Carnet de guerre de Lucien Charpeine

postée à l'entrée sud de Béthune, le reste de la Cie à l'usine Halicotte, route de ... qui permettent de battre des feux convergents, le débouché donnant sur le.
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Le fichier informatique joint sur DVD contient : A - 7 dossiers de photographies contenant au total 196 photos au format .bmp : Champagne (36), Portraits de soldats (18), Somme 1 (23), Sommes 2 (25), Somme 3 (39), Somme 4.1 (30) et Somme 4.2 (25). B – 1 fichier Word contenant le carnet de guerre de Lucien Charpeine, photographe amateur des photos ci-dessus. Il était le père d’un oncle par alliance du donateur. Ce fichier contient également deux récits trouvés sur internet relatant les batailles de Picardie et de Champagne vécues par Lucien Charpeine. C – Sont jointes en format papier, les pages de l’album de Lucien Charpeine numérotées de 2 à 51 représentants les 196 photos des fichiers informatiques. Ces photos vous permettrons de reprendre si besoin les légendes qui figuraient au dos des documents originaux, et de les situer dans le temps et dans l’espace.

Bonne réception.

Donateur :

Daniel Boudier 9 Allée de Chanteraine 91190 Gif sur Yvette

Lucien Charpeine est né le 04 juillet 1879 à Paris 16. Il est décédé le 06 novembre 1940 à Paris 15. Très tôt Lucien s'est intéressé à la photographie et lorsqu'il est mobilisé pour aller à la première guerre mondiale, il part sur le front de la Somme avec son appareil. Sergent de bataillon de la 1ière Compagnie du 18ième régiment d'infanterie, il est affecté au secours des blessés en première ligne. Il ramènera de cette époque un carnet de route et de nombreux clichés qui sont des témoignages de la période 1914/1915 dans les tranchées.

CARNET DE ROUTE DU 1ER BATAILLON REDIGE PAR LUCIEN CHARPEINE (seuls les numéros de départements ont été ajoutés au texte original)

Chef de bataillon

Mr Cornelle

Adjudant bataillon

Sergent major Lucien Charpeine

Médecin major

Mr Laisney

Aide médecin

Mr Delaporte

Adjoint Chef de bataillon

Maréchal des logis Brulet

Caporal clairon

Mr Acard

Sergent fourgonnier

Mr Fournier

6 Août 1914 : le 1er bataillon complètement mobilisé s'embarque à la gare d'Evreux (27) à midi. Arrivée à Sotteville les Rouen (76) vers 7 heures du soir pour prendre ses cantonnements dans cette ville. A 7 h , le soldat Hanon dans un accès de neurasthénie se suicide avec un fusil. Le bataillon est cantonné dans les ateliers de l'Etat. La fourniture de paille n'est pas assurée.

7 août : il pleut toute la journée, les vivres d'administration ne sont pas assurées, les Cie sont obligées d'acheter sur l'ordinaire les vivres pour les hommes

8 août : les Cie restent dans leur cantonnement. Remise en main de la troupe. Ecole de demie section.

9 août : le quartier est consigné jusqu'à midi. Le capitaine Champenois de la 3ième Cie est évacué sur l'hôpital mixte de Rouen (76).

10 août : le journée est employé à l'exercice suivant progression établie par le chef de bataillon. La 3 ième Cie reçoit un nouveau capitaine : Mr Larose venant d'Evreux.

11 août : exercice toute la journée comme la veille. Distribution des vivres de réserve.

12 août : marche de 12 Km. Théorie sur les marques extérieures de respect. Piquetage du sac.

13 août (jeudi) même emploi du temps que la veille.

14 août (vendredi) le régiment est rassemblé à 7 h du matin sur le terrain de la brigade. Examen des candidats officiers.

15 août (samedi) Repos. Fête militaire au bois de la Garenne.

16 août : repos.

18 août : rassemblement du bataillon à 2 heures place de la mairie. Embarquement avec l'état major de la brigade. Voyage toute la nuit, 2 cafés sont distribués pendant le voyage, un à Mantes (78), l'autre à Creil (60).

18 août : le bataillon arrive à Arras (62) à 6 h 20. la 1er Cie conduit le drapeau chez le colonel. Occupation des cantonnements sur la partie sud est de la ville.

19 août : Ecole de bataillon pendant 5 heures. Après midi, théorie et école de section.

20 août 1914 Départ d'Arras (62) à 6h. Grande halte à 11 h. Départ pour les cantonnements à 3 h, arrivée à 4 h à Lens (62).

21 août : départ à 5 h1/2. Grande halte à l'entrée de Béthune (62). Le 1er bataillon a pour mission d'occuper les ponts le long du canal entre le pont levis au nord est de Le Quesnois (62) à 7 Km de Béthune en liaison avec le 3ième bataillon . La 1er compagnie est cantonnée dans une ancienne usine de chicorée et garde le pont tournant. La 2 ième Cie est en réserve d'avant poste, une section postée à l'entrée sud de Béthune, le reste de la Cie à l'usine Halicotte, route de Lille. La 3ième Cie a une escouade au pont levis sur le canal de Lanes, une escouade au pont du cimetière, une escouade à la jonction des deux canaux, le reste de la Cie est dans la gare.

22 août (samedi) : mêmes positions que la veille. Les ponts sont barricadés, des travaux de défense sont exécutés . On repère les distances des emplacements qui permettent de battre des feux convergents, le débouché donnant sur le canal. La nuit les ponts sont levés et les bateaux arrêtés dans le canal sont placés du côté opposé à l'ennemi.

23 août (dimanche) : Mêmes opérations que la veille. Le lieutenant Monod installe une section de mitrailleuses entre le pont d'Avellette (62) et le pont de Hinges (62).

24 août (lundi) : Mêmes positions que la veille. Les hommes qui ne sont pas de service sont exercés aux reprises en mains, exercices rapides et occupation des emplacements de combat. Les hommes à évacuer sont réunis à la gare de Béthune (62) à 17 h pour les diriger sur Evreux (27).

25 août (mardi) : un convoi d'une longueur d'environ 5 km passe sur la route venant de Lille (59). Même service que la veille pour le bataillon. On entend une assez forte canonnade dans la direction nord.

26 août (mercredi) : Même position, même service. Redoublement de vigilance. Le soir à 8 h le colonel donne l'ordre de départ. Le bataillon se rassemble au croisement de la route de Lille et de la route de St Pol. Le bataillon est chargé d'éclairer la route de St Pol (59). La 4ième Cie est en avant-garde. Départ du pont du chemin de fer à 11 h puis deux grandes haltes de nuit.

27 août (jeudi) : à la deuxième halte, départ de l'équipe et embarquement à 5 h. Arrivée à Pont Rémy à Abbeville (80) à 9 h du soir. Reconnaissance des cantonnements : 1ière et 2ième Cie à droite de la ligne de chemin de fer, les deux autres à gauche.

28 Août Vendredi : le bataillon reste à la même place en repos.

29 août : départ à 5 h dans la direction de Amiens (80) puis grande halte. Vers 2 h embarquement en chemin de fer à Picquigny (80) . Arrivée à Amiens à 8 h le soir. Cantonnement à la caserne Friand.

30 août : Alerte à 2 h du matin. Départ du régiment mis en état de défense de l'hospice de vieillards à Rivery (80). A 8 h la cavalerie de l'artillerie ennemie se présente devant nos avants postes. A 1.000 mètres un engagement à lieu. L'ordre est donné d'évacuer la position et de battre en retraite sur Cagny (80). Traversée de la ville d'Amiens (80) et à la sortie de la ville le bataillon prend la formation de combat, la 2ième Cie se mettant en avant-garde, les 2 autres Cie suivent à 200 mètres. Marche en avant en utilisant les mouvements de terrains. Pendant cette marche les obus ennemis passent au dessus de nos têtes. La 2ième Cie d'avant-garde débouche sur Cagny (80) où le reste du bataillon vient la rejoindre. Grande halte sur la place du village.

La 2ième Cie en arrivant à Cagny (80) reçoit l'ordre de garder la face sud de ce village ainsi que le pont de chemin de fer qui se trouve à 300 m à l'est.

A 3 h le régiment reçoit l'ordre de battre en retraite dans la direction de Vaires. Grande halte de 2 heures, ensuite le bataillon bivouaque dans le petit bois jusqu'à 11 h. A 11 h départ dans la direction de Neuville (59). Petite canonnade dans la soirée.

1er Septembre : Marche de nuit, passage à Pragny Belleville à 8 heures. Halte assez longue en raison de la grande fatigue et de la chaleur. A 3 heures de l'après midi, départ sur la route de Gaillefontaine (76) en passant par Formerie (60). En quittant Formerie nous passons de l'Oise dans la Seine Inférieure. Campement aux Réginers où le cantonnement n'étant pas préparé, tout le

bataillon loge dans une vieille ferme, la plus grande partie des hommes couche dans la rue (ferme de Piermont)

2 Sept : Réveil à 6 h. Repas et changement de cantonnement dans la même commune. A 11 H départ. Nous repassons dans l'Oise à Minerie, Boutavent (60). Le 1er bataillon est chargé des avants postes. L'ennemi est signalé dans les directions Sud Sud-Est. Le régiment est cantonné à Rousseville. Le 1er bataillon est chargé de couvrir le pont de Boutavent 60) exclus à gauche à CourcellesEpayelles (60) à droite inclus. Ligne de résistance au Sud-Est de Courcelles sur le chemin de la chaussée.

Réserve avant poste Eglise de Campeaux (60)

centre du village : 1ière Cie

Grande garde n° 1 : 2ième Cie ……………. n° 2 : 4ième Cie …………… n° 3 : 3ième Cie Ordre de résistance sur place

Le bataillon occupe ses emplacements. A 9 h le colonel donne l'ordre de se replier immédiatement sur Rousseville. Rassemblement et départ du bataillon. Après 1 heure de marche nouveau contre ordre : le bataillon revient à Campeaux (60) à 9 h du soir et cantonne dans cette ville.

3 Sept : A 1 H du matin départ dans la direction de Rousseville. Nous venons à nouveau sur le territoire de Formerie (60) mais en évitant cette ville, nous reprenons la route de Gaillefontaine (76). Itinéraire : Les Noyers, route de Forges Les Eaux (76), Forgette, Bosc-Edeline (76).

En raison de la grande fatigue des hommes, le régiment qui devait se rendre à Ylarivoille (?) s'arrête à Bosc-Edeline (76) où le bataillon bivouaque à droite et à gauche de la route dans des fermes.

4 Sept. : Quitté le cantonnement à 5 h 30 direction Sud… ?……. Itinéraire : Le Herm, Elbeuf sur Andelle (76). Halte de midi à 3 H où l'on rejoint les cantonnements respectifs. Le bataillon prend les avants postes à La Haye (76) en haut d'une côte très longue où il passe la nuit. Mot : Chanzy Constantine

5 Sept : départ à 4 h . Arrêts fréquents au départ, étape d'environ 10 km. Gde halte à 10 H à Mesnil-Frain (76) jusqu'à midi d'où l'on repart pour les cantonnement à environ 1,5 Km à Mesnil-Raoult (76) où l'on arrive à 3 H (arrêts assez longs). Hésitation en arrivant, indécision. Bref, on doit cantonner ici. Les bataillons sont dispersés et cantonnés dans toutes les directions. Il y a déjà ici le 11ième d'artillerie. Le 1ier bataillon occupe toute la section à gauche de la route de l'église à la route de ?

6 Sept (dimanche) : même cantonnement. Repos et travaux de propreté par le rapport. Les voitures de réquisition pour le transport des soins sont renvoyées. Les éclopés non apte à faire campagne sont renvoyés sur Evreux (27) après examen médical.

7 Sept : même cantonnement que la veille. A 6 H exercice prescrit par le rapport d'hier. Après midi, théorie et école de section. Rentée à 5 H. Le Sergent Major

8 Sept : départ à 5 h. Le bataillon quitte le Mesnils-Raoult (76) pour aller remplacer le bataillon du 17ième en réserve d'avant-garde à Vendrimare (27). Arrivée à 8 H dans le village.

9 Sept : Alerte à 4 h. Départ à 4 h 50 pour Fleury sur Andelle (27). A la sortie de cette ville, marche d'approche de la division. Le bataillon sous le commandement du capitaine Larose éxécute une marche d'approche. La 2ième compagnie est en réserve. Les 3 autres Cie marche d'abord par section à 50 pas, ensuite par demie section et enfin en ligne déployée. La manœuvre prend fin à la ferme de Brémule (27). Gde halte de 2 h. Les bataillons rejoignent ensemble leurs cantonnements à Grainville(76). Au début de la manœuvre le train régimentaire reste à la sortie de Grainville (76).

10 Sept Grainville : Repos. Exercices de section et demie section. La 1ière Cie est détachée pour assister à une parade d'exécution.

11 Sept : Départ à 4 h 50 en direction de l'Est vers Lyon la Forêt (27). Gde halte d'une heure et demie à Goupillière (76). Arrivée au cantonnement du bataillon à Lériglet (?) à 2 H. Pluie battante depuis midi. Le capitaine Larose, de la 3ième Cie rejoint le dépôt à Evreux (27).

12 Sept : Départ à 5 h 25 du cantonnement direction Morgny (27). Il y aurait 20 Km.

13 Sept : Départ à 5 H 25 du matin, direction Amiens (80). Arrivée au cantonnement à Pinelen aux bois. 1ière et 2ème Cies à Blicourt (60). 3ième et 4ième Cies à l'Etat major du bataillon à Pinelen aux bois.

14 Sept : Départ de Pinelen aux bois à 6 H. Les 1ier et 2ième cantonnements à Blicourt (60) puis rejoignent par les chemins les plus courts à Rouge Maison. A la sortie d'Auchy la Montagne (60), le bataillon prend les avants postes sur le plateau., 1ière Cie à droite, la 4 ième à Francastel (60), la 2ième devant le

cimetière, la 3ième en réserve. Le bataillon va prendre son cantonnement à Francastel (60). Arrivée à 2 H.

15 Sept : Repos et travaux de propreté. Le général d'Arnade passe la revue de cantonnement à midi. Ordre de partir dans la direction de Le Crocq (60).

16 Sept : 5 h 30 départ. Itinéraire : Le Crocq (60), Cormeille, Bonneuil, Blanefosse. A la sortie de ce village, le bataillon prend la formation de combat par section, demie section, et déploiement en tirailleurs. 3ième Cie en réserve. Les bois sont fouillés, rien à signaler. Le bataillon se rassemble à Fransures (80) et reprend la route de Flers où il rejoint le convoi du bataillon. Passage à Essertaux (80) et arrivée au cantonnement à Oresmaux (80) à 5 h 30.

17 Sept : départ à 5 H. Itinéraire : Grattepanche (80), Estrées (59) , Sains en Amiénois (80) St Fuscien (80), Cagny (80), Petit Canion (?). Gde halte de 12 H à 2 h. On rejoint le cantonnement du 1ier bataillon à Pont Noyelle (80), arrivée à 5 H.

18 Sept : dans la nuit le bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à partir à 6 H. Départ à 9 h en queue de la colonne du régiment. 2ième Cie en tête. Itinéraire : La Houssoye (80), Milhencourt (80) et Grenut (?). Halte à 12 H à 5 Km du cantonnement. Le 1ier bataillon va cantonner à Hénencourt (80) avec l'artillerie.

19ept : Rassemblement du bataillon à 6 H. Départ à 7 H. Itinéraire : La Neuville, Ribernont, Heilly (80), Bonnay-Corbie ( 80). Gde halte à 2 H près de Gentelles (80). Le bataillon cantonne à Gentelles (80) partie Ouest. Arrivée à 4 h : travaux de défense.

20 Sept : le bataillon reste dans le cantonnement, mise en état de défense du village, des tranchées sont édifiées sur la face ouest du village.

21 Sept : Le bataillon prend position à 7 H sur toute la face Ouest du village. Continuation des tranchées et travaux de défense. Rentrée au cantonnement à 11 H. Le cantonnement est en alerte.

22 Sept :6 H du matin. Le bataillon conserve son cantonnement, aucun mouvement n'est décidé pour la journée. Continuation des travaux de défense. Mr Delaporte, médecin auxiliaire est évacué.

23 Sept 1914 : Le bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à partir. On entend le canon assez distinctement dans la direction du Nord-Est. A 3 H départ de Gentelles (80). Itinéraire : Longeaux (80), Curnon et la Motte-Brébière (80) où le bataillon arrive à 6H et prend son cantonnement.

24 Sept : A 5 h arrive l'ordre de se lever et de se tenir prêt à partir en attendant l'ordre de départ.

25 Sept : Rien.

26 Sept : Le bataillon part et prend la formation en colonne ouverte, mes sections à 40 pas, à droite du village de Flers (80) dans la direction de Lesboeufs (80). Une batterie ennemie lance des projectiles dans notre direction. La Cie se déploie en tirailleurs à un pas. A 13 H le bataillon reçoit l'ordre d'occuper la crête à la partie Sud de Lesboeufs (80) et reste dans cette position, les hommes couchés dans les champs pendant plus de 4 H sous les rafales de l'artillerie ennemie dont les feux se croisent au dessus de nos têtes. Vers 18 h, la sonnerie de la charge retentit, le 17ième Territorial en 1ière ligne. La 1ière et la 2ième Cies vont renforcer leurs lignes de tirailleurs et font un bond de 200 mètres

environ. Un feu à volonté est ouvert par nos troupes puis nouvelle charge en avant de 200 mètres.

Nouveaux feux très nourris sur les positions ennemies d'artillerie défendues par un bataillon entier. Les 3ième et 4ième Cies restent en réserve.

Puis, à la nuit tombante, le rassemblement à lieu sur le champ de bataille toujours sous le feu de l'artillerie ennemie. Vers 19 H on regagne Flers (80) où on arrive vers 20 h. Enfin on va prendre les avants postes sur la route de Flers à Sailly le Sec (80).

27 Sept : A 2 h le bataillon reçoit l'ordre de regagner Mesnil (80). Itinéraire : Mesnil (80), Martincourt (80), et bivouaque dans ce dernier village dans les bois. Le bataillon revient reprendre les positions, la 2ième Cie est rassemblée en arrière de Serres (80) et bivouaque le long de la route à gauche du village.

28 Sept : Mêmes positions. Le bataillon reste en réserve toute la journée. Le soir, à la nuit ordre de gagner Puissieux (62). Route pénible à travers les pièces d'artillerie qui encombrent les chemins. Arrivée à Puissieux (62) vers 22 H. Sur la route le lieutenant Cornette, malade, passe le commandement du bataillon au Capitaine Joliet.

29 Sept : le 1ier bataillon prend ses positions de combat à 4 h 30 et lance à la suite du 3ième bataillon une double ligne e tirailleurs à droite et à gauche de la route de Puissieux (62) à la ferme de Beauregard avec cette dernière comme objectif. Sous les feux combinés de l'infanterie et de l'artillerie ennemies les tirailleurs reculent derrière la crête et prennent une position défensive. A 20 H le 1ier bataillon a pris le bivouaque de combat en avant poste au N.E de Puissieux (62).

30 Sept : Le bataillon prend les mêmes positions que la veille. A 5 H notre artillerie après un feu violent oblige l'ennemi à abandonner la ferme de Beauregard qui est aussitôt occupée par la 2ième Cie de soutien et la 3ième Cie du 1er bataillon. Celle-ci commandée par le capitaine d'artillerie Gillet met une pièce en batterie à droite de la ferme.

Deux nouvelles Cies sont envoyées pour renforcer celles qui occupent la ferme sous le commandement du commandant Perrier.

Le ravitaillement en vivres et en munitions à lieu à 20 H par une corvée commandée.

Vers 22 H une violente contre attaque ennemie se produit (infanterie appuyée par l'artillerie) qui oblige les occupants à évacuer la ferme. Nos hommes se replient sur Puissieux (62) sauf les 1ière et 3ième Cies qui restent dans les tranchées de la ferme avec le commandant Perrier.

1er Octobre : vers 1 H deux nouvelles Cies (2ième et 7ième) sont envoyées pour renforcer les deux Cies ci-dessus. Le reste du bataillon demeure en soutien d'artillerie.

2 Octobre : Le bataillon entre vers midi dans Puissieux (62) pour y cantonner dans la partie Nord.

A 13 h 30, Puissieux (62) est bombardé par l'ennemi. Le 1er bataillon reste dans son cantonnement en attendant les ordres et quitte le village à 18 H 30 en colonnes de route pour se rendre à la cote 108, à la sortie Ouest de Puissieux (62). Bivouaque dans les bois. Pendant la nuit, les lieutenants Briclot (2ième Cie)

et Ruault (3ième Cie) rentrent avec leurs hommes après être restés 36 H dans les tranchées de la ferme de Beauregard sous un feu violent continu et sans ravitaillement.

3 Octobre : prise d'armes à 5 H. Travaux de défense, le bataillon fait des tranchées en arrière de la crête entre Puissieux (62) et Flers (80).

4 Octobre : rassemblement à 4 H 30. Le bataillon va faire des tranchées dans le prolongement à gauche de celles faites la veille. L'artillerie repère le terrain. Les hommes restent dans les tranchées. Les Allemands débouchent de Puissieux (62) mais reculent devant une vive fusillade de notre artillerie. L'artillerie ennemie recommence à sonner fortement et une colonne des leurs parvient à faire un mouvement tournant et à prendre les tranchées en enfilade. Les hommes quittent les lieux pour se replier dans la direction d'Hebuterne (62).

La 1ière Cie quitte les tranchées, la dernière à 15 H et se rend à Hébuterne (62) où elle rencontre le général Brugère qui donne l'ordre de rassemblement à l'Ouest de Gomécourt (80) où elle arrive à 16 H sans avoir trouvé le régiment. Elle se rend ensuite à Colincamps (80) où elle retrouve son régiment.

5 Octobre : Départ à 5 H. Mise en état de défense de la partie Est de Colincamps (80). Secteur : Nord de la route se trouvant à 400 mètres de la sucrerie à droite et à l'extrémité du chemin de terre qui passe par le Sud du Bois de Courcelles. Un poste de surveillance d'une section et demie est placé sous le chemin de fer. Un autre poste est placé en arrière du nœud de la route qui se trouve au Nord de la sucrerie.

A 18 H le bataillon quitte ses tranchées et va se cantonner à Sailly aux Bois (62).

6 Octobre : Alerte à 2 h. Départ à 2 h. Le bataillon occupe les tranchées faites la veille. Dès l'arrivée une vive fusillade éclate dans la direction d'Hébuterne (62) cessant au bout d'une demie heure. A 6 H le bataillon quitte ses tranchées et va bivouaquer derrière la ferme de Touvent (80). Les lieutenants Ruault et Morrot sont nommés capitaines à titre transitoire et prennent le commandement de leurs Cies respectives. (1ière et 3ième)

7 Octobre : Le bataillon part en mission spéciale pour faire des tranchées sur le front Est de Bayencourt (80) dans la zone du territoire de la ferme de La Haye au moulin se trouvant à l'intersection de la route de Sailly aux Bois (62) à Fronguervillers (?) et qui est relié au chemin de Sailly aux Bois (62)à la ferme de La Haye par un chemin de terre.

A 8 h l'ordre est donné de gagner une position en arrière de la bordure et en avant du chemin allant de Sailly aux Bois (62) à Bayencourt (80) et passant à l'Est de Bayencourt. Le bataillon quitte ensuite la tranchée à 7 H et cantonne dans la partie Est de Bayencourt (80).

8 Octobre : le bataillon réoccupe à 5 H les tranchées de la veille avec ordre de les renforcer et de les améliorer pour en faire des tranchées couvertes. Le génie prête son aide à la construction des ouvrages.

Le bataillon quitte les tranchées à 7 H pour aller cantonner à Courcelles (80) où il arrive à 9 H.

9 Octobre : départ à 5 H, le bataillon passe en réserve et occupe les tranchées sur la lisière Sud de Bayencourt (80).

10 octobre : mêmes positions pour le bataillon. A 5 H l'ordre arrive de détacher deux Cies en soutien d'artillerie à la ferme de La Haie. Le bataillon rentre au

cantonnement à 8 H. Deux Cies à Bayencourt (80) avec Etat major et 7 Cies à la ferme Rossignol. Le capitaine Danet prend le commandement de la 4ième Cie en remplacement du capitaine Grandpierre.

11 Octobre : mêmes position. A 6 H du matin les 2 Cies soutiens d'artillerie rentrent dans les tranchées à Bayencourt (80). Le bataillon quitte les tranchées à 8 H du soir et va cantonner à Bertrancourt (80).

12 Octobre : le bataillon va remplacer le 3ième bataillon dans les tranchées sur la ligne de Sailly aux Bois (62) à la ferme de La Haie et passe la nuit dans les tranchées.

13 Octobre : le bataillon est relevé à 6 H par le 2ième bataillon et va occuper en réserve les tranchées sur la lisière sud de Bayencourt (80). A 7 H le bataillon quitte les tranchées et va cantonner : 2 Cies à la ferme Rossignol (2ième et 4ième) et 2 Cies à Coigneux (80) (1ier et 3ième).

14 Octobre : le bataillon quitte le cantonnement à 5 H et va relever le 3ième bataillon dans les tranchées en avant de Sailly aux Bois (62). A 7 h du soir le bataillon quitte Sailly et va cantonner à Courcelles au Bois (80) où il arrive à 10 Heures.

Les lieutenants Barot et Ruault des 1ière et 3ième Cies sont nommés capitaine et conservent le commandement de leurs Cies.

15 Octobre : départ à 4 H, le bataillon va occuper les tranchées du 3ième bataillon sur la ligne de Sailly aux Bois (62) à la ferme de La Haye et passe la nuit dans les tranchées.

16 octobre : A 6 H le bataillon est relevé par le 2ième et passe en réserve, il va occuper les tranchées de sur la lisière sud de Bayencourt (80). Le capitaine Daniel de l'état major vient prendre le commandement du bataillon, et est nommé chef du bataillon.

17 octobre : 1ière Cie de jour. Le bataillon part à 5 H pour remplacer un bataillon du 17ième dans les tranchées de Sailly aux Bois (62) et arrive sur les positions à 6H. Le bataillon quitte Sailly à 8 h et va cantonner à Coigneux (80).

18 octobre : le bataillon quitte le cantonnement pour aller occuper les tranchées situées entre Sailly (62) et la ferme de La Haye. Dans la nuit suivante, soit le 19 octobre, à 3 H le bataillon quitte les tranchées et va remplacer un bataillon du 22ième dans les tranchées de la face sud de Foncquevillers (62). La relève commence à 5 H et se passe sans incident. Vers 8 H une forte canonnade de l'ennemi sur la ferme de La Haye mais aucun incident pour le bataillon en place. Le bataillon se met en relation avec le colonel Lacapelle, commandant d'armes.

20 octobre : Mêmes positions. Pendant le cours de la journée le village et les tranchées sont bombardés à plusieurs reprises mais la journée s'achève sans incident.

21 octobre : A minuit le 79ième relève le 69ième dans les tranchées. Cette opération est considérablement gênée par une violente canonnade. Aucun incident à déplorer pour le bataillon, la journée s'achève après avoir encore subit quelques bombardements.

22 octobre : A 5 H du matin, la 2ième Cie prend la place d'une Cie du 22ième dont le bataillon est relevé. La journée se passe sans incident sauf un bombardement.

23 octobre : mêmes positions que la veille ; bombardements pendant la journée et fusillade toute la nuit.

24 octobre : mêmes positions, bombardements moins intensifs. Le Sergent Tournadre passe sous lieutenant à la 3ième Cie, l'adjudant Gatine de la 2ième passe sous lieutenant à la même Cie.

25 octobre : mêmes positions ; Bombardements dans la journée, rien de particulier.

26 octobre : mêmes positions. L'artillerie et le fer de l'infanterie affaiblit sensiblement. Rien de particulier.

27 octobre : le bataillon reste sur ses positions. A 5 H arrive l'ordre d'évacuer les tranchées et est remplacé par le 37ième. Le bataillon se rassemble à la sortie Ouest de Fonquevillers (62). A 7 H, contre ordre, le bataillon reprend ses positions à son premier emplacement dans le chemin creux rejoignant la route de Souatre (62). La 1ière Cie prend les tranchées sur la lisière ouest occupée précédemment par la 4ième Cie. Les 2ième et 3ième vont renforcer les Cies du 37ième . Dans la nuit violente attaque sur Monchy aux Bois (62) et Gommécourt(80).

28 octobre : Malgré la fusillade et la canonnade aucun incident à signaler pour la nuit.

A 7 H le sergent fourrier Poezobut de la 3ième Cie qui rejoignait sa tranchée en compagnie de son collègue Radet de la même Cie est tué sur la route par un éclat de schrapnell*. La mort fut instantanée. L'inhumation eut lieu à 2 H en présence d'une délégation de chaque Cie. Le corps est placé dans une bière et inhumé derrière l'église. Le certificat de décès à été remis à l'adjoint à la mairie.

!* schrapnell : type d'obus chargé de balles qui sont projetées à l'explosion.

Le reste de la journée se passe sans incident. Un seul repas pour la journée a été distribué.

29 Octobre : Toute la nuit attaque violente sur Monchy (62) et Gommécourt (80). Rien à signaler pour le bataillon.

30, 31 Octobre, 1ier Novembre : mêmes positions. Rien à signaler.

2 novembre : Mêmes positions, la 3ième Cie quitte ses tranchées et vient se replacer en réserve dans le chemin creux qui rejoint la route de Souatre (62) à l'ouest de Foncquevillers (62). Les 37,26 79 et 69ième sont relevés par la 11ième brigade. Le groupe territorial passe à la 56ième division. Rien à signaler dans la journée.

3 novembre : aucun incident pendant la nuit qui fut très calme. RAS dans la journée.

4 novembre : Pendant la nuit violente fusillade de l'ennemi au nord et au sud de Foncquevillers (62) de 9 h à 11 h. Nuit assez calme ensuite que l'après midi. Dans la journée des officiers du 17ième territorial viennent reconnaître l'emplacement des tranchées pour la relève de ce soir à 7 h. Le bataillon se rassemble à 9 h dans le chemin creux qui rejoint la route de Souadre et se met en marche à 9 H et arrive à Sailly aux Bois (62) à 10 h. Les 2ième et 4ième vont relever les Cies correspondantes du 19ième dans les tranchées à la sortie vers Foncquevillers (62) et Hébuterne (62). Les 1ier et 3ième cantonnent à l'intérieur du village.

5 novembre : le bataillon améliore ses positions de tranchées et de cantonnement. Un service est établit pour que chaque Cie dans les tranchées soient relevée par les Cies qui ont cantonnées.

6,7 et 8 novembre : mêmes positions même emploi du temps.

9 novembre : le bataillon va aller relever le 2ième bataillon à Hébuterne (62). L'après midi, reconnaissance des emplacements, à 6 H départ, arrivée à 7 H à Hébuterne (62). Le bataillon occupe le secteur nord et remplace la Cie correspondante du 2ième bataillon dans les tranchées.

10, 11 novembre : mêmes positions ; Amélioration des travaux de défense.

12 novembre : mêmes positions ; Amélioration des travaux de défense. Le 29ième bataillon de chasseurs qui coopère à la défense du secteur est relevé par un bataillon du 31ième de réserve. Cette relève se passe sans incident.

13 novembre : mêmes positions ; Amélioration des travaux de défense et des travaux d'approche. A 10 H le soldat Marie de la 2ième Cie est tué par un éclat d'obus et le soldat Detourlet est blessé légèrement. Ce dernier est évacué le soir même. Patrouille sans incident.

14 novembre : mêmes positions, mêmes travaux. Le soldat Beloeil de la 2ième Cie est blessé par un éclat d'obus pendant une corvée de piquets pour fils de fer. A 2 H enterrement du soldat Marie tué la veille.

15 novembre : mêmes positions, mêmes travaux. Un déserteur allemand monté à bicyclette se présente devant la tranchée de la 2ième Cie sur la route allant à Bucquoy (62) vers 10 h . Cet homme est amené au poste de commandement où, après un interrogatoire, il est dirigé sur la division. Vers midi, une tranchée s'éboule dans la relève de la 3ième Cie. Un caporal et deux hommes sont légèrement contusionnés. Des ordres sont donnés pour opérer la vérification de la solidité dans les tranchées. Dans la nuit du 15 au 16 : RAS.

16 novembre : mêmes positions, mêmes travaux. Vers 12 H le soldat Meillion de la 3ième Cie a été blessé assez grièvement à la jambe par un éclat d'obus. Cet homme, cuisinier de l'escouade venait chercher de l'eau et circulait sur la route au moment de l'explosion. On continue l'achèvement des travaux d'approche ; la 1ière Cie a poussé la construction d'un boyau destiné à relier une tranchée avancée en avant de la chapelle sur la route de Bucquoy (62). Le chef de bataillon du 35ième, commandant le secteur, a rendu hommage au dévouement et à l'entrain des travailleurs de boyau. Un petit poste d'écoute placé en avant est resté de faction sans bouger pendant toute la nuit, malgré la fusillade et les patrouilles allemandes. La nuit fut fort mauvaise en raison des pluies persistantes, les tranchées et les boyaux se transformant en ruisseaux.

17 novembre ; mêmes positions, mêmes tranchées. Le bataillon doit être relevé à 4 h 30 par le 3ième bataillon.

18 novembre : la relève du bataillon se passe sans incident. Cantonnement à Sailly (62). La 4ième Cie seule va occuper les tranchées à l'est de Sailly (62) entre la route de Foncquevillers (62) et d'Hébuterne (62).

19 novembre : A 6 H du matin, tout le bataillon dans les tranchées à l'est de Sailly(62). Une attaque générale est prononcée sur le front Beaumont (62), Gommécourt(62), Puissieux (62) .

20 novembre : même cantonnement. Vers 10 H deux hommes de la 4ième Cie sont blessés par des éclats d'obus et plus tard l'adjudant Pinard de la même Cie est tué au même endroit.

21 novembre : même cantonnement, même service. Les chefs de bataillons et les commandants de Cies vont reconnaître les emplacements du secteur sud d'Hébuterne(62). Inhumation de l'adjudant Pinard.

22 novembre : le bataillon part à 4 H, de 10 minutes en 10 minutes en commençant par la 2ième Cie. La relève est terminée à 6 H. Poste de commandement installé au presbytère.

23 novembre : mêmes positions, même service. A 9 H visite des tranchées. Le bataillon reçoit 100 hommes en renfort venus d'Evreux (27) sous le commandement du capitaine Larose. RAS pour le reste de la journée.

24 novembre : mêmes positions, mêmes travaux que la veille. Etablissement de l'état de proposition pour le grade de sous lieutenant à titre définitif.

25 novembre : mêmes positions, mêmes travaux que la veille. A 13 H 30, à la suite d'un éclat d'obus, le soldat Cartier de la 1ière Cie est gravement blessé (fracture du crâne). Son camarade Lausade est blessé légèrement (plaie à la nuque). Les deux hommes ont été blessés au moment où ils regagnaient la cave qui leur avait été désignée en cas de bombardement.

26 novembre : mêmes positions, mêmes travaux que la veille. La 2ième Cie poursuit activement la construction du boyau assigné ; 40 mètres ont été creusés dans la nuit. Le soldat Cartier, blessé hier est mort pendant le trajet d'Hébuterne (62) à Sailly (62). Le soldat Lausade a été évacué sur l'hôpital .

Aujourd'hui, séance du Conseil de Guerre au presbytère. Le soldat Nast ayant tué dans la nuit, malgré la consigne, son caporal d'escouade a été acquitté.

27 novembre : mêmes positions, mêmes travaux de renforcement. Inhumation du soldat Cartier à Sailly(62).

28 novembre : mêmes positions, mêmes travaux. A 9 H à la suite d'une rafale d'artillerie 4 hommes sont blessés :

1ière Cie 1ière Cie

Gaillard Eugène de la classe 95 : lèvre fendue Noël Georges

de la classe 98 : plaies légères au dos

2ième Cie Durocher Victor de la classe 99 : fracture probable du crâne 3ième Cie Bigorque Louis

de la classe 97 : poumon perforé

Les hommes ont été évacués par les soins de l'infirmerie divisionnaire.

29 novembre : mêmes positions que précédemment. Le bataillon prend ses dispositions pour la relève.

30 novembre : Le bataillon quitte Hébuterne (62) à 5 H du matin, remplacé par le 3ième bataillon et va cantonner. Deux Cies à Bus les Arbois (62) et deux Cies à Sailly (62). Arrivée à Sailly à 6 H et et à Bus à 7 H.

1er Décembre : Cantonnement de repos. Nettoyage des armes et des effets ; Exercices d'après un emploi du temps fixé par le colonel de Madaillac.

2 et 3 Décembre : même cantonnement, même emploi du temps.

4 décembre : Le bataillon quitte Bus (62) pour aller occuper le secteur nord de Hébuterne (62).

5 à 11 décembre : mêmes positions RAS.

12 décembre : Nous quittons Hébuterne (62) pour aller cantonner. Deux Cies à Bus (62) avec l'état major et 2 Cies à St Léger (62).

13à 15 décembre : même cantonnement ; Repos.

16 décembre : le bataillon part pour relever le 2ième à Hébuterne (62). Rassemblement à 4 H 15 à la sortie de Sailly (62) au calvaire. L'opération commencée à 5 h se termine à 6 H sans incident.

17 décembre : Attaque générale. Amélioration et mise en état des tranchées. Dès le matin violente canonnade à droite sur Serre (62) et Puissieux (62).

18 décembre : même position. Violente canonnade dans la direction d'Arras (62). Sur notre front ordre de se montrer très actif et de tirer sur tout ce qui se présentera. Dans la soirée, un obus pénètre dans le poste de commandement de la 3ième Cie. Le commandant Nouvel est légèrement blessé. Un second obus pénètre dans l'infirmerie des chasseurs et éclate dans la salle. Un infirmier est tué et les sergents major sont blessés.

Dans la soirée, la nouvelle nous parvient que nous avons progressés d'environ 7 Km devant Arras (62) et de 2 Km sur Abbeville (80). Sur notre front nous avons progressés à la ferme de La Ligny et pris deux tranchées sur Gommecourt (62) en avant de Foncquevillers (62).

19 à 24 décembre : RAS. Relève le 24.

25 décembre : Arrivée à Bus (62) Logé chez Mr et Mme Rouget.

26 décembre : RAS. Concert organisé par nous : succès très justifié.

27 décembre : RAS.

28 décembre : RAS. Départ pour Hébuterne (62).

29 décembre : Arrivée à Hébuterne (62) secteur Nord.

30 et 31 décembre : RAS.

1er Janvier 1915 : journée assez calme du coté allemand.

2 et 3 janvier : RAS.

4 janvier : départ d'Hébuterne (62) pour aller au repos à Louvencourt (80). Partis en autorail pour Havernas (80) Vaccination. Réorganisation du bataillon. Départ de Havernas (80).

11 février à 7 H du matin, direction Querrien (62) où le bataillon cantonne. Départ le 12 à 5 h du matin, journée extrêmement fatigante et arrivée à Chipilly (80) à 11 H. Pas de cantonnement, pluie toute la journée.

Les 13 et 14 février se passent à Chipilly (80). Arrivée à Cerisy-Gailly (80) et cantonnement pendant 8 jours.

25 février : A 11 H du soir, départ pour les tranchées de Maricourt (80). Arrivée à 2 H 30. Le poste de commandement est situé au milieu du bois de Maricourt (80). Position dangereuse. Le bois forme un saillant très avancé dans les lignes boches. Travaux de terrassement. Activité incessante de l'ennemi.

26 février : l'ennemi bombarde toute la journée. Un obus touche un abri de la 3ième Cie : deux morts instantanés. Le sergent major Gardon est très grièvement blessé d'un éclat d'obus à la cuisse. Il a reçu en outre de nombreuses contusions sur tout le corps. Le caporal Goulet a un doigt arraché. Thomas, Tablot, Héroult gravement blessés. Pertes : 2 morts et 4 blessés.

27 février : le sergent major Gardon meurt dans la nuit de la suite de ses blessures.

28 février : RAS. Bombardements et fusillades.

1er mars : Leleu de la 3ième Cie étant en sentinelle la nuit est blessé au bras. La balle a frappé au coude et est sorti près du poignet : amputation nécessaire.

2 mars : un obus tombe sur le poste de commandement du capitaine Marrot de la 1ière Cie. Le soldat Cueu, ordonnance du capitaine qui se trouve dans le gourbi est atteint des balles de schrapnell *. Les blessures ne mettent pas sa vie en danger.

*Le shrapnel, du nom de son inventeur Henry Shrapnel, est le nom désignant, depuis la Première Guerre mondiale, le type d'obus chargé de balles qui sont projetées à l'explosion.

3 mars : RAS. L'ennemi est toujours actif. Nous faisons de nombreux travaux de terrassement.

4 mars : Visite du général Berthelot, commandant la 3ième division. Ordre est donné de ne montrer aucune activité. Défense de tirer un seul coup de fusil pendant les 24 heures. Tout travail doit cesser de façon à inquiéter les Allemands et à leur laisser croire à un retrait de nos troupes dans le secteur. Prendre des embuscades et faire des patrouilles pour avoir des prisonniers. Etant donné le calme qui règne dans nos lignes, l'ennemi se montre plus actif dans la matinée puis leurs fusillades s'arrêtent pendant plusieurs heures. Repos vraiment agréable, on respire un peu. L'après midi, l'ennemi bombarde pendant deux heures, environ 60 obus à raison de 3 par minute. Aucune reprise de notre part, le bombardement cesse. La nuit l'ennemi s'inquiète et s'énerve mais ne sort pas de ses tranchées. Il lance sans interruption des fusées pour éclairer nos lignes. Rien ne bouge chez nous. Patrouille de reconnaissance.

5 mars : La consigne de ne montrer aucune activité qui devait cesser à ce moment est prolongée jusqu'à minuit, le 6 (mars). A 2 h du matin, préparatifs de départ. Nous sommes relevés par le 2ième bataillon sans aucun incident. Nous quittons Maricourt (80) à 3 H, passons par la ferme de Bronfay (80), à 4 h et arrivée à Bracy (80) à 7 H et retour au cantonnement de Cerisy (80) à 9 H.

6 mars : repos à Cerisy (80). Travaux de tranchées.

17 mars : même cantonnement, mêmes travaux.

18 mars : Forceville (80) et Auchonvillers (80).

30 mars : arrivée à Forceville (80) 3ième Cie de jour.

1er avril : conseil de guerre.

5 avril : arrivée aux tranchées d'Auchonvillers (80). 1ière Cie secteur de gauche, 3ième à droite, 2ième en section au cimetière, 4ième Cie à Mailly (80). Demandé 1.000 Kg de bois et 500 Kg de charbon.

Du 5 au 11 avril : Auchonvillers (80). Le 9 avril deux soldats de la 1ière Cie sont blessés par un obus qui éclate au dessus de la tranchée. Le caporal Sallier reçoit des schrapnell* dans la cuisse droite et le soldat Hornais a le bras brisé. Ces deux blessures sont peu graves. Relève du bataillon dans la nuit du 11 au 12.

!*Le shrapnel, du nom de son inventeur Henry Shrapnel, est le nom désignant, depuis la Première Guerre mondiale, le type d'obus chargé de balles qui sont projetées à l'explosion.

12 avril : arrivée à Forceville (80) et le soir la 4ième Cie envoie un peloton de tirailleurs au gourbi devant Le Hamel (80).

Du 13 avril au 22 juin 1915 : travaux de tranchées sur Forceville (80), Mailly(80) et Auchonvillers (80).

Du 22 juin au 1ier juillet 1915 : à Le Hamel (80) diverses nominations. Le 1er juillet départ du bataillon de Le Hamel (80) pour Millencourt (80) où il cantonne les 2 et 3 juillet.

Départ en Champagne.

4 juillet : départ de Millencourt (80) à 5 h. Embarquement en chemin de fer à Mernom l'Abbé (?).

5 juillet : en chemin de fer, arrivée à Somme-Tourbe (51). le bataillon cantonne dans des baraquements. Ndlr : sur Somme-Tourbe : la Tourbe, affluent de l'Aisne y prend sa source. "Somme" signifie "Source" en gaulois. Le village fut totalement détruit en 1914 exceptées l’église et l’école).

6 juillet : Départ de Somme-Tourbe (51) pour Somme-Huppes (51) ou le bataillon cantonne.

Du 7 au 31 juillet : Cantonnement à Somme-Huppes (51), le bataillon est à la disposition du génie.

1er août : le bataillon quitte Somme-Huppes (51) et va bivouaquer près de la ferme de Piemont (51). Le régiment est rassemblé.

2 août : départ à 11 h nous traversons le camp de Chalons sur Marne (51). Erreur de direction, résultat : 22 Km au lieu de 9. Passons par Mourmelon le Grand (51) et arrivons à l'école normale où le régiment bivouaque.

3 août : installation à l'école normale. Le régiment est toujours à la disposition du génie pour les travaux en 1ière ligne.

Du 4 au 28 août : mêmes dispositions.

Du 29 au 30 août : départ à 11 h, arrivée au Bois de l'Espérance (51) où le régiment bivouaque. Bombardements.

Du 31 août au 19 Sept 1915 : mêmes positions. Travaux pour la guerre.

19 Sept : départ à 7 H du soir. Le bataillon est détaché et mis à la disposition de la 37ième division. Arrivé au Bois de la Lyre (51) à 3 H du matin.

20 septembre : Installation et à 6 H les 3ième et 4ième Cies quittent le Bois de la Lyre et vont cantonner, la 3ième à St Hilaire le Grand (51) et la 4ième à Jonchery (51). La 1ière et la 2ième et le chef de bataillon restent au Bois de la Lyre (51).

21 septembre : même position.

22 septembre : même position. 2 blessés à la 4ième Cie.

23 septembre : même position 1 blesé à la 4ième Cie.

24 et 25 septembre : même position. Mr Delalande blessé est évacué. 1 blessé à la 3ième Cie.

26 septembre : la 2ième Cie et le chef de bataillon partent du Bois de la Lyre (51) à 6 H du matin et vont cantonner à St Hilaire le Grand (51). Pas assez de place, la 2ième reste à l'entrée de St Hilaire (51). Mr Larbandrin est évacué à la suite de l'éclatement d'un obus à gaz lacrymogène. 19 Blessés + 1 tué à la 4ième Cie, 15 blessés à la 2ième et 3ième Cies.

27 septembre : mêmes positions. Le bataillon est en charge du ravitaillement en vins des 73ième et 74ième brigades de la 37ième division.

1ière Cie : 2 tués, le Sergent Faivre et le soldat Chanclot + 2 blessés. 2ième Cie : 1 disparu.

28 septembre : 2 blessés.

29 septembre : 4 blessés.

30 septembre : 1 blessé.

1er octobre : 3 blessés.

2 octobre : 1 blessé.

3 octobre : départ à 5 H de St Hilaire le Grand (51) pour Suippes (51). 2 blessés. Nous sommes rattachés à la 8ième division qui nous envoie au Bois des Roques (51). Départ à 3 H et arrivée à 6 H ; Pas de place. Nous passons la nuit dehors. La 1ière Cie envoie un détachement pour enterrer les morts. Pas d'accident.

4 octobre : même position. Passons à la Division marocaine pour travaux du chemin de fer.

Du 4 au 13 octobre : Bois des Roques (51).

14 octobre : Départ à 1 H pour aller à la ferme de Waques (51) où nous arrivons à 2 h et attendons vainement des ordres. A 6h bivouaque sur place.

15 octobre : nous allons nous installer dans les tranchées au nord de la ferme de Waques (51). Place insuffisante. A 3 H arrive l'ordre que nous passons au 2ième corps colonial. Nuit du 15 dans les tranchées.

16 octobre : nous partons à 3 h du matin. Passons par Suippes (51) et cantonnons toute la journée à la ferme de Suippes. Embarquement en auto à 8 h du soir pour arriver à Epernay (51) à 11 H.

17 octobre : Cantonnement à Epernay (51) très difficile car rien de préparé. Rassemblement à 10 H, les hommes attendent jusqu'à 4 H du soir pour l'embarquement en chemin de fer. Arrivée à Clermont (60) à 2 H du matin.

18 octobre : départ de la gare de Clermont (60) à 3h. Arrivée à Caternoy (60) à 5 H du matin où le bataillon cantonne avec l'état major. 2ième et 3ième bataillons à Sacy le Grand (60).

Du 19 octobre au 29 novembre 1915 : Cantonnement à Caternoy (60). Repos.

30 novembre : Départ de Caternoy à 11 H 45, le bataillon va cantonner à Sacy le Grand (60) et remplace le 2ième bataillon qui se rend à La Bruyère (60). Le cantonnement est très défectueux au début et s'améliore par la suite. Arrivée à Sacy (60) à 13 H et installation.

….Puis, plus rien.

LA BATAILLE DE PICARDIE (Septembre - Octobre 1914)

Après la bataille de la Marne, l'aile gauche française s'étend, la course à la mer commence. Elle donnera lieu aux batailles d'Artois, de Picardie et de Belgique. Le 22 septembre, le régiment débarque à Grandvillers (80), gagne à pied Cachy (80), pour la première fois monte en camions-autos, puis atteint Bouchoir (80) le 25 septembre, après une pénible marche de nuit.

A peine arrivé, il reçoit l'ordre d'attaque. Déployé en ordre parfait entre Bouchoir (80) et le Quesnoy-en-Santerre (80), il s'empare d'un seul élan de La Chavatte (80). Au cours de cette affaire, le lieutenant-colonel Hoff, qui a eu la joie de voir ses nouveaux soldats (le régiment est renouvelé) manœuvrer parfaitement, " comme à l'exercice ", est très grièvement blessé. Les 26 et 27 septembre, le 153e, après avoir repris l'offensive, repousse toutes les attaques déclenchées dans la région de Liaucourt ; le 3 octobre il est transporté dans un autre secteur Fatigué, meurtri, il trouve encore dans son moral élevé, l'ardeur nécessaire pour reprendre le village de Fontaine-les-Cappy (80), puis, le 5 octobre, celui de Gommécourt (62), où il s'organise. A partir du 8, il reçoit la mission de garder le secteur de Foncquevillers (62) et Hébuterne (62), où il se maintient malgré les tentatives ennemies.

(Extrait de la bataille de Picardie sur internet)

LA BATAILLE DE CHAMPAGNE (Septembre 1915)

Ces opérations partielles allaient trouver leur couronnement dans une offensive générale du Groupe de nos Armées du Centre. Fixée à la date du 25 septembre 1915, cette offensive se déclencha entre la vallée de la Suippe et la lisière ouest de la forêt d'Argonne, dans ces plaines nues et grises.

Cette lutte de douze jours porte dans l'histoire le nom de bataille de Champagne. Elle évoque symboliquement un dessein, vite abandonné, de retour à la guerre de mouvement, et une libération relativement importante de terre française. Au point de vue technique, elle marque une étape bien déterminée de la guerre.

Le 22 septembre, tout était prêt pour l'offensive.

L'offensive commença le 22 septembre, la préparation d'artillerie, formidable, incessante, plongeant les Allemands dans la stupeur et l'effroi. Elle broya d'abord à grande distance les bivouacs de cantonnement et les bifurcations de voies ferrées.

Puis, sous la pluie de nos projectiles, l'ennemi vit sa première position anéantie, et tout ravitaillement lui devint impossible. Pendant soixante-quinze heures, sans arrêt, et par cent mille, nos obus écrasèrent tranchées, abris, boyaux, fils de fer et défenseurs.

Des officiers allemands calculèrent que, dans un secteur de cent mètres de largeur sur un kilomètre de profondeur, il était tombé 3600 projectiles par heure. Un temps très beau et très clair favorisait le réglage et aidait fort à propos l'adresse de nos canonniers.

Malheureusement, dans la nuit du 24 au 25, le ciel s'emplit de gros nuages, et des torrents d'eau vinrent délayer cette terre molle et blanchâtre de la

Champagne. La question se posa à l'État-Major de savoir s'il n'y avait pas lieu de retarder l'attaque pour attendre de meilleures conditions atmosphériques. Mais, malgré son importance, l'approvisionnement en munitions ne permettait pas de prolonger davantage la préparation d'artillerie. D'ailleurs, le temps parut se remettre au beau.

Le 23, un ordre du jour du Généralissime avait demandé à nos soldats : "D'y aller à plein cœur pour la délivrance de la Patrie et pour le triomphe du Droit et de la Liberté. Votre élan sera irrésistible, disait-il. Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire, au-delà des lignes fortifiées qu'il vous oppose. Vous ne lui laisserez ni trêve, ni repos, jusqu'à l'achèvement de la victoire. "

C'était là une fière réponse aux Allemands qui, depuis un mois, lançaient dans nos tranchées d'insolents messages portant ce défi : " A quand votre fameuse offensive? Nous vous attendons. "

Dans ses directives aux chefs de grandes unités, Joffre insistait sur ce point qu'il s'agissait de gagner en profondeur le plus de terrain possible sur l'ennemi. Il recommandait de mettre à profit l'ardeur offensive et l'esprit de sacrifice de notre cavalerie, depuis si longtemps inemployée, et cependant si impatiente de retrouver son rôle dans les combats.

Le 24, on se prépara à la grande attaque. Un immense champ de bataille s'ouvrait aux élans. Il s'étendait sur une largeur de 25 kilomètres, d'Aubérive à Ville sur Tourbe, dans un paysage crayeux, creusé, çà et là, de dépressions de terrain, et bordé, au nord est, par l'Argonne.

L'uniformité morne de ces plaines n'était rompue que par de nombreux bois de pins, toujours pareils, à qui leurs formes géométriques servaient d'appellation : le bois Carré, le bois en Losange, en Trapèze, etc.

D'autres noms obscurs désignaient les différents points de cette étendue grise qui, sous son apparence immobile et silencieuse, recelait partout la mort : la ferme de Navarin, l'Épine de Vedegrange, le Trou Bricot, la butte de Tahure, la Main de Massiges.

L'héroïsme de nos soldats allait leur donner dans le monde entier une renommée éternelle.

Les troupes passèrent la nuit du 24 au 25 dans les places d'armes, à l'arrière des crêtes, en attendant l'heure H, qui devait donner à tous le signal de l'assaut.

Ce déplacement à travers l'étroit réseau des boyaux et des parallèles n'alla pas sans peine pour la plupart des régiments et bataillons, les ordres de départ ayant souvent été donnés avant que le passage fût libre. La première et la deuxième ligne regorgèrent bientôt de soldats dont les rangs pressés et immobiles arrêtaient la marche de ceux qui suivaient. Dans la nuit opaque, sous la pluie presque incessante, bien des cohues jetèrent les combattants les uns sur les autres, sans altérer leur entrain ni leur belle humeur.

Le 25 septembre le jour paraît, gris et humide ; l'heure H est fixée à 9h15...

Un commandement part : " En avant !,Vive la France !! " Sans hésitation, sur toute la largeur de l'immense front, les fantassins bleus bondissent au-dessus des

parallèles de départ et s'avancent en vagues simultanées et correctement alignées.

La surprise de l'ennemi est si complète que ses tirs de barrage restent sans intensité. Les premières positions à conquérir se composaient d'un lacis de tranchées formant une série de lignes très fortes, mais dont la plupart des éléments pouvaient heureusement être observés à vue directe. D'ailleurs, nos avions, munis de télégraphie sans fil, continuaient à se mouvoir dans le ciel pluvieux et à observer les faits et gestes de l'ennemi.

Au sortir des parallèles de départ, les vagues d'assaut successives n'étaient séparées que par un intervalle de cinquante à cent mètres. Sur presque tous les points, elles ne tardèrent pas à se fondre en une ligne unique, ligne qui manqua souvent d'ordre et de cohésion, nos soldats se mettant alors à courir individuellement vers les objectifs assignés à tous. Heureusement, nos pièces lourdes avaient si complètement haché les réseaux qu'en de très nombreux secteurs du front attaqué nous atteignîmes les tranchées d'un seul élan.

Notre progression se poursuit alors, malgré les mitrailleuses et la mousqueterie. Tous les boyaux sont bondés de cadavres allemands, fauchés par notre terrible préparation d'artillerie Mais nous n'occupons pas avec autant de facilité les centres puissamment fortifiés que les Allemands avaient établis en maints endroits de leur première ligne. Nos soldats ne les enlèvent qu'au prix des plus héroïques sacrifices.

Cette sanglante journée du 25 septembre s'acheva sous la pluie qui n'avait guère discontinué depuis le début de l'attaque.

Sur la grande plaine champenoise une nuit très noire s'étendit, éclairée de temps à autre par les sillons lumineux des fusées. La fatigue de nos soldats se doublait

d'une amère déception. Ils avaient espéré que cette offensive, si minutieusement préparée, les conduirait à une prompte et décisive victoire.

Hélas ! Après la griserie des premiers succès, il fallait se résigner à de nouveaux efforts, de nouveaux sacrifices. Néanmoins, dans la soirée du 25, nos troupes avaient gagné, sur tout le front de bataille, une appréciable profondeur de terrain.

Quatre avances étaient particulièrement à signaler, en raison de leur importance tactique. Une, assez légère, en direction de Saint-Souplet ; deux, plus importantes, dans la région nord de Souain et de Perthes-les-Hurlus ; la quatrième dans la région de Maisons-de-Champagne et de la Main-de-Massiges.

Le 26, complétant et élargissant les succès de la veille, nos vagues d'assaut arrivèrent à border complètement la deuxième position allemande, depuis la route de Saint-Souplet sur Py jusqu'à la butte de Tahure, c'est-à-dire sur un front de quatorze kilomètres. Plus à l'est, l'ennemi réussit à se maintenir dans ses retranchements entre Tahure et la butte du Mesnil. La progression de toute la 2e Armée se trouva de ce fait enrayée. Cependant les Allemands semblaient décontenancés par la violence de nos assauts. De très nombreux prisonniers, un important matériel tombèrent entre nos mains.

Les 27 et 28 septembre, nous cherchâmes encore vainement à faire brèche dans la deuxième position allemande, bien que les effectifs eussent d'abord paru assez faibles sur toute la partie abordée par la 4e Armée. On se battit sans répit sur toute la largeur du front. Autour de la ferme de Navarin, coloniaux, tirailleurs marocains et chasseurs à pied s'élancèrent en de furieux assauts.

Bien qu'elle n'eût pas donné les résultats qu'on en attendait, cette bataille de Champagne ne resta pas sans fruits. Les forces germaniques, surprises par la violence de nos assauts, se virent contraintes de nous abandonner sur un front

de vingt-cinq kilomètres, une moyenne de quatre kilomètres de terrain en profondeur, qui constituaient une zone de défenses formidables et réputées imprenables.

L'ennemi laissait entre nos mains 26.000 prisonniers dont 350 officiers, 150 canons, un abondant matériel de siège et de combat. Sur les 200.000 Allemands engagés au cours de l'action, 140.000 avaient été tués, blessés ou prisonniers