Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018 - Swisscanto

Personalvorsorgestiftung der Accenture Schweiz. Personalvorsorgestiftung der adval tech Holding AG. Personalvorsorgestiftung der Albers Gruppe.
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Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

Résultats commentés

Sommaire

Prévoyance professionnelle René Raths Des débats de fond s’imposent

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Revirement de tendance sur le plan de la redistribution Reto Siegrist Les actifs mieux rémunérés que les retraités

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Tiers cotisant Iwan Deplazes La clef de voûte du financement de la LPP

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Les défis posés aux organes dirigeants des caisses de pension Hanspeter Konrad En ligne de mire

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Résultats de l’enquête 2018 Etude sur les caisses de pension en Suisse

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Liste des institutions participantes Les participants de l’enquête

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Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

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Prévoyance professionnelle

Des débats de fond s’imposent

René Raths Membre du Conseil d’administration de Swisscanto Prévoyance SA Le taux de couverture des caisses de pension a ­atteint un niveau record depuis la crise financière. Cela ne doit cependant pas faire perdre de vue le défi qui nous attend et dont les solutions vont devoir passer par de nombreux débats au sein de la branche et dans la population suisse. La bonne nouvelle est que les caisses de pension se trouvent dans une condition très stable. Elles présentent un taux moyen de couverture de près de 113% et disposent donc d’une réserve pour ­fluctuation de valeur de 13% par rapport aux ­engagements contractés. C’est là un nouveau record depuis la crise financière de 2008. Désor­ mais, plus de 95% des caisses de droit privé sont en excédent. La moins bonne nouvelle est que la stabilité ­financière des caisses de pension est compromise à moyen terme, pour des raisons bien connues ­depuis longtemps. La longévité, un défi majeur En 2015, le nombre de personnes atteignant l’âge de la retraite a dépassé pour la première fois celui des personnes fêtant leur 20e anniversaire. Qui plus est, la génération du baby boom ne partira à la retraite que vers le milieu de la décennie 2020. En 2035, 2,3 personnes en activité devront financer un retraité. Ce déséquilibre est encore aggravé par l’allongement constant de l’espérance de vie. Alors qu’en 1981, les prestations étaient perçues pendant

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une durée moyenne de 14 années, la durée ac­ tuelle est de près de 20 ans pour les hommes et de plus de 22 ans pour les femmes. Et la tendance est à la hausse. Dans le même temps, le taux de conversion légal de 6,8%, inchangé depuis 2008, reste bien trop ­élevé dans un contexte de taux faibles. Pour pou­ voir payer ce taux fixé par la loi, les caisses de pension devraient réaliser durablement un rende­ ment de 5% sur les avoirs de vieillesse, ce qui n’est pas chose facile. En réalité, les caisses inter­ rogées ont réalisé 4,8% en moyenne ces quatre dernières années, alors même que l’année 2017 s’avérait particulièrement bonne sur le plan des ­placements. La réforme des retraites, qui voulait notamment ­ramener ce taux à 6%, a été rejetée en septembre 2017. Depuis lors, aucun compromis susceptible de recueillir la majorité ne s’est encore dessiné. Quoi qu’il en soit, il semble établi qu’à la prochaine tentative, les projets relatifs au 1er pilier seront dis­ sociés de ceux concernant le 2e pilier. Cela devrait rendre la question moins complexe et donc plus ­facile à appréhender. Parallèlement à cette évolution, des constats sautent aux yeux. Le taux de conversion légal est évidemment appliqué sur les avoirs obligatoires, mais les parts de salaire surobligatoires sont rému­ nérées différemment, si bien que l’on aboutit à un taux de conversion moyen de 6% (valeur moyenne chez les hommes à l’âge de la retraite de 65 ans). Par conséquent, pour la classe moyenne, les nouvelles rentes baissent depuis des années déjà.

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De même, le taux d’intérêt technique (c’est-à-dire l’hypothèse de rémunération future versée sur les avoirs de vieillesse) est abaissé partout, d’une part, parce que cela s’avère plus réaliste au vu du con­ texte des taux, mais d’autre part aussi pour réduire les pressions au rendement. De même, la tendance dans toute la branche à encourager le versement en capital plutôt que sous forme de rente diminue le risque de placement pour les caisses de pension, surtout celles des grands groupes internationaux. Un débat nécessaire Les rentes en cours représentent un grand défi. Pour les financer à 6,8%, les cotisations des assurés en activité n’ont été rémunérées que par un taux de 2,11% entre 2014 et 2016. En revanche, sur cette même période, des intérêts de 2,84% ont été crédités aux bénéficiaires de rentes. C’est ainsi que, chaque année, les actifs redistribuent plusieurs milliards aux retraités. Or, ces montants vont man­ quer aux cotisants actuels lorsqu’ils atteindront l’âge de partir eux-mêmes à la retraite. Dans un tel con­ texte, et même si la redistribution n’a pas pris cette même ampleur en 2017 en raison des rendements particulièrement bons sur les placements, il est de plus en plus difficile de continuer à parler d’un sys­ tème social financé par les cotisations. Le moment est venu de se demander si une telle redistribution est juste ou si elle ne risque pas de perturber dura­ blement la paix sociale. De même, il va falloir sérieusement discuter d’un relèvement de l’âge de la retraite et des cotisations vieillesse, seul moyen de faire face à l’allongement de l’espérance de vie et de soulager la jeune gé­ nération. La longévité est le problème central de la prévoyance vieillesse dans le 2e pilier. Surtout en raison des années de perception supplémentaires, nous allons également avoir besoin de rendements de plus en plus élevés.

Or, la réalité présente un tableau tout à fait diffé­ rent : ainsi, l’étude montre que 60% des salariés continue, aujourd’hui encore, à partir à la retraite 1,5 an en moyenne avant l’âge ordinaire. Malgré des réductions sensibles, les assurés peuvent se le permettre – ce qui est une conséquence de notre prospérité. Tirer parti du tiers cotisant Néanmoins, les caisses de pension peuvent prendre des mesures utiles dès aujourd’hui, même en l’ab­ sence de lois et de réformes. Elles pourraient mieux exploiter leurs chances de placements, gérer les fonds de façon plus active et axée sur les résultats, tenir compte des placements alternatifs et surtout mieux profiter de l’horizon de placement à long terme de leurs fonds. Cette approche à long terme permet en effet de prendre des risques qui ne seraient pas tolérables à court terme. Les directives de placement de l’OPP2 pourraient être flexibilisées à brève échéance dans ce sens. Ainsi, la présente étude montre aussi que les rendements des place­ ments financent une contribution importante du 2e pilier, ce qui permet d’amortir la baisse du niveau des rentes. Pour la plupart des Suisses, l’avoir auprès de la caisse de pension constitue l’essentiel de leur patrimoine. La sécurité de la prévoyance professionnelle a donc une influence importante sur l’avenir fi­nancier de chaque individu, mais aussi, indirectement par le biais des transferts sociaux (APG) et de la justice intergénérationnelle, sur l’avenir de notre société. Notre objectif le plus important devrait être de pré­ server pour l’avenir ce système que le monde entier nous envie.

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Revirement de tendance sur le plan de la redistribution

Les actifs mieux rémunérés que les retraités

Illustration 1 : rémunération des actifs et des retraités et performance Parts en %

Reto Siegrist Directeur Swisscanto Prévoyance SA Pour la première fois en 2017, les avoirs d’épargne des cotisants en activité ont été rémunérés ­da­vantage que ceux des retraités, grâce aux rende­ ments particulièrement bons. En moyenne, les assurés en activité ont reçu 2,50% en 2017 contre 2,32% pour les retraités. Jusqu’ici, le taux de conversion excessif et les pertes sur les retraites enregistrées depuis des années, sans oublier le taux d’intérêt technique trop élevé, entraînaient une rémunération nettement plus élevée des capitaux de prévoyance des retraités. Si les avoirs des retraités sont moins rémunérés, c’est parce que les taux d’intérêt techniques ont été sensiblement abaissés. En 2014, la rému­ nération était encore de 3,18%. Cela aussi soulage les assurés en activité et a tendance à réduire la ­redistribution indésirable des actifs au profit des bénéficiaires de rentes.

6

8

7,64

7,31

7 6 5 4

3,58

3 2

2,80 2,53 2,32

1,13

1 0

3,18 2,55 2,50 2,03 1,72

Performance

■ 2014

■ 2015

Rémunération des assurés en activité

■ 2016

Rémunération des retraités

■ 2017

L’année 2017 a été excellente sur le plan des place­ ments. Pour les institutions collectives et commu­ nes ouvertes aussi. Celles-ci ont réalisé en moyenne une performance de 7,24%. Malgré tout, les as­ surés de ces fondations ne sont crédités que de 2,07% de rendement. Les assurés des caisses de pension sans institutions collectives, en revanche, reçoivent une rémunération de 25% plus élevée (2,58%) bien que la performance ait été tout à fait comparable, avec une progression légèrement meilleure de 7,71%. Comment est-ce possible ? Cela s’explique sans doute par une prescription qui ne s’applique qu’aux institutions collectives et communes (art. 46 al. 1 OPP2). Les rémunérations qui dépassent le taux d’intérêt technique ou le taux de référence de la Chambre suisse des experts en caisses de pension (DTA 4) sont considérées comme des améliorations des prestations et sont assorties de conditions. Avant que les excédents ne puissent être transmis aux assurés, les réserves pour fluc­ tuation de valeur de ces caisses doivent être portées au moins à 75% de la grandeur cible prescrite. Et comme tel n’est généralement pas le cas (dans

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42% des cas), beaucoup d’argent a été consacré à alimenter ces réserves durant l’année écoulée. Bien entendu, cette règle est aussi fondamentale­ ment dans l’intérêt des assurés, puisque les ré­ serves pour fluctuation de valeur visent à amortir les mouvements volatils des marchés et à éviter que les caisses ne soient ainsi mises dans l’obliga­ tion de s’assainir. L’étude montre que les caisses de pension ou les institutions de prévoyance sans institutions collectives et communes disposent nettement plus souvent (63%) de réserves de fluc­ tuation solides. Obligation à verser des prestations excessives Si l’on recherche les raisons de cet écart, on aboutit rapidement au taux de conversion. Vu la faiblesse des taux d’intérêt qui perdure depuis dix ans, les caisses de pension sans institutions collectives ont largement abaissé le taux d’intérêt technique et le taux de conversion ces dernières années. L’étude révèle qu’il est désormais de 5,83% en moyenne pour les institutions de prévoyance enve­ loppantes. En revanche, les institutions collectives et communes continuent à convertir le capital en rente à un taux moyen de 6,09%. Comme ces 6,09% sont supérieurs au taux de conversion cor­ rect sur le plan technique, les pertes sur les retraites qui en découlent sont financées par les réserves ou les produits des capitaux. À son tour, cela entraîne deux conséquences pro­ blématiques : d’une part, les cotisants en activité financent les rentes trop élevées des bénéficiaires de leurs caisses. Cela provoque des redistributions de fonds à grande échelle, ce qui n’est pas le but du système dans le 2e pilier par capita­lisation. D’autre part, cet argent fait alors défaut pour ­alimenter à nouveau les réserves pour fluctuation de valeur.

Pourquoi les institutions collectives et communes n’abaissent-elles donc pas aussi le taux de con­ version afin de régler ces problèmes ? Selon l’en­ quête, 26% des institutions collectives et com­ munes ne peuvent tout simplement pas abaisser leur taux de conversion actuel de 6,8% parce que celui-ci est fixé par la loi. Une autre raison tient à la concurrence ou au mar­ ché. Contrairement aux caisses de pension, l’adhésion à une institution collective et commune est soumise à la concurrence entre différents prestataires. Et à cet égard, le taux de conversion est en quelque sorte un « certificat de bon rapport qualité-prix » et doit donc être attrayant. Illustration 2 : taux de conversion des institutions ­collectives et communes par rapport aux autres ­institutions de prévoyance Taux de conversion pour les hommes Moyenne en % 6,5 6,09

6

5,83

5,98 +0,21

5,77

5,5 5 4,5 4

avec taux de conversion 6,8%

sans taux de conversion 6,8%

■ Institutions collectives et communes ■ Caisses de pension

Malgré tout, le système de financement du 2e pilier reste sûr. En termes absolus, la fortune de la pré­ voyance n’a fait que croître depuis la création de la prévoyance professionnelle, sauf lors des krachs boursiers de 2001/2002 et de 2008. Entre 2012 et 2016 (les données de la statistique des caisses de pension pour 2017 ne sont pas encore disponibles),

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elle a progressé de 5,2% par an. Et c’est ainsi que les cotisations des salariés et des employeurs, jointes aux rendements, couvrent tous les engage­ ments de prestations, même lorsque la perfor­ mance fluctue. Cela con­stitue une importante ­différence par rapport à l’AVS, financée par ­répartition, et qui est dans le rouge depuis plu­ sieurs années. L’apurement des prestations se poursuit Une autre tendance, qui consiste à continuer de ­remettre de l’ordre dans les prestations du 2e pilier, s’est également poursuivie en 2017. Toutes les caisses organisées selon le droit privé rationalisent sensiblement leur offre de prestations. Les caisses de droit public le font moins (jusqu’ici), même si leur situation est souvent plus tendue. Un exemple de ces réductions de prestations est donné par les rentes-ponts AVS. Il s’agit des prestations qui sont versées en cas de départ à la retraite anticipée et qui se substituent aux paie­ ments de l’AVS seulement à partir de 65 ans (pour les hommes) et actuellement encore à 64 ans pour les femmes.

Seulement 2% des institutions de prévoyance de droit public ont supprimé les rentes-ponts AVS ces dix dernières années. Dans 42% des caisses de droit public, le financement de ces parts de rentes est assumé par le salarié seul, et dans 30% par l’employeur seul. Dans les autres caisses de droit public, les salariés et les employeurs se partagent les frais ou ceux-ci sont pris en charge par l’institu­ tion de prévoyance seule. Parmi les caisses de droit privé, seulement 46% pro­ posent toujours une rente-pont AVS. Lorsqu’elles le font, cette rente est financée par le salarié seul dans 55% des caisses et dans 20% des caisses par l’employeur seul. Le reste bénéficie d’un finance­ ment mixte ou assuré exclusivement par l’institu­ tion de prévoyance. Ce qui est sûr, c’est que le départ à la retraite anti­ cipée devient alors encore plus coûteux pour les assurés, car ils doivent non seulement accepter des diminutions sur la rente versée par la caisse de pension, mais encore supporter l’absence de rentepont AVS jusqu’à l’âge-terme ordinaire.

Illustration 3 : évolution des rentes-ponts AVS % des institutions de prévoyance ayant une rente-pont AVS 90

81

80 70

79

63

60

59 50

50

46

40 30 20 10 0

Ensemble des institutions de prévoyance

Institutions de prévoyance de droit public

Institutions de prévoyance de droit privé

■ 2008 ■ 2017

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Tiers cotisant

La clef de voûte du financement de la LPP

Illustration 1 : Évolution de la fortune des caisses de pension suisses de 2008 à 2017

Iwan Deplazes Directeur Asset Management, Swisscanto Invest by Zürcher Kantonalbank

Indications en milliards de CHF 900 800 700 600 500

Les gestionnaires des caisses de pension peuvent se réjouir de l’année écoulée. La croissance de la fortune en 2017, de plus de 100 milliards de francs, s’est répartie entre les cotisations des assurés en activité (17%), les contributions des employeurs (24%) et les produits de la fortune (59%). Une fois de plus, le tiers cotisant a apporté la preuve de son efficacité avec un rendement moyen de 7,64%. Ces bons résultats sont un baume pour notre sys­ tème des retraites, qui est plus que jamais tributaire des rendements du tiers cotisant depuis le rejet dans les urnes de la réforme des retraites. Si l’on était tenté de douter de son utilité, il suffirait pour se convaincre de regarder l’ampleur et la régularité avec lesquelles le tiers cotisant contribue depuis dix ans à la croissance de la fortune des caisses de pension (voir le graphique).

100 0 –100 2008

2009 2010

2011

2012 2013

2014

2015

2016 2017e

■ Tiers cotisant ■ Contributions des employeurs ■ Cotisations des salariés ■ Actifs totaux

Source : Office fédéral de la statistique, statistique des caisses de pension 2008–2016, Swisscanto Invest by Zürcher Kantonalbank, estimations pour 2017 sur la base des résultats de l’étude Swisscanto auprès des caisses de pension 2018

La quote-part des actions dépasse pour la ­première fois celle des obligations Dans le cadre de l’étude menée par Swisscanto auprès des caisses de pension, il a été possible de calculer que les caisses de pension ont réagi à la problématique des taux d’intérêt continuellement faibles en réduisant à nouveau la catégorie de placement des obligations (30,3% contre 32,4%) en contrepartie, le poids des actions s’est accru dans les portefeuilles (32,1% contre 30,7%). Les obligations, qui représentent traditionnellement la classe de placement la plus importante pour les caisses de pension suisses, cèdent pour la première fois ce rôle aux actions. Dans une perspective à long terme, il convient de se féliciter de cette évo­ lution, car elle offre la possibilité de profiter sys­ tématiquement de la prime de risque des actions. On l’a vu de façon flagrante au cours de l’année de placement 2017 : les caisses de pension détenant

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une part d’actions supérieure à la moyenne ont réussi à dépasser le résultat de placement moyen de +7,64%. Les bons résultats des années de placement écou­ lées (+5,6% par an entre 2012 et 2017) dissi­ mulent divers problèmes structurels qui occupent actuellement les caisses de pension. Je n’en citerai ici que trois : les taux d’intérêt négatifs, les directives de placement et les portefeuilles im­ mobiliers. Les taux d’intérêt négatifs continuent à se répandre Cela fait déjà trois ans que la BNS, pour accom­ pagner le franc suisse, a abaissé son taux directeur à moins 0,75%. Ce taux d’intérêt négatif constitue pour les caisses de pension une charge considé­ rable et qui s’accroît même avec le temps. C’est ainsi que dans le cadre de la présente étude sur les caisses de pension, nous avons pu constater que la part des caisses qui payent des intérêts négatifs ou des commissions sur les avoirs en liquidités a progressé, et même de 5%. 63% de toutes les caisses de pension (contre 58% l’année précédente) sont donc confrontées aujour­d’hui au problème des intérêts négatifs sur leurs avoirs. Il serait erroné de penser que cela incite à détenir moins de li­ quidités : la part des liquidités a même progressé de 5,1% à 5,8% entre fin 2016 et fin 2017 pour les caisses de pension. Aucune modification du régime des taux d’intérêt ne se dessine. Nous escomptons que la BNS évitera un nouveau bras de fer avec les marchés des devises et continuera à s’inspirer ­étroitement de la politique des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne.

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Le respect des directives de placement n’est pas un substitut à la gestion des risques Dès 1985, lors de l’introduction de l’OPP2, les gestionnaires des caisses de pension ont été dotés de garde-fous concernant la répartition de la for­ tune. La longévité des prescriptions en matière de placement permettrait de conclure à la sagesse de la décision de l’époque. Force est cependant de répliquer à cela que 46% des caisses (44% l’année précédente) utilisent déjà aujourd’hui l’extension justifiée prévue à l’art. 50 al. 4 OPP2 – et que les petites caisses le font avant tout pour les placements immobiliers. Je tiens à dire ici que le respect des limites maximales de l’OPP2 ne se substitue pas à la gestion des risques, car cela ne donne aucune indication quant aux taux d’intérêt faibles ou à un possible revirement des taux, ni ne soutient une utilisation flexible et dynamique de primes de risque différentes. Au contraire, le législateur et les des­ tinataires se croient faussement en sécurité en rai­ son du régime des limites maximales. L’an der­ nier, nous avons pu calculer dans le cadre de l’étude sur les caisses de pension que les deux tiers des gestionnaires des caisses de pension souhaitaient l’ouverture voire la suppression des limites supé­ rieures de placement, non pas pour se libérer d’une camisole de force, mais pour pouvoir réaliser des rendements plus élevés pour les destinataires et mieux répartir les risques. Une gestion dans le sens de la règle du « prudent investor » leur accorderait plus de libertés, mais aussi plus de responsabilités sur le plan des placements. Le renforcement du tiers cotisant qui irait alors de pair profiterait à l’ensemble du système des retraites par le biais de rendements plus élevés et devrait donc, selon moi, faire absolument partie d’un débat utile autour de la réforme de la prévoyance vieillesse. En re­ vanche, le tiers ­cotisant n’a absolument pas été pris en compte dans le paquet de réformes pour 2020.

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Placements immobiliers : l’exception suisse La part de l’immobilier au total de la fortune des caisses de pension augmente lentement, mais constamment depuis cinq ans, pour atteindre en dernier lieu 22,8%, ce qui est justifié par des perspectives de rendement relativement bonnes par rapport aux obligations. Selon les directives de placement de l’OPP2, la quote-part maximale de l’immobilier est de 30%. Nous rencontrons ici une particularité suisse : l’immobilier est considéré chez nous comme une classe de placements autonome, alors qu’à l’étranger, il relève générale­ ment de la catégorie des placements alternatifs. En raison de cette limite maximale, les caisses de pension suisses présentent la part d’immobilier locale de loin la plus élevée en comparaison inter­ nationale. En revanche, les placements immobiliers interna­tionaux sont à peine représentés, avec 1% de la fortune totale. Conséquence : de nombreuses caisses de pension suisses assument un véritable risque cumulé en raison de quotes-parts élevées de l’immobilier local. De surcroît, 62% des petites caisses utilisent pour les placements immobiliers l’extension justi­fiée (35% des grandes caisses y re­ courent surtout pour dépasser la limite maximale de 15% imposée aux placements alternatifs). Parmi les placements immobiliers, les petites caisses se concentrent avant tout sur les fonds immobiliers ­indirects. Cette décision, tout à fait être judicieuse du point de vue de la diversification, est porteuse d’un risque non négligeable. Les fonds immobiliers indirects cotés avaient accumulé des agios impor­ tants avec un sommet de 31,3% en juillet 2017, actuellement 21% au 30.04.2018. De faibles in­ certitudes sur le marché immobilier suisse suffisent pour que ces véhicules soient bien plus malmenés que les placements immobiliers directs.

Conclusion Depuis l’introduction de l’OPP2 en 1985, le tiers cotisant a réalisé, en termes cumulés, plus de 40% des quelque 1’000 milliards de francs que repré­ sente la fortune de la prévoyance. Les intérêts com­ posés et les efforts des responsables des caisses de pension et des gestionnaires de fortune ont donc une grande influence sur le montant de la prévo­ yance vieillesse. En raison des prétentions de rentes trop élevées des retraités par suite de l’allongement de l’espérance de vie, les bons rendements des caisses de pension doivent aujourd’hui servir dans une large mesure à financer la redistribution au lieu de financer la capitalisation des rentes aux­ quelles auront droit les assurés en activité. C’est pourquoi la contribution apportée par le tiers coti­ sant est d’une importance énorme, pour ne pas dire vitale, pour notre système de retraite. Toutes les possibilités de renforcer l’efficacité du tiers cotisant devraient donc être étudiées et le cas échéant appliquées. Cela vaut pour les responsables de caisses de pension et les gestionnaires de for­ tune lors de l’utilisation de tout l’univers des place­ ments aussi bien que pour le régulateur lors de la détermination des directives de placement.

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Les défis posés aux organes dirigeants des caisses de pension

En ligne de mire

Hanspeter Konrad lic. en droit, avocat, Directeur de l’ASIP Les organes de direction ont pour mission de gérer les fonds qui leur sont confiés de manière à garantir à long terme les prestations actuelles et futures. Pour cela, les paramètres actuariels doivent être aussi corrects que possible. En outre, la stratégie de placement axée sur le long terme doit tenir compte de la capacité et de la volonté de prendre des risques. Dans son article, l’auteur se concentre sur quatre éléments centraux que les organes de direction doivent garder dans leur ligne de mire pour assurer le succès, mais aussi l’acceptation des institutions de prévoyance. Dans un contexte général en constante mutation, les organes de direction sont tenus d’examiner les plans de financement et de prestations de leurs caisses de pension et de prendre des mesures techniques et liées à la politique de placement. À cela s’ajoute que le carcan réglementaire n’a hélas cessé de se resserrer ces dernières années, ce qui oblige les organes de direction à procéder à des adaptations des bases réglementaires. Heureu­ sement, les organes de direction réussissent tou­ jours à garantir durablement la stabilité des caisses de pension. Situation de départ Les caisses de pension ne sont pas des entités ano­ nymes, mais des institutions gérées selon le sys­ tème de milice par des individus qui représentent les salariés et les employeurs. Les délégués qui siègent dans les organes suprêmes sont appelés à

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trouver des solutions à des questions multiples. Dans la très grande majorité des cas, les organes de direction engagés et zélés réussissent à trouver les réponses adéquates qui vont dans l’intérêt à long terme de la caisse de pension. Malgré tout, leur activité n’est pas épargnée par les revers et les critiques émanant des assurés et du public, comme en témoignent précisément les décisions en ma­ tière de plans de financement et de prestations que de nombreuses caisses de pension ont prises ré­ cemment, mais pas de gaieté de cœur ; elles récla­ ment des sacrifices de la part de tous les milieux concernés, assurés comme employeurs. C’est ainsi que face à la poursuite de l’allongement de l’espérance de vie par exemple, de nombreux assurés se demandent s’ils pourront partir à la re­ traite avec un avenir financier assuré et préservant leur niveau de vie. Outre l’allongement de l’espé­ rance de vie, les évolutions de la politique du marché du travail et de la politique financière jouent également un rôle. Il suffit de penser à l’évolution des marchés financiers et des taux d’intérêt, au ­numérique ou à la précarisation de l’emploi pour se représenter les défis qu’il conviendra de relever. Le monde du travail est en mutation et les sys­ tèmes de prévoyance ne peuvent pas plus s’y sous­ traire que les autres. Dans ce contexte, il convient, au niveau des caisses de pension, de veiller à ce que l’organe suprême puisse travailler dès le début de façon professionnelle et assurer une gestion ci­ blée et adéquate. Les éléments décisifs à cet égard sont la garantie d’une bonne gouvernance des caisses de pension, les mesures pour assurer l’équi­ libre financier à long terme, la fixation d’objectifs de prestations réalistes et pour finir une communi­ cation efficace et compréhensible, notamment avec les assurés. Pour assumer ces tâches, l’organe suprême a besoin de points de repère corres­ pondants. Un dialogue de gestion sérieux entre l’organe suprême et la direction est important.

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Accent mis sur la gouvernance Pour l’organe de direction, il s’agit avant tout de garantir des structures transparentes, bien adaptées pour atteindre l’objectif, c’est-à-dire assurer une gestion rigoureuse des fonds confiés à titre fidu­ ciaire et fournir les prestations de façon aussi ­rentable que possible. Le processus de direction doit être soutenu par des coefficients de gestion et de risque définis pour chaque caisse et discutés périodiquement avec l’expert. Accent mis sur la fixation de paramètres Dans de nombreuses caisses de pension, la question du niveau du taux de conversion futur con­tinue à figurer tout en haut des priorités. Il est incontour­ nable pour les responsables de la direction de ­s’appuyer sur les réalités de l’espérance de vie qui continue à s’allonger et sur le contexte de taux bas ainsi que de prendre des mesures correspon­ dantes. Il y va de la garantie de l’équilibre financier à long terme de la caisse de pension. Néanmoins, comme le montrent les résultats de l’enquête de cette année, il faut continuer à s’attendre à ce que les caisses de pension décident de tout un éven­ tail de taux de conversion. Cela signifie que les or­ ganes de direction utilisent bel et bien toute leur marge de manœuvre et prennent leurs décisions de manière dûment réfléchie au vu des bases actua­ rielles, mais aussi en s’appuyant sur des considéra­ tions de politique sociale. En outre, ils essayent dans toute la mesure du possible d’amortir ou de compenser les adaptations de l’objectif de pres­ tation par un renforcement du processus d’épargne et par des dispositions transitoires pour les assurés plus âgés. Accent mis sur la gestion de fortune Il convient de rappeler que les défis posés aux caisses de pension n’ont pas fondamentalement changé malgré les bons résultats de placement en 2017. Bien souvent, il existe toujours des effets

de redistribution des assurés en activité vers les bé­ néficiaires de rentes en raison de taux d’intérêts techniques trop élevés et des pertes sur les retraites par suite de taux de conversion trop élevés. D’autre part, les résultats positifs montrent que les reproches sommaires régulièrement formulés par le secteur de la finance selon lesquels les responsables des caisses de pension seraient trop peu professionnels en matière de gestion de fortune ne sont pas justi­ fiés. Les organes de direction suprêmes sont par­ faitement conscients de l’importance de ce que l’on appelle le tiers cotisant. Ils ont pour mission de ­gérer les fonds qui leur sont confiés de manière à assurer les prestations actuelles et futures à long terme. La base de leur action est constituée par une stratégie de placement tenant compte de la capa­ cité et de la volonté de prendre des risques. Dans le cadre du processus de placement, les caisses de pension, à juste titre, tiennent davantage compte de critères écologiques, sociaux, éthiques et ­sociétaux ainsi que d’aspects de bonne gestion d’entreprise. Accent mis sur la communication Les organes de direction évoluent dans un environ­ nement qui est marqué par de nombreux acteurs et parfois aussi par des intérêts contradictoires. Dans ces tensions entre législateur, évolution économique et médias, la communication joue un rôle central. Il s’agit de renforcer l’image de notre 2e pilier libéral et décentralisé. En tant qu’entreprises fournissant des services à leurs assurés, les caisses de pension sont de plus en plus sollicitées à cet égard. Glo­ balement, un important travail d’information et de persuasion doit être fourni pour renforcer à long terme la confiance des assurés dans le système de prévoyance et leur expliquer les réformes néces­ saires, mais souvent impopulaires. Dans ce contexte, rappelons que l’objectif de prestations recherché a été notablement dépassé ces 30 dernières années dans la prévoyance professionnelle obligatoire (taux

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de remplacement de 34% du dernier salaire assu­ ré). En effet, l’intérêt rémunératoire LPP moyen a été nettement supérieur à la croissance moyenne des salaires. Globalement, les caisses de pension ne doivent donc pas mettre leur lumière sous le boisseau. Conclusion Une prévoyance professionnelle qui fonctionne bien a besoin d’organes de direction motivés, ­engagés et au comportement professionnel. Une bonne direction n’est pas un sprint, mais plutôt un marathon, voire un gigathlon. Sans le moindre toute, elle est et restera une activité (de milice) ­exigeante qui mérite d’être appréciée et reconnue. En tout cas, il faut tout faire pour que le 2e pilier, c’est-à-dire la prévoyance professionnelle collective par capitalisation, reste sur la voie du succès grâce à des caisses de pension gérées dans le cadre du partenariat social et de manière décentralisée, et à des organes de direction correctement formés et assumant leurs responsabilités.

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Résultats de l’enquête 2018

Introduction17 A

Institutions de prévoyance et assurés 1 Primauté des prestations et primauté des cotisations 2 Retraite flexible 3 Possibilité de choisir un plan d’épargne 4 Prestations 5 Rentes-ponts AVS 6 Rentes d’invalidité 7 Contributions de l’employeur

20

B

Placements des capitaux et allocation des actifs 1 Allocation des actifs 2 Placements immobiliers 3 Placements alternatifs 4 Allocation des actifs : comparaison entre la réalité et l’objectif 5 Couverture des placements en monnaies étrangères 6 Taux d’intérêt négatifs 7 Limitation par catégories et extensions justifiées 8 Le tiers cotisant

26

C

Performance et taux d’intérêt 1 Performance 2 Rendements théoriques et rendements cibles

41

D

Taux de couverture  1 Taux de couverture et son évolution 2 Réserves pour fluctuation de valeur

48

E

Taux d’intérêt technique et rémunération 1 Taux d’intérêt technique – niveau et évolution 2 Rémunération des avoirs de vieillesse

53

F

Taux de conversion et autres paramètres actuariels 1 Taux de conversion 2 Âge de la retraite 3 Espérance de vie à l’âge de la retraite 4 Bases techniques

59

15

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15

G

Frais d’administration et de placement 1 Frais généraux d’administration 2 Frais de gestion de fortune 3 Frais totaux de l’administration

68

H

Indications relatives à l’enquête 1 Nombre et composition des participants 2 Caractéristiques des caisses participantes

71

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Introduction : Les résultats de l’enquête de l’étude de 2018 sur les caisses de pension en Suisse

Stabilité malgré un contexte volatil

L’étude Swisscanto 2018 renseigne sur la structure et l’évolution des institutions de prévoyance au cours d’une année qui a été marquée d’une part par la réalisation d’excellents rendements sur la ­fortune et d’autre part par l’échec de la révision prévue de l’AVS et de la LPP. La bonne performance a permis de consolider les réserves tout en relevant la rémunération des avoirs de vieillesse ; en revanche, le rejet de la réforme Prévoyance vieillesse 2020 par le peuple oblige les caisses à continuer à appliquer un taux de conver­ sion LPP largement excessif, et à subir souvent de lourdes pertes sur les retraites. Le tour que prendra désormais le débat au niveau politique est flou, et les marchés des capitaux, eux aussi, sont marqués par une profonde incerti­ tude. Dans une telle situation, l’étude permet de disposer de données solides concernant la situation actuelle, mais aussi sur les changements en cours, aussi bien sur des questions centrales telles que la performance, la rémunération ou le taux de conversion que sur de nombreux aspects de détail du 2e pilier ; ceux-ci intéressent avant tout les ­praticiens, mais livrent des informations aussi nom­ breuses que précieuses sur l’importance et l’activité des institutions de prévoyance. Compte tenu de l’importance majeure de ces bases tant pour le travail quotidien des institutions de prévoyance que pour le débat autour de la nouvelle mouture de la révision de la LPP, il y a lieu de se ­réjouir que l’enquête ait battu un nouveau record de participants, avec 535 institutions de prévoyance. Ces caisses rassemblent 4,1 millions de destina­ taires et une fortune totale de 680 milliards de francs. L’enquête couvre ainsi près des trois quarts de la prévoyance professionnelle et fournit des données dont la pertinence et la représentativité ne peuvent pas être mises en doute.

Nous ne pouvons souligner ici que quelques-uns des très nombreux constats qu’elle permet de ­ égager. d Force est de constater que malgré la situation ­financière de la grande majorité des caisses de pen­ sion, qui est globalement très bonne, un processus de restructuration est souvent engagé. La statis­ tique officielle des caisses de pension nous a déjà appris que le nombre des caisses autonomes et ­semi-autonomes ne cesse de se réduire. Cette évo­ lution va sans nul doute se poursuivre. La complexi­ té croissante de l’exécution dépasse bien souvent les possibilités des petites institutions de prévoyance et de celles de taille moyenne. En outre, ces insti­ tutions souffrent de frais de gestion nettement plus élevés tant pour l’administration que pour les pla­ cements de fortune. Il faut néanmoins constater qu’à partir d’une fortune de l’ordre de 100 à 500 mil­ lions, ces caisses s’en tirent tout aussi bien que les plus grandes sur le plan de la performance. Les résultats relatifs à l’objectif de prestations com­ muniqué par les participants à l’enquête donnent à réfléchir. Depuis quelques années, on observe un recul dans ce domaine. Pour un salaire de 80’000 francs, l’objectif de prestations signalé, AVS comprise, est passé en moyenne de 73 à 71% au cours de l’année sous revue. Certes, ce pourcen­ tage reste largement supérieur aux 60% considérés comme étant l’objectif informel de la prévoyance légale, mais la réduction par rapport aux 80% qui étaient encore enregistrés en 2013 n’en reste pas moins considérable. De nombreux assurés, surtout du secteur privé, ­ressentiront sans doute comme une baisse des prestations la disparition des rentes-ponts AVS tant appréciées. Alors qu’il y a dix ans, 59% des caisses privées versaient encore ce genre de rentes, leur part est tombée à 46%. En revanche, la situation

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demeure stable dans les caisses de droit public, où le recul de 81 à 79% reste minime. Une question centrale demeure la fixation du taux de conversion minimum défini par la loi. Celui-ci est toujours de 6,8% et n’est pas près de bouger. La réforme des rentes rejetée par le peuple pré­ voyait un abaissement à 6% accompagné d’une compensation intégrale des prestations et d’un ­délai transitoire assez long. On peut prévoir que ces 6% resteront la grandeur cible de la nouvelle révision. Voilà qui contraste avec la moyenne calculée, qui est déjà inférieure à ce taux, puisqu’elle est au­ jourd’hui de 5,9%. Cela signifie que les pertes sur retraites vont se poursuivre, bien que sous une forme atténuée, notamment pour les caisses proches de la LPP qui n’auront pas l’option de trou­ ver une compensation dans la partie surobligatoire. Au cours de l’année sous rapport, les très bons ­rendements des placements ont contribué à ­détendre la situation ; ils ont été utilisés non seule­ ment pour alimenter les réserves, mais aussi pour mieux rémunérer les avoirs de vieillesse. Après de longues années, la rémunération versée aux actifs a pour la première fois dépassé celle des rentiers ; les assurés en activité se sont vus crédités de 2,50% en moyenne, contre 2,32% pour les rentiers. Il y a cependant lieu de supposer que malgré la ­réduction rapide des obligations réglementaires des caisses envers les bénéficiaires de rentes, cette si­ tuation restera encore l’exception un certain temps en raison des taux d’intérêt techniques plus faibles et des taux de conversion. Les autorités de surveillance portent davantage leur attention sur les activités des fondations collectives. En raison de leur offre, celles-ci sont exposées à des processus d’économie de marché, et plus précisé­

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ment à la concurrence, qui les oblige à présenter une offre attractive. Mais dans un tel contexte, il ne faut pas perdre de vue la sécurité pour autant. Sur cette question, l’enquête fournit toute une série de données révélatrices concernant le taux de conver­ sion et la rémunération. Un des points les plus vivement débattus en liaison avec la réforme de la prévoyance vieillesse est la question de l’âge de la retraite. Depuis des décen­ nies, les chiffres de la statistique de population montrent un allongement constant de l’espérance de vie résiduelle à 65 ans. Depuis l’entrée en ­vigueur de la LPP, celle-ci est passée de près de 15 ans à 20 ans pour les hommes et de 19 ans à environ 23 ans pour les femmes. Le versement d’une rente inchangée sur une durée nettement plus longue correspond à un accroissement consi­ dérable des prestations. Dans la très grande majorité des caisses, l’âge de la retraite réglementaire calculé est de 65 ans pour les hommes ; pour les femmes, il reste en majorité de 64 ans, mais un tiers des institutions de prévoyance ont déjà des règlements qui prévoient déjà un âge ordinaire de départ à la retraite de 65 ans pour les femmes. Ces chiffres ont peu changé ces dernières années. L’âge de la retraite effectif, recensé pour la première fois en 2016, est d’environ 63,5 ans, et 58% des assurés prennent une retraite anticipée, alors que 9% partent au-delà de l’âge normal. Un relèvement de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans, souvent réclamé, se heurterait sans doute aujourd’hui à une forte résistance politique, et l’âge traditionnel en vigueur depuis des décennies ne sera probablement abandonné que sous des pressions financières considérables. Cela entraîne nécessairement une prolongation constante de la durée de versement des rentes, et donc une hausse correspondante du coût de la prévoyance.

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Du côté des placements, l’enquête confirme la grande importance de l’extension justifiée des pos­ sibilités de placement. 46% des participants à ­l’enquête, principalement les caisses relativement grandes, utilisent cet instrument pour leurs place­ ments. Il permet de dépasser les limites par catégo­ ries en vigueur selon l’OPP2. La majorité des ex­ tensions concerne les placements immobiliers, qui sont globalement limités à 30%. En deuxième lieu viennent les extensions pour les placements alter­ natifs. Cela peut surprendre, vu que leur part au to­ tal des placements n’est que de 6,3% en moyenne et n’atteint que 8% même pour les caisses ayant une fortune supérieure à 500 millions de francs, ce qui est assez éloigné des 15% autorisés.

Malgré la détente sur le plan des devises, la Banque nationale continue à appliquer des taux d’intérêt négatifs. Cette situation touche également les caisses de pension et, comme le montre l’enquête, bien plus fortement que l’année précédente. Près des deux tiers des caisses participantes sont concer­ nées par les taux d’intérêt négatifs perçus par les banques sous forme de commissions. Alors qu’en 2016 déjà, les très grandes caisses à la fortune su­ périeure à 5 milliards étaient frappées à 90% et que cette proportion n’a que marginalement pro­ gressé cette année, la majorité des petites institu­ tions détenant au moins 100 millions sont désor­ mais elles aussi dans l’obligation d’assumer des coûts correspondants.

La présente enquête examine tout particulière­ ment le domaine de l’immobilier. Les résultats montrent que depuis deux ans, les placements indi­ rects dépassent les placements directs. Dans ce contexte, les justifications données par les partici­ pants à l’enquête pour la forme des investisse­ ments immobiliers sont révélatrices. De l’avis des responsables de placements, la possibilité de ­diversification est l’argument premier qui milite en faveur des placements indirects. Pour les place­ ments directs, l’accent est mis sur l’influence sur la décision de placement, ce qui surprendra moins.

Il nous reste encore à remercier une nouvelle fois les nombreux participants à l’enquête pour leur ­engagement et les efforts fournis pour répondre aux questions. Sans leur concours, cette étude et les constats qu’elle permet de tirer ne seraient tout simplement pas possibles. Peter Wirth

De même, les données permettent de constater que les petites caisses dont la fortune est inférieure à 500 millions de francs investissent en majorité, pour leurs placements immobiliers indirects, dans les fonds cotés en bourse, même si elles doivent en passer par une majoration correspondante. Cela s’explique sans doute par le fait que la plupart des fonds sur une base de VAN tels que les fondations de placement sont actuellement clos. Les plus grandes institutions de prévoyance, contrairement aux petites, y ont investi l’essentiel de leurs place­ ments immobiliers indirects.

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A  Institutions de prévoyance et assurés

1

Primauté des prestations et primauté des cotisations

Tableau A-1 : primauté des institutions de prévoyance selon leur forme juridique Droit public

Droit privé

Total des IP

Primauté des cotisations pour toutes les prestations

40%

33%

33%

Primauté des cotisations pour les prestations de vieillesse/ primauté des prestations pour les prestations de risque

38%

53%

51%

Primauté des prestations pour toutes les prestations

17%

4%

5%

5%

11%

10%

100%

100%

100%

Aucune indication Total

Sur les 535 institutions de prévoyance ayant pris part à l’enquête, 33% indiquaient à la fin de 2017 être régies par la primauté des cotisations pour l’ensemble des prestations (contre 38% l’année précédente). Une courte majorité indiquait des ­solutions mixtes : primauté des cotisations pour les prestations de vieillesse et primauté des prestations pour les risques (51% contre 56% l’année pré­ cédente), alors que la primauté intégrale des pres­ tations n’était plus appliquée que par 5% (6%) de tous les participants. Dans ce contexte, il existe des différences pronon­ cées entre les caisses de droit public et celles de droit privé. En particulier, la primauté des prestations dans les caisses de droit public reste assez forte­ ment représentée avec une part de 17% (20% l’année précédente), bien qu’étant, là aussi, en recul. Seulement 4% des caisses de droit privé (4% l’année précédente) utilisent cette forme de ­prestations, évidemment appréciée des assurés.

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2

Retraite flexible

Illustration A-1 : évolution de l’âge le plus précoce possible de la retraite chez les hommes Parts en % des institutions de prévoyance 70 58

58

44

36

36

5

4

2

60 50

47

40

42

45 45

63

63

63

31

33

33

3

2

2

65

63

31

33

3

3

48

30 20 10

5

5

0 2009

2010 2011 2012 2013 2014

2015

2016 2017 2018

■ Âge le plus précoce possible de départ à la retraite pour les hommes : 58 ans ■ Âge le plus précoce possible de départ à la retraite pour les hommes : 59 ans ■ Âge le plus précoce possible de départ à la retraite pour les hommes : 60 ans

La fixation de l’âge de la retraite dans le règlement doit être replacée dans le contexte du débat poli­ tique permanent autour de l’âge de référence. Cela peut expliquer que l’an dernier, la part des caisses où la retraite peut être prise au plus tôt à 60 ans ait légèrement augmenté au détriment de la part des caisses prévoyant 58 ans. La réforme « Prévoyance vieillesse 2020 » envisageait une flexibilisation entre 62 et 70 ans avec la possibilité pour les caisses de fixer la limite inférieure à 60 ans. Les divergences de vues exprimées à ce propos ont pu avoir une cer­ taine influence sur l’aménagement du règlement. Ces propositions devraient à nouveau être mises en discussion sous une forme plus ou moins simi­ laire lors de la nouvelle présentation de la réforme des retraites.

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3

Possibilité de choisir un plan d’épargne

Illustration A-2 : possibilité de choisir un plan de prévoyance (plan d’épargne) En % des institutions de prévoyance 50 40

40 30 20

42

36 25 19

20

2012

2013

10 0

2014

2015

2016

■ Des possibilités de choisir entre des plans de prévoyance (plans d’épargne) sont proposées

2017

Les caisses de pension proposent souvent aux assu­ rés de choisir entre divers plans d’épargne. Pour l’année sous rapport, leur proportion est de 42% (contre 40% l’année dernière), étant précisé que la part des caisses de droit public (36% contre 31% l’année précédente) est inférieure à celle des caisses de droit privé (43% contre 42% l’année précédente). La comparaison avec les années écoulées fait ap­ paraître une légère augmentation. Manifestement, les assurés ont un grand besoin de disposer de cette possibilité de choisir, dont les institutions de prévoyance tiennent d’ailleurs compte dans leurs règlements. Dans le même temps, on voit ici l’avantage que présente l’agencement individuel du 2e pilier : contrairement à l’AVS entièrement uniformisée, il permet de s’adapter dans une large mesure à des souhaits et à des besoins variables.



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4 Prestations Illustration A-3 : évolution de l’objectif de prestations pour les rentes de vieillesse pour un salaire de 80’000 francs

En CHF

En %

80’000 70’000 60’000

100 79

79

80

80

80

80

78

90 74

73

71

80 70

50’000

60

40’000

50

30’000

40 30

20’000

20

10’000 0

L’échelle de gauche indique l’évolution en francs, celle de droit en pour cents. En partant d’une mé­ diane de 63’320 francs en 2008, on obtenait en 2013 un niveau maximal calculé de 64’288 francs pour les rentes combinées du 1er et du 2e piliers. Le chiffre actuel pour 2017 est de 11% plus faible, avec 56’900 francs (contre 58’010 l’année précé­ dente).

10 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

0

■ Objectif de prestations rente de vieillesse (médiane) ■ AVS ■ Prestations du 1er et du 2e piliers pour un salaire de CHF 80’000 ■ Objectif de prestations du 1er et du 2e piliers

Les baisses parfois très marquées du taux d’intérêt technique et du taux de conversion ces dernières années dans la grande majorité des caisses de pen­ sion ne sont pas restées sans incidences sur les prestations. L’illustration A-3, qui présente l’évolu­ tion de l’objectif de prestations sur les dix der­ nières années pour un salaire de 80’000 francs, en donne une image concrète, bien que peu réjouis­ sante. En pour cents, cet objectif n’a cessé de dimi­ nuer, passant de 80% dans les années 2010 à 2013 à 71% depuis lors.

Le recul est encore plus marqué si l’on s’appuie uniquement sur les valeurs médianes pour les rentes du 2e pilier. En 2008, la valeur atteignait ­encore 36’800 francs avant de progresser mar­ ginalement à 36’880 en 2013, puis de reculer à 29’600 francs jusqu’à l’année sous rapport. Il convient de constater qu’avec une grandeur cible moyenne calculée de 71% (échelle de gauche), la consigne informelle de 60% pour la poursuite du niveau de vie usuel continue à être nettement dépassée, même si l’on observe un net recul par rapport au chiffre de 80% enregistré encore entre 2010 et 2013. La médiane de l’objectif de prestations des caisses de droit public pour 2017 est de 42% (2016 : 42%), donc inchangée. Dans les caisses de droit privé, elle atteint 34% (35%). Le différentiel de prestations entre caisses de droit privé et caisses de droit public s’est donc encore creusé.



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5

Rentes-ponts AVS

Illustration A-4 : évolution des rentes-ponts AVS % des institutions de prévoyance ayant une rente-pont AVS 90

81

80 70

79

63

60

59 50

50

46

40 30 20 10 0

Ensemble des institutions de prévoyance

Institutions de prévoyance de droit public

Institutions de prévoyance de droit privé

■ 2008 ■ 2017

6

Les rentes-ponts AVS offrent un soutien financier apprécié aux assurés qui aspirent à prendre une ­retraite anticipée. On les rencontre très fréquem­ ment dans les caisses de droit public, où elles existent encore aujourd’hui dans 79% des cas et où l’on n’observe qu’une légère modification par rapport au niveau de 2008 (81%). Il semble que les associations du personnel aient réussi à imposer largement leurs revendications à cet égard. Il en va différemment dans les institutions de prévoyance de droit privé, où l’on note un net recul depuis 2008 et où la rente-pont ne se rencontre plus que dans moins de la moitié des cas.

Rentes d’invalidité

Illustration A-5 : évolution du montant moyen de la rente d’invalidité en pour cents du salaire assuré Rente d’invalidité en % du salaire assuré 70

65

63

60

63

60

64

63

50 40 30 20

La situation est extrêmement stable s’agissant du montant moyen des rentes d’invalidité en pour cents du salaire assuré. En moyenne de toutes les caisses, il s’élève à 63%, soit autant qu’il y a dix ans. Ce n’est que dans les caisses publiques que l’on enregistre une légère baisse de 63 à 60%.  

10 0

Ensemble des institutions de prévoyance

Institutions de prévoyance de droit public

Institutions de prévoyance de droit privé

■ 2008 ■ 2017

24

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7

Contributions de l’employeur

Illustration A-6 : évolution des contributions de l’employeur Contributions d’épargne de l’employeur en % des contributions d’épargne réglementaires 70

61,9

60

62,8

61,8 56,3

62,5

56,8

50 40 30 20 10 0

Ensemble des institutions Institutions collectives de prévoyance et communes

Caisses de pension

Conformément à la LPP, les employeurs doivent subvenir à l’institution de prévoyance à raison d’au moins la moitié des cotisations réglementaires. Dans de nombreux cas, leurs contributions sont toutefois nettement plus élevées. Leur part aux co­ tisations d’épargne n’a pratiquement pas changé ces dix dernières années. Globalement, elle n’a ­reculé que de 0,1 point de pourcentage, ce qui est à l’intérieur de la précision de mesure ; dans les fondations collectives, on observe même une légère progression.

■ 2008 ■ 2017



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Placements de capitaux et allocation des actifs

1

Allocation des actifs

Illustration B-1 : allocation des actifs de 2008 à 2017* Parts en % 100 80 60

0,6 4,8 2,5

1,5 4,7 1,9

1,2 5,0 1,8

0,9 5,1 1,6

0,7 5,5 1,6

0,9 5,0 1,6

0,7 5,4 1,2

1,0 6,1 1,1

0,9 6,3 1,2

0,5 6,3 1,3

19,9

18,5

19,5

20,7

20,3

19,9

20,4

21,9

22,5

22,8

22,9

26,9

27,4

26,0

27,6

29,4

29,4

30,1

30,7

32,1

40,2

38,5

36,7

37,2

35,8

34,5

34,7

33,3

32,4

30,3

40 20 1,1

0

7,9

1,2 6,9

1,1 7,3

0,9 7,5

1,1 7,4

1,1 7,6

1,1 7,0

5,6

0,9

5,1

1,0

5,8

0,5

Les placements alternatifs se situent toujours à 6,3%. Les institutions de prévoyance continuent à faire preuve de retenue, même si certains signes donnent à penser que cette catégorie présente un potentiel de rendement inexploité.

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 ■ Autres ■ Placements altern. ■ Hypothèques ■ Immobilier

■ Actions ■ Obligations ■ Prêts* ■ Liquidités

*Jusqu’en 2016, placements auprès de l’employeur

Le graphique donne une idée de l’évolution de ­l’allocation des actifs ces dix dernières années de­ puis 2008. On remarque aisément la constance ­remarquable avec laquelle les déplacements de la structure ont évolué sur toute la période observée. Pour dire les choses simplement, cela signifie : ré­ duction des obligations et renforcement des valeurs réelles. L’immobilier a légèrement augmenté en 2017 à 22,8% (22,5%); les obligations ont nette­ ment régressé à 30,3% (32,4%), alors que les ac­ tions se situent désormais à 32,1% (30,7%). Dans les deux cas, ce sont là des extrêmes historiques. Dans le même temps, les actions ont dépassé pour la première fois les obligations pour constituer dé­ sormais la classe de placements la plus importante. Cette situation est frappante, même si elle est essentiellement due à l’évolution des cours.

26

On relèvera la progression des liquidités à 5,8% (5,1%), qui ne paraît pas plausible dans le contexte général de la situation du marché.

Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour réclamer plus de durabilité et plus de gouvernance. Elles re­ vendiquent notamment que les institutions de ­prévoyance abandonnent les placements dans les secteurs qui émettent des gaz à effet de serre ou dans les entreprises qui fabriquent des armes. Les pressions politiques et sociales dans ce sens de­ vraient encore s’accentuer dans les années à venir.

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

Tableau B-1 : classes de placements de 2008 à 2017 Allocation moyenne des actifs en % 2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

Liquidités

7,9

6,9

7,3

7,5

7,4

7,6

7,0

5,6

5,1

5,8

Prêts à partir de 2017**

1,1

0,7

0,8

0,6

0,8

0,8

0,8

0,8

0,8

0,5

Actions et autres participations auprès de l’employeur

0,2

0,6

0,4

0,3

0,3

0,3

0,3

0,2

0,2

*

Obligations en CHF

29,7

28,3

27,3

27,5

25,5

24,6

24,3

22,9

21,7

20,0

Obligations en monnaies ­étrangères

10,5

10,1

9,3

9,7

10,3

9,9

10,5

10,4

10,7

10,4

Actions suisses

11,6

12,6

12,7

11,9

12,4

13,2

13,1

13,4

13,1

14,2

Actions étrangères

11,3

14,3

14,7

14,1

15,2

16,2

16,3

16,8

17,6

18,0

Immobilier suisse

18,9

17,6

18,6

19,7

19,3

18,9

19,1

20,2

20,7

20,7

Immobilier étranger

1,1

0,8

0,9

1,0

1,1

1,1

1,3

1,7

1,9

2,1

Hypothèques

2,5

1,9

1,8

1,6

1,6

1,6

1,2

1,1

1,2

1,3

Hedge funds

2,8

2,3

2,2

2,0

1,9

1,7

1,5

1,4

1,4

1,2

Private equity

0,5

0,6

0,6

0,7

0,8

0,7

0,8

0,9

0,9

0,8

Matières premières

0,7

1,1

1,4

1,5

1,7

1,3

1,1

0,8

0,9

0,8

Infrastructures

*

*

*

*

*

0,2

0,2

0,2

0,3

0,4

Placements non traditionnels en valeur nominale

*

*

*

*

*

*

*

0,5

0,5

0,6

Autres placements alternatifs

0,7

0,7

0,8

0,9

1,1

1,1

1,8

2,1

2,2

2,4

Autres actifs

0,6

1,5

1,2

0,9

0,7

0,9

0,7

1,0

0,9

0,9

100,1

100,0

100,0

99,9

100,1

100,1

100,0

100,0

100,0

100,1

Total

* non recensé ** jusqu’en 2016, placements auprès de l’employeur



Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

27

Tableau B-2 : placements, formes de placement et taille des caisses* Valeur moyenne de la part de fortune par groupe de fortune en % 5’000 mio.

0,2

1,2

0,7

1,4

0,8

2,1

16,7

19,0

18,5

17,4

26,7

49,8

Mandats mixtes

41,2

51,1

48,9

36,4

15,9

0,0

Placements indiciels

25,4

29,0

32,4

32,9

27,7

27,7

Placements durables

5,9

3,3

2,7

1,7

7,8

1,1

Produits

2,9

2,3

1,3

1,4

0,2

0,0

Immobilier suisse : placements directs

11,9

13,9

11,5

11,5

14,3

9,5

Immobilier suisse : placements indirects

21,0

14,7

15,8

14,6

13,4

7,1

Immobilier étranger : placements directs

0,0

0,0

1,1

0,1

0,1

0,1

Immobilier étranger : placements indirects

2,7

5,5

2,8

2,9

6,2

2,9

* La liste comporte diverses catégories de placements ou de formes de placements qui se recoupent en partie. C’est pourquoi le total des pourcentages ne donne pas 100%.

L’importance de certaines catégories varie naturelle­ ment selon la taille de la caisse, étant entendu que la dépendance n’est le plus souvent pas linéaire. Le recul en parts accompagné d’une hausse en ­volume de placements s’observe en particulier pour les fonds de placement, les fondations de place­ ment, les mandats mixtes, les placements immobi­ liers indirects et les produits structurés. Les sociétés de participation et les mandats par ­catégories marquent une progression. Les place­ ments immobiliers directs et indirects, notamment, sont largement indépendants de la taille des caisses.

28

Le rapport est flou entre la taille des caisses et les placements durables. C’est sans doute aussi une question de définition, puisque toutes les caisses ne les définissent et ne les recensent pas de la même manière. Notons que pour ces chiffres, les données reposent parfois sur un petit nombre de participants en rai­ son du degré de détails élevé, ce qui peut générer des valeurs statistiquement aberrantes.  

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

Tableau B-3 : évolution des parts de fortune en fonds de placement, fondations de placement et placements indiciels Valeur moyenne part de la fortune en % 2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

Fonds de placement

25,3

28,9

33,1

34,2

37,6

40,8

41,1

40,9

43,2

42,2

Fondations de placement

24,7

27,5

27,4

23,6

20,8

21,1

22,6

20,4

21,4

22,0

Placements indiciels

19,0

19,9

21,4

21,8

24,5

22,4

24,9

24,1

26,8

28,1

Le tableau présentant l’évolution ces dix dernières années présente des différences prononcées pour les fonds, les fondations de placement et les place­ ments indiciels. Les fonds de placement ont fait passer leur part de 25 à plus de 42%, mais ont en­ caissé un léger recul dans l’année sous rapport. Une stabilisation semble se dessiner à cet égard depuis quelques années. L’évolution a été différente pour les fondations de placement : avec 22%, elles se trouvent actuelle­ ment légèrement en dessous de leur niveau de 2008, mais ont pu atteindre entre temps un niveau record de 27%.

Dans les deux cas, on relèvera la volatilité de ces évolutions. Cela révèle des adaptations rapides et changeantes de la part des responsables des placements. En revanche, l’évolution des placements indiciels est bien plus régulière. Ils ont progressé de 19% en 2008 à 28% aujourd’hui en ne connaissant que quelques faibles interruptions.



Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

29

Illustration B-2 : taille des caisses et allocation des actifs Parts en % 35

31,0

30

32,2 32,1 29,1

25

22,7 22,9

20 15 10 5 0

6,3

8,0 5,3

4,8

Liquidité

Prêt

■ ≤500 Mio. ■ >500 Mio.

30

1,0 1,7

0,3 0,8 ObliActions gations

Immobilier

1,1 0,7

Hypo- Placements Autres thèques alternatifs

Une comparaison entre l’allocation des actifs des institutions de prévoyance détenant moins de 500 millions de francs et celles qui en détiennent davantage est évocatrice dans la mesure où les ­différences sont étonnamment faibles. C’est parti­ culièrement le cas pour les catégories des actifs et de l’immobilier. Des différences pertinentes, mais assez peu marquées s’observent pour les liquidités, les obligations, les hypothèques. Elles sont plus prononcées pour les placements alternatifs. Ces différences suivent un schéma largement plausible. Le besoin accru de liquidités et la part des obliga­ tions ainsi que le niveau plus faible des placements non conventionnels s’expliquent par les besoins et les possibilités différents des petites institutions de prévoyance.

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

2

Placements immobiliers

Illustration B-3 : évolution des placements immobiliers directs et indirects Parts en % 25 20 13,8

15

14,3

13,0

7,7

7,9

12,2

12,4

11,8

12,0

11,1

10,9

10,9

11,4

11,7

12,5

12,6

13,6

10 5 0

8,3

10,2

10,5

La répartition des placements immobiliers en place­ ments directs et indirects a évolué clairement au profit des placements indirects depuis 2008. Alors qu’il y a dix ans, les placements directs représen­ taient encore près des deux tiers du total, ce sont désormais les placements indirects qui se trouvent en tête depuis deux ans avec une part de 54%.  

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 ■ Immobilier suisse: placements directs ■ Immobilier suisse: placements indirects

Illustration B-4 : ventilation des placements immobiliers indirects en Suisse Parts en % 100

1,3 4,2

4,0

0,8 3,0

5,3

1,2 5,7

1,8

80 39,2

46,7

30,2

51,3

44,2

60,5

Ensemble des institutions de prévoyance*

≤ 500 mio.

> 500 mio.

60 40 20 0

■ Placements en private equity ■ Structures de fonds de fonds (fonds faîtiers) ■ SA immobilières cotées en bourse ■ Fonds immobiliers cotés en bourse ■ Placements basés sur la VAN (FP, etc.)

La ventilation des placements immobiliers indirects subdivisés entre les institutions de prévoyance ayant une fortune inférieure et celle ayant une for­ tune supérieure à 500 millions de francs présente des différences frappantes. Les petites caisses pré­ sentent une part élevée de fonds cotés en bourse (46,7%) alors que cette proportion n’est que de 30,2% pour les plus grandes. Ces dernières se concentrent avec 60,5% principalement sur les pla­ cements basés sur la VAN (valeur de l’actif net) tels que les fondations de placement et les fonds non cotés. Actuellement, la plupart des fonds ­basés sur la VAN sont clos, de sorte que l’on se rabat sur les fonds cotés en bourse, ce qui est ­cependant assorti d’un risque de cours accru en raison de l’agio. 

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

31

Illustration B-5 : raisons de détenir des placements immobiliers indirects

La recherche des raisons des placements indirects dans l’immobilier fait ressortir un favori clair : les plus grandes possibilités de diversification. Suivent les connaissances du marché de la part du manage­ ment, la liquidité et la spécialisation du manage­ ment. Les éléments de la performance et des avan­ tages sur le plan des coûts sont étonnamment moins appréciés. On aurait pu s’attendre à un résul­ tat différent.

Parts en % Possibilités de diversification Connaissances du marché par le management

87 62

Liquidité des produits

57

Spécialisation du management Possibilités d’acquérir des objets

47 28 30

Optimisation des processus Meilleure performance

24

Réduction des frais généraux de l’organisation

25

0

20

40

60

80

100



Parts en % des IP à placements immobiliers détenus indirectement

Illustration B-6 : les cinq principales raisons de détenir des biens immobiliers directs Parts en % Influence sur la décision de placement

73

Influence sur les stratégies immobilières

71

Coûts plus faibles pour la gestion immobilière

57

Meilleures connaissances du marché de la part du management interne

45

39

Meilleurs rendements

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Pour justifier les placements indirects, un seul ­argument domine nettement (la diversification); en revanche, pour les placements directs, les ­raisons avancées se répartissent plus équitable­ ment entre les divers avantages. Il n’est guère ­surprenant de voir que l’influence sur la décision et les stratégies arrivent en tête, car elles consti­ tuent le cœur des placements directs. On relèvera que les avantages de rendement ne sont cités qu’en dernier lieu.

Parts en % des IP à placements immobiliers indirects

32

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

Illustration B-7 : gestion et encadrement des placements immobiliers directs en Suisse*

La répartition des formes de gestion des biens ­immobiliers détenus directement en Suisse montre la prédominance de la gestion externe, suivie par la gestion interne, qui devance nettement les formes mixtes. Globalement, ces trois formes représentent 98% des réponses.

En % 2

32

26

39

■ Interne ■ Externe ■ Mixte ■ Autre

* Interne : gestion de portefeuille, gestion des actifs, acquisitions, gestion des bâtiments, etc. sont assurés à l’intérieur de l’organisation. Externe : à l’exception de l’orientation stratégique, des partenaires ­externes sont chargés de la gestion et du management du portefeuille.

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33

3

Placements alternatifs

Illustration B-8 : placements alternatifs en comparaison sur plusieurs années Parts en % 7 6

6,3 6,3 6,1

5 4 3

2,1 2,2

2

1,4 1,4

1,2

1 0

Placements alternatifs

■ 2015

34

Hedge funds

■ 2016

0,8 0,9 0,8 0,9 0,9 0,8

Matières premières

■ 2017

Private equity

0,2 0,3 0,4

2,4

0,5 0,5 0,6

Placements Placements Autres en infra- non tradit. à placements structures valeur nom. alternatifs

En 2017, les placements non traditionnels sont ­largement restés à leur niveau de l’année précé­ dente. La structure en sous-catégories en dit long. Les hedge funds ont subi un recul car leur répu­ tation n’est pas des meilleures auprès des institu­ tionnels suisses. Il est même possible que ce point soit politisé, puisque ces placements ont également été commentés dans les médias, le plus souvent avec des sous-entendus critiques. Mais ce sont sans doute les résultats pour la plupart décevants dans le domaine des fonds de fonds qui expliquent cette situation. Après les reculs des cours, les matières premières ont également perdu de la faveur dont elles jouissaient, et les caisses continuent à avoir du mal à accepter le private equity. Les placements en infrastructures ont progressé, mais à un niveau très faible. Ils restent une terre inconnue pour la plu­ part des caisses, d’autant que l’offre de placements appropriés est encore faible. En revanche, les « autres placements alternatifs » présentent une nette hausse, qui s’explique sans doute aussi par leur définition très large conformément à l’OPP2.

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4

Allocation des actifs : comparaison entre la réalité et l’objectif

Illustration B-9 : allocation des actifs – comparaison entre la réalité et l’objectif Parts en % 100

6,3

80

0,9

6,4

1,3

22,8

23,1

32,1

30,1

30,3

35,0

0,5 1,5

60 40 20 0

0,5

5,8

Réalité ■ Autres ■ Placements altern. ■ Hypothèques ■ Immobilier

0,4

3,0

Objectif ■ Actions ■ Obligations ■ Prêts ■ Liquidités

L’illustration B-9 renseigne sur les différences entre l’allocation des actifs effective et l’allocation re­ cherchée. On relèvera par exemple la différence en matière de liquidités, que les caisses aimeraient ­ramener à un niveau bien moins élevé. Pour les obli­ gations, le niveau est actuellement nettement infé­ rieur à celui souhaité. Ce niveau très faible se passe d’explications. Les actions et l’immobilier se situent très près de leurs niveaux de consigne stratégiques. Selon les indications des participants à l’enquête, il ne semble exister aucun plan d’expansion impor­ tant en ce qui concerne les hypothèques. Cela paraît contraire aux nombreux articles dans les médias qui parlent d’un recours accru à ce marché de la part des caisses de pension. En outre, divers prestataires récemment créés ont fait savoir qu’ils apporteraient un soutien aux caisses en qualité d’intermédiaires. Il est concevable qu’en fin de compte, le marché ne soit tout de même pas aussi rentable qu’on le sup­ posait. Les taux d’intérêt hypothécaires toujours très faibles chez les prestataires traditionnels ne par­ viennent pas à couvrir les exigences de rendement des institutions de prévoyance. Leur avantage prin­ cipal tient sans doute à ce qu’elles lient ainsi des liquidités et se protègent contre les taux d’intérêt négatifs.

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35

5

Couverture des placements en monnaies étrangères

Illustration B-10 : engagement stratégique en monnaies étrangères Engagement en monnaies étrangères en % selon la stratégie de placement (moyenne) 35 30 25 20

19

19

13

13

2016

2017

21

15 10 5

9

0

2015

Peu de nouveautés sont à signaler sur le plan de la gestion stratégique des monnaies étrangères. Les chiffres révèlent que les caisses n’ont pratiquement pas modifié leur comportement après le net bond en avant effectué par les opérations de couverture entre 2015 et 2016. Le calme et la stabilité ac­ tuelles sur les marchés des devises avec l’affaiblisse­ ment du franc suisse observé depuis un certain temps par rapport à l’euro n’incitent manifestement pas à renforcer davantage la couverture (qui coûte cher).

■ Non couvert ■ Couvert

6

Taux d’intérêt négatifs

Illustration B-11 : institutions de prévoyance touchées par les taux d’intérêt négatifs de 2015 à 2017 Parts en % 100 80

3

5

39

32

55

58

63

2015

2016

2017

6

40

60 40 20 0

■ Aucune indication ■ Non ■ Paiement de taux d’intérêt négatifs ou de commissions sur avoirs

36

Les taux d’intérêt négatifs de la Banque nationale, que les banques répercutent sur les caisses de pen­ sion sous forme de diverses commissions, conti­ nuent à représenter une nuisance. La situation s’est encore dégradée dans l’année sous rapport confor­ mément aux données recensées. Près des deux tiers des institutions de prévoyance participantes sont désormais touchées. Cela s’explique sans doute par la décision prise par plusieurs banques de perce­ voir des commissions sur l’ensemble du portefeuille de liquidités déposées chez elles ou de renforcer les réglementations existantes sous forme d’une di­ minution des montants en franchise, puisque la BNS prélève des intérêts depuis désormais bien plus longtemps que prévu.  

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Illustration B-12 : taux d’intérêt négatifs et taille des caisses Part en % des taux d’intérêt négatifs payés ou des commissions sur avoirs payées 100

90 91

80 60

59 40

40

70

66

63

58

47

47

59

73 64

40

20 0

Ensemble 5’000 mio.

■ 2016 ■ 2017

L’illustration B-12 montre que les caisses qui sont touchées par les taux d’intérêt négatifs de la BNS sous forme de commissions sur les avoirs ou d’autres charges relèvent désormais pratique­ ment de toutes les catégories de taille en 2017 par comparaison à l’année précédente. Simplement, l’évolution est inégale dans les caisses de moins de 100 millions de francs, les augmentations sont fortes et systématiques dans la plage de 100 mil­ lions de francs à 5 milliards, alors que dans la caté­ gorie des plus grandes institutions de prévoyance de plus de 5 milliards de francs, presque toutes les institutions avaient déjà été priées de passer à la caisse.

Illustration B-13 : taux d’intérêt négatifs, placements collectifs et taille des caisses Part en % des institutions de prévoyance 80 70

67 59

60 50

45

40

20 10 0

34

29

30

27 21

12 6 Ensemble des Institutions de prévoyance

■ Oui

■ Non

≤500 mio.

Il semble que les institutions de prévoyance, ­notamment celles qui sont relativement petites, ne soient pas très au courant des taux d’intérêt ­négatifs ou des commissions perçus sur les place­ ments collectifs ; mais même la moitié des plus grandes indiquent ne pas disposer d’informations à cet égard. De façon générale, on peut supposer que des taux d’intérêt négatifs frappent la majorité des placements collectifs.

>500 mio.

■ Ne sait pas



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37

7

Limitation par catégories et extension justifiée

Illustration B-14 : utilisation de l’extension justifiée en fonction de la taille des institutions de prévoyance Part en % de l’utilisation des extensions justifiées au sens de l’art. 50 OPP2 70 60

57

50

44

58

46

40

37

40

30

Avec l’instrument de l’extension justifiée prévu à l’art. 50 al. 4, l’OPP2 donne aux institutions de pré­ voyance la possibilité de dépasser en cas de besoin les limites prescrites pour toutes les catégories de placements de capitaux. En comparaison annuelle, on observe une augmentation qui est relativement nette dans les petites caisses.

20 10 0

Ensemble des Institutions de prévoyance

■ 2016 ■ 2017

≤500 mio.

>500 mio.

Selon l’enquête, 46% des caisses en font usage, étant précisé que les institutions de prévoyance moyennes ou grandes le font nettement plus sou­ vent que les petites. Parmi les caisses ayant un volume de placement de 5 milliards et plus, 73% disent recourir à l’ex­ tension justifiée pour une ou plusieurs catégories.

38

Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

Illustration B-15 : extensions justifiées par catégories En % des institutions de prévoyance Immobilier

51

Placements alternatifs

30

5

Actions Autres

14

Pas pour des limitations par catégories plus élevées

17

0

10

20

30

40

50

60

L’illustration B-15 montre clairement où la limitation par catégories de l’OPP2 est le plus utilisée, à savoir pour les placements immobiliers, qui sont limités à 30% du total des placements. Un peu plus de la moitié des extensions demandées relève de cette catégorie de placements. Les placements alternatifs suivent avec un net écart, avec 30%, ce qui est frappant, vu le volume globalement faible et la limite de 15%. Seulement 5% concernent les actions. La limitation à 50% dans l’OPP2 donne manifestement une marge de manœuvre suffisante aux caisses. Les « autres » représentent 14%, ce qui atteste que sur l’ensemble du spectre des placements, certaines limites sont trop rigoureuses pour les caisses.

Illustration B-16 : extensions justifiées en fonction de la taille des caisses En % des institutions de prévoyance 62

Immobilier

35 21

Placements alternatifs

42 4 5

Actions

18

Autres Pas pour des limitations par catégories plus élevées

10 13 23

0

10

■ ≤ 500 mio. ■ > 500 mio.

20

30

40

50

60

70

Une différenciation des extensions justifiées deman­ dées en fonction de la taille des caisses présente des comportements nettement différents. Les caisses ayant un volume de placements de moins de 500 millions de francs se heurtent avant tout aux limites imposées pour l’immobilier, alors que pour les caisses plus grandes, c’est surtout le cas pour les placements alternatifs. Pour les caisses de plus de 5 milliards, cette valeur est de 46% pour les ­placements alternatifs. Vu la part toujours relative­ ment faible des placements non traditionnels par rapport à l’ensemble de l’allocation des actifs, on peut en conclure que ceux-ci se concentrent sur une minorité de grandes caisses qui s’engagent plus que la moyenne dans cette classe de placements. En revanche, pour les actions, la marge de manœuvre semble suffisante pour l’écrasante majorité de l’ensemble des caisses.  

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39

8

Le tiers cotisant

Illustration B-17 : l’importance du tiers cotisant* En mia. de CHF 2017 70

64,3

60 50 40 30

26,5 18,5

20 10 0

347%

100%

Contributions réglementaires assurés en activité

143%

Contributions réglementaires employeurs

Tiers cotisant 2017

Ces derniers temps, les taux d’intérêt nominaux ­extrêmement faibles ont éclipsé le rôle de création de richesse dans le 2e pilier. Toutefois, la bonne performance sur le marché des actions ainsi que le développement constant du marché immobilier, surtout l’an dernier, ont sensiblement contribué à consolider les avoirs de vieillesse et à renforcer les réserves. La répartition des entrées donne le tableau suivant : 18,5% relèvent des cotisations réglemen­ taires des assurés en activité, 26,5% des contribu­ tions de l’employeur et les 64,3% restants des ­revenus de la fortune (tiers cotisant). En d’autres termes : près des deux tiers des ressources recueillies en 2017 viennent des placements de fortune, qui représentent près de 3,5 fois les cotisations des assurés. * Contributions Règlementaires : estimations sur la base des taux de croissance moyens des années 2011–2015 Source : OFS, statistique des caisses de pension : placements de fortune 2016 823 mia. de francs.

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Swisscanto Prévoyance SA – Étude sur les caisses de pension en Suisse en 2018

C  Performance et taux d’intérêt

1 Performance Illustration C-1 : valeurs de performance de 2008 à 2017 Performance en % 30 20 10,31

10

7,17

2,94

6,26

7,64

7,31 3,58

–0,34

0

1,13

–10

–12,59

–20

L’illustration C-1 donne une vue d’ensemble globale de l’évolution de la performance ces dix dernières années. On voit d’ailleurs très clairement que l’année sous rapport 2017 se présente comme une année supérieure à la moyenne. La moyenne calculée de 7,64% est la deuxième plus élevée depuis 2008. La plage va de 1,5%, valeur la plus basse, à 15,8%, valeur la plus élevée signalée.

–30 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Moyenne

Avec une moyenne de 7,24%, les fondations ­collectives et communes ont réalisé un rendement ­légèrement moindre que les autres institutions de prévoyance, avec 7,71%. Les caisses de droit public ont réalisé en moyenne 7,96%.

Illustration C-2 : répartition de la performance en 2017 Performance en % ≥12,5

Moyenne Médiane

1,5

7,64% 7,68%

6,3

10–12,49 7,5–9,99

47,0

5–7,49

38,3

2,5–4,99

Nettement plus de la moitié des caisses partici­ pantes présentent pour 2017 une performance de plus de 7,5%. Dans le même temps, à peine 7% sont au-dessous de 5%. La moyenne est de 7,6% (3,6% l’année précédente); la médiane ne s’en écarte que faiblement, avec 7,68%.

5,5



1,3