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R A C S A G A D A M WWF : 50 ANS À

SOMMAIRE le mot du représentant régional

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50 ANS Au SERvICE DE lA NAtuRE 6 les débuts de wwf à madagascar 8 des espèces endémiques, des espèces phares 14 les forêts de madagascar 26 LES aires protégées 34 éduquer, former, conserver 48 62 la mer et ses richesses les nouveaux défis de la conservation 70 travailler au wwf 80

© Textes 2013 WWF Tous droits résérvés Photo de couverture © WWF Canon/Martin Harvey

1961 - 2013 : l’histoire d’un panda Le panda, logo de WWF, a été créé en 1961. En 53 ans, ce logo a évolué. Voici ses évolutions, depuis les premiers croquis jusqu’à ce jour.

le mot du représentant régional

2013 marque notre cinquantième anniversaire à Madagascar, dans la conservation de l’unique et spectaculaire patrimoine naturel de ce pays. Nous sommes fiers des collaborations solides que nous avons développé au fil des ans avec le gouvernement de Madagascar, avec les établissements d’enseignement et de recherches locaux, les partenaires techniques et financiers, la société civile et les communautés rurales. Notre mission a avancé grâce à l’appui de ces partenaires, pour lesquels nous sommes reconnaissants.

Ensemble, nous avons monté de nombreux projets, depuis les premières activités en 1963 pour financer la recherche et la protection de l’Aye-Aye, espèce que l’on croyait éteinte, jusqu’au soutien des premiers plans nationaux d’actions pour l’environnement en Afrique; à la création de l’un des principaux fonds de la biodiversité en Afrique. Nous avons travaillé ensemble pour formuler des propositions destinées au Forum pour la Chine et l’Afrique Collaboration (FCSA), pour soutenir les droits des collectivités à gérer leurs propres ressources naturelles, à renforcer les conventions internationales auxquelles Madagascar est signataire, tels que la Convention sur la Diversité Biolgique (CDB) et la Convention sur le commerce internationale des espèces de faunes et de flores sauvages menacées d’extinction (CITES), et à renforcer les meilleures pratiques pour les industries qui dépendent des ressources naturelles, comme les industries crevettières et la pêcherie thonière, ainsi que les industries extractives. Le chemin que nous avons parcouru, la priorisation des besoins de la population malgache et ceux des autres pays de la région, nous amène à miser sur les leçons apprises et améliorer nos approches. Face à la croissance démographique et la diminution constante des ressources naturelles, la nécessité de préserver les services écologiques essentiels est impérieuse. Face aux pressions accrues de la croissance démographique, le changement climatique et la dynamique mondiale qui affectent les ressources en matière d’eau potable, de sécurité alimentaire, les défis sont importants. Mais il est possible de répondre à ces défis à travers une meilleure stratégie de développement durable. La «croissance verte» est possible : une croissance qui concilie les possibilités de développement économiques crédibles avec la nécessité de préserver les valeurs et les services environnementaux essentiels dans le long terme. Alors que la pression sur l’environnement est grande, la possibilité de conserver le patrimoine de la biodiversité unique de Madagascar, qui définit cette île mieux que toute autre au monde, demeure. Les citoyens malgaches reconnaissent ce patrimoine et sont prêts à le préserver, à préserver les services qu’il leur fournit. 50 000 jeunes membres de 700 clubs Vintsy dans tout le pays participent chaque jour à convaincre leurs pairs à se tourner vers un avenir plus durable. Avec cette revue, nous tenons à vous emmener dans un voyage vers l’époque où tout a commencé. Vous découvrirez les événements importants qui ont fait de nous ce que nous sommes, vous y lirez aussi ce que, aujourd’hui, nous faisons différemment et pour quelles raisons. Vous comprendrez pourquoi nous demeurons encore dans ce domaine, déterminés à faire la différence, à sauver des espèces, des habitats et des humains en danger. Je vous invite à nous rejoindre sur ce chemin, mais plus important encore, à rester avec nous pour l’avenir. Plus que toute autre chose, 50 ans de collaboration à Madagascar nous ont montré qu’il y a toujours des raisons d’être optimiste!

Richard Hughes

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50 ans au service de la nature 1963 : Premier projet de WWF sur la protection des Aye-aye 1966 : Neuf individus d’Aye-aye ont été transportés à Nosy Mangabe par le projet WWF #127. 1972 : Première conférence internationale sur la conservation de la nature et des ressources naturelles à Madagascar 1977 : Début du projet de conservation de la Réserve Spéciale de Beza Mahafaly 1979 : Représentation officielle de WWF établie à Madagascar 1985 : Séminaire international sur l’équilibre des écosystèmes forestiers à Madagascar et deuxième conférence internationale sur la conservation des ressources naturelles pour le développement à Antananarivo. 1986 : Mise en place du programme « Education à l’Environnement » et du programme « Biodiversité et Aménagement des Aires Protégées » 1987 : Premières activités dans la Réserve Naturelle Intégrale d’Andohahela. 1987 : Revue sur la situation des Aires Protégées et des sites d’intérêt biologique de Madagascar. Publication de l’étude scientifique « Madagascar : Revue de la conservation des Aires Protégées » 1987 : Début du partenariat avec Durrell Wildlife Conservation Trust pour la protection de la tortue à soc, Angonoka 1988 : Participation à la formulation de la première phase du Plan National d’Actions Environnementales 1988 : Début du projet ethnobotanique 1989 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement au Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza à Antananarivo 1989 : Présentation au Gouvernement d’une liste de sites prioritaires pour la mise en place de Projets de Conservation et de Développement Intégrés (PCDI) 1990 : Début des activités du programme d’appui institutionnel à la Direction des Eaux et Forêts, le projet « Dette Nature » 1991 : Création du Bureau du Programme du WWF à Madagascar (Madagascar Programme Office) 1991 : Mise en place du PCDI pour la Réserve Naturelle Intégrale d’Andohahela 1992 : Début des activités de l’Ecology Training Program (ETP) 1992 : Publication du premier numéro de magazine écologique et pédagogique « Vintsy » 1992 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de Fianarantsoa 1993 : Mise en place du PCDI du complexe des réserves d’Andringitra / Ivohibe et du PCDI du complexe des réserves de Marojejy / Anjanaharibe Sud 1994 : Mise en place du PCDI du site de Zombitse / Vohibasia 1995 : Transfert de gestion du PCDI de Beza Mahafaly à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo 1996 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de Mahajanga 1996 : Participation à la définition de la deuxième phase du Plan National d’Actions Environnementales 1996 : Signature de l’accord de siège avec le Gouvernement malgache

1999 : Extension du mandat du Programme du WWF aux îles situées de l’Océan Indien Occidental. Mise en place d’un programme pour cette écorégion marine 2000 : Diffusion de l’ouvrage didactique « Ny Voaary » 2000 : Contribution au développement du Code des Aires protégées (COAP, adopté en 2002) et du Plan de Gestion du Réseau des Aires Protégées par PNM-ANGAP 2000 : Mise en place du projet de gestion des ressources forestières dans la région de Tolagnaro 2000 : Officialisation des premiers contrats GELOSE (ZombitseVobasia et Belambo-Lokoho) 2000 : Lancement du partenariat avec WCS pour la gestion des parcs marins de Masoala 2001 : Séminaire International sur le Financement Durable – Création du Comité de Pilotage pour la création d’une Fondation pour le financement des aires protégées et de la biodiversité 2002 : Signature d’un “Memorandum of Understanding” avec “Nature Seychelles” 2002 : Lancement du programme écorégional pour les forêts humides (Programme Ala Atsinanana) 2003 : Signature d’un Contrat de remise de dette entre Madagagascar et l’Allemagne et signature d’une Convention de financement du Projet Ny Voaary/Vintsy 2003 : Visite du Directeur Général du WWF-International, le Dr Claude Martin pour la cérémonie du « Don à la Terre » à Sakoantovo 2003 : Déclaration de Durban par le gouvernement malgache, dans le but de tripler la surface des aires projets de Madagascar 2003 : Publication de l’encyclopédie «The Natural History of Madagascar» par Steven Goodman et Jonathan Benstead 2004 : Conférence Annuelle du WWF à Antananarivo 2004 : Cérémonie de «Dons à la Terre», Parc Privé de Tsarasaotra, à Antananarivo, premier site privé au monde à entrer dans la Liste des Sites Ramsar 2004 : Appui au Parc National de Tsimanampetsotsa et à la gestion de la forêt de Kirindy Mitea 2004 : Démarrage du Projet de Restauration du paysage forestier, dans le paysage de Fandriana-Marolambo 2004 : Transfert officiel des Parcs Nationaux d’Andringitra et de Marojejy au PNM-ANGAP 2005 : La Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar est créée avec une contribution au capital initial d’un million de dollars du WWF. Cette fondation est reconnue d’utiité publique 2005 : Découverte de deux nouvelles espèces de microcèbes, dont l’une Microcebus lehilahytsara porte le nom du Dr Steven Goodman, responsable du « Ecology Training Programme » du WWF à Madagascar 2005 : Création du «Réseau des Aires Marines Protégées des pays de la Commission de l’Océan Indien» 2006 : Le nouveau concept d’écopédagogie a été présenté officiellement par WWF. La démarche vise à la fois l’éducation environnementale et la réussite scolaire des élèves 2006 : Dans le domaine de l’énergie, lancement des activités du programme Energie de WWF 2006 : Signature d’un accord de coopération entre les Seychelles et le WWF pour la mise en place et la gestion des projets de conservation

1997 : Mise en place du projet de foresterie communautaire

2007 : Le Gouvernement malgache a décidé de faire de 2007 l’Année des Energies Alternatives. Le WWF copréside le Groupe de Travail Energie avec le Ministère de l’Energie

1997 : Transfert de la gestion des Parcs Nationaux d’Andohahela et de la Montagne d’Ambre au PNM-ANGAP

2008 : L’association française Good Planet et la compagnie aérienne Air France signent un accord portant sur un programme holistique de conservation des forêts à Madagascar

1998 : Ratification de la convention de Ramsar par Madagascar et classement de deux sites Ramsar

2010 : 30 000 signatures des membres des clubs Vintsy et des scouts de Madagascar sont présentés à la 17e Conférence des Parties au protocole de Kyoto. Ils réclamaient le respect de l’engagement à réduire les émissions de carbone

1998 : Signature du premier contrat de transfert de gestion aux communautés de Belambo-Lokoho

2012 : WWF associe la célébration de Earth Hour à la promotion des foyers économes « fatana mitsitsy »

1998 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de Toamasina

2013 : Les éspèces de bois précieux de Madagascar sont inscrites à la CITES

1998 : Mise en place des projets de gestion communautaire dans les corridors de Betaolana et de Manambolo

2013 : WWF Madagascar a 50 ans

2013 : La «Vision Durban» est atteinte : 6 millions d’hectares sont sous protection

1998 : Lancement du Programme Ecorégional Ala Maiky

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WWF a commencé sa mission de conservarion à Madagascar en 1693. A l’époque, son premier projet concernait la protection d’une espèce endémique : l’Aye-aye. Aujourd’hui, WWF compte plus de 500 projets et sa stratégie de conservation a nettement évolué grâce aux meilleures connaissances obtenues au fil des années, aux partenariats fructeux; à l’implication des communautés de base et aux divers acteurs de la conservation à l’échelle locale, nationale et internationale.

© WWF MWIOPO / Martina Lippuner

LES DéBUTS DE WWF à MADAGASCAR

1963

LES DéBUTS DE WWF à MADAGASCAR

PREMIER PROJET À MADAGASCAR

Joseph Andriamampianina fait partie des Amis du WWF, ce groupe de sympathisants qui milite, accompagne, appuie cette organisation environnementale. Une amitié qui remonte à loin car cet acteur de la conservation et de la protection environnementale a pratiquement vu la naissance de WWF en terres malgaches, en 1963, et l’a vu évoluer décennie après décennie.

« Les Amis du WWF » est une structure créée en 1996 à Madagascar, bien que les principes d’une telle structure existaient déjà depuis 1963. Nous avons beaucoup milité, dans l’ombre et dans la lumière pour accompagner le bureau. Je sais aujourd’hui que du modeste mais important projet sur la protection des ayes-ayes sont nés 500 autres projets en 50 ans. Je sais aussi que beaucoup reste à faire, j’encourage WWF et ses partenaires dans leurs tâches qui sont à la fois citoyennes et responsables. On ne cesse d’être ami du WWF une fois que l’on s’est embarqué dans cette belle aventure. Je resterais donc toujours un ami du WWF.

« WWF a lancé son premier projet à Madagascar en 1963, deux ans après la création de WWF International. S’implanter sur la Grande île n’est pas un choix fortuit pour cette organisation environnementale car non seulement Madagascar incarnait un véritable terrain de recherches et de conservation mais déjà, il fait montre d’une volonté nationale de protéger son héritage naturel. En effet, Madagascar était le premier pays de l’Afrique francophone à adhérer à l’IUCN, en 1961. Une implication que WWF International n’a pas manqué de saluer. Il faut croire qu’à l’époque, Madagascar était une nation qui venait de retrouver son indépendance et cela avait créé un enthousiasme pour beaucoup de secteurs porteurs, y compris l’environnement. J’étais présent lorsque WWF a lancé son tout premier projet à Madagascar. Ce projet concernait la protection des ayes-ayes. C’était un projet mené par le scientifique Jean-Jacques Petter du Laboratoire Ecologique du Musée International de Paris. De ce projet, on a pu mener des études sur les lémuriens, notamment dans la région de Nanantona. Cette espèce se trouvait déjà menacée par la dégradation forestière et sa protection a été l’occasion pour le WWF et l’IUCN de collaborer ensemble. En 1965, le chercheur André Perreiras trouvera quelques ayes-ayes à Marolambo, Maroantsetra et cette trouvaille donne naissance à la réserve spéciale de Nosy Mangabe. WWF participera à la sécurisation de cette réserve.

Joseph Andriamampianina, membre des «Amis du WWF»

J’ai vécu les années suivantes comme une aventure car j’étais très impliqué dans le monde de l’environnement. Beaucoup de scénarios ont été présentés à l’époque pour essayer de dresser la structure idéale que devrait prendre le WWF mais aussi la protection environnementale en général. Mais les réactions étaient divergentes : beaucoup ne trouvaient pas essentiel ni prioritaires de protéger l’environnement. La création de la section locale de WWF a rencontré plusieurs barrières, malgré les relances que nous avions faites. La protection de l’environnement elle-même n’a pas été une véritable urgence au sein du gouvernement de l’époque qui la confiera, en 1978, à l’agenda du ministère de l’Agriculture. La représentation proprement dite de WWF sera officielle en 1979.

Le véritable appel à une mobilisation pour l’environnement était sans aucun doute, je dirais la Déclaration de Durban, en 2003. Mais auparavant, je pourrais aussi citer la conférence internationale sur la protection de la nature et le développement organisée par WWF en 1985, à laquelle d’éminentes personnalités, dont le Prince d’Edimbourg, étaient présentes. Ce fut une véritable réflexion sur le passé, le présent et l’avenir des ressources naturelles malgaches, le moment où j’ai réellement senti qu’un appel a été lancé en faveur des aires protégées de Madagascar. Ce fut le moment où on a fini par admettre qu’il fallait un cadre institutionnel solide pour la protection de l’environnement et WWF fut rapidement à pieds d’œuvre dans la protection et la création des aires protégées, en accompagnant l’Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées (ANGAP) plus tard rebaptisé Madagascar National Park.

10 1963

Premier projet à Madagascar

1979

Représentation officielle à Madagascar

1984

Stratégie nationale de conservation

1991

Création de l’ANGAP

1996

Création des Amis du WWF

ARCHIVE WWF

Dans les années 1980, WWF participe à la définition de plusieurs stratégies de protection de l’environnement. 1980 sera l’année de la diffusion de la stratégie mondiale de conservation. Une mission de WWF définira en 1981 les priorités en matière d’aménagement des aires protégées qui seront les piliers de la conservation. A cette époque, l’on avait déjà repéré les zones les plus importantes pour la protection et les plus essentielles en termes de services écologiques rendus aux communautés locales. Ces réflexions mèneront à la proposition d’une stratégie malgache de conservation en 1984. A ce stade, de grands pas ont été effectués car quelques années auparavant, on ne prenait pas cette écologie comme une nécessité.

Vaaohita Ba rt hélémy, prem ier Repré sent an t de W W F à Mad agasca r

1999

Premier accompagnemtn d’un transfert de gestion des ressources naturelles

2003

Lancement de la Vision Durban

2005

Création de la Fondation pour les Aires protégées de Madagascar

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50 ans de WWF

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Les paysages prioritaires de WWF

Une organisation, une stratégie La stratégie de WWF en matière de conservation a évolué pour mieux répondre aux besoins de la conservation. Pour mieux conserver ses paysages prioritaires, WWF Madagascar s’est fixé ces objectifs : bu L e Mic roce

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Préserver la biodiversité • •

Objectif 1 : Paysages terrestres/marins prioritaires Objectif 2 : Espèces endémiques marines et migratrices

Préserver la biodiversité et les espèces marines et migratrices à travers dix paysages prioritaires marins et terrestres, les plus représentatifs de la région et qui apportent des services écologiques importants aux populations.

Promouvoir l’utilisation durable • •

Objectif 3 : Pêche durable Objectif 4 : Energie durable

Promouvoir l’utilisation durable des ressources naturelles à travers la pêche durable et la transition vers un approvisionnement en énergie renouvelable, vers une gestion durable et raisonnable du bois énergie et vers l’atténuation des conséquences du changement climatique.

Aborder les conditions favorables Objectif 5 : Intégrer l’environnement dans les politiques sectorielles Objectif 6 : Intégrer la bonne gouvernance environnementale Objectif 7 : Adaptation au changement climatique

Favoriser l’intégration de la conservation et la bonne gouvernance environnementale dans les politiques sectorielles et accompagner l’adaptation au changement climatique à travers le renforcement de capacités locales, les recherches scientifiques afin de mieux appréhender ce phénomène.

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Notre stratégie a évolué avec le temps « En 50 ans de mission à Madagascar, notre stratégie de conservation a évolué avec le temps, nos connaissances de la biodiversité, les leçons tirées de nos actions et la réalité locale. A ses débuts, WWF s’est essentiellement centré sur la protection des espèces et l’appui aux aires protégées, puis a intégré plusieurs aspects : l’éducation environnementale, l’accompagnement des communautés locales, la mise en place des paysages prioritaires, les activités alternatives génératrices de revenus. Le programme Energie a été pensé pour accompagner des projets pilotes visant à démontrer la pertinence environnementale et économique des énergies propres et renouvelables. Nous avons également renforcé la société civile, notamment les communautés de base qui sont les premiers acteurs et bénéficiaires de la conservation. Les nouveaux défis concernent aussi le changement climatique, un défi qui rend notre biodiversité vulnérable et qui mérite toute l’attention. » Nanie Ratsifandrihamanana, Directrice de Conservation de WWF MWIOPO, 2004-2013

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Quelques 250 000 espèces animales et végétales sont aujourd’hui officiellement répertoriées à Madagascar. Une variété et une profusion qui rassemblent 5% de la faune et de la flore mondiales dont plus de 70% lui sont endémiques. Le travail de WWF à Madagascar a commencé avec la protection d’une espèce endémique : l’Aye-aye. Aujourd’hui, WWF se concentre sur la protection des habitats naturels de ces espèces et travaille sur la conservation de quelques espèces menacées.

© WWF-Canon / Martin Harvey

des espèces endémiques, des espèces phares

Dans les années 1950, le jeune primatologue du Musée National d’Histoire Naturelle a fait le tour de l’île. En 1957 il a trouvé dix populations d’aye-aye dans dix petits bosquets au Nord-Est. Petter, qui travaillait avec son épouse Arlette, était au bon moment au bon endroit. A là toute première réunion du conseil du WWF en 1961, les membres du conseil ont exprimé leur désir de s’investir dans la recherche sur l’Aye-aye, les Indris et d’autres lémuriens de Madagascar. Ils ont cherché une personne de terrain, capable de mener les projets de WWF sur la Grande île.

L’anthropologue américain Robert Ardrey fut très enthousiaste sur la recherche des Petters : « Sur les quinze espèces de lémuriens étudiées par les Petters, l’aye-aye est le plus étrange. L’aye-aye est un exemple de la divergence évolutive entre les potentiels du primate et le rongeur. C’est comme s’il n’avait jamais tout à fait pris la décision de quel côté il allait. » L’aye-aye qu’on pensait être éteint en 1933 a été redécouvert par Petter en 1957. En 1966, avec l’appui de WWF, neuf individus ont été transportés à Nosy Mangabe, une île près de Maroantsetra à l’Est de Madagascar. Aujourd’hui encore, Nosy Mangabe est considéré comme un lieu où les touristes ont une chance d’observer cet animal insolite. Des recherches récentes montrent que l’aye-aye est plus répandu qu’on ne le pensait auparavant, mais il est encore reste une espèce très en danger, selon le classement de l’UICN, ceci pour deux raisons principales: l’aye-aye est considéré comme porte malheur bien que parfois tué et les forêts de Madagascar sont de plus en plus dégradées. Pour les services apportés à la conservation, Jean-Jacques Petter a reçu la médaille d’ or de WWF en 1981.

© WWF-Cano

Après quelques lettres échangées entre les deux parties, le projet sur la protection des aye-aye a finalement été décidé. Le premier budget et les objectifs semblaient modestes : Pour une somme de 233$ ou 83 Livres Sterling, les Petters proposaient «d’assurer la protection des aye-Aye en empêchant toute capture et toute exploitation forestière susceptible de les troubler par l’abattage des arbres qui portent leurs nids. Matérialiser les limites de la résèrve par des bornes et des panneaux indicateurs rappelant la protection intégrale dont jouissent les aye-aye ».

Harvey

L’aye-aye est la première espèce malgache sur laquelle WWF a travaillé en 1963. Ce projet fut premier des quelques 500 autres que WWF a mené à Madagascar. Jean-Jacques Petter, zoologiste français de 36 ans, qui a été à la tête de ce premier projet qui consistait en la délimitation de la réserve des aye- aye.

© WWF

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L’aye-aye réapparait

L’Aye-aye ouvre la porte au panda

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1963

Premier projet

1966

Neuf individus transportés à Nosy Mangabe

1975

Madagascar ratifie la CITES

1981 Jean-Jacques Petter reçoit la médaille d’or de WWF

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Découverte de deux espèces de microcèbes

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615 nouvelles espèces animales et végétales découverts en dix ans

2013

50 ans de WWF

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Des espèces phares de WWF à Madagascar

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Les reptiles, perles rares de Madagascar

La cites, pour lutter contre le trafic international

Comme la plupart de sa fascinante biodiversité, les reptiles de Madagascar lui sont uniques. Les familles et genres de reptiles de la Grande île se ramifient en 260 espèces dont 90% sont endémiques. Madagascar est la terre de prédilection d’une grande diversité d’espèces endémiques de caméléons : les deux tiers des espèces répertoriées dans le monde se trouvent sur cette île.

Madagascar a ratifié la convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction ou la CITES en 1975. Cette convention aide à éviter que le commerce ne mette la viabilité de ces espèces en danger. « La dernière et importante décision relative aux espèces malgaches est l’inscription de nos bois précieux Dalbergia et Diospyros à l’Annexe II de la CITES, au cours de la 16e conférence des parties (Cop16) qui s’est tenue mars 2013 à Bangkok, Thaïlande. C’est un grand pas vers la protection de ces espèces car une fois inscrite à la CITES, ces bois précieux bénéficient désormais d’un instrument international qui permettra de mieux gérer les stocks de bois sur pieds ou coupés et de mieux appliquer les lois nationales déjà en vigueur. Dorénavant, toutes les exportations seront soumises à des quotas basés sur des données scientifiques rigoureuses.» Tiana Ramahaleo, Coordonnateur du Programme Sciences de la Conservation et Espèces, WWF

Une richesse exceptionnelle qui attire les trafiquants et les contrebandiers. En 1990, la Chargée de Programme de WWF à Madagascar, Sheila O’Connor, a été contacté par son homologue de WWF au Pays-Bas, au sujet d’un trafiquant hollandais qui venait de mettre les pieds sur le sol malgache. Ils avaient reçu l’information selon laquelle des animaux trafiqués étaient dissimulés dans des cartons, prêts à être exportés illégalement. Il s’agissait souvent d’espèces incluses dans la liste CITES. On y trouvait aussi d’autres espèces qui n’étaient pas concernées par la CITES, mais qui étaient officiellement déclarées pour brouiller les pistes. Ces cartons étaient criblés de petits trous pour faciliter la respiration des animaux. Des couches et caches d’angles ont permis de dissimuler des bébés tortues radiées. Grâce aux échanges entre WWF Madagascar et WWF Pays-Bas et aux informations partagées par ce dernier dont une copie du dispositif de caches des animaux, Sheila O’Connor et Martin Nicoll ont pu lancer l’alerte aux autorités locales. Le trafiquant était sur le point d’enregistrer ces cartons frauduleux, mais les policiers bien informés ont reconnu ces fameux paquets. Le trafiquant a été condamné à cinq mois de prison – un exemple de succès dans la lutte contre le trafic d’espèces précieuses et une preuve de la réussite de la collaboration dans un réseau. Les risques étaient par ailleurs considérables. Martin Nicoll a été publiquement menacé d’assassinat après l’arrestation du trafiquant hollandais. Un rappel que dans toute l’histoire de la conservation, d’hier à aujourd’hui, plusieurs personnes ont risqué et risquent toujours leurs vies pour cette mission.

Les dina sauvent les tortues WWF mène aussi plusieurs actions sur terrain, notamment la sensibilisation des communautés, piliers de la lutte contre les trafics. Les tortues sont des espèces représentatives du Sud malgache où elles sont endémiques. Tabou pour les communautés vivant sur le plateau Mahafaly, leurs terres de prédilection, elles y incarnent le symbole des forêts épineuses par leurs résistances au climat sec. Mais, les tortues n’en restent pas cependant traquées par les braconniers. Le trafic et commerce illicites de tortues alimentent la consommation locale et le marché noir à l’échelle internationale, ces quinze dernières années. On estime que chaque annee, 60 000 individus sont touchees par ces trafics illicites. WWF appuie l’émergence des règlements communautaires (dina) qui encadrent spécifiquement la protection des tortues. Dans l’Androy, WWF a appuyé le « lilin-tany », rite de sacralisation par la terre, qui réaffirme le statut sacré de la tortue dans la considération culturelle et coutumière.

Les tort ues radiées, endémique

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Quelques espèces inscrites au sein de la CITES Noms scientifiques et vernaculaires

Spécificités

Statut au sein de la CITES

Mantella milotympanum ou Sahona menakely

Cette espèce de grenouille, endémique de l’Alaotra Mangoro est le plus petit des Mantellas : 18mm

Annexe II

Brookesia perarmata ou Ramilaheloka

Caméléon endémique du Melaky et du tsingy de Bemaraha

Annexe I

Anctrophis dumerili ou Do

Boa endémique du Sud et de l’Ouest de Madagascar

Annexe I

Pyxis Arachnoides ou tortue radiée, Sokake

Tortue terrestre endémique du Sud et Sud-Ouest de Madagascar

Annexe I

Haliaeetus Vociferoides, Pygargue de Madagascar, Ankoay

L’ankoay est un oiseau endémique au Nord-Ouest et à l’Ouest de Madagascar, entre Antsiranana et Belo-sur-mer

Annexe II

Propithecus verreauxi coronatus, Propithèque courronné ou sifaka

Espèce endémique, ce lémurien est uniquement visible dans le Nord-Ouest de Madagascar

Annexe I

Daubentonia Madagascarensis, Aye-Aye

Espèce endémique de lémurien ayant une large répartition à Madagascar

Annexe I

Indri indri ou Babakoto

Espèce endémique de lémurien dans l’Est malgache

Annexe I

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/ Chris Maluszynski

Pionniers, contre l’exploitation illicite

© WWF MWIOPO

Martin Nicoll est Conseiller Senior en conservation au sein de WWF Madagascar. Ayant travaillé plusieurs années dans ce domaine et sur le sol malgache, il a été témoin de l’avancée de la lutte contre l’exploitation illicite de nos forêts. «L’histoire de Madagascar a été largement monopolisée par la crise. Le trafic des espèces rares telles que les tortues endémiques, les bois précieux ainsi que l’exploitation illégale des forêts dans les parcs et les réserves du pays, mettent en péril la biodiversité malgache. Cette situation a provoqué des inquiétudes chez les environnementalistes. Elle a aussi interpelé les consciences sur l’état des espèces et des aires protégées, mais il faut se rappeler que la chasse, la collecte et l’exploitation forestière ont été légion depuis longtemps à Madagascar.

Martin Nicoll, Conseiller Senior en Conservation, WWF Madagascar

La première « crise forestière » a eu lieu dans la réserve pittoresque d’Ankarana, au nord d’Antsiranana. Olivier Langrand et moi-même, nous nous sommes déplacés sur les lieux au volant de nos motocyclettes, suite à plusieurs appels téléphoniques. Notre premier défi était assez simple: trouver les personnes qui exploitaient dans la réserve et rapporter ce que nous avons vu. Pénétrer par le versant Est de la réserve était assez aisée, nous avions pu approcher le camp des bûcherons. Ces derniers se sont volatilisés dans la forêt et n’ont jamais été revus dans ce domaine. Nous avions pu transporter les bois coupés à Antsiranana au bout de quelques jours. Aucune menace, aucune arme brandie. Mais la pluie diluvienne a transformé les sols de la forêt, la boue a littéralement engloutit les motos. Un jour, je me suis garé sur une route, pendant que nous étions en train de pister un camp d’exploitation forestière. Nous nous sommes retrouvés sur les mêmes lieux : un rétroviseur sale et boueux émergeait de la boue, trahissant le lieu de sépulture de nos motos.

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© WWF MWIOPO / Xavier Vincke

Mais nous avons persisté et nous avons fini par identifier les camps. Les bûcherons fuyaient à notre rencontre, maculés de boue noire de la tête aux pieds. Nous n’avions jamais eu de confrontations, ni d’oppositions, dans notre lutte contre l’exploitation forestière dans les parcs et réserves dans le Grand Nord. Sauf, une seule fois : Il s’agissait d’une exploitation forestière dans le parc national de la Montagne d’Ambre. Le chef forestier de la région nous a mandaté pour venir vérifier : nous avons trouvé un grand camp et un bulldozer qui ouvrait de nouvelles pistes dans le parc. Notre collègue forestier était furieux, une saisie officielle du bulldozer a été faite. Les bûcherons n’étaient pas disposés à faire marche arrière. Ils nous ont encerclés, certains étaient armés. Peu à peu, cependant, la tension s’est allégée et les bûcherons ont été autorisés à partir avec leur matériel. Nous avons travaillé pendant plus d’une décennie dans la région à la suite de ces incidents. Nous n’avons pratiquement pas eu de grands problèmes d’exploitation forestière illégale. Au début de la mission de WWF, nous avons également eu à lutter contre les trafics et braconnages. Cela a été suivi par des investigations à l’échelle européenne à travers Interpol et WWF, en ce qui concerne la contrebande des animaux à Madagascar. Grâce à la collaboration avec les douanes, les autorités policières et aéroportuaires, des contrebandiers ont été arrêtés bien que nous n’avons aucune idée de la taille du commerce illégal. Nous avons aussi appuyé les opérations impliquant les restaurants qui servaient clandestinement des espèces de lémuriens. Nos collègues se faisaient passer pour des clients ordinaires. Les propriétaires étaient assez confiants, présentaient leurs spécialités : des plats à base de lémuriens. Des solutions devront être trouvées pour permettre une gestion durable et légale des forêts et des espèces. Ceci devra être soigneusement s’équilibrer avec le rôle des aires protégées. Le marché international des espèces exotiques est énorme mais une minorité y trouve avantage. Le commerce clandestin continue de menacer littéralement certaines espèces, aujourd’hui en voie d’extinction.»

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Sur cette vue aérienne de la forêt des Mikea, on peut distinguer des constructions de pirogues à l’intérieur des forêts

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Améliorer la connaissance des plantes médicinales grâce à la botanique Nathanael Quansah est professeur d’ethnobotanique à l’université d’Antananarivo. Il a travaillé en tant que botaniste pour WWF Madagascar dans les années 1980 et a vu la naissance du programme ethnobotanique de cette organisation environnementale. « Le programme ethnobotanique de WWF consistait à renforcer les liens de la population avec la nature à travers l’utilisation des ressources naturelles. Les connaissances récoltées auprès des communautés ont été collectées par des étudiants afin d’aboutir à établir à une structure de conservation locale et des activités de développement appropriées dans cette région. Les étudiants ont été formés aux techniques de recherches ethnobotaniques et leurs travaux auprès des différentes communautés renforcent autant les capacités de ces universitaires que des membres des communautés eux-mêmes. Le programme a pour but d’aider la population locale à vivre en harmonie avec les éléments de la biodiversité. Cela, pour aboutir à utiliser leurs ressources locales pour un développement durable qui subvient à leurs besoins tout en conservant la biodiversité. La connaissance des communautés et leurs expériences dans la manière d’utiliser la biodiversité locale d’une manière durable et pérenne est l’’un des plus grands acquis de ce projet. C’est un regard qui inclut les communautés locales dans la conservation et qui évite que celle-ci soit le fait des spécialistes uniquement.

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La conservation doit être centrée sur la population et les communautés, qui doivent gérer les ressources naturelles de leurs zones. Il est nécessaire de de renforcer les liens entre l’homme et la nature : lorsque ce lien est rompu, il devient plus difficile voire impossible pour les communautés de prendre leurs responsabilités et aider à sauver la nature. Il faut ainsi travailler profondément pour sauver la diversité tant culturelle que biologique.»

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Un poster de sensibilisation sur l’importance des plantes médicinales. © Louise Jasper, WWF MWIOPO/Ralf Bäcker

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Forêts de madagascar Madagascar a toujours été connu pour ses forêts, habitats naturels d’espèces particulières et rares. Mais en 50 ans, la couverture forestière malgache s’est considérablement réduite, selon les régions. Nous perdons chaque année 0,6% de surfaces, soit quelques 150 000ha de forêts, à cause des cultures sur brûlis, des feux de brousse, des coupes sélectives. 2.351.755ha des forêts malgaches ont un plan de gestion. WWF a accompagné un peu moins de 500 000 ha, à travers les transferts de gestion vers les communautés locales.

Les populations vivent au quotidien des services écologiques des forêts, dont elles sont dépendantes. En 1975, la Seconde République instaure la ‘’politique de l’arbre’’, en vue d’inciter la population à se consacrer au reboisement. Cette campagne tenait déjà compte de l’importance d’un reboisement à vocation énergétique. Mais elle accompagnait aussi la lutte contre les feux de brousse et les incendies de forêts qui minaient déjà les zones rurales de Madagascar. Mécontentements, conflits, vols de bovidés : les incendies de forêts avaient aussi des aspects politiques et sociaux, au-delà des traditionnels feux destinés aux pratiques de brûlis. Cette lutte contre les feux de brousse avait pour slogan « Izay mandoro ala, mandoro tanindrazana », « Qui brûle les forêts, brûle sa patrie », expression entrée dans les conversations usuelles. En 2001 fut validé le standard national sur la gestion durable des forêts qui permet d’accompagner l’administration forestière. Mais la coupe sauvage et illicite, les feux de brousse, les cultures sur brûlis n’ont pas disparus, essentiellement à cause de la précarité des populations, la non-application des textes en vigueur et le faible accompagnement dans la création d’activités alternatives. Le taux de déforestation national est de 0,4% entre 2005 et 2010.

Les forêts, au bénéfice des populations WWF a participé à la mise en place du système de certification forestière à Madagascar. Ce mécanisme qui permet d’attester, après une vérification, qu’une production ou un service répond à un standard de qualité, délivre un «label» pour le produit. Par standard de qualité, on entend le respect des lois sur la foresterie, le respect d’un plan d’aménagement forestier, des règles de santé et de sécurité lors des travaux en forêt, la déclaration des volumes de bois récoltés, la réduction des perturbations des espèces et des sites exceptionnels, ainsi que du cours des fleuves et des rivières. Le but de cette certification forestière est de fournir aux consommateurs des informations sur la traçabilité des bois sur le marché. Cette idée est essentiellement trouvée dans le concept de développement durable l’IUCN 1980 «Activité économiquement viable, socialement acceptable et respectueuse de l’environnement» et le Sommet de Rio de 1992, sur l’Adoption cadre international d’un aménagement forestier durable. La certification forestière à Madagascar a commencé en 1996 avec la loi Gelose. En 2000, WWF et la Banque Mondiale mettent en place le processus de standard national qui a permis en 2010, de certifier 1000 ha de pins.

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Premier transfert de gestion vers les communautés

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©WWF MWIOPO / Tinha Rabarison

1999

Les jeunes participent activement au reboisement, Earth Hour 2013

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Evolution de la couverture de forêts naturelles à Madagascar en 1990, 2000, 2005 et 2010.

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1972

Conférence internationale sur la conservation des ressources naturelles

1998

Début du programme écorégional Ala Maiky

1999

Premier TGRN à Belambo-Lokoho

2001

Validation du standard national sur la gestion durable des forêts

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Début du programme écorégional des forêts humides Cérémonies de «Dons à la Terre» à Sakoantovo et Vohimasio

Les communautés, premières bénéficiaires des forets Les transferts de gestion des ressources naturelles (TGRN) consistent en une délégation par l’Etat de son autorité d’administration et de protection de forêts aux communautés de base.

La loi 96-025 sur la Gestion locale des ressources naturelles renouvelables (loi GELOSE) promulguée le 10 septembre 1996 consacre ce principe. Ce principe répond surtout à l’évidence d’une riposte face à la recrudescence des trafics et coupes illicites et le droit des communautés de gérer elles-mêmes les ressources naturelles dont elles sont dépendantes.

Fara Lala Razafy, Leader Ecorégional Ala Atsinanana

Les TGRN sont un mécanisme de conservation et de gestion des ressources naturelles par les communautés. Chacune de ces communautés est liée à l’Etat grâce à un contrat signé entre le président de la communauté villageoise et le représentant local de l’Administration. Fara Lala Razafy, Leader écorégional Ala Atsinanana au sein de WWF explique le principe : « Il est logique de déléguer ce pouvoir aux communautés locales car elles sont présentes sur les lieux, elles y vivent et sont les premières bénéficiaires d’une gestion rationnelle de ses ressources naturelles. Le transfert se fait en plusieurs étapes, dont la première consiste en une délégation provisoire de trois ans, sanctionnée par une évaluation technique. Si les résultats s’avèrent probants, la délégation de pouvoir continuera sur dix ans. Chaque communauté gestionnaire obéit à un cahier de charges. Le rôle de WWF est de préparer, accompagner et appuyer ces communautés dans la compréhension et la maîtrise de ce système ».

500 000ha de forêts gérés par les communautés Le programme terrestre de WWF a accompagné 199 TGRN qui représentent 500 000 ha de forêts. Nous proposons des options aux paysans pour remplacer leur pratique de l’agriculture itinérante sans les léser ni porter atteinte à leur culture : élevage, cultures maraîchères, SRI, entre autres. « Ces options permettent aux communautés de faire elles-mêmes le choix des activités qui les inspirent, qui sont réalistes dans le temps et dans l’espace et qu’elles peuvent continuer elles-mêmes en toute autonomie. » Simon Rafanomezantsoa, Coordonnateur du Programme Terrestre de WWF

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Ce principe est aujourd’hui à l’origine d’une partie importante de la conservation des ressources naturelles de Madagascar. Le premier transfert de gestion des ressources naturelles accompagné par WWF fut celui de la communauté de Belambo-Lokoho, dans le Sud-Est, en 1999. Cette communauté a obtenu officiellement la gestion de ses ressources naturelles en 2000.

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En 1977, WWF appuie la création de la Réserve spéciale de Bezà Mahafaly. A partir de 1997, il commence à transférer la gestion de ces parcs nationaux à l’ANGAP (actuel Madagscar National Paks). Suite à la Déclaration de Durban en 2003, 92 Nouvelles Aires protégées ont été ajoutés aux premiers parcs et sont toujours en attente de leurs statuts définitifs. En 2013, Madagascar compte 19 parcs nationaux, 23 réserves spéciales et 5 réserves naturelles intégrales réparties dans toute l’île, sous la gestion de Madagascar National Parks.

© WWF MWIOPO / Martina Lippuner

leS AIRES PROTÉGÉES

1984 début du programme «Biodiversité et aires protégées»

DES AIRES PROTÉGÉES, REFUGEs DE LA BIODIVERSITÉ Les premières réserves naturelles officielles de Madagascar sont établies au début du 20e siècle, initialement destinées aux recherches scientifiques et ethnobotaniques. Ce ne sera qu’en 1991 que se dessinera la première grande politique environnementale nationale déclinée en trois phases jusqu’en 2002 qui donnera un vrai essor à la création du Systèmes des Aires Protégées de Madagascar (SAPM).

L’année 2003 consacrera, à une échelle mondiale, les efforts de Madagascar dans la mise en place et le maintien de ces aires protégées, notamment grâce à la fameuse Déclaration de Durban. En 2005, la mise en place du système des aires protégées de Madagascar (SAPM) dont WWF assurera la co-présidence de la commission viendra renforcer ces initiatives et cadrer la protection des aires protégées. Le principe de co-gestion des parcs sera ainsi promu et permettra aux investisseurs privés, aux communautés, aux acteurs locaux de participer au développement et à l’entretien de ces aires protégées.

WWF a participé aux réflexions liées à la création du SAPM. Ces premiers pas étaient essentiellement consacrés à la recherche sur la biodiversité et anticipaient la démarche de l’aménagement des aires protégées et des sites d’importance biologique. Le programme « Biodiversité et Aménagement des Aires Protégées » nait en 1986 et WWF publie, en 1987, la Revue sur la situation des Aires Protégées et des sites d’intérêt biologique de Madagascar et l’étude scientifique « Madagascar : Revue de la conservation des Aires Protégées ».

En 2013, Madagascar compte six millions d’hectare d’aires protégées, réalisant ainsi la Vision Durban. 92 nouvelles aires protégées ont été créées et sont en attente de leurs statuts définitifs.

© WWF-Canon / Ed

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© Louise Jasper

En 1977, WWF débuta le projet de création de la Réserve spéciale de Bezà Mahafaly dont il transfèrera la gestion du PCDI à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo, en 1995. WWF appuya surtout la naissance et le développement de l’ANGAP en 1990, reconnue d’utilité publique et rebaptisée Madagascar National Parks (MNP). Le Madagascar National Parks est chargé de gérer les aires protégées de Madagascar. WWF transfèrera la gestion des parcs nationaux d’Andohahela et de la Montagne d’Ambre à Madagascar National Parks en 1997 puis celle des parcs nationaux d’Andringitra et de Marojejy en 2004.

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1972

Projet sur la Réserve Spéciale de Beza Mahafaly

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Revue sur la situation des aires protégées

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1991

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2003

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2005

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Création du Système des Aires Protégées de Madagascae

© WWF-Canon / Martin Harvey

Premières identifications des aires protégées Martin Nicoll, Conseiller Senior en conservation de WWF Madagascar fait partie des premières équipes d’identification des zones d’aires protégées. Il a fallu une décennie pour établir les zones prioritaires de conservation à Madagascar, tant la biodiversité de la Grande île offrait une luxuriante diversité. «En 1985, le ministère des Eaux et Forêts a décidé de revisiter le Système des aires protégées de Madagascar. Le ministère a fait appel à la contribution de WWF et de l’UICN pour fournir les experts qui vont assurer cette refonte et former les personnes ressources des parcs et des réserves. Pour le meilleur ou pour le pire, Olivier Langrand - un jeune ornithologue remarquable qui deviendra plus tard Représentant de WWF Madagascar et moi-même ont été choisis comme experts pour réaliser ce défi plutôt impressionnant. Après un essai sur la planification de la conservation au Gabon, nous avons été dépêchés à Madagascar en septembre 1986 pour organiser la même mission. En 1986, les parcs et réserves de Madagascar ont été essentiellement pris en compte par une poignée de personnes issues du ministère de tutelle ainsi que des scientifiques. Il est vrai que certaines aires, comme la Montagne d’Ambre et Ankarafantsika ont été assez raisonnablement promues grâce aux appuis de WWF. Mais la majorité, comme, les parcs et réserves de Kalambatritra, Manombo, Ambohijanahary ou Tsimanampetsotsa ont été les grands oubliés. Même les cartes originales qui ont accompagné les décrets de nomination de ces parcs ou réserves individuelles étaient négligées. Nous avons rapidement travaillé sur un programme exploratoire avec les cadres supérieurs du ministère. Langrand, moi-même et les représentants du ministère de tutelle ont réalisés plusieurs descentes sur le terrain pour travailler avec les agents forestiers locaux. Notre mission initiale était de faire l’inventaire de l’état du parc ou de la réserve et d’évaluer la représentativité de la biodiversité locale pour Madagascar. Avec l’aide des guides locaux, nous pouvions identifier des lémuriens, d’autres grands mammifères tels que les carnivores et la plupart des oiseaux. Je pouvais moi-même identifier les petits mammifères les plus insaisissables comme les rongeurs endémiques et les tenrecs. Mais nous n’étions pas très fiables pour ce qui est d’identifier les amphibiens, les reptiles et les plantes. Heureusement, quelques scientifiques, experts en faune, ont travaillé en collaboration avec l’université d’Antananarivo et le Missouri Botanical Garden (MBG) et ont pu commencer des inventaires botaniques qui sont toujours en cours aujourd’hui. Ces individus passionnés nous ont rejoint dans nos explorations et nous ont aidé à améliorer de manière significative nos connaissances. Mais il y a eu un défi que nous devions relever depuis le début des années 1980 : notre compréhension collective du niveau réel de la diversité biologique à Madagascar était nettement insuffisante. Il nous a fallu une dizaine d’années pour identifier les zones à protéger les plus importantes et définir les priorités nationales de conservation.»

© WWF-Canon / R.Isotti, A.C ambone - Homo Ambiens

La cartographie du Système des Aires Protégées de Madagascar, mai 2013

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Autres regards sur les aires protegées

L’approche écotouristique à Andringitra

On constate dès 1991, une évolution importante dans la gestion des aires protégées: une approche communautaire et une approche par l’écotourisme. Deux regards complémentaires qui soulignent une implication des communautés et du secteur privé.

Le parc national d’Andringitra a ouvert ses portes en 1999. La gestion de l’écotourisme est une part importante de la conservation au sein de cette aire protégée ainsi que du développement local. Ainsi, les chefs de lignage, les opérateurs privés, l’Administration, le WWF et ses partenaires ont mis en place un comité de pilotage pour réaliser ce projet. La population s’est beaucoup impliquée dans la valorisation du site et a en retour, participé à son propre développement à travers la création d’écoles, d’emplois liés à l’ écotourisme. Andringingitra est aujourd’hui l’un des parcs nationaux les plus visités de Madagascar.

L’approche communautaire à Zombitse Vohibasia

© WWF MWIOPO / R.Maro

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/ R.Maro

Zombitse Vohibasia se trouve dans le Sud de Madagascar. Grâce à une stratégie nationale novatrice qui donne la part belle aux valeurs sociales et culturelles, plusieurs actions ont pu être réalisées : la lutte contre le défrichement, l’exploitation commerciale illégale en vue de fabriquer du charbon, et les brûlis au sein de l’aire protégée de Zombitse Vohibasia. Les communautés locales se sont impliquées pour ces projets et se sont approprié les activités alternatives de développement qui sont génératrices de revenus. Deux contrats de transferts de gestion ont ainsi été faits en 1999, accompagnés par WWF.

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Survoler les forêts pour mieux

er Les forêts restent toujours sous la coupe des exploitations illicites, mal gré les efforts sans cesse déployés pour lutter contre ce phénomène. Les nouvelles tech nologies permettent aujourd’hui d’imaginer différentes manières, plus rapides et plus effic aces pour améliorer la surveillance des aires protégées. En 2010, WWF et ses partenaires ont lancé, en coopération avec les communautés et autorités locales, leur projet commun de surv eillance aérienne sur l’aire protégé e de PK32-Ranobe. Les photos prises lors des survols perm ettent d’orienter les patrouilles terre stres vers les lieux où se déroulent les infractions. Ces actions visent à sensibiliser les com munautés et arrêter les récidivistes sur les sites défriché s.

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4222.6 ha de forêts avaient été défr ichés sur l’ensemble de l’aire prot égée en novembre 2010, contre 1292.11 ha en novembre 2011 et 1993 ha en novembre 201 2. Le taux de défrichement agricole a ainsi diminué de 69.4 % de 2010 à 2011 et de 52.8 % de 2010 à 2012 dans la nouvelle aire protégée. Ce projet est une piste prometteuse en mat ière de protection des aires protégées : 5 160.09 ha de forêts ont déjà été sauvés.

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6 millions ha de forêts à protéger

Déclaration de durban : le challenge ambitieux de madagascar 2003 fut une belle crue pour la conservation à Madagascar. Au cours du congrès mondial des parcs, tenu à Durban, le gouvernement malgache fit une déclaration devenue historique et connue sous le nom de « Déclaration de Durban ». Cette déclaration consacre un défi colossal : en cinq ans, tripler la superficie des aires protégées de Madagascar et atteindre les 6 millions d’ha. Ce défi est maintenant atteint, mais il reste une étape importante à réaliser : sécuriser les nouvelles aires protégées : « Aujourd’hui la Vision Durban est réalisée mais elle reste très fragile, il faut sécuriser nos acquis. Obtenir un statut définitif n’est pas évident, malgré les travaux techniques préalables.La mise à jour du code des aires protégées a été suspendue à cause de la crise politique de 2009. Depuis 2006, l’octroi des nouveaux permis miniers dans les zones identifuées comme futures aires protégées a été suspendu », souligne Nanie Ratsifandrihamanana, Directrice de Conservation de WWF, de 2004 à 2013. Malgré sa biodiversité extrêmement riche, Madagascar a vu ses forêts réduites à 10% de sa couverture initiale en cinquante ans. Lorsque, en 2003, le gouvernement malgache signe la Vision Durban, il effectue un bond en avant : admettre qu’il est désormais incontournable de protéger la biodiversité de Madagascar et déterminer un plan certes, ambitieux, mais logique et efficace pour réaliser cette mission.

Grâce aux aires protégées, l’écotourisme commence à prendre son essor à Madagascar en particulier dans le Grand Sud où on retrouve Isalo, Tsimanampetsotse et Andohahela. Grâce à la Vision Durban, Madagascar devient le premier pays de l’Afrique australe à se lancer dans un challenge aussi important en matière de conservation de l’environnement. « Ce que nous devons faire, c’est d’améliorer et valoriser la fonction du système des aires protégées malgaches pour que la conservation en soit plus poussée, que les communautés puissent bénéficier des services écologiques de ces forêts et qu’elles restent une part entière du développement durable de Madagascar », souligne Guy Suzon Ramangason, Directeur Général de Madagascar National Parks, au cours de la célébration des 50 ans de WWF Madagascar ( mars 2013).

© WWF MWIOPO

2003

La vision Durban vient s’intégrer dans la conservation de l’environnement à Madagascar, promue par le slogan « Madagascar, naturellement ». Cette déclaration fut suivie de plusieurs études qui décrivirent les priorités de conservation et les paysages potentiels de Madagascar : les écosystèmes terrestres, les écosystèmes côtiers et les écosystèmes marins. L’identification des nouvelles aires protégées s’est basée sur les meilleures connaissances de la biodiversité de Madagascar et l’utilisation d’outils d’analyses sophistiqués. Le but est de représenter toute la gamme de la biodiversité de l’île au sein d’un système d’aires protégées.

© WWF MWIOPO

/ Xavier Vincke

Pour réaliser la déclaration de Durban, Madagascar s’est insipiré des catégories d’aires protégées de l’IUCN. De nouveaux modes de gouvernance ont été appliqués afin d’impliquer le maximum d’acteurs dans la conservation. Ainsi, le secteur privé, les communautés locales, les collectivités territoriales, les ONG peuvent devenir gestionnaires de ces nouvelles aires protégées.

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Les nouvelles aires protégées créées depuis 2003

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« C’est au cœur des aires protégées d’Andohahela et de la Montagne d’Ambre que les premiers agents de WWF ont travaillé. Ensuite, cela est devenu un porte-feuille de travail qui a mobilisé WWF, ses partenaires ainsi que les bailleurs de fonds et l’Etat. Nous avons collaboré ensemble pour créer l’ANGAP, aujourd’hui connu sous le nom de Madagascar National Park, et soutenu la création des aires protégées et leurs catégories respectives. » Sheila O’Connor, ancienne Chargée de Programme, 1987-1995

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« Pour réaliser la fameuse Vision Durban, nous avons collaboré étroitement avec d’autres organismes tels que le Conservation International, par exemple. J’ai été très impliqué dans la conception du système des aires protégées de Madagascar. C’était une période émouvante où plusieurs ONG ont travaillé, main dans la main ». Jean-Paul Paddack, ancien Représentant Régional de WWF, 1997-2007

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Les efforts de conservation restent lettre morte si ils ne sont pas consolidés par l’éducation et la formation. C’est un relais, à tous les niveaux, pour pérenniser nos ressources naturelles. WWF mise sur l’éducation et la formation ; l’éducation des communautés de base, de la jeunesse ; la formation des associations de la société civile, des groupements paysans et la formation scientifique dédiée aux universitaires.

© WWF MWIOPO / Ralf Bäcker

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L’ECOLOGY TRAINING PROGRAM, PÉPINIÈRE DE SCIENTIFIQUES Parmi les programmes développés avec WWF à Madagascar, l’« Ecology Training Program », plus connu comme Programme ETP, était assez spécial. C’était un programme aux débuts modestes mais dont les impacts étaient d’envergure.

© Zoo Zûrich / Robert Zingg

1991

Le programme ETP a été créés par d’anciens Chargs de Programme de WWF tels que Olivier Langrand et Sheila O’Connor, ainsi que du chercheur scientifique, Steve Goodman en 1991. Par la suite, Steve Goodman et Achille Raselimanana sont devenus les coordinateurs du programme jusqu’en 2007. Le concept de l’ETP, d’après Achille Raselimanana, ancien Biodiversity Programme Officer de WWF, est à la fois de promouvoir la recherche sur la biodiversité de Madagascar et d’appuyer le développement et renforcement de capacité rattaché à une institution nationale dont les Universités malgaches. Les missions au sein d’ETP font découvrir les endroits les plus reculés de Madagascar, et parmi les plus merveilleux : les sommets de Tsaratanàna, de l’Andringitra et de l’Ankaratra. La grande équipée, aux côtés de Steve Goodman, était souvent les pionniers de la recherche dans ces endroits. Au niveau national, le programme de Field school forme les biologistes malgaches venant des universités d’Antananarivo, Fianarantsoa, Toliara, mais aussi des institutions comme Madagascar National Parks, WWF. Ces Field school accueillent chaque année entre 6 à 12 participants. Aux recherches s’ajoutent les aventures au quotidien: marches en forêts, inventaires nocturnes, observations d’oiseaux... Dans les années 1990 où ETP fut créé, la perte de la couverture forestière pour Madagascar était de 80%: plus de la moitié ont été perdues pendant les cent dernières années. Afin d’assurer la conservation durable, il est essentiel de former des scientifiques malgaches dans le domaine de la biologie, de l’écologie, dans les pratiques de conservation. Les connaissances scientifiques sont valorisées, afin d’appuyer les activités de protection des habitats et de la conservation de la biodiversité unique de Madagascar.

En 2005, deux nouvelles espèces de microcèbes ont été découvertes. L’une d’entre elle a été baptisée Microcebus lehilahytsara, clin d’œil au Dr Steve Goodman, ancien responsable du « Ecology Training Programme » du WWF à Madagascar

© Achille

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© Steve Goodman

«ETP était un programme de découvertes de la nature mais surtout un grand sens de partage de connaissances. Nombreux, parmi la soixantaine de membres de l’ETP partageront sûrement mon point de vue. Ce n’est pas uniquement l’appui à l’obtention d’un diplôme, car en étant quotidiennement confrontés au défi de la conservation, lors des visites sur terrain, l’ETP forge les universitaires à s’impliquer, à comprendre et faire face aux problèmes liés à la conservation. J’ai fait ma première mission avec ETP en 1996, pour la préparation de mon Diplôme d’Etude Approfondi (DEA) à l’université d’Antananarivo. Les visites en forêts allaient de découvertes en découvertes, des petits microcèbes au grand boa. Des expériences qui permettent d’acquérir une base de connaissances, de la rigueur, un sens de la responsabilité et l’esprit d’équipe.» Domoina Rakotomalala, ancienne membre de l’ETP, actuel Chef de projet au WWF

ala la, for mée Domoina Ra kotom e ET P mm gra pro du n au sei Le Myzopoda schliemanni et le Macrotarsomys petter, deux espèces découvertes par le programme ETP

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1986

Début du programme «Education à l’Environnement»

1991

Création du Programme ETP

1991

Publication du premier numéro de Vintsy

1992

Création du premier club Vintsy

2000

Sortie du matériel didactique «Ny Voaary»

2006

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Présentation du concept d’éco-pédagogie de WWF

Les succès de l’ETP Le plus visible est l’appui à l’obtention de diplôme de Doctorat et de DEA pour les Universitaires malgaches et l’avancée dans la connaissance de la biodiversité malgache. Mais les données obtenues des différents inventaires biologiques jouaient un rôle stratégique en fournissant des informations répondant aux besoins immédiats de Madagascar en matière de priorités en activités de conservation. Ainsi l’application directe de la valorisation de ces informations scientifiques était la priorisation des sites de la Vision Durban, notamment en fournissant des informations essentielles pour soutenir les efforts de conservation, tels que les exercices de priorisation des nouvelles aires protégées. En termes d’application de la recherche, ces mêmes bases de données ont supporté l’élaboration de plusieurs rapports nationaux et stratégies nationales, CDB, CITES (gestion de la biodiversité), IUCN pour les reptiles et lémuriens (Statut de conservation). Un groupe d’anciens diplômés de l’ETP, qui font maintenant partie du système universitaire malgache a créé l’association Vahatra, sous la présidence d’Achille Raselimanana. ETP a ainsi évolué pour devenir une organisation indépendante, dirigée par des diplômés formés au sein de l’ETP pouvant créer des programmes visionnaires dans un contexte malgache. ETP a été remis à l’Association «Vahatra » en septembre 2007. Vahatra continue d’assurer une partie du mandat de l’ETP : l’avancement des biologistes de conservation malgaches et la recherche sur la biodiversité de l’île.

« Je suis heureux de voir à travers WWF l’évolution des recherches scientifiques et des connaissances en termes de biodiversité. Dans les années 1980 où j’ai travaillé à Madagascar, j’ai constaté que le pays manquait cruellement de chercheurs et de spécialistes en la matière. Je vois cependant que beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer la situation et le nombre de chercheurs, de scientifiques et de spécialistes dans des domaines très divers a sensiblement augmenté » Olivier Langrand, ancien Chargé de Programme de WWF, 1986 -1996

« La formation de l’ETP lancé par le WWF a fait ses preuves en proposant des documentations internationalement reconnus, concernant la biodiversité de différentes régions de Madagascar, en particulier les zones protégées. Grâce à ce programme de formation, les universitaires malgaches et étrangers ont été en étroite collaboration jusqu’aux dernières étapes. Mais au final, l’appropriation a été une réussite puisque l’ETP est enfin devenu un programme vraiment malgache. Grâce à ce programme et en combinaison avec les universités et organismes malgaches et étrangers, un groupe de jeunes chercheurs ont amélioré leurs connaissances, ont consolidé leur confiance et leur crédibilité à Madagascar et sur la scène internationale. Ils ont offerts des connaissances importantes des lieux où ils ont travaillé, notamment en matière de protection et de gestion. » Sheila O’Connor, ancienne Chargée de Programme de WWF, 1987-1995

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L’ETP et «“The Natural History of Madagascar »

Suivant le concept d’ETP, un livre intitulé “The Natural History of Madagascar” a été publié en 200 3 et traduit en français. Ce livre de 170 0 pages est reconnu internationalem ent comme une référence pour Madagascar. De plus, au sein du programme ETP, monographies et publications nationales et internationales, résultats des trav aux d’inventaires et de recherches des scientifiques et des étudiants, son t publiés. Les informations obtenue s au cours des inventaires sur le terrain dans plus de 400 sites ont abouti à la découverte de plus d’un e cinquantaine de nouvelles espèce s d’oiseaux, de mammifères, de rept iles et d’amphibiens, ce qui a conduit à la publication de près de 500 artic les scientifiques. Ce travail a été cruc ial dans l’établissement des priorités en matière de stratégies de conserv ation liées au système d’aires protégé es de l’île.

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©WWF MWIOPO

Vintsy, du magazine aux clubs La création du magazine éco-pédagogique Vintsy et des clubs du même nom fut l’une des plus belles initiatives de WWF. Ces clubs et ce magazine sont entrés dans les traditions scolaires et universitaires. Vintsy est aujourd’hui le seul magazine capable de couvrir tout le territoire malgache et les clubs vintsy comptent en 2013 quelques 700 clubs et 50 000 membres dans les collèges, lycées et universités. Le premier numéro du magazine « Vintsy » sortit en avril 1991. « A l’époque, le magazine avait trois couleurs : noire, blanche et verte. Nous les achetions et en faisions collection. J’aimais particulièrement les bandes dessinées de Vintsy. Comme beaucoup de jeunes de ma génération, Vintsy a bercé mon enfance et mon adolescence», se souvient Anna Rakotoharinomena, lectrice des premières heures. Le magazine a eu, dès son lancement, un franc succès : il avait la particularité d’être ludique et pédagogique, permettant aux élèves, aux professeurs et aux parents d’aborder d’une manière simple et amusante la conservation de la biodiversité. Vintsy a été pensé pour faciliter la compréhension de la protection de la nature dès les premières classes.

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C’est sous impulsion du magazine qu’est vulgarisé auprès de son jeune lectorat le concept d’éco-gestes qui furent repris et consacrés par les clubs Vintsy. Au fil du temps, le magazine a aussi évolué : quadrichromie, papiers recyclés, thèmes d’actualité – énergie propre, changement climatique, reboisement, recyclage…

©WWF MWIOPO

Le premier club Vintsy a été créé en mai 1992 dans la ville de Toliara, inspiré par le magazine Vintsy. Encadrés par des professeurs formés par le programme d’Education Environnementale de WWF, les membres des clubs Vintsy sont éduqués de manière à éveiller un certain reflexe environnemental dès le plus jeune âge. Assainissements, reboisements et entretiens de jeunes plants, entretien de jardins potagers et de pépinière, classes vertes, animations et sensibilisations font partie de leurs tâches au quotidien. « En être membres leur permet par exemple de devenir plus responsables et plus volontaires. Ils ont également plus de connaissances que les autres jeunes de leur âge sur la question environnementale. Ils seront également aptes à mener des actions de sensibilisation », explique Rachel Senn Harifetra, responsable du programme Education de WWF.

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En 2006, le magazine « Vintsy » célèbre son 15ème anniversaire et deux concours ont été organisés. Les lauréats ont bénéficié d’un voyage en Allemagne et en Suisse. Cette année-là, 80 clubs « Vintsy » étaient en place dans tout le pays

En 1996, des cand idate s au conc ours de beauté Miss Iarivo faisa ient référence aux clubs Vint sy

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Irfan Aly F. Abasbay est le président de Uni Vers Vintsy, qui fédère les clubs Vintsy universitaires. Convaincu de l’importance de l’éducation environnementale, il nous partage son enthousiasme : « La protection de l’environnement n’est pas uniquement une question de grandes stratégies nationales ou mondiales. Elle commence surtout par de petites initiatives citoyennes, faciles et faisables pour toutes les bonnes volontés. Je suis fier de mon adhésion au club vintsy car cela m’a permis de me faire une vision de Madagascar de demain, d’apprendre et de partager autour de moi des petits gestes écocitoyens que tout le monde peut reproduire. J’aime aussi l’esprit d’équipe et d’entraide qui règne dans ces clubs Vintsy, une ambiance conviviale qui motive et encourage »

Les jeunes issus des clubs Vintsy universitaires, particulièremen animatons

t actifs dans les sensibilisations et les

30 000 signatures pour la terre En 2009, lors de la 17e conférence des parties à Copenhagues, les clubs Vintsy et les scouts de Madagascar ont participé à une grande collecte de signatures qui a réuni 30.000 personnes dans toute l’île. Cette pétition était un appel aux parties pour qu’elles appliquent leurs engagements de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Grâce aux clubs Vintsy et aux scouts, Madagascar a été le troisième pays le plus représenté dans l’initiative Vote Earth de WWF International au cours de cette 17e conférence des parties.

Avec 50 000 membres et 700 clubs dans tout Madagascar, les Vintsy sont les premiers ambassadeurs de l’environnement parmi la jeunesse malgache

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57

d’éduc

La nature est la meilleure éducatrice de l’homme Au cœur d’un pays aussi naturellement luxuriant que l’est Madagascar, les relations de l’homme et de la nature sont forcément très importantes. Ayant une place dans la vie sociale, culturelle et économique, la biodiversité est avant tout une part de l’identité malgache, malheureusement vaincue par la pression de la précarité. Voici le témoignage de Ioto Raphaël, chef du village de Tsaratànana, dans le Sud-Est de Madagascar et président de l’association environnementale de son village.

©WWF MWIOPO

La conservation est une affaire

ation L’éducation environnementale entr era en 1982 dans le programme scolaire de la jeunesse malgache. WWF pour sa part crée son prog ramme Education à l’Environnemen t en 1986, mettant ainsi en évidenc les liens entre la conservation et e l’éducation. Ce programme acco mpagne surtout les communauté de base dans leurs prises d’initiativ s es et de responsabilités, dans la mesure où celles-ci sont appelée à reprendre la gestion des ressourc s es naturelles. Alphabétisation fonc tionnelle, gestions associatives, tenues de cahiers de charges…au tant de responsabilités auxquelles ces villageois n’avaient pas l’habitude et qu’ils ont pu renforce r, avec l’appui des équipes de WW F sur le terrain.

« La nature éduque-t-elle les êtres humains ? Bien sûr, je le crois. Je suis un villageois parmi tant d’autres de Madagascar. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école très longtemps. Je tire ma vie et mon éducation de ce que m’ont enseigné mes parents, ma famille, mes aînés, mes proches, mes amis, mon village. Eux-mêmes tirent leur savoir de la connaissance de l’environnement : les saisons, les arbres, les animaux, les éléments. La nature est la meilleure éducatrice de l’homme, en tout cas, elle forme le paysan malgache que je suis.

Ioto Raphaël, chef de la communauté de base «Tsaramandroso » dans le village de Tsaratànana, Vondrozo

J’ai pratiqué la culture sur brûlis à cause de la précarité. Comment élever ses enfants dans de si difficiles réalités, sans trouver les moyens d’améliorer ses gains ? Tous mes enfants sont nés dans la forêt, pendant que ma famille et moi, nous pratiquions le tavy. Mais cette pratique a eu de très grands revers sur nos vies : moins de pluies, moins de cultures et des existences de plus en plus difficiles. J’ai fait volte-face. J’ai décidé de donner aux miens un avenir plus serein. Au sein de mon association environnementale, je suis maintenant très actif dans la sensibilisation de mes pairs, les jeunes en particulier, à l’abandon des pratiques destructrices de l’environnement. Je crois aux bienfaits de l’éducation environnementale. C’est une éducation qui devrait se faire partout. A l’école, au sein des quartiers, au sein des familles, dans les églises, dans les villages, dans les villes. Tout le monde doit se sentir concerné. Vous savez, ce n’est pas simplement informer les gens sur ce qui est bien et sur ce qui est mauvais, c’est surtout les convaincre des conséquences néfastes et durables des actions destructions comme les feux de brousse, les coupes de bois illicites, les tavy. Je suis un exemple de conversion réussie car grâce à la sensibilisation et à l’éducation environnementale, j’ai abandonné totalement le tavy et milite pour que d’autres suivent mon exemple.

©WWF MWIOPO

Il faut d’abord se sentir concerné par l’éducation environnementale. C’est la base de tout. La pluie qui se fait rare, les cultures maigres et la pénurie qui menace sont des choses qui me concernent de près. J’ai pris la décision de ne pas subir ces difficultés. J’ai accepté d’essayer les activités génératrices de revenus comme l’élevage, par exemple : cela parait petit mais à mon niveau, c’est une véritable reconversion dont je suis fier. Comme vous le voyez, les écoliers sont très actifs dans l’assainissement du village. Ils se sentent également concernés et j’en éprouve autant de fierté en tant que chef de ce village. Je vous ai dit auparavant que la nature forme l’homme. Si l’homme ne s’éduque pas à prendre soin de la nature, si la nature disparait, c’est l’homme luimême qui disparaîtra ».

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PO ©WWF MWIO

Les femmes impliquées pour l’environnement La protection de l’environnement est affaire de tous. Un engagement citoyen qui interpelle autant les jeunes que les aînés, les hommes que les femmes. WWF fait sien la cause de l’équité des genres en soutenant l’implication des femmes à la protection de l’environnement. « Conserver l’environnement est impossible sans impliquer le plus grand nombre. Les femmes ont leur place dans cette mission car elles ont des rôles sociaux, culturels, économiques et même politiques à jouer dans la vie nationale. Leur implication est un modèle pour la communauté et pour leurs paires ». Valencia Ranarivelo, Coordonnatrice du Programme Initiatives pour le Développement Durable de WWF.

© WWF MWIO

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“ En 2004, nous avons créé notre association villageoise, notre première communauté de base (COBA) avec l’appui de WWF. Nous étions très motivés, nous voulions assumer nos responsabilités pour gérer nos ressources forestières. Mais l’association n’a pas fonctionné comme nous l’avions souhaité au début. Les membres n’étaient jamais impliqués dans les décisions, la gestion des fonds laissait à désirer. J’ai alors porté plainte et j’ai informé mes voisins concernant cette situation. Tout le monde était d’accord: il fallait changer les choses. Au cours d’une réunion extraordinaire, les membres du bureau ont été remerciés, mais à ma grande surprise, les villageois ont proposé ma candidature à la présidence de la COBA. J’étais etonnée et inquiète mais la communauté a decidé de me soutenir: ils ont tous voté pour moi. La présence constante de WWF depuis 1995 et le travail effectué avec les associations féminines ont aidé à changer les mentalités » Honorine Razafindrafara, première femme présidente d’une association communautaire à Ivohibe

A Beheloka, des femmes membres de l’association co s’exercent à la mi mmunautaire ex se en place des piq périmentent la pla uets. ntation

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Les jeunes contribuent à la conservation Le programme Explore de WWF a été lancé en 2005. Il permet à des jeunes volontaires des quatre coins du monde de venir s’impreigner des métiers et des enjeux de la conservation dans les zones d’intervention de WWF pendant trois mois. Un trimestre au cours duquel ils vivent avec les communautés locales.

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« En 2006, cinq jeunes européens du programme Explore de WWF ont rejoint Madagascar, dans l’idée d’y trouver un monde meilleur, une nature unique à protéger. La réalité nous a ramené sur terre : Madagascar est une île de 22 millions de personnes, qui luttent pour soutenir leurs subsistances et les ressources naturelles sont leur survie. Nous avons rectifié le tir, notre nouvelle mission : trouver le juste milieu entre le développement et la protection de cette merveilleuse biodiversité. Cela a influencé mes choix car ancienne bénévole du WWF à Madagascar, je travaille maintenant pour un programme dont l’un des volets consiste à placer la nature au cœur du développement » Claire Balbo, ancienne volontaire de WWF Explore, 2006

Une action courageuse… La conservation et la protection de l’environnement ont bénéficié des efforts incontestables de personnes qui ont déplacé des montagnes dans la discrétion. A Madagascar, l’une de ces personnes est le Pr Berthe Rakotosaminanana, une héroïne qui a littéralement ouvert Madagascar à la communauté internationale de la conservation, changeant à jamais le visage de la science de l’environnement et de la conservation dans son pays natal. En 1984, le Pr Rakotosamimanana a signé un accord historique pour fonder un groupe international de scientifiques susceptibles de promouvoir la recherche biologique à Madagascar. A l’époque, la Grande île était relativement fermée aux recherches scientifiques. Ce groupe proposait des recherches et des thèmes de collaboration avec des scientifiques malgaches. Cet accord, signé en dehors de toutes autorisations officielles, a bouleversé le visage de la conservation et amélioré les recherches scientifiques à Madagascar. L’accord a d’abord ouvert la porte à un groupe restreint de scientifiques étrangers, volontairement engagés dans la formation des scientifiques et des étudiants malgaches. Puis, un plus large panel de scientifiques a pu faire des recherches en terres malgaches, améliorant ainsi les connaissances de l’environnement et de la biodiversité malgaches. En substance, Madagascar est passée d’une énigme biologique méconnu à une priorité mondiale pour la conservation. Le Pr Berthe Rakotosamimanana ainsi ouvert la porte à beaucoup de personnes influentes dans le monde de la conservation et de la science biologique.

d’algues marines

Cet accord historique a moulé la génération actuelle de scientifiques et des chercheurs et a apporté de nombreuses contributions importantes. Par exemple, en 2004, époque où Madagascar s’est engagé publiquement à tripler son réseau d’aires protégées à 6 millions d’hectares grâce à la Vision Durban, cet accord acontribué à amener les secteurs de l’exploitation minière et de la conservation industrielle, traditionnellement en conflits, sur la table de discussion. Le Pr Berthe Rakotosamimanana et un groupe de scientifiques ont proposé une solution : un moratoire sur l’exploitation minière industrielle dans les futures zones protégées potentielles afin de donner aux écologistes la latitude d’évaluer ces domaines et déterminer leur importance en termes de biodiversité. Le moratoire est toujours en vigueur et couvre environ la moitié de toutes les nouvelles aires protégées. La communauté de la conservation a rendu hommage au Pr Berthe Rakotosamimanana en lui donnant le nom d’un lémurien endémique à Madagascar : le Microcebus berthae ou le Microcèbe de Madame Berthe. . Ici, elles

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Pays insulaire, Madagascar compte 4800km de littoral, avec une biodiversité marine aussi importante que sa biodiversité terrestre. Au même titre que les forêts, la mer est aussi une part entière de l’identité malgache, de sa vie sociale et de son économie. Autant vit-on des services de la forêt à l’intérieur des terres, autant vit-on des services de la mer, sur les côtes.

© WWF-Canon / naturepl.com / Cheryl-Samantha Owen

la mer et ses richesses

cRÉATION DU PROGRAMME MARIN DE WWF

La mer, UNE PRIORITÉ DE CONSERVATION Les premières initiatives en faveur de la biodiversité marine commenceront dans les années 1970 mais ne prendront un vrai essor que vers les années 1990, et après 2003.

© WWF MWIOPO / Jürg Brand

1998

En 1971, suite à un colloque national sur la mer, la première République de Madagascar lance son projet national de protection des mangroves qui représente 300.000 ha de la superficie de Madagascar. Ce programme augure une nouvelle étape dans la reconnaissance de la mer et de la biodiversité côtière. Ce premier projet national de protection des mangroves se veut visionnaire. Il met déjà un accent sur l’importance des marais de palétuviers pour les écosystèmes marins et interdit la coupe sauvage de ces espèces, dont les branches sont généralement utilisées pour la construction d’habitation. Plusieurs initiatives naissent de ce colloque national sur la mer dont la plus importante aboutit à la reconnaissance du rôle des mangroves en tant qu’éléments de résilience écologique des écosystèmes et de stabilisateurs dans certaines zones côtières. L’adhésion de Madagascar à la convention de Ramsar justifie l’implication du gouvernement dans la protection de cet écosystème particulier où cohabitent les poissons, les crustacés, les oiseaux aquatiques. Ce ne sera qu’en 2010 que le gouvernement malgache consacrera une journée nationale pour les mangroves et lancera une vaste opération de reboisement.

WWF est aujourd’hui activement impliqué dans la promotion et la protection des paysages marins prioritaires de Madagascar et dans l’océan indien occidental. Notre région est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus grandes richesses naturelles en biodiversité marine, dont WWF et ses partenaires s’efforcent d’assurer la conservation, confirme Rémi Ratsimbazafy, Leader écorégional de WWF dans l’Océan Indien Occidental. ines sont Les tortues mar les plus vulnérab

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1998

Début du programme marin

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Extension du mandat de WWF dans l’Océan Indien Occidental

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© WWF M

Rémi Ratsimbazafy, Leader écorégional de WWF dans l’Océan Indien Occidental

En 2006, le comité de pilotage du projet dont fait partie WWF « Réseau d’aires marines protégées de pays de la Commission de l’Océan Indien » tient sa première réunion à Port Louis, Ile Maurice. Ce fut une année très active : un inventaire détaillé a été établi en vue d’un projet de conservation du récif corallien de Toliara qui devrait anticiper le statut d’aire marine protégée de l’un des plus grands complexes coralliens du monde, de même pour l’archipel de Nosy Hara.

© WWF-Canon

Harifidy Ralison, Coordonnateur du Programme Marin de WWF

En 1998, Madagascar ratifie la convention de Ramsar sur la protection des zones humides, les lacs et les cours d’eau. Cette même année, les deux premiers sites Ramsar malgaches sont officialisés. Un an plus tard, WWF étend son mandat aux îles situées dans la sous-région de l’Océan Indien Occidental afin de mettre en place un programme pour cette écorégion marine : Maurice, Seychelles et Comores. Le programme marin de WWF a été créé en 1998: « WWF avait déjà mis sur les rails plusieurs projets de conservation marine qui touchaient à la fois le milieu marin que les milieux transitoires, entre mer et terre. Mais la mise en place de ce programme de conservation marine et côtière montre l’importance que WWF attache à la préservation et à la gestion durable des écosystèmes spéciaux et hautement productifs et permet actuellement la mise en oeuvre, d’une stratégie de taille pour une gestion effective et durable des écosystèmes marins priortaires », souligne Harifidy Ralison, Coordinateur du Programme Marin de WWF.

La conservation marine ne bénéficie pas uniquement aux espèces et aux habitats. Elle avantage aussi les pêcheurs qui vivent des ressources halieutiques.

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2006

Création du réseau d’aires marines protégées de pays de la COI

2007

Accord de partenariat avec UNIMA

2010

Début du projet de conservation des mangroves

2013

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Première Rencontre Professionnelle de la filière pêche du Menabe

Les mangroves, un écosystème vital

Un accord pour une industrie propre

Les forêts de mangroves représentent 300 000 ha de toute la superficie de Madagascar. C’est une végétation transitoire entre le marin et le terrestre qui ont la particularité d’être un habitat important pour plusieurs espèces marines, d’être d’efficaces stabilisateurs pour certaines zones côtières. Les mangroves contribuent à la résilience écologique des écosystèmes marins et côtiers et forment des marais de mangroves.Les mangroves sont présentes dans deux paysages prioritaires de WWF : les 89 000 ha de marais de mangroves dans le Cap d’Ambre, dans le Nord de Madagascar où l’on trouve également 323 espèces de coraux représentant l’une des plus fortes diversités de coraux de l’Océan Indien Occidental ; les 90 000 ha de forêts de mangroves de Manambolo, dans le paysage de Maintirano, Belo-sur-Tsiribihina où vit la Pyguargue de Madagascar, Haliaeetus vociferoides, qui est l’un des sept oiseaux de proies les plus menacées au monde.

Avec le développement économique et l’avancée industrielle, il est évident qu’il faut impliquer le secteur privé dans la conservation de l’environnement. Dans le but de promouvoir les meilleures pratiques en la matière, de soutenir un modèle d’industrie capable de réduire voire de minimiser ses impacts sur l’environnement, WWF signe un accord avec le groupe Unima en 2007. Cet accord fait appel à la mise en place d’un Plan d’Action pour la Biodiversité (BAP) proposé par WWF pour une meilleure conservation des espèces phares sur les sites de cette industrie dont la baie de Mahajamba ou l’on retrouve des forets de mangroves et des forets seches. Puis, un projet Bilan Carbone qui permettra d’atteindre une compensation des émissions de gaz à effet de serre et le développement de l’aire protégée faite de forêts de mangroves dans la Baie de Mahajamba. Par ailleurs, les exigences de la certification aquacole engage le groupe Unima à suivre les recommandations de WWF pour une pêche durable et profitable qui minimise les impacts sur l’environnement.

Cartographier les mangroves

© WWF MWIOPO

En 2010, WWF lance son projet de conservation et restauration des marais de mangroves dans les zones de Tsiribihina (Menabe), Maintirano et Manambolo (Melaky) où vit la Pyguargue de Madagascar, un des sept oisaux de proie les plus menacées au monde. Dannick Randriamanantena, responsable du projet de conservation des mangroves explique : « Nous nous mobilisons pour que d’ici 2016, au moins le quart de cette zone de palétuviers soit régi par un système de gestion durable et qu’au fur et à mesure, nous pourrons en transférer la gestion aux communautés locales ». Derrière les marais de mangroves gravitent toute une chaîne de métiers : pêcheurs artisanaux et industriels, constructeurs, maître-saulniers, communautés et associations locales. C’est un écosystème dont la conservation pourrait être économiquement rentable : « Pour le cas des 89 000ha de forêts de mangroves du Cap d’Ambre, les marais permettent une activité de pêcherie traditionnelle importante pouvant générer quelques 1 400 tonnes annuelles », commente Dannick Randriamanantena. Un constat qui amène WWF, dans les années à accompagner la restauration de ces forêts de mangroves pour une utilisation rationnelle, durable et profitable à tous.

© WWF MWIOPO

Dannick Randriamanantena, Responsable de programme de Conservation des mangroves

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© WWF MWIOPO / Xavier Vincke

© WWF MWIOPO

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«Le partenariat avec Unima est la première collboration d’envergure dans le domaine de la pêche pour WWF Madagascar . J’ai eu des échanges avec le Gro upement des Aquaculteurs et Pêcheurs de crev ettes de Madagascar. On a pu dév elopper un dialogue avec l’Unima, dialogue qui a men é à la signature d’un protocole d’en tente. Quand Jason Clay de WWF International a évo qué ce partenariat lors de la confére nce Chine-Afrique, ce fut la genèse du «Market Tran sformation Network Initiative». Jean-Paul Paddack, Représentan t Régional de WWF,1997-2007

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69

Le monde change, les défis aussi, nos solutions sont appelées à avoir une plus grande portée. La réduction de l’empreinte écologique sur les ressources naturelles est l’une des nouvelles approches de la conservation. Madagascar, riche de ses forêts, n’y échappe pas. Le défi malgache est de réduire la dépendance sur les ressources forestières. Plusieurs voies sont ouvertes : la transition vers les énergies renouvelables, le reboisement à vocation énergetique, l’adaptation au changement climatique, le REDD+...

© WWF / Martina Lippuner

les nouveaux défis de la conservation

2007 création du programme energie de wwf

Madagascar, vers une transition énergétique 90% des Malgaches n’ont aucun accès à l’électricité. L’essentiel de l’énergie utilisée au quotidien provient des ressources forestières. Chaque année, l’approvisionnement en bois de chauffe et en charbon représente une perte de 0,5% de la couverture forestière de la Grande île. Dès les années 1970, le gouvernement malgache a pris conscience de cette forte pression. Plusieurs actions de reboisement ont été appliquées pour atténuer cette dépendance, avec des succès relatifs. En 2012, la demande en bois énergie a pris une telle envergure que les chercheurs ont estimé que 2030 sera l’année de la pénurie en bois de chauffe et en charbon de bois si aucune mesure n’est prise en la matière. Cette forte dépendance est une menace sérieuse sur les écosystèmes forestiers et les services écologiques dont les communautés riveraines sont en droit de jouir. Ces constats ont amené WWF à se mobiliser pour des projets pilotes dédiés à une efficacité économique et écologique des énergies renouvelables.

« Le bois énergie, c’est-à-dire le charbon et le bois de chauffe, est responsable de près de 90% des prélèvements ligneux sur les forêts malgaches. En vulgarisant et en généralisant l’utilisation de fatana mitsitsy, chaque ménage peut réaliser une économie d’au moins 50% de charbons de bois » commente Rina Andrianarivony, Responsable du Programme Bois énergie et alternatives, au sein de WWF Madagascar et Océan Indien Occidental. Cependant, économiser ne suffit pas : il faut reboiser. Le reboisement à vocation énergétique est une nécessité pour Madagascar. L’objectif serait de disposer entre 20 000 ha à 160 000 ha de plantations de forêts d’ici 2050 suivant la vulnérabilité des ressources en bois énergie afin d’équilibrer l’offre et la demande. En 2008, WWF lance dans l’Atsimo Andrefana le projet SEESO en coopération avec le Centre National de Recherches Industrielles et Technologiques (CNRIT) dans le cadre de l’initiative Facilité Energie de l’Union Européenne. 900.000 arbres ont été plantés depuis 2008.

3200 Fatana pour la terre En Mars 2013, à l’occasion de Earth Hour, WWF et l’association pour le développement de l’énergie solaire (ADES) ont distribué 1 000 fatana mitsitsy aux familles des cinq quartiers les plus durement frappées par le cyclone Haruna à Toliara. « Chacun de ces fatana mitsitsy a une durée de vie de 3 ans. Ces 1 000 unités pourront aider à protéger 525 ha de forêts et faire économiser aux familles 210 millions Ar. C’est-à-dire, 5 900 Ar mensuels » explique Patrick Randrianirina, directeur de l’ADES Toliara. En juin 2013, WWF et ADES ont distibué une nouvelle vague de 2200 foyers économes dont 100 fours solaires.

Le gouvernement malgache fait de l’année 2007 celle des Energies Alternatives. Le WWF co-préside le Groupe de Travail Energie avec le Ministère de l’Energie, et participe à la mise en place du «Cercle Energie Media», forum entre les acteurs du secteur et les journalistes. Gérard Rambeloarisoa, Directeur de la Conservation, depuis 2013

Les foyers économes, une histoire qui fait long feu L’électricité n’est encore disponible que dans les grandes et moyennes agglomérations de Madagascar. Le bois énergie, c’est-à-dire le charbon et le bois de chauffe, est la principale source d’énergie utilisée par huit Malgaches sur dix en raison de ses coûts, bien plus abordables que l’électricité et le gaz.

© WWF MW

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© WWF M

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Rina Andrianarivony, Responsable du Programme Bois Energie et Alternatives de WWF

Dès 1975, le gouvernement lance une vaste campagne de sensibilisation du fatana mitsitsy, foyer économe, dont il incitait l’utilisation par les familles. Le foyer économe n’était pas spécialement une découverte dans les habitudes de cuisson malgaches. Autrefois, les Malgaches utilisaient déjà une forme très économique de cuisson : des foyers taillés dans la pierre qui avaient la particularité de maintenir une forte chaleur capable de cuire le riz tout en économisant les combustibles. Le principe des foyers économes est déjà bien connu des Malgaches. C’est l’idée de l’économie énergétique en général qui venait de faire son apparition dans le quotidien. Le fatana mitsitsy est une appellation générique de tous foyers réputés économes et améliorés. Dans les années 1970, aucune forme d’inventaire n’a été officialisée et le label «économe» ne correspond pas encore à des normes strictes d’économie de combustibles. Le Centre Nationale de Recherches Industrielle et Technologique (CNRIT,) rattaché au ministère de l’Energie effectuera en 2008 les premiers inventaires de ces foyers économes et mettra en route une certification liée à ces foyers. Dans l’attente de la validation de cette certification, plusieurs associations et groupements se lancent actuellement dans la fabrication à moyenne échelle de cet outil de cuisson réputé économe.

1975 72 Première campagne de Fatana mitsitsy

2007

Année nationale des Energies Alternatives

2008

Lancement du programme Bois Energie

2010

Ratification du protocole de Kyoto

2012

Vitrine des foyers économes pendant l’évènement Earth Hour

2013

Distribution de plus de 3 200 fatana mitsitsy à Toliara

2013

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Distribution de 540 000 lampes à basse consommation, Lumitsits à Antananarivo

WIOPO © WWF M

/ Ralf Bäcker © WWF MWIOPO

Soutenir le développement pour mieux conserver l’environnement « Le programme Energie de WWF a été lancé en 2007 pour initier et accompagner la transition énergétique malgache. Ce n’est pas seulement réduire la dépendance sur les ressources forestières et conserver des habitats naturels. C’est surtout proposer de nouvelles alternatives énergétiques sécurisantes et sécurisées qui permettent aux familles de bénéficier d’une source d’énergie renouvelable, propre et qui ne met pas en danger les services écologiques dont elles sont bénéficiaires. Nous avons ainsi lancé le projet de distribution de 540 000 lampes basses consommation baptisées Lumitsits à Antananarivo. Ce sont des lampes économes plus efficientes que les lampes traditionnelles, qui aident les ménages à économiser sur leurs factures d’électricité mensuelles et permet surtout d’étendre équitablement l’accès à l’électricité au plus grand nombre. Voahirana Randriambola, Coordonatrice du Programme Footprint de WWF

Le projet Barefoot collège, coopération de WWF et du Barefoot Collège, Inde, forment des grands-mères sur le système solaire. De retour à Madagascar, elles sont appelées à installer des panneaux et autres équipements solaires dans leurs villages et permettre à tous de bénéficier de l’énergie solaire gratuite au quotidien. Elles formeront d’autres villageois pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à cette énergie renouvelable. A Beheloka, nous avons mis en place une unité solaire de désalinisation pour approvisionner cette commune rurale en eau potable et aider les familles à atténuer leurs vulnérabilités aux effets désastreux du changement climatique. D’expérience, nous savons que la conservation de l’environnement est impossible si les communautés ne jouissent pas de leurs droits les plus basiques comme l’accès à l’eau potable ».

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Adaptation au changement climatique

« Notre programme d’adaptation au changement climatique a commencé à l’époque où je dirigeais la Conservation au sein de WWF. Nous avons débuté par un grand atelier organisé en collaboration avec Conservation International. A l’époque, nous ne savions pas vraiment comment nous devions mener les actions mais aujourd’hui, nous avons amélioré nos connaissances en la matière. Nos actions sont plus concrètes et plus précises » Nanie Ratsifandrihamanana, Directeur de la Conservation 2004-2013

Troisième pays le plus vulnerable au changement climatique dans le monde, Madagascar a déjà commencé à ressentir les bouleversements des saisons très tôt. Selon les données et les projections du département de la Météorologie de Madagascar, le climat de la Grande île a commencé à se réchauffer au début des années 1970 et cette tendance se confirmera dans le futur, à raison d’une augmentation de température de 1% tous les ans.

WWF appuie essentiellement la production et la diffusion de documents scientifiques sur le changement climatique, la recherche sur les effets de ce changement climatique sur les espèces, les écosystèmes, les communautés.

© WWF MWIOPO / Xav

t climatique Madagascar face au changemen pement propre du onale du mécanisme de dévelop nati e tégi stra la pté ado Madagascar a contre le changement lutte de de sa politique nationale ose disp et 0 201 en to Kyo de le protoco nationales d’adaptation au aussi d’un programme d’actions climatique depuis 2011. Il dispose érables : l’agriculture, l’eau, e 15 projets sur cinq secteurs vuln changement climatique. Il comport les zones côtières. la santé publique, la foresterie et

Beheloka au Sud de Toliara est l’une des communautés les plus frappées par les conséquences du changement climatique. Aujourd’hui, la population se mobilise pour faire face à ce fléau. Depuis décembre 2012, les membres des associations villageoises se sont lancées dans la culture d’algues marines pour diversifier leurs activités et améliorer leurs revenus, tout en réduisant la pression sur la mer. Ainsi, les produits de cette culture sont achetés par des entreprises locales qui les collectent régulièrement en vue, entre autre, de les utiliser dans la fabrication de dentifrice. C’est une forme d’adaptation au changement climatique : la sècheresse rend l’agriculture aléatoire, les cultivateurs se tournent vers la pêche rendant la pression sur les produits halieuthiques beaucoup plus importante. Afin de diversifier leurs revenus, les communautés se lancent dans diverses alternatives génératrices de revenus telles que la culture des algues.

© WWF MWIOPO

Harisoa Rakotondrazafy, Responsable du projet Adaptation au Changement Climatique

x sleyi, le fameu Atelornis cros ey sl os Cr de Brachypterolle

ier Vincke

« L’action de WWF consiste surtout à combler les connaissances et renforcer les capacités locales en matière d’adaptation au changement climatique. Il s’agit donc de mieux connaître la vulnérabilité des populations et des espèces, mais aussi d’améliorer les mesures d’adaptation en conséquence. Nous pensons qu’il est primordial d’intégrer ces mesures d’adaptation au changement climatique dans tout projet de conservation » souligne Harisoa Rakotondrazafy, Responsable du projet Adaptation au Changement Climatique au sein de WWF.

Plantation d’algues ma

rines, à Beheloka

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Modélisation

à partir de la

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technologie Li

© WWF MWIOPO / Xavier VIncke

© WWF / Martina Lippuner

La REDD+ à Madagascar Le mécanisme de la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts REDD+ a été consacr é par le protocole de Bali, signé en 2007. Pour le cas de Madagascar, le mécanisme de la REDD+, encadré par un comité technique national, implique des projets qui luttent con tre la dégradation des forêts.

Le LiDAR à Madagascar dans un projet l’Institut Carnegie se sont lancés WWF, la Fondation Good Planet, ipé de la équ r oteu bim un forestier, grâce à commun : comptabiliser le carbone deux sites les s dan ols surv Les ). and Ranging technologie LiDAR (Light Detection la canopée de de me is de mesurer précisément le volu d’Andapa et Taolagnaro, ont perm Associées iés. ntor inve nt sero en trois dimensions qui utilisée la forêt, de récolter des données sera s née don ces de le emb étriques, l’ens er les au développement de modèles allom élior d’am et e stocké dans la biomasse aérienn puisse s pour évaluer finement le carbone pay le que afin , sterie carbone à Madagascar connaissances en termes de fore profiter du mécanisme redd+.

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En 1963, WWF était encore un nouveau concept à Madagascar et tournait grâce à un staff de sept personnes. Au fil des années et des projets, le staff s’est considérablement agrandi : 750 personnes travaillaient pour le WWF en 1997 dont la majorité au sein du programme Dette Nature. L’essentiel de ces employés étaient déployés sur les zones de travail. En 2000, 450 personnes ont travaillé au sein de WWF et en 2007, le staff a été réduit à 350 personnes. Cette réduction s’explique par le transfert de gestions des parcs nationaux vers Madagascar National Parks. En 2013, un peu plus de 200 personnes travaillent pour WWF.

© WWF MWIOPO

TRAVAILLER AU WWF

2013

Anecdotes d’hier Aujourd’hui, WWF compte un peu plus de 200 employés. Souvenirs, souvenirs… Anecdotes d’hier : WWF, c’est aussi cela. On se souvient, on en rit….

R atr imo , urnée sur des a R a monjy s n a ti la er toute la jo iable. On a vu pas o ch b ar M ct a m t tr ai n o ev cer C t on d inoubl Sen ior O ffi uand on est al lé en forê es genou x, mais c’était e d izaine au plus. On n m u s «Q t u ai pl ét is n ta O e étage et n ne se exemple. ar p e au deu xièm pas de s èm in ca il lou x, je si ph oi au tr d du es t l d fi ai , n av es u n’ mal de chos d re les documents par ents ». On n re les docum fa isait desce s gens « eh venez prend le breu x. » on appelait ait si peu nom ét on r, ie rs cou La la ina Ra sa nd imanana, Proc urement Offi cer « Depuis que je su is au W W F, je suis toujours amus ée de voir la tête des gens à leurs pr emiers jours de trava il. Tous sont tou jours habil lés très éléga nt s : veste et cravate pour les hommes, ta lon s aig les femmes. Jusqu’à ui lles pour ce qu’ils se rendent compte qu e la tradit ion vestimentaire de W W sobre et très nature F est plutôt . Je me souv iens d’un collègue, venu au bureau de W W F en costume queue de pie à son premier jour de trava il. C’est toujours impr essionnant, la première fois ma is au journée, on s’empre bout d’une igne vite de l’esprit du pa nda.

Ni a l l O Repré ’Con nor 2 0 0 8 s e nt a nt R é -2 g ion a l, « Au c 010 ou r s d ’une ex da ns le p Madag Sud- Ouest d lorat ion a sc a r, e été v ic nou s a t v cr ue d ime d’une so ons ’u u une sit ne r iv ière. C da ine uat ion ’e cha nge t y piqu st la pluie ment climat e du iq d isput et la sècher ue, où e e avons nt les sa ison sse se é s de t rav va lué la pos . Nous s e av ions rser la r iv iè ibi lité r genou de l’eau jusq e. Nous x , pu i s u’au x monta le nive it a poit r in de la ha nch u e à la e. Je p j’a r r ive en s a i s r i v e , m r a i s à at t e i n d q u e le nive a is br usquem re la a monté u de l’eau es ent, t jusqu’a L e cha uffeur u menton. c he m i a r e br o n u s’est ap et c’est là qu ssé ’o e éta it in rçu que la r n i Nous s festée de cro v ière cod i le om m e s. s r e ve n un aut r u de l’ hi e chemin! M s vers st o est pa s oire : not re ra le m s nous n ionna nte, m ission a e inut i le devons pa s is m r met t re ent nos v ies isquer da nger not re sécur it et , é r ap p e l c om m e n o u e n s le lent le s chau de W W ffe Un cré F en mission urs d it pou . or g a n i r sat ion not re .»

na na, Mialy Andr ianjafi ma nt ta Operations As sis s de « Toutes les prépa rat ion toujours tent gra ndes réunions res ériences. mes plus gra ndes exp e au bureau ivé arr Une fois, je suis 0 et 8.0 à tin ma di dre un ven e le qu F WW n’avait quitté le âche et rel s san , 15h à i ed sam vant ma is sans fer mer l’œil. Eprou nous s, foi j’ai bien ri après. Une nts et me cu do s de lé avons instal nion de réu de le sal la gé an arr du matin, l’hôtel le Hintsy à 3h ôtel n’en l’h même le gardien de nous en x yeu ses s croyait pa ntures voyant. Toutes les ave t arr ivées inv raisemblables éta ien au l n-P Jea durant le règne de entrée Paddack. Quand j’étais cinq te jus it au WW F il y ava , les ns rai ter de s jet pro gra nd s gne nta Mo la de aires protégées de , ela ah oh nd d’A re, d’A mb ra et de Ma rojejy, d’A nd ringit , il y na Ta à et vo, ari ng Ma no le , ion tat sen ava it la Repré ion et cat du l’E , TP l’E , AP BA étions la Dette Nature. Nous je n’en is ma x, reu mb no u pe ume dirais pa s autant du vol j’ai e qu e t-c Es l. vai tra de F ou assez fait pour le WW sant, est-ce que c’est insuffi ne je car s pa je ne sais peux me juger. »

Sylvain Rafiadana-Ntsoa, ancien chargé de communication, 1997-2010 « Ce que j’ai aimé, ce sont les opportunités de voyager, de faire de belles photographies. J’ai aimé communiquer le travail de conservation de WWF, cela m’a vraiment appris à mieux comprendre le sens que l’on devait donner à la conservation. Je suis fier des années passées au sein de cette organisation mais surtout fier d’être resté assez longtemps pour y prendre ma retraite ! Ma plus belle expérience fut sans doute ma collaboration avec Jean-Paul Paddack qui est un leader exceptionnel. Je me souviens aussi des longues journées de travail qui était exténuant mais très instructives.

A la saison des pluies, les pistes sont inondées

Gu illau me Andr ian janahar ison, Chau ffeur « J’a i beaucoup aimé travai llé au WW F. C’e st un travai l vra imen donné beaucoup de fie t gratifiant et cela m’a rté. J’a i eu l’opportunit é de visiter bon nomb d’a ires protégées et de re de lieux insolites, vil lages si magnifique s avec des gens merve pratiquement toutes les illeux. Je conna is routes sur le bout des ongles, je ne me tromp tel lement, je suis habit e que rarement ué au x routes depuis que j’ai travai llé da ns C’est un vér itable cad cet te organisation. eau du ciel de travai lle r pour cet te organisatio n. »

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1963

Sept personnes travaillent au WWF

1993

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1997

750 personnes travaillent au WWF

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2013

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Plus de 500 projets

Odyl le R avao ar isoa A ssista nte de « A bord d’un projet de Farafanga n a e char me du tr moto da ns la brousse. Voilà avai l au W W ce qui me plai F. So et pa r vaux, av t alant des ki lo us la chaleur de Vond rozo et voilà ce qui fa it le vie auprès de mèt res à deux , ce roues. J’ai pa j’éta is toujours pa r monts des heures de s communautés loca les et ss trajet s à moto, pa rfois, pour é une bonne pa rt ie de ma nous ca mpons venir vers el le nous traverso s, nous fa ison . Plus qu’un tr ns des rivières s avai l, c’est un e aventure hu et des forêts à pirogues et maine. »

Valiha Rakotomanakasina Socio-organisateur de Fandriana « Il ne suffit pas d’aimer la nature pour travailler au WWF. Il faut aimer les personnes aussi. Et quand on les aime, on s’empreigne aussi de leurs traditions. Quelles traditions malgaches n’est pas basée sur l’alcool ? Je suis toujours étonné de voir la quantité d’alcool qui se boit dans les fêtes à laquelle j’ai assisté. Ca fait partie du jeu, je pense. On ne participe pas mais on essaie de comprendre aussi. Mon souvenir le plus important : encadrer les grands-mères du Barefoot Collège et les préparer pour leurs formations en Inde. Plongeon dans le monde des dames, ce fut une découverte.

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com S he i mu l nat C h a a O ’ C on és d r gé e n o eb r « La ase pr e s s d e P r o g r la na i a o m n p ou r me , t u re e t de la re c 1987 d’un s s de co ystème d ressourc onna issa -1995 n e e tous nser vat io gest ion s nat ure ce de l’im l ê s n au co t re fiers. est l’une olide est les et le d por ta nce é i L ont c urs de me es col lab des chos mpor ta n veloppemde e t o souv nt r ibué à s a nnées orateurs s dont no e. C et te m ent e a a Pot h nirs, des for mer m u sein de vec lesqu us pouvon ission in R a a ne c a R at s dotes person W W F à Mels j’a i t ra s k o t om i n l’équ nd rat siro a nga, le - de Beha e et m’on adaga sc a va i l lé op e , a f o d , e c r i n f a l i g n o, p t d o n n é r he f d à Tsi pr e m r in de ti u b Haja ière équip ibia, hom Cabinet gable et d ce Ma ha s du P r , Jea f é m e v d e o e u r n Cla siège i c he é, Ely a ly, W WF e m ie u e Oliv i à A nta na de, R a nd à For t-D n savoirs r minist r et t e e n qu’i ls r, Pau l et a r ivo : C r ia Zig Za auphin, o t rad it ion de n h ù g t o r o e j n i u ’a s t t u ne t ia na s c eu i c on e l s , à l a d’aut reçu x v n , r l méda ’ honneur a leur ine qui mér i Mbolat in es, l’équip u Vic tor, st i ma t a d e i , l n ’u l L e t n a de C h d’êt r g ra n e rec lao, Me du bl e p e d o gens honneur eva lier de nna issa n our W W F nommés a r t in, me r v , p c ei l leu ma is le p l’ord re na e nat iona Madaga s a rce c lu s g t ion a l x, au a r. J’a e , ay a ra l s er v i ce de nd est d’a ma lgache nt reçu la i . v la na t ure oir t rava C ’éta it un i l lé a e t de ve s h om me s . c c e s ony » Bodo Ra mahal iv Fi na nce Officer a été une Travail ler au W W F i. J’ava is mo ur po té ni rtu oppo Les missions ont périeures su s de étu aussi des allures ter miné mes de camping er ch er ch et il éta it temps de i plo em d’ e ffr L’o du trava il . occa sion de W W F éta it une que ce que ati pr en e pour mettr is restée su j’ava is appr is et je assister pu i J’a t. en és jusqu’à pr ns qui tio ma à beaucoup de for lopper ve dé me de is m’ont perm nces éte mp co et renforcer mes W F entre W de in se au es techniqu ment d’un autres le fonctionne na l et ses tio na er int e orga nism r souvenir eu ill me objec tifs. Mon e rti nature reste la première so l’équipe ec av que j’ ai assisté de W W F à ue giq olo Bi e air Invent où l’on a 06 20 en y Ambohitantel la forêt ns da tes dormi sous les ten ns da é ign ba st s’e .L e matin, on une riv ière. Instants de rép its après une jou

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la dette nature pour la conservation En juillet 1989, grâce à un appui financier de l’USAID, WWF a signé le premier échange de dette, aussi connu sous l’appellation « Dette Nature », en faveur de la conservation. C’est la toute première Dette Nature octroyée en Afrique, grâce à laquelle la Banque Centrale de Madagascar a autorisé la mobilisation de 2.1 millions de dollars pendant trois ans pour assurer des travaux de conservation.

Un troisième échange a fourni quelques centaines de milliers de dollars pour la réserve spéciale de BezahaMahafaly. En 50 ans de conservation, l’approche du WWF a beaucoup changé : d’une approche par projet et programme à une approche par paysage. La Dette Nature a été le premier vrai programme de WWF Madagascar et est donc une étape importante de l’évolution de WWF.

Evolution des financements de wwf madagascar depuis 1963, en milliers de CHF

« En plaçant l’argent dans les banques malgaches, nous avons obtenu jusqu’à 17% d’intérêt. Le projet était censé se dérouler sur trois ans, mais il s’est finalement étendu à six ans à l’issue desquelles, nous avions encore 1 million de dollars à la banque », explique Paul Siegel, ancien Coordinateur du programme du WWF - Dette pour la nature . A l’ époque, 420 personnes travaillaient pour ce programme dans 23 bureaux dans tout Madagascar. Le siège était basé à Nanisana, Antananarivo où WWF Madagascar a toujours ses quartiers.

6 000

« L’un des objectifs initiaux était d’augmenter le nombre de forestiers qualifiés. Nous nous sommes convenus d’un bon programme de foresterie et de la création de modules, partagés au niveau national. Plus de 200 personnes parmi celles que nous avons formées ont été absorbés dans la fonction publique : le personnel du Département Eau et Forêt a pratiquement doublé! La plupart du personnel de ANGAP provenaient de ce programme», ajoute Paul Siegel, qui a reçu la distinction honorifique du Chevalier de l’Ordre National malgache plus tard.

4 000

Le programme Dette Nature a permis entre autres d’équiper les agents travaillant au sein des aires protégées. En 1995, un deuxième accord d’échange de dette pour la nature a été signé pour 1 million de dollars, permettant à de nouveaux forestiers d’assurer la protection des forêts qui ne subissaient pas de pressions majeures. Cette approche préventive consistait à assurer que les forêts ne soient pas totalement dégradées. «Nous avons des gardes-forestiers dans des zones qui n’avaient jamais été sous protection auparavant. C’était une grande première, et les habitants locaux ont massivement participé à la gestion de la forêt, ils ont également été invités à identifier les indicateurs de succès de notre projet. Et cela a changé leur considération du Département Eau et Forêt», explique Paul Siegel, qui a travaillé pour le WWF à plusieurs endroits en Afrique, après son affectation à Madagascar. « Nous avons freiné les incendies, nous avons planté des millions d’arbres! Ce fut un grand moment ... »

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La transition énergétique vers des sources d’énegie renouvelable, une nécessité pour Madagascar

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WWF, 50 ans à Madagascar

50 ans WWF

+200 membres du personnel à Madagascar.

11 bureaux à Tana et sur le terrain.

WWF MWIOPO a commencé ses activités en 1963.

Notre raison d’être. Arrêter la dégradation de l’environnement dans le monde et construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature.

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projets depuis 1963

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