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28 juil. 2017 - principalement dans le Sahel burkinabè, et l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), dirigé par ... Un réseau informel des différents acteurs intervenant dans la zone du Liptako-Gourma, y compris ..... L'évaluation rétrospective menée en interne par les organisateurs a mis en lumière certains aspects.
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RAPPORT FINAL

Rapport final Atelier technique sous-régional sur la situation sécuritaire dans les zones frontalières de l’espace du G5 Sahel : cas du Liptako-Gourma 26-28 juillet 2017, Ouagadougou, Burkina Faso

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Rapport final Atelier technique sous-régional sur la situation sécuritaire dans les zones frontalières de l’espace du G5 Sahel : cas du Liptako-Gourma 26-28 juillet 2017, Ouagadougou, Burkina Faso

Tables des matières 1. Synthèse du projet et de ses résultats ....................................................................................... 4 2. Introduction ............................................................................................................................. 5 3. Contexte .................................................................................................................................. 5 3. Approche méthodologique ....................................................................................................... 6 4. Objectifs spécifiques ................................................................................................................. 6 5. Résultats attendus .................................................................................................................... 7 6. Groupes cibles .......................................................................................................................... 7 7. Déroulé de l’atelier ................................................................................................................... 7 A. Jour 1 : mercredi 26 juillet 2017 ............................................................................................. 7 7.1. Cérémonie d’ouverture ............................................................................................................. 7 7.2. Session sur la démarche méthodologique................................................................................. 8 7.3. Seance plenière n°1 : contexte de l’insécurité dans le Liptako-Gourma................................... 8 7.4. Ateliers 1 & 2 .......................................................................................................................... 9 B. Jour 2 : jeudi 27 juillet 2017 ................................................................................................. 11 7.5. Seance plenière n° 2 : restitution et mise en commun des ateliers 1 et 2 .............................. 11 7.6. Seance plénière n° 3 : présentation des réponses existantes et envisagées face aux défis sécuritaires dans la zone du Liptako-Gourma ................................................................................ 11 7.7. Atelier 3 : analyse des réponses face aux défis sécuritaires.................................................... 12 C. Jour 3 : vendredi 28 juillet 2017 ........................................................................................ 13 7.8. Atelier 4: Formulation de recommandations .......................................................................... 13 7.9. Seance plenière 4 : Restitution et mise en commun des recommandations .......................... 13 8. Seance plenière 5 : Recommandations formulées ..................................................................... 13 9. Cérémonie de clôture ............................................................................................................. 15 10. Réflexions générales, conclusions et évaluations ................................................................... 15

11. Annexes ............................................................................................................................... 17 11.1. Rapport financier ................................................................................................................... 17 11.2. Programme ............................................................................................................................ 17 11.3. LISTE DES PARTICIPANTS........................................................................................................ 20

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1. Synthèse du projet et de ses résultats La région du Liptako-Gourma a fait l’objet d’une attention politico-médiatique considérable au cours des derniers mois. Cette zone, qui renferme les espaces frontaliers du Burkina Faso, du Mali et du Niger, est de plus en plus affectée par l'extrémisme violent, le crime organisé et les conflits intra et intercommunautaires. Trouver des solutions durables pour faire face à l'instabilité régionale croissante nécessite des informations précises et une meilleure coordination entre les acteurs. C’est dans ce contexte que le Secrétariat permanent du G5 Sahel et l'Autorité pour le développement intégré de la région Liptako-Gourma (ALG), en partenariat avec l'Institut d'études de sécurité (ISS), ont organisé un atelier pour analyser la situation sécuritaire dans la région et apporter des réponses à la crise. « Cet atelier nous a permis de comprendre la situation dans toutes ses dimensions et de proposer des solutions cohérentes, globales et inclusives », a déclaré El Hadj Najim Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel. L'atelier, qui s’est déroulé du 26 au 28 juillet 2017, à Ouagadougou, au Burkina Faso, a rassemblé près de 60 acteurs locaux, nationaux, régionaux et internationaux et des experts. Une recherche préliminaire de l'ISS a été présentée pour susciter les débats et encadrer les discussions. Complétée par des perspectives d’acteurs locaux et d'experts, elle a permis de comprendre les dynamiques qui sous-tendent l'insécurité dans la région. « La rencontre a été une occasion pour nous de mieux comprendre certains détails qui manquaient au puzzle et qui nous encourageront certainement à être plus efficaces et plus pragmatiques dans la résolution des défis sécuritaire dans la région », a déclaré le député nigérien, Kassoum Yacouba Maïga. Les données empiriques communiquées par l’ISS doivent permettre aux décideurs d’améliorer leur compréhension des dynamiques qui sous-tendent l'émergence de l'insécurité au Sahel. L'objectif de l'atelier était d’instaurer de meilleurs canaux de communication, de sorte que la recherche et les analyses locales puissent être intégrées dans les discussions politiques et diplomatiques aux niveaux régional et international. Cette initiative « permet d’établir le dialogue et de renforcer la confiance entre ceux qui interviennent dans la région du Liptako-Gourma, ce qui est essentiel pour apporter la stabilité », a déclaré l'Ambassadeur Jean Daniel Biéler, conseiller spécial à la Division de la sécurité humaine au Département fédéral des affaires étrangères de la Confédération suisse. L'atelier a également abordé le besoin urgent d'identifier les acteurs impliqués, les enjeux et les réponses à apporter. Le Directeur général de l’ALG, Saïdou Oua, a souligné : « Au-delà des débats parfois passionnés, nous nous sommes mis d'accord sur l'essentiel en formulant des recommandations pertinentes sur la sécurité, la prévention des conflits, la gouvernance, le développement et la paix ». Sur la base de la cartographie des acteurs et des causes de l'insécurité dans les trois zones frontalières, les participants ont recommandé, entre autres, d'approfondir la compréhension des décideurs de la manifestation de l'extrémisme violent et d'évaluer l'ampleur et l'impact socioéconomique de la criminalité transnationale organisée dans la région. INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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L'analyse et les recommandations de l'atelier serviront de base au développement de projets de recherche que l'ISS prévoit d’entreprendre dans la région afin d’alimenter la réflexion, alors que la force conjointe du G5 Sahel se déploie dans la zone et que de nombreux partenaires internationaux sont sur le point de commencer ou d'intensifier leurs interventions dans le domaine du développement. L'atelier a été organisé grâce au soutien : du gouvernement des Pays-Bas par l’intermédiaire du Centre africain pour la formation pour la paix et la sécurité ; du projet ENACT, financé par l'Union européenne, qui vise à renforcer la réponse de l'Afrique face au crime organisé transnational ; et du Département fédéral des affaires étrangères de la Confédération suisse, agissant par l’intermédiaire de la Division sécurité humaine, par le canal de l’ISS à Dakar. 2. Introduction Ce rapport présente un compte rendu des débats et les pistes d’actions résultant de l’Atelier technique sous régional d’échanges d’expérience et d’analyse sur la situation des zones frontalières de l’espace du G5 Sahel : cas du Liptako-Gourma, qui s’est tenu du 26 au 28 juillet 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Il a été organisé par le Secrétariat permanent du G5 Sahel et l’Autorité de développement intégré de la région du Liptako-Gourma (ALG), en partenariat avec l’Institut d’études de sécurité (Institute for Security Studies, ISS), avec le soutien des gouvernements des Pays-Bas et de la Suisse ainsi que de l’Union européenne. L’atelier poursuivait le triple objectif de : i.

parvenir à une analyse croisée multidisciplinaire de l’insécurité dans les zones frontalières du Liptako-Gourma ;

ii.

promouvoir une meilleure compréhension partagée de la situation fondée sur des perspectives endogènes, y compris au niveau local ;

iii.

contribuer, par la formulation de recommandations, à l’élaboration de solutions adaptées et de mesures d’atténuation pour les réponses envisagées et/ou déjà mises en œuvre.

Il a rassemblé une soixantaine d’acteurs locaux, de la société civile, de parlementaires, d’acteurs de la sécurité, de diplomates, d’experts du Burkina Faso, du Mali, et du Niger, etc. L’analyse collective élaborée tout au long de ces trois jours cherchait à contribuer à la réflexion sur les dynamiques existantes dans la zone, alors que la Force conjointe du G5 Sahel, notamment sa composante chargée du fuseau central, est sur le point d’être déployée et que de nombreux partenaires au développement élaborent leurs interventions ou s’apprêtent à mettre en œuvre des projets dans cet espace. 3. Contexte Depuis plusieurs mois, la région du Liptako-Gourma – qui s’étend sur les frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger – fait face à une recrudescence de l’insécurité liée tant à la

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multiplication des attaques terroristes qu’à l’émergence de groupuscules aux motivations encore floues. Longtemps absente des analyses sécuritaires et du débat public, la région du Liptako-Gourma fait l’objet depuis quelques mois d’une forte attention politico-médiatique. En cause, l’émergence de groupes extrémistes violents dont les plus connus sont la Katiba Macina de Hamadoun Kouffa opérant essentiellement dans le Centre du Mali, Ansarul islam de Malam Ibrahim Dicko, actif principalement dans le Sahel burkinabè, et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), dirigé par Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, qui a mené des attaques au Burkina Faso et au Niger. Au Mali, à la poussée de l’extrémisme violent dans le Centre portée par la Katiba Macina – alliée d’Ansar Dine au sein du Groupe pour le soutien à l’Islam et aux musulmans depuis mars 2017 – s’ajoute l’insécurité provoquée par les bandes armées et des groupes d’auto-défense à base communautaire. Si les principaux acteurs et causes de l’insécurité dans cette partie du Mali semblent avoir été identifiés, la situation dans la région du Sahel burkinabè, ainsi que dans celle de Tillabéri au Niger, suscite en revanche beaucoup d’interrogations. Excepté quelques articles de presse descriptifs, peu d’analyses étudient les acteurs et les facteurs de l’insécurité dans ces deux zones frontalières de la région du Liptako-Gourma. Les quelques travaux existants soulignent l’importance de générer des données empiriques supplémentaires et de mieux comprendre les dynamiques locales à l’œuvre dans l’émergence de l’insécurité dans ces espaces. Dans la pratique, cela implique qu’il faut permettre aux acteurs locaux de participer à la production de connaissances sur les zones dont ils sont issus afin d’élaborer des réponses appropriées. Cela signifie aussi qu’il est fondamental de faire le lien entre ces analyses locales et les discours développés au niveau des capitales et des milieux diplomatiques régionaux, continentaux et internationaux. 3. Approche méthodologique L’approche adoptée au cours de cet atelier comportait des présentations thématiques pouvant offrir des éléments de base pour les discussions. Elles ont été suivies de travaux de groupe sur les contextes spécifiques des trois espaces frontaliers (Mali-Niger, Burkina Faso-Mali, Niger-Burkina Faso) et de sessions plénières de mise en commun. Tous les travaux concouraient, dans le cadre d’un processus collaboratif, à l’élaboration de recommandations. Cette approche prenait en compte le partage d’informations basé sur l’expérience ainsi que la réflexion individuelle et en groupe. Ainsi, les participants ont été invités à produire des analyses sur les acteurs, leur contexte, leurs besoins ou intérêts, leur position ou attitude et leurs moyens avant de formuler des recommandations. 4. Objectifs spécifiques -

Identifier et analyser les défis liés à la sécurité communs à la région et spécifiques à chaque zone ;

-

Partager les expériences et les bonnes pratiques, notamment en matière de sécurité de proximité ;

-

Etablir un cadre de concertation entre les acteurs intervenant dans la zone du LiptakoGourma et renforcer la confiance entre eux pour la continuité du dialogue ;

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-

Améliorer la compréhension des différents acteurs sur les dynamiques locales et transfrontalières ;

-

Formuler des recommandations à l’intention des différentes catégories d’acteurs.

5. Résultats attendus -

Les enjeux/défis liés à la sécurité communs à la région et spécifiques à chaque zone sont identifiés et analysés ;

-

Des recommandations à l’intention des différentes catégories d’acteurs sont formulées ;

-

Un réseau informel des différents acteurs intervenant dans la zone du Liptako-Gourma, y compris des communautés, est mis en place.

6. Groupes cibles Les autorités locales (représentants des communautés des localités frontalières, y compris les élus), la société civile (notamment les organisations des femmes et des jeunes), les acteurs régionaux des pays (gouverneurs, responsables régionaux des forces de défenses et de sécurité), les acteurs nationaux (personnes ressources travaillant sur la sécurité et les questions de gestion des frontières, les parlementaires, les diplomates), les acteurs régionaux (l’ALG, le Secrétariat permanent du G5 Sahel, UA-MISAHEL). 7. Déroulé de l’atelier A. Jour 1 : mercredi 26 juillet 2017 7.1. Cérémonie d’ouverture La cérémonie d’ouverture de l’atelier a été marquée par la présence d’importantes personnalités de la région, de l’Afrique et de la communauté internationale. Des allocutions d’ouverture ont été prononcées par les personnalités suivantes : -

Le Directeur Général de l’ALG, Saïdou Oua ; Le Secrétaire Permanent du G5 Sahel, Najim Elhadj Mohamed, SP G5S ; La Représentante de l’Ambassade des Pays Bas, Vivian Huijgen ; Le Représentant du Département Fédéral Suisse des Affaires étrangères S. E. Jean-Daniel Bieler ; Le Représentant de l’Ambassade des États-Unis, Andrew Young ; Le Représentant spécial de l’Union Européenne pour le Sahel, S. E. Angel Losada ; Le Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, S. E. Pierre Buyoya ; Le Représentant du Ministre burkinabè de la Sécurité, Clément Ouango.

Le Directeur Général de l’ALG, Saïdou Oua, a tenu à faire un état des lieux de la situation sécuritaire qui y prévaut. « La bande sahélo-saharienne en général et la région du Liptako-Gourma, située à INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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cheval sur les frontières communes entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger en particulier, est confrontée à une situation sécuritaire devenue une préoccupation majeure pour nos États », a-t-il souligné. Le Secrétaire Permanent du G5 Sahel, Najim Elhadj Mohamed a, pour sa part, indiqué que la question sécuritaire a un caractère complexe et qu’elle impose une réponse multidimensionnelle. L’importance de l’atelier n’est donc plus à démontrer : « Il va nous permettre de faire une analyse croisée multidisciplinaire de l’insécurité dans les zones frontalières du Liptako-Gourma, [d’avoir] une compréhension partagée de la situation fondée sur des perspectives endogènes. » Les représentants de l’Union Européenne, de la Suisse et des Pays-Bas ont rappelé le contexte de la région caractérisé par la recrudescence de la violence notamment dans les espaces frontaliers. Ils ont salué l’initiative ainsi que les objectifs de l’atelier qui, selon eux, concourent à la recherche de solutions pour la sécurité dans le Sahel en général et dans le Liptako-Gourma en particulier. Le Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, s’est réjoui de la tenue de l’atelier et a indiqué l’intérêt de l’UA pour les conclusions qui, espère-t-il, vont améliorer la compréhension de la situation sécuritaire dans le Liptako-Gourma. Le Ministre d’État en charge de la Sécurité, Simon Compaoré, était représenté par son directeur de cabinet, Clément Ouango. Se félicitant des efforts déjà déployés par les États du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme, celui-ci a exhorté les participants à s’investir dans les travaux du présent atelier dont les conclusions aideront à la prise de décision des autorités. 7.2. Session sur la démarche méthodologique Après la suspension de séance, la Directrice du bureau de l’ISS de Dakar, tout en rappelant le rôle d’opérateur technique de l’Institut, a présenté la démarche méthodologique de l’atelier. 7.3. Seance plenière n°1 : contexte de l’insécurité dans le Liptako-Gourma Le premier panel de l’atelier portait sur le contexte sécuritaire dans le Liptako-Gourma. Lors de cette session tenue en plénière, les trois communications suivantes ont été exposées : -

La présentation des résultats de l’étude sur les motivations des jeunes à rejoindre les groupes extrémistes violents au Mali, par le Dr Lori-Anne Théroux-Bénoni. L’étude du bureau de l’ISS à Dakar a souligné que dans le cas spécifique du Mali les jeunes qui s’engagent dans les groupes extrémistes ne sont pas tous des « jeunes radicalisés ». Il existe en effet de multiples logiques d’engagement touchant à des motivations tant économiques que liées à la protection (individuelle, familiale, communautaire) qui sont relatives au facteur religieux, à l’association involontaire et à l’appartenance communautaire. Contrairement aux analyses souvent mises en avant, le facteur religieux n’est pas la première cause d’engagement des jeunes dans les groupes extrémistes violents. En outre, le désir de protection motivé en partie par l’absence de l’État dans plusieurs localités du Nord ou à sa présence perçue parfois négativement dans le Centre, a conduit de nombreux individus à s’enrôler dans ces mouvements. La présentation de l’étude Centre du Mali : enjeux et dangers d’une crise négligée, par Adam Thiam qui a décrit cette région du Mali comme bénéficiant parfois de peu d’intérêt. Il a assimilé, dans son intervention, les écoles coraniques dans la région de Mopti à des « fabriques de chômeurs » dans la mesure où leurs formations n’offrent pas de réelles

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perspectives d’emploi aux jeunes. Il a aussi évoqué le lien entre le trafic de drogue et la situation sécuritaire, ainsi que les rivalités entre les communautés notamment les fréquents affrontements entre les nomades peuls et les populations sédentaires telles que les Bamanans, les Bwa, les Dogons, les Dafing, etc. Il a, en conclusion, décrit le Centre du Mali comme une région négligée qui a, dans le contexte actuel, plus de problèmes que le Nord qui focalise pourtant toutes les attentions. -

La présentation des résultats préliminaires de la recherche menée par ISS dans le LiptakoGourma par Ibrahim Maïga, chercheur de l’ISS basé à Bamako, a décrit un contexte général caractérisé par la persistance de la menace terroriste, mais aussi par la multiplication des incidents sécuritaires. Le présentateur a rappelé que l’extension de l’insécurité aux zones frontalières du Liptako-Gourma n’est pas uniquement le résultat d’une contagion par la crise malienne. Elle est aussi, entre autres, attribuable à l’exploitation des conflits locaux par les groupes terroristes, à l’image de celui opposant les communautés Daoussahaq et peule à la frontière nigéro-malienne. Il est également revenu sur les différentes initiatives prises par les États pour endiguer le phénomène de l’insécurité dans la zone. Il a finalement conclu en formulant quelques recommandations, notamment en matière de gouvernance, et en mettant l’accent sur la restauration de l’utilité de l’État à travers l’accès aux services sociaux de base et une adaptation à la diversité des modes de vie tant sédentaire que nomade.

Ces exposés, suivis par des échanges essentiellement sous forme de contributions, ont préparé les ateliers de groupe en leur proposant des éléments de réflexion. Les participants aux discussions ont ainsi constaté que les acteurs avaient une conception divergente des termes relatifs à l’extrémisme violent et au terrorisme notamment en ce qui concerne l’utilisation du mot « djihadiste » pour désigner les auteurs de faits terroristes. 7.4.

Ateliers 1 & 2

Les ateliers 1 (identification des acteurs de l’insécurité) et 2 (analyse de la position, des intérêts, des besoins, des moyens et stratégies des acteurs, ainsi que de leurs liens éventuels) ont pris place l’après-midi. Les propositions de répartition des participants dans les groupes ont parfois été amendées suivant l’intérêt de ces derniers. ● ● ●

Le groupe 1 (GT1), espace frontalier « Mali-Niger », était présidé par El Hadj Mohamed Najim, Secrétaire permanent du G5 Sahel. Le groupe 2 (GT2), espace frontalier « Burkina Faso-Mali », était présidé par S. E. Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel. Le groupe 3 (GT3), espace frontalier « Burkina Faso-Niger », était présidé par El Hadj Saïdou Oua, Directeur général de l’ALG.

Les participants des groupes ont identifié les acteurs clés qui influent (positivement et négativement) sur le contexte sécuritaire ainsi que les relations entre les différentes parties prenantes. Le groupe 1 (frontière Mali-Niger) a réfléchi sur l’espace frontalier qui couvre les régions de Tillabéry et Tahoua, côté nigérien, et les régions de Ménaka et de Gao, côté malien. Ses membres ont établi la liste de tous les acteurs jouant un rôle clé dans la sécurité de façon positive ou négative. Ce sont INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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principalement des mouvements armés qui participent au processus de paix au Mali, en particulier ceux de la région de Ménaka, des milices d’autodéfense, des groupes terroristes, des trafiquants de drogue, des trafiquants d’armes, des agents de l’État, des acteurs politiques et des forces étrangères. L’insécurité résulterait, en grande partie, des rivalités intercommunautaires auxquelles se superposent les activités des mouvements d’auto-défense et des groupes armés terroristes. Ces derniers s’appuient sur les communautés et exploitent leurs griefs pour renforcer leur implantation dans ces espaces. Des affrontements meurtriers récurrents opposant la milice peule du Niger – soupçonnée d’être appuyée par certains éléments de l’EIGS – aux groupes armés (GATIA et MSA) trouvent en partie leur explication dans l’opposition peule (essentiellement des Tollèbè) et Daoussahaq (appartenant à la grande famille touarègue), autour du contrôle et de la gestion des pâturages. Dans le groupe 2 (frontière Burkina Faso-Mali), les échanges ont porté sur l’espace regroupant les régions du Sahel et du Nord du côté burkinabè (les provinces du Soum, de l’Oudalan et du Yatenga) et celles de Gao, de Mopti et de Tombouctou du côté malien. Les acteurs clés identifiés par les participants sont notamment les bandits armés (coupeurs de route, et braqueurs), les trafiquants de cigarettes, d’essence, de drogue, d’armes et d’êtres humains, les groupes d’autodéfense et les milices, les groupes armés terroristes (principalement la Katiba Macina et Ansarul islam). L’insécurité se caractérise essentiellement par les attaques des groupes armés terroristes contre les forces de défense et de sécurité ainsi que des assassinats ciblés dans des populations civiles soupçonnées de collaborer avec les autorités. Si le Burkina Faso a longtemps été épargné des attaques terroristes, le pays le devrait en partie aux relations troubles entre l’ancien président Blaise Compaoré et certains groupes armés affiliés à Al Qaïda notamment à l’occasion des négociations autour des prises d’otages dans le Sahel. À l’inverse des zones où l’absence de l’État a favorisé l’installation de groupes armés criminels ou terroristes, c’est surtout sa présence ici qui est sujette à caution. De nombreux participants l’ont même considérée comme un facteur d’insécurité. Cela démontre une fois de plus que la seule présence de l’État ne suffira pas à régler les problèmes dans cette région. Les participants ont mis en relief l’interdépendance entre les communautés vivant des deux côtés de la frontière, tant sur le plan économique que culturel. « Si quelque chose se passe dans le Macina, cela a des répercussions dans le Djelgodji. L’histoire nous démontre que le Soum a été pendant longtemps sous l’influence du Macina. » Le groupe 3 (frontière Burkina Faso-Niger) a identifié une série d’acteurs ayant une influence positive ou négative sur la sécurité dans cet espace. Il s’agit entre autres de divers trafiquants, des groupes d’autodéfense, des leaders religieux et coutumiers, des éleveurs transhumants et de l’EIGS d’Abu Walid Al Saharaoui. Bien qu’elle n’ait connu que très peu d’attaques au cours de ces derniers mois, il serait erroné de penser que l’insécurité y est absente et des actions de préventions pourraient donc avoir un impact positif sur la sécurité dans la zone. Cet espace recouvre les réserves forestières du W, d’Arly et du Pendjari qui occupent au moins 2/3 de la superficie de la région côté Burkina Faso. La densité des forêts y rend la surveillance aérienne difficile et en fait un couloir de passage, d'entraînement ou de repli lorsque la pression est forte du côté nigérien ou malien. Cette zone est suspectée d’abriter des camps d'entraînement d’Ansarul islam et de l’EIGS. Les instructeurs seraient Abdoul Hakim et Abou Kaka, tous deux Sahraouis ayant évolué au MUJAO avant de rejoindre l’EIGS.

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B. Jour 2 : jeudi 27 juillet 2017

7.5. Seance plenière n° 2 : restitution et mise en commun des ateliers 1 et 2 Les résultats des travaux de groupe ont été mis en commun lors d’une session plénière. Les échanges ont mis en avant les éléments clés suivants : -

L’État, acteur de l’insécurité ? La question du rôle et de la place de l’État en tant qu’acteur ayant une influence positive ou négative sur la sécurité a été longuement discutée. Pour certains participants le rôle de l’État dans l’insécurité ne fait l’objet d’aucun doute. Il se manifeste à travers son absence de ces espaces du territoire national, son inaction ou sa tolérance de certaines pratiques telles que l’installation des groupes d’autodéfense sur le territoire. « Les populations comptent sur l’État, donc il doit être présent pour les sécuriser. S’il ne peut pas assurer ma sécurité, il est source d’insécurité. Dans ce cas, je prends les armes et je me sécurise moi-même. » La mauvaise gouvernance et le comportement de certains membres de ses forces de sécurité au niveau local est un autre facteur aggravant. Les groupes extrémistes gagnent parfois en légitimité en offrant la sécurité et la protection dans les zones où l’État est absent. Pour d’autres participants, il est toutefois difficile d’identifier l’État comme un acteur de l’insécurité : « L’État n’est pas une source d’insécurité, c’est son autorité qui rencontre des faiblesses. Il faut juste renforcer l’autorité de cet État ».

-

Terrorisme, crime organisé et conflits locaux : un cocktail explosif. S’agissant des moyens et stratégies des acteurs, les discussions en plénière ont fait ressortir que la question des trafics dans les zones frontalières est généralement liée aux intérêts économiques des groupes criminels de la région. Si ces trafics sont portés par des réseaux criminels bien organisés, ils peuvent prospérer grâce à la complicité des populations pour lesquelles ces activités représentent des palliatifs à l’absence de l’État. En outre, les groupes armés terroristes exploitent les conflits communautaires récurrents en leur donnant des dimensions et des manifestations plus importantes en termes de violences et de conséquences sur la sécurité dans la région.

7.6. Seance plénière n° 3 : présentation des réponses existantes et envisagées face aux défis sécuritaires dans la zone du Liptako-Gourma Les représentants du Mali, du Niger, de l’ALG et du G5 Sahel ont présenté les initiatives en cours de réalisation ou planifiées pour répondre à l’insécurité aux niveaux national et régional. La contribution du Burkina Faso a été intégrée dans la documentation numérique remise aux participants. -

La présentation du Mali, assurée par le commissaire de police Bakoun Kanté, s’est focalisée sur le Plan de sécurisation intégrée des régions du centre (Mopti et Ségou) dénommé « PSIRC ». Ce dispositif a été mis en place, en février 2017, suite à la dégradation progressive de la situation sécuritaire dans le Centre du Mali. Il a pour objectif d’assurer le retour de l'État, la protection des personnes et des biens, la fourniture des services sociaux de base, la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité, etc. Il comporte quatre composantes : un volet sécuritaire à travers l’amélioration de la sécurité, un volet gouvernance portant sur le fonctionnement de l’État, un volet développement socioéconomique qui vise la promotion

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des activités génératrices de revenus et d’emplois ainsi que la réalisation d’infrastructures, et un volet communication concernant la mobilisation de tous les acteurs concernés par le plan. Il prévoit 12 pôles sécurisés de développement et de gouvernance. Le commissaire a expressément précisé que le plan a été élaboré sur la base des besoins exprimés par les populations elles-mêmes tels que la fourniture en denrées alimentaires, la couverture téléphonique et des activités de renforcement de la culture de paix. La mise en œuvre de ce plan est assurée principalement par les gouverneurs des deux régions. -

L’intervention du Colonel Midou Guirey a concerné les réponses apportées par le Niger aux défis sécuritaires à ses frontières du Liptako-Gourma. Il a présenté en amont le difficile contexte sécuritaire dans lequel évolue le pays, en rappelant que celui-ci dispose de ressources et d’effectifs insuffisants. Ainsi, les autorités ont opté pour la mutualisation des efforts afin d’apporter des réponses appropriées. Certaines ont pour objets la police de proximité, les patrouilles mixtes, l’élaboration d’une stratégie de lutte contre la migration irrégulière, la création d’unités spécialisées pour le contrôle des frontières et la présence d’unités mobiles de sécurité le long des frontières. Au plan sous-régional, le Niger participe à plusieurs forces régionales dont celle, encore en gestation, du G5 Sahel.

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En termes de réponses institutionnelles, l’ALG qui avait jusque-là une mission de développement, s’est vue octroyer des prérogatives dans le domaine de la sécurité. Il faut rappeler que son mandat est de promouvoir le développement harmonieux et intégré de la région du Liptako-Gourma par la mise en valeur de ses ressources minières, énergétiques, hydrauliques, agropastorales et piscicoles. C’est au regard des problèmes de sécurité prévalant dans cette zone que les chefs d’État, réunis en session extraordinaire le 24 janvier 2017, ont décidé d’y inclure l’aspect sécuritaire. L’ALG est ainsi intervenue dans les conflits intra et intercommunautaires liés à la transhumance transfrontalière dans le cadre de certains projets et programmes sectoriels et par la promotion de la coopération transfrontalière. Sur le plan militaire, ils ont décidé de la création d’une Force multinationale de sécurisation du Liptako-Gourma (FMS/LG) devenue depuis une composante de la Force conjointe du G5 Sahel.

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S’agissant du G5 Sahel, sa stratégie s’articule autour du binôme sécurité-développement qui doit l’amener à combattre à la fois les conséquences et les causes de l’insécurité dans le Sahel. Pour cela, il œuvre à la mise en place d’une force conjointe pour lutter contre les groupes armés terroristes et les bandes criminelles organisées. L’organisation a également prévu d’ouvrir cette année un collège de défense du Sahel, basé à Nouakchott en Mauritanie. Elle dispose d’un programme d’investissements prioritaires (PIP) pour réaliser des projets structurants devant créer les conditions de développement des populations du Sahel. Enfin, elle envisage également de positionner la jeunesse au cœur de ses actions à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie intégrée de la jeunesse du G5 Sahel.

7.7. Atelier 3 : analyse des réponses face aux défis sécuritaires Les travaux des groupes sur l’analyse des réponses ont mis en évidence les points suivants : -

Dans la plupart des zones frontalières du Liptako-Gourma, les États cherchent à juguler l’insécurité. Néanmoins, la question de la coordination et de la cohérence reste posée.

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Deux catégories d’actions sont menées à l’échelle des organisations régionales et à celle des pays. Les organisations telles que l’ALG et le G5 Sahel devraient orienter et impulser les politiques au niveau des États. Cela devra aussi se faire à travers un partage d'expériences et des bonnes pratiques.

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La nécessité d’identifier les moyens de recrutement des groupes extrémistes violents, mais également leurs sources d’approvisionnement et de ravitaillement en matériels ; l’idée étant d’empêcher leur recomposition souvent rapide.

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Les opérations civilo-militaires sur le long de la frontière Niger-Mali (opération militaire transfrontalière) sont de nature à renforcer la confiance entre l’armée et les populations et devraient par conséquent être davantage systématisées.

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Les réponses de type sécuritaire doivent faire l’objet de mesures d’accompagnement. Au Niger, par exemple, l’instauration de l’État d’urgence a eu des répercussions négatives telles que la fermeture des marchés, espaces vitaux pour les communautés nomades et sédentaires.

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Il est important de placer les populations au cœur des interventions en suscitant des retours d’expérience sur les différentes initiatives envisagées ou mises en œuvre.

C. Jour 3 : vendredi 28 juillet 2017

7.8. Atelier 4: Formulation de recommandations Il s’agissait, pour les trois (3) Groupes de Travail, de formuler des recommandations à l’endroit des Etats et des différents acteurs dans le sens d’une meilleure prise en charge des défis sécuritaires qui se posent au niveau des espaces frontaliers des trois (3) pays. 7.9. Seance plenière 4 : Restitution et mise en commun des recommandations Lors de la quatrième séance plénière, les travaux de groupe des ateliers 3 et 4 ont été restitués et mis en commun. 8. Seance plenière 5 : Recommandations formulées Sur la base de la cartographie des acteurs et des facteurs d’insécurité dans ces trois espaces transfrontaliers, les recommandations ci-dessous ont été formulées. MALI - NIGER 1. Renforcer les dispositifs sécuritaires le long des frontières en mettant l’accent sur les patrouilles mixtes et conjointes (opérationnaliser les postes de contrôle frontalier juxtaposés). 2. Organiser des séances d’échanges entre les experts militaires et civils dans le domaine de la sécurité. INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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3. Créer un cadre de concertation impliquant les communautés dans la gestion sécuritaire pour faciliter la collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). 4. Lutter contre la criminalité organisée transnationale, en particulier les trafics de drogue, d’armes et le vol de bétail. 5. Mettre en place des programmes de réhabilitation et de réinsertion des anciens combattants des groupes extrémistes violents. 6. Créer un cadre de concertation des intervenants dans la zone du Liptako-Gourma sous l’égide de l’ALG. 7. Renforcer la coopération transfrontalière entre les élus et les autorités administratives (visites conjointes, fora sur la sécurité et le développement). 8. Mettre l’accent sur la fourniture des services sociaux de base aux populations frontalières. 9. Mettre en œuvre les accords concernant la transhumance. 10. Réaliser des infrastructures communautaires transfrontalières. BURKINA FASO - MALI 11. Assurer le retour/renforcement des administrations dans les zones où elles sont absentes (FDS, administration) pour une meilleure administration des zones frontalières. 12. Développer des politiques publiques d’aménagement du territoire afin de prévenir les conflits fonciers. 13. Promouvoir la participation des femmes et des jeunes et de la société civile dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et la gestion des conflits. 14. Mettre en place des projets/programmes (d’urgence et structurants) au profit des populations de la zone. 15. Œuvrer à rapprocher et à renforcer la confiance entre les FDS et les populations dans les zones d’insécurité/Pacte civilo-militaire. 16. Engager par une forte volonté politique la réforme du secteur de la sécurité (RSS) dans les deux États. 17. Former les FDS au respect des populations et à l’application des droits humains et du droit humanitaire. 18. Implication des leaders religieux dans la lutte contre l’extrémisme violent. 19. Mieux concerter les opérations de ratissage entre les deux États. BURKINA FASO - NIGER 20. Mettre en place un système de gestion intégrée des ressources et espaces transfrontaliers. 21. Rendre opérationnels les cadres de concertation administratifs transfrontaliers locaux, départementaux/provinciaux et régionaux. 22. Promouvoir des projets et programmes d’autonomisation économique à impact rapide pour réduire la vulnérabilité des populations et renforcer leur résilience. INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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23. Donner la priorité à la prévention de la violence en favorisant des cadres de dialogue inclusif de tous les acteurs. 24. Mettre en place des politiques pour définir les cadres juridiques et institutionnels des organisations religieuses aux niveaux national et transfrontalier. 25. Renforcer la collaboration sécuritaire transfrontalière et la mutualisation des moyens. 26. Accroître les capacités en : 



renforçant les ressources humaines, matérielles et financières des services de défense et de sécurité, de justice et de douane et renforcer leurs capacités par des mises à niveau pour leur permettre de mener à bien leur nouvelle mission de lutte contre le terrorisme y compris dans le respect des droits de l’homme ; assurant un maillage optimum en postes avancés des FDS le long des frontières afin de mieux les contrôler.

27. Envisager l’encadrement des initiatives locales de sécurité, là où la situation le permet et dans le strict respect de l’État de droit. 28. Réduire la fracture entre les agents de l’État (notamment les forces de défenses et de sécurité) et les populations en restaurant la confiance. 29. Approfondir les connaissances sur le phénomène de l’extrémisme violent et évaluer l’ampleur et l’impact socioéconomique du crime organisé transnational dans la zone.

9. Cérémonie de clôture L’atelier technique a été clôturé par deux allocutions. L’Ambassadeur des États-Unis auprès du Burkina Faso, S. E. M. Andrew Young, a félicité les participants pour ces trois jours de travaux qui ont débouché sur ces recommandations. Il a renouvelé la disponibilité des État-Unis à accompagner la sous-région dans la recherche de solutions aux problèmes sécuritaires qui l’affectent. Enfin, le Directeur général de l’ALG, S. E. M. Saidou OUA, après avoir félicité les participants, a souligné la nécessité de continuer à approfondir la recherche sur l’insécurité dans les zones frontalières du Liptako-Gourma. Il est revenu sur les objectifs qui, selon lui, ont été atteints, notamment en ce qui a trait à l’analyse croisée et multisectorielle réalisée par les participants en vue de promouvoir une meilleure compréhension des perspectives endogènes et d’envisager des solutions adaptées pour combattre le phénomène d’insécurité. Ces solutions qui ne sont pas seulement militaires, comprennent également des questions de justice, d’engagement civique et de gouvernance. 10. Réflexions générales, conclusions et évaluations L’analyse des fiches d’évaluation remplies par les participants confirme que l’atelier a atteint ses objectifs. Les organisateurs avaient pour finalité de mettre en relation des acteurs intervenant à des échelles distinctes (locale, départementale, provinciale, régionale, nationale et supra-nationale) afin de leur permettre de s'engager dans des échanges d’analyse et d’expériences pour mieux faire face à l’insécurité dans les zones frontalières du Liptako-Gourma. La rencontre a réuni une soixantaine d’acteurs locaux, nationaux et régionaux (experts, élus locaux, représentant des états, des INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

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organisations régionales et de la société civile). Les participants se sont engagés dans des travaux en groupes conçus pour leur permettre d’élaborer des recommandations politiques et pratiques afin d’aborder les menaces émergentes identifiées. Selon les mots du député Kassoum Yacouba du Niger, « La rencontre nous a permis de comprendre certains détails qui manquaient au puzzle et qui nous rendront certainement plus efficaces et plus pragmatiques avec nos collègues députés de la sous-région dans la recherche de solutions aux défis de l’insécurité ». Les participants ont effectué des travaux pratiques pour identifier les acteurs de l'insécurité dans les trois espaces frontaliers de la région (Mali-Niger, Burkina Faso-Mali, Niger-Burkina Faso). Ils en ont également réalisé l’analyse, à partir notamment de leurs besoins, positions et intérêts, et ont élaboré une stratégie. Des recommandations ont été produites après un examen des réponses des États et d’institutions comme l’ALG et le G5 Sahel. « Cet atelier m’a ouvert les yeux sur la situation sécuritaire dans le Liptako-Gourma. Avant, j’avais très peu d’informations sur les espaces frontaliers dans la région, notamment entre le Mali et le Niger », explique Bakoum Kanté, conseiller technique au ministère malien de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Comme le souligne le discours du directeur général de l’ALG, « Au-delà des débats parfois passionnés, nous sommes parvenus à nous accorder sur l’essentiel en formulant des recommandations très pertinentes autour des principaux axes centraux, à savoir la sécurité, la prévention, la gouvernance, le développement et la paix ». L’inspecteur de police, Ibrahim Diallo, a, quant à lui, affirmé : « J’ai personnellement tiré de cet atelier un grand profit et je suis sûr que c’est le cas pour nombre de participants. Je reste disponible pour toute volonté d’approfondissement de la réflexion sur les sujets abordés ». Maïmou Wali, spécialiste en gestion non violente des conflits et prévetion de la radicalisation violente, ajoute : « J’espère qu’une suite opérationnelle sera donnée à cet atelier, afin également d’échanger sur les résultats des études en cours ». L’évaluation rétrospective menée en interne par les organisateurs a mis en lumière certains aspects qui auraient pu être améliorés. Les deux plus importants concernent les termes de référence des travaux en groupes et la diversité de la participation. Les termes de référence des groupes auraient gagné à être plus précis, notamment en explicitant davantage la méthodologie à préconiser pour atteindre les objectifs. Cet ajustement aurait permis d’éviter les débats méthodologiques sans valeur ajoutée et aurait laissé davantage de temps aux échanges. S’agissant de la participation, l’atteinte d’un meilleur équilibre entre acteurs institutionnels et ceux de la société civile aurait peut-être permis des discussions encore plus franches. L’analyse collective émanant de cette rencontre a mis en avant au moins trois éléments importants qui mériteraient de faire l’objet d’un suivi. Tout d’abord, elle a révélé certains angles « morts » dans la compréhension des défis sécuritaires auxquels les zones frontalières du Liptako-Gourma sont confrontées. Elle a, ensuite, mis en exergue l’ampleur des contradictions dans les perceptions d’acteurs clés sur les causes et les manifestations de l’insécurité dans la zone. Enfin, elle a souligné le besoin de créer des cadres d’échanges informels sur les problématiques liées à l’extrémisme violent et sur l’impact que la création de tels cadres peut avoir sur l’atteinte d’une compréhension mieux partagée de l’extrémisme violent, de ses liens avec d’autres types de problématiques sécuritaires et des mesures à mettre en place pour les contrer.

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11. Annexes 11.1. Rapport financier 11.2. Programme Mercredi, 26 juillet 2017 Horaires 8h00-8h30 8h30-9h15

Activités Accueil et enregistrement Cérémonie d’ouverture ▪ Intervention de S. E. M. Saïdou Oua, Directeur Général de l’Autorité pour le Développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma ▪ Intervention de S. E. M. Najim El Hadj Mohamed, Secrétaire Permanent du G5 Sahel ▪ Intervention de S. E. M. Andrew Young, Ambassadeur des États-Unis ▪ Intervention de Mme Vivian Huijgen, Ambassade des Pays-Bas à Dakar ▪ Intervention de S. E. M. Jean-Daniel Bieler, Conseiller spécial, Division sécurité humaine du Département Fédéral des Affaires Étrangères (DFAE), Conférération Suisse ▪ Intervention de S. E. M. Angel Losada, Représentant spécial de l’UE pour le Sahel ▪ Intervention de S. E. M. Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel ▪ Discours d’ouverture de S. E. M. Simon Compaoré, Ministre d’État, ministre de la sécurité du Burkina Faso

9h15-9h40 9h40-10h00

Photo de famille et pause Café Mots de circonstance de l’ISS - Lori-Anne Théroux- Bénoni, Directrice du bureau de Dakar de l’ISS Présentation du programme de l’atelier & tour de table de présentation - Yaya Bawa, Coordonnateur du Centre africain de formation en paix et sécurité de l’ISS (ACPST) Séance plénière n°1 Contexte de l’insécurité dans le Liptako-Gourma : État des lieux

10h00-11h30

11h30-12h00 12h00-12h30

Modérateur : El Hadj Najim Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel Panélistes : - Lori-Anne Théroux-Bénoni, Directrice du bureau de Dakar de l’ISS - Adam Thiam, Sociologue, chercheur, chroniqueur - Ibrahim Maïga, Chercheur, ISS Bamako Pause Café Brève présentation des termes de référence des ateliers et de la structuration des groupes de travail (GT) Modérateur : William Assanvo, Coordonnateur de l’observatoire régional pour l’Afrique de l’Ouest sur le crime organisé transnational Présentateur : Baba Dakono, Chercheur, ISS Bamako

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12h30-14h00

Atelier 1 - Les acteurs de l’insécurité : identification des acteurs *Prière de vous référer au document sur les groupes de travail GT1 : Frontière Mali-Niger GT2 : Frontière GT3 : Frontière Burkina-Niger Burkina-Mali

14h00-15h00

Pause-déjeuner

15h00-17h30

Atelier 2 - Analyse des positions, des intérêts, et des besoins des acteurs, des moyens et stratégies, et des liens éventuels entre eux *Prière de vous référer au document sur les groupes de travail

*Pause libre à partir de 16h

GT1 : Frontière Mali-Niger 17h30 8h30-8h45

8h45-10h00

GT2 : Frontière Burkina-Mali

GT3 : Frontière Burkina-Niger

Fin des travaux Jeudi 27 juillet 2017 Récapitulatif de la veille Baba Dakono, ISS Bamako Séance plénière n° 2 : restitution et mise en commun des travaux en groupes pour les ateliers 1 et 2 GT1 Frontière Mali-Niger : restitution et échanges Modérateur : Adam Thiam Présentateur : rapporteur du GT3 - Commissaire Idrissa Sere

10h00-10h30 10h30-11h45

Pause-Café Restitution et échanges : GT2 Frontière Burkina-Mali Modérateur : Adam Thiam Présentateur : rapporteur du GT2 - Abdel Kader Sidibé

11h45-13h00

GT3 Frontière Burkina-Niger

13h00-14h00

Modérateur : Adam Thiam Présentateur: rapporteur du GT1 - Capitaine de police Chefou Abdou Pause-déjeuner

14h00-15h30

Séance plénière n° 3 - Présentation des réponses existantes et envisagées face aux défis sécuritaires dans la zone du Liptako-Gourma Modérateur : William Assanvo, coordonateur, Observatoire sur le crime organisé transnational, ISS -

Représentant du Burkina (à confirmer) Commissaire Bakoun Kanté, Conseiller technique, Ministère de la Sécurité et de la Protection civile du Mali Colonel Guirey, Conseiller technique, Ministère de la Sécurité, Niger Mahamane Tahirou, Conseiller juridique, ALG Mahamadou Samaké, Expert gouvernance, SP G5 Sahel

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15h30-16h00 16h00-17h30

Pause-café Atelier 3 - Analyse des réponses face aux défis sécuritaires: opportunités et limites GT1 : Frontière Mali-Niger

17h30 8h30-8h45

GT2 : Frontière BurkinaMali

GT3 : Frontière Burkina-Niger

Fin des travaux Vendredi, 28 juillet 2017 Récapitulatif de la veille Baba Dakono, ISS Bamako Atelier 4 - Formulation de recommandations (locales, nationales, régionales)

8h45-10h30 GT1 : Frontière Mali-Niger

GT2 : Frontière Burkina-Mali

GT3 : Frontière Burkina-Niger

10h30-11h00

Pause-Café

11h00-12h30

Séance plénière n° 4 - Restitution et mise en commun des travaux en groupes pour les ateliers 3 et 4 Présentateur : rapporteurs des GT1, GT2 et GT3 Modérateur : Najim El Hadj Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel

12h30-15h30 Pause-déjeuner 15h30-16h30

Évaluation du séminaire

Séance plénière n° 5 - Validation des recommandations et prochaines étapes Présentateur : Mahamadou Samaké, Expert gouvernance, G5 Sahel Modérateur : Saïdou Oua, Directeur Général de l’Autorité de Développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma

16h30-17h00

Cérémonie de clôture ▪ Intervention de S. E. M. Saïdou Oua, Directeur Général de l’Autorité de Développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma ▪ Intervention de S. E. M. Najim El Hadj Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel ▪ Intervention de S. E. M. Jean-Daniel Bieler, Conseiller spécial, Division sécurité humaine du Département fédéral des affaires étrangères, Confédération suisse ▪ Discours de clôture de S. E. M. Simon Compaoré, Ministre d’État, Ministre de la sécurité du Burkina Faso

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11.3. LISTE DES PARTICIPANTS Ahmed Abdoul Aziz Diallo Maire - Député de Dori

Zouri Abdoul Karim Ministère de la Sécurité

Colonel Auguste Denise Barry Directeur du Centre d’études stratégiques et de défense

Commissaire principal Bakoun Kante Conseiller technique - Ministère de la Sécurité

Alpha Ousmane Député - Président de la Commission défense et sécurité

Inspecteur général Ibrahima Diallo Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité

Commissaire Idrissa Sere Bureau régional Interpol pour l'Afrique de l'Ouest Colonel Yoda Gouverneur de la région du Sahel

Farok Ag Maire de Talatayt et président de la communauté Daoussahak

Yesse Kesse Gérard DDG-DRC Field Coordinator, Mali-Niger-Burkina

Hamidou Diallo Consultant sur les questions de sécurité dans le Liptako-Gourma

Colonel Ousmane Traore Gouverneur de la région de l’Est

Seydou Traore Gouverneur de la région de Gao

Justine Couldiati-Kielem Présidente de la Plate-forme des femmes du G5 Sahel

Aboubacar Dega Traore Maire de GAO

Kiswendsida Noëlie Kouraogo Consultante, activiste, blogueuse

Abdel Kader Sidibé Chef de mission - Centre pour le dialogue humanitaire

Jean-Pierre Bayala Expert sur les questions de sécurité

Adam Thiam Journaliste, promoteur de l’Institut du Macina

Aboubacar T. Nitema Commissaire de police DGPN du Burkina

Chacka Sanogo Ambassade du Mali au Burkina

Hamidou Diallo Maître de conférence - Université de Ouagadougou Julien Lompo Conseiller technique allemande (GIZ)

-

Hamada Ouédraogo Conseiller technique allemande (GIZ)

-

Coopération

Colonel-major Mahamadou Abou Tarka Président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP)

technique Laoualy Ada Secrétaire exécutif de la SDS Sahel Niger

Coopération

technique

Colonel Midou Guirey Conseiller technique du ministre d’État, ministre de l’intérieur

Some Zinahyr Cabinet ministère de la Sécurité Zongo Pebié Ministère de la Sécurité Moussa Zangaou Enseignant chercheur ressortissant de la zone INSTITUT D’ÉTUDES DE SÉCURITÉ

Boubacar Diallo Président du Conseil des éleveurs Nord Tillabéri Honorable Maiga Kassoum Yacouba Député national - Niger

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Zakou Mounkaila Gouverneur de la région de Tillabéry Commissaire Souley Dioffo Député - Commission sécurité/défense du Niger Niandou Hamidou Maire de Téra

William Assanvo Coordonateur regional pour l’Afrique de l’Ouest, ISS, projet ‘Renforcer la réponse de l'Afrique face au crime organisé transnationale (ENACT) Yaya Bawa Coordinateur ACPST

Mariama Alhassane Ancienne ministre et députée nationale - Niger

Baba Dakono Chercheur Institut d’études de sécurité (ISS) Bamako

Maimou Wali Cercle de réflexion et d’action pour un développement innovant

Ibrahim Maïga Chercheur Institut d’études de sécurité (ISS) Bamako

Capitaine de police Chefou Abdou Chef des enquêtes à la police antiterroriste de Niamey

Boubacar Sangaré Chercheur, Institut d’études de sécurité (ISS) Bamako

Maiguizo Hadjara Ambassade du Niger au Burkina Abdoul Aziz Souley Issa Agent de renseignement - Niger Najim El Hadj Mohamed Secrétaire permanent du G5 Sahel

Fatimata Ouédraogo Consultante ISS Aristide Sawadogo Consultant ISS Vivian Huijgen Conseillère à l’ambassade des Pays-Bas, Dakar

Mahamadou SamakéExpert gouvernance G5 Sahel Saidou Oua Directeur Général, Autorité de Développement Intérgré de la Région du Liptako-Gourma (ALG) Tahirou Mamane Conseiller juridique, ALG Robert Sanou Chef de service - Bureau central études et projets ALG Aly Koita Economiste-statisticien ALG Abdourahmane VARINO Chef de service - Communication ALG Lori-Anne Théroux-Bénoni Directrice Institut d’étude de sécurité (ISS) Dakar Rié Doucoumé Ambassade du Japon

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Wiesje Elfferich Conseillère civile au contingent militaire au Mali Jean-Daniel Bieler Département fédéral des affaires étrangères, Confédération suisse Carol Motet Département fédéral des affaires étrangères Confédération suisse Président Pierre Buyoya Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et la Sahel (MISAHEL) Godefroy Barandagiye Assitant spécial, MISAHEL Angel Losada Envoyé spécial de l’Union européenne pour le Sahel

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Bere Mathieu Chargé de développement des projets/paix et gouvernance, USAID

Marleen Monster Conseillère politique de l’Envoyé spéciale de l’Union européenne pour le Sahel

Arthur Kibbelar MINUSMA

Pablo Isla Villar Chargé d’aide et coopération internationale, Coopération en matière de Sécurité, Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso Bawn Catherine Ponse Union européenne Jean Lamy DUE au Burkina Zongo Celestin PNUD Badreddine El harti PNUD

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