Une autre forme de résistance: "les Justes"

tombeau de Jean Moulin, une plaque rappelle que: " Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France, dans les années d'occupation, des lumières par ...
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Elbin Youri 3èmeA 2ème prix départemental (92) du Concours de la Résistance

Une autre forme de résistance: "les Justes" Lors de la seconde Guerre Mondiale (1939-1945), l'histoire de l'occupation de la France est aussi celle de la persécution de toute une population et notamment celle des Juifs dès Juin 1940. La France est alors divisée en deux par la ligne de démarcation: - Au Nord, en "zone occupée", tous les Juifs sont recensés et ont l'obligation de porter l'étoile jaune. Ils ne peuvent plus exercer certaines fonctions, ni continuer à fréquenter certains établissements. En 1941, auront lieu les premières rafles en zone occupée. - Au Sud, en "zone libre", des lois antisémites sont adoptées sous l'autorité du Maréchal Pétain. Des milliers de juifs, d'étrangers, de tziganes, d' homosexuels, de communistes, opposants du régime, seront enfermés dans des camps. Les résistants sont aussi pourchassés. Dès Octobre 1940, les juifs seront internés sans jugement après l'application du décret de Vichy.

C'est alors grâce à une chaîne de solidarité qui se met en place dans de nombreuses régions françaises, des dizaines de milliers d'adultes et d'enfants seront sauvés. "Résister" prend alors une autre forme. Ce n'est plus seulement faire sauter des pylônes ou faire dérailler des trains mais c'est également pour une population opprimée et désarmée, le possibilité de rejeter un régime imposé et de se montrer solidaire de tous ces persécutés qu'ils soient juifs, aviateurs anglais, réfractaires au S.T.O....etc. Une partie de la population civile française prend alors conscience que "ce qui est légal"sous le régime de Vichy n'est pas forcément "légitime". Entre 1942 et 1944, 76 000 juifs se France sont déportés vers les camps de la mort. 250 000 vont échapper aux rafles dont 16 000 enfants seront soustraits aux mains des Nazis. Toute une société civile fait face à une France " veule et collabo ". Même si elle n'est pas exemplaire, elle se bat contre cette monstruosité hitlérienne, notamment en protégeant les plus menacés: Les juifs !

Grâce à la complicité active ou passive de cette population, de nombreux enfants survivront. " La justice est le droit du plus faible" (J. Joubert). Chez ceux qui, plus tard, on nommera "les Justes", la résistance prend différentes formes: - des hommes et des femmes, d'origine juive, comme le Comité Amelot, ou non juive, telle la Cimade, d'ordre protestant, se firent internés volontairement et s'infiltrèrent dans des camps afin de tenter de soulager des prisonniers et d'en évacuer le maximum au péril de leur vie. - d'autres accueillirent des juifs au sein de leur foyer. De nombreux enfants furent arrachés à leur famille mais ils vécurent grâce à cette France profonde, souvent d'humble condition, qui leur ouvrit la porte et leur coeur. Ils furent bien souvent cachés dans les campagnes, dans des villages parfois isolés, des fermes, des écoles, des couvents... - d'autres encore, résistèrent à leur manière, de façon plus passive en gardant le secret. Ils fermaient les yeux ou ne cherchaient pas à savoir. J'ai pu mesurer l'ampleur de cette "résistance"en découvrant certains documents tels: - la diffusion sur France 2 de téléfilms au cours du mois de Mars dont: " Quand il fallait sauver les juifs " - le célèbre journal d'Anne Frank, témoignage d'une enfant cachée - le film " la colline aux mille enfants" qui retrace le sauvetage de nombreux enfants juifs grâce au secours de la population du village de "Chambon-sur-lignon" de la région montagneuse du Massif Central, dans les Cévennes. -" Paroles d'étoiles" qui sont des témoignages d' "ex-enfants cachés" - un reportage radio sur Simone Veil qui, avant sa déportation, fut cachée chez son professeur de lettres." C'est grâce à cette conscience morale, à cette solidarité humaine, à la compassion, à la charité chrétienne, à la clairvoyance que des milliers de juifs, français ou non, seront sauvés par des français non-juifs en dépit des risques encourus. Les manifestations de solidarité furent multiples: - des passeurs firent franchir la frontière suisse ou espagnole aux persécutés. - des cheminots sabotèrent parfois des trains de déportation - des hommes d'église ( prêtres ou pasteurs ) établirent de faux certificats de baptême - des enseignants, des médecins....ne posèrent pas de questions - des amis ou voisins les hébergèrent pendant les rafles - des policiers prévinrent les juifs la veille des rafles (ex: celle du Vel d'Hiv. n'atteignit que la moitié des objectifs fixés par l'occupant ). Certains de ces hommes et femmes, héros ordinaires le payèrent de leur vie, furent arrêtés puis déportés en Allemagne.

Il y eut aussi beaucoup de juifs qui, refusant d'être des victimes passives et apeurées, surent également prendre leur destin en main, à travers des organisations telles l' O.S.E ( Oeuvre de Secours aux Enfants ), souvent aidés par les protestants. C'est grâce à toute cette activité clandestine que furent sauvés de nombreux juifs et que la "raison" de ces résistants de l'ombre put les soustraire à la déportation et à une mort certaine. On ne connaître sans doute jamais leur nombre exact, mais, à ce jour, environ 2800 français ont reçu la médaille des "justes parmi les nations", décernée par le mémorial Yad Vas hem, à Jérusalem et délivrée sur la foi du témoignage d'anciens rescapés. Leurs noms sont gravés sur le mur des "justes" au mémorial de la Shoah à Paris. Cette distinction honore toute cette population non-juive qui, grâce à leur soutien, vital et désintéressé, malgré les risques encourus, ont pu sauvés des juifs pendant l'occupation allemande et les régions de Vichy. Sur cette médaille est gravée cette maxime extraite du Talmud: "Quiconque sauve une vie, sauve l'univers tout entier"

Cela me réconforte de savoir que des hommes et des femmes, provenant de tous milieux sociaux, d'appartenance politique et religieux différents, ont su s'opposer à leur façon, même face au pire système totalitaire et criminel. Cette histoire constitue pour nous, jeune génération qui n'a connu aucune guerre ni persécution discriminatoire, un exemple exceptionnel de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la " folie des hommes ". Il est donc légitime que les Justes soient inscrits dans notre mémoire collective. Dans la crypte du Panthéon, monuments dédiés aux grands hommes, près du tombeau de Jean Moulin, une plaque rappelle que: " Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France, dans les années d'occupation, des lumières par milliers, refusèrent de s'éteindre ". C'est pour moi, une des plus belles leçons de l'histoire de mon pays qui m'a fait prendre conscience que, même au plus fort de la tourmente et de la monstruosité humaine, ces résistants, les Justes, ont su préserver ce qu'il y a de meilleur en l'homme.