Éthique et pratiques du care

17 déc. 2019 - 58e Congrès annuel de la Société québécoise de science politique. Diviser pour mieux régner : un retour en force? Université de Sherbrooke ...
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#SQSP2020 Appel à communications 58e Congrès annuel de la Société québécoise de science politique Diviser pour mieux régner : un retour en force? Université de Sherbrooke | 20-22 mai 2020 Panel 8 : Éthique et pratiques du care : comment penser les interdépendances dans un monde clivé ? Responsables du panel : Agathe Lelièvre, Université de Montréal Marion Leboucher, Université de Montréal Elena Waldispuehl, Université de Montréal ([email protected]) Descriptif du panel : Les théories du care ont mis en lumière les potentialités politiques plurielles et transversales en termes de reconnaissance des vulnérabilités. En replaçant la vulnérabilité au cœur des analyses, cette éthique invite à dépasser les logiques de domination depuis un postulat d'interdépendances, entre humains, entre humains, non-humains et environnement (Laugier 2015). En tant qu'activité permettant la réparation et la perpétuation de notre monde (Tronto 1993), l’éthique du carefournit des lunettes pertinentes pour observer et comprendre différents phénomènes sociaux. Les théories développées amènent à une critique en profondeur des divisions genrées du travail militant et à mieux appréhender les ressorts des mobilisations dans les engagements citoyens (Kulick 2019) ou encore les mobilisations des travailleuses domestiques (Shwenken, 2011). La montée en puissance des formes de travail gratuit remet en cause le modèle du salariat (Simonet 2018), mais relance aussi les débats concernant le revenu universel, dont la mise en place pourrait ouvrir la voie à une société du care qui reconnaît "un ensemble d’individus interdépendants qui ne seraient, en réalité, que partiellement autonomes" (Nakano Glenn 2016 [2010], 222). Cependant, la valorisation du « prendre soin » entre aussi en résonance avec la conception de la responsabilité telle qu’envisagée par les formes de rationalités néolibérales. Cet alignement, ou plutôt cette récupération du care, a tendance à réactiver une division genrée et raciale du travail et renforce ainsi l'assignation des femmes les plus démunies dans des métiers de soin. Par exemple, des travaux ont montré que le discours colonial était justement construit sur un discours de care qui maintient les corps colonisés dans une position d'infériorité (Narayan 1995 ; Vergès 2019). Ce « gouvernement par la responsabilisation » dénie les inégalités matérielles dans l'injonction à se prendre en charge soi-même (Hache, 2007). En sciences sociales, la perspective féministe du care montre à quel point il est méconnu et maintenu dans un registre infrapolitique (Paperman, 2015), Il importe de ne pas perdre de vue la centralité du care dans la vie humaine et de ne pas le limiter au travail de soins de santé fourni par les femmes (Hamrouni, 2015).

#SQSP2020 Ainsi, la démocratie du care peut-elle réellement se dessiner une comme alternative au système patriarcal (Gilligan, 1983) ? Quel est son potentiel subversif contre les idéologies néolibérales ? A contrario, quels sont ses processus de (re)politisation ? Quels seraient les risques d'une société du care ? Les rapports de pouvoir continueraient-ils de s'y déployer ? Le panel invite à des réflexions plus pragmatiques du care sans en oublier ses fondements éthiques. Il sera l'occasion d'explorer plusieurs axes thématiques. Les communications pourront concerner des sous-champs variés de la science politique afin de favoriser un désenclavement du care dans le milieu académique. La conception du care pourra varier selon les panélistes ainsi que concerner les différentes phases du care, que ce soit se soucier de (caring about), se charger de (taking care of), accorder des soins (care giving) ou recevoir des soins (care receiving) (Tronto et Fischer 1993). Les contributions doivent être envoyées via la plateforme Fourwaves avant le 31 janvier 2020.