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Ce discours n'est pas neuf, mais il est au cœur de la politique ... l'enquête PISA publiés en décembre 2013 montrent que l'écart entre les taux de réussite des.
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Communication de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur le thème de l’équité dans le cadre de la Réunion-débat préparatoire à la 56e session ministérielle : « Éducation inclusive et de qualité pour tous en Francophonie : défis, priorités et perspectives pour l’après 2015 » 17 au 19 mars 2014 Dakar (Sénégal)

Au début des années 90, le Rapport sur l’état du système éducatif rédigé par des experts de l’OCDE a mis en avant deux réalités inquiétantes du système éducatif en Communauté française de Belgique : l’importance des taux d’échec et la disparité de réussite en fonction de l’établissement fréquenté. Il est ainsi apparu que l’une des caractéristiques essentielles de notre système éducatif était la présence d’une logique de quasi-marché scolaire. Ce rapport fit grand bruit à l’époque et est notamment à l’origine de la mise en place, en 1994-95, du dispositif d’évaluation externe. L’adoption en 1997 d’un décret (loi) qui précise les grandes «missions » de l’enseignement a fait de la recherche de l’équité l’une des priorités du système éducatif. Les enquêtes PISA réalisées en 2000 et en 2003, les évaluations externes belges ainsi que plusieurs études réalisées par des chercheurs en Communauté française ont toutefois révélé que les lacunes de l’enseignement en Belgique francophone persistaient et que notre système demeurait toujours inéquitable. Les résultats montraient une très nette différence de score entre les élèves d’un indice socio-économique élevé (25% supérieur) et les élèves d’un indice socio-économique faible (25 % inférieur). A la suite de ces « chocs successifs », un grand nombre de réformes ont été mises en place : renforcement du pilotage du système, réforme de la formation initiale et continuée des enseignants, réforme des services d’inspection, réforme de la fonction de chef d’établissement. L’objectif était de s’assurer que la qualité soit présente dans toutes les écoles et que les écarts persistants soient davantage objectivés pour mieux les réduire. Outre ces grandes réformes, des mesures plus ciblées ont été prises afin d’améliorer la situation des élèves en difficulté du fait, souvent de leur niveau socioculturel peu élevé. Ainsi, l’accent a-t-il été mis sur le renforcement des compétences de base (langue de scolarisation et mathématiques) au début de l’enseignement secondaire, tout en prévoyant un meilleur suivi des élèves en difficulté (remédiation, plan individuel d’apprentissage). Par ailleurs le système d’aide aux écoles qui accueillent un public défavorisé a été étendu et l’aide octroyée a été renforcée. Ce dispositif permet aux établissements concernés d’obtenir des enseignants et des professionnels (éducateurs, assistants sociaux,...) supplémentaires ainsi que des budgets de fonctionnement complémentaires. Afin de permettre de déterminer les écoles bénéficiaires, un mécanisme fondé sur les indices

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socioéconomiques des quartiers d'origine des élèves, a été mis en place. Celui-ci est calculé en fonction de différents critères : revenu par habitant, niveau des diplômes, taux de chômage … Ces écoles sont classées en cinq catégories selon l’indice socio-économique moyen des élèves accueillis et elles reçoivent d'autant plus de moyens qu'elles accueillent un public plus défavorisé. Un des problèmes importants en termes d’équité est lié à l’homogénéité des établissements scolaires dû à la liberté de choix des parents et à la réputation des écoles qui crée un phénomène d’attraction ou de rejet des parents en fonction de leur connaissance des codes de l’école. Pour tenter de remédier à ce problème, un système de régulation des inscriptions a été voté sous la législature précédente. Il ne s’agit pas de restreindre le libre choix des parents, mais de s’assurer que les conditions d’accès soient transparentes et favorisent la mixité sociale. Une évaluation de l’impact du système mis en place est prévue à travers un rapport rédigé tous les deux ans par la Commission de pilotage du système éducatif. Parmi les mesures les plus récentes, il faut également mentionner l’extension du dispositif d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants (immigration de première génération). La durée du passage en classe-passerelle peut être portée à 18 mois maximum. Les élèves concernés peuvent suivre tout ou partie de leur horaire avec des élèves suivants une scolarité normale. Ces dispositifs visent une remise à niveau et l’apprentissage intensif du français pour ceux qui ne le maîtrisent pas suffisamment. Ainsi, depuis le début des années 90, la Communauté française multiplie les dispositifs afin de faire progresser l’inclusion et de favoriser l’équité. Force est toutefois de constater que la situation reste insatisfaisante car il est très compliqué de lutter contre la culture dominante qui valorise la réussite des uns à travers l‘échec des autres. Le redoublement très important et la tendance des parents à privilégier le choix d’écoles qui leur correspondent en sont les conséquences directes. Les enquêtes menées par des équipes de chercheurs universitaires révèlent d’ailleurs que la majorité des parents et des enseignants croit à l’efficacité du redoublement. Pour tenter de répondre à ce défi d’une école de qualité et équitable pour tous, une méthode plus participative a été mise en place ces dernières années. Elle part du principe que les acteurs de terrain doivent s’approprier les réformes pour que celles-ci puissent être mises en œuvre de manière optimale. Ce discours n’est pas neuf, mais il est au cœur de la politique menée. Il se traduit par un appel à la participation des écoles qui sont incitées à proposer leurs pratiques innovantes plutôt que de se les voir imposer du haut. Le projet « Décolâge ! » en est un parfait exemple. Il a été lancé dans le courant de l’année 2012 et vise à faire disparaitre progressivement les pratiques de redoublement au niveau des élèves entre 2,5 et 8 ans. L’idée sous-jacente au projet est que la lutte contre le redoublement, ne pourra se faire qu’en développant des pratiques alternatives crédibles. L’objectif est donc de faire émerger des démarches innovantes ou de renforcer des pratiques existantes au travers d’une communauté participative ouverte à tous les acteurs concernés. Cette collaboration implique à la fois les acteurs locaux (équipes éducatives au sein des établissements), les acteurs intermédiaires tels que les conseillers pédagogiques ou les chefs d’établissement, et les acteurs globaux que sont l’administration de l’enseignement et le Gouvernement de la Communauté française, dans une démarche à la fois « ascendante » et « descendante ». Par ailleurs, différentes ressources sont mises à disposition des équipes engagées dans le projet : sessions de formation continuée, compagnonnage, plateforme interactive…

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Autre exemple, lancé en 2012, le dispositif « Expairs » vise à lutter contre l’échec et le décrochage scolaire au sein du 2e degré professionnel (élèves de 15-16 ans), et à revaloriser un enseignement qui est souvent perçu comme une voie de relégation et qui est fréquenté majoritairement par des élèves défavorisés sur le plan socioculturel. 45 écoles ont été sélectionnées sur base volontaire pour participer au projet « Expairs » dans le cadre d’une recherche-action entourée par une équipe universitaire. Le projet vise à faire émerger, par l’expérimentation de pratiques nouvelles et d’échange, des améliorations et des solutions innovantes. Le rapport intermédiaire montre qu’une majorité significative d’enseignants juge positivement l’apport d’un tel dispositif. Il ressort également de l’analyse des questionnaires des élèves que ceux-ci sont plutôt satisfaits de leurs apprentissages et renvoient aux enseignants une image positive. Les jeunes sont aussi très conscients d’être partie prenante de leur réussite. Toujours dans les filières professionnalisantes, la Certification par Unité (CPU) du 3e degré de l’enseignement qualifiant est un projet pilote qui s’inscrit dans le cadre d’une refondation de cet enseignement. Ce dispositif vise également à lutter contre l’abandon scolaire prématuré qui laisse de trop nombreux jeunes sans certification en fin de secondaire. La CPU concerne à ce jour les élèves inscrits dans certaines options qualifiantes du 3e degré: technicien(ne) automobile, mécanicien(ne) automobile et esthéticien(ne). Concrètement, elle veut considérer le 3e degré de cet enseignement comme une formation complète menant à un métier bien défini, que l’élève suit en validant progressivement ses acquis - répartis sur deux ans en cinq ou six unités (appelées "unités d’acquis d’apprentissage") - et en étant certifié sur le résultat final. Les dernières réformes engagées et soutenues par le Gouvernement participent de cette nouvelle approche qui entend privilégier une appropriation des « bonnes pratiques » et des innovations par les enseignants eux-mêmes. Cette nouvelle approche vise donc à insuffler des dynamiques, à faire émerger des projets innovants, à accompagner des expériences-pilotes et à ajuster les textes légaux pour pérenniser les meilleurs dispositifs. Cette méthode qui s’appuie sur les acteurs de terrain donne de bons résultats et semble prometteuse. La dynamique est lancée et encore aujourd’hui de nombreux projets font l’objet d’évaluation avant de passer le cap de la généralisation. Il faut toutefois préciser qu’encore aujourd’hui le bilan en matière de politiques visant l’équité reste fragile. Une légère amélioration semble cependant s’esquisser. Les derniers résultats de l’enquête PISA publiés en décembre 2013 montrent que l'écart entre les taux de réussite des jeunes d'origine belge et ceux d'origine étrangère s'est réduit en l'espace de dix ans. De même, les écarts de réussite entre élèves les plus forts et les plus faibles ont eux aussi tendance à se résorber. Les efforts actuels et la méthode suivie ces dernières années doivent être sans aucun doute poursuivis et amplifiés. La législature actuelle se termine. La question de l’équité du système éducatif restera sans aucun doute une des priorités de la future Déclaration de politique communautaire du prochain gouvernement.

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