Résolution 108A ‐ Justice environnementale pour les travailleuses et les travailleurs Dans de trop nombreuses communautés telles que Flint, dans le Michigan, nos enfants n'ont pas d'eau propre à boire ni d'air pur à respirer, et les raisons en sont parfois des intérêts spéciaux fortunés qui font passer le profit avant la qualité des services, ainsi que les élus qui protègent leurs intérêts. Les travailleuses et les travailleurs, donc les membres du Service Employees International Union (UIES) sont souvent affectés directement, et d'une façon disproportionnée, par les menaces posées par la pollution de l'air et de l'eau, le changement climatique et les événements météorologiques extrêmes. Ces problèmes ne sont pas seulement plus fréquents dans les communautés où vivent les travailleuses et les travailleurs. Nous avons aussi de plus grandes chances de rencontrer des dangers environnements et sanitaires sur notre lieu de travail, et moins de chances de recevoir des protections appropriées à cet égard. Les membres du UIES le savent pour l'avoir observé dans leurs communautés, le changement climatique est bien réel, et représente une menace importante pour la santé et la subsistance des personnes. Il affecte aussi de façon disproportionnée les travailleuses et les travailleurs, les personnes démunies et les personnes de couleur. Tout le monde a le droit de vivre et de travailler dans un environnement qui ne menace ni leur santé ni leur subsistance. Nous devons aussi à nos enfants et à nos petits‐enfants une bonne intendance de notre maison à tous, la Terre, et nous avons le devoir de leur laisser un air plus pur, une eau plus propre, et une nature abondante et riche en ressources. Depuis plus de vingt ans, les membres du UIES s'emploient à promouvoir la sécurité et le respect de l'environnement au travail, avec des pratiques qui améliorent notre environnement naturel. Ils ont été parmi les premiers à intervenir lorsque l'injustice environnementale et le changement climatique ont frappé, lors des sécheresses, feux de friches, inondations catastrophiques ou des calamités causées par l'ouragan Katrina, la tempête Sandy, le typhon Hayan et la crise de l'eau de Flint, dans le Michigan. Les membres du UIES qui œuvrent dans le secteur de la santé ont été en première ligne de la réponse au changement climatique lorsqu'il s'est traduit par des problèmes de santé publique comme l'exacerbation de l'asthme et d'autres maladies respiratoires et l'aggravation de la crise des maladies à vecteur comme la dengue, le chikungunya et le virus West Nile qui se propagent lorsque des événements météorologiques extrêmes se produisent. Les professionnels de la santé ont aussi œuvré pour la prévention de la propagation de ces maladies en demandant la réduction de l'utilisation de substances chimiques toxiques et de la consommation d'énergie sur leurs lieux de travail. Les membres du UIES, qui est le plus grand syndicat de gestion des immeubles de notre pays, sont ainsi dans une situation privilégiée pour assurer l'intendance en vue d'un meilleur futur climatique. Les bâtiments sont les plus gros consommateurs d'énergie et une source majeure des émissions délétères qui causent le changement climatique. Dans toutes nos industries, les membres du UIES opèrent, entretiennent et nettoient ces bâtiments, et à ce titre peuvent devenir des catalyseurs pour l'amélioration de la qualité de l'air, de l'eau et de l'environnement. Les travailleurs qui fournissent des services publics, comme ceux qui entretiennent les systèmes de traitement des eaux et les réseaux d’égout sont régulièrement exposés à des déchets dangereux ou potentiellement dangereux. Les membres du UIES du Canada vivent dans l'un des plus grands pays producteurs de pétrole, et sont donc affectés de façon disproportionnée par le prix du pétrole et par la nécessité de se libérer de notre dépendance des combustibles fossiles. Nous pouvons assurer l'avant‐garde du mouvement de libération du pays de sa dépendance
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Résolution 108A ‐ Justice environnementale pour les travailleuses et les travailleurs des combustibles fossiles, de la promotion de la justice et de l'octroi d'emplois convenables aux personnes qui dépendent de ces industries pour assurer leur subsistance. Porto Rico est particulièrement vulnérable aux ravages, qui s'aggravent sans cesse, du changement climatique. 2,3 millions de personnes environ vivent sur la côte, et elles sont à la merci de certains événements climatiques comme l'élévation du niveau de la mer, les inondations côtières et fluviales, les ouragans, les glissements de terrain et les sécheresses. À mesure que les températures augmentent plus rapidement que la moyenne mondiale, la pluviométrie va diminuer. Le nombre de jours sans pluie augmente et le nombre de jours pluvieux diminue, ce qui crée une sécheresse dans toute l'île et affecte les récoltes qui sont sensibles à la température. Les risques de santé publique tels le virus Zika augmentent. Une économie déjà affaiblie le sera davantage, car le tourisme et les emplois seront affectés par l'érosion des côtes, la réduction de la surface des plages, les dégâts subis par les écosystèmes et les espèces, et la nécessité d'investir dans des défenses côtières comme les murs de protection. La grande majorité des gouvernements de la planète, des experts scientifiques et des groupes de la société civile s'entendent sur ce point : nous devons absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre causées par la combustion des combustibles fossiles pour combattre les effets délétères du changement climatique. Tous les pays du monde doivent passer à 100 % d'énergies propres d'ici 2050 pour éviter d'arriver au point de non‐retour, car nous ne pourrions plus arrêter la progression des désastres sanitaires, économiques et naturels qui sont exacerbés présentement par le changement climatique. Nous autres, travailleuses et travailleurs, savons que des milliers de personnes travaillent actuellement dans le secteur des combustibles fossiles (c'est le cas de nombreux membres du UIES qui travaillent dans ce secteur ou dans le transport des combustibles fossiles) et que ces emplois leur permettent de vivre. Nous savons aussi que les communautés situées dans des régions productrices de combustibles fossiles seront affectées par le passage aux nouvelles énergies. Nous rendons hommage aux femmes et aux hommes de bonne volonté qui ont consacré leur vie à de longues luttes sans merci pour créer des syndicats dans les mines de charbon, les chemins de fer et les raffineries de combustibles fossiles, et ont ainsi obtenu la dignité au travail, de meilleures rémunérations et des conditions de travail plus sécuritaires. Par conséquent, dans notre combat pour nous libérer de notre dépendance des combustibles fossiles, nous ne devons pas oublier ces familles et ces communautés, nous devons leur assurer des emplois convenables et un nouvel avenir. La lutte pour la justice environnementale est intimement liée à la lutte pour la justice économique et raciale et pour les droits des immigrés, car les conséquences du changement climatique et les menaces environnementales affectent de façon disproportionnée les emplois des travailleuses et des travailleurs ainsi que les quartiers où ils vivent. C'est particulièrement vrai pour les personnes de couleur. Dans le monde entier, les femmes sont aussi affectées de façon disproportionnée par les dangers du changement climatique, car elles assurent les travaux agricoles et les tâches ménagères dans de nombreuses régions du monde, et parce qu'elles sont plus à risque pour certaines maladies exacerbées par le changement climatique, comme le virus Zika. Toutes ces luttes sont aussi liées parce que les mêmes entreprises prospères et les mêmes intérêts spéciaux fortunés qui exercent une pression sur les salaires et essaient d'empêcher les travailleuses et les travailleurs de se syndiquer financent aussi des projets qui nuisent aux personnes de couleur, tels les combats à la cour pour abroger le Voting Rights Act qui avait interdit la discrimination raciale dans le vote, et pour limiter abusivement la représentation politique des communautés où vivent des immigrés. Ces intérêts spéciaux fortunés bloquent toutes les initiatives visant à réduire leur capacité à polluer notre air et notre eau, et ils font pression sur nos gouvernements pour que l'argent des contribuables soit utilisé pour subventionner les riches compagnies pétrolières. 2
Résolution 108A ‐ Justice environnementale pour les travailleuses et les travailleurs
Nos mouvements (justice économique, raciale et pour les immigrants, égalité des sexes et des LGBTIA et justice environnementale) opèrent dans le même système économique et combattent les mêmes ennemis. Nos mouvements ne pourront réussir et réaliser notre vision d'une société juste et équitable que s'ils s'unissent pour créer un changement réel. Les membres du UIES, par leur travail, ont une chance de participer à la sauvegarde de la planète et à la transformation à l'échelle mondiale qui affecte l'accès à l'eau propre et à l'énergie propre de nos communautés les moins fortunées. Nous sommes une des plus grandes organisations de travailleuses et de travailleurs, dont la majorité sont des personnes de couleur, et nous vivons dans des communautés qui ont subi de plein fouet la pollution de l'environnement et le changement climatique. Nous sommes donc particulièrement bien placés pour fonder un mouvement plus large qui pourra créer des changements fondamentaux dans nos systèmes politiques et économiques afin d’obtenir l’égalité économique, des immigrants, des races, des sexes et des LGBTIA, ainsi que la justice environnementale.
Résolutions : 1. L’UIES va participer à la lutte pour que l'air pur et l'eau propre deviennent un droit de la personne, pour la justice environnementale dans toutes les communautés et contre le changement climatique, en unité avec des organisations qui partagent ces objectifs. 2. L’UIES va être à l'avant‐garde de l'élargissement du mouvement pour la justice environnementale et le climat en associant les luttes pour l’égalité économique, des immigrants, des races, des sexes et des LGBTIA, ainsi que pour la justice environnementale dans ses activités et en tenant les fauteurs de trouble responsables. 3. L’UIES s'engage à travailler avec ses sœurs et frères de tous les syndicats pour exiger que le passage d'une économie dépendante des combustibles fossiles à une économie basée sur des énergies propres s'accompagne d'une solution équitable pour toutes les travailleurs, tous les travailleurs et toutes les communautés dont la vie et la subsistance seront affectées par ce changement. Nos actions comprendront : des initiatives au niveau du gouvernement fédéral et des gouvernements des états pour obliger les méga‐entreprises du secteur de l'énergie à financer des services sociaux, la réinsertion professionnelle et des solutions pour les communautés les plus touchées dans le but de créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne; l'investissement et le soutien du gouvernement pour la réinsertion professionnelle et la création d'emplois, ce qui comprend le droit de former des syndicats sur le lieu de travail, et des politiques gouvernementales visant à assurer des indemnités de chômage supplémentaires pour nos membres, et pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs déplacés par leur reconversion qui ne parviennent pas à trouver des emplois offrant des rémunérations et des avantages comparables à ceux qu'ils auront perdus. 4. L’UIES est conscient de la situation d'urgence créée par la crise du climat et la pollution ainsi que la nécessité de créer des millions d'emplois convenables pour les personnes au chômage, les personnes sous‐ employées et tous ceux qui seront affectés par le passage à des énergies propres. Nous soutiendrons tous 3
Résolution 108A ‐ Justice environnementale pour les travailleuses et les travailleurs les efforts liés à la transition vers une économie fondée sur des énergies propres qui respectent la planète, dans les délais recommandés par les données scientifiques les plus fiables, afin d'éviter les effets les plus délétères du changement climatique. Dans le cadre du passage aux énergies propres, et dans le but de satisfaire la nécessité déjà urgente de s'adapter au changement climatique et de saisir les opportunités créées par les nouvelles industries vertes, nous soutenons les politiques visant à créer des millions d'emplois convenables pour les travailleuses et les travailleurs de notre pays. Les dirigeants du UIES prévoient créer un programme d'information et de sensibilisation à l'échelle du syndicat destinés à tous les dirigeants, cadres, membres du personnel et dirigeants des membres du UIES afin de mieux nous préparer pour le combat qui nous attend. 5. L’UIES continuera à lutter pour la justice climatique et environnementale par le biais d'initiatives sur le lieu de travail visant à élargir le champ des postes existants pour y adjoindre des méthodes innovantes qui affecteront l'énergie, les émissions de carbone et la durabilité. Le UIES militera pour une certification nationale des travailleuses et des travailleurs de toutes nos industries et soutiendra une formation universelle des travailleuses et des travailleurs, nouveaux ou non, employés contractuels compris, afin de promouvoir des pratiques plus vertes dans les immeubles, les écoles, et les systèmes de santé. Nous militerons aussi pour des investissements visant à financer des programmes de formation au niveau fédéral comme au niveau local. 6. L’UIES soutiendra les mesures qui appellent à des investissements en infrastructure afin d'assurer l'accès de tous à l'eau potable et la sécurité au travail et dans les communautés, et œuvrera en partenariat avec d'autres organisations dans ce sens. L’horrible empoisonnement de 100 000 personnes – essentiellement des personnes de couleur – à Flint, au Michigan, illustre les conséquences graves et inéquitables d’une négligence à investir dans une infrastructure moderne. 7. Le transport des personnes et des marchandises par voie ferroviaire consomme beaucoup moins d'énergie que les camions, les autobus et les automobiles. Par conséquent, le UIES soutiendra tous les efforts visant à financer, étendre le réseau et bloquer la privatisation d'Amtrak, la compagnie ferroviaire des États‐Unis, et soutiendra les grands investissements du gouvernement dans des trains à grande vitesse et à faible consommation d'énergie. 8. L’UIES continuera à soutenir diverses mesures, comme les objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre visant à réduire la pollution dangereuse de l'air et de l'eau qui cause le changement climatique, à l'échelle de notre pays comme à l'échelle mondiale, en unissant notre lutte à celle de partenaires qui créent des initiatives en ce sens au niveau des états, au niveau fédéral, et par le biais de stratégies‐clés. 9. Pendant les quatre prochaines années, le groupe de travail vert œuvrera, seul comme en association avec un comité plus large visant à créer un mouvement, à l'élaboration de recommandations permettant d'atteindre les objectifs définis dans cette résolution.
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