Confessions of a Concierge (Translated)

(Jules Michelet). Whose history should we write and how should we write it? These are questions that historians must confront at least indirectly as they practice ...
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English-French Translation by Radobice Fass (February 2015)

Confessions of a Concierge Madame Lucie’s History of Twentieth-Century France

“England is an empire, Germany is a nation, a race, France is a person.” (Jules Michelet)

Whose history should we write and how should we write it? These are questions that historians must confront at least indirectly as they practice their craft. The problem of whose voices to listen to and how to interpret them underlies all written literature. Struck by George Eliot’s astuteness and realism in describing common lives, Henry James wondered how, after her creations, one could ever write satisfactory history. A century later historians are still wondering how to emulate the richness and humanity of fictional narrative. In addition they must justify, as novelists need not, their choice of topic. Even conventional choices of kings, wars, or diplomatic missions are not taken for granted; one must start by explaining not only the life but the choice. This is especially true when the subject is not famous, but obscure – not a powerful man, but a poor woman; not a king, but a concierge. So Henry James posed only part of the problem at hand, when he asked, “How do we write history?” We must further explore not only that question but why one might be interested in the subject of our story: a Parisian concierge named Madame Lucie. Madame Lucie was born in the provincial town of Caen sometime during the 1890s and lives now on the Passage des Chats in Paris, where or almost forty years she served as a concierge. Bonnie Smith here tells Madame Lucie’s colorful life history, first by skillfully recording the concierge’s reminiscences and then by describing her own observations as a

English-French Translation by Radobice Fass (February 2015)

participant in Madame Lucie’s world. The overall effect is an unusual, richly textured image of modern France as it was experienced by a figure of the working class. A born raconteuse, Madame Lucie relates a century of tales – about her childhood and her courtships, about her husband’s communist, anti-religious family, about the gaiety of the 1920s and the grimness of wartime France. We are transported to the street on which Madame Lucie is concierge, where artisans, artists, and refugees come and go, an old woman feeds stray cats each night, the hurdy-gurdy man plays, a fortune-teller reads palms, a baron calls on his tenants. We see Madame Lucie organizing, advising, presiding over her domain. And we mourn our last glimpse of her, an aged, frail woman, too preoccupied with keeping her body alive to recapture any more of the past. Madame Lucie’s life and her memories – moving, engrossing, entertaining – are a valuable source of insight into French culture and society. As she herself says early in the book, “what I’m telling is the history of France.”

(excerpt from the book “Confessions of a Concierge” by Bonnie Smith)


English-French Translation by Radobice Fass (February 2015)

Aveux d’une concierge L’histoire de la France au vingt-et-unième siècle, selon Madame Lucie « L’Angleterre est un empire ; l’Allemagne est une nation, une race ; la France est une personne. » (Jules Michelet)

L’histoire de qui devrait-on écrire, et comment devrait-on l’écrire? Telles sont les questions auxquelles les historiens doivent répondre – au moins indirectement – au cours de leur travail. Déterminer quelles voix on doit écouter et comment on doit les interpréter est un problème qui se trouve à la base de toute la littérature écrite. Étant frappé par l’habilité et le réalisme avec lesquels George Eliot décrivait la vie des gens ordinaires, Henry James se demandait comment, après elle, on pourrait jamais écrire une histoire qui satisfasse. Un siècle plus tard, les historiens se demandent toujours comment reproduire la richesse et l’humanité des récits fictifs. De plus, ils doivent justifier ce que les romanciers ne doivent pas faire : le choix de leur sujet. Même les choix conventionnels des rois, des guerres, ou des missions diplomatiques ne sont pas tenus pour acquis ; on doit commencer par préciser, non seulement la vie, mais également le choix. C’est surtout le cas quand le sujet n’est pas célèbre, mais inconnu – quand ce n’est pas un homme puissant, mais une femme pauvre ; quand ce n’est pas un roi, mais une concierge. Alors, en se demandant « Comment écrit-on l’histoire ? » Henry James n’a posé qu’une partie du problème que l’on examine ici. Il faut examiner, non seulement cette question, mais aussi la raison pour laquelle on peut s’intéresser au sujet de notre histoire : une concierge parisienne qui s’appelle Madame Lucie. Madame Lucie est née dans une ville de province, Caen, pendant les années 1890. Elle habite maintenant Passage des Chats à Paris, où elle travaille comme concierge depuis presque

English-French Translation by Radobice Fass (February 2015)

40 ans. Bonnie Smith raconte ici l’histoire de la vie fascinante de Madame Lucie, d’abord en notant habilement les souvenirs de la concierge ; puis elle décrit ses propres observations tandis qu’elle participe au monde de Madame Lucie. L’effet d’ensemble est une image de la France contemporaine, tirée d’une perspective ouvrière, qui est à la fois remarquable et pleine de couleurs. Une raconteuse-née, Madame Lucie présente les contes d’un siècle – parlant de son enfance et de ses romances, de la famille communiste et antireligieuse de son mari, de l’exubérance des années 1920 et de la gravité de la France en temps de guerre. On est transporté dans la rue où Madame Lucie sert comme concierge ; où les artisans, les artistes, et les réfugiés vont et viennent ; où une vieille dame nourrit des chats errants chaque nuit ; où le joueur de vielle à roue joue ; où une diseuse de bonne aventure lit les lignes de la main ; où un baron passe voir ses locataires. On y voit Madame Lucie organiser, conseiller, et présider son domaine. On pleure la dernière fois qu’on l’aperçoit – une femme âgée et frêle, si préoccupée pour se maintenir en vie qu’elle ne peut plus retrouver son passé. La vie et les souvenirs de Madame Lucie – qui sont émouvants, passionnants, divertissants – nous donnent un très bon aperçu de la vie et de la culture française. Comme elle le dit elle-même au début du livre, « ce que je raconte, c’est l’histoire de la France ».

(un extrait du livre « Confessions of a Concierge » de Bonnie Smith)