Synthèse - FORIM

1 avr. 2015 - pierre angulaire de toutes les solidarités et de ..... accélération, depuis la fin du. 19ème siècle ... une accélération incroyable de températures.
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Synthèse Séminaire Regards Croisés MIGRATIONS, ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : DU CONSTAT À L’ACTION, ICI ET LÀ-BAS 1er avril 2015 BEEOTOP 14 Boulevard de Douaumont 75017 Paris

Action réalisée avec le soutien de :

Remerciements Au terme de cette journée, le FORIM, la FNH et la PAFHA remercient chaleureusement tous les intervenant-es, les participant-es, et les organisations de la société civile ici réunis pour la qualité de leurs réflexions et leurs retours d’expériences. Merci également à toute l’équipe salariée du FORIM et de la FNH pour leur engagement et leur travail dans la réussite de ce séminaire.

SOMMAIRE LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS

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Introduction

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Objectifs

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Allocutions d’ouverture

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Résumé

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Avant-propos : Changements climatiques / Quels enjeux pour la COP 21 ? Agir avant qu’il ne soit trop tard

p 13

MIGRATIONS ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES / CONSTATS ET ENJEUX

p 14

Daria MOKHNACHEVAR Chargée de mission / Migration, Environnement, Changement climatique / Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)

p 15

PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DE LA RÉGION DE DAKAR FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES FACE AUX ENJEUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

p 21

Mamadou NIOKANE Groupe de Recherches et de Réalisation pour le Développement Rural (GRDR) Amandine LEBRETON Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH)

TABLE RONDE AVEC RETOURS D’EXPÉRIENCES ET TÉMOIGNAGES SUR LES PROJETS MIS EN ŒUVRE DES OSIM ET D’AUTRES PORTEURS DE PROJETS ASSOCIATIFS Présentation de l’association LAMUKA Raïna ELOTA, Présidente / Brunette NSIMBA, Vice-Présidente Présentation de l’association PROJETS SOLIDAIRES Christian CABRIT, Président Présentation de l’association ASASOA France-Madagascar Achille RAJERISON, Président Présentation de l’association LOOS N’GOURMA Béatrice BOUQUET, Présidente Présentation de l’association LAKAY Karl-Yvens BELMONT, Président

p 22

p 26

p 27 p 29 p 30 p 32 p 34

PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE FNH/FORIM PORTANT SUR L’IMPLICATION DES OSIM ET NOTAMMENT DES JEUNES SUR LES SUJETS ENVIRONNEMENTAUX Présentation des conclusions de l’étude Olivier KABA, consultant

p 37

p 38

GRAND TÉMOIN : NICOLAS HULOT

p 42

ATELIER PARTICIPATIF SUR L’ENGAGEMENT DES OSIM SUR LES SUJETS ENVIRONNEMENTAUX

p 47

POUR ALLER PLUS LOIN

p 49 p 49 p 50 p 50

Webographie Études À lire

PROGRAMME

p 51

Liste des Acronymes et Abréviations Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations

(FORIM)

(OIM) Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

(GIEC) Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme

(FNH)

L’Observatoire des Situations de Déplacements Internes

(IDMC) Plate-forme d’Associations FrancoHaïtiennes

(PAFHA)

Groupe de Recherches et de Réalisation pour le Développement Rural

(GRDR) Organisations de Solidarité Internationale issues de l’Immigration 

(OSIM)

Plan Climat Territoire Intégré de la région de Dakar

(PCTI) Programme d’Appui aux projets des Organisations de Solidarité Internationale Issues de l’immigration

Conseil Régional de Dakar

(CRD)

(PRA/OSIM) Conseil Régional d’Île-de-France Comité d’Examen Paritaire

(CRIF)

(CEP) Conférences des parties

Agence Nationale de Statistique et de la Démographie

(COP)

(ANSD)

Gaz à effet de serre

Association des producteurs et vendeurs de fruits du Sud

(GES)

(ASPVEFS) Organisation Internationale pour les Migrations

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Introduction La France va accueillir et présider la 21éme Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11), aussi appelée « Paris 2015 », du 30 novembre au 11 décembre 2015. La Conférence de Paris 2015 sur le climat sera l’occasion pour les États de se fixer un chemin ambitieux pour la lutte contre le changement climatique. Celui-ci est d’ores et déjà une réalité pour bon nombre de pays mais se fait sentir de manière plus évidente encore dans les pays du Sud. Ainsi, la désertification est d’actualité pour un tiers de la population mondiale et 40 % des terres émergées. Le changement climatique est à la fois un vecteur d’insécurité alimentaire, sanitaire, social, économique et un moteur de migrations dont les impacts touchent directement les populations. Le changement climatique et les événements extrêmes qui en découlent, provoquent des déplacements de populations, qu’ils soient inter-régionaux ou intercontinentaux. 33 millions de personnes ont été contraintes de se déplacer en 2012 à cause de dégradations environnementales et ce phénomène est amené à s’accentuer. La dialectique migration et environnement se pose avec d’autant plus d’acuité à la veille de la Conférence de Paris. Face à l’urgence climatique et cet important agenda politique, le Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM), la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH) et la Plate-forme d’Associations Franco-Haïtiennes (PAFHA) ont décidé d’organiser un Séminaire Regards Croisés sur les enjeux liés aux migrations, à l’environnement et au changement climatique :

↘ Q  uels sont plus précisément les liens entre déplacements de populations et

changements climatiques ? ↘ Q  uelles solutions peuvent être envisagées pour s’adapter à ces phénomènes et réduire les formes d’insécurité, ici et là-bas ? ↘ Q  uel rôle tiennent les associations de migrants en France et dans les pays d’origine pour contribuer à réduire ces impacts ? ↘ Quels les sont engagements des jeunes générations face à ces enjeux ?

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Objectifs • Renforcer la dimension de capitalisation des expériences des migrant-e-s et leurs partenaires sur l’écologie et l’environnement tout en identifiant et valorisant leurs compétences. • Favoriser les échanges entre les migrant-e-s et d’autres acteurs du développement sur la question de l’écologie et de la mise en œuvre de projets écologiques/environnementaux, au Sud et au Nord. • Capitaliser les expériences, compétences et recommandations portant sur l’écologie et l’environnement, afin qu’elles puissent être réinvesties dans les documents cadres sectoriels des partenaires de l’intégration et/ou du codéveloppement et alimenter les réflexions menées en amont de la COP 21. • Mettre en lumière les liens entre migrations et changement climatique et de traiter plus particulièrement du rôle et de la place que les associations de migrant-e-s et de la jeunesse issue des migrations peuvent jouer dans ce domaine aussi bien en France que dans leurs pays d’origine.

Ce séminaire Regards Croisés a rassemblé des expert-e-s du domaine de la migration et de

l’environnement ainsi que des acteurs/trices du développement local, tels que des Organisations de Solidarité Internationale issues de l’Immigration (OSIM) et d’autres porteurs de projets associatifs.

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Allocutions d’ouverture Khady SAKHO-NIANG - Présidente du FORIM Cher(e)s invité(e)s et participant(e)s, Au nom du FORIM, de la FNH et de la PAFHA, je vous souhaite la bienvenue au Séminaire Regards Croisés « Migrations, environnement et changement climatique : du constat à l’action ici et là-bas ». Le FORIM est la plate-forme nationale qui réunit des réseaux, des fédérations et des regroupements d’Organisations de Solidarité Internationale issues de l’Immigration (OSIM), engagés dans des actions d’intégration ici et dans des actions de développement dans les pays d’origine. Il représente environ 700 associations intervenant en Afrique Subsaharienne, au Maghreb, en Asie du Sud-Est, aux Caraïbes et dans l’Océan Indien. Créé en mars 2002, avec le soutien des pouvoirs publics français, il témoigne de la volonté de ses membres de s’associer à toutes les composantes de la société civile française afin de favoriser l’intégration des populations issues des migrations internationales, de renforcer les échanges entre la France et les pays d’origine et de contribuer au développement de leur région d’origine. Au capital de ses actions, le FORIM a notamment organisé 14 séminaires Regards Croisés, depuis 2008, toujours avec l’appui de l’un se ses membres. Ils permettent d’échanger sur les expériences des OSIM et d’autres acteurs-actrices qui interviennent dans le secteur du développement, de la solidarité internationale et de l’intégration afin d’améliorer les pratiques ainsi que la pertinence et l’efficacité des projets mis en œuvre. Le FORIM, la FNH et la PAFHA (membre du FORIM) se sont associés pour mettre en œuvre ce séminaire. La collaboration entre la FNH et le FORIM a débuté, il y a deux ans, dans le cadre du Programme d’Appui aux projets des Organisations de Solidarité Internationale Issues de l’immigration (PRA/OSIM). La FNH est membre du Comité d’Examen Paritaire (CEP) et apporte son expertise sur tous les projets liés à l’environnement, au climat, à l’eau, etc. Aujourd’hui, cette collaboration est d’autant plus précieuse face aux enjeux et aux échéances de la COP 21. Il est primordial que les OSIM et la société civile puissent faire part des constats liés à leurs activités de terrain et que chacun puisse formuler en direction des dirigeants des propositions d’orientation politique et des actions respectueuses de l’environnement et du développement durable des sociétés à mettre en œuvre dès à présent. Nous portons une attention vigilante et soutenue au calendrier à tenir jusqu’à la tenue de cet événement exceptionnel dans l’histoire des relations internationales avec l’ambition de contribuer et peser sur les sujets mis en débats. Nous savons qu’il y a beaucoup à faire dans le domaine de la préservation de l’environnement et que nos énergies doivent être plus que jamais

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mobilisées sans ménager nos efforts. Dans la mesure où les diasporas et les OSIM sont des acteurs majeurs du développement, vouloir mettre en œuvre des actions respectueuses de l’environnement dans le domaine du développement, suppose que les migrant-es ainsi que leurs organisations soient associés aux réflexions et aux initiatives mises en œuvre. Faut-il encore rappeler que les transferts de fonds des migrant-es dans les pays du Sud sont supérieurs à l’aide publique au développement et que les migrant-es favorisent les transferts de compétences entre le Sud et le Nord par le biais des projets dans lesquels ils s’investissent dans les pays d’origine. C’est pourquoi, le travail entre les structures regroupant les organisations de migrant-es, comme le FORIM et la PAFHA, les organisations spécialisées dans le domaine de l’environnement et de l’écologie, comme la FNH, est fondamental. Je ne saurais terminer ce mot d’ouverture sans vous faire part de mes chaleureux remerciements à la FNH, la PAFHA et aux différent-es intervenant-es qui ont accepté de venir partager leurs connaissances mais également leurs questionnements. Nous adressons également nos remerciements à tous les participant-es présent-es. Nous sommes convaincu-es que chacun et chacune d’entre vous ici à des expertises et des expériences précieuses à apporter afin d’avancer collectivement pour soutenir des enjeux universels pour le bien de la planète et de l’humanité.

Cécile OSTRIA - Directrice Générale de la FNH Créée en 1990, la FNH œuvre pour un monde équitable et solidaire qui respecte la Nature et le bien-être de l’Homme. Elle s’est donnée pour mission de proposer et d’accélérer les changements de comportements individuels et collectifs et soutenir des initiatives environnementales en France comme à l’international pour engager la transition écologique de nos sociétés. Cette métamorphose a pour but d’assurer la préservation du patrimoine naturel commun, le partage équitable des ressources, la solidarité et le respect de la diversité sous toutes ses formes. Depuis toujours, l’un de ses modes d’action est le soutien aux associations de terrain en France, Métropole et Outre-mer et dans les pays du Sud. Depuis quelques années, la FNH a créé le service Solidarité Sud sur lequel elle est en réflexion pour améliorer son fonctionnement et son efficacité et surtout mieux faire passer le message du développement intégré, c’est-à-dire, la prise en compte de l’environnement et du bien-être des populations. Je souhaite remercier toutes celles et ceux qui ont participé à l’organisation de cette journée mais aussi contribué aux travaux qui vont être restitués aujourd’hui soutenus par le FORIM et la FNH. Je suis très heureuse que nous puissions organiser cette restitution publique. J’espère que les échanges seront nombreux. Merci à vous.

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Résumé « L’enjeu climatique est la pierre angulaire de toutes les solidarités et de la dignité humaine. Il n’est pas optionnel mais c’est bien l’enjeu majeur du 21éme siècle ». Comme l’ont rappelé l’ancien président du FORIM, Chansamone VORAVONG et Nicolas HULOT, les enjeux environnementaux sont des enjeux universels et des enjeux d’humanité. Pour autant, ils apparaissent encore trop souvent comme une préoccupation secondaire et une menace lointaine. La prise de conscience des enjeux environnementaux n’est pas dominante notamment dans les discours politiques et médiatiques. Or, les changements de comportement, qu’il soit individuel ou collectif, nécessite de profonds bouleversements. D’une part, pour les citoyens, la motivation à changer ne suffit pas toujours à changer effectivement. Les contraintes importantes ressenties dans leur quotidien les éloignent des enjeux environnementaux jugés comme non prioritaires. Le sujet demeure toutefois un motif de préoccupation. Cette réalité a été soulevée majoritairement par les participant-es au cours de l’atelier participatif. D’autre part, pour les États, ces derniers sont-ils prêts à renoncer à traiter ces questions par le prisme des intérêts de leur propre pays ? « Les hommes vont-ils  sacrifier l’avenir au présent ou, au contraire, dresser les contours d’un futur envisageable, souhaitable et possible ? ». Aujourd’hui, le temps n’attend plus. Il y a une urgence à agir. Non plus penser aux actes mais passer aux actes ! La conférence climatique de Paris est un point de bascule pour l’humanité. Il est de notre « devoir d’homme » et de notre responsabilité de porter des actions « impactantes »

à la hauteur des défis à relever. Rappelons, une nouvelle fois, les objectifs de la COP 21 : S’assurer que l’ensemble des contributions des pays suffisent à limiter la hausse des températures à deux degrés, seuil au delà duquel les conséquences seront irréversibles. Montrer comment seront mobilisés les 100 milliards de dollars d’ici 2020 afin de ne pas trahir la confiance des pays en développement. Réduire les aides accordées aux énergies fossiles et reporter les coûts liés aux conséquences du réchauffement climatique sur les responsables des émissions de GES. « Dans ce grand challenge du 21éme siècle, les diasporas sont de formidables traits d’union entre deux régions du monde qui n’ont plus d’autres choix que d’avancer ensemble et penser dans la même direction ». La présidente du FORIM, Khady SAKHONIANG, a montré comment les diasporas pouvaient être d’extraordinaires passerelles entre les peuples, le Nord et le Sud, le Sud et le Sud. Elle a également rappelé le rôle des OSIM en tant qu’actrices majeures du développement. Vouloir mettre en œuvre des actions respectueuses de l’environnement dans le domaine du développement signifie donc qu’elles soient associées aux réflexions. Elles doivent pouvoir faire part de leurs constats liés aux activités de terrain et formuler, en direction des dirigeants, des propositions d’orientation politique. Nous devons parvenir à adopter un nouveau modèle économique et social qui renouvelle nos habitudes de consommation, de production, de travail et de vivre ensemble. Les pays en développement sont les moins responsables du changement climatique mais les plus exposés à ses effets. La complexité et l’importance, voire l’urgence,

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des enjeux nécessitent de confronter des approches culturelles et sociales différentes entre régions d’Europe et entre continents. La rencontre et le dialogue de ces diversités est l’une des conditions indispensables à l’émergence d’une véritable citoyenneté régionale et planétaire.

et toucheront les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables. « Les effets les plus graves de l’évolution du climat concerneront sans doute la migration humaine » (GIEC – 1990). « L’engagement environnemental est un lien possible entre citoyenneté, solidarité et identité des jeunes issus des migrations ». Le séminaire a permis de restituer collectivement l’étude réalisée par le FORIM et la FNH sur le lien entre environnement, citoyenneté identité et solidarité chez les jeunes issus des migrations. Elle a abordé la place occupée par l’environnement dans la relation avec le pays d’origine des parents mais également dans la vie citoyenne en France. En ce sens, le travail entrepris par et pour les jeunes est essentiel si l’on veut créer une véritable ambition politique visant à parvenir à un nouvel accord universel sur les changements climatiques. Si l’environnement est une question moins prioritaire que la croissance économique, l’emploi et le vivre ensemble, elle est une notion bien connue des jeunes. C’est un sujet transmis entre parents et enfants qui se rapporte à la fois au pays d’origine et à la vie quotidienne en France. En France, c’est plus facile de considérer les jeunes comme citoyens susceptibles de s’impliquer dans ces causes.

« Le changement climatique  est à la fois un vecteur d’insécurité alimentaire, sanitaire, social, économique et un moteur de migrations dont les impacts touchent directement les populations ». Les différentes interventions, notamment celle de l’Organisation Internationale pour les Migrations, ont pu mettre en lumière ces liens entre migrations et changement climatique. La migration est parfois un mécanisme d’adaptation et de diversification des moyens de subsistance. Elle peut être une stratégie importante d’adaptation, de diversification de ressources, de modes de vie. Pour comprendre la migration environnementale, il faut comprendre le phénomène migratoire. En fait, il y a rarement de lien direct entre les phénomènes environnementaux et la migration. L’environnement affecte la migration en combinaison avec d’autres facteurs et l’aspect humain reste central dans la décision migratoire. Enfin, il ne faut pas occulter un phénomène important, qui constitue un autre défi du changement climatique : les populations piégées qui ne peuvent pas partir. « La migration environnementale n’est pas un phénomène nouveau mais l’enjeu climatique ajoute de l’inégalité à l’inégalité, de la misère à la misère, de l’injustice à l’injustice ». Aucun statut géographique ou politique , religieux ou économique ne mettra quiconque à l’abri des combinaisons des inégalités de la pauvreté et des conséquences des changements climatiques. Toutefois, les risques existants pour le système humain et pour la société sont répartis de façon inégalitaire sur la planète

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PISTES D’ACTION

EN DIRECTION DES JEUNES

•P  asser à l’action !

•R  enouveler les efforts en matière d’information et de formation en direction des jeunes qui seront demain les citoyens en charge de la planète.

• Adapter les méthodes et modalités de dialogue et de mobilisation pour que l’environnement devienne une urgence de chaque jour. • Changer les regards sur les migrations. •C  larifier et renforcer le statut juridique des personnes déplacées pour des raisons environnementales. • Mettre en place des politiques cohérentes, inclusives, transversales et continues. • Renforcer les capacités institutionnelles des États les plus touchés et dégager des financements plus importants.

• Adopter une approche plus positive de la question des enjeux climatiques, qui doit être vécue comme une opportunité de mieux vivre. • Capitaliser les actions conduites par les acteurs de la solidarité et les acteurs de l’environnement pour identifier les outils de mesure de l’impact environnemental des projets. •R  enforcer le partenariat entre les organisations de l’environnement, de la solidarité internationale et de l’accompagnement des jeunes dans les quartiers.

• Améliorer la participation effective du public à l’élaboration des solutions aux problèmes d’environnement et de développement ainsi qu’aux prises de décision. • Renforcer la coopération entre les associations de solidarité internationale et d’environnement pour amener un public plus vaste à agir dans le sens du développement durable.

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Avant-propos Changements climatiques, quels enjeux pour la COP 21 ? Agir avant qu’il ne soit trop tard1 ENJEUX Depuis plusieurs décennies, l’homme subit les conséquences de plus en plus fortes des changements climatiques : élévation du niveau de la mer, augmentation du nombre de catastrophes naturelles, sécheresses, ouragans ou encore menaces sur la production alimentaire. Ces catastrophes, qui touchent plus de 200 millions de personnes chaque année, peuvent entraîner des conflits. Les scientifiques en sont sûrs à 97 %, cela est dû à l’activité de l’homme qui émet des Gaz à Effet de Serre (GES). C’est pourquoi, en 1992, les pays membres de l’ONU se sont réunis à Rio lors du sommet de la Terre et ont crée la convention-Cadre des Nations Unies pour le Climat, qui prévoit, entre autre, des actions pour limiter la hausse des températures. Depuis 1995, des conférences des parties (COP) sont organisées chaque année pour mettre à jour la Convention. En 1997, suite à la COP de Kyoto, certains pays développés et historiquement responsables des émissions, se sont engagés à réduire, d’ici 2012, leurs émissions de GES de 5 % par rapport à 1990 ; mais ce n’est qu’un début, car il faudrait que ces pays réduisent leurs émissions d’au moins 75 % d’ici 2050 pour limiter la hausse des températures à deux degrés. En 2009, la COP de Copenhague a tenté de trouver une solution pour prolonger ces engagements, sans succès. Cependant, pour permettre aux pays en développement de s’adapter aux changements climatiques et de réduire leurs émissions, certains pays se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020. Fin 2015, la 21 éme édition de la COP se tiendra à Paris, mais avant, tous les pays devront remettre à l’ONU leurs propositions de contributions volontaires à la réduction des émissions de GES.

OBJECTIFS

↘ S’assurer que l’ensemble des contributions des pays suffisent à limiter la hausse des températures à deux degrés, seuil au delà duquel les conséquences seront irréversibles.

↘ Montrer comment seront mobilisés les 100 milliards de dollars d’ici 2020 afin de ne pas trahir la confiance des pays en développement.

↘ Réduire les aides accordées aux énergies fossiles et reporter les coûts liés aux

conséquences du réchauffement climatique sur les responsables des émissions de GES.

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Texte extrait de la vidéo réalisée par la FNH et diffusée aux participant-es au séminaire.

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Migrations et Changements climatiques CONSTATS ET ENJEUX

Présentation

Daria Mokhnachevar Chargée de mission, Migration, Environnement, Changement climatique. Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)

1) Présentation de l’OIM L’OIM est une organisation inter-gouvernementale composée de 157 États membres présents dans plus de 150 pays et disposant de 480 bureaux. Elle a pour mission d’appuyer et d’accompagner les États dans la gestion de la migration et des différentes problématiques autour de la migration. L’OIM part du principe que la migration ordonnée et respectueuse de la dignité humaine peut être bénéfique pour tous. Elle travaille sur les questions des migrations, de l’environnement et du changement climatique depuis les années 1990. C’est une organisation à la fois opérationnelle mais qui travaille aussi sur la réflexion politique avec les États, les partenaires, qu’il s’agisse de partenaires internationaux ou des partenaires des communautés locales. La majorité de ses activités sur la migration

et l’environnement se déroule au siège de l’OIM à Genève au sein de la division migration, environnement et changement climatique. Les activités de l’OIM sur le terrain sont les suivantes : ↘ A  ction humanitaire : assister les déplacés. ↘ R  éduction des risques de catastrophes : prévenir les déplacements forcés. ↘ A  daptation au changement climatique : promouvoir la migration comme stratégie d’adaptation à travers le renforcement des connaissances, des capacités et cadres politiques.

2) Histoire des migrations environnementales >>> Migration environnementale, un phénomène ancien La migration est une stratégie au niveau de l’environnement et de l’adaptation au changement climatique aussi ancienne que l’humanité. La migration environnementale n’est pas un phénomène nouveau. L’environnement a toujours été un moteur des migrations. Quand on regarde dans le passé, on peut citer de nombreux cas de migrations liés aux changements environnementaux ou de climats. Par exemple, les déclins d’empire au 13éme siècle en Amérique centrale, des vagues de migrations en Europe centrale, au 3éme siècle, suite à des sécheresses, des catastrophes naturelles qui ont déplacé un grand nombre de personnes. Le tremblement de terre, à

Lisbonne, en 1755, qui a provoqué des flux très importants d’individus cherchant refuge dans tout le Portugal et en Europe. Le pastoralisme est également un exemple d’utilisation de la migration comme une stratégie traditionnelle d’adaptation aux changements saisonniers, aux changements de climat et de températures. Si ce lien n’est pas nouveau, cette thématique bénéficie toutefois de beaucoup plus de visibilité depuis les trente dernières années grâce à la prise de conscience de l’opinion sur le changement climatique actuel.

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3) Changements climatiques et changements environnementaux >>> Des changements inquiétants depuis la fin du 19éme siècle D’après le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : • Selon le scénario le plus bas du réchauffement, on peut s’attendre à une hausse de plus d’un degré d’ici la fin du 21éme siècle. • S’il on prend les pires scénarii, il faut s’attendre à une hausse de 4 degrés.

gaz à effet de serre très élevées, à un niveau plus élevé que ce que nous avons connu depuis les derniers 800 milles ans, avec une augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère de 40 % par rapport au 18éme siècle. Ce phénomène est accompagné également de changements sans précédent au niveau du réchauffement des océans, de la fonte des glaciers, de la hausse du niveau des mers. La hausse des températures est la première conséquence de cette augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette hausse va continuer à se produire surtout si des mesures d’atténuation ne sont pas prises. D’où l’importance d’arriver à un accord cette année à Paris lors de la conférence climatique de l’ONU.

La Terre a toujours connu des variations climatiques. C’est un mélange de successions d’ères glaciaires et de réchauffement de la planète. Ce phénomène connaît toutefois une très grande accélération, depuis la fin du 19ème siècle, liée aux activités humaines : l’industrialisation, la croissance économique, la croissance démographique, etc. Si pendant environ 11000 ans, la Terre a connu une température assez stable à 14 degrés, depuis un siècle environ, on connaît une accélération incroyable de températures. Nous avons gagné quasiment un degré de 1900 jusqu’à maintenant, ce qui est considérable sur l’échelle mondiale et historique de la planète. On constate des concentrations de

>>> Des risques existants pour le système humain et pour la société répartis de façon inégalitaire sur la planète Ces risques vont donc s’amplifier et de nouveaux risques seront créés : • Pénuries d’eau. • Montée du niveau des mers. • Dégradation de l’écosystème et de l’agriculture. • Températures plus élevées.

monde entier sera impacté. En plus des effets du changement climatique, il faut également penser à un autre phénomène environnemental non climatique : les dégradations liées à l’activité humaine, la dégradation de la Terre, la déforestation mais aussi des catastrophes « naturelles », telles que les catastrophes géophysiques (tsunamis, tremblements de terre, volcans, séismes).

Tous ces risques sont répartis de façon très inégalitaire sur la planète. Le plus souvent, ce sont les communautés les plus vulnérables et les plus pauvres qui seront touchées. Dans tous les pays, (pays développés ou en développement), le

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>>> La migration est affectée par le changement climatique mais elle est aussi une stratégie d’adaptation « Les effets les plus graves de l’évolution du climat concerneront sans doute la migration humaine » GIEC - 1990

Tous ces phénomènes ont des conséquences sociales qui ont été reconnues par le GIEC dès 1990, des conclusions déjà confirmées par différents rapports en 2007, puis en 2014. En 2014, le 5éme rapport d’évaluation du GIEC a dédié, dans l’un de ses chapitres, une partie entière à la migration et la sécu-

rité humaine parmi les impacts du changement climatique. Ce n’est donc plus une question et il est acté que la migration est affectée par le changement climatique. Le GIEC reconnaît, par ailleurs, que la migration peut être aussi une stratégie d’adaptation au changement climatique.

4) Comprendre la migration environnementale Quels sont les liens entre les phénomènes  environnementaux et la migration ? Définition de la migration environnementale selon l’OIM (2007) « On appelle migrants environnementaux les personnes ou les groupes de personnes qui, essentiellement pour des raisons liées au changement environnemental soudain ou progressif, influent négativement sur leur vie ou sur leur condition de vie, sont contraintes de quitter leur foyer ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur du leur pays ou en sortent ».

C’est une définition très large qui n’a rien de légale mais qui permet de saisir l’étendue de ce phénomène et de l’appréhender dans toute sa diversité et sa complexité, à la fois dans ses causes, mais aussi dans ses formes. On peut distinguer différents types de catastrophes ou d’effets liés aux changements climatiques ou de phénomènes environnementaux qui peuvent impacter la migration. Ce sont des phénomènes qui peuvent avoir des durées différentes, des causes différentes,

des types et des formes différents : • Catastrophes soudaines ou lentes. • Phénomènes climatiques ou non climatiques (comme par exemple, l’activité humaine). • Phénomènes d’origine naturelle ou humaine. Tout cela peut avoir des impacts qui varient sur la migration ou la mobilité humaine au sens plus large.

>>> L’environnement affecte la migration en combinaison avec d’autres facteurs Pour comprendre la migration environnementale, il faut comprendre le phénomène migratoire. En fait, il y a rarement de lien direct entre les phénomènes environnementaux et la migration. • L’environnement affecte donc la migration en combinaison avec d’autres facteurs. • L’environnement peut exacerber d’autres facteurs. L’aspect humain reste central dans la décision migratoire : il

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s’agit de la volonté, de la capacité et du besoin de partir ou de rester qui dépendra aussi de facteurs économiques, sociaux, politiques, démographiques, etc. On peut citer des facteurs couches qui poussent les individus à aller hors de chez eux (par exemple, les catastrophes naturelles) ou il peut s’agir de chômage. On peut se référer à des facteurs pool (accéder à plus de services notamment la santé) ou encore

aux moyens et aux capacités des individus : est- ce qu’il sont en mesure de partir ? est-ce qu’ils ont assez de moyens financiers ? est-ce qu’ils peuvent physiquement se déplacer ? est-ce qu’ils désirent partir, par exemple, quitter une terre ancestrale ? On peut donner des exemples qui montrent de quelle manière l’environnement peut influencer les

facteurs de la migration : Des catastrophes ou des dégradations peuvent avoir des impacts sur les services éco-systémiques. Les effets sur les services éco-systémiques ont des effets sur les différents secteurs de la sécurité humaine. Ce qui peut empêcher ou contraindre la mobilité.

>>> 200 millions de migrant-es environnementaux en 2050 ? De 2008 à 2013, 155 millions de personnes ont été nouvellement déplacées à cause de catastrophes avec un gros pic en 2010 : 42 millions (32 millions, en 2012).

Ces projections sont assez alarmantes et ces chiffres sont à envisager avec précaution en raison de leur méthode de calcul et parce qu’ils occultent un phénomène important : les populations piégées qui ne peuvent pas partir. C’est un défi du changement climatique. C e s p ro j e c t i o n s a l a r m istes peuvent également être contre-productives car elles font craindre le phénomène. Il est donc difficile d’avoir des chiffres réalistes aujourd’hui sur le nombre des migrant-es environnementaux dans le monde car les phénomènes sont très complexes et les dégradations augmentent. On peut se référer à des études locales ou encore à des modèles de projections ; les sécheresses, par exemple, vont déplacer deux fois plus de personnes que les cyclones. Les meilleures données disponibles sont celles tirées des déplacements par catastrophes de l’Observatoire des Situations de Déplacements Internes (IDMC). L’IDMC est l’une des principales sources mondiales d’informations sur la surveillance et l’analyse des causes et des effets des déplacements internes ainsi que des réponses pouvant y être apportées.

Ce chiffre dépasse largement le nombre de personnes déplacées pour des causes de conflits. La majorité de ces déplacements sont provoqués par des catastrophes climatiques et météorologiques (cyclones, inondations). Ces chiffres concernent beaucoup de pays dans le monde mais on constate une très forte concentration en Asie (85 % des déplacements). Les zones les plus touchées sont les zones côtières, les zones arides (qui concernent 90 % des pays en voie de développement), les zones montagneuses (où les ressources naturelles se dégradent et où les populations sont très dépendantes de ces ressources). Voici quelques exemples concrets : • Le Bangladesh, extrêmement exposé à diverses catastrophes, où des milliers de personnes sont déplacées de manière forcée tous les ans. • La Mongolie, soumise à des températures extrêmes, qui peuvent par exemple, tuer le bétail en un an et contraindre les populations à migrer vers les villes où elles vivent dans la pauvreté. • Le Sahel, avec la dégradation des terres et la diversification.

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• Les petites îles et petits états insulaires, avec le risque de perte du territoire et les problèmes de salinisation des terres ou la perte de terres agricoles ou de productivité agricole, la perte d’eau douce, etc.

• Les régions montagneuses avec des pénuries d’eau douce et où la migration constitue une stratégie d’adaptation essentielle au changement climatique, voire traditionnelle, de réponses aux aléas environnementaux.

>>> Les différentes formes des migrations • Les migrations forcées : où les gens sont forcées de quitter leurs maisons. • Les migrations volontaires : décider de ne pas dépendre des ressources naturelles, aller chercher de l’emploi ailleurs, etc. • Les migrations proches : à l’intérieur d’un pays, d’une région. • Les migrations temporaires,

saisonnières : pour répondre à des changements climatiques, des saisons. • Les migrations permanentes : en cas de dégradations de long terme ou de dégradations irréversibles de l’environnement. • Avec toujours cette question : rester ou partir ?

>>> Les migrations environnementales : problème ou solution ? La migration est parfois un mécanisme d’adaptation et de diversification des moyens de subsistance. Elle peut être une stratégie importante d’adaptation, de diversification de ressources, de modes de vie. A cet égard, on peut souligner

la contribution des diasporas au développement ou au bien encore le rôle joué par les diasporas dans la reconstruction après les catastrophes, ou encore au rôle potentiel des diasporas pour l’adaptation au changement climatique.

D’où, l’importance de politiques inclusives et transversales qui allient le développement durable, l’adaptation et la migration afin de subvenir aux besoins des populations locales.

La migration non planifiée peut, en effet, accroître les vulnérabilités mais la migration bien gérée peut aider, au contraire, à renforcer la

résilience et à sortir les individus du cercle vicieux de la vulnérabilité.

5) Gestion, gouvernance, défis Il s’agit de faire face à de nombreux défis quand on parle de migration environnementale.

>>> Lier deux sujets sensibles et complexes Il faut impérativement lier deux problématiques politiquement sensibles et très complexes. Il est très difficile de faire coopérer des États sur ces questions.

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>>> Renforcer les connaissances et les données L’autre difficulté réside dans l’absence de données suffisantes pour informer les politiques. Il y a une compréhension très faible du phénomène mais aussi et surtout des opportunités de la migration dans le cadre du changement climatique.

>>> La perception des migrants Il est nécessaire d’améliorer l’image des migrant-es car ils sont souvent considérés comme une menace. On ne comprend pas les bénéfices et les avantages de la migration.

>>> Terminologie et statut juridique La Convention de 1951 sur le statut relatif aux réfugiés ne donne aucune protection pour les personnes déplacées pour des raisons environnementales. En l’absence de protection juridique claire, quelle protection peut-on leur donner  ?

>>> Politiques : cohérence, transversalité et continuité Il faut qu’elle soit claire, cohérente, transversale et qu’elle regroupe les différents domaines (développement durable, changements climatiques, adaptation, gestion de la migration).

>>> Financements et capacités le problème des financements et de la faiblesse des capacités doivent également être solutionnés avec le renforcement des capacités institutionnelles dans un grand nombre de pays touchés par le phénomène.

>>> Passer à l’action Les défis demeurent enfin de passer à l’action et de mettre en pratique toutes ces connaissances et ces politiques. Il faut donc faire plus d’efforts en matière de recherche, de dialogue politique, de renforcement du cadre juridique, de plaidoyer, de partenariats et de communication globale.

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Présentation de l’étude sur la sécurité alimentaire de la région de Dakar face aux changements climatiques : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES FACE AUX ENJEUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Présentation

Mamadou NIOKANE

Groupe de Recherches et de Réalisation pour le Développement Rural (GRDR).

Amandine LEBRETON Fondation Nicolas Hulot (FNH)

1) Cadre et approche de l’étude Cette étude s’intègre dans le processus d’élaboration du Plan Climat Territoire Intégré de la région de Dakar (PCTI), initiative mise en œuvre dans le cadre de la coopération décentralisée entre le Conseil Régional de Dakar (CRD) et le Conseil Régional d’Île-de-France (CRIF). La région de Dakar a souhaité, en 2012, mettre en place un Plan Climat Territorial Intégré qu’elle a mené dans le cadre d’une coopération décentralisée avec la région Île de France. Cette étude a été confiée par la FNH au GRDR (de juin 2013 à novembre 2014). Plusieurs phases de concertation ont été organisées sur les différents secteurs concernés par les changements climatiques. Pourquoi s’intéresser à la question de l’agriculture et de l’alimentation en lien avec les changements climatiques et donc de la sécurité alimentaire dans la région dakaroise ?

2) Objectifs de l’étude •É  tablir un état des lieux du système alimentaire de la région de Dakar et mettre à jour ses vulnérabilités notamment en lien avec le changement climatique. •A  limenter les acteurs de la région de Dakar dans leur réflexion sur l’avenir du territoire en partant des références ainsi produites. •C  ontribuer à l’identification d’actions visant à réduire les vulnérabilités mises à jour.

3) Systèmes alimentaires et changement climatique Ils contribuent au changement climatique pour trois raisons principales  :

>>> L’agriculture contribue à hauteur de 14 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial On considère dans les grands chiffres que l’alimentation contribue à hauteur de 1/3 des émissions de gaz à effet de serre (pollution, transport, alimentation). Pour la région dakaroise, l’alimentation des dakarois engendrait 1,2 millions de tonnes équivalent CO2 soit environ 7 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre de la région.

>>> Les systèmes alimentaires sont victimes aussi de changements climatiques à travers un certain nombre de phénomènes (la perte de fertilité des sols, l’érosion, la pluviométrie modifiée, les problèmes sanitaires).

>>> Les systèmes alimentaires et l’agriculture sont des formes de solution face au changement climatique Ce secteur, contrairement aux autres, a la capacité de stocker du carbone dans les sols et la biomasse. C’est une dynamique positive.

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4) Dakar, un territoire contrasté soumis à de profonds changements socio-démographiques et économiques >>> Dynamiques démographiques

•E  n 2013, la région de Dakar compte près de 3 millions d’habitants contre moins de 200 000 au début du 20ème siècle. Près du quart de la population résidant au Sénégal vit ainsi sur moins de 1% des terres du pays. • La population est jeune : en 2013, les moins de 25 ans représentaient plus de 2/3 de la population. • La formation et l’emploi de cette catégorie de population constituent des enjeux de premier ordre pour l’avenir du territoire. • Selon les prévisions de l’Agence Nationale de Statistique et de la Démographie (ANSD), la population dépassera les 4 millions d’habitants en 2021.

>>> Dynamiques d’occupation du sol • L’agriculture occupe en région de Dakar, au moins à temps partiel, près de 62 000 ménages, soit environ 14% de la population. • Une extension généralisée et soutenue du bâti, des espaces agricoles en régression. • Amenuisement des espaces boisés et agricoles du territoire régional : de 80% en 1980, à 55% en 2004. • Département de Rufisque : 1  978-2003 : superficie du bâti multipliée par 2,4 dans la grande Niaye de Rufisque. 2002 et 2014 : superficie du bâti multipliée par 2,4.

5) Le système alimentaire de la région de Dakar : constats et enjeux >>> Vulnérabilités du système alimentaire dakarois • Un pouvoir d’achat limité. • Systèmes de production menacés et peu durables. • Pêche menacée par la baisse de la ressource. • Produits importés de grande consommation et issus de pratiques non durables : riz brisé, blé, huile de soja, produits laitiers, etc. • Tendances des habitudes alimentaires vers les produits carnés et produits transformés par l’industrie agro-alimentaire. • Des politiques publiques non favorables à la gouvernance du système alimentaire.

>>> Des systèmes de « production locale » peu durables • Recours à l’usage d’intrants chimiques de synthèse et quasi-absence de contrôle sanitaire (maraîchage et élevage). • Recours à des intrants dont une partie est importée. • Dégradation des terres agricoles.

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>>> Menace sur la pêche : risque de renouvellement de la ressource

• Demande de plus en plus importante : à Dakar, la consommation annuelle per capita = 43 kg. • Intensification du système de pêche (artisanale et industrielle). • Diminution des stocks et disparition de certaines espèces.

>>> Produits importés issus pour la plupart de pratiques non durables Trois produits principalement concernés : •R  iz brisé. •H  uile de soja. •P  roduits laitiers.

>>> Politiques publiques non favorables à la production locale

•D  es dispositifs de gouvernance foncière et d’aménagement du territoire qui contribuent à favoriser le développement du bâti au détriment des espaces agricoles. •D  es choix politiques qui ont orienté les habitudes alimentaires : riz brisé, lait importé, huile de soja.

6) Stratégies d’adaptation existantes face aux vulnérabilités •M  icro-jardinage: 2 % de la production régionale en légumes en 2008. •É  mergence de la transformation artisanale : fruits, légumes, céréales locales, poissons, avec création d’emplois. • Aides alimentaires (surtout en temps de crises) : solidarités alimentaires lors des inondations, quelques dispositifs d’aide alimentaire, cantines scolaires.

7) Systèmes alimentaires et changement climatique •D  eux ateliers spécifiques ont été organisés à Dakar. En moyenne, 60 acteurs rassemblés. • Identification d’hypothèses communes. •M  ise en évidence de deux scenarii contrastés. • Tendanciel : abandon des activités maraîchères et halieutiques artisanales et consommation tournée vers les produits importés. • Rupture : un système alimentaire recentré sur les ressources locales et une production agricole durable. Le scénario de rupture qui a eu la faveur de la plupart des participants  : un système alimentaire basé sur les ressources locales et une production agricole durable, ce qui suppose la mise en place des systèmes alimentaires plus territorialisés en essayant de répondre à la fois aux vulnérabilités et aux aléas climatiques. Trois axes stratégiques ont été construits et partagés en atelier de concertation dans le cadre du PCTI et des actions ont été identifiées pour chacun d’entre eux.

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>>> Des actions ont été identifiées dans trois domaines  : • Mieux organiser l’aménagement du territoire et sécuriser le foncier agricole ainsi que les usagers. • Favoriser la promotion de la production agricole durable et la structuration des filières courtes. • Promouvoir des politiques publiques cohérentes définies d’une manière consensuelle et inclusive, et favorables à la production locale. Des initiatives s’inscrivant dans ces axes stratégiques devraient être soutenues, de manière à produire, à petite échelle, les références nécessaires qui permettront d’appuyer un plaidoyer destiné aux pouvoirs publics. Le changement climatique fragilise encore les systèmes alimentaires qui comportent déjà un certain nombre de vulnérabilités ; ce qui demande aux politiques publiques de répondre simultanément à l’ensemble de ces enjeux.

© GRDR FNH

© GRDR FNH

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Table ronde avec retours d’expériences et témoignages sur les projets mis en œuvre des OSIM et d’autres porteurs de projets associatifs

Présentation

Association LAMUKA Raïna ELOTA, Présidente Brunette NSIMBA, Vice-Présidente

« Lamuka » signifie « Réveille-toi » en lingala (dialecte congolais). Le projet « L’agriculture : Réel essor pour la jeunesse » est un programme de formation théorique et pratique, conçu par les deux associations LAMUKA et EDDEN, centré sur l’éducation et la découverte de l’agriculture écologique. Il a été financé par le PRA/OSIM.

Il s’agit d’un projet de développement durable orienté vers les métiers de l’agriculture, de l’élevage et de la protection de l’environnement. Il vise à favoriser la réinsertion des jeunes par le biais de la formation professionnelle. La production est basée exclusivement sur l’utilisation d’intrants biologiques sans l’emploi d’engrais chimiques et de pesticides.

Nos objectifs • Améliorer la qualité nutritionnelle des légumes en produisant bio. • Préserver l’environnement. • Régénérer la terre pour une exploitation durable par les générations futures. •C  réer des emplois pour les jeunes. • I nsérer et réinsérer les jeunes désœuvrés dans la vie active. •C  ontribuer à assurer l’auto-suffisance alimentaire de la communauté.

Nos actions • Former cinq jeunes (dont deux filles et trois garçons) aux systèmes et techniques d’agriculture biologique. •C  réer une coopérative agricole afin de permettre une autonomie financière et une insertion socio-économique de cinq petits producteurs-trices. Le projet a pris en charge, pendant sa durée, le logement et la restauration des 5 apprenant-es, les frais médicaux ainsi que l’octroi d’une bourse individuelle de 30 000 FCFA mensuel.

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Phases du projet Première phase : Apprentissage (novembre 2013 -avril 2014)

• La formation et la production ont constitué le cadre de travail. • Le renforcement des capacités techniques et l’initiation. • Des membres coopérateurs au travail organisé et à la planification en groupe. • Des ateliers de formation en techniques agricoles ont été planifiés pendant la campagne semestrielle de formation/action.

Deuxième phase : Pratique (mai 2014novembre 2014)

• Placement des étudiants sur une zone de 500 m². • Chaque jeune choisit sa spécialisation en fonction des acquis des 6 mois passés. • Production et commercialisation. • Création de la coopérative. • Travail en groupe.

Nos acquis •L  e projet est devenu un véritable pôle de production pour la commune rurale de Makabandilou. La production s’est considérablement accrue. •L  a conduite des cultures légumières sur le site de plantation à la récolte. •U  ne production totale 6.286 tonnes de produits maraîchers frais enregistrée et mise sur le marché de Brazzaville.

Les améliorations •F  aiblesse sur la gestion coopérative. •L  es jeunes n’ont pas encore bien compris l’esprit de groupe. • I nsuffisance dans la maîtrise du circuit de la distribution. •A  pproximation dans l’analyse du marché (où vendre ? À qui ? Comment ?...). • Modules à renforcer lors de la prochaine session : gestion coopérative et commercialisation des produits agricoles.

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Présentation

Association PROJETS SOLIDAIRES Christian CABRIT, Président

L’association PROJETS SOLIDAIRES a pour objet de développer la solidarité internationale par l’accompagnement de projets et actions de développement durable. Elle est basée dans la région bordelaise et intervient dans trois pays : le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal.

Nos Principes d’action • Projets centrés sur le développement durable (économie, environnement, social). • La pérennité est au centre de nos projets. • Les projets sont co-construits avec les partenaires. • Favoriser la Coopération sud-sud. • Recherche de projets menés en lien avec les actions de coopération décentralisée de notre territoire. • Coopération avec des organismes de formation français. • Actions avec la diaspora malienne en France.

Premier type de projets : les foyers améliorés PROJETS SOLIDAIRES a démarré ses actions par un projet relatif aux foyers améliorés au Mali (en 2011) avec le soutien de la FNH. Le projet consiste à fabriquer et distribuer des cuiseurs à bois afin de réduire la consommation de bois-énergie et d’améliorer les conditions de vie des populations locales. Il permet de réduire la consommation de bois d’environ 50 % par rapport aux solutions traditionnelles, de développer des activités génératrices de revenus et de réduire l’impact financier sur les ménages à Bamako. La vente de foyers améliorés a été développée par l’intermédiaire de la diaspora malienne en

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France (Association des Maliens d’Aquitaine). Le principe est que les migrant-es achètent en France les foyers fabriqués au Mali. Notre démarche s’inscrit également dans le cadre de la coopération décentralisée. Le projet a fait l’objet d’une reconnaissance officielle en recevant le 2ème prix pour les bonnes pratiques en matière de développement durable, délivré par le Ministère de l’Environnement et de l’Assainissement (en octobre 2012).

Second type de projets : les filières de combustible Le biocombustible est un mélange comprenant de la biomasse non utilisée pour d’autres usages (tiges de coton ou tourteau de karité par exemple), un liant (mélasse, gomme arabique, argile) et de l’eau. Il est réalisé selon un processus de fabrication comprenant du mélange, pressage, séchage. L’association a développé deux filières de combustible : • La Biomasse carbonisée (avec des tiges de coton notamment) qui permet de faire des briquettes destinées à remplacer le charbon de bois. • La Biomasse non carbonisée (avec du tourteau de karité) qui permet de faire des bûchettes destinées à remplacer le bois.

Dans le but de poursuivre la contribution à la lutte contre la déforestation et à la diminution de la vulnérabilité des populations locales, PROJETS SOLIDAIRES a décidé avec son partenaire, l’Association Munyu des femmes de la Comoé, de mettre en place un nouveau projet dont l’objectif est de remplacer les combustibles actuels (bois et charbon de bois) par un biocombustible fabriqué localement. Des tests sont actuellement en cours dans un laboratoire de Ouagadougou. Pour chaque projet, le bilan carbone est évalué à la fois pour l’association, les projets, et les activités à la fin du projet.

Présentation

Association ASASOA France-Madagascar Achille RAJERISON, Président

A Madagascar, on est riche en pauvreté mais riche en biodiversité ! L’association ASASOA France-Madagascar a été créée il y a près de 10 ans. Elle a démarré ses actions par le développement d’un centre de formation en informatique à Madagascar (Nanisana, Tananarive, Province d’Antananarivo) car « il n’y a pas de développement sans éducation, ni formation » selon l’association. De plus, l’association souhaite

contribuer à la lutte contre la pauvreté en exploitant les ressources et filières porteuses de développement dans le pays. Elle a donc mis en place, à partir de 2012, un projet qui consiste à valoriser auprès des jeunes qui vivent en milieu rural la richesse de la biodiversité, à Madagascar. Madagascar est, en effet, considéré comme une priorité mondiale en terme de conservation

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de la biodiversité. L’insularité de Madagascar a favorisé, d’une part, la grande diversité de sa topographie, de ses paysages et de son climat et, d’autre part, une différenciation remarquable de ses espèces végétales et animales dans des habitats naturels très diversifiés (Desmonts, 1995). Cet isolement géographique ainsi que l’existence d’une grande variété de microclimats ont permis le développement de formes

de vie archaïques qui ont façonné les écosystèmes terrestres de l’île et sont à l’origine de certaines des formes de biodiversité les plus rares au monde (FEM 2003). Par exemple, les amphibiens sont uniques pour le pays car avec les 278 espèces recensées, presque 100% ne se trouvent nulle part ailleurs. Pour autant, Madagascar est l’un des pays les plus pauvres dans le monde .

85 % des personnes pauvres sont des ruraux qui dépendent considérablement des ressources naturelles notamment les jeunes.

C’est pourquoi, l’association ASASOA France-Madagascar a décidé de mettre en place un projet de formation d’éco-guides touristiques avec son partenariat local, l’Association SOAMADA (en cours de mise en œuvre).

Le projet est situé dans le quartier de Nanisana dans la capitale Malgache. C’est l’arrondissement le plus peuplé car il enregistre 27 % de la population de la capitale et compte 27 quartiers.

Nos objectifs • Améliorer la qualité du tourisme. • Créer des conditions favorables pour l’employabilité de jeunes désireux d’œuvrer dans le domaine du tourisme notamment l’écotourisme. • Donner aux jeunes la connaissance et l’envie de valoriser leur village.

Nos actions • Mise en place d’un référentiel de formation éco-guide. • Formation de trente éco-guides et acquisition du matériel d’équipement de base nécessaire à leur activité.

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Présentation

Association LOOS N’GOURMA Béatrice BOUQUET, Présidente

Loos N’Gourma est une association qui a été créée, en 1981, pour participer au développement du village de Sampiéri à l’est du Burkina Faso. Construite sur l’engagement bénévole d’un groupe de personnes habitant la région de Lens, Loos N’Gourma est une magnifique illustration de la solidarité entre les peuples. Les projets qui sont menés depuis bientôt 30 ans, sont élaborés en concertation avec les habitants de Sampiéri et visent au développement durable de cette région. Ils privilégient la reproductibilité des actions et l’autonomie des communautés. L’association réalise aussi des actions d’éducation au développement et à la solidarité internationale dans le Nord Pasde-Calais.

Elle intervient comme facilitateur en mettant à disposition les moyens financiers et humains dans la concertation et la recherche d’actions en s’appuyant sur les ressources locales.

Principes d’intervention • La connaissance du milieu. • Une méthode participative : nos partenaires sont les concepteurs, les acteurs et bénéficiaires des projets. • La valorisation des savoirs faire locaux et des potentialités locales. • La préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. • La reproduction de l’action. Pour faire face aux modifications qu’induiront les changements climatiques, éviter la dépendance à une énergie de plus en plus chère, ou encore pour inverser la perte de biodiversité, il est essentiel que l’agriculture soit diversifiée et adaptée à son territoire. Ces caractéristiques sont les fondements mêmes de l’agro-écologie.

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L’agro-écologie est une forme d’agriculture qui concilie la tradition et la modernité afin de valoriser des techniques culturales adaptées ainsi que les espèces végétales et animales locales. C’est un système de culture attractif, rentable qui permet de protéger l’environnement de façon durable. En Afrique, c’est donc le système de production agricole le plus adapté aux réalités sociales, économiques et environnementales.

Genèse du projet La commune de Sampiéri regroupe trente villages (70 000 habitants). 90 % des personnes sont des paysans qui vivent de l’agriculture. La région est touchée par le réchauffement climatique : les ressources traditionnelles sont en rupture, perturbations au niveau de la saison des pluies (de plus en plus courte), des périodes de sécheresse longues puis d’autres périodes d’inondation qui ravagent tout. Les grands problèmes résident dans l’insécurité alimentaire et les dégradations de l’environnement. L’année 2014 a été décrétée année internationale de l’agriculture familiale pour mettre en avant tous les apports de ce modèle basé sur la famille, qui promeut une agriculture durable adaptée à son environnement, à ses moyens et aux savoirs des communautés paysannes.  La présidente de l’association a eu, dit-elle, « la chance de lire le livre de Pierre RABHI », célèbre agroécologiste qui a conduit des projets exemplaires au Burkina Faso. En 1985, il a créé un centre de formation à l’agroécologie à Gorom-Gorom : « j’ai remis ce livre entre les mains de nos partenaires et nous avons beaucoup échangé sur ces sujets. Nous sommes allées à la rencontre d’anciens élèves de Pierre RABHI qui avaient mis en place des centres de formation en agroécologie au Burkina Faso ».

Nos résultats • Deux cycles de formations de 10 jours sont offerts par an accompagnés d’un suivi technique ainsi que des visites dans des fermes et des écoles. • L’AVAPAS a formé aussi des formateurs de Sampiéri qui forment les paysans sur place. Cela concerne l’agriculture vivrière et maraîchère. • Depuis 2005, 600 paysans ont été formés. •L  es résultats sont éloquents puisque malgré les pluies très déficitaires de ces dernières années, les paysans qui ont appliqué ces méthodes, ont eu des rendements doublés par rapport à ceux qui pratiquent la culture traditionnelle.

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• Les habitants de Sampiéri ont bien compris que l’agro-écologie est un bon moyen de ne plus dépendre d’une assistance extérieure pour subvenir aux besoins alimentaires. Mais en plus, grâce aux formations, ils sont maintenant capables d’identifier plus précisément les activités à mener pour satisfaire les besoins fondamentaux de leur famille en termes de santé, d’éducation et d’équipement.

Impacts de l’agroécologie • Créer des solutions pour les paysans africains. • Résoudre les problèmes liés aux changements climatiques. • Améliorer la qualité et la productivité alimentaires. • Répondre à l’insécurité alimentaire par des rendements triplés. • Participer à l’épanouissement des paysans qui se sentent valorisés et reconnus dans leur travail. • Augmentation du niveau de vie constaté par une plus grande fréquence dans les écoles. • Lutter contre l’exode rural.

Présentation

Association LAKAY Karl-Yvens BELMONT, Président

L’association LAKAY (l’association des haïtiens de Bordeaux) présente son expérience dans la réalisation d’un projet conduit en partenariat avec l’association des producteurs et vendeurs de fruits du Sud (ASPVEFS), à Saint-Jean-du Sud (Haïti), une des zones les plus menacées par le déboisement.

Contexte du projet • Haïti est l’économie la plus faible des Amériques. • Un déboisement systématique pour la survie immédiate (charbon de bois pour la cuisson). • Un recul de la production agricole (production en baisse, insécurité alimentaire). • Des catastrophes naturelles à répétition (cyclones, inondations, tremblements de terre… ).

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Nos Objectifs • Contribuer à renforcer l’économie des acteurs-trices de la filière noix de cajou. • Sensibiliser au reboisement. • Contribuer à la production alimentaire locale. • Aider à valoriser la production.

Pourquoi la noix de cajou ? L’anacardier est très présent dans la zone depuis les années 1960 ; il contribue au maintien des sols et agit contre l’érosion. Lorsque l’anacardier ne produit plus de fruits ou suffisamment, il peut être notamment utilisé pour fabriquer du charbon de bois. Il y a toujours eu une activité économique de transformation de la noix de cajou dans la zone. La noix de cajou est constituée de trois parties : • La pomme (comestible). • La noix elle-même (objet du projet). • Le baume de cajou : résine très caustique contenue dans la coque (utilisée dans l’industrie). La production annuelle actuelle à Saint-Jean est estimée à 137 tonnes (7 000 à 10 000 arbres). Le projet a fait l’objet d’un diagnostic de la filière de transformation. 120 producteurs de la zone ont été consultés, 4 unités de productions, 130 vendeuses rencontrées. Les constats suivants ont été faits : • Les locaux existants étaient insalubres avec des risques sanitaires élevés. • Le matériel utilisé inadapté : rendement très faible, à peine 3 kg par jour par personne. • Les plantations en mauvais état : anciennes, plantations trop rapprochées, manque de soins, arbres endommagés et couchés par les cyclones. • Les conditions de transformation de la noix de cajou sont précaires et peu rentables.

Nos résultats • 8 emplois à temps partiel générés par le projet en Haïti. • 3 cycles de pépiniérage (2 à Pikabann, 1 à Balix). • 20 300 plantules produites et distribuées. • 267 hectares plantés environ. • 460 bénéficiaires. • 104 personnes formées. • 4 vergers de démonstration (regroupant 123 pieds). • 114 parcelles référencées par croquis et GPS (6 090 pieds sur 88,3 ha) .

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Mise en place de la première pépinière

Pépinière ensemencée

Janvier 2011

Janvier 2011

Pépinière de Pikabann 5 mois après la plantation

Perspectives : Construire un atelier de décorticage Un atelier de décorticage est en cours de création et les perspectives sont encourageantes : • Expérience et motivation des acteurs-trices du projet. • Main d’œuvre à bon marché au regard de la capitale. • Une forte attente des bénéficiaires. • Renommée nationale de la noix de cajou de Saint-Jean du Sud (Production « labellisable ») • Forte demande en noix de cajou sur le marché local. • Sollicitations d’acheteurs à l’exportation. • Proximité d’une zone touristique en devenir.

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Présentation de l’étude FNH/ FORIM portant sur l’implication des OSIM et notamment des jeunes sur les sujets environnementaux

Présentation

Des conclusions de l’étude Olivier KABA, consultant

Objectifs Cette étude marque la volonté commune du FORIM et de la FNH de travailler ensemble sur deux questions clés de l’évolution de nos sociétés : ↘ La mobilité des personnes (migration). ↘ L  a gestion des ressources naturelles (écologie). Cette étude analyse donc le lien entre environnement, citoyenneté, identité et solidarité chez les jeunes issus des migrations : quelle place l’environnement a-t-il dans la relation avec le pays d’origine des parents mais également dans la vie citoyenne en France ?

Elle avait pour objectifs de : • Contribuer à une meilleure connaissance et intégration des enjeux environnementaux au sein des OSIM en particulier chez les jeunes de la diaspora et de questionner le rapport entre environnement et solidarité. •D  essiner le profil des jeunes de la diaspora sur les questions de l’environnement, et de la solidarité et analyser les relations entre les générations. •A  méliorer l’information des jeunes sur les enjeux environnementaux en s’appuyant sur les réseaux sociaux et les événements associatifs qu’ils organisent. •A  ssocier les OSIM, les associations de quartiers, les acteurs de l’environnement et de la solidarité sur les thèmes de la citoyenneté, de la solidarité et de l’environnement. Elle montre que l’engagement environnemental est un lien possible entre citoyenneté, solidarité et identité des jeunes issus des migrations. Pour concrétiser ce lien et faciliter l’engagement des jeunes sur les enjeux environnementaux, l’étude a proposé des pistes d’actions.

Méthodologie La réalisation de l’étude a été menée par une équipe pluridisciplinaire qui s’est appuyée sur : •D  es questionnaires recueillis via Facebook : 90 questionnaires ont été renseignés. La méthodologie exclu les jeunes « désocialisés ». •D  es entretiens semi-directifs : ↘ Dix entretiens avec les OSIM ↘ C  inq entretiens avec les acteurs de l’environnement : GERES, MAVA, Ensemble, UICN FFEM ↘ C  inq entretiens avec les partenaires et acteurs de la solidarité : MAEDI, GRDR, Ville d’Ivry, Gentilly, ADOS •C  ette synthèse s’est appuyée également sur les résultats de deux autres études : ↘ J eunesse et Migration :Quelle insertion sociale et professionnelle ? FORIM – 2014. ↘ L’organisation et les modes d’intervention des jeunes de la diaspora pour le développement du Mali – Union Européenne – PAC Mali – 2010.

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Profil des jeunes •D  es jeunes formés ( > Bac +2 ) étudiants ou salariés (l’âge moyen est de 23 ans) Ce profil correspond au réseau des enquêteurs qui ont animé le travail sur Facebook. •7  5 % ont entre 20 et 30 ans. •9  0 % sont de nationalité française. •8  0 % originaires d’Afrique Subsaharienne. •2  /3 femmes et 1/3 d’hommes. •3  7 % d’étudiant(e)s, 35 % de salarié(e)s, 11% sans emploi. •6  7 % ont un niveau d’étude ≥ Bac +2.

Lien avec les pays d’origine •U  n lien culturel avec les pays d’origine via Internet et les réseaux sociaux. •9  8 % des jeunes estiment être liés au pays d’origine des parents. •1  /6 des jeunes a un projet de solidarité dans le pays d’origine de ses parents. •1  /3 des jeunes conduit une action associative.

Les actions de solidarité Contrairement à leurs parents, l’action solidaire des jeunes de la 2ème génération est moins ciblée géographiquement et plus courte dans le temps. C’est entre 20 et 30 ans que les jeunes se mobilisent le plus sur des actions de solidarité. Les acteurs doivent s’adapter au renouvellement rapide de l’engagement des jeunes via des outils de capitalisation. Tous les 10 ans, une génération de jeunes laisse place à une autre.

Les Jeunes et l’environnement Si l’environnement est une question moins prioritaire que la croissance économique, l’emploi et le vivre ensemble, elle est une notion bien connue des jeunes. Ils citent aisément des personnalités et des associations environnementales.

Conscience environnementale Pour les jeunes, l’environnement est lié au patrimoine mondial et au vivre ensemble. L’environnement est associé majoritairement à l’idée de protéger la planète, d’un capital à préserver, d’une responsabilité sociale. En deuxième position, vient celle du savoir-vivre, de la citoyenneté. La notion d’environnement est apprise d’abord à l’école pour 60% des jeunes interrogés.

Une approche cohérente du Nord au Sud et au quotidien Il y a donc les ¾ des jeunes qui estiment que les questions environnementales sont aussi importantes au Nord qu’au Sud et établissent des liens sur les enjeux au niveau des deux espaces.

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Les jeunes ont une approche cohérente de l’environnement. Ils ont un bon niveau de connaissances de la thématique environnementale et une approche cohérente entre leur vision de l’environnement en France, dans le pays d’origine de leurs parents et leurs gestes écocitoyens quotidiens (tri des déchets, économie, d’énergie, utilisation des transports en commun). Pour ces jeunes, l’environnement est un enjeu citoyen, acquis principalement à l’école. C’est un sujet transmis entre parents et enfants qui se rapporte à la fois au pays d’origine et à la vie quotidienne en France. En France, les premiers enjeux sont liés à la pollution (eau, air) devant le changement climatique et la gestion des déchets. En Afrique, c’est l’accès à l’eau et à l’énergie, devant la pollution.

L’environnement rapproche les générations •4  jeunes sur 5 pensent que leurs parents ont une conscience environnementale (gestion de l’eau et de l’électricité, des transports en commun, du tri des déchets). •P  lus de 80 % des jeunes estiment que leurs parents leur ont transmis au moins partiellement cette conscience environnementale. • La motivation de 60 % des jeunes dans leur engagement environnemental réside dans l’avenir de leurs enfants. •7  0 % des jeunes estiment avoir la même vision de l’environnement que leur parent. Ce résultat est notable car dans les relations entre les jeunes de la diaspora et leurs parents, les sujets conflictuels sont relativement importants.

Un engagement associatif faible sur les sujets environnementaux •S  euls 9 % des jeunes sont membres d’une association de protection de l’environnement. • Pourtant, 70 % se disent prêts à se mobiliser auprès d’une association de protection de l’environnement liée au pays d’origine de leur parent, mais 85% disent ne pas connaître d’associations de ce type.

Des pistes d’action 1) I nformation et mobilisation des jeunes Les acteurs de la solidarité et de l’environnement doivent adapter leurs pratiques aux jeunes, en particulier pour les outils d’information et de mobilisation.La sensibilisation sur le changement climatique et sur son impact en France comme dans les pays d’origine, peut constituer un premier sujet d’information.

2) M  esurer l’impact environnemental des projets 1/3 des jeunes estime faire attention aux conséquences environnementales des projets mais souvent ce sont de mesures très simples comme le tri des déchets. Les OSIM et les jeunes déplorent l’absence

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d’outils de mesure d’impact. L’idée serait donc de diffuser des outils simples et adaptés. Une capitalisation associant acteurs de la solidarité et acteurs de l’environnement pour identifier les outils de mesure de l’impact environnemental des projets. Un travail de capitalisation associant acteurs de la solidarité et acteurs de l’environnement pourrait permettre de diffuser un outil existant ou à adapter, pour mesurer l’impact environnemental des projets.

3) I nformation et mobilisation des jeunes ↘ Les actions auprès des jeunes doivent être plus convergentes

Un partenariat entre les organisations de l’environnement, de la solidarité internationale et de l’accompagnement des jeunes dans les quartiers avec une vision plus globale des problèmes d’insertion des jeunes valorisant les valeurs citoyennes et les valeurs familiales. ↘ L  ’étude identifie l’environnement comme un lien possible entre solidarité, citoyenneté et identité chez les jeunes issus des migrations. • Pour les associations de quartiers. L’environnement est associé à des valeurs collectives. Les projets environnementaux permettent de mobiliser les jeunes sur des actions citoyennes qui impactent leur quotidien. Ces associations travaillent sur le lien entre citoyenneté, identité et insertion. • Pour les OSIM et les organisations de solidarité internationale La mobilisation des jeunes est essentielle au renouvellement du lien Migration Développement. Les migrant(e)s de première génération partent progressivement à la retraite et s’interrogent sur le relais pris par les jeunes générations. Les projets environnementaux sont une opportunité de mobiliser les jeunes sur une thématique importante dans leur vie citoyenne et familiale. • Pour les associations environnementales. La présence sur le double espace et le rôle des diasporas comme acteur de développement doit être accompagné. • Pour les collectivités locales. Ce type de partenariat s’inscrit dans les politiques de proximité pour les jeunes en mobilisant des acteurs fournissant du contenu et des actions autant sur les questions d’environnement que de solidarité.

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Grand Témoin

Nicolas Hulot

Intervention de

Nicolas HULOT Grand Témoin

Commandant Cousteau, de générations lointaines, mais bien les enfants d’ici, du Mali ou des Philippines qui sont déjà dans les cours d’école. C’est donc bien le futur qui est en train de se déterminer. Aucun statut géographique ou politique, religieux ou économique ne mettra quiconque à l’abri des combinaisons des inégalités de la pauvreté et des conséquences des changements climatiques. Évidemment, sur l’échelle du temps, certains subissent déjà les conséquences du changement climatique mais personne ne sera épargné. © FNH

C’est la première fois dans l’histoire de la communauté internationale que nous avons la possibilité de sacrifier l’avenir au présent ou, au contraire, dresser les contours d’un futur envisageable, souhaitable et possible. C’est tout le paradoxe de l’enjeu climatique : Soit il est la contrainte de trop sur les épaules de nos sociétés et génère une forme de résignation, de fatalisme, de repli sur soi ; c’est évidemment, ce que je combats et que je ne pense pas qu’il vaille l’emporter. Soit, et nous nous en rendrons compte avec le temps, une occasion inespérée de mettre de côté un certain nombre de préjugés, de contentieux, non pas pour fuir nos responsabilités mais pour nous retrouver, non pas sur ce qui nous ressemble, mais sur ce qui nous rassemble.

L’enjeu climatique est la pierre angulaire de toutes les solidarités et de la dignité humaine. Le plus petit dénominateur commun, qui nous réunit ici, est le mot solidarité. Nous sommes à un moment où il va falloir passer des mots aux actes et exprimer cette notion de solidarité. L’enjeu écologique nous oblige à l’incarner dans toutes ses dimensions. Tout d’abord, dans l’espace; il ne s’agit pas d’une notion nouvelle mais les changements climatiques ou la raréfaction des ressources naturelles (autre composante de la crise écologique), frappe, en premier lieu, les populations les plus vulnérables. C’est une suprême injustice, c’est l’injustice de trop, c’est rajouter de l’injustice à l’injustice. L’enjeu climatique ajoute de l’inégalité à l’inégalité, de la misère à la misère, de l’injustice à l’injustice. Il faut en avoir conscience, non pas pour se culpabiliser, mais bien pour s’en responsabiliser. Ensuite, l’enjeu climatique nous oblige à nous relier avec les générations futures. Quand je parle de générations futures, il ne s’agit plus, pour ceux qui ont connu l’époque du

Nous avons quelque part une communauté de destins qui devrait, tout à coup, je l’espère, nous réveiller, et surtout rendre dérisoire un certain nombre d’objets ou de divisions que nous entretenons, probablement parfois, à foison et bonheur, car les hommes cherchent

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à se différencier ou se mettre dans des catégories. Or, il faut essayer justement de ne plus se voir en fonction de ces différences qui, au passage, peuvent être prises comme des richesses, mais se voir comme une communauté unique d’une famille humaine et mettre en commun ce que nous avons de mieux. C’est pour cela que je porte en moi sur ces sujets autant d’espoirs que de désespoirs ; je ne sais pas ce qui va l’emporter : l’humanité est à un point de bascule où elle peut aller vers une forme de résignation, de reddition ou au contraire se transcender et faire un saut qualitatif collectivement.

ce à quoi nous sommes attachés ; tout ce qui a de l’importance à nos yeux est conditionné par notre capacité à ne pas menacer les grands équilibres qui ont permis à la vie de se développer. Si nous sommes engagés, c’est d’abord par humanisme. C’est pour notre capacité à prendre en charge les autres espèces et à travailler pour une échelle de temps qui dépasse le temps de notre propre existence : préserver et transmettre un patrimoine génétique, naturel, un capital dont nous avons nous-même hérité et que nous devons transmettre en l’état aux générations suivantes.

Par définition, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous sommes confrontés à un enjeu universel. Et les mots ont un sens : universel, c’est à dire que nous serons tous gagnants ou tous perdants. Or, cette notion d’universalité n’est pas encore dominante. Les États continuent à traiter ces questions par le prisme des intérêts de leur propre pays  ; ce qui est complètement dérisoire puisque personne n’a intérêt à échouer à Paris. J’ai pu d’ailleurs le constater lors du somment de l’ONU à New-York sur le climat en septembre dernier.

Nous avons l’occasion enfin de nous civiliser et d’accomplir notre humanité mais il faut que chacun assume ses responsabilités. En tant qu’individu, en tant que citoyen, en tant qu’État ; et pour les pays du Nord, assumer notre responsabilité sans se culpabiliser. Le changement climatique amène une nouvelle injustice en faisant payer les conséquences d’un mode de développement à des populations qui n’en n’ont pas forcement profité. Il faut en avoir conscience et l’acter. A partir de là, plaçons nos engagements à hauteur de cette responsabilité.

La planète peut très bien se passer de l’humanité. C’est bien de la protection de l’humanité dont on parle. Ce n’est pas un enjeu optionnel, c’est un enjeu conditionnel et majeur du 21éme siècle. Quand on parle de protection de l’environnement ou de protection de la planète, l’enjeu majeur est bien celui de l’enjeu climatique qui met en péril les conditions d’existence de l’humanité. Il conditionne tout

Jusqu’à présent, l’enjeu climatique pouvait apparaître comme une question insidieuse. Est-ce une préoccupation de riche ? C’est d’abord un devoir de riche ! C’est d’abord à ceux qui le peuvent.. le plus... intellectuellement, psychologiquement, économiquement, par rapport à ceux qui se trouvent dans une situation de survie. C’est également un devoir d’homme de permettre à la vie de se développer et de tendre vers une forme d’équité.

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En ce qui concerne le lien de cause à effet entre changement climatique et migrations, les causes des déplacements de population sont multifactorielles et parfois se combinent provoquant des aventures tragiques pour des dizaines de milliers de personnes. Le facteur environnemental peut, par ailleurs, créer des sources de conflits. Des hommes, des femmes et des enfants se déplacent dans un monde, aujourd’hui, qui n’est plus nomade par définition  ; un monde sédentaire où chacun est arc-bouté dans ses prérogatives frontalières. Dès lors qu’il y a des arrivées importantes, elles sont sources de tensions et génèrent des incompréhensions que nous vivons y compris dans notre pays.

195 États se réuniront à la conférence de Paris. C’est inédit dans l’histoire des relations internationales dont la somme des engagements nationaux doivent permettre de limiter les changements climatiques à deux degrés en cours de siècle.

Au delà de deux degrés, quoi que nous fassions dans la seconde moitié du 21éme siècle, et plus encore au siècle suivant, nous ne pourrons plus empêcher les températures d’augmenter. Si nous voulons éviter l’irréversibilité des phénomènes, avec l’irréversibilité des conséquences notamment sur les populations, Il faut que toutes les communautés soutiennent cet objectif des deux degrés.

Je dis souvent que le sort de l’Europe est conditionné au sort de l’Afrique et réciproquement. L’Europe ne peut pas imaginer un seul instant prospérer en fermant les yeux sur le devenir de l’Afrique. Nos destins sont liés ; et il n’y a pas que l’Afrique, il y a aussi d’autres origines, nous avons cette communauté de destins. Ce trait d’union peut nous permettre d’utiliser cette volonté manifestée, notamment par les jeunes, pour transmettre des savoirs, des moyens et aider mieux encore. Quoi qu’il advienne l’Afrique, notamment l’Afrique subsaharienne, sera contrainte de s’adapter aux changements climatiques. Elle doit pouvoir se développer selon sa propre vision et sa propre volonté en utilisant notamment les technologies propres. Nous devons donc à la fois aider l’Afrique à assumer les conséquences inévitables du changement climatique et simultanément, permettre à ces pays de combler leur aspiration légitime avec leur propre modèle économique de développement.

Nous avons demandé aux 195 États globalement, parce que c’est la première des solutions pour lutter contre le changement climatique, de renoncer à exploiter la grande majorité des réserves d’énergies fossiles. Il existe aujourd’hui d’autres solutions pour permettre aux pays en développement de ne pas dépendre des pays producteurs avec les rapports de force et les tensions qu’ils engendrent. Le meilleur service que l’on peut donner aux États en Afrique (et cela vaut aussi pour la France), c’est de produire son énergie dans ses frontières à partir de sources d’énergies gratuites : le vent, le soleil, la géothermie, l’énergie des mers, etc.

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La réponse aux changements climatiques notamment par les énergies renouvelables est un facteur de paix. A terme, dés lors que l’on permet à chaque État de produire son énergie dans ses frontières (avec un coût de l’énergie en baisse), nous parviendrons à rétablir l’équité entre les nations. Pour terminer, je souhaite vous dire que cette réflexion est un socle à partir duquel nous pouvons travailler ensemble. Je vois une magnifique opportunité. Ces associations, ces diasporas sont de formidables traits d’union entre deux régions du monde qui n’ont pas d’autres choix que d’avancer ensemble, de partager, de penser dans la même direction. L’enjeu climatique est un enjeu majeur. Il faut remettre en haut ce qui est essentiel et en bas ce qui est superficiel. Je vous remercie.

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Atelier participatif sur l’engagement des OSIM sur les sujets environnementaux

Autour d’un WORD CAFE.... Cet atelier relatif à l’engagement des OSIM sur les sujets environnementaux a été organisé autour de la technique du Word Café. Cette méthode d’animation participative a permis d’aborder les orientations et les enjeux universels induits par le changement climatique. Au fil des conversations, les discussions ont permis de s’enrichir les unes des autres et de construire des lignes permettant de faire émerger de nouvelles compréhensions et de nouvelles idées. Deux questions ont été posées aux participant-es : • Quels sont, selon vous, les freins à l’engagement des jeunes issus des migrations sur les questions environnementales ici et là bas ? •Q  uels sont, selon vous, les leviers à l’engagement des jeunes issus des migrations sur les questions environnementales ici et là bas ? Chaque participant-e a choisi un frein et un levier parmi les différentes propositions issues des conversations.

FREIN

Il n’y a pas de liens qui s’établissent entre les préoccupations du quotidien et les questions environnementales. Les contraintes importantes ressenties par les citoyens et les jeunes dans leur quotidien les éloignent des enjeux environnementaux a fortiori dans un contexte de crise économique.

LEVIER

La question de la transition écologique et des enjeux du changement climatique doit être être vécue comme une chance à saisir et une opportunité de mieux vivre. La question doit être traitée de manière plus positive en associant les citoyens dans des actions de lutte contre le changement climatique y compris de façon ludique.

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Pour aller plus loin WEBOGRAPHIE Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM) www.forim.net

Terre et Humanisme www.terre-humanisme.org www.pierrerabhi.org Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Portail sur la migration environnementale www.environmentalmigration.iom.int

Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH) www.fondation-nicolas-hulot.org Plate-forme d’Associations FrancoHaïtiennes (PAFHA) www.pafha.fr

Agence Française de Développement (AFD) www.afd.fr Codéveloppement Mali www. codeveloppementmali.org

Groupe de Recherches et de Réalisation pour le Développement Rural (GRDR)  www.grdr.org

Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) www.ipcc.ch

Associaiton LAMUKA www.lamuka.fr PROJETS SOLIDAIRES www.projets-solidaires.org

ETUDES Étude OSIM et environnement « Regards et engagement de jeunes issus des migrations » •F  orum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM). •F  ondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH). •A  vril 2015. Étude sur la sécurité alimentaire de la région de Dakar face aux changements climatiques : État des lieux et perspectives face aux enjeux du changement climatique • Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH). •G  roupe de Recherches et de Réalisation pour le Développement Rural (GRDR). •M  ars 2015. Étude Jeunesse et Migration : Quelle insertion sociale et professionnelle ? •F  orum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM). •D  écembre 2014.

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L’organisation et les modes d’intervention des jeunes de la diaspora pour le développement du Mali •U  nion Européenne. •P  rogramme d’Appui au Codéveloppement Mali (PAC Mali). •S  eptembre 2011.

À LIRE Pierre RABHI – L’offrande au crépuscule Éditions L’Harmattan, 1989, réédition 2001. Ce livre est le récit de l’aventure extraordinaire qui a conduit Pierre Rabhi en 1981 à la rencontre du Burkina Faso, où la création puis l’animation du centre de formation de Gorom-Gorom lui ont permis d’œuvrer à une large diffusion de l’agroécologie auprès des paysans les plus pauvres. L’Offrande au Crépuscule a obtenu en 1989 le prix des sciences sociales agricoles Michel Auge-Laribé, décerné par le Ministère de l’Agriculture.

Pierre RABHI et Nicolas HULOT – Graines de possibles Regards croisés sur l’écologie Editions Calmann Levy, 2005. Au fil de ce dialogue, les auteurs parcourent des domaines aussi variés que la science, la politique, l’éducation ou la religion, se questionnent sur notre relation à la nature et sur le sens que nous donnons à la vie. Devant la spirale infernale du productivisme et de la sur consommation et devant l’épuisement accéléré des ressources de la planète, ils nous invitent à réfléchir aux menaces qui pèsent sur l’avenir de l’humanité et à prendre conscience de nos responsabilités. de l’Agriculture.

© Direction artistique : Jean-Maurice Damour - www.jeanmauricedamour.co.uk

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PROGRAMME MIGRATIONS, ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : D U C O N S T A T À L’ A C T I O N , I C I E T L À - B A S

DÉROULÉ DE LA JOURNÉE 9h30 : Accueil des participants 10h - 10h10 : Allocution d’ouverture par la Présidente du Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations - FORIM 10h10 - 10h30 : Migrations et changements climatiques : constats et enjeux - Daria Moknacheva de l’Organisation internationale pour les migrations 10h30 – 11h00 : Présentation de l'étude sur la sécurité alimentaire de la région de Dakar face aux changements climatiques – Mamadou Niokane du GRDR et Amandine Lebreton de la Fondation Nicolas Hulot 11h00 - 11h30 : Questions / Echanges avec la salle 11h30-11h40 : Pause café 11h40 - 13h00 : Table ronde avec retours d'expériences et témoignages sur les projets mis en place par des Organisations de Solidarité Internationale issues de l’Immigration (OSIM) et d’autres porteurs de projets associatifs 13h00 - 14h30 : Déjeuner sur place 14h30 - 15h10 : Présentation des conclusions de l'étude FNH/ FORIM portant sur l’implication des OSIM, et notamment des jeunes, sur les sujets environnementaux – Olivier Kaba 15h10 - 15h30 : Grand Témoin Nicolas Hulot 15h30 - 17h : Atelier participatif sur l’engagement des OSIM sur les sujets environnementaux

Séminaire Regards Croisés MERCREDI 1 er AVRIL • 9H30 – 18H00 En présence de Nicolas Hulot La Conférence de Paris 2015 sur le climat sera l’occasion pour les Etats de se fixer un chemin ambitieux pour la lutte contre le changement climatique. Celui-ci est d’ores et déjà une réalité pour bon nombre de pays mais se fait sentir de manière plus évidente encore dans les pays du Sud. Ainsi la désertification est d’actualité pour un tiers de la population mondiale et 40% des terres émergées. Ces impacts du changement climatique touchent directement les populations, en particulier en termes de sécurité alimentaire. Ainsi, le changement climatique et les évènements extrêmes qui en découlent provoquent des déplacements de populations, qu’ils soient interrégionaux ou intercontinentaux. Ainsi 33 millions de personnes ont été contraintes de se déplacer en 2012 à cause de dégradations environnementales et ce phénomène est amené à s’accentuer. Le changement climatique est donc à la fois un vecteur d’insécurité — alimentaire, sanitaire, social, économique – et un moteur de migrations. Quels sont plus précisément les liens entre déplacements de populations et changements climatiques ? Quelles solutions peuvent être envisagées pour s’adapter à ces phénomènes et réduire les formes d’insécurité, ici et là-bas ? Quel rôle tiennent les associations de migrants en France et dans les pays d’origine pour contribuer à réduire ces impacts ? Quels engagements des jeunes générations face à ces enjeux ? Ce sont autant de questions qui seront traitées dans le cadre de ce séminaire. BEEOTOP • 14 Boulevard de Douaumont • 75017 Paris M° Porte de Clichy (L13) Déjeuner offert sur place I N S C R I P T I O N O B L I G ATO I R E - C L I Q U E Z S U R L E L I E N

Contact : David CHARLES - [email protected] - 09 50 99 65 93

17h10 – 17h40 : Partage et restitutions

action réalisée avec le soutien de :

17h45 : Clôture de la journée

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