Steinlen, l'œil du petit peuple

par l'exploitation sociale. Ses illustrations publiées dans la revue du Chat noir lui sont restées célèbres, quitte à faire de l'ombre à ses pensées libertaires.
482KB taille 9 téléchargements 209 vues
Jouy-le-Moutier au bout de la route, depuis Vauréal

PATRIMOINE

Huile sur toile, Steinlen

Steinlen, l’œil du petit peuple Il y a eu ses dessins de chats. Et bien d’autres reflétant la vie quotidienne de la rue et ses petits métiers. L’ami de Toulouse-Lautrec a été un artiste engagé et prolifique. Qui de temps en temps, quittait Montmartre pour respirer l’air de Jouyle-Moutier. Sur l’étroite rue escarpée des Blanchards, les bâtisses aux vieilles pierres tissent le souvenir d’une époque surannée. Celle oscillant entre la fin du 19 e et le début du 20 e siècle. En ce temps-là, Jouy-leMoutier n’était encore qu’un village et Théophile-Alexandre Steinlen, un artiste reconnu de Montmartre s’accordant, au gré de ses envies, quelques jours de dépaysement dans sa maison de villégiature – achetée en 1910 pour sa fille. L’imagination court et redessine le peintre installé dans son vaste jardin. Croquant au fusain le pay-

sage lumineux qui s’offrait à lui sous un soleil crépusculaire. Ou simplement en train de contempler son parterre de roses anciennes et de dahlias, « fleurs auxquelles il vouait un culte particulier. »

De l’art conscient L’homme était un passionné de jardinage. À Jouy-le-Moutier, le Montmartrois de cœur se consacre à la peinture de bouquets, inspirés de ses plantations, à quelques huiles sur toiles et dessins épurés, immortalisant le paysage de l’Oise ou l’église du village. Il faut néanmoins s’accorder sur le fait que Jouy-le-Moutier ne constituait pour lui qu’une simple parenthèse bucolique. Car le natif de Lausanne était avant tout un témoin de son époque, marquée autant par les transformations économiques que par l’exploitation sociale. Ses illustrations publiées dans la revue du Chat noir lui sont restées célèbres, quitte à faire de l’ombre à ses pensées libertaires. Ignorer ses prises de position intellectuelles serait pourtant faire une lecture tronquée de son engagement artis-

Une exposition sur la Grande Guerre Du 19 novembre au 3 décembre, le Théâtre de Jouy accueillera une exposition où seront présentés des œuvres de Steinlen et Marret, les premiers numéros du Canard enchaîné, ou des casques de militaires. Entrée libre. Vernissage le 19 novembre à 17h.

tique, voisin de son engagement politique. Il multiplie les supports – il peint, sculpte, grave, dessine pour la presse et la littérature –, mettant en scène l’accablement des petites gens et la détresse des soldats durant la Grande Guerre. Proche des écrivains Émile Zola et Anatole France, Steinlen était un homme investi dans les luttes sociales de son époque, fréquentant le monde anarchiste sans jamais perdre de l’appétit pour ce qu’il estimait être une cause juste : mettre en lumière les déshérités de son temps.

STEINLEN EN 4 DATES 1859 : Naissance à Lausanne 1885 à 1896 : Collaboration à de nombreux ouvrages satiriques 1914 à 1919 : Importante production d’affiches de guerre soutenant le désarroi des soldats et des civils 1923 : Décès à Paris, au 73 rue Caulincourt. Enterré au cimetière St-Vincent.

SAMEDI 19 NOVEMBRE au cinéma du Théâtre de Jouy La Grande Guerre : hommes et femmes sur tous les fronts À l'occasion de l'exposition, sera diffusé Joyeux Noël de Christian Carion (18h30) et La Grande Illusion de Jean Renoir (21h).

17