Chapitre 1 – Raphaël, enfant « Si l'on est différent, il est fatal qu'on soit seul » - Aldous Huxley « […] comme s'il percevait déjà chez lui cette différence qui provoque l'indifférence. » Marianne, mère de Raphaël. Bambin, rien ne différenciait mon fils des autres gamins de son âge. Il s'intéressait aux mêmes jeux, foutait la pagaille dans son plat de spaghettis et ronchonnait un peu lorsqu'il était l'heure d'aller au lit. C'est vers l'âge de 7 ans que j'ai commencé à observer chez lui certains traits distinctifs. Le premier petit bouquin qu'il a écrit et illustré a attiré mon attention. Il racontait l'histoire d'une amitié à première vue improbable entre un ourson, Califourchon, et un lionceau, Bingo. C'était une histoire à la fois drôle et touchante, qui mettait en lumière la différence, comme s'il la percevait déjà chez lui cette différence qui provoque l'indifférence et qui, comme je le sais maintenant, allait colorer toute sa vie. En tout cas, son « œuvre » faisait bien rigoler Sébastien, son petit frère de trois ans, lorsqu'il lui en faisait la lecture. Ce ne fut pas sa dernière création et chaque fois, je ressentais un mélange de fierté et d'inquiétude. Comment un petit bonhomme de cet âge pouvait être pourvu d'une aussi grande imagination et surtout, d'où ses références pouvaient-elles bien provenir? Et puis, à quel genre d'existence enfants et adultes dotés d'une inventivité aussi fertile devaient-ils s'attendre? Ne vit-on pas en perpétuel décalage par rapport aux autres toute notre vie durant? J'avais décidément plus de questions que de réponses. Mes préoccupations ne s'arrêtaient pas là. Outre ses débordements d'inventivité, fiston avait une façon bien particulière de percevoir ceux et ce qui l'entouraient. On aurait dit qu'il était doté d'un sixième sens, auquel venait se greffer une grande sensibilité. Cette hypersensibilité était d'ailleurs omniprésente dans sa vie. Il voyait tout, entendait tout, comprenait tout et s'inquiétait de tout. Il était envahi par une gigantesque quantité d'informations
La douance, un cadeau du ciel? L’aventure de Raphaël... © Sylvie Jean, 2014
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et d'idées qui atterrissaient dans son cerveau et se bousculaient à la sortie. Il pensait tout le temps, il ne pouvait pas s'empêcher de penser. Il m'a déjà dit à la blague, dans ses mots d’enfant, que si c'était possible, il décrocherait sa tête une fois par jour au moins, le temps de recharger ses batteries. […]
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