REALISME

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NUMÉRO 2 | NOVEMBRE 2015

Politiques publiques de santé fondées sur les données probantes en Afrique: Aller audelà des frontières disciplinaires pour répondre aux besoins et aux valeurs des populations Kadidiatou Kadio

www.equitesante.org/chaire-realisme/cahiers RECHERCHES APPLIQUÉES CAHIERS INTERVENTIONNELLES

Numéro 2, Novembre 2015 | 2

Politiques publiques de santé fondées sur les données probantes en Afrique: aller au-delà des frontières disciplinaires pour répondre aux besoins et aux valeurs des populations. Kadidiatou Kadio

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Auteur : •

Kadidiatou Kadio, PhD(c) Candidate au Doctorat en Sciences humaines appliquées, Université de Montréal, chercheur à l’Institut de Recherche en Science de la Santé du Burkina Faso (IRSS/CNRST). Correspondance: [email protected]

Remerciements : Nous remercions Lara Gautier pour ses commentaires constructifs.

Les auteurs sont entièrement responsables de la qualité scientifique de la recherche qui fait l’objet de la présente publication.

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Résumé: L’élaboration des politiques publiques de santé fondées sur des données probantes est une approche de décisions politiques qui visent à faire en sorte que la prise de décision se base sur les meilleures preuves scientifiques disponibles (Oxman, Lavis, Lewin, & Fretheim, 2009). La littérature mentionne que cette approche de décisions politiques est promue par les acteurs de la santé mondiale intervenant en Afrique. Ainsi les décideurs impliqués dans la formulation des politiques publiques de santé sont souvent tenus d’adopter des orientations stratégiques en s’appuyant sur des cadres uniques et standard pour espérer obtenir le renouvellement de l’aide au développement (Behague, Tawiah, Rosato, Some, & Morrison, 2009). Ces cadres standards sont souvent inspirés de « preuves internationalement approuvées ». Ce qui implique un non prise en compte des recherches prenantes en compte les spécificités contextuelles et les valeurs des populations considéré comme « peu scientifiques ». La présente communication va se centrer sur un questionnement autour de la notion de preuve scientifique. Comment les cultures disciplinaires en particulier celle dominante en santé (perspective positiviste biomédicale) peuvent influencer la perception de qu’est « une bonne connaissance », jusqu’à imposer une vision hégémonique de miroir du monde qui se manifeste à travers une non reconnaissance de légitimité scientifique des approches de recherches contextualisées. Mots clé  : Interdisciplinarité, épistémologie, formulation de politique, Afrique

preuve scientifique

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1. Le renoncement à une identité disciplinaire au profit d’une identité de chercheurs en sciences humaines et sociales Chercheure de l’Institut de recherche en sciences de la santé du Burkina Faso, je candidate au doctorat en science humaine appliquée à l’Université de Montréal. Je suis titulaire d’un master en population et santé de l’Institut supérieur des sciences et de la population de l’Université (ISSP) de Ouagadougou et d’une maîtrise en psychologie du département de psychologie de la même université. Aller au-delà des clivages disciplinaires a constitué une lutte permanente durant mon parcours académique et professionnel. Mon passage au département de psychologie coïncidait à une époque où une formation en psychologie était très peu valorisée. Cela s’expliquait en partie par le fait que le département de psychologie était l’un des plus jeunes de la faculté des sciences humaines et sociales de l’Université de Ouagadougou. Ainsi, selon certains chercheurs en sociologie – discipline qui dominait le champ de la recherche en sciences humaines et sociales – les diplômés en psychologie étaient réputés incompétents pour la recherche en sciences sociales. Ce point de vue était souvent appuyé par des arguments tels que  : la formation en psychologie est plus centrée sur la méthodologie expérimentale d’où la faible maîtrise de certains auteurs incontournables (tels que Bourdieu, Durkeim ou Van Campenhoudt1) par les étudiants de psychologie. Rappelons que le département de sociologie avait une tradition de recherche à dominante socio-anthropologique. La plupart de mes collègues étudiants en sociologie utilisaient la démarche qualitative pour leurs travaux et nous qualifiaient, nous, étudiants en psychologie, de « quantitativistes ». Je pense que cette perception à l’endroit des diplômés de psychologie relevait simplement d’une faible connaissance de la discipline. Cependant, il reste que ces stigmatisations et préjugés ont conduit certains étudiants de ma promotion, avant la fin de leur scolarité, à changer de discipline ou à opter pour des écoles professionnelles telles que la gestion des ressources humaines ou le conseil d’orientation. Ceux qui décidaient d’emprunter le chemin de la recherche devaient se joindre au groupe de chercheurs en sciences humaines et sociales principalement dominé par des sociologues et leurs étudiants. Ce fut mon cas. Je m’identifiais désormais à une diplômée en sciences humaines et sociales, titulaire d’une maîtrise en psychologie. Cette auto perception a été renforcée par ma formation au master en population et santé, pendant laquelle j’ai eu l’opportunité de faire l’expérience de la pluridisciplinarité. Les discussions au quotidien pendant 18 mois avec des médecins, pharmaciens, aménagistes, démographeséconomistes, sociologues, ont renforcé ma conviction que la résolution des problèmes de santé des populations nécessite une synergie d’actions multisectorielle et pluridisciplinaire. Ma première expérience professionnelle après la maîtrise fut d’abord un emploi d’enquêtrice pour la collecte de données, puis un poste de stagiaire bénévole dans une ONG de prise en charge des personnes infectées et affectées par le VIH, dans un contexte rural du Burkina Faso où les normes sociétales contribuent à renforcer la vulnérabilité des femmes face au VIH/SIDA (Kadio, 2007). Le contact avec les femmes séropositives, durant ce stage m’a incitée à orienter mon sujet de mémoire de master sur le renforcement du pouvoir d’agir des femmes. A l’issue de ce stage, j’ai obtenu un poste de chargée de projet dans la même ONG. J’avais en charge l’exécution d’un projet de soutien communautaire aux orphelins et enfants vulnérables (OEV). Au cours de cette expérience professionnelle, j’ai constaté que la logique de cycle de projet apprise 1

Notamment le manuel de recherche en sciences sociales qui était « la bible » des étudiants de sociologie.

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pendant mes cours théorique au master n’était pas forcément appliquée sur le terrain. Les projets planifiés par les ONG locales étaient des réponses à des opportunités de financement, et étaient souvent en déphasage avec les besoins réels des bénéficiaires. Par exemple, une ONG pouvait décider d’intervenir dans l’enseignement primaire des OEV (pour respecter les exigences des bailleurs de fonds), tout en sachant que le besoin réel dans les communautés concerne la santé et l’enseignement secondaire des OEV. J’ai aussi constaté une valorisation accrue des indicateurs quantitatifs (les « chiffres ») que je qualifiais de « chasse aux indicateurs ». Par exemple, le nombre d’enfants pris en charge  était mis en exergue, au détriment de la qualité des services et l’adéquation avec les attentes des populations, qui sont reléguées au second plan. Ils étaient plus importants de prouver par des chiffres comment les ressources financières ont été utilisées. Le peu d’intérêt pour les volets qualitatif me frustrait. Dans mes rapports d’activités, je m’appliquais à ressortir le point de vue des bénéficiaires. Cela me valait la critique selon laquelle mes rapports ne respectaient pas les canevas de comptes rendus. Mon directeur de programme bien que partageant mon point de vue, m’interpellait souvent en ses termes : « Kadio, les gens du secrétariat permanent n’ont rien à faire avec tes verbatims. Ils veulent voir des chiffres, des indicateurs. C’est plus parlant pour eux ». En somme, j’ai perçu que plus de crédibilité et de valeur était accordée aux données chiffrées, contrairement aux données qualitatives. Par exemple, les discours des bénéficiaires étaient souvent considérés comme des anecdotes. La seconde étape très importante qui a contribué à mon identité savante fut mon poste de coordinatrice d’une recherche-action. Cette expérience a renforcé mes capacités en recherche participative. J’ai collaboré avec plusieurs acteurs : des administrateurs, des intervenants, des responsables communautaires, des chercheurs en santé publique, en socio-anthropologie, en démographie. J’ai raffermi l’idée selon laquelle les perceptions des acteurs concernés par une intervention sont aussi importantes que les indicateurs chiffrés. Aussi les expériences de collecte et d’analyse de données quantitatives et qualitatives, hors d’un cadre académique (mémoire de master et de maîtrise), ont renforcé mon intérêt pour la recherche. En effet cette expérience me permettait de faire ce que mon travail de gestionnaire de projet ne me permettait pas. J’accordais la même valeur et la même crédibilité aux données quantitatives et qualitatives. Cette expérience de recherche-action m’a permis de comprendre que le plus important n’est pas la discipline ni la nature des données, mais notre capacité à mobiliser les outils nécessaires pour répondre aux questions de recherche que nous nous sommes posées. Bien que certains de mes collègues me rappelaient souvent que je n’étais pas des leurs puisque je ne suis ni sociologue, anthropologue, médecin ou pharmacienne, je suis néanmoins parvenue à me faire accepter comme jeune chercheure en sciences humaines et sociales dans un institut de recherche en sciences de la santé. Je ne défendais pas une discipline quelconque, car j’estimais que les frontières disciplinaires surtout en sciences humaines ne devaient pas constituer un enjeu. Mon objectif était de faire de la recherche de qualité en utilisant la méthodologie adéquate pour répondre à ma question de recherche. Sans avoir une expérience identique à Rocher (2014), mon parcours académique et professionnel m’ont appris que les disciplines en sciences sociales sont plurielles, ont des frontières poreuses qui doivent demeurer ouvertes.

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2. Juxtaposition paradigmatique et interdisciplinarité collaborative Mes champs de recherche à l’Institut de recherche en sciences de la santé portaient principalement sur la manière de renforcer le système de santé pour favoriser l’utilisation des services par les populations. Dans mon travail quotidien, j’ai pris conscience des clivages disciplinaires entretenus sur la base des approches méthodologiques de recherche. Les qualitativistes, qui sont en majorité les chercheurs en sciences humaines et sociales  : les sociologues, les anthropologues, les géographes et le chercheur hybride que je suis. Les quantitativistes qui sont les chercheurs biomédicaux : les médecins, les pharmaciens. Bien que les démographes et les économistes de la santé fassent partir des sciences humaines et sociales, l’imaginaire collectif les considérait comme plus proche des disciplines biomédicales (considérées comme plus «  objectives  ») puisqu’elle utilise en majorité des méthodes de collectes et d’analyses de données quantitatives. L’interdisciplinarité dans ce contexte se concevait de deux façons. Elle s’apparentait non seulement à une lecture parallèle d’un même problème avec deux lunettes différentes (vision des sciences sociales qualitatives, la vision biomédicales et des sciences sociale quantitatives) ou alors à une combinaison des deux approches pour comprendre ou expliquer un problème. Cette dernière perception correspondait à ma manière de concevoir la connaissance et à ma vision de l’interdisciplinarité. J’avais fait abstraction des frontières disciplinaires en sciences humaines et sociales, ce qui s’est renforcé par le fait que la répartition institutionnelle mettait toutes les disciplines de sciences sociales dans la «  même boîte  ». Je ne percevais pas d’interdisciplinarité dans le champ de la recherche en sciences humaines et sociales. Je concevais l’interdisciplinarité comme une collaboration entre les sciences biomédicales et les sciences humaines et sociales pour résoudre les problèmes de santé. Cette conception de l’interdisciplinarité mettait en opposition deux postures épistémologiques : la posture positiviste biomédicale et la posture socio constructiviste. Cette conception de l’interdisciplinarité pourrait être comparée à ce que Klein (2011) qualifie d’interdisciplinarité large qui est plus complexe. Elle concerne deux visons du monde peu ou aucunement compatibles, qui possèdent des méthodes et des paradigmes différents. Mon interdisciplinarité était synonyme de collaboration dans un travail d’équipe pour résoudre des problèmes intellectuels et sociaux complexes. Chaque perspective paradigmatique restant cloisonnée et chaque chercheur se voyant confier un volet de la recherche compatible à sa vision du monde. En tant que jeune chercheure, ma motivation centrale était de découvrir, grâce à un procédé strictement empirique, les traces des déterminants sociaux qui, autrement, n’apparaissent pas de manière évidente. Les projets de recherche auxquels j’ai participés s’articulaient autour d’un protocole élaboré par des chercheurs seniors. Chaque co-chercheur se voyait affecté un volet spécifique pour la mise en œuvre selon ses compétences méthodologiques. Je participais au volet qualitatif qui consistait en l’usage de la démarche de recherche qualitative. Je menais soit des recherches qualitatives exploratoires en vue d’une enquête quantitative, soit des analyses qualitatives subséquentes à une enquête quantitative dans le but de comprendre certains résultats ambigus ou étonnants. J’estimais que cette manière de faire contribuerait à améliorer la santé des populations par la mise en lumière de connaissances utiles, mais reléguées dans l’ombre par le trop grand triomphe des paradigmes positivistes. C’était ma conception de l’interdisciplinarité, mais je n’avais pas réalisé

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que cette conception restait superficielle et comportait des limites que nous analyserons dans les prochaines sections. Au fil des expériences de recherche, mes questionnements sur la contribution des perceptions des bénéficiaires à l’amélioration des interventions communautaires se sont posés autrement. Je me questionnais maintenant sur les rôles des recherches faites au Burkina Faso dans le renforcement du système de santé et plus largement à l’amélioration de la protection sociale des populations en Afrique. J’ai constaté que les interventions mises en œuvre dans les dispensaires et les hôpitaux pour l’accès aux soins des populations étaient le reflet d’une réflexion menée en amont, puis formulée dans les politiques publiques. En d’autres termes, ce sont les décisions politiques qui orientent les interventions. Malgré la collaboration entre mon équipe de recherche et les décideurs du ministère de la Santé pour la mise en œuvre de la recherche-action, ainsi que nos efforts de transfert de connaissances, nous avons constaté que les résultats ont très peu alimenté les décisions. Or les réponses générées par une rechercheaction ne peuvent contribuer à la protection sociale en santé que si celles-ci sont prises en compte dans les politiques publiques. Cette situation a suscité en moi des interrogations sur la nécessité et la pertinence des activités de recherche. À quoi servirait la recherche dans un pays à faible revenu comme le Burkina Faso si celle-ci ne contribue pas à améliorer les politiques, voire les conditions de vie des populations ? Ces questionnements ont davantage renforcé ma volonté d’approfondir cette réflexion jusqu’à lui consacrer une place centrale dans ma thèse de doctorat lorsque l’opportunité s’est présentée. Mon objectif de recherche est d’analyser la politique de protection sociale du Burkina et le cheminement de la recherche dans le processus décisionnel et des choix stratégiques. J’étais consciente que je réaliserais une analyse de politique qui pourrait s’effectuer dans n’importe quel département de la faculté des Arts et sciences et même à l’École de santé publique. J’étais confortable dans ma position de jeune chercheure en sciences humaines et sociales ouvertes aux approches tant quantitatives que qualitatives, sans avoir encore perçu la nécessité de théoriser une interdisciplinarité en sciences humaines et sociales.. Détenant une maîtrise en psychologie, et un master en population et santé, je me reconnaissais comme le produit d’un métissage (Mahy, 2014), que j’assumais sans complexe, même si je reconnais que l’épistémologie positiviste de la psychologie a fortement contribué à mon identité savante. Mon identité hybride et mon intuition m’ont rassurée qu’un doctorat en science humaine appliquée me conviendrait. J’avais besoin d’un programme qui m’apporte la liberté de construire mon projet de recherche sous un angle qui me convienne.

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3. Juxtaposition paradigmatique et inter épistémologie critique Pendant mes deux années de scolarité obligatoire au programme de doctorat en science humaine appliquée(SHA), j’ai découvert une autre vision de l’interdisciplinarité. Au lieu d’être une juxtaposition de méthodes qualitatives et quantitatives, ou une addition de disciplines pour une lecture passive d’un problème, elle doit être critique, orientée vers la co-création de connaissances utiles à l’application. Cette perspective de l’interdisciplinarité a des implications sur les critères de légitimation de la connaissance. Selon Le Moigne (2002) lorsque nous sommes critiques, nos critères de légitimation des connaissances ne seraient plus nécessairement la conformité à l’application stricte et rigoureuse de présumées «  méthodes scientifiques préalablement assermentées par quelques autres disciplines ». À la suite de Herbert Simon, Le Moigne (2002) soutient que « ce n’est pas la méthode utilisée qui va légitimer les savoirs, mais l’adéquation des connaissances avec le contexte dans lequel on intervient, qui va leur donner sens, en étant très lucide sur le fait qu’ainsi on sera bien obligé de s’interroger autant sur la légitimité morale que sur la légitimité factuelle de son propos » (p. 29). Cette conception de l’interdisciplinarité critique a nourri ma réflexion autour de certains concepts clés de mon projet de recherche. La formulation de politique publique fondée sur les preuves est de nos jours encouragée par tous les intervenants en santé mondiale et en particulier ceux qui interviennent dans les pays du Sud. Dans un contexte de ressources limitées et par souci de maximiser les résultats, des interventions à gains rapides basées sur les données probantes sont souvent recommandées aux gouvernements des pays à faible revenu dans le but d’augmenter l’efficacité des interventions. L’élaboration des politiques publiques de santé fondées sur des données probantes est une approche de décisions politiques qui visent à faire en sorte que la prise de décision se base sur les meilleures preuves scientifiques disponibles (Oxman et al., 2009). La littérature mentionne que les décideurs des pays africains sont souvent tenus d’adopter des politiques fondées sur des « preuves internationalement approuvées », en s’appuyant sur des cadres uniques et standard à un ensemble de pays, pour espérer obtenir le renouvellement de l’aide au développement (Behague et al., 2009). Une approche standardisée des politiques suppose que les décideurs devraient s’inspirer de recommandations de résultats de recherche généralisables. Cela ramène à prendre conscience de l’exclusion des résultats contextuels, ce qui est une définition étroite de la science. Cette situation a suscité des questionnements: que devons-nous comprendre par «  preuves internationalement approuvées  » sur quelle base décide-t-on de la validité d’une preuve pour admettre qu’elle oriente le contenu d’une politique ? Comment ses preuves internationalement prouvées ont-elles été produites ?

Vision unidirectionnelle de la science : légitimité scientifique et relation de pouvoir Selon White (1990) « Si le concept de pouvoir dévoile le dynamisme de rapports entre acteurs, le concept de culture permet de cerner les différences entre les acteurs, c’est-à-dire les différences de croyances, de valeurs et de normes qui structurent leurs façons divergentes de voir, de penser et d’agir, de langues différentes ou de discours différents » (p.152). Ainsi être membre d’une communauté culturelle consiste à avoir une vision particulière du monde, mais

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correspond également à un statut particulier vis-à-vis d’autres collectivités au sein de la société, et à l’intérieur de la même communauté. Si les aspects de la culture servent à distinguer les groupes sociaux les uns des autres, les rapports de pouvoir qui existent entre ces groupes ont tendance à les lier, à les unifier sous l’égide d’une culture dominante, ou d’une culture appartenant à un groupe. Cette culture dominante est souvent invisible, non particularisée, et perçue comme une appréciation objective de la réalité morale, sociale et humaine. Le champ de la recherche sur les politiques et systèmes de santé peut être conceptualisé comme une communauté culturelle qui produit des connaissances sur les questions de santé, dans laquelle différents groupes de scientifiques interagissent en fonction de leur propre culture disciplinaire et de la position occupée (dominante ou subordonnée épistémique). Comme dans tous les domaines scientifiques, les relations de pouvoir tournent autour de ce qui constitue la science légitime. Le champ de recherche sur les politiques et systèmes de santé se réclame inter/multi/pluri disciplinaire et est occupé par des chercheurs biomédicaux et en sciences humaines et sociales. Pourtant la culture épistémique des scientifiques biomédicaux est la norme pour juger de la valeur scientifique des connaissances produites par les autres cultures épistémiques, y compris celle des chercheurs en sciences sociales (Lucy Gilson et al., 2011). La représentation associée à la culture disciplinaire biomédicale s’impose aux autres disciplines malgré la différence. La souscription à ces représentations est inéluctable à moins qu’un groupe ne soit prêt à fonctionner en dehors de la légitimité ou à rejeter ces critères de rationalité (White, 1990). Ainsi les pratiques et la culture épistémique de chercheurs en sciences sociales seront en grande partie déterminées par les perceptions et les jugements de ceux qui disposent du pouvoir de définir ce qui est scientifique. Les approches positivistes en sciences humaines et sociales sont beaucoup mises en avant. Le pouvoir qui découle de l’utilisation des représentations biomédicales par d’autres groupes sociaux consolide en retour la domination du groupe auquel elles appartiennent. C’est ainsi que les processus hégémoniques renforcent les tendances vers l’uniformisation culturelle malgré l’existence apparente de la diversité selon White (1990). Un cadre de planification standardisé témoigne d’une vision unidimensionnelle de la science qui est la conséquence de l’hégémonie d’une vision du monde de type miroir, c’est-à-dire la domination d’une culture épistémique positiviste. Cette hégémonie se manifeste à travers un cadre standard de planification pour l’Afrique.

Capture disciplinaire et cadre standard de planification de politique. Une étude réalisée auprès des chercheurs dans le domaine biomédical au Canada par Albert, Laberge, Hodges, Regehr, and Lingard (2008), montre que leur conception de la science légitime prend en compte trois critères : (1) la meilleure science implique nécessairement l’exécution d’une intervention sur les variables, (2) cette intervention doit se faire dans un environnement contrôlé afin de permettre l’établissement de relations de cause à effet, et (3) les résultats doivent être reproductibles afin de s’assurer qu’ils ne sont pas dus au hasard. Étant donné que les sciences sociales, et plus particulièrement la recherche qualitative, ne peuvent pas satisfaire à ces critères, elles sont alors jugées non scientifiques. Certains répondants ont établi une hiérarchie entre les méthodes de recherche.  La méthode expérimentale est au sommet de la hiérarchie car elle incarne les procédures scientifiques légitimes. Les résultats de la recherche expérimentale sont à la fois valables et objectifs parce qu’ils sont produits dans un environnement contrôlé et sont observables par tout scientifique réalisant la même expérience. Les recherches sociales quantitatives et l’épidémiologie sont classées au deuxième rang. Bien que ces types de recherche

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produisent des résultats chiffrés, les analyses statistiques ne permettent que l’établissement de corrélations entre les variables.  Ceci est perçu comme une faiblesse puisque le but de la science, selon ces scientifiques, est de découvrir les causes des phénomènes observés.  La recherche qualitative est au dernier rang. Les répondants la percevaient comme étant dénuée de tout fondement scientifique pour trois raisons principales : ses résultats ne peuvent pas être reproduits, la subjectivité du chercheur interfère à toutes les étapes du processus de recherche et il n’existe aucun moyen efficace de contrôler les biais. Or les chercheurs qualitatifs étudient les choses dans leur milieu naturel, en essayant de donner un sens à des phénomènes dans leur contexte social. La principale critique à leur endroit concerne l’impossibilité de généraliser les conclusions à d’autres contextes, en raison de la spécificité du contexte de recherche. Nous pensons que cette perception négative que les scientifiques biomédicaux se font des sciences sociales est principalement liée à une conception étroitement délimitée de ce qui est considéré comme la science légitime. Faute de maturité épistémologique (d’une plus large compréhension des autres paradigmes de la connaissance), on assiste alors à une capture disciplinaire qui se manifeste par la superposition d’un cadre de connaissances avec ses critères à l’ensemble du champ de la recherche sur les politiques et systèmes de santé. Les méthodes de mesures quantitatives dominantes couramment utilisées en recherche biomédicale peuvent être utilisées de façons abusives, là où les méthodes qualitatives, inductives ou participatives peuvent être meilleures. Cela compromet l’utilisation de méthodes de recherche adaptées et nécessaires pour résoudre efficacement les problèmes contextuels. En somme, des normes inappropriées et extrapolées à partir des traditions de recherche dominantes sont utilisées pour évaluer des recherches (Lucy Gilson et al., 2011). Particulièrement dans les recherches sur les politiques et systèmes de santé, une grande crédibilité est accordée aux recherches évaluatives de type évaluation d’impact qui mettent l’accent sur une gamme étroite de méthodes « robustes » qui sont censées assurer une mesure objective de l’impact de l’intervention. Les chercheurs en sciences sociales dans ce domaine essayent de se conformer en utilisant des perspectives conformes à la logique positiviste biomédicale. L. Gilson et al. (2011) ont montré qu’une faible attention est accordé à la compréhension de la façon dont les interventions fonctionnent et quels sont les facteurs contextuels ou d’autres médiateurs de leur impact. Peu de chercheurs mettent l’accent sur les perspectives critiques car ils fonctionneraient en dehors de la légitimité. Cela est une conséquence d’une domination de la perspective positiviste biomédicale qui prône la méthodologie expérimentale dans l’évaluation d’impact (L. Gilson et al., 2011). La conception d’essai randomisé est le «  gold standard  » sur laquelle s’appuie par exemple Cochrane collaboration, pour inclure les études admissible dans la réalisation des revues systématiques. Pourtant, ces méthodes sont souvent mal adaptées à l’évaluation des interventions complexes où le mécanisme causal est multiforme et les facteurs contextuels jouent un rôle important(Bédécarrats, Guérin, & Roubaud, 2013). En conséquence les recherches produites avec une approche adaptée (mais non biomédicale) est considérée comme pas assez bonne pour orienter une décision politique. Par ailleurs, ce cloisonnement dans une culture disciplinaire considérée comme étant la plus légitime pour aborder les questions de santé est l’élaboration de politiques publiques de santé à partir de cadres standardisés telles mentionné dans la section précédente. En effet, le cercle de décisions politique dans la formulation des politiques publiques de santé est également dominé par des acteurs ayant une culture biomédicale. S’appuyer sur des données généralisables pour la formulation de politiques publiques de santé conduit à l’importation de politiques fondées sur des preuves produites dans

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d’autres contextes. Cette importation peut avoir plusieurs conséquences : nuire à l’efficacité des politiques, nuire aux connaissances expérientielles des experts nationaux et à la crédibilité des solutions générées localement et exclure les valeurs et les préférences contextuelles.

4. L’interdisciplinarité comme une communauté de valeurs épistémiques : Aller à l’encontre de l’hégémonie positiviste à travers un inter épistémologie critique Contrairement aux projets de recherche monodisciplinaires basés sur la formation et l’expérience disciplinaire voire la culture épistémique, les projets interdisciplinaires ont été décrits comme étant un déplacement dans une culture étrangère (Lemay, 2011). La confusion lorsque nous ne comprenons pas la langue, les pratiques, ou même la façon dont nos visiteurs voient le monde rend cette entreprise interdisciplinaire difficile, et souvent frustrante lorsque notre manière de voir le monde est différente de celle de la culture dominante. À travers la précédente réflexion critique, nous retenons que la qualité de « preuves scientifiques » ne doit pas dépendre de la posture épistémologique des juges, mais plutôt de son applicabilité à la situation problème. Les preuves doivent toujours être conceptualisées afin que la prise de décision ne soit pas au service d’une perspective épistémologie dominante, mais plutôt contribuer à résoudre un problème. Pour y parvenir, nous devons militer pour une recherche interdisciplinaire critique qui remet en question notre façon de penser initiale. Nous pensons que l’interdisciplinarité nécessaire pour les recherches sur les politiques et système de santé est celle qui permettra de modifier les façons de penser en cultivant le respect des autres, la réceptivité et le respect des points de vue des autres, des points de vue non linéaires, la pensée holistique et critique (Lach, 2014). Cette interdisciplinarité pour nous est la culture d’une interépistémologie qui nous pousse à être critiques vis-à-vis de nos réflexes et pratiques de la connaissance, et nous permet de naviguer selon les circonstances entre plusieurs postures épistémologiques. Ainsi, tout chercheur en politiques et systèmes de santé qu’il soit sa formation ou son positionnement épistémologique original doit être capable d’avoir une posture réflexive et critique à l’égard de sa propre pratique de la recherche.  Cette attitude d’autocritique peut conduire à l’ouverture à d’autres types de pratiques scientifiques, différentes de la nôtre, mais tout cela au sein d’une même communauté épistémique autour d’un projet commun.  Nous soutenons avec (Lemay, 2014) que «  poser l’appartenance disciplinaire en termes de communauté de valeurs épistémologiques inhérentes à un même projet fondateur plutôt qu’en termes de communauté d’objet ou de méthode fait obstacle aux images naïvement agrégationistes de l’interdisciplinarité » (p. 247). Cependant, nous retenons qu’en tant qu’élan vers l’Autre discipline et d’effort d’ouverture constant vers le dialogue et la concertation, l’interdisciplinarité rallie beaucoup (on est tous pour la vertu), mais est de fait peu pratiquée en raison de sa grande difficulté. Le choix de l’interdisciplinarité exige un changement radical vers une alternative nouvelle à concevoir la production de savoir. Ce changement de conception du savoir renferme des pièges dont l’évitement demande une vigilance et un certain effort pour tendre vers une maturité épistémologique. L’interdisciplinarité vise à surmonter les frontières disciplinaires pour chercher des synergies entre les savoirs à partir de situation problème ou de projets (Develay, 2010). Cette pensée critique appelle à mettre ensemble des choses que l’ordinaire sépare. En effet, à chaque discipline appartiennent des questions spécifiques et des méthodes précises. Le risque serait de coller les disciplines

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comme des morceaux d’un miroir morcelé pour faire une lecture de nos projets. Dans ce cas, on serait alors en train de faire de la juxtaposition de discipline et non une lecture interdisciplinaire qui par le dialogue et le mouvement intellectuel entre plusieurs disciplines crée une nouvelle connaissance utile pour l’action (Lemay, 2011, 2014). Le second piège est en lien avec notre propre rapport au savoir. Nous devons prendre conscience que notre formation académique et nos expériences professionnelles antérieures ont contribué à fomenter notre pensée pour respecter une certaine logique dominante dans la production de la connaissance. La logique positiviste ou constructiviste. Par exemple, la bonne science dans la perspective positiviste reste celle objectivement produite selon une certaine démarche bien définie valorisant un chercheur passif, détaché de son objet de recherche, et observateur du monde. Ce rapport conscient ou inconscient au regard du savoir ou « réflexe positiviste » (Lemay, 2011) demeure un piège redoutable que le chercheur à l’origine positiviste doit surveiller avec attention. Celui-ci doit retenir que le choix d’interdisciplinarité dans le cadre de son projet n’est pas synonyme d’une fixation sur un objet d’étude, pour l’analyser de façon objective selon la perspective de chacune des disciplines. Opter pour l’interdisciplinarité c’est choisir de déconstruire les hypothèses habituelles, innover avec un nouveau regard interdisciplinaire à travers une démarche critique, tout en étant conscient que nos valeurs peuvent avoir de l’influence sur notre vision du monde.

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Cahiers REALISME Numéro 2, Novembre 2015 Comité éditorial: Maria José Arauz Galarza Marie Munoz Bertrand Valéry Ridde Emilie Robert Emmanuel Sambieni Sylvie Zongo Coordinatrice de la collection: Emilie Robert ISBN: 2369-6648 Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal (IRSPUM) 7101 avenue du Parc, bureau 3187-03 Montréal, Québec, Canada H3N 1X9 www.equitesante.org/chaire-realisme/cahiers/

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La Chaire REALISME Lancée en 2014, la Chaire de recherche REALISME vise à développer le champ en émergence de la science de l’implantation en santé mondiale. Plus spécifiquement, son objectif est d’améliorer la mise en œuvre des interventions communautaires afin de les rendre plus efficaces dans une perspective d’équité en santé. Dans ce cadre, la Chaire lance une nouvelle collection de documents de recherche portant sur les interventions communautaires de santé dans les pays à faible revenu, et/ ou les problématiques touchant les populations les plus vulnérables dans ces pays et au Canada.

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Les Cahiers REALISME La création de ces Cahiers vise à prendre en compte un certain nombre de problèmes : • • • •

Diffusion limitée des recherches en français et en espagnol sur le thème de la santé publique appliquée à la santé mondiale, du fait de l’anglais comme langue de diffusion principale Accès restreint pour les chercheurs de certains pays et la plupart des intervenants aux recherches publiées dans les revues scientifiques payantes Publications en accès libres payantes dans les revues scientifiques limitant la capacité des étudiants et jeunes chercheurs à partager leurs connaissances dans ces revues Processus de publication dans les revues scientifiques longs et exigeants

Compte tenu de ces problèmes, de nombreuses recherches ne sont pas publiées du fait de la longueur des procédures, des contraintes de langue, des exigences élevées de qualité scientifique. L’objectif des Cahiers REALISME est d’assurer la diffusion rapide de recherches de qualité sur les thèmes de la Chaire en accès libre, sans frais, en français, anglais et espagnol. Les contributions sont ouvertes aux étudiants aux cycles supérieurs (maîtrise, doctorat) et stagiaires postdoctoraux et aux chercheurs francophones, anglophones et hispanophones. Les Cahiers s’adressent à tous les étudiants, chercheurs et professionnels s’intéressant à la santé publique appliquée à la santé mondiale.

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