. Pourtant, l’« escroc » de mèche avec Goldman Sachs, Papademos, est devenu vice-président de la BCE après cela. La dette cachée est réapparue en 2007, quoique largement augmentée, et c’est là que le sauvetage a commencé. Peu de temps après, le pays s’est retrouvé dans une situation désespérée. En 2011, le Premier ministre Papandréou a annoncé qu’il lançait un référendum sur le « paquet de sauvetage ». Aux yeux de la troïka UE-BCE-FMI, cette démarche a paru trop risquée, si bien que le trio a poussé Papandréou à démissionner afin de le remplacer par Lucas Papademos, l’escroc complice de Goldman Sachs. Ce dernier était présenté comme un « technocrate » et il a prêté serment en dehors du parlement, en l’absence des membres dudit parlement, la main droite posée sur la bible. L’archevêque orthodoxe d’Athènes, Mgr Ieronymos, dont la paroisse ne paye aucun impôt, a chanté « Seigneur, aie pitié ». Ensuite, Monsieur Papademos a dû s’occuper d’une autre tâche difficile : le risque de la dette publique de la Grèce pesait encore sur des sociétés financières internationales, mais les « marchés » pariaient déjà sur la faillite du pays. Or, les banques n’aiment pas se reposer sur un trésor, aussi profitable soit-il, dès lors qu’elles pourraient perdre toute valeur en cas d’effondrement du système. Monsieur Papademos a donc calmé les banques. Lorsque ce dernier a quitté le poste de Premier ministre, le risque de la dette grecque, quelque 240 milliards d’euros, avait simplement été « transféré » des banques aux contribuables. Ce montant augmente de 10 millions d’euros par heure, les milliards d’euros d’« aide » ont été privatisés et le pays s’est économiquement enfoncé dans l’abîme. Voilà une crise de plus dont Goldman Sachs a déjà largement profité et qui continuera à l’enrichir encore longtemps : en effet, la crise a déjà rapporté 600 millions de dollars à la banque d’investissement et la Grèce lui doit encore 400 millions par an jusqu’en 2037, ce qui correspond à un total de plus de 10 milliards de dollars, à la charge des contribuables européens. Ce prix contribue à la reconnaissance publique de ces faits et représente un événement majeur dans la réalisation de notre nouveau film. Nous espérons qu’il participera à sa promotion, de sorte que davantage de personnes comprennent le « jeu aux milliards d’euros » et fassent entendre leur voix afin de mettre un terme au comportement absolument inacceptable et impitoyable des banques. Nous contacterons Goldman Sachs et nous verrons où et quand ils accepteront cette distinction et, de ce fait, leur part de responsabilité dans la crise actuelle de l’euro et de la Grèce. »

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