aux petits oignons work in progress le retour de doc

Gynéco au détour d'un couplet, comme pour annoncer la couleur. Côté textes, le Doc parle de sa fille et de ses problèmes de fric, largue des punchlines sur.
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AUX PETITS OIGNONS Chaque mois, nous revisitons un plat, délicieux ou non, mais forcément fameux. ➜ Dans l’une des scènes inoubliables des Tontons Flingueurs de Georges Lautner, on retrouve les malfrats Blanche, Ventura, Dalban et Blier assis autour d’une table à manger. Ça boit du whisky, ça cause business tout en dégustant des sandwichs à la purée d’anchois, à première vue peu ragoûtants. Chun Wong, chef du Vinivore à Nice, anoblit ce plat culte que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. « Je verrais bien ce sandwich sous forme de mille-feuilles. Je diviserais le plat en

quatre étages : le premier, donc la base, sera une crème d’anchois légèrement assaisonnée avec du citron. Pour le second, tout simplement des anchois. J’allègerais un peu le tout avec un troisième étage composé d’un assortiment de tomates cerises. En plus d’adoucir la teneur salée, cela apportera un peu de couleur. Et pour finir, je trancherais du pain de mie très finement, avant de le passer au four pour qu’il croustille. »

➜ Chun Wong revisite la cuisine française en s’inspirant des techniques culinaires d’Asie au Vinivore - 10, rue Lascaris, à Nice.

WORK IN PROGRESS LE RETOUR DE DOC GYNÉCO PAR GRÉGOIRE BELHOSTE

PHOTOGRAPHIES PAR PABLO FREDA

Tout un attirail d’instruments, guitares, basses, contrebasses électriques et percussions africaines, traîne dans un coin du studio, non loin d’une chicha électronique qui, en ce lieu enfumé, paraît irréelle. Pour ce nouveau disque, le revenant s’est entouré d’Izo Diop et David Jacob, deux musiciens jouant à ses côtés depuis belle lurette, mais surtout deux anciens de Trust (« Antisocial, tu perds ton sang froid », anyone ?), ancien navire amiral du hard rock français. Un éclectisme qui ravit le rappeur quadra : « Je refuse les catégories, on n’est pas sur YouPorn... Ici, il y a des mecs qui passent avec des tatouages et de longs cheveux, d’autres avec des casquettes.  » Et le Doc de jeter un coup d’œil à la table basse où traîne une photo du légendaire Rick Rubin, seul producteur capable d’œuvrer pour Kanye West comme Metallica.

Dans les sous-sols de l’actu, des projets prennent forme discrètement avant d’exploser au grand jour. Ce mois-ci : making-of du nouvel album de Doc Gynéco, prévu pour... un jour ou l’autre.

➜ Aminci, presque athlétique, Doc Gynéco sirote un Perrier-grenadine à quelques pas du studio où il prépare son retour. La matinée touche à sa fin, les commerçants du quartier passent et le saluent. Comme à son habitude, Gynéco se fend d’un sourire taquin. Celui qui voulait jadis « porter des shorts toute sa vie » passe son été dans un coin tranquille du xviie arrondissement de Paris, résolu à tirer un trait sur ses années de galère. « Dans la vie musicale, il y a des grands crus et de très mauvaises années », abrège-t-il avant de traverser la rue, direction le studio Diz Sound. Son soutien polémique à Nicolas Sarkozy en 2007 et ses déboires avec le fisc l’ont tenu éloigné du rap pendant près de six ans. Revenu de tout, Bruno Beausir semble aujourd’hui avoir repris goût à la musique.

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Face au micro, le Doc se targue de poser « al dente ». Les textes sont écrits sur place et enregistrés à chaud. Dictionnaires de rimes ou de synonymes ont été formellement bannis. « Une phrase, ça vit. Si tu colles des mots, tu fais du collage, pas du rap. » Le rappeur passe en cabine, tousse un bon coup et balance une salve de rimes aux accents revanchards. « Jamais j’ai fait de la politique ni rappé pour du fric », lâche-t-il avec un flow étonnamment rapide. Une façon d’exorciser ses vieux démons. Lorsque la prise de voix s’achève, il livre le fond de sa pensée dans un éclat de rire : « C’est bien, mais le peuple n’en a rien à foutre des chansons comme ça ! »

nine dès que l’occasion se présente. « Sur cet album, on va parler de la femme comme il faut. Les rappeurs ont déconné avec l’image de la femme. Moi, je suis le défenseur de la veuve et de l’orphelin. » Entre deux gorgées de rhum, il s’empresse d’ajouter que son truc, c’est toujours la baise et la bouffe : « Quelque part, je suis comme Patrick Sébastien. Dans le classement Forbes, je suis numéro un, mais en gonzesses. » Les trois compères improvisent tous les jours, selon l’inspiration du moment, et accumulent les démos dans leur « laboratoire ». Pour Gynéco, de nouveau inspiré, il s’agit de ne pas perdre une seule miette de cet élan créatif inespéré. Depuis début mai, pas moins d’une cinquantaine de maquettes ont déjà été enregistrées. Bientôt, ce sera l’heure du choix : il faudra rejouer, reposer les voix, étoffer les morceaux retenus. Le chantier s’annonce vaste, une sortie au printemps prochain est discrètement évoquée. En attendant, des invités de marque sont prévus. Après avoir assisté à la reformation de ses complices du Ministère A.M.E.R, le Doc songe à convier d’autres vieilles gloires du rap français désormais classées au rayon obsolète. Les rumeurs enflent à mesure que les maquettes s’empilent : MC Solaar aurait été aperçu au studio Diz Sound.

Et que demande-t-il, le peuple ? À écouter le trio, des morceaux simples et funky. Les quelques titres que nous avons pu écouter rappellent les moments les plus « variété » de Première Consultation, les claviers G-funk en moins. « Il y aura des titres hip hop, mais on veut faire un album pour tout le monde, de 7 à 77 ans », explique David Jacob, qui assure le groove des chansons avec ses lignes de basse molletonnées. « Vous devez danser, j’dois faire des chansons », fredonne Gynéco au détour d’un couplet, comme pour annoncer la couleur. Côté textes, le Doc parle de sa fille et de ses problèmes de fric, largue des punchlines sur les applis à 19 milliards de dollars et ne peut s’empêcher de rendre hommage à la gent fémi-

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