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21 août 2015 - ... temps sur le même thème, grâce à des outils informatiques permettant ... des balises précises faisant en sorte que tout le monde n'ait pas ...
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UNIVERSITE D’ ETE 21 AOUT 2015 LOUVAIN-LA-NEUVE

Compte-rendu de l’atelier n° 7 — Discussion

Apprendre en ligne : démocratisation ou effet de mode ? Intervenants : Vincent Dupont, instituteur à l’Institut Notre-Dame des Hayeffes à Mont-SaintGuibert, vainqueur avec sa classe de 5e primaire du premier prix eTwinning de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2014. Chantal Daoust, professeur à l’Institut Sainte-Marie à Arlon, lauréate avec ses élèves du premier prix eTwinning européen en 2014 ainsi que des premiers prix eTwinning de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2012 et 2013. Maxime Duquesnois, coordinateur du projet ProSoTIC et professeur au Collège Saint-Henri à Mouscron. Françoise Docq, conseillère en pédagogie universitaire à l’Institut de Pédagogie universitaire et des Multimédias de l’UCL. Animatrice : Anne Giacomelli Secrétaire : Selma Bellal

1. Compte-rendu des interventions : I.

Vincent Dupont

Enseignant dans l’enseignement fondamental depuis 27 ans, Vincent Dupont a intégré les nouvelles technologies dans sa pratique de manière progressive. Dès les années 2000, à la faveur du premier plan d’équipement de la Région wallonne, une classe de cyber média est équipée ainsi que les classes de troisième maternelle. En 2005, la participation à la plateforme européenne « eTwinning »1 d’échanges pour les enseignants a permis de motiver enseignants comme élèves et d’aller un pas plus loin. Un stand est d’ailleurs présent aujourd’hui dans l’Aula magna. Cette plateforme permet des échanges virtuels entre les 28 pays de l’Union européenne et d’autres pays partenaires et implique 316.000 enseignants et des milliers de projets. Elle permet facilement (sans devoir rentrer de dossiers trop lourds pour entrer dans le projet) de trouver des partenaires et de se lancer dans le projet. Elle permet aux élèves de travailler d’une autre manière, avec une visualisation plus claire des objectifs à atteindre. Des vidéos-conférences permettent, par ailleurs, d’avoir un contact ; la langue n’étant pas un obstacle (soit les enseignants traduisent aux enfants, soit on choisit des partenaires enclins au français). Les projets peuvent aller d’une semaine à une ou deux années scolaires. C’est moins le matériel que la façon de travailler qui est 1

Voir le portail eTwinning.net.

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important : travail par atelier ou par groupe pour que le nombre d’ordinateurs ne soit pas un obstacle par exemple. En somme, c’est une manière très intéressante de rentrer dans le numérique avec les élèves. Par ailleurs, l’acquisition d’un projecteur multimédia a permis d’aborder le numérique de manière interactive. Le TBI est aussi un outil intéressant, si on l’utilise pour ce qu’il peut apporter de plus qu’un simple écran. Il est donc conseillé de se former pour pouvoir en exploiter tout l’intérêt. Aujourd’hui, l’école va bénéficier d’un nouveau plan d’équipement « école numérique », et notamment profiter du gros avantage de l’usage de la tablette ; avantage qui réside essentiellement dans sa portabilité, y compris lors de sorties scolaires. Nous avons également une collaboration en cours avec l’école normale de Louvain-la-Neuve, concernant ces classes mobiles équipées d’iPad. Il est indispensable de mettre ces outils dans les mains des enfants, sans avoir peur d’être démuni en tant qu’enseignant par rapport au savoir de certains élèves en la matière. Cela permet de valoriser les compétences de chacun et de créer une dynamique participative.

II.

Chantal Daoust

Professeur de sciences à Arlon, Chantal Daoust est également impliquée dans le programme européen eTwinning et la création d’échanges à distances entre élèves et enseignants, sous forme de séminaires, d’ateliers de formation... Ces échanges sont envisageables pour tous les niveaux d’études et dans toutes les matières2. Le projet dans lequel elle s’est impliquée avec ses élèves cette année a été développé en lien avec l’exposition universelle de Milan et porte le nom de « care2feed ». La plateforme a permis une activité de présentation réciproque des partenaires et des projets menés dans ce cadre, entre 7 pays et plus de 300 élèves. Les productions numériques du projet ont été nombreuses, allant du blog, à des livres électroniques, en passant par des posters, photos, etc. La méthode est simple et transposable à d’autres projets. Les travaux sont postés sur la plateforme, de manière à être utilisés et commentés par d’autres partenaires, élèves et professeurs. Le travail se fait à peu près en même temps sur le même thème, grâce à des outils informatiques permettant l’instantanéité (Skype, tricider,…). L’intégration de matériel se fait progressivement. Et les thèmes travaillés de manière concomitante (par exemple, le recyclage) donnent l’impression que l’on peut changer les choses ensemble. En outre, au nombre des bénéfices du projet, on peut citer :  l’usage de l’anglais,  la sollicitation de parties prenantes internes et externes à l’école (intégration de tous les collègues et de personnes ressources, d’ASBL, etc.),  le développement des compétences en sciences, de compétences interdisciplinaires, de compétences dans l’utilisation des tics, ou encore de compétences en pensée critique, en collaboration…  l’ouverture à l’Europe,  etc. 2

Voir aussi présentation ppt.

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L’évaluation du projet par les élèves a confirmé leur motivation à travailler de cette façon, tant elle est valorisante, notamment en guise de reconnaissance par leurs pairs du travail fourni par les élèves…

III.

Maxime Duquesnoy

Maxime Duquesnoy présente, quant à lui, le projet qu’il coordonne dans l’enseignement catholique de promotion sociale (EPS). Ce projet porte le nom « Prosotic »3. Il a démarré il y a un an et vise la valorisation du numérique dans l’EPS. La volonté qui préside au projet est de ne pas passer à côté de cet enjeu que représente le numérique, autorisant pas mal de changements dans les pratiques des enseignants, comme la possibilité de gérer le temps différemment (donnée cruciale dans l’enseignement pour adultes), de diversifier ses pratiques, etc. L’enjeu a aussi été d’éviter d’être marginalisé par rapport à des opérateurs hors enseignement, développant le numérique dans leur offre parfois de manière marchande. Les objectifs du projet ont été, tout d’abord, d’inventorier et de rendre visible l’existant ainsi que de mutualiser les ressources, avec comme corollaire l’encouragement de la coopération et de l’appropriation des tics par les enseignants impliqués. En effet, les usages des enseignants se révèlent très hétérogènes et il nous a semblé important de prendre en compte leurs craintes. Pour ce faire, nous avons opté pour une logique inverse à celle des Moocs (Massive open online courses), c’est-à-dire que nous avons privilégié des micros actions ciblées et collaboratives. Nous avons mis sur pied une banque de ressources, uniquement ouverte aux écoles participantes, avec des balises précises faisant en sorte que tout le monde n’ait pas accès à tout, tout le temps ; et ce, en vue d’encourager la coopération des enseignants des différentes écoles. Le respect du droit d’auteur est, par ailleurs, un corollaire de l’utilisation de la banque de ressource. Nous avons également développé 25 fiches pratiques sur des outils potentiels (dropbox …), destinées à épauler dans l’utilisation de tics. Ceci dit, le projet est que ces fiches soient prochainement développées par des personnes relais du projet et des enseignants. En outre, pour que les enseignants vivent le numérique, nous avons organisé une formation en elearning les mettant dans une situation d’apprenant. Une plateforme numérique est également intégrée à la formation et met à disposition des ressources. Voulant centrer le projet sur l’humain, des personnes relais ayant pour rôle d’expliquer le projet, de rassurer les collègues, de les épauler -soit de faire le lien entre les écoles et le projet- ont été désignées. Par ailleurs, un espace ouvert à tous est également mis en place et en cours de développement. En guise de mode de communication, on s’est rendu compte que l’information passait mieux sur Facebook que sur le site, et très mal sur Twitter. On communique également via une publication mensuelle qui s’appelle « clés pour les tics ». Le forum est, quant à lui, classé par domaine et par thématique et la banque de ressource identifie le public visé et la provenance de la ressource ainsi que la licence sous laquelle elle est déposée. Au terme de cette première année de vie du projet, les éléments suivants apparaissent essentiels : l’humain prime sur la technique et il faut rassurer pour que le projet fonctionne. Il est dès lors indispensable de prendre le temps nécessaire pour que s’épanouisse un tel projet. 3

Pour plus de détails, voir le site www.prosotic.be

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IV.

Françoise Docq

Françoise Docq est conseillère pédagogique dans la mise en œuvre de Moocs à l’Université catholique de Louvain. Commençant par positionner le mot dans un ensemble qui est celui de l’e-learning, elle propose ensuite de présenter un Mooc, pour donner de la substance à ce mot. Les usages du numérique sont très diversifiés et vont de l’enrichissement de l’enseignement en présentiel, jusqu’à l’enseignement à distance à l’autre extrémité. Les usages intermédiaires (dispositifs hybrides) permettent de garder des moments en classe et en ligne ; ce qui est intéressant pour l’EPS et pour l’enseignement supérieur de plein exercice. En général, l’enseignement se déroule dans un cadre formel qui aboutit à des diplômes : ce n’est pas le cas des Moocs. Ils sont entièrement en ligne et renvoient à l’éducation non formelle, ne délivrant pas de diplôme : les certificats délivrés n’ont qu’une valeur symbolique. On est dans le champ de la formation continue non diplômante. Les premiers Moocs ont été en lancés en 2008 et le phénomène a pris de l’ampleur en 2011, parfois de manière massive (jusqu’à 150.000 inscrits dans un Mooc en anglais — par comparaison, à UCL, il y a jusque 5000 inscrits). Ils sont ouverts à n’importe qui souhaite s’y inscrire sur la planète, peu importe l’âge, les prérequis… Il n’y a pas de condition d’admission. Il s’agit donc d’un certain usage du numérique qui n’a pas pour vocation de remplacer les autres, tels que ceux présentés précédemment. Mais ils peuvent questionner les méthodes d’enseignement, voire transformer les champs de l’enseignement supérieur. L’intérêt est que l’on peut réexploiter les contenus glaner dans d’autres contextes : il s’agit de ressources exploitables. On peut les trouver sur le net (ex. : mooc-francophone.com ; edx.org ; UCL4 ; etc.), l’offre est pléthorique. Sur le plan du contenu, les capsules vidéo varient, entre quatre à six minutes centrées sur un message clé et, posent des questions auxquelles répondre de manière interactive, comme dans un cours en présentiel. En revanche, les exercices et modalités d’évaluation sont presque toujours basés sur des modes de correction automatique, car le nombre d’étudiants est trop nombreux. Le mode d’évaluation par les pairs est également développé, à l’aide d’une grille de correction critériée. Si on le souhaite, on peut s’intégrer, en quelque sorte, à une communauté d’apprenants qui dialogue, poste des photos et échange en ligne.

2. Compte-rendu des échanges : Mr Vincent Dupont (VD) ; Mme Chantal Daoust (CD) ; Mr Maxime Duquesnoy (MD) ; Mme Françoise Docq (FD).

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À noter que les Moocs de l’UCL sont hébergés chez edx.

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Mr Duquesnoy a parlé de fiches pratiques : sont-elles accessibles ?

MD : Elles seront bientôt sur le site, car il s’agit d‘une production du projet, à but transversal et non d’une production d’un enseignant. 

Vous avez parlé du taux d’abandon dans les Moocs. C’est le cas aussi dans l’e-learning. Ceci at-il été chiffré ?

FD : Oui, pour 100 inscrits, trente environ commencent à travailler. C’est comme prendre un livre en mains et le reposer sans l’ouvrir. Ensuite, environ 7 pour cent obtiennent le certificat. Mais il ne s’agit pas toujours d’un taux d’abandon, car un certain nombre ne sont pas intéressés par le certificat, mais, juste par le fait de puiser des ressources les intéressant. En d’autres mots, il ne faudrait pas parler de taux d’abandon, car cela ne reflète pas la motivation des gens à s’impliquer dans un Mooc. Intervention d’une personne du public : Précisons que dans l’EPS, on constate un taux d’abandon similaire pour ce qui concerne l’e-learning, sauf lorsque l’e-learning est associé à une expérience menée en insertion professionnelle. Les étudiants eux-mêmes réclament une partie de présentiel, ce que le Décret EPS e-learning précise dès lors. Ceci permet de diminuer le taux d’abandon. -FD précise qu’en effet, lorsqu’il s’agit de cours à distance, un tutorat est nécessaire et le présentiel est important. 

Quels types d’activités et de fonctionnalité technique peut-on rencontrer dans les Moocs ?

FD : L’évaluation par les pairs, les textes à trous… tout dépend si vous souhaitez que l’activité soit prise en compte ou non dans l’évaluation. D’autres Moocs utilisent, par exemple, des blogs. Tous les outils numériques peuvent être utilisés, selon l’activité voulue, le nombre d’apprenants visé et l’infrastructure. 

Quel est l’objectif de l’UCL lorsqu’elle développe des Moocs ?

FD : Pour la curiosité, l’expérimentation de nouvelles formes d’enseignement et d’apprentissage. Le projet vient de l’Institut de pédagogie et des multimédias. Le but est le développement professionnel des enseignants et l’apprentissage des étudiants. Intervention d’une personne du public : Le titre de l’atelier, « Démocratisation ou effet de mode ? », a peu été évoqué et je le regrette. On a mis le focus sur le côté technique, mais on a peu parlé de la plusvalue qu’est l’action pédagogique. Apprendre à apprendre, à avoir confiance soi, etc. sont des objectifs louables qui motivent l’usage du numérique avec les élèves. Intervention d’une personne du public : On parlait d’objectif, n’oublions en effet pas celui de démocratisation et de faire société. C’est là qu’il y a un enjeu pour l’avenir. Intervention d’une personne du public : Pourquoi tant parler des Moocs puisque la formule semble perdante : ça apporte peu de plus-value par rapport aux cours ex cathedra… Sans parler de la marchandisation des diplômes que cela génère dans certains pays. Il faut des solutions qui soient conviviales, ludiques et directement utilisables. 

Quelle est la différence entre Moodle et les Moocs ?

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MD : Le premier est une technique, un outil LMS (learning management system) et le second renvoie, quant à lui, à la philosophie du cours à distance, selon une approche différente que les cours classiques. 

Quels sont les liens entre cours et les Moocs ?

FD : seuls les professeurs volontaires sont impliqués et, la condition est d’utiliser le Mooc de manière à transformer son cours. Ils sont utilisés par les professeurs avec leurs étudiants selon des modalités de classes inversés. Il ne redit pas en présentiel ce qu’il a dit dans le Mooc, mais développe autre chose comme des exercices (et vice versa). 

Quelle est la fiabilité des contenus présentés dans les cours ?

FD : le site « Mooc Francophone » propose des votes et des commentaires des utilisateurs. Mais ceci reste fragile, car chaque apprenant a des attentes différentes. Le mieux est de s’inscrire et de feuilleter le contenu du Mooc pressenti, quitte à en quitter l’usage après quelques jours. 

Je pratique les classes inversées et je constate dans le supérieur que les élèves sont lassés de ces pratiques. Comment expliquer et trouver des alternatives à ceci ?

MD : Je donne cours dans une formation au CAP, au sein de laquelle on a testé un cours de législation donné à 25 % en e-learning. Les étudiants ont vite décroché (tous ne visionnaient pas les capsules, etc.) et j’ai donc abandonné les classes inversées pour les remplacer par des quizz et des QCM ; ce qui s’est révélé mieux fonctionner, tant pour le suivi que pour l’appropriation de la matière par les élèves. Intervention d’une personne du public : Rappelons que la FWB a un service d’enseignement à distance qui prend appui sur la numérique et est ouvert aux élèves de l’enseignement obligatoire et aux enseignants. Dès 2016, des exercices interactifs, corrigés en ligne, seront disponibles.

3. Conclusion par Anne Giacomelli : Le mot « motivation » a été un de ceux qui ont été le plus utilisés lors de l’atelier, ce qui renvoie à l’essentiel : l’humain et l’apprentissage.