NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE
REVUE
Activation aberrante de la signalisation KRAS/BRAF/MAP Kinase dans les cancers pancréatiques et colorectaux Aberrant activation of the KRAS/BRAF/MAP Kinase signalling pathway in colorectal and pancreatic cancers Sébastien Cagnol1, Marie-Josée Boucher2, Julie C Carrier2 et Nathalie Rivard1 1 2
Département d’anatomie et de biologie cellulaire Service de gastroentérologie, Département de médecine Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke
Correspondance : Nathalie Rivard, Ph.D Département d’anatomie et de biologie cellulaire Faculté de médecine et des sciences de la santé Université de Sherbrooke 3201, rue Jean-Mignault Sherbrooke, Québec, J1E 4K8 Canada 819 821-8000, poste 75943
[email protected]
Article reçu le : 8 mai 2012 Article accepté le : 24 septembre 2012
Vol.1 n°4
SÉBASTIEN CAGNOL
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Résumé La voie de signalisation des mitogen-activated protein kinases (MAP kinases) ERK1/2 transmet des signaux de prolifération cellulaire induits par des facteurs de croissance. L’activation des récepteurs et la mobilisation de protéines adaptatrices déclenchent l’activation du facteur RAS, stimulant une cascade de protéines kinases : RAF, MEK1/2 et ERK1/2. Des mutations gains de fonction dans les gènes KRAS et BRAF sont retrouvées dans plus de 50 % des cancers colorectaux alors que KRAS est muté dans 95 % des cancers pancréatiques. Par conséquent, les composantes de cette voie de signalisation sont considérées comme des cibles attractives en oncologie et plusieurs molécules inhibitrices ont été conçues et testées dans des essais cliniques.
Summary The ERK1/2 mitogen activated protein kinases (MAP kinases) constitute one of the main pathways that transduces proliferation signals brought by growth factors. After the activation of growth factor receptors and through various adaptor proteins, this pathway begins with the activation of RAS, which stimulates a cascade of kinases : RAF, MEK1/2 and ERK1/2. Gain-of-function mutations in KRAS and BRAF genes are found in up to 50% of colorectal cancers and KRAS is mutated in 95% of pancreatic cancers. Therefore, these oncogenic alterations represent potential targets, which are important for the conception and development of new anticancer drugs.
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SHERBROOKE Les protéines RAS et la signalisation MAP Kinase ERK1/2
L
es voies de signalisation de la famille des
les signalisations convergent toutes vers l’acti-
MAP Kinases induisent la transformation
vation des protéines RAS. Chez l’humain, trois
des stimuli extracellulaires en réponses
gènes RAS codent pour quatre protéines hau-
intracellulaires par le biais d’une grande variété
tement homologues (85 %) de 21 kDa : HRAS,
de récepteurs tels que les récepteurs couplés
NRAS, KRAS4A et KRAS4B (ces deux dernières
aux protéines G, les récepteurs de facteurs de
formes étant issues d’un épissage alternatif). Les
croissance, les intégrines ou les récepteurs de
protéines RAS activées régulent un réseau com-
cytokines. Cette famille de kinases contient
plexe d’effecteurs en aval des récepteurs mem-
principalement trois sous-familles : les MAP
branaires présents à la surface cellulaire. Sous
Kinases JNK (c-jun N-terminal kinase) et ses
leur forme active liée au GTP, les protéines RAS
trois isoformes JNK1, JNK2 et JNK3 ; les MAP
se lient et recrutent l’une des trois isoformes de
Kinases p38 et les formes , , et ; et les
la kinase RAF (A-RAF, B-RAF, C-RAF ou RAF-
MAP Kinases ERK avec ERK1, ERK2, ERK3,
1). À la membrane, la protéine RAF est activée
ERK4, et ERK5. Ces MAP Kinases régulent de
par un jeu de phosphorylation/déphosphoryla-
manière coordonnée plusieurs processus cellu-
tion puis active à son tour par phosphorylation
laires dont la prolifération, la différenciation, la
les protéines kinases MEK1/2. La présence d’un
mobilité, la réponse à un stress cellulaire et la
domaine d’export nucléaire sur les MEK1/2 force
survie (pour revue [1]).
leur localisation cytoplasmique où elles activent
Exprimées de manière ubiquiste, les
par phosphorylation les sérine/thréonine kinases
MAP Kinases ERK1 et 2 sont rapidement ac-
ERK1/2, également connues sous les noms
tivées en réponse à la liaison des facteurs de
de p44/p42 MAPK (Mitogen Activated Protein
croissance à leurs récepteurs. Bien que le mode
Kinase). Une fois activées, les kinases ERK1/2
d’activation au niveau des récepteurs diffère,
se détachent de MEK1/2 et phosphorylent de
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REGF
SPROUTY
KRAS
CRAF
Rétro-contrôle négatif
BRAF
P P
MEK1/2
DUSP 2,4,5
DUSP6
P P
P P
ERK1/2
ERK1/2
transcription
cMyc
Fra1
Elk-1 P
FAK
P
Paxillin
P
MLCK
Migration
P
P
BIM
MCL1
Survie Cellulaire
transcription
Prolifération
Figure 1. La voie de signalisation RAS/MAPK et ses fonctions cellulaires La voie de signalisation RAS/MAPK est constituée d’un module comprenant les protéines RAS, RAF et MEK, activées de façon séquentielle suite à la stimulation cellulaire par des facteurs de croissance, par exemple l’EGF. La signalisation aboutit à l’activation des MAP Kinases ERK1/2 qui phosphorylent divers substrats membranaires et cytoplasmiques avant d’induire leur translocation au noyau pour y phosphoryler plusieurs facteurs de transcription. L’activité des ERK1/2 permet ainsi de contrôler différents processus cellulaires tels que la migration (phosphorylation de FAK, Paxiline et MLCK), la survie cellulaire (phosphorylation de BIM et de MCL1) et la prolifération (phosphorylation de ELK-1, de cMyc, de Fra-1). Parmi les gènes induits par l’activation des ERK1/2, certains (en rose), comme ceux encodant pour les phosphatases DUSPs, vont conduire à la déphosphorylation des ERK1/2 créant ainsi une boucle de rétrocontrôle négatif. Parmi les molécules composant le module Ras/MAPK, les gènes codant pour KRAS et BRAF (en vert) sont des cibles fréquentes de mutation activatrices oncogéniques notamment dans les cancers pancréatique et colorectal. Vol.1 n°4
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nombreux substrats membranaires et cytoplas-
déphosphorylent les deux résidus thréonine et
miques avant de migrer dans le noyau pour y
tyrosine de la boucle d’activation. Ces phospha-
phosphoryler des facteurs de transcription, ré-
tases font partie de la famille des DUSP (pour
gularisant ainsi l’expression de plusieurs gènes
DUal Specificity Phosphatase). Les DUSP ciblant
(Figure 1) [2, 3, 4, 5].
ERK1/2 comprennent DUSP1, DUSP2, DUSP4 et
L’activité des ERK1/2 est aussi finement
DUSP5 qui possèdent un signal de localisation nu-
contrôlée par des phosphatases spécifiques qui
cléaire NLS, ainsi que la phosphatase cytosolique
Type de Cancer Colon Col de l’Utérus Endomètre Estomac Foie Glande salivaire Intestin grêle Méninges Ovaire Pancréas Peau Péritoine Poumon Prostate Sein Système nerveux Tissus mous Thyroïde Voies biliaires Voies génitales Voies urinaires
KRAS (%)
HRAS (%)
33 7 14 6 5 0 20 0 14 57 3 6 17 7 4 1 7 2 31 0 5
0 9 1 4 0 15 0 0 0 0 6 0 0 6 1 0 5 4 0 0 10
NRAS (%) BRAF (%) 2 2 1 2 3 0 0 0 4 2 18 0 1 2 2 17 4 7 1 0 2
12 1 4 1 1 0 5 5 11 2 39 0 2 4 3 57 2 38 11 12 1
Tableau 1. Fréquences des mutations de RAS (KRAS, HRAS, NRAS) et BRAF dans différents types de cancers humains Les données présentées dans ce tableau proviennent de : Catalogue of Somatic Mutations in Cancer, Hinxton, Cambridge, UK: Wellcome Trust Sanger Institute, 2011, http://www.sanger.ac.uk/genetics/CGP/cosmic. Vol.1 n°4
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DUSP6 qui possède un signal d’export nucléaire
[17], il semble maintenant clair qu’une activation
NES (Figure 1) [6, 7].
plus faible, soutenue et prolongée des ERK soit
Dans les dernières années, plusieurs
aussi nécessaire à l’induction d’un phénotype
études ont démontré que la durée, l’intensité
différencié. Ainsi, dépendamment du contexte
et la localisation subcellulaire de l’activité des
cellulaire (et donc des facteurs de transcription
ERK1/2 permettaient une grande variété, mais
qui s’y trouvent) et de l’intensité de stimulation
aussi une spécificité de réponses cellulaires,
[18], l’activation prolongée des ERK engagerait
aussi bien pendant le développement que dans
la cellule soit dans un programme de proliféra-
le fonctionnement de l’organisme adulte [2-4].
tion soit dans un programme de différenciation.
Par exemple, plusieurs évidences établissent
La signalisation ERK1/2 peut également être
clairement que l’activation nucléaire soutenue
impliquée dans le contrôle de la migration cel-
de ces kinases est nécessaire à la prolifération
lulaire en gouvernant la phosphorylation des
cellulaire [8, 9, 10]. Le blocage de l’activation
protéines MLCK, FAK, Paxiline [19] ou en favo-
des ERK par l’expression de mutants inactifs
risant l’expression des métalloprotéases [10,
ou d’un antisens de ERK1 [11] ou par la surex-
20]. Enfin, l’activation des ERK1/2 va faciliter la
pression de DUSP1 [12] inhibe la progression
survie cellulaire en contrôlant l’expression des
du cycle cellulaire en phase G1. Parallèlement,
protéines de la famille Bcl-2 [21] (Figure 1). En
l’activation constitutive de MEK1 réduit le besoin
conséquence, les anomalies d’expression de
en facteurs de croissance des fibroblastes et des
RAS ou de l’activité des kinases en aval ont été
cellules épithéliales, permet la croissance auto-
associées à la formation de plusieurs cancers
nome et induit la formation de tumeurs dans les
(Tableau 1) et à différents troubles de dévelop-
souris « nude » [10, 13, 14]. À l’inverse, dans
pement associant des malformations faciales,
les cellules PC12 [15], dans les cellules muscu-
des troubles cardiaques et des retards de déve-
laires [16] et dans les cellules pré-adipocytaires
loppement (pour revue [22]).
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE Rôles de KRAS et BRAF dans le cancer colorectal La carcinogenèse colorectale Le cancer colorectal est la deuxième cause de
montrent un accroissement de l’activité prolifé-
mortalité par cancer au Canada (www.cancer.ca).
rative, souvent accompagnée d’une augmenta-
L’exposition aux substances toxiques, par l’ali-
tion de l’activité apoptotique qui ne compense
mentation notamment, et la rapidité du renou-
pas nécessairement la surproduction des cel-
vellement du tissu intestinal pourraient expli-
lules épithéliales. Les mutations activatrices du
quer sa fréquence élevée. Les cancers colorec-
gène KRAS sont en effet fréquentes dans les lé-
taux sont sporadiques dans la majorité des cas,
sions purement hyperplasiques (détaillées plus
alors qu’une prédisposition génétique associée
loin) [23]. De plus, des mutations du gène sup-
à la polypose adénomateuse familiale ou au
presseur de tumeurs APC ont souvent été dé-
syndrome de Lynch (ou hereditary non polypo-
crites, notamment dans des foyers ayant une
sis colorectal cancer, HNPCC) est documentée
morphologie dysplasique, identifiés comme
dans environ 5 % des cas [23]. L’apparition de
précurseurs de polypes adénomateux. Outre
cryptes aberrantes constitue la phase la plus
les gènes KRAS et APC, mutés dans une
précoce de la formation d’un cancer colorectal.
grande proportion des cancers colorectaux,
Une surproduction des cellules de ces cryptes
plusieurs autres gènes sont fréquemment im-
mène à leur dilatation, élongation ou fission,
pliqués dans la progression tumorale (DCC,
entrainant la formation d’un foyer de plusieurs
p53, TGFβRII, SMAD4, β-caténine, BRAF,
cryptes aberrantes. Ces lésions hyperplasiques
Ink4a/Arf, etc.) [23].
Mutations des gènes RAS et RAF dans le cancer colorectal Dans les cancers non héréditaires du côlon,
61 et 146 sont typiques et conduisent à la sta-
jusqu’à 40 % des tumeurs possèdent des muta-
bilisation de KRAS sous sa forme active liée au
tions somatiques sur les gènes RAS. Des subs-
GTP. Bien que le gène KRAS soit le plus fré-
titutions nucléotidiques sur les codons 12, 13,
quemment muté, en particulier sur son codon
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE 12, 3 à 7 % des cancers colorectaux ont des
BRAF est retrouvée plus spécifiquement dans
mutations du gène NRAS [3, 4]. Quant au gène
les tumeurs ayant une instabilité des microsa-
BRAF, il est muté dans 5 à 12 % des cancers
tellites, due à la méthylation du promoteur du
colorectaux, uniquement lorsque le gène KRAS
gène MLH1 détectée dans environ 15 % des
n’est pas muté. Plus de 90 % des mutations de
cancers colorectaux [5, 24].
BRAF touche une substitution T>A sur le nu-
Lorsque des mutations KRAS ou BRAF
cléotide 1796, conduisant à la substitution V>E
sont présentes, il est admis qu’elles jouent un
du codon 600 qui stabilise la forme active de
rôle essentiel dans le développement tumoral
BRAF [3, 24].
puisqu’elles surviennent précocement dans le
Bien que les mutations activatrices des
processus de carcinogenèse et sont conser-
gènes RAS ou BRAF ne corrèlent pas claire-
vées lors de l’envahissement ganglionnaire et
ment avec le stade d’envahissement du cancer,
la diffusion métastatique. Jusqu’en 2008, aucune
elles surviennent relativement tôt dans la carci-
des altérations moléculaires liées à la transforma-
nogenèse colorectale, étant décrites dans des
tion tumorale n’était utilisée pour la décision théra-
lésions pré-malignes telles que les foyers de
peutique dans le cancer colorectal localisé et mé-
cryptes aberrantes et les adénomes. De plus,
tastatique. Depuis ce temps, la présence des mu-
les mutations BRAF sont typiques des adé-
tations KRAS ou BRAF a été associée à un faible
nomes festonnés (dit aussi dentelés) et sessiles
pronostique de survie chez les patients atteints de
du côlon droit, caractérisés par un allongement
cancer colorectal. De plus, suite aux avancées de
et une fusion des cryptes donnant une structure
la médecine personnalisée, nous savons mainte-
étoilée. Par ailleurs, il est important de mention-
nant que la présence de mutations activatrices de
ner que les mutations de KRAS et BRAF sont
KRAS ou de BRAF dans la tumeur colorectale pri-
fortement associées à un phénotype de méthy-
mitive ou la métastase prédit une faible réponse
lation d’îlots CpG (CpG island methylator phe-
thérapeutique aux agents capables de bloquer le
notype [CIMP]). En effet, la mutation V600E de
récepteur de l’EGF (anti-EGFR) [25-27].
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE De la biologie cellulaire aux modèles murins De nombreuses données rapportées sur la voie
colorectaux a permis de valider plusieurs de ces
de signalisation Ras ont été obtenues à partir
résultats [4, 6, 10, 14, 20, 30]. Il est cependant
d’une surexpression des formes oncogéniques
important de noter que l’expression des formes
de KRAS, BRAF ou même de MEK1 dans des
oncogéniques de MEK1 [14] ou de KRAS dans
lignées cellulaires d’origine intestinale immorta-
des cellules épithéliales intestinales humaines
lisées (IEC-6, IEC-18, RIE-1). En résumé, ces
non immortalisées (HIEC) conduit à une sénes-
études ont démontré que la surexpression de
cence prématurée associée à la surexpression
ces formes constitutivement actives est suffi-
de p53 et des inhibiteurs du cycle cellulaire p21
sante pour induire une transformation cellulaire
et p16INK4A (résultats non publiés). À cet égard,
[14, 28, 29], souvent de type épithélio-mésen-
l’entrée prématurée en sénescence est recon-
chymateuse associée à une perte d’expression
nue aujourd’hui comme une « barrière proliféra-
des marqueurs épithéliaux tels la E-Cadhérine
tive » s’opposant à l’immortalisation cellulaire et
et l’occludine [10, 20]. En effet, les cellules trans-
donc au développement tumoral [31].
formées par les composantes de la voie RAS/
De nombreux modèles animaux ont été
MAPK ont généralement perdu leur polarité épi-
générés pour évaluer in vivo le rôle des onco-
théliale et ont acquis une capacité de migration
gènes KRAS et BRAF dans l’initiation de la
et d’invasion dépendante de l’activité MEK [10,
tumorigenèse (pour revue [32]). Plus particu-
20]. Lorsqu’injectées chez la souris « nude »,
lièrement, l’équipe du Pr Robine a montré que
ces cellules transformées ont la capacité de for-
l’expression de KRASG12V dans toutes les cel-
mer des tumeurs sous-cutanées souvent dotées
lules épithéliales intestinales, via le contrôle de
de capacités angiogénique et métastatique.
la région régulatrice du gène murin de la villine,
L’approche complémentaire de suppression
conduisait à la formation de tumeurs intesti-
des oncogènes KRAS ou BRAF par des ARN
nales. L’apparition tardive d’un nombre limité de
interférents dans des lignées issues de cancers
tumeurs peut rappeler la pathologie du cancer
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SHERBROOKE colorectal chez l’homme, bien que les tumeurs
gressent pas en adénocarcinomes, suggérant
soient localisées surtout dans le grêle proximal
qu’une combinaison de mutations est requise à
plutôt que le côlon. Sur le plan histologique, il
la progression tumorale, et que la seule activa-
s’agit surtout d’adénomes tubulo-glandulaires et
tion des oncogènes KRAS [35, 37, 38] ou BRAF
plus rarement d’adénocarcinomes invasifs. De
[36] n’est pas suffisante pour le développement
façon intéressante, la surexpression de KRAS-
du cancer colorectal. L’analyse phénotypique
G12V
s’associe à une activation constitutive des
détaillée de l’épithélium de ces souris a révélé
ERK1/2 au niveau de la muqueuse intestinale,
que les cryptes hyperplasiques entrent en sé-
suggérant que ce mécanisme est impliqué dans
nescence, en association à une surexpression
l’initiation de la tumorigenèse [33, 34].
de l’inhibiteur du cycle cellulaire p16INK4A [36,
Par la suite, d’autres modèles murins ont
38 ]. En revanche, l’invalidation concomitante
été développés utilisant la recombinase Cre afin
du locus Ink4a/Arf [36, 38 ] ou des gènes sup-
d’induire l’expression des oncogènes KRAS [35]
presseurs de tumeurs APC [39] ou TGFβ2-R
ou BRAF [36] par leurs propres promoteurs (Lox-
[36, 38 ] conduit au développement précoce
STOP-Lox-(LSL)KRASG12D et LSL-BRAFV600E).
et rapide de tumeurs intestinales invasives et
Ainsi l’expression à des niveaux endogènes de
métastatiques. Cela suggère un modèle dans
KRASG12D ou de BRAFV600E spécifiquement dans
lequel les formes activées de KRAS ou BRAF
l’épithélium intestinal entraîne en moins de trois
sont impliquées dans le processus d’initiation
mois une hyperplasie épithéliale dépendante de
tumorale tandis que l’absence du locus Ink4a/
l’activité MEK (utilisation de l’inhibiteur de MEK
Arf ou des gènes APC et TGFβ2-R jouerait un
CI-1040) [35, 36], et la formation d’adénomes
rôle dans la conversion maligne d’adénocarci-
festonnés. Cependant, ces adénomes ne pro-
nomes invasifs.
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Compagnie
Tumeurs ciblées
Phase clinique*
Cible moléculaire
Tipifarnib, Zarnestra
Johnson & Johnson
Leucémie, Sein, Neurofibrome, Colon
Phase II
Farnésyltransférase
PLX4032, Vemurafenib
Plexxicon/Roche
Mélanome, Colon
Phase II
BRAFV600E
Sorafenib, Nexavar, BAY439-006
Bayer/Onyx
Rein, Foie, Colon Thyroïde, Poumon Glioblastomes
Phase III
ARAF, BRAF, VEGFR2, PDGFR, c-kit
ISIS 5132
Isis
Ovaire, Sein, Colon
Phase II
CRAF
XL281, BMS-908662
Exelixis
Mélanome,Poumon Colon, Thyroïde
Phase I
BRAF
RDEA119/BAY869766
Ardea Biosciences
Mélanome, Pancréas, Colon, Foie
Phase I
MEK1/2
CI1040, PD184352
Pfizer
Sein, Poumon, Pancréas, Colon, Thyroïde
Phase II
MEK1/2
PD0325901
Pfizer
Mélanome, Poumon, Sein
Phase II
MEK1/2
AZD6244, solumetinib, ARRY-142886
AstraZeneca
Sein, Poumon, Foie, Pancréas, Colon, Mélanome, Thyroïde
Phase II
MEK1/2
* données provenant du site http://clinicaltrials.gov Tableau 2. Inhibiteurs pharmacologiques de la voie de signalisation RAS/RAF/MEK/ERK Pour chaque inhibiteur pharmacologique (composé) est indiquée la compagnie pharmaceutique à l’origine du développement, le type de tumeurs ciblées, la phase de développement clinique et la cible moléculaire de l’inhibiteur. Les informations ont été tirées de : http://clinicaltrials.gov. Vol.1 n°4
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE Rôles de KRAS dans le cancer pancréatique La carcinogenèse pancréatique L’adénocarcinome ductal pancréatique (can-
du syndrome de Lynch (ou HNPCC) ou de la
cer pancréatique) représente la 4e cause de
pancréatite chronique héréditaire présentent
mortalité par cancer au Canada, mais surtout
des risques plus élevés de développer un can-
il s’agit du cancer avec le plus faible taux de
cer du pancréas. Dans les cas de cancers spo-
survie après 5 ans [40, 41]. Le cancer pan-
radiques, une mutation activatrice de KRAS est
créatique se développe principalement suivant
un événement quasi universel alors que l’inacti-
des mutations sporadiques alors qu’il survient
vation subséquente des gènes suppresseurs de
dans environ 10 % des cas chez des patients
tumeurs p16Ink4a, p53 ainsi que SMAD4 participe
génétiquement prédisposés. Entre autres, les
à la progression tumorale [40, 41].
patients atteints du syndrome Peutz-Jeghers, Les mutations KRAS dans le cancer pancréatique Dans les cancers pancréatiques, jusqu’à 90 %
pancréatiques les plus précoces (PanIN-1) pré-
des tumeurs possèdent des mutations soma-
sentent déjà une mutation KRAS [40, 43], sug-
tiques sur le gène KRAS dans le codon 12 [42].
gérant un rôle clé de KRAS dans l’initiation de la
Les analyses moléculaires ont permis de démon-
carcinogenèse pancréatique.
trer que 15-40 % des lésions précancéreuses De la biologie cellulaire aux modèles murins Plusieurs études réalisées dans les cellules
[44]. De manière similaire, l’inhibition d’expression
pancréatiques tumorales humaines en culture,
de KSR (kinase suppressor of ras-1) prévient
à l’aide d’ARN interférents, ont démontré que
l’activation des ERK en réponse à l’EGF et
le ciblage du KRAS oncogénique atténue
réduit la capacité des cellules pancréatiques
considérablement leur phénotype transformé
tumorales humaines à croître en indépendance
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d’ancrage [45]. Ces effets sont prévenus suite
observées chez l’humain. Cependant, malgré
à la co-expression d’une forme active de RAF
le fait qu’une forme oncogénique de KRAS soit
appuyant la contribution de la signalisation RAF/
suffisante pour initier la transformation des cel-
MEK/ERK dans le maintien de l’état transformé
lules épithéliales pancréatiques, elle s’avère
des cellules pancréatiques cancéreuses.
peu efficace pour assurer la progression vers le
La génération de modèles murins expri-
cancer pancréatique. En effet, seulement 10 %
mant une forme oncogénique de KRAS sous le
de ces modèles murins développent un cancer
contrôle de son propre promoteur au niveau de
suivant un temps de latence d’un an [46]. Tout
l’épithélium pancréatique a confirmé le rôle es-
comme pour le cancer colorectal, l’expression
sentiel de KRAS dans l’initiation de la carcinoge-
de la forme oncogénique de KRAS induit une
nèse pancréatique. En effet, l’expression d’une
sénescence prématurée. L’inactivation conco-
forme oncogénique de KRAS est suffisante pour
mitante d’un gène suppresseur de tumeur tels
initier la formation de lésions précancéreuses
p53, p16Ink4A, TGFβ2-R ou SMAD4 permet la
présentant différents degrés d’atypie cytoplas-
progression des lésions pancréatiques initiées
mique et nucléaire [40, 41, 43]. Ces lésions
par KRAS vers des tumeurs malignes et le can-
récapitulent parfaitement le spectre des lésions
cer [47-50].
Les stratégies thérapeutiques ciblant la voie RAS/MAP Kinase Une des premières approches développées a
le Tipifarnib, ayant fait l’objet d’un large essai cli-
consisté à bloquer les modifications post-traduc-
nique de phase III dans les cancers colorectaux
tionnelles de Ras, telle que la farnésylation, qui
avancés et pancréatiques [51].
permet son association à la membrane et son
Malheuheureusement, ce traitement n’ayant
activation. L’enzyme la plus étudiée est la farné-
pas abouti à une augmentation significative de
syltransférase dont plusieurs inhibiteurs ont été
la survie des patients, l’efficacité oncologique
développés. Celui qui est le plus caractérisé est
des inhibiteurs de Ras reste encore à prouver.
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE Deux agents inhibiteurs de Raf ont été ini-
activité antitumorale encourageante, des efforts
tialement développés : une approche par oligo-
ont été poursuivis dans cette voie et plusieurs
nucléotides antisens (ISIS 5132) s’étant révélée
analogues du CI-1040 ont été développés. Le
décevante dans un essai en phase II [52], et une
PD0325901 et le AZD-6244 (solumetinib/ARRY-
petite molécule, le Sorafenib ou BAY439-006,
142886) plus efficace en termes de solubilité et
qui inhibe ARAF, BRAF, VEGFR2, PDGFR et
d’inhibition de MEK1/2 sont en phase II d’essai
c-kit et qui a démontré un effet antitumoral dans
clinique pour le traitement de nombreux types
des modèles de xénogreffes de cancer du côlon
de cancers (sein, poumon, colorectal, foie...).
[3]. Un autre inhibiteur efficace pour bloquer
Cependant, plusieurs effets secondaires ont été
l’oncogène BRAF, le PLX4032 (Vemurafenib) a
observés pour cette classe d’inhibiteurs, tels
aussi été récemment développé et testé pour le
que des éruptions cutanées, des œdèmes et
traitement des mélanomes. Cependant, son uti-
des troubles de la vision, probablement en rai-
lisation est controversée suite à l’apparition de
son de l’inhibition des ERK dans les tissus sains
tumeurs satellites dues à l’activation croisée de
[3]. Un nouvel inhibiteur de MEK, le RDEA119/
CRAF [3, 24]. De plus, on a récemment rappor-
BAY869766, ayant potentiellement moins d’ef-
té que le traitement de lignées cancéreuses co-
fets secondaires que le PD0325901, est actuel-
lorectales portant la mutation V600E sur BRAF
lement en phase I pour le traitement de patients
au PLX4032 conduit à une hyperactivation de la
atteints d’un cancer pancréatique résistant aux
voie RAS/CRAF/MEK/ERK par réactivation du
thérapies conventionnelles. Cet inhibiteur inhibe
récepteur à l’EGF [53].
a croissance de xénogreffes primaires orthoto-
Le CI-1040 fut le premier inhibiteur des
piques issues de cancer pancréatique exprimant
kinases MEK à être étudié en phase clinique.
un KRAS muté [54]. Le tableau 2 liste les diffé-
Son développement s’arrêta en phase II à
rents inhibiteurs pharmacologiques générés et
cause de sa faible stabilité métabolique et de sa
les tumeurs ciblées en essais cliniques.
pauvre biodisponibilité. Par contre, du fait de son Vol.1 n°4
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NUMÉRO UNIVERSITÉ DE
SHERBROOKE Conclusion À ce jour, les scientifiques ne disposant pas
pable d’activer la prolifération cellulaire [55, 56].
de molécules adéquates offrant des réponses
Il a d’ailleurs été observé dans les cellules can-
claires, l’utilisation d’inhibiteurs des compo-
céreuses colorectales présentant une mutation
santes de la voie RAS/MAP Kinase comme
activatrice de KRAS que les inhibiteurs de MEK
thérapie anticancéreuse n’a pas encore été
ne sont pas actifs de façon constante et efficace,
définitivement validée. Néanmoins, au même
alors qu’ils le sont dans les cellules possédant
titre que la chimiothérapie classique, la théra-
une mutation activatrice de RAF [57]. Ces résis-
pie ciblée sur les mécanismes de l’oncogenèse
tances peuvent s’expliquer par l’interconnexion
n’échappe pas au développement de la résis-
des voies de signalisation, l’une prenant le re-
tance. Un mécanisme de résistance spécifique
lais de l’autre lors du blocage thérapeutique de
aux thérapies ciblées provient de la plasticité et
la première. Ainsi, la double inhibition de la voie
de la redondance des voies de signalisation. Le
des MAP kinases par un inhibiteur de MEK et
cas des mutations de l’oncogène KRAS dans les
de la voie de la PI3-kinase par un inhibiteur de
cancers colorectaux est typique, parce qu’il dé-
mTOR par exemple, pourrait s’avérer être un
termine la sensibilité aux anti-EGFR (Figure 1).
choix judicieux pour le traitement des tumeurs
Il faut également se rappeler que KRAS peut
pancréatiques et colorectales [55, 56].
activer la voie PI3-kinase/mTOR, une voie ca-
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