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MARINE ET ENVIRONNEMENT

RELATIONS DURABLES

Nîmes-Garons

Lutte anti-sous-marine

Colloque

Chronique du personnel

Fermez le BAN ! PAGE 18

Entraînement Spontex 11 PAGE 23

Le juge et le marin PAGE 26

La Marine et le handicap PAGE 28

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BI-MENSUEL DE LA MARINE NATIONALE

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

APERÇU DANS LA QUINZAINE

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Escale cherbourgeoise • Patrouilleur hauturier L’Adroit : le ruban tombe

LA MARINE & L’ENVIRONNEMENT

ACTIONS SUR LE TERRAIN PAGE 8 INFO ACTUS

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BAN de Nîmes-Garons : la Marine passe le relais • Budget de la Marine : « Nous recherchons la performance » • Spontex 11 : quand la lutte anti-sousmarine se met à l’heure internationale • Michel Rondeau devient écrivain de Marine • Commémoration : perte du contre-torpilleur Bison • Frégate Chevalier Paul : admis au service actif • Fusiliers marins : Eesti Marines vastu piraatide • Colloque : Le juge, le marin et la convention du droit de la mer

CHRONIQUE DU PERSONNEL

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La Marine et le handicap

DANS NOS PORTS

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Brest : vous avez dit « showroom » ? • Cherbourg : l’EAMEA : une école ouverte sur le monde civil et l’entreprise • 10e concours du Plumier d’or : remise des prix à l’hôtel de la Marine • Paris : Prix national d’éthique 2011 pour les élèves commissaires de la Marine • Toulon : hommage au commissaire général Bouchet

TEMPS LIVRE

e développement durable, l’environnement et la maîtrise de l’énergie sont au cœur de l’action du ministère de la Défense. Depuis 2003, le haut fonctionnaire au développement durable est chargé d’animer et de suivre la stratégie ministérielle dans ce domaine. Dès 2007, année du Grenelle de l’environnement, la Défense s’est engagée dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action environnement. Ce plan, réactualisé en profondeur tous les deux ans, sert de fil conducteur à de nombreuses actions de fond. La Marine nationale s’intègre activement dans cette démarche avec de nombreux projets. Les nouveaux bâtiments de haute mer sont dorénavant « éco-conçus », c’est-à-dire qu’ils tiennent compte dès leur admission au service actif des nouvelles exigences environnementales. C’est le cas par exemple du nouveau BPC Dixmude et de la Fremm Aquitaine, tous deux en essais. La Marine s’est dotée d’une stratégie exemplaire de démantèlement des navires en fin de vie, qui conjugue dépollution poussée des coques et meilleure valorisation des métaux issus de leur déconstruction. Elle s’engage dans des projets environnementaux appelés à se systématiser, comme le traitement des boues de dragage des ports militaires ou encore le traitement de sols pollués aux hydrocarbures par phyto-remédiation ou la dépollution des munitions historiques sur le litto-

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PASSION MARINE

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La guerre entre les lignes • « Zéraq » régénérant

ral. Elle mène aussi des actions dans le domaine des énergies renouvelables avec par exemple, le raccordement de certains sites de la base navale au réseau de chaleur urbain dans la ville de Brest. En matière de protection de la biodiversité, elle contribue chaque année au transfert de plusieurs dizaines d’hectares de terrains devenus inutiles à la Défense vers le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres et participe activement à la protection de la biodiversité marine. Les enjeux de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie sont élevés. Or, les efforts accomplis par la Marine nationale dans le cadre du plan d’action « État exemplaire » sont importants ; ils méritent d’être reconnus et valorisés. CGA Éric Lucas, haut fonctionnaire au développement durable du ministère de la Défense, directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives, ancien commissaire de la Marine.

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APERCU

dans la quinzaine

ESCALE CHERBOURGEOISE

REVUE DES TROUPES PAR LE MINISTRE DE LA DÉFENSE À SON ARRIVÉE À CHERBOURG.

LE MINISTRE MONTE À BORD DU REMORQUEUR D’INTERVENTION, D’ASSISTANCE ET DE SAUVETAGE ABEILLE LIBERTÉ ACCOMPAGNÉ DU VICE-AMIRAL NIELLY.

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Après Brest le 30 mai dernier, c’est à Cherbourg que M. Gérard Longuet, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, s’est rendu le 17 juin dernier pour visiter un port militaire. Ce déplacement dans la Marine était surtout consacré à l’action de l’État en mer. À Cherbourg, le ministre a pu non seulement visiter le siège de la préfecture maritime et du commandement de la zone maritime de la Manche et de la mer du Nord, mais également se faire présenter sur le terrain les moyens et les capacités locales en matière d’action de l’État en mer (AEM). C’est à bord du remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Liberté que M. Gérard Longuet s’est d’abord rendu pour notamment constater de visu les capacités de remorquage plage arrière. À l’issue de cette visite, Monsieur le ministre a ensuite appareillé vers la grande rade afin de se faire présenter par le vice-amiral Bruno Nielly, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, quelques cas concrets récents. Grâce à la participation de l’Argonaute, de l’Élan et du Vulcain, ainsi que d’autres moyens nautiques de la base navale, un barrage antipollution et des moyens de récupération ont ainsi été dressés sous les yeux du ministre avant qu’une démonstration de treuillage d’un naufragé depuis un vedette SNSM vers un hélicoptère Dauphin de service public ne lui soit offerte. À son retour à quai, M. Longuet a pu assister à une présentation détaillée de la base navale, de ses spécificités, de ses moyens, de l’établissement de contrôle (Etac) et plus généralement des différents aspects de la base de Cherbourg. À cette occasion, le ministre a rencontré le personnel civil et militaire.

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M. LONGUET S’EXPRIMANT À LA PRÉFECTURE MARITIME DE LA MANCHE ET DE LA MER DU NORD.

LE MINISTRE DE LA DÉFENSE ET LE COMMANDANT DE L’ABEILLE LIBERTÉ.

M. LONGUET A ASSISTÉ À PLUSIEURS DÉMONSTRATIONS EN MER : UN HÉLITREUILLAGE DEPUIS UNE VEDETTE DE LA SNSM PAR UN DAUPHIN DE SERVICE PUBLIC ET UNE DESTRUCTION DE MINES.

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APERCU

dans la quinzaine

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MME ISABELLE LE NY, MARRAINE DE L’ADROIT. SALARIÉE DE DCNS, MME LE NY A CONTRIBUÉ DEPUIS L’ORIGINE AU PROJET « GOWIND ».

L’AMIRAL FORISSIER, LE 17 JUIN À LORIENT.

PATROUILLEUR HAUTURIER L’ADROIT : LE RUBAN TOMBE Lorient, 17 juin. Fouetté par les rafales d’un grand vent d’ouest, L’Adroit reste stoïquement amarré. Aujourd’hui, c’est son baptême. Aux industriels et délégations des marines étrangères venus en nombre, le directeur général adjoint de DCNS présentait le premier-né des patrouilleurs et corvettes de la famille Gowind : « L’Adroit est l’aboutissement d’un rêve, celui de construire un nouveau navire, dans des délais très courts, en s’appuyant sur la motivation exceptionnelle d’une cinquantaine d’entreprises, partenaires et sous-traitants, majoritairement des PME. Mais c’est aussi l’émergence d’une nouvelle ambition, celle d’emmener la filière navale française vers de nouveaux succès. » Un an tout juste après la découpe de la première tôle, L’Adroit quittait sa nef de construction pour mouiller son étrave dans les eaux du Scorff. DCNS et ses sous-traitants achèveront le navire à l’été, date prévue pour sa première sortie à la mer. Un patrouilleur hauturier très innovant. Conçu et construit en l’espace de vingt mois seulement grâce à de nouvelles méthodes de production, L’Adroit est un concentré des dernières technologies navales : plates-formes pour drones, rampes de mise à l’eau d’embarcations commandos, mature unique offrant une couverture radar à 360 degrés… Taillé sur mesure pour les missions de type action de l’État en mer (surveillance maritime, sauvetage, police des pêches, lutte contre la piraterie, terrorisme, narcotrafic…), ce patrouilleur hauturier sera la vitrine à l’export de la nouvelle gamme Gowind. Commercialement parlant, ce concept innove là encore. Développé sur fonds propres par DCNS, L’Adroit sera mis à la disposition de la Marine nationale pour trois ans. Déployé en opérations sous les couleurs d’une marine de premier rang, le premier navire Gowind gagnera le label « sea proven » (éprouvé à la mer), un précieux argument commercial auprès des marines étrangères.

L’ADROIT, UN GLORIEUX AÎNÉ L’Adroit, premier du nom, fut la tête de série d’une fameuse classe de torpilleurs puissamment armés : quatre canons de 130 mm, deux canons de 37mm et six tubes lance-torpilles de 550 mm. Long de 107 mètres pour 1 500 tonnes, il dépassait allègrement les 30 nœuds. Admis au service actif en octobre 1929, il se distingua sous le feu ennemi, lors de l’évacuation des forces anglo-françaises prises dans la nasse de Dunkerque. Il coula pendant l’opération, le 21 mai 1940, frappé de plein fouet par une bombe de la Luftwaffe.

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LA MARINE & L’ENVIRONNEMENT

ACTIONS SUR

LE TERRAIN lément clé pour l’équilibre de notre climat, la mer est, grâce à la richesse de sa biodiversité et de ses ressources naturelles, la première « assurance-vie de la planète ». La protection de ce patrimoine, encore trop largement méconnu, est devenu un enjeu de taille dans le monde et pour notre pays. Deuxième surface maritime mondiale, la France est, depuis des siècles, une grande nation maritime, une « terre de toutes les mers », sans que paradoxalement ses citoyens en aient pleinement conscience. Notre nation n’est-elle pas l’un des rares pays du globe présent sur tous les océans grâce à ses possessions en Outre-Mer et disposant ainsi d’une fenêtre ouverte en permanence sur la planète ? Quant à cette dimension maritime française, elle ne doit pas occulter le littoral, son « port d’attache ». Situé au croisement des intérêts urbanistiques, économiques, touristiques et écologiques, il subit d’intenses pressions rendant sa protection plus que jamais indispensable. Récemment mis en lumière à l’occasion du Grenelle de l’environnement, suivi du Grenelle de la mer, ayant jeté les bases d’une vision stratégique globale des océans et du littoral, les enjeux environnementaux ont ainsi été identifiés et discutés, permettant d’arrêter concrètement un catalogue de 138 mesures consacrant aussi bien le développement des énergies renouvelables, des aires marines protégées et de la pêche durable qu’une meilleure protection du littoral, ou qu’une réduction des pollutions marines et une valorisation du patrimoine « phares et balises »… La politique maritime de la France en matière d’environnement s’est ainsi dessinée et affinée pour les décennies à venir. Acteur du monde maritime, la Marine nationale s’est logiquement engagée dans cette voie « verte ». « Parce qu’elle occupe ou se déploie dans des espaces naturels et qu’elle exploite des installations potentiellement polluantes, la Marine est par conséquent au cœur de cette problématique et s’y engage avec force et conviction », n’hésite pas à dire l’amiral Depardon, en charge de l’environnement dans la Marine. En s’intéressant autant à l’esprit général de cette démarche qu’aux engagements pris dans les ports, ou à la journée dédiée à l’environnement marin organisée le 28 juin prochain à Toulon, ce dossier de Cols Bleus prouve qu’en la matière les actions menées par la Marine nationale sont quotidiennes. Sur les bateaux gris comme dans les ports, la vie s’écrit plus que jamais en bleu et en vert… Marine !

© PHILIP PLISSON



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Entretien avec l’amiral Bernard Depardon

RÉPONDRE AUX BESOINS DU PRÉSENT SANS COMPROMETTRE CEUX DU FUTUR En tant qu’Alnuc, autorité de coordination pour les affaires nucléaires, la prévention et la protection de l’environnement pour la Marine, vous êtes en charge des questions environnementales dans la Marine, quelles sont plus précisément vos prérogatives à ce sujet ? Le chef d’état-major de la Marine est responsable de l’application des dispositions réglementaires, des actions décidées par le ministre et de celles qu’il prend en faveur de l’environnement. Alnuc est son bras armé pour cette mission et il est à la tête de la chaîne de coordination des exploitants des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et des installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA) relatifs à la loi sur l’eau. Il est également à la tête de la chaîne du contrôle interne qui consiste à vérifier que les dispositions prescrites sont bien appliquées dans les différents organismes de la Marine. Le schéma directeur environnement de la Marine décline en actions les exigences réglementaires, mais aussi des mesures volontaristes décidées par le ministre ou le chef d’état10 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

major. De plus, il est l’autorité du domaine de compétence (ADC) pour les formations liées à l’environnement et au développement durable en lien avec la direction du personnel militaire de la Marine. Il approuve à ce titre le contenu des formations relatives à l’environnement du personnel militaire de la Marine, comme par exemple celle des brevets de maîtrise Environnement/Prévention. Enfin, il anime le retour d’expérience dans ce domaine dont le rôle principal est d’éviter le renouvellement des écarts découverts lors d’inspections ou des incidents/accidents de pollutions. Son champ d’action n’inclut pas le domaine de l’action de l’État en mer qui relève d’une autre chaîne fonctionnelle, ni le pilotage des dossiers qui pourraient être confiés par le chef d’état-major de la Marine à des chargés de mission comme c’est actuellement le cas pour le démantèlement et la déconstruction des navires de guerre. Pour autant, le dialogue est bien évidemment permanent entre ces entités, Alnuc restant le référent en matière de réglementation environnementale.

En quoi les questions environnementales sont-elles importantes pour la Marine de guerre et ses acteurs ? Le développement durable exprime la volonté de répondre aux besoins du présent sans compromettre ceux du futur. Ce principe figure dans les objectifs assignés par le ministre de la Défense, en application de la stratégie nationale de développement durable adoptée par le gouvernement en juin 2003. Parce qu’elle occupe ou se déploie dans des espaces naturels et qu’elle exploite des installations potentiellement polluantes, la Marine est par conséquent au cœur de cette problématique. La démarche mise en place par la Marine implique tous les acteurs de la chaîne hiérarchique, depuis l’échelon central jusqu’aux acteurs locaux, relayée par les autorités organiques ou territoriales. Il s’agit de : – prendre les dispositions nécessaires pour éviter de mettre en danger le personnel et les populations avoisinantes ;

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– limiter les effets de nuisances, notamment de pollution, c’est-à-dire le dépassement accidentel des seuils fixés par la réglementation ; – provoquer l’alerte des autorités et des populations risquant d’être affectées par ces nuisances ; – réduire les inconvénients liés au fonctionnement d’installations gênantes pour le voisinage ou dommageables pour l’environnement ; – promouvoir un état d’esprit de prévention pour la protection de l’environnement. La Marine a mis en place dès 2005, soit deux ans avant le Grenelle de l’environnement, un schéma directeur environnement intégrant les exigences réglementaires mais aussi des mesures volontaristes décidées par le ministre ou le chef d’étatmajor, répertoriées en cinq grands axes d’efforts et déclinées en actions. Quels sont les grands chantiers concernant l’environnement dans la Marine ? Pouvez-nous citez des exemples ? Les chantiers en lien avec l’environnement au sein de la Marine sont nombreux mais pour vous citer quelques exemples, j’évoquerai : – la réalisation d’ici 2012 des inventaires de substances dangereuses (ISD) aussi appelé « passeport vert » pour les 80 navires les plus importants de la Marine ; – les actions entreprises afin d’améliorer la gestion de

«

l’eau dans les emprises de la Marine. Mises en œuvre par le service d’infrastructures de la défense, elles ont permis par exemple de réduire de 2 % en cinq ans la consommation d’eau de la base navale de Toulon, soit un gain annuel de 500 000 m3 ; – la participation des commandants d’arrondissement maritime de Brest, Toulon et Cherbourg aux contrats de baie de ces trois régions ; – la mise en place d’une directive destinée à contrôler les eaux issues des activités de carénage réalisées dans les bassins des bases navales de la Marine. Le Grenelle de la mer a-t-il été le point de départ d’une vraie prise de conscience de la fragilité des océans pour tous les acteurs du monde de la mer ? Depuis quelques années, la dimension environnementale est de plus en plus prégnante dans notre pays. Le Grenelle de la mer a confirmé l’importance pour les plus hautes autorités de l’État, de la préservation du milieu maritime. En effet, cet espace de liberté reconnu par le droit international est en fait le théâtre d’enjeux stratégiques et économiques qui peuvent conduire à une exploitation abusive de ses ressources. Défendre la mer, ses ressources et notre littoral requiert un cadre clairement défini à haut niveau, pour que les acteurs concernés travaillent ensemble, de la façon la plus efficace possible, à réguler les activités humaines en mer. Cette politique maritime a été formalisée en fin d’année 2009 dans un

Défendre la mer, ses ressources et notre littoral requiert un cadre clairement défini à haut niveau, pour que les acteurs concernés travaillent ensemble.

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Livre bleu, validé par un comité interministériel de la mer. Parmi les mesures majeures retenues figure l’adoption d’un terme que nous nous sommes progressivement appropriés depuis quelques mois maintenant, celui de « fonction gardes-côtes ». Cette appellation parle à tout le monde. Créer cette fonction, c’est donner à notre pays les moyens de mieux s’insérer dans la gouvernance internationale et européenne de la mer. Elle offre également une visibilité plus grande à une organisation fondée sur la coopération de moyens coordonnés par le préfet maritime, et dont beaucoup de nos concitoyens ignorent encore trop souvent l’existence. Quelles sont les actions concrètes en matière de préservation de l’environnement que mène la Marine nationale suite à ce Grenelle de la mer ? Les défis auxquels nous devons répondre dans les espaces maritimes sont suffisamment importants pour que toutes les administrations agissant en mer y soient associées de façon dynamique. Au sein de cette « fonction gardes-côtes », la Marine a toute sa place avec son expérience inégalée en haute mer. Cette approche est une réelle opportunité pour la France et pour la Marine nationale. Par ailleurs, la Marine participe, au travers de partenariats, d’actions de recherche ou de formation, à des réflexions sur les thèmes suivants : – le développement des énergies marines renouvelables par l’Institut de recherche de l’École navale (IRENAV) ; – la conception du navire du futur en relation avec la direction générale de l’armement (DGA) et la société DCNS : propre, économe, sûr, opérationnel et intelligent. Il devra permettre de revitaliser le secteur de la construction navale (recherche, développement, démantèlement) ; – le port du futur, qui devra s’orienter notamment vers le développement de la valeur ajoutée (transformation) et l’intégration durable dans l’environnement. Par rapport à d’autres acteurs étatiques ou privés comment se situe l’engagement environnemental de la Marine nationale ? Quel est plus précisément le spectre de ses interventions et des synergies possibles ? En termes de synergie, la Marine nationale a signé en mai 2007 avec la société DCNS une charte commune en faveur de l’environnement. Cette signature traduit un engagement mutuel fort de prendre en compte, dans nos activités respectives la préservation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie de ses agents au-delà de nos obligations réglementaires. Depuis quatre ans, les objectifs de la charte Marine-DCNS pour l’environnement ont trouvé de nombreuses concrétisations. Le dernier exemple est l’organisation de journées dédiées à la réflexion sur les interactions de nos activités avec la biodiversité marine, la première ayant eu lieu à Brest le 15 décembre 2010 et la seconde étant prévue le 28 juin prochain à Toulon. Plus localement, chacune des bases navales métropolitaines s’est engagée dans des actions en faveur de sa baie dans le cadre du contrat de baie. Ainsi, à Toulon l’association Mouvement d’action pour la rade de Toulon (MART) a remis à plusieurs reprises, dont en 2011, un prix à la Marine pour ses actions en faveur de l’environnement. ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011 ® 11

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LE CONTRAT DE BAIE DE LA RADE DE TOULON ite naturel et urbain à la géographie originale, la rade de Toulon est au centre du développement d’activités liées à sa situation exceptionnelle d’ouverture sur la mer, qu’il s’agisse des activités industrialoportuaires ou du tourisme. Cependant, ces activités économiques et touristiques créent à la fois une situation de pression sur l’environnement marin – rejets domestiques d’une agglomération de 450 000 habitants et rejets en provenance des activités portuaires et industrielles – et d’exigence d’un environnement de qualité pour satisfaire les activités balnéaires, les cultures marines et la qualité de vie de la population.

S

Un contrat de baie, pour quoi faire ? Conscients des dysfonctionnements qui affectent les écosystèmes marins mais aussi les usages liés à l’eau dans la rade et son bassin versant, les acteurs institutionnels de la rade, emmenés par la communauté d’agglomération Toulon-Provence-Méditerranée, se sont engagés dès 1997 dans une démarche de contrat de baie. Signé le 6 septembre 2002, le contrat de baie de la rade de Toulon a pour objectifs de restaurer les milieux aquatiques, tout en valorisant le patrimoine et les activités liées à la mer et l’économie de la rade. Il rassemble les acteurs étatiques, les collec-

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tivités territoriales (région, département, communes et leurs regroupements), les chambres consulaires et les associations de défense de l’environnement et des usagers. Ce ne sont pas moins de quatorze communes qui sont concernées par le contrat de baie, soit environ 400 000 habitants ! Le contrat de baie est un engagement concerté portant sur un programme d’actions en cinq ans ; il a été reconduit en 2007 pour deux ans afin d’atteindre les objectifs fixés. Le bilan de ce contrat de baie, désormais dénommé « numéro un » a été présenté en juillet dernier. Les acteurs préparent actuellement le contrat de baie « numéro deux ». Sur la base d’un diagnostic préalable, le contrat de baie a déterminé d’abord des objectifs en termes de qualité de l’eau et de préservation du milieu marin, puis a programmé les actions nécessaires pour restaurer la qualité du milieu. Ces actions se répartissent en trois volets : réduction des flux de pollution, restauration des milieux aquatiques, et gestion intégrée (animation, actions pédagogiques). Elles représentent 160 projets, mis en œuvre par 30 maîtres d’ouvrage et partenaires financiers. Le contrat de baie numéro un s’est ainsi essentiellement consacré à la thématique de l’assainissement et la réduction des flux de pollution. En effet,

plus de 60 % des projets sont liés à l’assainissement. Les dernières actions actuellement en cours concernent l’évaluation de la qualité de l’environnement, notamment la cartographie chimique des sédiments et l’analyse de la qualité des écosystèmes marins.

Les réalisations de la Marine La Marine nationale est l’acteur industriel ayant la plus importante activité dans la rade de Toulon. Elle s’est à ce titre largement investie dans la réalisation des objectifs fixés par le contrat de baie, en particulier en matière de gestion des eaux usées de la base navale. Ainsi, après avoir réalisé un diagnostic de l’état de ses réseaux d’eaux usées, la Marine a élaboré un programme de travaux de réhabilitation. En effet, les réseaux d’eaux usées de la base navale et de la pyrotechnie principale sont remis à niveau afin de limiter les entrées d’eaux parasites et d’améliorer le fonctionnement général du système. Un système de surveillance des eaux usées de la base navale a été installé afin de surveiller quantitativement et qualitativement les eaux usées rejetées dans les réseaux des différents sites (Vauban, Milhaud, Pyrotechnie et Castigneau). Le site du CIN de Saint-Mandrier a également été équipé d’une installation similaire.

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Le Laboratoire d’analyses, de surveillance et d’expertise de la Marine (LASEM) a réalisé un diagnostic de la zone Marine de la baie du Lazaret, qui a consisté à caractériser les exutoires d’eaux pluviales du parc d’hydrocarbures, et à la mesure des paramètres de pollution organique de la baie. Cette étude a également permis de corréler ces mesures avec des paramètres météorologiques et courantologiques. Un contrôle de la concentration de chlorures dans le réseau d’eaux usées de la base navale a par ailleurs été mené afin de détecter toute entrée d’eau de mer. Une aire de carénage de 1 500 m2 a été aménagée au club nautique de la Marine, qui gère la partie Ouest du plan d’eau de la darse Vieille (500 anneaux). Ces travaux ont permis de mettre en place un revêtement spécifique, de créer une pente permettant de draîner les eaux de carénage, de créer une fosse de décantation et d’équiper d’un filtre le système de rejet. Par ailleurs, la réduction des contaminations par des toxiques des eaux de la rade et des sédiments

demande une exigence environnementale au niveau de toutes les activités industrialo-portuaires de la rade. Cette démarche a nécessité la réalisation d’audits systématiques des activités à risque. Il s’agit de l’application d’une démarche de type « ports propres » au port militaire de Toulon. Enfin, des séances de sensibilisation au profit des différents acteurs de la Marine (industriels et services de soutien) ont été organisées, et une communication sur l’avancement des actions et projets du contrat de baie est réalisée dans le cadre de la conférence annuelle consacrée à l’environnement.

Un contrat de baie « numéro deux » Les objectifs du contrat de baie numéro deux seront déterminés en accord avec le nouveau schéma directeur aménagement et de gestion des eaux (SDAGE 2009) et la directive cadre européenne sur l’eau. Ce contrat de baie est en quelque sorte l’outil local d’application de ces démarches supérieures nationales et européennes, matérialisées par le Programme de mesures. Il est aussi au service des

projets et volontés locales, qui s’expriment notamment au travers du Grand Projet Rade. Les thématiques clés s’orienteront vers les points suivants : inondations, biodiversité, contamination chimique. Cela permettra d’aborder la dépollution de la rade et la restauration écologique des milieux aquatiques. Les actions du contrat de baie seront ciblées selon les thématiques déjà révélées par le premier contrat de baie. Des opérations majeures telles que la mise à jour des autorisations municipales de rejets et conventions spéciales de déversement pour le branchement des entreprises sur les réseaux d’assainissement, le projet Sedimed pour la valorisation des matériaux de dragage, le suivi de la qualité des eaux de baignade, etc. Ce contrat de baie numéro deux est en cours d’élaboration pour la période 2012-2016, mais avant d’être mis en œuvre il devra obtenir l’agrément du comité de bassins RhôneMéditerranée. ® GUIREC QUEFFEULOU (ANIMATEUR DU CONTRAT DE BAIE – TPM) ET CAMILLE FORMAGNE (CECMED)

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PASSION

Marine

LE DRAGAGE, VERSION PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ici 2017, la base navale de Toulon accueillera les premières frégates multimission (Fremm). L’arrivée de ces énormes vaisseaux de nouvelle génération pose un problème de taille à la base navale : le manque de place et surtout de quai capable de les accueillir. La nécessité de faire de grands chantiers dans le port militaire de Toulon, notamment la construction de nouveaux quais, s’est donc imposée. L’emplacement de ces nouveaux quais sera l’îlot Castigneau et plus précisément le quai Noël. Au total, ce seront 60 000 m3 qui seront dragués. Avant de lancer ces travaux d’ampleur, une première étape préalable était nécessaire : le dragage. Le dragage dans les fonds d’un ancien arsenal est complexe. De nombreux paramètres sont à prendre en compte, comme la nature des fonds, les vestiges du sabordage de la flotte, la pollution historique, la profondeur de dragage ou encore la filière de retraitement des sédiments.

D’

Une procédure longue À Toulon, l’Établissement du service des infrastructures de la défense (ESID) a pris cette étude de longue haleine en main à partir de 2009. La première démarche a naturellement constitué en un état des lieux des fonds marins au niveau du quai Noël. Il a permis de mettre en évidence des munitions, des morceaux de ferraille, des pieux en bois, des pneus, des chaînes… Avant de commencer à draguer, il faut en tout premier lieu éliminer l’ensemble de ces déchets. Cet état des lieux a aussi changé la donne car la présence de munitions nécessite de faire un chantier pyrotechnique particulier. Cette étude effectuée, l’ESID a pu passer un marché unique pour l’ensemble de l’opération de dragage. Ce marché auquel

a répondu un groupement d’entreprises comprenait la dépollution pyrotechnique, le dragage en lui-même, ainsi que la partie filière de retraitement. Parallèlement, une analyse chimique des fonds marins a été demandée à un laboratoire indépendant. En effet, la pollution historique liée aux activités industrielles de l’ancien arsenal de Toulon est connue. Il était cependant indispensable de faire établir un diagnostic indépendant afin d’être complètement transparent vis-à-vis du monde civil. Ces analyses mettent en évidence une pollution infime aux métaux lourds. L’impact de cette pollution est considéré par ce laboratoire indépendant comme négligeable.

Un chantier environnemental La Marine et l’ESID ont souhaité que l’impact environnemental du dragage soit quasiment nul pour la rade de Toulon. Ainsi, au moment du dragage, un tissu géotextile très fin sera érigé en barrière autour du chantier. Cette barrière dépassera largement de

la surface de l’eau et sera pour une partie étalée sur le fond. Elle aura pour but de filtrer finement l’eau et de retenir l’ensemble des poussières remuées par l’opération de dragage. C’est la première fois qu’une telle protection sera mise en place pour un chantier de dragage. En plus de cette barrière, des mesures de la qualité des eaux seront réalisées dans la rade de Toulon deux fois par semaine pendant toute la durée du chantier. Une fois les chantiers de nettoyage et de dépollution pyrotechnique des fonds marins réalisés, un premier dragage aura lieu à l’aide d’une drague aspiratrice. Ce gros aspirateur, utilisé notamment dans les fouilles sous-marines, permettra d’enlever la première couche de vase et de mettre à nu de nouveaux déchets ou de nouvelles munitions. Après ce dragage superficiel, soit une nouvelle opération de nettoyage sera mise en place, soit les opérations lourdes pourront commencer. Environ 2 à 3 mètres de sédiments seront enlevés à l’aide d’une pelle mécanique posée sur un ponton. La volonté de développement durable a été totalement intégrée à ce chantier pour que la rade de Toulon reste la plus belle d’Europe, y compris dans le retraitement des sédiments de dragage. Ainsi, il est envisagé d’avoir recours à la plate-forme Sedimed, installée sur le site de Brégaillon afin de revaloriser les sédiments produits par cette opération de dragage. Rappelons que cette plate-forme est un projet important du futur contrat de baie de la rade de Toulon. Cette opération lourde à mettre en œuvre devrait prendre fin en 2012. À l’issue, la construction de nouveaux quais pourra commencer avec, là aussi, la prise en compte de l’impact environnemental. ® LV INGRID PARROT

PEINTURE « VERTE » POUR BATEAUX GRIS epuis cinq ans, le service de soutien de la flotte (SSF) s’est lancé dans une entreprise environnementale innovante : doter les bateaux gris d’une peinture « verte ». Par ce code de couleur inédit, il faut comprendre que la Marine cherche à remplacer les peintures traditionnelles des carènes de ses navires par des peintures plus respectueuses de l’environnement. C’est chose faite avec la peinture à base de silicone. Pour mesurer les avantages de cette peinture, un test grandeur nature sera réalisé sur deux frégates furtives : l’Aconit et le Surcouf. L’Aconit a été le premier bateau à recevoir une application de peinture à la silicone mi-avril. Dans le cadre de l’arrêt technique majeur de ce navire, la société DCNS a procédé au carénage, puis à l’application de cette peinture. Mais quels sont les avantages de cette peinture ? Son avantage majeur est qu’elle n’a pas d’impact sur la faune et la flore. La texture très lisse de la silicone alliée à la force de l’écoulement de l’eau liée à la vitesse du navire empêche le film biologique de s’accrocher. Par ailleurs, les propriétés de la silicone apportent une glisse supérieure à la carène

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qui permet d’optimiser la consommation en carburant et peut-être de la diminuer. Dans cinq ans, les résultats du test seront connus ainsi que les avantages et les inconvénients réels de ce procédé. Si ces

essais sont concluants, la Marine pourrait généraliser l’usage de ces peintures à l’ensemble de ses navires. ® LV INGRID PARROT

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ŒUVRES COMMUNES La Marine nationale, DCNS et le Pôle Mer PACA s’unissent le 28 juin prochain pour une journée dédié à l’environnement marin. Revue de détails. n mai 2007, la Marine nationale et DCNS ont signé une charte commune en faveur de l’environnement. Cette signature traduit un engagement fort de la part des deux institutions pour prendre en compte, dans leurs activités, au-delà de leurs obligations réglementaires, la préservation de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie de ses agents. À travers cette charte, les deux signataires affirment leur volonté de poursuivre leur politique commune en faveur de la protection de l’environnement. Cette politique a pour but de développer les actions contribuant à la maîtrise des risques, protéger et valoriser le patrimoine historique et naturel, favoriser la protection des eaux de surface et des eaux souterraines, et promouvoir la sensibilisation à la sauvegarde de l’environnement auprès du personnel et du public.

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Des actions concrètes Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette démarche commune. Ainsi, la Marine nationale s’est donnée pour objectif de munir d’un passeport vert ses 80 navires les plus importants d’ici 2012. De son côté, la société DCNS s’est engagée très tôt dans une démarche de management de l’environnement qui a abouti fin 2008 à sa certification ISO 14001. Depuis quatre ans, les objectifs de la charte Marine-

DCNS pour l’environnement ont trouvé de nombreuses concrétisations. Le dernier exemple est l’organisation, le 15 décembre dernier à Brest, d’une journée commune dédiée à une réflexion sur les interactions de nos activités avec la biodiversité marine, avec l’appui du Pôle Mer Bretagne (cf. Cols Bleus n° 2964 du 29 janvier 2011, page 25). C’est avec la même idée directrice que la Marine nationale et la société DCNS se sont associées cette année

avec le Pôle Mer PACA, pour organiser à Toulon le mardi 28 juin prochain, une journée Environnement Marine. Cent cinquante invités issus de collectivités, d’associations, d’institutions nationales et locales, et des élus locaux sont attendus pour dialoguer autour de sujets d’actualité liés à une préoccupation commune : le développement responsable de l’activité industrielle dans la rade de Toulon. ® O1 CÉLINE VASCHETTI

ACTION(S)… Au-delà des actions médiatiques et de grande envergure, il est quelquefois nécessaire de se pencher sur le quotidien des acteurs de terrain. En effet, le développement durable, ce sont aussi de multiples actions réalisées au jour le jour qui peuvent paraître anodines… Et pourtant ! Ne dit-on pas, assez naïvement peut-être, que ce sont les petites gouttes qui font les grandes rivières ? n 2011, une formation environnement (non incluse au cursus officiel de formation) a été dispensée à l’ensemble des sections de mousses au CIN de Brest lors de la Semaine du développement durable. Elle a permis de sensibiliser les jeunes marins au tri sélectif, aux économies d’énergie… Une plaquette « Mémo-tri » relative à l’élimination des déchets a été réalisée et éditée à 2 000 exemplaires. En format poche, franco-anglais, elle peut être utilisée aisément par tout le monde. Elle sera mise à la disposition des utilisateurs sur les sites gérés par la base navale de Brest. Sur le terrain, le désherbage chimique n’a plus la cote. Il faut dire que la majeure partie des emprises brestoises de la Marine sont concernées par le contrat de rade piloté par Brest Métropole Océane

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(BMO) et qui vise à restaurer la qualité des eaux de la rade de Brest. Concrètement, le désherbage est donc réalisé manuellement, avec des désherbeurs thermiques ou des produits sans danger pour

l’environnement. Les fauchages sont plus tardifs… Et surtout, il ne faut pas oublier que les mentalités évoluent : les gens s’habituent de plus en plus à voir des « mauvaises herbes » dans les espaces verts. Les déplacements en voiture ne sont plus aussi systématiques qu’il y a quelques années. Et à Brest, ce n’est pas simplement à cause des difficultés engendrées par les travaux du tramway… Les transports en commun sont à la mode ! La base navale de Brest s’est associée à DCNS pour mettre en place un système de navette adapté aux besoins de tous les usagers du port militaire. Cette mutualisation des transports permet de multiplier les bus et d’offrir une rotation plus fréquente. Les horaires, le parcours et les arrêts ont fait peau neuve ! Et aujourd’hui, l’accent est mis sur la communication. Le covoiturage a le vent en poupe et cela se ressent au quotidien au sein des unités. Ces exemples pris parmi tant d’autres tendent à prouver que la prise de conscience est collective. Malgré tout, les efforts doivent être poursuivis et encouragés via des programmes tels que le Trophée 3D, le FIE (fond d’intervention pour la protection de l’environnement) ou la MIP (mission d’innovation participative)… ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011 ® 15

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PASSION

Marine

Cherbourg

SOUS LES TÔLES D’ACIER, LA PLAGE Le Lucifer ou l’histoire de la remise en état d’un site pollué. Explications avisées du capitaine de corvette Pascal Dufour, Comar Manche. normes sanitaires et environnementales. Elle culmine à 8,50 mètres : – élimination des produits potentiellement dangereux (produits amiantés sous forme de calorifugeages ou de joints), hydrocarbures, peintures au plomb et aux PCB essentiellement ; – construction de la digue et démolition de la coque par découpe, qui a nécessité de très nombreuses rotations de camions ; – remise en état du site par déconstruction de la digue provisoire et dépollution (essentiellement des hydrocarbures).

LE LUCIFER ENTOURÉ DE LA DIGUE DE PROTECTION, SPÉCIALEMENT CONSTRUITE POUR LES TRAVAUX DE DÉCONSTRUCTION.

histoire. Construit en 1942 dans un chantier naval écossais, puis confié aux Forces navales françaises libres (FNFL), La Découverte (le futur Lucifer) est une frégate de 93,50 mètres qui a escorté de nombreux convois en Atlantique pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est désarmée en 1959 et rejoint le mouillage d’attente de Landévennec. Alors que dans le milieu des années 60 l’école de sécurité recherche un nouveau bâtiment d’instruction pour la préparation et l’entraînement de ses équipages à la lutte contre les sinistres en mer, La Découverte, rebaptisée Lucifer, rallie la plage de Querqueville (Manche) où elle est échouée après avoir subi quelques transformations. Durant trentecinq ans, jusqu’à la fermeture de l’école de sécurité en 2002, elle a vu passer à son bord des dizaines de milliers de stagiaires de la Marine nationale, de marines étrangères et de la marine marchande.

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LE CHANTIER DE DÉCONSTRUCTION.

vice d’infrastructure de la Défense de Cherbourg : – diagnostic précis des produits dangereux du navire et de ses abords ; – construction d’une digue périphérique provisoire en remblais, qui permettra de réaliser un chantier à sec, et donc une meilleure application des

Le volet réglementaire. La prise en compte de la réglementation aussi bien sanitaire qu’environnementale a été présente à toutes les phases du chantier. Ceci a commencé par le choix de l’industriel qui s’est certes appuyé sur le jeu de la mise en concurrence, mais qui a également été conditionné par la nécessité de garantir au mieux la qualité et l’aboutissement du processus avec un niveau d’exigences élevé pour ce qui concerne la santé des personnes, la limitation des nuisances et la préservation de l’environnement. Le choix de réaliser un chantier à sec a été dicté par l’application d’une meilleure exécution des normes sanitaires et environnementales, évitant tout risques de pollution des eaux environnantes. L’inventaire préalable des produits potentiellement dangereux a optimisé leur élimination dans les mêmes conditions de sécurité. Ces actions, qui ont nécessité des analyses de risques, une étude d’impact sur l’environnement et l’avis du comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDeRST), ont abouti à la création d’un IOTA (installation, ouvrage, travaux et activités) provisoire prévu par la loi sur l’eau. ®

LA PLAGE REDEVENUE SAUVAGE APRÈS LA FIN DU CHANTIER ET LA DÉCONSTRUCTION DE LA DIGUE.

La déconstruction. Les questions environnementales devenant à l’époque prégnantes au sein du ministère de la Défense, il a été décidé de déconstruire le Lucifer qui est devenu inutile, afin de rendre au site son éclat d’origine. On imagine sans peine les quantités d’hydrocarbures utilisées durant tant d’années, ainsi que les polluants que recèle ce bateau construit dans les années 40. À cela s’ajoute l’impossibilité de le déplacer à cause d’une rupture de la coque sous le joug d’une forte tempête en 1994, ayant conduit à l’ajout de lest en béton pour le maintenir en place. Ces différentes contraintes, ajoutées au fait que le Lucifer est alternativement en mer et à terre sous l’effet des marées, ont mené au choix d’un chantier atypique qui sera réalisé en plusieurs phases sous la conduite d’opération et la maîtrise d’œuvre de l’antenne du Ser16 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

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Déconstruction des navires en fin de vie

UN PLAN D’ACTION BIEN ENGAGÉ Le vice-amiral Hubert Jouot est chargé de mission auprès du chef d’état-major de la Marine. Il suit plus particulièrement le dossier des navires en fin de vie. Pour Cols Bleus, il fait le point sur l’avancement du plan d’action lancé par la Marine nationale. Amiral, pourquoi la Marine a-t-elle engagé un plan d’action pour la « déconstruction » des navires en fin de vie ? Lorsque c’est possible et économiquement rentable, les navires retirés du service sont cédés, généralement à des États étrangers. Mais dans les faits, la Marine est confrontée à un nombre important de coques invendables en l’état. La déconstruction est alors nécessaire, mais c’est un processus long et complexe. Le plan d’action lancé par la Marine permet de piloter au plus près tout le processus et d’optimiser économiquement et industriellement ces opérations. Consciente des implications sur l’environnement, la Marine a aussi souhaité que le plan d’action engagé s’inscrive pleinement dans une perspective de développement durable en s’attachant à recycler tous les matériaux présents à bord. Quel est le processus de déconstruction d’une coque ? Le processus débute, au moment du désarmement, par la mise en sécurité du bâtiment. Ensuite, un inventaire des matières potentiellement dangereuses présentes à bord est réalisé par un expert indépendant de la Marine. Cette expertise préalable est réalisée dans l’esprit de la convention de Hong Kong(1) pour « le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires ». Elle est ensuite fournie aux industriels candidats à la déconstruction, de manière à leur donner toutes les informations nécessaires et offrir toutes les garanties exigées. Après le choix d’un industriel, la réalisation des travaux proprement dite est engagée : dépollution, déconstruction, élimination des déchets et valorisation des matériaux recyclables dans les filières autorisées. Le Service de soutien de la flotte, faisant si nécessaire appel à des experts, contrôle tout le processus. Quels sont les points essentiels, pour la Marine, du processus de déconstruction ? Tout au long du processus, la Marine entend privilégier la sécurité des personnes qui travaillent sur le chantier, la préservation de l’environnement, le respect de la réglementation, la traçabilité des polluants et des matières à recycler et la recherche de la performance économique. La démarche adoptée pour la déconstruction de la coque Q 790 (ex-Clemenceau), qui a montré son efficacité, constitue désormais une référence. Elle sous-tend le plan d’action de la Marine en la matière. Quelles sont justement les caractéristiques de ce plan d’action ? Ce plan d’action repose sur quatre axes : la priorité

LA COQUE Q790 (EX-CLEMENCEAU) EN COURS DE DÉCONSTRUCTION.

donnée aux coques les plus anciennes, le recours à des marchés négociés, la constitution de lots attractifs pour les industriels et la recherche de l’efficacité financière. Dans les contrats de déconstruction que lance la Marine, le SSF distingue deux flux financiers : les dépenses qui permettent de rémunérer le titulaire pour les frais liés à l’exécution du contrat et les recettes par lesquelles l’État récupère le produit des ventes de matières valorisables. Des clauses du contrat prévoient par ailleurs que l’industriel est intéressé par le recyclage le plus complet. De ce fait, plus il y a de produits recyclés, et donc moins de déchets à enfouir, plus les recettes sont importantes pour l’État et l’industriel. La mise en œuvre du plan d’action a commencé. Quel est actuellement son état d’avancement ? Depuis 2009, plusieurs marchés d’inventaires de matières premières potentiellement dangereuses ont été conclus, pour les grands navires actuellement retirés du service ou qui le seront d’ici 2013, et aussi pour les petits navires et engins nautiques en attente de déconstruction. En dehors de la déconstruction de la coque Q 790 dont la procédure, en tous points satisfaisante, sert maintenant de référence, des opérations de déconstruction ont été exécutées avec succès ou sont en

cours d’exécution, par exemple celle de l’ex-patrouilleur Épée et de trois engins nautiques de 300 tonnes qui viennent de s’achever dans un chantier français. Plusieurs procédures de plus grande envergure sont aussi en cours ou seront lancées dans les trois prochaines années. Ainsi les procédures de déconstruction de l’ex-escorteur d’escadre Bouvet, de l’ex-pétrolier-ravitailleur Saône et des ex-bâtiments de débarquement de chars Dives et Argens ont démarré. La Marine vient aussi de lancer la procédure de déconstruction de deux ex-escorteurs d’escadre, de deux ex-avisos escorteurs et de deux ex-avisos A69, ainsi que de divers engins nautiques en attente à Brest. L’objectif est de passer d’ici 2014 des contrats de déconstruction pour tous les navires ou engins nautiques actuellement retirés du service au rythme de deux marchés par an À partir de 2014, la déconstruction des navires qui n’auront pu être cédés devrait suivre la cadence des retraits du service actif. Notre but sera dans tous les cas de réduire au maximum la durée de stockage avant la déconstruction. ®

(1) La convention de Hong Kong, adoptée en mai 2009 sous l’égide de l’organisation maritime internationale (OMI), concerne le « recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires ». Elle est en cours de ratification par les États membres de l’organisation maritime internationale.

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BAN DE NÎMES-GARONS LA MARINE PASSE LE RELAIS Relève de quart sur le site de Nîmes-Garons. La BAN transfère l’essentiel de son activité opérationnelle et technique vers Lann-Bihoué, qui deviendra ainsi l’unique base métropolitaine de l’aviation de patrouille, de surveillance et d’intervention maritime. Et l’armée de Terre prend possession du site.

1 Disons le tout net. Ce n’est pas la première fois qu’une base de la Marine ferme ses portes. Néanmoins, c’est la première fois que les emprises d’un site de l’aéronautique navale sont mises à disposition de l’armée de Terre. Dans quelques jours, les « pingouins » de Nîmes-Garons céderont la place au 503e régiment du train. Et la BAN deviendra une base de défense (BdD). Sur place, le redéploiement des hommes (1 500 personnes environ) et du matériel est en passe d’être achevé. Les flottilles, d’abord, ont dans leur majorité mis le cap sur Lorient et la base de Lann-Bihoué. La Bretagne accueille déjà la flottille 21F, ses Atlantique 2 et ses 300 personnels (pilotes, équipages, mécaniciens…). Avec la 23F, Lorient va donc désormais abriter une quinzaine d’avions en ligne pour les missions de patrouille maritime. Le regroupement des flottilles permettra une disponibilité accrue du parc. Dans le même temps, cette 18 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

LA BASE AÉRONAVALE EN QUELQUES CHIFFRES • Superficie : 429 ha (dont 75 de concession aéroportuaire attribués au gestionnaire de l’aéroport civil) ; • une piste de 2 440 mètres aux normes Otan ; • 80 bâtiments, dont 20 destinés au logement ; • 1 400 personnels : 200 civils et 1 200 militaires. n De 1961 à nos jours : • 26 commandants se sont succédé. • 57 personnes de la base sont décédées en service aérien commandé de 1964 à 1998.

réorganisation rapproche la force océanique stratégique de Brest de ces appareils dont l’une des missions est la lutte anti-sous-marine. Enfin, la 28F et ses cinq Xingu ont également rejoint le Morbihan. Les « tringlots », surnom donné aux fantassins du train, ont déjà acheminé d’importants convois depuis leur camp de Souges (Gironde) jusqu’à la base de Nîmes-Garons, le régiment devant être opérationnel le 1er juillet. Le site a d’ailleurs été adapté aux besoins de ses nouveaux occupants. Une enveloppe conséquente a permis de rénover cinq bâtiments et d’en construire six nouveaux pour l’hébergement des militaires. Après la fermeture des bases d’Aspretto (1993), de Saint-Raphaël (1995), de Saint-Mandrier (2004) et maintenant de Nîmes-Garons, l’aéronautique navale en Méditerranée est désormais concentrée sur la BAN de Hyères. Lann-Bihoué devient, aussi, l’unique

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Entretien avec le CV Mathieu, commandant de la BAN

« LA PATROUILLE MARITIME SE RÉORGANISE SUR SON NOUVEAU PORT-BASE » De la présence de la Marine sur la base de Nîmes-Garons, il restera un Atlantic exposé en bordure de route. Comme lui, quelques vestiges vont survivre au départ des marins, tape de bouche et couleurs des unités. Des murs du site, rien n’a été détruit. Avec l’arrivée du 503e régiment du train et de la base de défense, il a fallu plutôt construire. État des lieux de sortie avec celui qui reste le commandant de la base d’aéronautique navale jusqu’au 1er juillet, le capitaine de vaisseau Lionel Mathieu. 1 Commandant, pouvez-vous nous faire un point de situation de la dissolution de la base aéronavale ? Pour être précis, l’opération de déménagement s’est faite en deux étapes importantes : en 2010 la flottille 28F et ses cinq Xingu ont quitté Nîmes pour Lann-Bihoué, accompagnés du Centex Patsimar. Cette même année a vu également l’arrêt des activités de soutien technique. Aujourd’hui, l’activité opérationnelle de la base est complètement arrêtée. La flottille 21F a stoppé ses vols au mois de mai dernier. Elle déménage actuellement ses équipements techniques, mobiliers et moyens de communication. Les Atlantique 2 ont quitté Nîmes et ont été confiés à la 23F, la flottille sœur à Lorient, qui assume la totalité des missions pendant cette période de transition. L’École du personnel volant, qui est la deuxième plus importante entité de la base, a elle aussi mis fin à son activité de formation le 9 juin pour prendre ses nouveaux quartiers dans le Morbihan. Enfin, le détachement ATL2 du CEPA (Centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale) a définitivement quitté Nîmes pour s’installer sur la base aérienne d’Istres. Il va y continuer ses expérimentations puisque comme vous le savez, l’Atlantique est amélioré en permanence, notamment pour s’adapter à l’évolution de ses missions. Comment assurer aujourd’hui la mission de patrouille maritime sur une base au lieu de deux ? Il est évident que n’avoir qu’une base au lieu de deux présente un certain nombre de difficultés, mais l’équilibre avantages/inconvénients a été jugé plus pertinent par nos autorités et je crois que ce choix est relativement bon pour le dimensionnement de la patrouille maritime d’aujourd’hui. Les avantages qu’il faut y voir sont le regroupement sur une seule base des aéronefs de Patmar et une meilleure synergie entre la 21F et la 23F, toutes deux proches de leur soutien technique. La patrouille maritime se réorganise donc sur son port-base à Lann-Bihoué

LE CV MATHIEU (À GAUCHE) ET LE CA BOBIN.

mais elle assure ses missions comme auparavant en océan Indien, sur les théâtres africains, sur les façades atlantique et méditerranéenne. Et pour pallier l’absence de base permanente en Méditerranée, un détachement d’ATL2 sera ponctuellement mis en place à Hyères. La réorganisation de la patrouille maritime ne diminue donc pas son spectre de missions, mais les flottilles s’adaptent et s’organisent différemment pour travailler. Que deviennent les autres activités de la base telle que l’appontage simulé sur piste (ASSP) ? Une partie des appontages simulés sur piste était encore réalisée à Nîmes jusqu’au début de l’année 2010. Depuis cette date, cette activité est réalisée à

Istres. Il y a déjà eu, notamment pour le départ du porte-avions en océan Indien, un entraînement sur cette plateforme. Naturellement Istres a subi plusieurs types d’aménagements : d’abord un certain nombre d’opérations de rénovation du hangar historique de la Marine à Istres. Puis des aménagements sur la piste, comme la mise en place de miroirs nécessaires aux ASSP. Quels ont été vos objectifs pour ce transfert ? Le premier objectif que je me suis fixé lors de ma prise de commandement il y a un an, était de continuer à assurer nos missions tout en préparant la dissolution de la base. C’est un élément important qui a conditionné la façon dont nous avons géré cette transition et

la préparation de cette fermeture. Nos missions étaient de trois ordres. D’une part une mission opérationnelle avec la 21F qui a été engagée pendant cette année comme jamais depuis de longues années. D’autre part garder un rythme de formation soutenu pour le personnel volant. Enfin, continuer à opérer l’aérodrome mixte de Nîmes-Garons jusqu’au 1er juillet prochain. Mais il faut aussi bien comprendre que le passage de témoin s’organise autour de trois entités différentes : le 503e régiment du train, la base de défense de Nîmes-Orange-Laudun (qui installe son commandement et le noyau central de son GSBdD sur le site) et un troisième repreneur, le syndicat mixte pour le développement de l’aéroport NîmesCamargue-Alès qui reprend son exploitation, aidé en cela pour les activités de contrôle par la direction générale de l’aviation civile. On voit bien que la multiplicité des repreneurs est en soi une première difficulté. Aussi, il fallait atteindre deux objectifs : que l’ensemble des repreneurs hérite d’un site en bon état, fonctionnel et entretenu et d’autre part qu’ils aient les moyens de s’implanter dans les meilleures conditions, tout en étant soutenu par nos services pendant les premiers mois de fonctionnement. Quel est l’état d’esprit des marins de la base ? La base de Nîmes-Garons était bien intégrée dans son environnement. Ainsi nous avons bénéficié d’un important soutien des autorités militaires et civiles de la région pour la conduite de cette phase délicate. L’état d’esprit des marins est tourné vers l’avenir, qu’ils soient civils ou militaires. Si une nostalgie existe, la période actuelle ne s’y prête pas parce que le travail à faire est conséquent dans les quelques jours qui nous restent. Quant à moi, j’ai le sentiment qu’un important travail a été accompli avec une dernière année opérationnelle très dense. Nous n’avons pas pratiqué la politique de la terre brûlée, au contraire nous avons voulu transférer un outil en bon état qui servira à ceux qui prennent notre place. ® EV1 GRÉGOIRE CHAUMEIL

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HISTORIQUE LA BAN DE NÎMES EN QUELQUES DATES

1964 : Arrivée de l’École du personnel volant (EPV) et de l’escadrille 56S (EPV/56S) rapatriées d’Agadir en 1960. Elles s’installent d’abord à Lorient avant de rejoindre Nîmes en 1964. 1965 : Arrivée des premiers Breguet Atlantic à la 21F. 27 juin 1971 : Première journée porte ouverte.

1993 : Premier Atlantique 2 à la 21F.

Avant 1914 : Des études sont entreprises pour l’aménagement d’un aérodrome, mais elles sont interrompues par la guerre.

1996 : Dissolution de la flottille 22F (Atlantic).

1938-1939 : L’État achète des terrains pour construire un premier aérodrome.

1997 : Création du centre d’entraînement et d’instruction de Nîmes-Garons (CEI NG).

Seconde Guerre mondiale : Les Allemands construisent une piste en bitume de 1 800 mètres pour leurs besoins militaires. Avril 1949 : Inauguration de l’aéroport civil de Nîmes-Garons. Le trafic reste très réduit jusqu’en 1960.

2000 : Dissolution de la flottille 6F (Breguet Alizé).

1958 : Décision de créer une BAN à Nîmes. Deux objectifs sont recherchés : disposer d’une grande base de Patmar sur la façade méditerranéenne et accueillir les formations rapatriées d’Afrique du Nord.

2007 : Réfection de la piste et modernisation de la tour de contrôle.

24 octobre 1961 : Inauguration de la BAN. La circulation aérienne civile demeure, mais la Marine assure le contrôle aérien, la sécurité au sol et l’entretien des pistes. 1961 : Arrivée de la 6F. Flottille d’aviation embarquée. Sa mission, la sûreté par tout temps, des forces navales à la mer.

1962 : Installation des flottilles 21F et 22F (cette dernière a été dissoute en 1963). Elles arrivent de la base de Lartigue en Algérie.

2008 : Création du Centex Patsimar (Centre d’expertise de patrouille, de surveillance et d’intervention maritime). 24 juillet 2008 : Décision du ministre de la Défense de fermer la BAN.

2010 : Transfert de la flottille 28F et du Centex Patsimar à LannBihoué et arrêt du soutien technique aéronautique.

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base métropolitaine de l’aviation de patrouille, de surveillance et d’intervention maritime pour toute la France. Mais la dissolution de la BAN nîmoise ouvre également d’autres chantiers importants de transferts de ses activités. Ainsi les indispensables phases d’entraînement des avions de chasse du groupe aérien embarqué (Gaé) sont naturellement délocalisées. Le besoin annuel pour les appontages simulés sur piste (ASSP) est d’ores et déjà partiellement satisfait à Istres. Cette activité a nécessité des aménagements de la plate-forme, comme notamment un éclairage spécifique pour le vol de nuit et la mise en place d’un système optique d’aide à l’appontage conforme à celui du porte-avions. Après cinquante ans d’existence, la fermeture de la base aéronavale de Nîmes fait partie des restructurations prescrites par le Livre blanc, la nouvelle carte des emprises territoriales, et l’audit de Révision générale des politiques publiques (RGPP). Depuis 2008, l’enjeu est bien d’assurer dans la sérénité d’une part le transfert des ressources humaines, civiles et militaires sans pertes de compétences pour l’aéronautique navale, et d’autre part la réalisation d’infrastructures nouvelles dans un délai très court. ®

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Entretien avec le CV Mathieu, commandant de la BAN

« LA PATROUILLE MARITIME SE RÉORGANISE SUR SON NOUVEAU PORT-BASE » De la présence de la Marine sur la base de Nîmes-Garons, il restera un Atlantic exposé en bordure de route. Comme lui, quelques vestiges vont survivre au départ des marins, tape de bouche et couleurs des unités. Des murs du site, rien n’a été détruit. Avec l’arrivée du 503e régiment du train et de la base de défense, il a fallu plutôt construire. État des lieux de sortie avec celui qui reste le commandant de la base d’aéronautique navale jusqu’au 1er juillet, le capitaine de vaisseau Lionel Mathieu. 1 Commandant, pouvez-vous nous faire un point de situation de la dissolution de la base aéronavale ? Pour être précis, l’opération de déménagement s’est faite en deux étapes importantes : en 2010 la flottille 28F et ses cinq Xingu ont quitté Nîmes pour Lann-Bihoué, accompagnés du Centex Patsimar. Cette même année a vu également l’arrêt des activités de soutien technique. Aujourd’hui, l’activité opérationnelle de la base est complètement arrêtée. La flottille 21F a stoppé ses vols au mois de mai dernier. Elle déménage actuellement ses équipements techniques, mobiliers et moyens de communication. Les Atlantique 2 ont quitté Nîmes et ont été confiés à la 23F, la flottille sœur à Lorient, qui assume la totalité des missions pendant cette période de transition. L’École du personnel volant, qui est la deuxième plus importante entité de la base, a elle aussi mis fin à son activité de formation le 9 juin pour prendre ses nouveaux quartiers dans le Morbihan. Enfin, le détachement ATL2 du CEPA (Centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale) a définitivement quitté Nîmes pour s’installer sur la base aérienne d’Istres. Il va y continuer ses expérimentations puisque comme vous le savez, l’Atlantique est amélioré en permanence, notamment pour s’adapter à l’évolution de ses missions. Comment assurer aujourd’hui la mission de patrouille maritime sur une base au lieu de deux ? Il est évident que n’avoir qu’une base au lieu de deux présente un certain nombre de difficultés, mais l’équilibre avantages/inconvénients a été jugé plus pertinent par nos autorités et je crois que ce choix est relativement bon pour le dimensionnement de la patrouille maritime d’aujourd’hui. Les avantages qu’il faut y voir sont le regroupement sur une seule base des aéronefs de Patmar et une meilleure synergie entre la 21F et la 23F, toutes deux proches de leur soutien technique. La patrouille maritime se réorganise donc sur son port-base à Lann-Bihoué

LE CV MATHIEU (À GAUCHE) ET LE CA BOBIN.

mais elle assure ses missions comme auparavant en océan Indien, sur les théâtres africains, sur les façades atlantique et méditerranéenne. Et pour pallier l’absence de base permanente en Méditerranée, un détachement d’ATL2 sera ponctuellement mis en place à Hyères. La réorganisation de la patrouille maritime ne diminue donc pas son spectre de missions, mais les flottilles s’adaptent et s’organisent différemment pour travailler. Que deviennent les autres activités de la base telle que l’appontage simulé sur piste (ASSP) ? Une partie des appontages simulés sur piste était encore réalisée à Nîmes jusqu’au début de l’année 2010. Depuis cette date, cette activité est réalisée à

Istres. Il y a déjà eu, notamment pour le départ du porte-avions en océan Indien, un entraînement sur cette plateforme. Naturellement Istres a subi plusieurs types d’aménagements : d’abord un certain nombre d’opérations de rénovation du hangar historique de la Marine à Istres. Puis des aménagements sur la piste, comme la mise en place de miroirs nécessaires aux ASSP. Quels ont été vos objectifs pour ce transfert ? Le premier objectif que je me suis fixé lors de ma prise de commandement il y a un an, était de continuer à assurer nos missions tout en préparant la dissolution de la base. C’est un élément important qui a conditionné la façon dont nous avons géré cette transition et

la préparation de cette fermeture. Nos missions étaient de trois ordres. D’une part une mission opérationnelle avec la 21F qui a été engagée pendant cette année comme jamais depuis de longues années. D’autre part garder un rythme de formation soutenu pour le personnel volant. Enfin, continuer à opérer l’aérodrome mixte de Nîmes-Garons jusqu’au 1er juillet prochain. Mais il faut aussi bien comprendre que le passage de témoin s’organise autour de trois entités différentes : le 503e régiment du train, la base de défense de Nîmes-Orange-Laudun (qui installe son commandement et le noyau central de son GSBdD sur le site) et un troisième repreneur, le syndicat mixte pour le développement de l’aéroport NîmesCamargue-Alès qui reprend son exploitation, aidé en cela pour les activités de contrôle par la direction générale de l’aviation civile. On voit bien que la multiplicité des repreneurs est en soi une première difficulté. Aussi, il fallait atteindre deux objectifs : que l’ensemble des repreneurs hérite d’un site en bon état, fonctionnel et entretenu et d’autre part qu’ils aient les moyens de s’implanter dans les meilleures conditions, tout en étant soutenu par nos services pendant les premiers mois de fonctionnement. Quel est l’état d’esprit des marins de la base ? La base de Nîmes-Garons était bien intégrée dans son environnement. Ainsi nous avons bénéficié d’un important soutien des autorités militaires et civiles de la région pour la conduite de cette phase délicate. L’état d’esprit des marins est tourné vers l’avenir, qu’ils soient civils ou militaires. Si une nostalgie existe, la période actuelle ne s’y prête pas parce que le travail à faire est conséquent dans les quelques jours qui nous restent. Quant à moi, j’ai le sentiment qu’un important travail a été accompli avec une dernière année opérationnelle très dense. Nous n’avons pas pratiqué la politique de la terre brûlée, au contraire nous avons voulu transférer un outil en bon état qui servira à ceux qui prennent notre place. ® EV1 GRÉGOIRE CHAUMEIL

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BUDGET DE LA MARINE « NOUS RECHERCHONS LA PERFORMANCE » Plus de 4 milliards d’euros. C’est le budget global de la Marine en 2010. Dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques, des structures ont été créées afin d’optimiser la gestion des enveloppes budgétaires. Comment celles-ci sont-elles redistribuées ? Pour qui ? Selon quels impératifs ? Éléments de réponses avec l’officier de 1re classe Sébastien Philippon-Lebrec, adjoint au chef de la cellule Finances du bureau Logistique générale, à l’état-major parisien. 1 Capitaine, pouvez-vous nous décrire votre position au sein de l’EMM ? Je fais partie de la cellule Finances du bureau Logistique générale de l’étatmajor de la Marine. Les activités de ce bureau concernent aussi bien la logistique de la métropole que celle de l’outre-mer ou de l’étranger. La cellule Finances est appelée Unité Opérationnelle (UO) « activités des forces » et se constitue de trois personnes. Il existe actuellement treize UO dans la Marine, ce nombre sera réduit en 2012. Chacune d’elle assure la gestion de crédits destinés à l’une des activités de la Marine. Avec un budget de 300 millions d’euros, notre UO est la troisième de la Marine en termes de dimension financière. À chaque début d’année, nous recevons des crédits que nous devons allouer à des formations et services de la Marine afin qu’ils puissent accomplir leurs missions. Quels sont les bénéficiaires ? Les besoins de financement sont nombreux et les bénéficiaires de nos crédits sont répartis partout où se trouvent des formations de la Marine. Notre UO a une spécificité : c’est la seule dont le périmètre d’activité soit aussi large. Nous pouvons distinguer quatre secteurs sous notre responsabilité : le premier est stratégique car il s’agit des carburants. Comme vous devez vous en douter, nous suivons avec attention le cours du baril de Brent et travaillons en liaison avec le bureau des opérations (EMO). Les investissements pour les équipements militaires représentent le second secteur. Il s’agit des missiles et munitions des bâtiments de surface, sous-marins et aéronefs. L’activité et l’entraînement des forces constituent notre troisième secteur. Sous cette appellation, on vise par exemple l’entraînement de nos commandos pour le saut en parachute, le marché de fourniture d’heures de vol d’aéronef ou de prestations de plastrons de surface pour l’entraînement des formations de la Marine. Sont aussi groupés sous cette appellation les 22 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

Quels sont vos objectifs pour la gestion des ressources financières de la Marine ? Notre objectif est de soutenir les forces avec un impératif : optimiser l’utilisation des deniers publics pour que la Marine continue d’assurer ses missions au service de l’État. Le pilotage effectué par les UO constitue un levier d’actions pour le MGM dont nous recevons les directives. Nous recherchons la performance et dans cette optique, le dialogue fréquent avec nos interlocuteurs de la Marine ou de la DGA est primordial. Notre rôle est de satisfaire les besoins de financement des formations qui nous sollicitent de métropole ou d’ailleurs, au moyen d’une enveloppe globale déjà importante mais contrainte. C’est un exercice quotidien et passionnant.

dépenses d’escales de nos bâtiments à l’étranger et l’affrètement de remorqueurs de haute mer dans le cadre de la lutte contre la pollution ou du sauvetage en mer. Nous finançons par exemple l’affrètement du remorqueur Abeille Bourbon positionné à Brest. Le quatrième et dernier secteur dont nous

nous occupons touche au fonctionnement et à la vie quotidienne de la Marine, en métropole, outre-mer et à l’étranger. Un exemple : tout marin qui voyage en avion ou déjeune hors de métropole doit savoir que c’est l’UO « activité des forces » qui en a assuré le financement.

On imagine que vous devez rendre des comptes… Naturellement, nous devons rendre compte de la bonne utilisation de nos crédits, puisque la Marine possède ellemême cette obligation au travers de travaux budgétaires auxquels nous participons avec le responsable de programme budgétaire (EMA) et la direction des affaires financières. Tout au long de l’année, nous avons à justifier nos choix mais aussi alerter quand nous prévoyons un accroissement imprévu des dépenses. Pour gérer ces crédits, nous utilisons, depuis le 1er janvier 2010, le progiciel de gestion Chorus qui nous permet de contrôler en temps réel le niveau de consommation de notre budget et les matériels ou prestations financés. Nous pouvons également suivre à tout moment les dépenses des formations que nous finançons afin de s’assurer que le montant des crédits alloués est suffisant ou sur le point d’être dépassé. C’est un instrument de gestion connu et reconnu dans le monde de l’entreprise et il a été adapté au profit de l’État et de ses ministères. Nous pouvons ainsi partager une culture commune de la performance. ® ENTRETIEN RÉALISÉ PAR L’EV1 GRÉGOIRE CHAUMEIL

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SPONTEX 11 QUAND LA LUTTE ANTI-SOUS-MARINE SE MET À L’HEURE INTERNATIONALE 1 Du breton « Spon » signifiant terrible en langue celte, et de « ex » raccourci commun dans le vocabulaire marin pour parler d’un exercice, Spontex est un entraînement international qui, comme son nom l’indique, met les nerfs de ses participants à rude épreuve puisqu’il se déroule dans un scénario de crise géopolitique majeure. Organisé tous les deux ans par la Force d’action navale, en collaboration avec les bases de l’aéronautique navale de Lann-Bihoué et Lanvéoc et les forces sous-marines, ce déploiement prend place dans une zone très vaste du golfe de Gascogne. S’articulant autour de deux phases bien distinctes, il permet aux marins français et invités étrangers de pouvoir échanger et s’entraîner au mieux, en particulier en lutte sous la mer mais aussi dans tout le spectre de leurs capacités. Pour cette 13e édition, près de 1 500 marins de six nations différentes ont été regroupés au sein de la Task Force 450 sous commandement français, composée de dix bâtiments de surface, deux sousmarins, huit hélicoptères et plusieurs avions de patrouille maritime.

de veiller à la sécurité des opérations. Le quotidien des équipages a été alors rythmé par le niveau de la crise géopolitique qui s’est élevé de jour en jour pour atteindre son apogée juste avant la fin de l’exercice, lorsque le conflit a fictivement éclaté. Ces quelques jours auront ainsi permis à tous les membres de l’état-major, du communicant au juriste en passant par le chef logistique, d’exercer leurs métiers exactement comme dans les situations réelles ; et aux équipages, du commandant au matelot, de répéter sans préavis et dans un contexte où l’urgence et le stress sont rois, tous les gestes qu’ils doivent savoir effectuer pour permettre la réussite d’une opération navale. Le groupe international s’est finalement séparé à l’issue de dix jours de mer. Après avoir mis en commun les méthodes de travail et échangé tous les savoirs nécessaires au bon fonctionnement d’une opération menée conjointement par plusieurs pays et dans un cadre de lutte anti-sous-marine, les unités sont donc reparties vers leurs pays respectifs, les équipages fatigués, mais riches d’une expérience de haut niveau dans tous leurs domaines de compétence. ®

Une pléiade d’entraînements Après avoir quitté Brest le 9 mai 2011, les équipages français, anglais et polonais, aidés par les deux sous-marins suédois et allemand, ont testé leurs compétences en matière de lutte sous la mer, leur coordination et leur capacité d’intégration, dans les petits comme dans les grands fonds. En plus des exercices de détection et de chasse aux sousmarins, différents entraînements au tir, à la sécurité, à la défense aérienne, en coordination avec les aéronefs français, anglais et américains, ont rythmé le quotidien de la force durant les cinq premiers jours. Au total, vingt et un exercices de lutte anti-sous-marine, deux de lutte au-dessus de la surface, quatre de lutte antiaérienne et cinq grandes manœuvres telles que les présentations pour ravitaillement en mer ou pour remorquage, ont été réalisés de jour comme de nuit puisque l’activité des bâtiments ne s’arrête jamais. Pendant que les nations participantes, amenées à évoluer ensemble sur les théâtres d’opérations, s’échangeaient leurs techniques et méthodes de travail, l’étatmajor dirigé par le vice-amiral Labonne

ASP VINCENT LOUSTAUNAU

et embarqué à bord de la frégate De Grasse se concentrait quant à lui sur la préparation de l’emploi tactique des unités pour la deuxième semaine.

Une phase tactique très intense Kernaoned, Elorn ou Sylvany… ces régions sont évidemment fictives mais

ont bel et bien hanté les heures des participants à Spontex 11 dès le début de la deuxième semaine, et ce jusqu’au retour à Brest. Après s’être intensivement entraînées ensemble, les unités sont en effet rentrées dans une phase tactique orchestrée par l’état-major embarqué et des animateurs à terre, chargés également

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MICHEL RONDEAU DEVIENT ÉCRIVAIN DE MARINE

L’AMIRAL FORISSIER REMET L’INSIGNE D’ÉCRIVAIN DE MARINE À MICHEL RONDEAU.

1 « La mer et la langue française ont de nombreux points communs. Avec vous, nous sommes heureux d’avoir trouvé un écrivain qui savait naviguer. » C’est en ces termes que l’amiral Forissier a remis les insignes d’écrivain de marine à M. Michel Rondeau, le 10 juin dernier, dans les salons de l’hôtel de la Marine. Le nouvel écrivain de marine a plusieurs cordes à son arc : diplomate (il est ambassadeur à Malte depuis 2008), romancier, journaliste, éditeur et scénariste, mais aussi passionné de la mer, surtout de la Méditerranée à laquelle il

a consacré plusieurs livres. Ses fonctions à Malte lui ont d’ailleurs donné l’occasion d’accueillir en trois ans plus de vingt bâtiments de la Marine dans cette île située au cœur des eaux méditerranéennes. C’est aussi en tant qu’ambassadeur et écrivain qu’en 2009 M. Rondeau a invité les écrivains de marine à se retrouver à bord de la Jeanne d’Arc qui croisait au large de La Valette. En novembre de la même année, il concevait « Ulysse 2009 », un voyage symbolique et littéraire qui visait à faire vivre les idées et les valeurs communes qui unissent les deux rives de la Médi-

terranée. Écrivains et diplomates français et étrangers ont donc embarqué sur le pétrolier-ravitailleur Marne pour un périple qui les a conduit de Malte à Beyrouth. Rencontres, débats et conférences se succédant d’escale en escale. « Je suis écrivain, je crois au pouvoir des mots, mais j’agis aussi en diplomate : avec un bâtiment de la Marine nationale, c’est un petit morceau de France qui se déplace. Une certaine idée de la liberté aussi. » Michel Rondeau rejoint ainsi l’Association des écrivains de marine, dont plusieurs étaient présents le 10 juin. Didier Decoin, président de l’association, dans son discours d’accueil a rappelé l’origine des écrivains de marine.

MICHEL RONDEAU BRANDIT UN ÉLÉMENT DE SON NOUVEL UNIFORME : LE PULL MARIN, QUE VIENT DE LUI REMETTRE LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR.

Sur les vaisseaux de la marine en bois, ils devaient « prendre note de tout ». Aujourd’hui encore, le rôle des écrivains de marine, une association créée en 2003 par Jean-François Deniau, est de témoigner avec l’œil de l’artiste, de la vie à bord de nos bâtiments. ®

« PHOTO DE FAMILLE » DES ÉCRIVAINS DE MARINE AUTOUR DE L’AMIRAL FORISSIER.

COMMÉMORATION PERTE DU CONTRE-TORPILLEUR BISON 1 Le 3 mai 1940, le contre-torpilleur Bison coulait bas alors qu’il assurait la protection du convoi d’évacuation de Namsos. Soixante et onze ans plus tard jour pour jour, une cérémonie en mer était organisée à bord du remorqueur côtier Bison. Alors que le Bisonappareille pour la cérémonie, en arborant fièrement la four-

ragère de la Croix de guerre avec olive 39-45, en tant qu’héritier du contre-torpilleur, les invités rassemblés plage arrière s’égayent de ce moment. Les anciens chasseurs alpins sont venus en nombre. Le consul de Norvège à Marseille, M.Gilbert Brown est également présent, ainsi que le CC Célérier, commandant l’aviso Commandant Bouan, et le CF Le Gall,

qui représente le commandant de la base navale de Toulon. Lorsqu’arrive l’heure de la cérémonie, tous les invités se rassemblent. MM André Roux et Jean-Félix Manéséro, respectivement 94 et 97 ans, anciens chasseurs alpins débarqués en avril 1940 en Norvège, sont tout particulièrement à l’honneur aux côtés du commandant.

UN PEU D’HISTOIRE Le 9 avril 1940, les Allemands occupent la Norvège. L’état-major francoanglais décide d’agir : il faut couper l’approvisionnement de l’Allemagne en fer suédois. Narvik est rapidement reprise. À Namsos, le 19 avril, 6 000 hommes sont débarqués, dont 3 000 chasseurs alpins et légionnaires français. Mais devant l’écrasante supériorité aérienne allemande, il est décidé d’évacuer le corps expéditionnaire. Dans la nuit du 2 au 3 mai, en moins de trois heures, 5 400 hommes (Français, Anglais et Polonais) rembarquent. Dès le lever du soleil, le convoi est violemment attaqué par l’aviation allemande. À 10 h 08, le contre-torpilleur Bison est touché à mort par une bombe de 300 kg. La frégate anglaise Afridi qui a récupéré les rescapés sera elle aussi coulée par une nouvelle attaque en début d’après-midi. Les marins du Bison, de nouveau à l’eau, seront repêchés puis définitivement mis en sécurité. Mais au cours de cette journée, 136 hommes ont péri, dont le commandant, le capitaine de vaisseau Roger Bouan.

LA COURONNE EST JETÉE À LA MER PAR THIBAULT, ARRIÈRE-PETIT-FILS DU COMMANDANT BOUAN, ET LE MATELOT MICHEL DU RCVS BISON.

Quant au dernier survivant de l’équipage de 1940, M.Jacques Tilly, 91 ans, il est représenté par son fils Bernard et son petit-fils. À leur droite, se tient M.Patrick Bouan, petit-fils du CV Bouan, accompagné de son propre fils Thibault Bouan, 10 ans. C’est à ce dernier que revient l’honneur de porter la couronne commémorative. Il s’avance devant les invités et avec le matelot Michel, jeune QMF Pont du RCVS Bison, jette la couronne à la mer. Sobriété et émotion ont dominé cette cérémonie où le souvenir des morts a été prégnant. ® L’ÉQUIPAGE DU RCVS BISON

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FRÉGATE CHEVALIER PAUL ADMIS AU SERVICE ACTIF 1 L’admission au service actif est une étape essentielle de la vie d’un bâtiment. Le Chevalier Paul, dont l’admission au service actif a eu lieu le 10 juin 2011, pourra désormais mener des missions opérationnelles. Et l’actualité l’y mène déjà puisque dans les prochains jours, il participera à l’opération Harmattan. La frégate Chevalier Paul est le fruit du programme naval franco-italien Horizon qui prévoie la construction de deux frégates de nouvelle génération, initiant ainsi le renouvellement de la composante défense aérienne de la flotte. Le Forbinet le Chevalier Paul ont remplacé les frégates lance-missiles Suffren, désarmée en 2001, et Duquesne, désarmée en 2007. Le Chevalier Paul a donc pour mission la défense aérienne. Son système

d’armes antiaérien principal lui permet de faire face aux menaces des missiles les plus récents et de réagir, notam-

ment grâce à ses missiles Aster à silos verticaux, aux attaques aériennes d’importance. Sa discrétion électromagnétique comme sa capacité d’alerte et de leurage en font un bâtiment de combat adapté aux situations d’hostilités intenses comme aux zones de crises. Il peut assurer la protection d’une force (aéronavale, amphibie, voire civile) contre les menaces aériennes (missiles antinavires supersoniques notamment). Il peut exercer le commandement et la coordination des opérations aériennes menées à partir de la mer, y compris celles mettant en œuvre des aéronefs étrangers. Ses capacités dans les autres domaines de lutte lui permettent également de remplir des missions de nature

très diverses : sécurisation d’une zone maritime, contrôle du trafic commercial, évacuation de ressortissants… ®

FUSILIERS MARINS EESTI MARINES VASTU PIRAATIDE (1) 1 En mai 2011, l’École des fusiliers marins a accueilli un détachement de marins estoniens pour une formation aux techniques des équipes de protection embarquées (EPE). Il s’agit de les préparer à l’opération européenne Atalante qui lutte contre la piraterie en océan Indien depuis 2008. Depuis le lancement d’Atalante, vingtdeux pays européens ont fourni des moyens militaires à la force. L’Estonie a décidé d’apporter sa contribution à la coalition européenne en déployant un groupe de marins sur un bâtiment français. Avant leur intégration dans le dispositif de protection des navires de commerce, ils ont suivi une formation d’une semaine à l’École des fusiliers de Lorient sous l’égide du bureau Entraînement de la Force maritime des fusiliers marins et commandos. Après une présentation des différentes missions attribuées aux EPE, ils se sont

initiés aux techniques des équipes de visite et ont suivi une instruction complète sur les moyens nautiques et les armes de la Marine nationale. Durant ces cinq jours, ils ont alterné exercices dynamiques au CESAM (Centre d’entraînement spécialisé assaut mer), formations pratiques et mises en œuvre des procédures de la Marine. Issus de différentes composantes de la

Marine estonienne, les stagiaires, qui pour l’occasion échangeaient principalement en anglais avec leurs instructeurs, étaient très motivés par leur mission. Ils ont rapidement montré qu’ils constituaient un groupe expérimenté et discipliné grâce à une formation initiale de qualité en Estonie. Pour leurs instructeurs français, ils possèdent toutes les qualités pour s’intégrer rapidement

au sein de l’équipage d’une frégate actuellement déployée en océan Indien. C’est chose faite depuis le 4 mai dernier, où les marins estoniens ont rejoint l’équipage de la frégate de surveillance Nivôse actuellement en patrouille dans le golfe d’Aden. Entièrement intégrée à la vie du bord et au tour de quart, le détachement de protection estonien s’est adapté aux opérations menées par le Nivôse avec la rigueur et les qualités démontrées à Lorient. Ce détachement d’une dizaine de marins estoniens a été déterminant lors des interventions contre des boutres piratés (appui par des tireurs d’élite, prise en compte et surveillance des présumés pirates). Le Nivôse se félicite de compter ce renfort dans ces rangs. ® EV1 THIERRY MAGUET ET L’ÉQUIPAGE DE LA FS NIVÔSE

(1) Les fusiliers marins estoniens contre les pirates.

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loisirs

COLLOQUE LE JUGE, LE MARIN ET LA CONVENTION DU DROIT DE LA MER Praticiens de la mer et praticiens du droit sont de plus en plus souvent amenés à travailler ensemble. Croiser les expériences respectives, confronter les points de vue, tel était l’objectif du colloque qui s’est tenu en avril dernier à la Cour de cassation sur le thème : l’action de l’État en mer et la sécurité des espaces maritimes, la place de l’autorité judiciaire.

1 Le procureur général près la Cour de cassation, M. Jean-Louis Nadal, a introduit la conférence en rappelant les objectifs de la rencontre : « La Cour de cassation se réjouit de vous accueillir aujourd’hui, dans le décor somptueux de sa Grand’chambre, sous le tableau de Paul Baudry intitulé La Glorification de la loi, qui orne son plafond. Ce colloque réunit tout à la fois des magistrats, des acteurs de l’action de l’État en mer, confrontés au plus haut niveau à l’opérationnel, et enfin des directeurs d’administration qui sont au centre du processus d’élaboration de normes nouvelles, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Cette synergie entre juristes et acteurs de terrain, ou plutôt des mers, doit favoriser la confrontation des points de vue et l’émergence d’analyses partagées sur l’état des lieux et les perspectives d’évolution : elle atteste de la volonté d’ouverture sur l’extérieur de la Cour de cassation, à laquelle je suis particulièrement attaché. »

Croiser les expériences respectives Cette première pour la Marine nationale est née d’une rencontre entre le procureur général près la Cour de cassation et l’inspecteur général des armées – Marine, l’amiral Jacques Launay. Ce dernier a répondu très favorablement à cette sollicitation car il lui est apparu en effet essentiel non seulement « de croiser les expériences respectives, mais aussi 26 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

l’adapter aux réalités du monde maritime ajoute à cette complexité. La récente loi sur la répression de la piraterie et les modalités de privation et de restriction de liberté en mer en constitue une parfaite illustration. » Il a aussi invité les autorités judiciaires à profiter de chaque opportunité, de chaque « affaire », touchant de près ou de loin le milieu marin pour embarquer. Pour le secrétaire général de la mer, ce n’est qu’en vivant « quelques heures ou quelques jours en mer » que l’on est le mieux à même de « percevoir le quotidien et les réalités de l’action des marins et la difficile transposition des règles terrestres à ce milieu ».

LUTTE CONTRE LE TRAFIC DE DROGUE.

de saisir cette occasion unique de pouvoir parler de la mer au sein de la plus haute juridiction de l’ordre judicaire ». Bien évidemment, compte tenu du sujet traité, cette conférence était placée sous le haut patronage du secrétaire général de la mer (SG Mer), M. Jean-François Tallec, qui a notamment introduit la partie consacrée aux enjeux de l’action de l’État en mer. Une initiative qui tombe à point nommé, a souligné le responsable de la coordination nationale de l’action de l’État en mer auprès du Premier ministre. En effet, elle vient après la définition de la première stratégie maritime de la France dans le cadre du Livre bleu (9 décembre 2009) pour bien prendre en compte « le rôle essen-

tiel de l’autorité judiciaire dans la stratégie nationale ». Le SG Mer a beaucoup insisté sur l’importance de la connaissance et de l’intérêt réciproques, considérant comme « essentiel que le préfet maritime connaisse les contraintes et les attentes du procureur et que celui-ci soit à la fois sensibilisé aux affaires de la mer et informé des capacités d’action des moyens de l’État au regard des exigences que le milieu physique impose ». Mais c’est très en amont que cet intérêt réciproque doit se manifester dans la préparation des textes, lois et décrets qui organisent l’action administrative et judiciaire. « La rédaction d’un projet de loi est déjà une affaire complexe,

Le droit est au cœur de l’action de la Marine L’amiral Launay, qui représentait le chef d’état-major de la Marine, a rappelé la nécessité d’une marine océanique au large spectre de missions. Il a mis l’accent sur le fait que la France, disposant de droits sur le deuxième domaine maritime mondial, a, en contrepartie, d’importantes responsabilités nationales et internationales. C’est à ce titre que la Marine est appelée à intervenir pour faire respecter les intérêts de la Nation en mer et ses droits souverains. Les magistrats ont écouté avec intérêt les positions exprimées par les marins. Un beau « panel » d’autorités avait été réuni

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AMIRAL LAUNAY, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES ARMÉES – MARINE.

M. TALLEC, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA MER.

pour l’occasion. Modérées par le viceamiral Magne et par le contre-amiral Bosselut, les différentes tables rondes ont permis d’entendre les interventions d’un préfet maritime, le vice-amiral d’escadre de Saint Salvy, de l’adjoint d’un autre préfet maritime, le commissaire général Velut et du colonel Strub, commandant de la Gendarmerie maritime. Il est apparu tout au long de cette journée que la polyvalence de la Marine constituait un véritable atout pour l’État en lui permettant de passer sans difficulté des missions de combat aux missions de police, ce qui est cohérent dans la perspective du « continuum » défense et sécurité. Le droit est ainsi au cœur de l’action de la Marine nationale, en particulier dans la lutte contre le trafic de drogue, contre les pêches illicites ou contre l’immigration clandestine. Les différentes interventions de la partie « Marine » ont aussi montré que le modèle de l’AEM avait de bonnes capacités d’adaptation, notamment grâce aux relations humaines tis-

commerciaux maritimes (projet de création de pôles maritimes) sont relevés les uns après les autres. Néanmoins notre droit est désormais confronté à un immense défi, celui de son adaptation aux nouvelles normes européennes (directives européennes) et à la jurisprudence des juridictions européennes (Cour de justice de la communauté européenne, Cour européenne des droits de l’Homme) d’inspiration anglo-saxonne. Le procureur général Nadal a ainsi rappelé que « cette politique d’action de l’État en mer doit pouvoir s’appuyer sur un droit national et international sûr et stable : il y a là un défi majeur, puisqu’il s’agit de concilier l’exigence d’efficacité des missions de police des océans avec la nécessaire pérennité des règles fondamentales qui garantissent à la fois la liberté des mers et la souveraineté des États côtiers ». Il revenait au président de l’Académie de marine M. Jean-Pierre Queneudec, par ailleurs éminent professeur de droit de la mer, de conclure ce colloque. En quelques formules magistrales, il a rassemblé les points saillants des échanges de la journée. Plus particulièrement, il a rappelé la demande des marins, pour faciliter la réalisation de leur mission, d’établir une dissociation entre le navire intercepté, l’équipage et les matières saisies dans les opérations de lutte contre le narcotrafic. Et de conclure que cette conférence aurait pu finalement s’intituler « Le marin, le juge et la convention » en référence à la convention internationale des Nations unies sur le droit de la mer qui fut notre repère tout au long de cette journée et dont il avait été un des pères fondateurs. ®

LUTTE CONTRE LA PIRATERIE.

LUTTE CONTRE LES PÊCHES ILLICITES.

sées entre les différents acteurs. Cette qualité s’illustre parfaitement dans le tandem formé par le préfet maritime et le procureur de la République qui fonctionne particulièrement bien. Mais déjà un nouvel acteur judiciaire apparaît, le juge des libertés et de la détention. Celui-ci, depuis une loi du 5 janvier 2011, est chargé de contrôler les conditions de rétention des personnes interceptées en mer.

Un droit vivant pour faire face aux nouveaux enjeux de la mer De nombreux magistrats sont également intervenus au cours de cette journée et ont montré une grande maî-

trise de l’environnement des affaires judiciaires en mer. Les marins ont écouté avec intérêt les interventions relatives aux aspects judiciaires de la lutte contre la criminalité organisée, aux réponses judiciaires en matière de lutte contre la pollution ou aux évolutions du droit national et européen pour répondre aux nouveaux défis auxquels nous sommes exposés. Il ressort de toutes ces interventions un droit et une jurisprudence très vivants qui permettent à notre organisation de faire face aux nouveaux enjeux. Les défis de la piraterie, de la rétention des personnes en mer et de la déclaration d’inconstitutionnalité des tribunaux

CRC1 THIERRY DUCHESNE

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CHRONIQUE

dupersonnel

LA MARINE ET LE HANDICAP Vous êtes victime d’un accident en opération et êtes déclaré inapte à reprendre votre activité. Dans quelle mesure votre handicap peut-il être reconnu ? Quels sont vos droits ? De quelle manière votre vie et vos activités peuvent être adaptées au handicap ? 1 Tout d’abord un rappel de définition qui est susceptible d’être utile : constitue un handicap, au sens de la loi 2005-102 du 11 février 2005, « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».

Carrière et handicap Le ministère de la Défense, à l’instar de l’ensemble de la fonction publique ou des entreprises privées, est tenu d’employer 6 % minimum de travailleurs handicapés et bénéficiaires de l’obligation d’emploi. Vous êtes « bénéficiaires de l’obligation d’emploi », en votre qualité de militaire, dès lors que vous êtes titulaire d’une pension militaire d’invalidité (accident ou maladie imputable au service). Si vous n’êtes pas bénéficiaire de l’obligation d’emploi (exemple : accident ayant eu lieu en quartier libre), vous pouvez néanmoins déposer votre candidature, à la condition d’être muni d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Afin de l’obtenir, il faut contacter la maison départementale des personnes handicapées de votre département (MDPH). Des fiches de

postes sont consultables sur le site Internet du SGA en suivant le lien http://www.defense. gouv.fr/sga/le-

sga-en-action/ressources-humaines/ handicap/travailleurs-handicapes. La Marine a également établi des

LES ACTEURS « MARINE » • La cellule d’aide aux blessés et malades de la Marine (CAB2M) : assure le soutien administratif des marins dont l’indisponibilité prévisible est supérieure à 45 jours. • Le centre administratif et financier de la Marine : assure le suivi administratif des marins en congés longs (arrêt supérieur à 180 jours). • L’officier de liaison du bureau EMM/CPM/ASF : assure le suivi humain et dans la durée des blessés et malades de la Marine et veille à la coordination des différents acteurs dans la gestion du dossier de l’intéressé. • Le correspondant handicap : fédère les différentes initiatives en faveur des travailleurs handicapés. CONTACTS • SA Nathalie Salgado, correspondant handicap (EMM PC) : 01 42 92 13 51. • EV2 Ludivine Guédon, officier de liaison juriste (EMM/CPM/ASF) : 01 53 42 80 32. • La cellule d’aide aux blessés et malades de la Marine (CAB2M) : 04 22 42 12 31.

«

Les vérités différentes en apparence sont comme d’innombrables feuilles qui paraissent différentes et qui sont sur le même arbre. GANDHI, EXTRAIT DES LETTRES À L’ASHRAM

»

contacts avec l’association CastelMauboussin. Fondée en 1996, cette association a pour objectif de mettre en place des filières de formation et d’intégration professionnelle des personnes handicapées, dans le domaine de l’aéronautique.

Aides et handicap Créées par la loi 2005-102 du 11 février 2005, les commissions des droits et l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) sont présentes au sein de chaque maison départementale des personnes handicapées et prennent toutes les décisions concernant les aides et les prestations (attribution de la carte d’invalidité, attribution de l’allocation aux adultes handicapés, complément de ressources, attribution de la prestation de compensation pouvant comprendre l’aménagement du véhicule et/ou du logement, reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé). Pour toute constitution de dossier, prenez contact avec la MDPH de votre département (http://www.cnsa.fr/) ou une assistante sociale de la Dirasa compétente.

Loisirs et handicap Créé en 1966, le Cercle sportif de l’institution nationale des Invalides (CSINI) a pour mission de favoriser, par la pratique sportive, la réadap-

UN MARIN À LA MONTAGNE… Le Cercle sportif de l’institution nationale des Invalides (CSINI) a organisé du 20 au 26 mars 2011, un stage de ski au profit des blessés militaires atteints d’un handicap. Ce stage interarmées a rassemblé dix blessés des quatre armées (dont un marin) sur la station de Lancelebourg Valcenis dans la Haute Maurienne. L’encadrement, composé des cadres du CSINI (LCL Varlet, ADJ Broussons, SCH Defosse, SCH Picardat, MT Chalancon, SM Lubarski), d’Emmanuelle Jorcin (monitrice de ski), ainsi que de Jean-Marie Frichet (ancien directeur technique fédéral de ski Handisport), a permis aux blessés de pratiquer le ski alpin dans d’excellentes conditions avec du matériel adapté à leur handicap. La Marine nationale était représentée par le SM fusilier Mickael Pech (voir encadré). Le CSINI organisera un stage multisports en juillet 2011 à Paris et à Reims où seront proposées des activités telles que la natation, l’aviron, le tir à l’arc, le tennis de table et bien d’autres encore. Pour y participer, n’hésitez pas à contacter le CSINI ou l’EV2 Ludivine Guédon, officier de liaison juriste du bureau EMM/CPM ! 28 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011

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tation, la réinsertion et la reconstruction des personnes atteintes d’un handicap. Comptant 350 adhérents de tout âge, civils et militaires, le cercle a développé la pratique d’activités variées et enseignées par une équipe de moniteurs EPMS spécialisés dans le handisport (le ski, l’haltérophilie, la natation, le cyclisme, l’équitation, le foot-fauteuil, le torball…).

Des stages handisports interarmées sont organisés par le cercle chaque année. Le prochain aura lieu à Reims du 4 au 8 juillet 2011. Les personnes intéressées doivent contacter l’adjudant Julien Brousson (courriel : [email protected]) ou l’enseigne de vaisseau de 2e classe Ludivine Guédon, officier de liaison juriste (EMM/CPM/ASF) au 01 53 42 80 32. ®

TÉMOIGNAGE DU SM MICKAEL PECH

PERMUTATIONS BUREAUTIQUE Mot QMF Bureautique (féminin), affectée EMA/CPCO Paris, cherche permutation rapidement à Brest terre et ses environs. Ne pas hésiter à me contacter pour plus d’informations au 06 74 68 44 76. SITEL QM1 Bat Sitel, affecté TCD Foudre (place informatique), cherche permutation terre sud est/ouest. Adresse internet : [email protected] Adresse intramar : [email protected]

ANNONCES CLASSÉES CORVETTE AÉRIENNE

Quel est votre parcours ? Engagé en juin 2000 à l’École des fusiliers marins à Lorient, j’ai fini ma formation en décembre 2000. J’ai été affecté à île Longue jusqu’en 2003. En 2003 j’ai embarqué sur le porte-avions Charles de Gaulle. En 2006, j’ai intégré la formation de plongeur de bord à Saint-Mandrier où j’ai été affecté en sortie de cours. En mars 2007, j’ai été victime d’un accident de la circulation sur le trajet domicile-travail. J’ai repris le service en octobre 2007 au BSC du CIN Saint-Mandrier et depuis décembre 2010 je suis affecté au BSC de la BAN de Hyères. Quel est votre handicap ? J’ai subi un arrachement du plexus brachial gauche qui m’a fait perdre l’usage de mon bras gauche. Et j’ai aussi eu de multiples fractures à la jambe gauche.

Du 15 au 20 juillet, la Marine et l’EIP/50S organisent la 4e édition de la Corvette aérienne. Les élèves et instructeurs de l’EIP effectueront un tour de France en quatre étapes sur la côte Ouest française. À chaque escale, baptêmes en vol, rencontres et animations avec le grand public… Partie intégrante de leur formation et véritable challenge de navigation, cette semaine en vol sera une opportunité aussi pour promouvoir l’aéronautique navale auprès des jeunes au travers de témoignages des pilotes et des marins recruteurs des Cirfa… À chaque escale, les jeunes de 18 à 25 ans pourront participer à un tirage au sort et être sélectionnés pour un baptême en vol. D’autres activités seront au programme. Retrouvez toutes les informations sur le site etremarin.fr Les étapes : Le 15 juillet : La Baule-Escoublac, de 14 h à 17 h 30 à l’aéroclub de la Côte d’Amour Le 16 juillet : La Rochelle, de 14 h à 17 h 30 à l’aéroclub de La Rochelle Le 18 juillet : La Teste-de-Buch (Arcachon), de 14 h à 17 h 30 à l’aéroclub du bassin d’Arcachon Le 19 juillet : Marcé (Angers), de 14 h à 17 h 30 à l’aéroclub d’AngersMarcé. POSTE À POURVOIR

Recherchons retraité de l’armée administratif maniant ordinateur et Internet pour poste secrétariat et organisation dans un GEM (groupe d’entraide mutuelle) subventionné par le ministère public. Public concerné : personnes en souffrance psychique stabilisées. Temps partiel ou complet. Contacts : [email protected], tél. : 06 11 13 28 79. GARDIENS

Comment avez-vous eu connaissance de se stage ? J’ai été contacté par l’EV2 Ludivine Guédon, officier de liaison juriste du bureau EMM/CPM. Elle m’a parlé de ce stage et des activités organisées par le CSINI au profit des blessés militaires atteints d’un handicap.

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Comment s’est déroulé le stage ? Même si la semaine de ski a été des plus agréables, j’ai surtout apprécié le contact humain entre les stagiaires et les moniteurs du cercle. Je retiendrai aussi le rapprochement avec les autres blessés militaires qui s’est fait plus naturellement qu’avec des personnes valides.

Chanteuse, actrice et coach, Violaine Rozier de Linage propose : - concerts : compostions et reprises de chansons françaises, jazz, blues, rock et bossa, poèmes mis en musique, du duo au quartet (voix, guitare, contrebasse, batterie) ; - stages théâtre et caméra pour tous (spectacles, films) ; - spectacles pour enfants : contes, magie, chant, danse, marionnettes, maquillage, sculptures sur ballons, éveil musical (princesse chinoise, sirène, fée, pirate, clown, magicien, chevalier). Particuliers, écoles, CE, arbres de Noël, mairies, médiathèques. www.violainerozier.com - tél. : 06 11 72 44 90 ou 01 43 49 72 43.

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont rendu possible ma participation à ce stage et notamment l’Office national des anciens combattants qui l’a financé.

ACTIVITÉS

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INFO

dans nos ports

BREST VOUS AVEZ DIT « SHOWROOM » ?

e contre-amiral du Ché, commandant la base de défense Brest-Lorient, a inauguré le mardi 31 mai le « showroom » du service des approvisionnements du cercle de la base de défense de Brest (CBdD). Showroom, un terme qui a envahi le vocabulaire et plus particulièrement dans le langage commercial, mais que signifie-t-il vraiment ?

L

Le dictionnaire marketing définit le showroom comme un hall d’exposition permettant de présenter et de mettre en valeur un assortiment ou la totalité des produits proposés à la vente. Il offre éventuellement la possibilité de passer commande pour le client visiteur. Le CBdD dispose d’un service Approvisionnement

qui avitaille les coopératives des bords et les boutiques des foyers d’unités. Si le CBdD a ouvert un showroom, ce n’est pas pour satisfaire à une mode commerciale mais bien répondre à un besoin des formations. Comme l’a souligné le contre-amiral du Ché, ce nouvel espace d’exposition est avant tout un outil destiné aux officiers coopérateurs et aux vendeurs. Il leur permet de connaître et de découvrir l’ensemble des articles autrement que sur un catalogue papier. Cet espace permet ainsi un meilleur achalandage des coopératives et concourt à l’amélioration de la condition du personnel. Le showroom est également ouvert à l’ensemble des ressortissants de la défense et à leur famille. Sur présentation de la carte Marine Loisirs(1), ils peuvent bénéficier d’articles (parfums, textiles griffés, vaisselle, bagagerie, meubles…) à tarifs très préférentiels. Le showroom accueille les porteurs de la carte Marine Loisirs du mardi au jeudi de 9 h 30 à 12 h et de 13 h 30 à 16 h 30, au plateau de Kéroriou, 13 rue Yves Collet à Brest. ® LV CHRISTOPHE LAURENT

(1) Carte disponible dans vos agences de loisirs.

CHERBOURG L’EAMEA : UNE ÉCOLE OUVERTE SUR LE MONDE CIVIL ET L’ENTREPRISE hargée de former les militaires et civils spécialistes du nucléaire de défense, l’École des applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA) propose aussi plusieurs formations ouvertes aux civils : du cours de génie atomique (bac +6) au cours de technicien en radioprotection (niveau bac). Courant mai, l’EAMEA a ouvert ses portes aux professeurs de l’Éducation nationale pour deux stages de formation continue. L’un à destination des professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles, et l’autre à destination des professeurs de sciences de l’académie de Caen. Ces deux stages ont un seul et même objectif pour tous les participants : approfondir leur connaissance de la radioactivité et étudier le fonctionnement d’un réacteur nucléaire à eau pressurisée. Malgré un programme chargé en physique nucléaire, mathématiques, chimie et radioprotection, les participants ont tous pu apprécier la qualité de l’enseignement scientifique dispensé à l’EAMEA. L’école a également accueilli une délégation d’élèves de seconde du lycée Napoléon de L’Aigle (Orne) pour une visite de découverte, ponctuée par des entretiens avec les élèves et le personnel d’encadrement. À n’en pas douter, des vocations sont sûrement nées ce jour-là ! L’ouverture est également vraie pour le monde de

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LE H3R 7000, RÉSULTAT D’UN PARTENARIAT FRUCTUEUX ENTRE L’EAMEA, L’IRSN ET LE MONDE DE L’ENTREPRISE.

l’entreprise. En témoigne le partenariat entre le Groupe d’études atomiques (GEA) de l’EAMEA, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et une société industrielle, SDEC, qui a permis de

breveter et commercialiser le H3R 7000 : un appareil unique au monde de prélèvement de la radioactivité. ® ASPIRANT VIANNEY CHARPENTIER

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INFO

dans nos ports

10E CONCOURS DU PLUMIER D’OR REMISE DES PRIX À L’HÔTEL DE LA MARINE our la 10e année consécutive, la Marine a été partenaire du concours du Plumier d’or destiné à promouvoir auprès des collégiens la langue française et la francophonie. Le 11 mai dernier, soixante jeunes lauréats ont reçu leurs prix dans les salons de l’hôtel de la Marine en présence du vice-amiral d’escadre Chomel de Jarnieu, major général de la Marine, et de l’invité d’honneur Pierre Schoendoerffer, réalisateur et écrivain de marine. Organisé par l’association Défense de la langue française, ce concours s’adresse aux élèves des classes de 4e des collèges de France ou d’enseignement français à l’étranger. En janvier dernier, ce sont près de 15 000 candidats qui ont travaillé sur des épreuves de grammaire, d’orthographe et de rédaction. Ils ont ainsi

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TOULON HOMMAGE AU COMMISSAIRE GÉNÉRAL BOUCHET

e commissaire général de corps aérien JeanMarc Coffin, directeur central du service commissariat des armées, a présidé le 1er juin 2011 la cérémonie de baptême de la grande salle de conférence de la plate-forme achats-finance (PFAF-SE) de Toulon, fille aînée de l’ancienne direction du commissariat de la Marine. Le nom de « Commissaire général Benoît Bouchet » a été donné à cette salle récemment achevée en hommage à l’ancien directeur du commissariat de la Marine à Toulon de 2008 à 2010, disparu brutalement voici un an. À l’issue d’une réception au Conservatoire de la tenue, le directeur central a prononcé un émouvant éloge en présence des membres de la famille, des autorités maritimes et interarmées de la base de Toulon et des membres de l’association amicale du commissariat de la Marine. Une plaque commémorative a été ensuite dévoilée par Mme Marie-Dominique Bouchet de Puyraimond et par le commissaire en chef de 1re classe (R) Pierre Bouchet de Puyraimond, épouse et père du commissaire général Bouchet. ®

L

M. PIERRE SCHOENDOERFFER, CINÉASTE ET ÉCRIVAIN DE MARINE, REMET SON PRIX AU LAURÉAT.

planché sur la question : « Une semaine sans appareils de haute technologie (ordinateurs, téléphones, télévisions, jeux vidéo, etc.) : comment l’imaginezvous ? » Après l’avoir imaginée, les dix premiers lauréats vont pouvoir vivre une semaine loin de leur quotidien. Ils

vivront une aventure différente en embarquant début juillet à bord d’une frégate, comme leur a annoncé au cours de cette cérémonie le capitaine de vaisseau Bigot, commandant du Service de recrutement de la Marine. ® ASPIRANT HÉLÈNE SARAF

PARIS PRIX NATIONAL D’ÉTHIQUE 2011 POUR LES ÉLÈVES COMMISSAIRES DE LA MARINE

École des officiers du commissariat de la Marine (EOCM) a participé au concours « Promotion de l’éthique professionnelle » organisé et doté par les districts français du Rotary International. Ce concours, placé sous le haut patronage de la Conférence des grandes écoles et de la Commission nationale française pour l’Unesco, s’adresse aux étudiants et leur propose de réfléchir sur l’éthique dans le milieu professionnel, ainsi que sur les enjeux fondamentaux qui s’y rapportent. Les élèves commissaires ont choisi d’orienter leur réflexion sur l’éthique et les sociétés militaires privées. Leur essai, intitulé « Quelle éthique pour l’usage privé de la force armée ? Le bon, la brute et l’éthique », a su convaincre le jury qui leur a décerné le premier prix. Ce prix leur a été remis le 31 mai dernier par M. Roger Lelu, coordonnateur national, représentant le Collège des gouverneurs de France du Rotary, en présence notamment de M. Pierre Aliphat, représentant de la

L’

Commission nationale française pour l’Unesco, et de M. Hervé Biausser, vice-président de la Conférence des grandes écoles. Au terme d’une scolarité de deux ans, les élèves commissaires seront affectés sur les bâtiments de la Force d’action navale où ils participeront aux opérations que conduit la Marine sur toutes les mers du globe, dans un cadre national ou interallié. Dans un monde devenu incertain où les menaces et les conflits prennent des formes nouvelles, le cadre juridique doit bien évidemment être maîtrisé. À cette fin, les élèves commissaires, juristes de formation pour la plupart, étudient notamment le droit des conflits armées et le droit de la mer pendant leur scolarité à l’EOCM. L’étude de ces règles de droit doit avoir pour corollaire une réflexion personnelle sur l’éthique du métier des armes. La participation à ce concours s’inscrit ainsi tout naturellement dans la poursuite de cet objectif. ® CR1 JEAN-GUSTAVE BONNET

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TEMPS

livre

LA GUERRE ENTRE LES LIGNES Il y a un siècle, la question aurait sans doute parue saugrenue, tant la réponse était alors évidente : « l’armée pourquoi faire ? », pour défendre le sol national, évidemment. La réponse d’aujourd’hui est sans doute plus hésitante tant notre armée a des missions multiples et que la guerre paraît souvent lointaine. L’armée pour quoi faire ?, récemment paru, écrit par trois jeunes officiers supérieurs et préfacé par le chef d’état-major des armées, apporte de nombreuses réponses aux questions que chacun peut être amené à se poser un jour sur notre défense. 1 Rattrapée par l’actualité internationale et les médias, la Défense ne pouvait espérer mieux : L’armée pour quoi faire ? décline en 200 questions/réponses le métier des armes. Existe-t-il une guerre juste ? Quelles sont les conditions pour intervenir dans un pays étranger ? Jusqu’où doit aller l’esprit de sacrifice ? Forcément non exhaustif, le livre balaie cependant un très large panel de sujets, de la raison d’être du militaire à sa place dans la société. « Pour en finir avec les mythes et autres stéréotypes », prévient la quatrième de couverture. Hubert Ronsin, Olivier Roquefeuil et Jean-Baptiste Soubrier signent ici un livre pédagogique. Les auteurs, officiers de l’armée de Terre, de l’Air et de la Marine, ont imaginé un dialogue direct et accessible qui réconciliera les lecteurs avec le langage militaire. Et ceci afin de favoriser la compréhension du message. Aussi, la vulgarisation du fonctionnement et des missions de notre armée, une des ambitions affichées de ce livre, est des plus réussies.

La guerre, « moins perceptible, moins intelligible, moins lisible » Est-il encore nécessaire d’expliquer la guerre ? Incontestablement, « sous peine d’être marginalisée » averti en

!

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L’Armée : pour quoi faire : 200 questions pour mieux comprendre de Hubert Ronsin, Olivier Roquefeuil et Jean-Baptiste Soubrier, préface de l’amiral Edouard Guillaud ; l’Esprit du livre Éditions – collection Stratégie et Défense, 2010, 124 pages, 18 €.

préface le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud : « La guerre est moins perceptible, moins intelligible, moins lisible pour une société toute vouée au confort du citoyen et dont les principaux maux reste le chômage, l’exclusion ou l’insécurité. » L’armée pour quoi faire ? est donc à mettre entre toutes les mains même si un des trois co-auteurs, le capitaine de frégate Jean-Baptiste Soubrier, le prédestine surtout aux adolescents. Il a d’ailleurs été rédigé avec la collaboration d’un lycée parisien. « C’est une tranche d’âge que nous avons du mal à sensibiliser autrement que par nos campagnes de recrutement. Et ceux qui font volontairement un pas vers nous sont déjà acquis à notre cause. Si la guerre est relativement bien perçue par ceux-là, pour tous les autres il y a notre livre. » Et l’œuvre ne devrait pas avoir de mal à intéresser un jeune lectorat. Il se présente à juste titre comme « une compilation de tranche de vie » puisque ses auteurs sont engagés depuis quinze ans sur tous les théâtres d’opérations qui ont marqué leur génération. L’authenticité des témoignages et les nombreux exemples récents permettent également d’aborder l’œuvre comme un document original. ® EV1 GRÉGOIRE CHAUMEIL

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TRANSFORMEZ VOS SOUVENIRS EN AIDE POUR CELLES ET CEUX QUI EN ONT BESOIN !!! La dernière vente aux enchères a été un succès et a représenté une source de revenus importante pour l’ADOSM (Association pour le développement des œuvres sociales de la Marine) qui ne peut remplir sa mission que grâce à vous. Nous avons besoin d’objets, voir de petits meubles, marine ou pas, mais d’une certaine valeur, historique ou artistique. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez participer par vos dons à notre mission d’entraide. Catherine : 06 82 01 26 61. [email protected] Claude : 06 16 97 53 25. [email protected] Xavier : 06 65 49 75 30. [email protected] COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011 ® 33

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ESPACE

loisirs

« ZÉRAQ » RÉGÉNÉRANT 1 Dans le langage des marins, le « zéraq » désigne le quart se déroulant de minuit à quatre heures du matin. S’agissant de ce quart souvent interminable, les marins lui ont même trouver une expression. Pour évoquer un événement qui n’en finit pas, ne le qualifient-ils pas de « long comme un zéraq ». Zéraq est aussi le titre d’un ouvrage collectif réunissant des navigateurs, un marin pêcheur, des officiers de Marine, un gardien de phare, un médiéviste, un reporter, un libraire et même un dentiste. Seize hommes et femmes de toutes les marines et de tous les horizons se livrent et offrent ainsi seize récits inédits, chargés d’écume et d’embruns, où alternent

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coups durs et coups de cœur, moments d’effroi et d’émerveillement, d’enthousiasme et de découragement. Tous nous communiquent leurs émotions, nous font partager leur passion et n’ont secrètement qu’un seul but, tant est grand leur amour de la mer : repartir, repartir à tout prix ! Un ouvrage pour aimer les océans parfois tumultueux, les quarts de nuit poétiques, les îles rêvées, les navigations insolites, les embarquements impromptus, les escales exotiques, les nuits étoilées, les rencontres furtives… Un livre pour égayer les « zéraq » de tout terrien. Régénérant, vivifiant et inspiré. ® ÉTIENNE TURPIN

Zéraq - La mer sur le vif (Collectif), L’Élocoquent Éditeur, préface de Christian Buchet, postface de Jean-François Tallec, 28 euros. http://elocoquent.org/

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS COUVERTURE MN APERÇU DANS LA QUINZAINE PAGES 4-5 : MN/ MTE DUPLOUICH – SM LUCAS PAGES 6-7 : DCNS PASSION MARINE

PAGES 8-9 : PHILIP PLISSON  (www.plisson.com) PAGES 10-11 : MN/ SÉBASTIEN LAURENT PAGE 12 : MN PAGE 13 : TOULON PROVENCE MÉDITÉRRANÉE PAGE 14 : MN PAGE 15 : MN / MEMOTRI ® PAGE 16 : MN PAGE 17 : MN

INFOS ACTUS

LES AUTEURS « DU QUART » Eugène Riguidel, navigateur // Olivier Lajous, officier de marine // JeanMarie Chourgnoz, peintre de la Marine // Miranda Merron, navigatrice // Manuel Pourtales, dentiste // Joseph Hardouin, commandant de la marine marchande // Guy Morandeau, marin pêcheur // Hubert de Gevigney, officier de marine // Anne Liardet, navigatrice // Louis Cozan, gardien de phare // Claude Thomasset, médiéviste // France Pinczon du Sel et Éric Brossier, navigateurs // Stéphane Dugast, auteur, reporter, réalisateur // Thierry Bénard, libraire et petit-fils de terre-neuva // Philippe Metzger, chargé de l’économie maritime au Secrétariat général de la mer.

PAGES 18-21 : MN PAGE 22 : SÉBASTIEN LAURENT/MN PAGE 23 : MN PAGE 24 : FRANCK SEUROT/MN, LAËTITIA RAPUZZI/MN (CHEVALIER PAUL) –

THIERRY MAGUET/MN (ESTONIENS) PAGE 25 : MN PAGE 26 : SÉBASTIEN LAURENT/MN – MN PAGE 27 : SÉBASTIEN LAURENT/MN – THOMAS LETOURNEL/MN – MN

CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGES 28-29 : MN

DANS NOS PORTS PAGE 30 : MN – VIANNEY CHARPENTIER/MN PAGE 31 : SÉBASTIEN LAURENT/MN – MN

TEMPS LIVRE PAGE 32 : DR

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris ® Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01 ® E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine ® Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë ® Rédacteur en chef adjoint : LV Gwennan Le Lidec ® Secrétaire : Mot Phaedra-Noor Messossa ® Rédacteurs et journalistes : EV Grégoire Chaumeil, ASP Florian Martin, Stéphane Dugast ® Infographie : Serge Millot ® Directeur de la publication : Hugues du Plessis d’Argentré, capitaine de vaisseau commandant le service d’information et de relations publiques de la Marine ® Abonnements : 01 49 60 52 44 ® Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Thierry Lepsch – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92 ® Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant ® Photogravure : Beauclair – 15, avenue Bernard-Palissy, 92210 Saint-Cloud ® Imprimerie : Quebecor – 6, route de la Ferté-sous-Jouarre, 77440 Mary-sur-Marne ® Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction ® Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011 ® ISBN : 00 10 18 34 ® Dépôt légal : à parution ® 34 ® COLS BLEUS ® N° 2974 ® 25 JUIN 2011