Crise des migrants (Translated)

Après leur ultime Conseil de 2015, jeudi 17 et vendredi 18 décembre, à Bruxelles, ... services d'un Etat défaillant ou en difficulté, ne devait faire l'objet que d'une première ... Les efforts de la Turquie pour gérer l'afflux de migrants restent limités.
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French-English Translation by Radobice Fass (January 2016)

Crise des migrants : l’Europe impuissante et plus divisée que jamais LE MONDE | 18.12.2015 | Par Cécile Ducourtieux et Jean-Pierre Stroobants

Après leur ultime Conseil de 2015, jeudi 17 et vendredi 18 décembre, à Bruxelles, les Européens n’ont toujours pas trouvé de vraie solution à la crise des migrants, et ils semblent même plus divisés que jamais. Ils ont donc adopté des conclusions qui mettent surtout en lumière leurs difficultés à traduire en actes de précédentes décisions. Le texte rappelle tout ce qui devrait être réalisé pour sauver l’espace Schengen de libre circulation et offrir une réponse minimale à l’arrivée de plus de 800 000 personnes sur le sol européen depuis le début de l’année. Le seul aspect vraiment positif est que les appels aux dons pour les agences humanitaires ont dépassé de 500 millions d’euros les montants espérés. L’Europe refera un bilan en février, en espérant que la situation ne se détériore pas davantage avec l’hypothèse de voir, notamment, des dizaines de milliers d’Afghans quitter l’Iran, où ils perdent leur emploi dans l’industrie pétrolière, en raison de l’effondrement des cours. La relocalisation est en panne Sur les 22 000 réfugiés que l’UE s’était engagée auprès des Nations unies à accueillir en juillet, seulement 600 ont fait l’objet d’une « réinstallation ». Sur le plan adopté en octobre de « relocalisation » de 160 000 réfugiés, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre… Le problème concerne les pays d’arrivée, les pays d’accueil, mais aussi les demandeurs eux-mêmes, qui refusent de s’enregistrer pour être envoyés vers une destination dont ils ne veulent pas. « Ces chiffres nous ridiculisent », avoue un diplomate. Au sein des Vingt-Huit, après la Hongrie et la Slovaquie, qui avaient voté contre le schéma de relocalisation, c’est la Suède qui a demandé à ne plus y participer. Elle est la deuxième destination européenne pour les migrants, mais arrive à saturation. Elle a donc obtenu de ne plus accueillir, durant un an, de nouveaux réfugiés envoyés de Grèce ou d’Italie. Quant à cette dernière, qui devait bénéficier au premier chef, avec la Grèce, de ce complexe système de quotas, elle ne voit pratiquement plus arriver sur ses côtes que des migrants « économiques ». Les réfugiés syriens et irakiens passent par la Grèce, puis la route des Balkans, pour rejoindre l’Allemagne.

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Les « hot spots » tardent à se mettre en place L’ouverture de onze centres d’enregistrement et de « tri » des migrants était prévue, en Grèce et en Italie depuis plusieurs mois. Pour l’instant, seuls deux sont opérationnels. Sachant que, dans le même temps, l’agence Frontex, l’agence européenne chargée de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, est toujours en demande des personnels promis par les Etats membres. Pas de décision sur la création d’un corps européen de gardes-frontières La proposition de la Commission la semaine dernière de créer d’un corps européen de gardes-frontières, susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté, ne devait faire l’objet que d’une première discussion. La décision sur son instauration a été reportée. « Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », avaient affirmé les services du président du Conseil européen, Donald Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard. Les efforts de la Turquie pour gérer l’afflux de migrants restent limités La Turquie avait été appelée à contrôler les flux de migrants vers la Grèce. On recense encore 4 000 arrivées par jour en Grèce, pour 5 000 à 6 000 en novembre. Le projet d’installer des réfugiés directement en Europe depuis la Turquie à l’étude Impossible, en tout cas, pour les Vingt-Huit, de changer radicalement de politique. A l’instar de la chancelière allemande, Angela Merkel, une partie des dirigeants européens veut donc encorecroire que les plans adoptés vont fonctionner. « On a amorcé la pompe, le débit est lent, mais il faut être patient », expliquait un diplomate jeudi soir. Conscients, toutefois, de l’impasse actuelle, des pays qui sont parmi les plus concernés par la crise (l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Finlande) continuent à plaider pour des solutions alternatives. La réunion la plus importante de la journée, à Bruxelles, jeudi, a été le mini-sommet organisé à l’ambassade d’Autriche et auquel participait le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu. Alors que les pays d’Europe centrale et orientale estiment qu’ils ne sont pas concernés et que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne refusent l’arrivée de musulmans sur leur sol, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique tentent de fédérer des pays « de bonne volonté ». Notamment pour faire avancer au plus vite le plan d’action signé avec la

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Turquie le 29 novembre, en espérant que ce pays arrête les candidats au passage vers les côtes grecques. Le but de cette deuxième réunion du genre était surtout d’évoquer une demande turque, poussée par Berlin, de « réinstaller » directement en Europe des réfugiés syriens depuis la Turquie. M. Davutoglu a assuré que son gouvernement travaillait intensément à la réduction des flux de migrants. Les Pays-Bas, qui assumeront la présidence tournante de l’Union à partir du 1er janvier, ont accepté, du bout des lèvres, de commencer à travailler sur la mise en place du plan de « réinstallation » humanitaire imaginé par la Commission et Berlin. Mais pas question de lancer ce nouveau processus tant que les flux de migrants illégaux depuis la Turquie « n’auront pas été réduits à presque zéro », insiste-t-on côté néerlandais… En tout cas, la réinstallation concernerait, au maximum, 50 000 ou 80 000 personnes. Ankara évoque plusieurs centaines de milliers. Un troisième mini-sommet sera organisé en février et sera ouvert à tous.

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Migrant Crisis: A Powerless Europe, More Divided than Ever by Cécile Ducourtieux and Jean-Pierre Stroobants Published in Le Monde Newspaper on 12/18/2015 (link to article)

After the last European Council meeting of 2015 – which took place Thursday, December 17 and Friday, December 18 in Brussels – Europeans still have yet to land upon a true solution to the migrant crisis; they appear more divided on this issue than ever. The conclusions adopted by the Council highlight past difficulties in translating decisions into actions. The text recounts everything that should have been done to protect the integrity of the Schengen Area’s free movement policy, and to offer a basic response to the arrival of over 800,000 people on European soil since the beginning of the year. The only truly positive aspect is that calls for donations to humanitarian agencies have surpassed the hoped-for amounts by 500 million euros. Europe will reassess the situation in February, hoping that it does not further deteriorate in light of the dozens of thousands of Afghans expected to leave Iran, where many are losing their jobs in the petroleum industry because of the collapse in prices. A Broken Relocation System Of the 22,000 refugees that the European Union (EU) took in with the help of the United Nations in July, only 600 ultimately received relocation. The program to relocate 160,000 refugees, though adopted in October, has only affected 184 people as of December 16. The problem is compounded not only by temporary host countries and countries of final relocation, but also by the applicants themselves, who refuse to register to be sent to destinations that do not appeal to them. As one diplomat confesses, “These figures are ridiculing us.” Among the 28 countries of the EU, Hungary and Slovakia have voted against the relocation plan. Sweden later asked to withdraw from participating in the program. Sweden is the second most popular European destination for immigrants, but it is quickly reaching its capacity. The country has received permission to stop hosting new refugees sent from Greece or Italy during the period of one year. As for Italy – which, along with Greece, would greatly benefit from this complex system of quotas – the country now only allows “economic” migrants entry along its coasts. Syrian and Iraqi refugees often travel through Greece, then along the Balkan route, in order to reach Germany.

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Hotspot Implementations Delayed The opening of 11 migrant registration and “sorting” centers has been anticipated for months. For now, however, only two are operational. At the same time, it is worth noting that Frontex – the European agency charged with managing external borders – is still in need of the personnel promised by member states. Indecision about the Creation of a European Border and Coast Guard Last week, the Commission proposed the creation of a European Border and Coast Guard, which is to be deployed in case of a major crisis and will substitute for the services of a state that is defaulting or facing other difficulties. The proposition has only undergone a preliminary round of discussion, and the decision about its adoption has been postponed. “It [was] impossible to evaluate a 150-page document in time,” asserted the Department of the European Council President, Donald Tusk. A possible violation of the principle of national sovereignty is raising serious concerns among a number of delegations. Some countries like France, which support the idea of a European Guard, are nonetheless asking what decision-making process is necessary to allow its implementation. The issue has been set aside for later discussion. Turkish Efforts to Manage the Influx of Migrants Remain Limited Turkey has been called upon to control the influx of migrants into Greece. There are still 4,000 arrivals registered every day into Greece, compared with five to six thousand in November. Exploring the Possibility of Settling Refugees directly in Europe from Turkey In any case, it is impossible for the 28 States to undergo a radical political change. A number of European leaders, like the German chancellor Angela Merkel, still want to believe that the adopted plans will eventually succeed. “We have primed the pump; the flow is slow, but we must be patient,” explained a diplomat Thursday evening. In light of the current political deadlock, however, the countries most affected by the crisis – Germany, Austria, Sweden, and Finland – continue to plead for alternate solutions. Thursday’s most important meeting was a mini-conference organized at the Austrian embassy in Brussels, in which the Turkish Prime Minister Ahmet Davutoglu participated. While Central and Eastern European countries consider themselves unconcerned by this crisis, Slovakia, Hungary, and Poland refuse the arrival of Muslims on their soil. Germany, Austria, and Belgium are trying to unite countries of “goodwill.” Notably, these latter countries wish to expedite the plan of action signed with Turkey on November 29, in hopes that the country will halt the flow of candidates for passage into Greece.

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The goal of this second meeting was above all to unveil a new initiative, backed by Berlin, to “resettle” Syrian refugees directly from Turkey into Europe. Mr. Davutoglu assured attendees that his government was working furiously to reduce the influx of immigrants. The Netherlands, which will assume command of the Union’s rotating presidency beginning January 1, half-heartedly accepted to begin working on the implementation of the humanitarian “resettlement” plan imagined by the Commission and Berlin. But it is not so much a question of launching this new procedure, as it is the concern that the influx of illegal migrants from Turkey “will not have been reduced almost to zero,” insist those on the side of the Netherlands. In any case, the resettlement program would concern, at most, 50,000 or 80,000 people, although Ankara mentioned several hundred thousand. A third mini-summit will be organized in February and will be open to all.