ACADÉMIE NATIONALE DE CHIRURGIE DENTAIRE

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ACADÉMIE NATIONALE DE CHIRURGIE DENTAIRE Reconnue d’utilité publique depuis 1964

Séance de travail du jeudi 9 juin 2016 (après-midi) organisée par la Commission hospitalo-universitaire et de la recherche scientifique et clinique DONNÉES ACTUELLES EN GÉNÉTIQUE ET RÉPERCUSSIONS SUR L’ÉVOLUTION HUMAINE ET LA SPHÈRE CRANIO-FACIALE

UNE DECOUVERTE RECENTE EXTRAORDINAIRE : UNE DENT, LE PLUS ANCIEN FOSSILE HUMAIN FRANÇAIS me

M Amélie Vialet, maître de conférences en paléoanthropologie, département de Préhistoire du Muséum national d'histoire naturelle (UMR7194, UPVD, CERP de Tautavel) La Caune de l’Arago (à Tautavel, près de Perpignan) est un site préhistorique unique en Europe dont le rayonnement est international. Depuis plus d’un demisiècle, les fouilles ont livré 600 000 objets datés de 80 000 à 460 000 ans, témoins des modes de vie de groupes humains du Paléolithique inférieur au long des variations climatiques de cette longue période du Quaternaire. Actuellement, les niveaux les plus anciens en cours de fouille correspondent à une période froide, sèche, ventée, d’environ 560 000 ans. Lors de la dernière campagne de fouilles, le jeudi 23 juillet 2015, c’est une e dent humaine (le 149 reste d’homininé) qui est apparue parmi des vestiges d’animaux. Cette dent vient combler une lacune, en Europe, se plaçant entre la mandibule de Mauer en Allemagne datée de 610 000 ans et les 134 restes humains du célèbre « Homme de Tautavel » de la même grotte daté à 450 000 ans. Très peu de fossiles humains sont connus en Europe pour cette période. Cette dent, une incisive inférieure latérale droite d’adulte, très usée, permettra, via l’étude des caractères internes par imagerie 3D entre autres, de mieux caractériser la morphologie des premiers Européens. Cette dent est actuellement le plus ancien fossile humain connu en France.

VERS UNE REPRESENTATION GENETIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DES STRUCTURES CRANIOFACIALES EN NORMA LATERALIS r

P Roland Benoît, président de la Commission hospitalouniversitaire et de la recherche scientifique et clinique, et r D Elisabeth Falque, membre de la Commission

L'introduction de la génétique dans la biologie du développement a fait réaliser à celle-ci d'énormes progrès.

Peut-on alors imaginer un outil de diagnostic clinique pour suivre le développement, l'accompagnement, la réparation des structures dentaires, musculaires...? Nous proposons une analyse céphalométrique qui dégage ces structures, leur coordination, leurs fonctions sous le « guidage » génétique. Cette analyse est appliquée sur des crânes au cours de l'évolution humaine et en particulier dans une recherche sur des crânes d'hommes primitifs océaniens. Cette analyse est appliquée à des jumelles en cours de traitement ODF pour confirmer l'intérêt de cet examen. De même, cette analyse est appliquée à des patients présentant des pathologies différentes au cours de leur traitement orthodontique et pluridisciplinaire.

LA MATURATION DENTAIRE, LES DERNIERS 300 000 ANS EN FRANCE. INFLUENCE DE L’ENVIRONNEMENT. ÉPIGENETIQUE r

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D Evelyne Peyre et D Jean Granat, chercheurs associés au Musée de l’Homme et membres de la Commission hospitalo-universitaire et de la recherche scientifique et clinique En paléoanthropologie, estimer l’âge au décès des Hommes anciens d’après leurs crânes est chose courante. En l’absence d’état civil, le recours à la maturation dentaire est la règle. Deux tables de maturation sont les plus utilisées, Schour et Massler et e Demirjian. La maturation dentaire n’est plus utilisable après la formation totale de la 3 molaire, 21 ans environ. Nous avons étudié cette maturation durant les derniers 200 000 ans. Tout d’abord, nous avons été amenés à estimer l’âge de jeunes Néanderthaliens. Les tables actuelles ne sont pas adaptées. Nous avons mis au point une nouvelle méthode qui permet d’estimer l’âge d’après le degré de maturation des dents permanentes et établi une table de maturation dentaire spécifique de ce groupe humain qui vivait dans un climat glaciaire. Ensuite, l’étude d’une population néolithique, installée en France sous un climat caniculaire, nous a montré que la maturation dentaire observée il y a 7000 ans, diffère de celle d’aujourd’hui qui n’est attestée que depuis 3000 ans. Nous avons construit une table de maturation spéciale à cette période chrono-culturelle des Néolithiques et posé l’hypothèse que les changements manifestés résultent d’une innovation alimentaire qui intègre une nouvelle cuisine et de nouveaux aliments. Enfin, l’étude d’un fossile humain très ancien (125 000ans) qui vivait en France durant le peuplement de l’Occident par les Néanderthaliens, mais durant un épisode climatique caniculaire, nous a montré une maturation dentaire très particulière, proche des premiers Néolithiques de 7000 ans et différente de celle des Néanderthaliens. Ces résultats prouvent que la maturation dentaire n’est pas spécifique d’un groupe humain mais dépend de l’alimentation, et donc du climat qui modifie les ressources nutritives de l’environnement, ainsi que du mode de vie. Ses variations pourraient manifester l’influence de phénomènes épigénétiques. Cette hypothèse interprétative pourrait expliquer que les tables de maturation, dont celle de Demirjian, sont loin d’être universelles. La maturation dentaire des Hommes actuels pourrait aussi répondre à des manifestations épigénétiques.

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DEVELOPPEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MANDIBULE. DEDUCTIONS PRATIQUES EN ORTHOPEDIE DENTO-MAXILLO-FACIALE r

D Jean-Michel Salagnac, membre de la Commission hospitalo-universitaire et de la recherche scientifique et clinique Os singulier dans l’organisme de part sa précocité d’apparition, son origine embryologique, son mode d’ossification et de développement, son implantation sur la base du crâne, sa mobilité par rapport aux autres structures, la mandibule présente parfois des anomalies de développement, souvent mal connues des odontologistes. Ces pathologies sont reconnaissables sur les radiologies conventionnelles utilisées dans les bilans en orthopédie maxillo-dento-faciale et doivent être bien connues et reconnues précocement, notamment des orthodontistes qui souhaitent pouvoir contrôler et influencer favorablement la croissance mandibulaire et pour éviter d’entreprendre des traitements orthopédiques ou orthodontiques voués à l’échec et pour comprendre l’insuccès des traitements « conventionnels ». La mandibule ou plus exactement les deux hémi-mandibules droite et gauche, sont constituées d’un assemblage de différentes parties (les « unités osseuses »), ce sont les unités condylienne, coronoïdienne, angulaire, corps, alvéolo-dentaire. Ces unités ont pour « frontière commune » la région du foramen mandibulaire et de l’épine de Spix. Ces unités osseuses reçoivent l’insertion de muscles et ligaments, constituant des unités fonctionnelles qui vont contribuer à leur développement. Chaque unité a ses propres particularités d’apparition, d’ossification, de développement et ses pathologies spécifiques. Le bon développement de chaque unité est indispensable pour que la mandibule acquière un développement optimal et occupe une place normale dans l’ensemble cranio-facial. La position de la mandibule dans l’ensemble cranio-facial est aussi conditionnée par son implantation sur la base du crâne. Pathologies du développement de l’unité condylienne ou condylo-articulaire C’est l’unité mandibulaire qui présente le plus fréquemment des atteintes pathologiques de son développement, elles auront un retentissement sur le développement global de la mandibule donc sur l’esthétique faciale et sur l’occlusion dentaire. Les anomalies morphologiques isolées sont : – asymétrie condylienne – hypercondylie (la plus fréquente), décrite par Adams en 1836 – hypocondylie – dysplasie condylienne – des malformations plus complexes entrant dans le cadre de syndromes malformatifs. Pathologies de l’unité coronoïde ou unité corono-temporale – –

hypertrophie : décrite pour la 1 hypotrophie

ère

fois par Langenbeck en 1853

Pathologies de l’unité « angle mandibulaire » ou unité angulo-ptérygo-massétéro-rachidienne – –

hypertrophie de l’angle goniaque ou hypertrophie massetérine : décrite par Legg en 1880 hypodéveloppement

Ces anomalies de développement de ces 3 unités affectent le développement vertical de la branche mandibulaire soit par excès (excès vertical postérieur) soit par défaut (insuffisance verticale postérieure) dont la correction est chirurgicale. Pathologies de l’unité mentonnière On peut distinguer les microgénies, les macrogénies, les rétrogénies, les excès verticaux symphysaires (EVS). Leur traitement relève des différents types de génioplasties isolées ou associées à des ostéotomies mandibulaires. Pathologies de l’unité alvéolo-dentaire Portée par l’unité corps de la mandibule, c’est la plus volumineuse des unités mandibulaires à la naissance. Elle s’étend au-dessus du corps mandibulaire depuis la région incisive en avant jusqu’à l’entrée du foramen mandibulaire en arrière et au-dessus du canal dentaire inférieur. Son volume varie avec les différents stades

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d’évolution de la denture, il est dépendant du nombre et de la taille des dents. Un excès ou défaut de développement retentira sur la hauteur de l’étage inférieur de la face. Influence de la base du crâne sur la situation de la mandibule dans la face Pour que la mandibule occupe une place normale dans l’architecture cranio-faciale il faut également qu’elle soit implantée au bon endroit sur la base du crâne. Cette position considérée comme normale a été définie par différents auteurs au milieu de la longueur de la base du crâne. Les anomalies d’implantation de la mandibule, trop en avant ou trop en arrière, prédisposeront au développement d’une prognathie ou d’une rétrognathie mandibulaire. Conclusion La mandibule est un puzzle dans lequel chaque unité a son propre mode de développement et ses pathologies spécifiques. Certaines anomalies sont d’apparition précoce, d’autres plus tardives, mais leur dépistage le plus tôt possible est essentiel pour l’information des patients, pour éviter d’entreprendre des traitements orthopédiques ou orthodontiques voués à l’échec et pour comprendre l’insuccès des traitements « conventionnels ». Dans le diagnostic en orthopédie maxillo-dento-faciale, il est indispensable de faire une lecture structurale attentive de chaque unité sur les radiographies, de rechercher les formes mineures des anomalies et d’apprécier sa position sur la base du crâne et par rapport aux structures avoisinantes : crâne, rachis cervical, maxillaire.

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