Blockchain et énergie solaire veulent promettre ensemble une ...

1/4. Blockchain et énergie solaire veulent promettre ensemble une. "révolution énergétique". Des projets associent de plus en plus panneaux photovoltaïques et ...
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31/05/2017

Blockchain et énergie solaire veulent promettre ensemble une "révolution énergétique"

Blockchain et énergie solaire veulent promettre ensemble une "révolution énergétique" Des  projets  associent  de  plus  en  plus  panneaux  photovoltaïques  et  blockchain  pour permettre  d'autoproduire  et  de  consommer  sa  propre  électricité.  La  levée  de  nombreux obstacles au développement du secteur provoque un grand enthousiasme, à tempérer…

© Daniele Pietrobelli

"Une  révolution  en  trois  D  :  Digitalisation,  Décentralisation  et  Décarbonisation".  La formule de Didier Lafaille, chef du département technique à la Commission de régulation de l'énergie (Cre), est efficace. André Joffre, PDG du groupe Tecsol, la reprend volontiers lors  d'un  colloque  sur  l'autoconsommation  et  la  blockchain,  organisé  par  le  bureau d'études  le  26  octobre.  L'événement  a  fait  salle  comble,  démontrant  ainsi  le  fort  intérêt économique suscité par ce mélange entre technologie numérique et production d'énergie solaire. "Un marché extrêmement récent" Si la puissance solaire raccordée au réseau est passée de 4 MW en 2006 à 6.547 MW en juin 2016, l'autoconsommation de cette même énergie est un phénomène qui n'a pris de l'ampleur que récemment en France. Les obstacles au développement de la filière ont été progressivement levés. Caroline Plaza, directrice technique de la start­up Sunchain, créée en mai 2016, voit "la baisse des coûts d'installation" comme un  premier facteur positif. D'après  les  méthodes  de calcul de  l'association européenne de  l'industrie  photovoltaïque (EPIA) et le cabinet AT Kearney, la compétitivité de l'énergie solaire pourrait être atteinte avant 2020 en France. A  une  conjoncture  économique  favorable  s'ajoute  un  soutien  du  législateur  à  la  filière, consacré  par l'ordonnance du  27 juillet  2016 relative à  l'autoconsommation d'électricité. Les obstacles règlementaires à ce type de dispositif ont ainsi pu être levés. Dans le tissu entrepreneurial,  on  reconnaît  l'effet  libérateur  qu'a  eu  ce  texte  :  "le  marché  est extrêmement récent puisque la réglementation sur le raccordement au réseau électrique a https://www.actu­environnement.com/ae/news/blockchain­autoconsommation­solaire­start­up­innovation­revolution­27869.php4

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été  promulguée  en  juillet  dernier",  affirme  Mathieu  Jacquot,  gérant  de  la  start­up Ecosolar, mise sur pieds en août dernier. Enfin,  les  mentalités  semblent  elles­aussi  prêtes  à  soutenir  ce  type  de  production énergétique.  D'après  une  enquête  du  syndicat  des  professionnels  de  l'énergie  solaire, Enerplan,  60%  des  français  se  déclarent  prêts  à  équiper  leur  domicile  de  panneaux photovoltaïques. La blockchain : une question de traçabilité La  blockchain  parachève  cet  ensemble  de  conditions  favorables  en  apportant  une innovation séduisante pour les investisseurs. Cette technologie digitale doit permettre de stocker  et  de  transmettre  des  informations  de  façon  transparente,  sécurisée  et décentralisée.  Pour  décrire  ce  dispositif,  les  mots  du  mathématicien  Jean­Paul  Delahaye sont  souvent  repris.  La  blockchain  serait  finalement  "un  très  grand  cahier,  que  tout  le monde  peut  lire  librement,  gratuitement,  sur  lequel  tout  le  monde  peut  écrire,  qui  est impossible à effacer et indestructible". Chez  Sunchain  par  exemple,  cette  technologie  sera  utilisée  comme  un  registre.  Elle permettra de certifier l'origine de l'électricité verte de façon entièrement automatisée. Un capteur installé sur les panneaux solaires émettra les informations sur l'énergie produite. Que  l'électricité  d'origine  photovoltaïque  soit  directement  consommée  ou  vendue,  la blockchain  enregistre  son  évolution.  L'avantage  :  les  informations  sont  distribuées  chez chaque membre de la blockchain, d'où la transparence du dispositif. Et son inviolabilité, car  il  est  plus  aisé  de  hacker  une  base  de  données  centralisée  que  des  informations sécurisées  distribuées  en  plusieurs  endroits.  A  quoi  s'ajoute  l'indépendance  du  système vis­à­vis  de  tiers,  type  certificateur  ou  notaire,  pour  valider  les  échanges.  Un  élément crucial des business model de ces start­up qui misent sur des coûts de transaction très peu élevés grâce à ce système informatique. Sunchain développe son dispositif pour le Conseil départemental des Pyrénées orientales sur  un  ensemble  immobilier  qui  devra  entièrement  produire  l'énergie  qu'il  consomme. Caroline Plaza voit déjà d'autres applications potentielles pour Sunchain : "la blockchain nous  permettra  notamment  d'introduire  plus  facilement  l'autoconsommation  d'énergie solaire dans des logements sociaux ou de recharger nos véhicules électriques en payant simplement le coût d'acheminement de l'électricité". Dans tous ces projets, le défi est le même : mettre en place un dispositif raccordé au réseau électrique tout en garantissant la possibilité  de  tracer  l'énergie  solaire  produite.  Car  cette  énergie  seule  ne  suffira  pas toujours pour couvrir les besoins énergétiques de l'ensemble immobilier concerné ou elle ne  sera  pas  toujours  totalement  consommée.  Dans  ce  second  cas,  l'énergie  produite  est partiellement injectée sur le réseau. Sebastien Couture, cofondateur de Stratum, une start­ up créée il y a un an, doit ainsi "démontrer la traçabilité d'un smart­grid  grâce à notre blockchain" dans le cadre du projet, lancé par Bouygues Constrution, pour le quartier de Lyon Confluence. "Eviter les promesses irréalisables" Si  à  l'aune  des  entrepreneurs,  l'avenir  de  l'association  entre  digital  et  solaire  paraît radieux, d'autres pensent bon de garder une méfiance face aux promesses. Ainsi Philippe Dewost,  directeur  adjoint,  chargé  de  l'économie  numérique  et  du  financement  des entreprises  à  la  Caisse  des  Dépôts  et  Consignations,  reste  sur  ses  gardes  :  "dans  le domaine énergétique, nous avons plutôt un potentiel qu'une réalité pour l'instant […] Il faut éviter les promesses irréalisables". Comme le concède le site BlockchainFrance, cette technologie n'est pas exempte "de défis et  de  limites  qu'elles  soient  économiques  […]  ou  encore  écologiques”.  Pour  rappel,  la https://www.actu­environnement.com/ae/news/blockchain­autoconsommation­solaire­start­up­innovation­revolution­27869.php4

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blockchain Bitcoin, plus communément appelée Blockchain B, est la première application de ce  système informatique  à  la  monnaie  numérique, le  Bitcoin. Son fonctionnement se base sur la résolution constante d'équations par de grandes puissances de calcul ("proof­ of­work").  Ce  travail  d'ordinateurs  extrêmement  performants  nécessitait  en  2014 l'équivalent  de  la  consommation  électrique  de  l'Irlande.  Au  niveau  global,  le  numérique absorbe  quant  à  lui  l'équivalent  énergétique  de  l'aviation,  d'après  l'ouvrage  "La  face cachée du numérique". Si les acteurs du numérique, tels que le cofondateur de Stratum, concède "ne pas être expert en énergie", d'autres, comme Caroline Plaza, se montrent plus rassurants  :  "nous  prenons  en  compte  l'aspect  énergétique  dans  la  conception  de  notre blockchain et souhaitons éviter l'aspect énergivore de la blockchain Bitcoin". François  Jarrige,  historien  et  auteur  de  l'ouvrage  Techno­critiques,  décèle  derrière  cette relation  entre  énergies  renouvelables  et  technologies  numériques,  un  "mouvement  de légitimation  réciproque.  L'utilisation  d'outils  numériques  est  justifiée  par  le  fait  que l'énergie  est  dite  "propre"  tout  en  permettant  une  plus  grande  efficacité  dans  la consommation  énergétique".  Au­delà  de  cette  "plus  grande  efficacité  dans  la consommation",  Philippe  Bihouix,  auteur  de  "L'âge  des  low  tech",  critique  plutôt  des "innovations […] basée sur des métaux moins répandus […] et des composants high tech plus durs à recycler". Une fuite du vrai problème ? Marc  Jedlizcka,  directeur  de  l'association  Hespul,  voit  d'un  œil  très  critique  l'émulation autour de la blockchain et de l'autoconsommation. Le problème n'est, selon lui, pas dans l'aspect  énergivore  de  ces  outils  développés.  Il  tacle  plutôt  les  acteurs  "tentés  par  une utilisation  du  réseau  de  distribution  d'Enedis  en  passager  clandestin,  sans  payer  une participation à son entretien". Concernant la transition énergétique, la solution n'est pas à chercher du côté des innovations techniques, selon le directeur d'Hespul. Ce dernier voit "le véritable enjeu [dans] la réappropriation du réseau par les collectivités locales. C'est là que l'aspect politique se révèle un obstacle majeur. L'engouement médiatico­politique pour la blockchain, c'est aussi une manière de fuir le vrai problème. Car 70% des besoins du  secteur  tertiaire  peuvent  être  couverts  par  l'autoconsommation  mais  on  est  loin  du compte  pour  les  logements  individuels".  N'en  déplaise  aux  entrepreneurs  du  digital,  la révolution dans le domaine énergétique n'est pas encore en passe d'être numérique. Article publié le 16 novembre 2016 Guillaume Krempp Vidéo sur le même thème

 Autoconsommation photovoltaïque : l'Etat veut montrer l'exemple Le ministre de l'Ecologie a inauguré le 24 janvier un démonstrateur de production d'énergie solaire à la DRIEA à Paris. Objectif : montrer l'exemple en matière d'économie d'énergie. Mais le résultat laisse à désirer. Reportage    

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