Séance 2 Pourquoi les contes de fée sont-ils parfois des ... - unBlog.fr

en enduisant son escalier de poix. – Non seulement les soeurs se mutilent pour tenter de mettre la pantoufle en or, mais elles finissent les yeux crevés par les ...
131KB taille 467 téléchargements 1035 vues
Séance 2 Pourquoi les contes de fée sont-ils parfois des contes d’effroi ? Étude du conte (document 1) 1. Résumé du conte de Cendrillon par Charles Perrault. Un homme riche perd sa femme et se retrouve seul avec sa fille. Il se remarie avec une veuve belle et orgueilleuse, et mère de deux filles. Autant sa propre fille est bonne, autant les filles de sa nouvelle épouse sont méchantes. Après le mariage, la nouvelle épouse force sa belle-fille à s’occuper de toutes les tâches ménagères. On l’appelle Cendrillon car elle est sans cesse dans la cheminée, au milieu des cendres. Un jour, le fils du roi invite les nobles du royaume à un bal. Ses soeurs parties au bal, Cendrillon se met à pleurer : elle aussi aimerait y aller. Sa marraine, qui est fée, transforme une citrouille en carrosse, un rat en cocher, des lézards en laquais, ses haillons en beaux habits, et envoie Cendrillon au bal, tout en la prévenant que ces sortilèges cesseront à minuit et qu’elle devra donc être rentrée avant. Arrivée au bal, Cendrillon est admirée de tous ; le fils du roi l’invite à danser et ne regarde qu’elle. À minuit moins le quart, elle prend congé et le prince l’invite pour le bal du lendemain. Lorsqu’elles rentrent, ses soeurs lui racontent qu’une belle jeune fille que personne ne connaît a dansé avec le prince. Le lendemain au bal, Cendrillon ne voit pas passer le temps. Au premier coup de minuit, elle s’enfuit et court tellement vite qu’elle perd l’une des souliers de verre que lui adonnés la fée. Le prince le ramasse, et décide qu’il va la faire essayer à toutes les femmes nobles du royaume pour retrouver celle qu’il aime. Le lendemain, un gentilhomme vient chez Cendrillon. Il fait essayer la pantoufle à ses soeurs, qui ne peuvent la mettre. Cendrillon l’enfile sans problème et sort la seconde pantoufle de sa poche. Sa marraine apparaît et lui rend ses beaux vêtements. Ses belles-soeurs lui demandent pardon. Cendrillon épouse le prince et marie ses soeurs à deux grands seigneurs.

Résumé du conte de Cendrillon par les frères Grimm À partir d’une même trame (un père remarié à une marâtre dont les filles sont, comme elle, aussi belles que mauvaises, et traitent sa fille en esclave, laquelle trouve son salut grâce à l’aide de pouvoirs surnaturels) le conte des frères Grimm comportent un certain nombre de différences d’avec celui de Perrault. – Les mauvais traitements de la nouvelle épouse et de ses filles à l’égard de Cendrillon y sont beaucoup plus détaillés : elles l’insultent et se moquent d’elle, lui arrachent ses habits, se plaisent à défaire son travail pour l’obliger à recommencer. – L’opposition entre la candeur de Cendrillon et la vanité de ses soeurs est beaucoup plus développée : Cendrillon va tous les jours prier sur la tombe de sa mère et reste bonne et pieuse ; quand son père lui demande quel cadeau lui ferait plaisir, elle lui demande de cueillir le premier rameau qui touchera son chapeau, là où ses soeurs demandent de riches vêtements, des bijoux et des pierres précieuses. – Cendrillon apparaît proche de la nature, et c’est dans la nature que se manifeste le merveilleux : quand elle pleure, ses pleurs font pousser le rameau rapporté par son père ; des oiseaux s’y posent et l’aident à triompher des épreuves qu’on lui oppose pour l’empêcher d’aller au bal ; finalement, l’arbre lui permet d’aller au bal et de se cacher en rentrant du bal. – Il y a trois bals successifs et non deux ; à chaque fois, le prince court à la poursuite de sa cavalière et la rate de peu ; la dernière fois, c’est lui qui provoque la perte de la chaussure (une pantoufle en or) en enduisant son escalier de poix. – Non seulement les soeurs se mutilent pour tenter de mettre la pantoufle en or, mais elles finissent les yeux crevés par les oiseaux lorsqu’elles assistent au mariage de Cendrillon sans y être invitées. La version du conte Cendrillon par Perrault est sans doute connue des élèves, mais il est probable que celle des frères Grimm, d’où est tiré cet épisode, leur est inconnue. L’effet qu’ils peuvent ressentir en lisant cet épisode, où la mère demande à ses filles de se mutiler, peut être l’horreur, l’effroi, le scandale, la révolte, etc. 2. Les rapports entre la mère et ses deux filles sont de soumission. La mère, cruelle et dominatrice, impose des actes horribles à ses filles, c’est elle qui commande (utilisation des impératifs « coupe ») et qui tend le « couteau ». Elle justifie ces mutilations « Quand tu seras reine, tu n’auras plus besoin

d’aller à pied », laissant entendre la condition de reine est plus importante que la santé. Les filles obéissent à leur mère sans se poser de questions, dans ce texte, elles n’ont pas la parole. La gravure de Lili souligne la cruauté de la scène, attirant l’attention sur le sang versé pour entrer dans cette fameuse chaussure, symbole du mariage avec le Prince et donc d’une vie féerique. Les rapports entre le Prince et les jeunes filles sont faussés : le Prince pense avoir trouvé celle qui l’a ébloui lors du bal mais il se trompe. Les filles sont intéressées par le Prince, non parce qu’elles l’aiment mais parce que la condition de Reine les intéresse. nterrogation 1 3. Lexique

Manifestation de la cruauté – mutilation des pieds – indifférence du prince au sang coulé

Répétitions des situations

Tout a lieu 2 fois : l’essayage dans la chambre, la mutilation, l’avertissement des colombes, la vision du sang par le prince, le retour chez les soeurs Les ordres de la mère Les colombes Les demandes du prince La mère dispose du corps de ces filles. Le prince va et vient d’une fille à une autre comme si c’était des marchandises.

Paroles au discours direct

Rapport entre les personnages

Passages précis du texte lignes 4 à 6 et 17 à 20 : ordres de la mère, description des actes de se couper l’orteil ou le talon. lignes 13-15 et 27-33 : le prince se débarrasse prestement des fausses fiancées sans aucun égard pour leur souffrance. lignes 2 à 15 lignes 15 à 30

lignes 4 à 5 ; 17 à 18 lignes 9 à 12 ; 23 à 26 lignes 31 à 33 « Coupe-toi ce doigt… », « sa mère lui tendit le couteau » « Celle-là n’est pas non plus la bonne, n’avez-vous pas d’autre fille ?»

Étude des illustrations (document 2 et 3) 4. Le document 2 illustre le conte du Petit Poucet de Charles Perrault. Il s’agit de l’épisode où l’ogre veut dévorer les petits garçons. Le héros sera sauvé par sa ruse (il échange les bonnets et l’ogre égorgera ses propres filles). Le document 3 illustre le conte du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault. Il s’agit de l’épisode où le loup dévore l’enfant. L’héroïne meurt.

Résumé du conte Le Petit Poucet C’est l’histoire d’une famille pauvre dont les parents abandonnent les garçons par peur de les voir mourir. Lors d’une première tentative pour abandonner, les enfants sont sauvés grâce à l’ingéniosité du plus jeune, le petit Poucet, qui se munit de cailloux blancs et parvient à les ramener tous à la maison. La seconde fois, les parents prévenus empêchent la même ruse de se produire et les enfants, bel et bien perdus cette fois, se réfugient dans la maison d’un ogre. Celui-ci, à qui sa femme a préparé un festin, accepte d’attendre le lendemain pour les tuer mais se ravise en pleine nuit. Les sept garçons sont couchés dans un grand lit à côté de celui des sept filles de l’ogre. Prudent et rusé, le petit Poucet a échangé leurs bonnets de garçons contre les couronnes d’or des filles. L’ogre entre dans la chambre pendant la nuit, tue ses filles en croyant tuer les garçons. Les petits s’enfuient et l’ogre fou de rage part à leur recherche à l’aide de ses bottes de sept lieues. Fatigué, il s’assied sur la pierre sous laquelle les enfants se sont cachés. Le Petit Poucet convainc ses frères de rentrer chez eux. De son côté, il enfile les bottes des sept lieues, court jusqu’à la chaumière de l’ogre, convainc la femme de lui donner sa fortune car il est fait prisonnier ; pour mieux la convaincre, il dit qu’il lui a même prêté ses bottes pour aller plus vite. Le Petit Poucet rentre ainsi chez ses parents qui l’accueillent avec joie et soulagement.

Résumé du conte Le Petit Chaperon rouge La version de Charles Perrault, l’héroïne en est une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui court à sa perte en donnant au loup qu’elle rencontre dans la forêt les indications nécessaires pour trouver la maison de sa grand-mère. Le loup mange la vieille dame en se cachant des bûcherons qui travaillent dans la forêt voisine. Il tend ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit par la manger. La version des frères Grimm contient une suite : la fillette et sa grand-mère sont sauvées par un chasseur qui suivait la piste du Loup : le trouvant endormi chez la grand-mère, il lui ouvre le ventre et en extrait la fillette et sa grand-mère ; celles-ci sont ensuite capables de piéger et tuer un autre loup, anticipant ses gestes grâce à l’expérience acquise au cours de la première histoire.

Dans les deux contes, la cruauté est celle de la dévoration. Dans Le Petit Poucet, l’ogre égorge ses propres filles avec l’intention de manger les sept petits garçons, dans le Petit Chaperon rouge, le Loup dévore la grand-mère et le Petit Chaperon rouge. Dans le document 2, l’ogre montre les crocs, l’ombre ne fait qu’accroître son aspect effrayant, les enfants et l’ogresse sont terrifiés et semblent hurler. Dans le document 3, le loup domine la situation, l’effroi de l’enfant est montré par ses membres écartés, et son visage apeuré. Le rôle de la cruauté est de mettre en garde les enfants contre les inconnus (Le Petit Chaperon rouge) et d’encourager l’enfant à se défendre, afin que la violence se retourne contre son auteur (dans Le Petit Poucet l’ogre s’en prend à ses propres filles et les enfants s’en sortent).

Étude de l’interview (document 4) 5. Le psychanalyste Bruno Bettelheim évoque la fin du conte de Cendrillon par les frères Grimm, qui comporte des détails d’une grande cruauté (yeux crevés) : il insiste sur le fait que la mort dans les contes de fée est « toujours symbolique » (c’est-à-dire doit être interprétée) : « c’est la mort dans la vie » : l’héroïne est valorisée pour sa bonne conduite alors que les soeurs de Cendrillon payent pour leur méchanceté. La morale pourrait être que seuls le coeur, la bonté, ce qui est intérieur, sont importants et que l’artifice, ce qui est apparent, n’est rien.

Écriture et oral 6. Voici quelques pistes pour faire travailler les élèves : • Dans un premier temps, ils peuvent rappeler que oui, les contes de fée sont parfois des contes d’effroi, comme ils ont pu le constater dans les contes étudiés : – Cendrillon : l’extrait porte sur la mutilation demandée par la marâtre de Cendrillon et approuvée par ses filles ; mais le conte regorge d’exemples supplémentaires (voir réponse aux questions 1 et 3). Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 10

Interrogation 1