18 AOÛT 2013
EN IMAGES
I LeMatinDimanche
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La créature a été transportée par la route de Nice à Delémont et a été montée lundi par les concepteurs de la maison Planète Vapeur.
Vus de la gueule du dragon, les gradins du spectacle. Plus de six cents personnes assistent au déchaînement de «Géraldine».
Le dragon du Carnaval de Nice est le clou du spectacle «Révolte aux jardins», qui se joue huit fois à Delémont. La machine pèse 27 tonnes et mesure 25 mètres de long. Elle peut atteindre 12 mètres de haut quand le cou est déployé.
Walid est l’un des deux dragonautes qui pilotent la bête depuis sa naissance il y a six ans. Il est assis sous le cou du dragon pour actionner les manettes.
Un vrai dragon, ça carbure au diesel SPECTACLE Si, les dragons
existent! L’un d’eux est venu par la route de Nice à Delémont pour incendier le château pendant huit nuits. Terrifiant. Texte: Christine Salvadé Photos: Laurent Crottet
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Elle fait tout comme un dragon garçon: elle sait souffler de la fumée par les naseaux, monter le cou très haut et terrifier les mauviettes. Mais c’est une fille. La dragonne de la «Révolte aux jardins», qui secoue à la nuit tombée six cents spectateurs à l’arrière du château de Delémont depuis Contrôle qualité
vendredi, s’appelle «Géraldine». C’est le prénom que lui ont donné José et Walid, les deux serruriers pilotes de la créature depuis sa naissance il y a six ans. «Je ne sais pas bien pourquoi, mais le patron, Gérard, a toujours dit que c’était sa fille. Alors on l’a appelée «Géraldine», dit Walid, le manipulateur de la tête, du corps, des ailes et de la queue. Elle en a vu du pays, «Géraldine». Construite pour le Carnaval de Nice par la maison Planète Vapeur, la dragonne de 27 tonnes, fruit d’un croisement entre une pelle mécanique et 32 vérins hydrauliques, a participé à une rave party en Espagne et à des parades en Tunisie, en Belgique et dans toute la France. Autant dire que les
700 bornes qui la séparaient de Delémont, elle les a avalées facilement par la route. Mais en pièces détachées: «En France, on n’a pas besoin de la dévisser autant. Mais, pour passer en Suisse, il a fallu enlever la tête, c’est le règlement», dit José, chargé de la marche arrière et de la marche avant. C’est donc en miettes qu’elle s’est présentée à l’ouverture de la douane de Boncourt lundi matin à 7 h. «Géraldine» a dû laisser 20 000 francs de caution pour garantir qu’elle quittera bien le territoire suisse à la fin de son engagement saisonnier. «A part ça, ça s’est très bien passé. Les douaniers de Boncourt font passer de la paille et du foin, mais rarement des dragons. Ils ont fait filmer notre passage», rit
Jean-Marie Chèvre, président de la Confrérie des Jardins qui organise le spectacle. Il faut dire que l’une des comédiennes de la «Révolte aux jardins», qui travaille aux douanes de Bâle, s’était levée tôt pour faciliter l’immigration de la chimère.
Comédienne pour la première fois «Géraldine» joue à Delémont son premier vrai rôle de comédienne. Jusqu’ici, elle n’était qu’une machine de foire qu’on trimbalait dans les rues et qui mangeait les enfants pour les faire rire (sa langue est très confortable et, si Walid veut bien maintenir assez longtemps la manette «cou» sur «haut», elle peut les hisser jusqu’à
12 mètres). Dans le Jura, pendant le spectacle, elle arrive en guest star après 22 h, quand tout est noir et que les jeunes révoltés contre le bailli et son sbire le dragon veulent en découdre avec la dictature. Avant chaque entrée en scène, les «dragonautes» (c’est le métier de José et Walid) font le plein de diesel et vérifie la jauge d’huile du mythe. Ça gueule, ça crache, ça fume et ça crisse du pneu dans la cour du château, où 150 comédiens et chanteurs, dirigés par les metteurs en scène poitevins Maxime Beltran et Benoît Roche, ont fait monter la sauce. «Géraldine», si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. x ! "
