Prévenir l'extrémisme en Afrique de l'Ouest et en

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Prévenir l’extrémisme en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale Leçons du Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, Niger et Nigéria Isel van Zyl et Cheryl Frank

La prévention et la lutte contre l’extrémisme violent ont pris une place importante sur la scène internationale et attiré d’importants financements. Cette étude a sélectionné et examiné quelques projets dans ce domaine afin d’analyser leurs objectifs, les groupes cibles, les activités, les théories du changement, les approches en matière d’évaluation, les défis à relever, les enseignements tirés et les sources de financement. L’objectif de ce rapport est de contribuer à la littérature existant sur le sujet, de déterminer comment les politiques se traduisent en actions concrètes et de favoriser des réponses au terrorisme et à l’extrémisme violent reposant sur des données empiriques.

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

Principales conclusions Lors de l’élaboration de leurs interventions, les acteurs extérieurs doivent aller au-delà du prisme de la prévention et du combat contre l’extrémisme violent (P/CEV) et tenter d’appréhender les racines locales de l’insécurité. De nombreux projets au niveau communautaire favorisent le développement, la justice et la gouvernance, mais pour traiter les causes structurelles de l’extrémisme violent, les projets qui réussissent devront être répliqués et élargis. Une approche factuelle, reposant sur des données, est le seul moyen d’identifier les projets efficaces. L’évaluation est pourtant le principal point faible des projets étudiés ici. Il faut renforcer cet aspect afin que les résultats des projets contribuent à l’amélioration des connaissances sur la P/CEV. Les projets doivent être bien conçus, évalués, documentés et leurs résultats rendus publics.

La vaste majorité des projets se concentre sur « la promotion de la tolérance et du multiculturalisme » et sur « la promotion de la coopération ». Ils soulignent la nécessité de résoudre les problèmes entre groupes ou communautés. Les projets ciblent principalement les jeunes, à travers la formation professionnelle, l’éducation et des actions en lien avec l’extrémisme violent. De nombreux projets de formation professionnelle intègrent les femmes, mais peu d’entre eux sont spécifiquement menés par ces dernières. La radio est devenue un moyen important de promotion de l’éducation et du dialogue, tout comme les réseaux sociaux et l’art, notamment la musique, le théâtre et les arts visuels, tels que les dessins animés.

Recommandations Les projets de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (P/CEV) doivent dépasser l’échelle communautaire pour s’attaquer aux facteurs structurels associés à l’extrémisme violent. Les gouvernements doivent communiquer sur les progrès accomplis en matière de développement, de gouvernance et de justice, au niveau local et plus largement. Il faut œuvrer à l’établissement d’un recueil de données sur la P/CEV en investissant dans la conception, l’évaluation, l’élaboration des documents de projet et le partage des connaissances. Ceci permettra d’asseoir la légitimité de ce champ d’étude. Les organisations travaillant dans ce domaine doivent trouver comment mesurer plus efficacement les progrès accomplis et mettre les gouvernements face à leurs obligations en matière de gouvernance, de justice et de développement. Les bailleurs et les organisations de mise en œuvre doivent travailler avec les communautés afin de comprendre les menaces telles qu’elles

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sont vécues au niveau local, ainsi que les besoins spécifiques des bénéficiaires du projet. Les bailleurs et les professionnels doivent s’assurer que les initiatives de P/CEV ne donnent pas lieu à des violations des droits humains, à des discriminations ou à une stigmatisation. Ils doivent enquêter sur les plaintes pour violations, établir des codes de conduite et informer le public des mesures prises à l’encontre des auteurs de violations. Les organisations de mise en œuvre et les bailleurs doivent capitaliser sur les enseignements tirés et les techniques développées par d’autres interventions de P/CEV et de prévention d’autres formes de violence. Les bailleurs doivent soutenir directement les organisations locales dans la conception, la mise en œuvre, l’évaluation et l’élaboration des documents de projet, et contribuer à répondre à d’autres besoins, notamment en matière de renforcement des capacités, de durabilité et de sécurité du personnel.

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Introduction La prévention et la lutte contre l’extrémisme violent (P/CEV) ont émergé sur la scène internationale à une vitesse sans précédent et ont attiré d’importants financements. Cela ne constitue pas une surprise : la volonté d’agir pour éliminer le risque de violence dévastatrice avant qu’il ne se produise est source d’espoir et d’inspiration. Tandis que les efforts déployés pour contenir la violence terroriste continuent sur d’autres fronts – militaire, sécuritaire et judiciaire – la P/CEV permet de s’attaquer aux facteurs directement liés à l’extrémisme et de privilégier des réponses aux problèmes structurels et de développement qui nourrissent les revendications extrémistes. Ces dernières années ont vu l’expansion rapide des initiatives de P/CEV. Celle-ci a été rendue possible par des financements conséquents de la part des bailleurs internationaux, ainsi que par des initiatives émanant de personnes et d’organisations au niveau local. La P/CEV suscite des attentes importantes, malgré son évidente complexité et les débats actuels sur la signification du concept, sa portée, son champ d’action et ses résultats attendus. Les politiques internationales, régionales et nationales offrent d’importantes indications quant au contenu et aux mesures qui pourraient être prises. Cependant, une grande partie dépend de la manière dont les théories et les idées associées à la P/CEV sont traduites en actions concrètes, et de la façon dont ces dernières sont conçues pour atteindre les résultats recherchés. Cette question pratique est l’objet de cette étude, qui a examiné des projets de P/CEV dans six pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Cette étude vise à expliquer comment les professionnels chargés de la conception et de la mise en œuvre des programmes interprètent le concept de prévention de l’extrémisme violent (PEV), tel que décrit dans les politiques évoquées ci-dessous. Elle a pour objectif de contribuer à la littérature déjà riche sur le P/CEV et de promouvoir une approche factuelle efficace pour lutter contre le terrorisme. Cette étude vise également à comprendre comment les activités des programmes sont élaborées en vue d’atteindre des résultats en matière de prévention, voire de réduction de l’extrémisme violent, tel que décrit dans la politique de PEV. De nombreux projets couverts par cette étude sont encore en cours. Ce rapport propose donc un état

des lieux à l’instant présent, sans chercher à analyser les résultats finaux des projets. Il n’offre pas non plus d’analyse de l’impact des projets sur les dynamiques spécifiques relatives à l’extrémisme violent. Ce rapport propose des observations quant à la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des interventions, et émet des recommandations pour promouvoir des politiques et des pratiques de P/LEC plus factuelles. Il s’intéresse davantage aux grandes tendances qu’aux cas spécifiques. Ce rapport porte sur six pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel : le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger et le Nigéria. Une étude similaire est actuellement menée dans quatre pays d’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique : le Kenya, la Somalie, la Tanzanie et l’Ouganda. Les conclusions de cette étude feront l’objet d’un rapport distinct. L’acronyme P/CEV est utilisé tout au long de ce rapport ; il se réfère aux interventions relevant à la fois de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent (PEV et CEV). Ces termes sont explicités dans la partie Terminologie ci-dessous.

Traduire les politiques dans la pratique Les impératifs politiques La menace du terrorisme au niveau mondial a entrainé l’adoption d’un grand nombre de mesures complémentaires dans le respect du droit international, dont la prévention est désormais une constante. La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies (ONU) identifie l’existence de « conditions propices à la propagation du terrorisme »,1 et de nombreux États membres insistent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme.2 Le Plan d’action 2016 du secrétaire général de l’ONU a mis la prévention au cœur du débat, en appelant à nouveau les États membres « à améliorer les efforts visant à contrer ce type d’extrémisme violent ».3 Le Plan d’action préconise une approche « impliquant la société toute entière », et les États ont été encouragés à compléter les stratégies antiterroristes par des mesures proactives visant à traiter l’ensemble des facteurs associés à la progression de l’extrémisme violent. Ce Plan encourage des mesures telles que le dialogue et la prévention des conflits ; la promotion de la bonne gouvernance, des droits humains et de l’État de droit ; l’engagement des communautés ; l’autonomisation

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des jeunes ; la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ; la facilitation de l’éducation, du renforcement des capacités et de l’emploi ; et les stratégies de communication, notamment l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux.4 Le Plan affirme que les acteurs de la sécurité et du développement représentent tous deux une partie de la solution et que les acteurs non-étatiques doivent également y contribuer. Pour atteindre ces objectifs, l’adoption de plans d’action nationaux sur la PEV a été recommandée. Le rapport du PNUD de 2016 intitulé Preventing Violent Extremism Through Promoting Inclusive Development, Tolerance and Respect for Diversity [NdT : uniquement en anglais] propose un cadre concret pour la contribution de l’organisation à la mise en œuvre de réponses à l’extrémisme violent. Il souligne la complexité de la PEV et des facteurs structurels contribuant au problème : Les causes profondes de l’extrémisme violent sont complexes, multidimensionnelles et imbriquées ; elles relèvent de l’environnement structurel dans lequel la radicalisation et éventuellement l’extrémisme violent peuvent commencer à s’implanter. L’extrémisme violent est le produit de circonstances historiques, politiques, économiques et sociales, et notamment de l’impact des enjeux de pouvoir aux niveaux régional et mondial. La montée des inégalités horizontales est l’une des causes de l’extrémisme violent les plus souvent citées.5

La P/CEV en pratique Au vu de cette orientation politique, la traduction de la théorie de la P/CEV en actions concrètes soulève beaucoup de questions importantes. Quels axes de développement sont les plus susceptibles de contribuer à prévenir l’extrémisme violent ? La priorité accordée à la P/CEV permettra-t-elle de consolider les efforts de développement ou va-t-elle compromettre la fourniture de services fondamentaux (santé, éducation) ? La P/ CEV se concentrera-t-elle sur les communautés et les personnes considérées comme vulnérables, au détriment des autres, qui ont également des besoins ? Quels risques la P/CEV représente-t-elle pour les droits humains, notamment en ce qui concerne le profilage ou la stigmatisation de communautés ? Les réponses à ces questions seront probablement dévoilées à mesure que des initiatives de P/CEV sont mises en œuvre dans divers contextes.

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Depuis son apparition, la P/CEV est essentiellement considérée comme un domaine à part entière, et les violences à caractère terroriste sont présentées comme distinctes d’autres formes de violence. Les spécialistes de la P/CEV cherchent peu à créer des liens avec des spécialistes de domaines connexes tels que la prévention de la violence criminelle, la santé publique et la prévention des conflits. Ces derniers ont développé d’importantes compétences techniques, notamment dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de projets. Ils auraient beaucoup à apprendre aux professionnels de la P/CEV, notamment sur les solutions globales à apporter aux multiples formes de violence. La conception et l’évaluation des activités de P/CEV permettront d’analyser les interdépendances entre les différentes formes de violences et les interventions correspondantes. L’un des problèmes de la programmation réside dans la difficulté à définir les concepts de « terrorisme » et « d’extrémisme violent ». Pour ce dernier, l’absence d’une définition reconnue au niveau international crée le risque d’y associer des actions relevant de domaines divers et variés, y compris des droits humains inscrits dans le droit international, tels que la liberté de « pensée, de conscience et de religion », la liberté « d’opinion » et la liberté d’expression et d’association.6

L’agenda de la P/CEV va-t-il consolider les efforts de développement ou compromettre la fourniture de services fondamentaux comme la santé et l’éducation ? Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et la lutte antiterroriste évoquait en 2016 les risques que représente pour les droits humains l’utilisation de termes non définis, notamment la pénalisation d’actes légaux et la manipulation de termes tels « qu’extrémisme » pouvant être utilisés contre des opposants politiques, des organisations de la société civile et des journalistes.7 Dans les cas cités, l’examen des pratiques de P/CEV permettra de révéler ces problèmes. La difficulté provient également de l’affirmation selon laquelle les initiatives de P/CEV doivent privilégier des programmes localisés, menés par des acteurs locaux.8 Mais il n’est pas évident que ceux-ci s’attaqueront aux facteurs structurels tels que le développement,

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

la gouvernance et la justice, qui peuvent être liés à l’extrémisme violent. Les plans d’action nationaux peuvent-ils contribuer à mettre en cohérence les objectifs au niveau local et les objectifs structurels afin de favoriser la prévention ? Pour y répondre, il s’agit essentiellement de déterminer si les partenariats de mise en œuvre entre les gouvernements, les citoyens et les bailleurs peuvent produire les résultats nécessaires. La société civile sera-telle impliquée dans l’élaboration et le suivi des politiques, ou sera-t-elle reléguée au rôle de partenaire local de mise en œuvre ? Il faudra évaluer la façon dont cela fonctionne en pratique.

Les spécialistes de la P/CEV ne cherchent pas réellement à travailler avec leurs homologues dans les domaines de la prévention de la criminalité, de la santé publique et de la prévention des conflits Dans ce contexte, il est essentiel de disposer de données issues des programmes actuels et futurs en matière de P/CEV. Les initiatives en cours testent de nombreuses idées pour favoriser la prévention ; elles doivent reposer sur des recherches locales et sur de bonnes pratiques issues d’autres domaines, évaluées et documentées efficacement, avec des résultats rendus publics.9 Les connaissances tirées de cette démarche peuvent se révéler importantes pour les acteurs de la P/CEV dans le monde entier. Ce n’est qu’au travers de ces processus que des bonnes pratiques pourront être identifiées et répliquées à grande échelle ou appliquées ailleurs. Les bailleurs, les organisations internationales et les professionnels souhaiteront-ils investir dans une telle démarche ? Une autre question cruciale concerne les nouveaux outils ou les approches innovantes que la P/CEV peut apporter. L’essentiel de ce que propose la P/CEV (en particulier le Programme des Nations unies pour le développement) ne fait que reprendre des objectifs politiques internationaux existants, voire anciens dans certains cas. Dans quelle mesure les discussions au niveau international peuvent-elles encourager une meilleure redevabilité des gouvernements en faveur du respect de leurs engagements existants, notamment pour améliorer la gouvernance, la justice et le développement ? La mise en œuvre des initiatives de P/CEV aura beaucoup à nous apprendre quant à l’avenir de cette tentative.

Méthodologie et limites de l’étude Cette étude vise à décrire les initiatives de P/CEV qui sont (ou ont été) mises en œuvre dans les pays sélectionnés. Elle cherche à expliciter la définition et les pratiques que les chargés des projets (conception et exécution) donnent à la P/CEV, à partir des entretiens et des informations supplémentaires fournies par ces derniers. Cette étude vise surtout à comprendre la manière dont les activités des projets ont été conçues afin d’atteindre les résultats souhaités contre l’extrémisme violent. Elle a été menée d’octobre 2017 à juin 2018. Les questions abordées par l’étude comprennent les objectifs, la conception, les groupes cibles, les activités et l’évaluation ; les théories du changement ; les défis et enseignements tirés ; et les sources de financement. Les projets sélectionnés ne constituent pas un échantillon représentatif des projets de P/CEV dans les pays concernés. L’étude repose sur l’autosélection des organisations tel qu’expliqué dans la partie Méthodologie ci-dessous. Ce rapport ne cite pas le nom des organisations ni des projets, il s’intéresse plutôt aux grandes tendances. Aucune des organisations ou des personnes impliquées dans cette étude n’a demandé l’anonymat, elles sont toutes citées en Annexe 1.

Terminologie De nombreux termes mentionnés dans ce rapport sont controversés ; les définitions utilisées sont indiquées ci-dessous. L’extrémisme violent est « la volonté d’utiliser la violence ou le soutien de l’utilisation de la violence afin d’intensifier des croyances particulières, notamment de nature politique, sociale ou idéologique, y compris à travers des actes de terrorisme ».10 Le terrorisme est « l’utilisation illégale de la violence ou la menace d’utiliser la violence, souvent motivée par des croyances religieuses, politiques ou idéologiques, afin d’instiller la peur et de contraindre les gouvernements ou les sociétés, en cherchant à atteindre des objectifs qui sont généralement politiques ».11 La radicalisation est le « processus par lequel une personne en vient à soutenir le terrorisme et les idéologies extrémistes associées aux groupes terroristes ».12 La lutte antiterroriste renvoie aux activités militaires ou policières menées « afin de neutraliser des terroristes

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[et des extrémistes], leurs organisations et réseaux pour les rendre incapables d’utiliser la violence afin d’instiller la peur et de forcer les gouvernements ou les sociétés à poursuivre leurs objectifs ».13 La prévention de l’extrémisme violent (PEV) comprend « des mesures préventives systématiques qui s’attaquent directement aux causes de l’extrémisme violent. Ceci implique de lutter contre les conditions propices au terrorisme tout en protégeant les droits humains et l’État de droit lors des opérations de lutte antiterroriste ». La marginalisation, le dénuement socioéconomique, les atteintes aux droits humains et la corruption font partie des conditions propices au terrorisme.14 La lutte (ou combat) contre l’extrémisme violent (CEV) est « une approche de l’atténuation ou de la prévention de l’activité terroriste potentielle qui met l’accent sur la résilience des communautés locales à travers leur engagement auprès d’un grand nombre de partenaires afin de mieux comprendre les comportements, les tactiques et autres indicateurs associés à l’activité terroriste ».15

Méthodologie Pour trouver les institutions et les projets pertinents, nous avons passé en revue la littérature existante et fait des recherches sur Internet. Une série de mots-clés a été utilisée pour mener une recherche aussi large que possible, car de nombreuses organisations connues pour mener un travail lié à la P/CEV n’utilisent pas ce terme. Les termes de recherche comprenaient : PEV + pays, CEV + pays, antiterrorisme + pays, développement humain + pays, et consolidation de la paix + pays. Les recherches ont été faites en anglais et en français. Des sites internet comme Peace Direct17 proposaient certaines informations quant aux organisations actives dans les pays sélectionnés. Outre les projets spécifiques à un pays, certains projets actifs dans deux ou plusieurs pays ont été étudiés ; ils sont dénommés ci-dessous projets régionaux.

Zone géographique

Des emails ont été envoyés aux organisations identifiées pour leur demander si leur travail comprenait des activités liées à la prévention de l’extrémisme violent et, le cas échéant, si elles souhaitaient participer à l’étude. Des entretiens se sont ensuite déroulés. Il s’est avéré que certaines organisations mettaient en œuvre plusieurs projets pertinents. Il a été décidé de collecter des données sur le plus grand nombre de ces projets, en fonction du consentement des personnes interrogées et du temps imparti.

Les six pays ayant connu les actes terroristes les plus récents en Afrique de l’Ouest et centrale ont été choisis pour l’étude (Figure 1).

Des entretiens ont été menés à partir de questionnaires semi-structurés (voir Annexe 2) et enregistrés, sauf demande expresse de la personne interrogée. Certaines

Une théorie du changement est un « ensemble de postulats quant à la relation entre les activités et les objectifs du projet ».16

Schéma 1 : Actes de terrorisme par pays, 2013-2016

2013

2014

2015

2016

Total

345

713

637

531

2 226

Cameroun

3

67

82

54

206

Niger

4

5

41

24

73

Tchad

0

1

27

5

33

Burkina Faso

1

0

6

10

17

Mali

58

680

120

98

344

Nigéria

Source : Global terrorism database, University of Maryland, www.start.umd.edu/gtd/.

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Schéma 2 : Organisations et personnes interrogées

L’ISS a contacté 238 organisations

238 53 organisations nationales

67 ont participé

14 organisations internationales

67

53 pers. interrogées étaient des hommes

4 pers. interrogées étaient de sexe inconnu 10 pers. interrogées étaient des femmes

Schéma 3 : Projets et organisations participants

Projets mis en œuvre par des organisations

Projets examinés dans l’étude

Nombre d’organisations

Nigéria

80

71

31

Cameroun

10

10

6

Niger

17

15

8

Tchad

16

15

8

Burkina Faso

6

6

4

Mali

4

4

4

Projets régionaux

12

12

6

145

133

67

TOTAL

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7

Schéma 4 : Méthodes de collecte des données

Entretiens

Réponses écrites

Données sur Internet

Nigéria

10

21

1

Cameroun

4

1

1

Niger

1

7

0

Tchad

1

6

0

Burkina Faso

0

4

0

Mali

0

4

0

Projets régionaux

0

3

3

16

46

5

TOTAL

personnes ont choisi de répondre au questionnaire par écrit. Il a été donné la possibilité de rester anonyme et de ne pas répondre à toutes les questions. Rien n’a été proposé en échange de leur participation à l’étude.

Étant données les méthodes de sélection des organisations, il est probable que de nombreuses organisations qui ne sont pas présentes sur Internet n’aient pas été identifiées.

Les chercheurs ont utilisé l’échantillonnage par référence en chaîne afin d’être orientés vers d’autres organisations travaillant dans la P/CEV. Trente-deux organisations ont pu nous référer à une autre organisation ou plus, mais toutes n’ont pu être interrogées en raison du temps imparti.

Relativement peu d’organisations ont publié les résultats de leurs évaluations, bien que nombre d’entre elles communiquent ces informations sur demande. Certaines ont indiqué produire des rapports à l’intention de leurs bailleurs qui ne peuvent être diffusés.

Les informations ont été compilées dans une feuille de calcul Excel, puis quantifiées et réparties dans trois catégories : les réponses aux entretiens, les réponses écrites et les données obtenues en ligne.

Profil des personnes/organisations interrogées Des données concernant 133 projets mis en œuvre par 67 organisations (Figures 2-4) ont été recueillies. Certains des projets évoqués au cours de l’étude sont aujourd’hui achevés.

Les limites de l’étude Étant données les ressources disponibles, il n’a pas été possible de mener des entretiens en personne. Les données ont été recueillies au cours d’entretiens menés par Skype ou par téléphone, par des réponses écrites et par la documentation supplémentaire et les clarifications que les organisations ont apportées par email.

8

De nombreuses personnes interrogées ont indiqué que leur organisation évitait de décrire ses projets par des termes tels que PEV et CEV, leur préférant d’autres termes, notamment « consolidation de la paix » et « prévention des conflits ». Ceci a limité la recherche de projets de P/CEV. La collecte de données s’étant déroulée sur une période limitée (quatre mois), il n’a pas été possible de s’entretenir avec toutes les organisations portées à l’attention des chercheurs. Il existe par exemple d’autres projets au Mali. Les recherches ayant été faites en anglais et en français, une attention particulière a été portée à la traduction pour que la compréhension soit la même dans les deux langues, par exemple pour le terme « extrémisme violent ». Lorsque les personnes ont répondu par écrit, il a parfois été difficile de demander des informations supplémentaires.

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Schéma 5 : Projets tels que décrits par les personnes interrogées 28% Prévention de l’extrémisme violent 15%

Lutte contre l’extrémisme violent

6% Antiterrorisme 28% Consolidation de la paix 17%

Prévention des conflits

6% Autre 0% Non indiqué

Dans la catégorie « Autre », les personnes interrogées ont utilisé les termes suivants pour décrire leur travail :

3 Séances de dialogue interconfessionnel

1 Engagements communautaires

3 Accès à l’information et initiation aux médias

1 Auto-suffisance

1 Signes d’alerte précoce

1 Promotion de la coexistence pacifique

1 Réconciliation

1 Promotion et défense des droits humains

1 Éducation à l’environnement

1 Développement

1 Autonomisation économique de groupes vulnérables

1 Démocratie et bonne gouvernance

1 Renforcement des relations

Conclusions Les projets tels que décrits par les personnes/ organisations interrogées Les personnes interrogées ont dû choisir parmi les options indiquées dans le schéma 5 pour décrire leur(s) projet(s). La plupart des personnes interrogées ont choisi plus d’une description. La majorité des organisations ont décrit leurs projets comme relevant de la PEV et de deux autres catégories, le plus souvent de la CEV et de la consolidation de la paix. Neuf projets ont été décrits comme relevant uniquement de la PEV, six comme relevant uniquement de la consolidation de la paix, et un comme uniquement de la CEV. Une série d’explications ont été données, notamment le souhait d’échapper à l’attention des groupes extrémistes. Une personne interrogée au Tchad a indiqué que son organisation préférait employer le terme de « consolidation de la paix » afin que les gens aient moins peur de participer.

La démocratie et les droits humains – deux éléments considérés comme faisant partie intégrante de la P/CEV – n’ont été mentionnés que pour deux projets.

Objectifs, groupes cibles et activités Il a été demandé aux personnes interrogées d’expliquer les objectifs de leurs projets et les activités menées pour les atteindre. La plupart des personnes interrogées ont évoqué plusieurs objectifs et activités ; seules quatre d’entre elles ont cité un objectif ou une activité uniques (schéma 6). L’objectif le plus fréquent, mentionné par 43 réponses et dans tous les pays couverts par l’étude, est la promotion du multiculturalisme et de la tolérance religieuse, ethnique ou autre. Certaines réponses ont souligné la difficulté de surmonter les divisions religieuses. D’autres ont évoqué des objectifs étroitement liés tels que la promotion de la coexistence pacifique et la promotion d’une culture de paix.

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

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Schéma 6 : Objectifs et activités des projets

43

40

35

24

Promotion de la tolérance & du multiculturalisme

Renforcement des capacités

Sensibilisation

Promotion de la coopération

• Programmes radio • Activités culturelles • Réunions entre différentes communautés • Dialogue interconfessionnel

• Formation • Ateliers

• Programmes radio • Activités culturelles • Clubs de paix dans les écoles

• Réunions entre différentes communautés • Réunions entre communautés et OSC • Réunions entre OSC et ministères

16

12

8

7

Renforcement de la résilience

Autonomisation socioéconomique

Réhabilitation et réintégration

Éducation

• Assistance post-traumatique • Contre-discours • Réunions avec les communautés

• Formation • Ateliers • École

• Formation • Ateliers

• Formation professionnelle • Action humanitaire

7

6

6

4

Aide humanitaire/au développement

Contre-discours

Recherche

Soutien psychosocial

• Construction d’infrastructures telles que salles de classe, tours de radio, habitations

• Programmes radio • Éducation religieuse • Réseaux sociaux • Dialogue interconfessionnel

Les termes « coexistence pacifique » et « promotion de la tolérance et du multiculturalisme » ont également été utilisés en lien avec des conflits entre agriculteurs et éleveurs autour de l’accès aux ressources naturelles. L’élaboration de calendriers de pâturage faisait partie

10

• Recherche de terrain

• Assistance

des activités visant à atténuer ces conflits. L’une des personnes interrogées au Nigéria a affirmé que l’objectif de son organisation était d’accroître le niveau d’interaction et de confiance entre les Peuls/Foulanis et les autres communautés.

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La sensibilisation a par exemple été décrite comme l’enseignement aux jeunes de l’importance de la coexistence pacifique, du patriotisme, de la redevabilité, du respect de l’État de droit et de la bonne gouvernance. Une personne interrogée au Nigéria a décrit cet objectif comme visant à « améliorer la compréhension qu’ont les communautés du lien existant entre consolidation de la paix et droits humains à travers un engagement constructif ». Le renforcement des capacités, le deuxième objectif le plus souvent évoqué, comprend la formation professionnelle, l’éducation, la formation aux signes d’alerte précoce quant aux positions extrémistes, et la formation des femmes aux programmes de déradicalisation. Ces activités sont directement liées à la P/CEV et plus généralement à des objectifs de développement tels que l’éducation et la formation professionnelle. Au Cameroun, un projet de renforcement des capacités portait sur les médias. Le projet soutenait la production de programmes radio, des formations à la gestion et du mentorat, des centres de réhabilitation sur place, le renforcement des capacités du personnel, et un soutien en matière d’équipement. Un récent rapport sur ce projet a indiqué que « en apprenant aux producteurs locaux à créer des émissions de radio structurées autour de l’engagement et du dialogue entre communautés, il améliorerait l’accès à des informations crédibles et de qualité ».18 L’une des personnes interrogées au Niger a souligné la nécessité d’améliorer l’accès à des informations de qualité, provenant de médias professionnels et indépendants, afin de renforcer la redevabilité et le dialogue à tous les niveaux. Une personne interrogée au Tchad a déclaré que l’objectif de son organisation était de renforcer les capacités de la justice pénale afin de répondre au terrorisme dans le respect des droits humains. La « promotion de la coopération » renvoie au renforcement des relations entre organisations de la société civile (OSC) et autorités locales, ainsi qu’entre OSC et communautés. Les personnes interrogées ont indiqué que cette activité, en particulier entre les organisations de mise en œuvre et les agences gouvernementales, favorisait le plaidoyer au niveau politique. L’une des personnes interrogées au Niger a noté que son organisation promouvait la coopération en soutenant des pourparlers d’amnistie entre des combattants et le gouvernement. Un autre projet,

encouragé par le gouvernement du Burkina Faso, visait à renforcer les relations entre civils et militaires, l’un des objectifs étant de favoriser la collecte de renseignements. L’éducation, étroitement liée à la sensibilisation et au renforcement des capacités, impliquait une série d’activités, notamment le soutien aux écoles ainsi que la transmission de connaissances aux adultes. Un projet au Tchad visait à former et à informer les chefs et éducateurs religieux, les chefs traditionnels, les organisations de jeunes, les femmes, les chefs de partis politiques, les organisations de la société civile et les médias au sujet du terrorisme, de ses conséquences et des moyens d’éviter la récidive. L’un des projets régionaux consistait à développer un guide pratique à l’usage des citoyens sur la collaboration avec les forces de défense et de sécurité afin de contribuer à la prévention de l’extrémisme violent et à la lutte contre le terrorisme.

Encadré 1 : Des outils éducatifs créatifs Un projet au Cameroun a sollicité des musiciens populaires afin de produire un titre contenant des messages positifs. Une autre organisation a publié des bandes dessinées, en français et en arabe, qui illustraient des histoires sur trois ami(e)s issus de la même communauté, les défis auxquels ils étaient confrontés, leurs choix et la façon dont cela influençait le reste de leur vie. Cette bande dessinée, qui encourage l’éducation, a été diffusée au sein des foyers par les enfants afin que leurs parents, alphabétisés ou non, puissent comprendre le même message. Thème récurrent dans la plupart des projets, le respect et la protection des droits humains est rarement mentionné comme objectif en soi. Il s’agit plutôt d’un objectif transversal dans toutes les activités. L’une des personnes interrogées a indiqué que : « En réalité, la violation des droits civils et politiques, des droits économiques et socioculturels a entraîné la rupture de l’état de paix et de l’ordre, ce qui a entrainé des conflits violents. Il est temps de lancer un dialogue pour reconnaître que les droits humains et la paix sont indissociables. »19 De la même manière, la gouvernance et l’État de droit ne sont pas apparus comme des objectifs spécifiques, mais ils ont été mentionnés à plusieurs reprises. Au Tchad, un projet porte sur l’activisme lié à la démocratie, aux droits humains et à l’État de droit, à travers des activités de sensibilisation, de formation, de conseil juridique et de suivi des centres de détention.

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Un représentant d’une autre organisation basée au Tchad a décrit l’objet de l’organisation comme la promotion de la tolérance religieuse : « Divers partis politiques font du lavage de cerveau afin de créer une haine entre religions. Depuis lors, [des divisions] sont apparues : d’un côté, nous parlons des « gens du Nord », considérés comme des musulmans, et de l’autre, nous parlons des « gens du Sud », considérés comme des chrétiens. »20 Les organisations ayant pour objectif la réhabilitation et la réintégration se concentrent principalement sur les anciens combattants et les personnes secourues durant leur captivité. Au Cameroun, l’une des personnes interrogées a déclaré que son organisation cherchait à soutenir la réintégration des personnes associées à Boko Haram, dont des anciens combattants, des victimes et même des membres des groupes d’auto-défense dans le bassin du lac Tchad. Les activités consistent à préparer et accompagner les communautés pour qu’elles soient prêtes à accueillir ces personnes lorsqu’elles rentrent chez elles. Au Niger, une personne interrogée a insisté sur la nécessité de contribuer à la consolidation de la paix en réintégrant d’anciens combattants et d’anciens prisonniers de Boko Haram. Un autre projet a souligné le rôle important que les anciens combattants pouvaient jouer dans la prévention et la réintégration, bien que la stigmatisation envers eux rende cela difficile. De nombreux programmes de sensibilisation intègrent le contre-discours, qui est pour certains projets un objectif spécifique. Au Nigéria, une personne interrogée a déclaré que les gens étaient sensibles à la manipulation

des textes et des pratiques de l’islam et que l’absence de contre-discours permettait à l’extrémisme violent de prospérer. Pour cette personne, la plupart des gens connaissaient peu les méthodes utilisées par les groupes extrémistes et avaient tendance à les sous-estimer. « En l’absence de lutte efficace contre l’idéologie de Boko Haram et des arguments qui la sous-tendent, l’existence et la persistance des revendications continueront à agir comme une motivation pour les recruteurs et les idéologues de Boko Haram afin de propager et ancrer leur idéologie. »21 Les activités de recherche comprennent des évaluations de la situation ; celles-ci ont habituellement lieu en amont de la mise en œuvre des projets. Par exemple, au Tchad, une organisation qui renforce les capacités d’institutions judiciaires et légales pour lutter contre le terrorisme menait des évaluations initiales des capacités antiterroristes et élaborait ensuite des plans d’action avec un groupe de travail. Quant à l’accompagnement psychosocial, l’une des personnes interrogées au Nigéria a déclaré que son organisation proposait des ateliers de conseil posttraumatique destinés aux jeunes et aux personnes déplacées internes. L’idée qui sous-tend cette initiative est que la guérison améliorera leur capacité à pardonner et à adhérer au dialogue interconfessionnel, interculturel et interethnique. Une organisation du Tchad a signalé qu’elle travaillait à la réhabilitation des victimes de torture en leur fournissant une assistance médicale, psychosociale et légale.

Schéma 7 : Groupes cibles des projets et activités associées Légende des icônes utilisées page 13 :

12

Jeunes

Communauté

Hommes

Enfants

OSC

Autre

Femmes Chefs/éducateurs religieux

Membres actuels

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Anciens membres

55 • Formation professionnelle • Éducation • Promotion de la tolérance et du multiculturalisme • Sensibilisation à l’extrémisme violent • Clubs de paix & activités culturelles • Contre-discours : dissuader les jeunes de rejoindre les groupes extrémistes violents

34 • Renf. des capacités • Ateliers & formations sur les signes d’alerte précoce • Coopération pour compiler un manuel de formation • Former les OSC pour constituer des équipes de déradicalisation • Renf. des capacités pour faire de la recherche • Formation à la conception & mise en œuvre de projets

46 • Promotion de la tolérance et du multiculturalisme • Renforcer la résilience • Formation aux signes d’alerte précoce • Aide humanitaire • Aider à reconstruire les maisons et bâtiments • Promotion de la tolérance • Recherche • Éducation aux droits humains

33 • Formation professionnelle • Autonomisation éco.

14 • Soutien psychologique dans les prisons • Contre-discours • Réintégration et réhabilitation • Formation professionnelle

43 • Formation professionnelle • Discussion sur les réseaux sociaux pour partager les connaissances • Former des femmes chargées de détecter les signes alerte précoces • Former femmes & instituteurs au conseil post-traumatique • Former des femmes pour favoriser la déradicalisation

26 • Éducation • Sensibilisation • Promotion de la tolérance et du multiculturalisme • Conseil post-traumatique • Communication sur le changement de comportement • Sensibilisation à l’extrémisme violent

38 • Formations & ateliers • Promouvoir la coopération entre chefs/éducateurs religieux • Renforcement des capacités sur le contre-discours

20 • Promotion de la coopération entre OSC et agences gouvernementales • Promotion de la tolérance entre PDI et communautés hôtes • Éducation des enfants PDI • Formation pro. des PDI • Formation des enseignants au conseil post-traumatique • Formation des enseignants aux signes d’alerte précoce • Formation des enseignants au contre-discours • Formation des enseignants à promotion de la tolérance

10 • Contre-discours

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Les réponses ont également évoqué les points de vue exprimés par des OSC locales et des organisations communautaires du Nord du Nigéria lors de consultations sur la consolidation de la paix organisées en 2016 par Peace Direct. Il en est ressorti que l’extrémisme violent n’est pas la seule menace et que les interventions devraient s’attaquer aux autres causes de conflit et de mécontentement, qui peuvent inciter à l’extrémisme violent.22 Les personnes interrogées ont exprimé la nécessité de se doter d’une programmation plus intégrée au niveau communautaire et fondée sur leurs besoins. Des questions ont été posées sur les groupe(s) cible(s) des projets. Le chercheur a fourni aux personnes interrogées une liste de groupes cibles et les a invitées à donner des renseignements concernant d’autres groupes cibles impliqués. Les projets de 59 personnes interrogées ciblaient plus d’un groupe. Huit personnes ont indiqué un seul groupe cible, à savoir les jeunes, les communautés, les femmes ou les acteurs de la justice pénale (schéma 7). Les jeunes sont le groupe cible le plus fréquemment mentionné. Les personnes interrogées dans les six pays ont insisté sur leur propension à être manipulés et donc à subir les affres des groupes extrémistes. Elles ont évoqué l’importance des messages positifs mais également des possibilités d’apprentissage et de formation. Au Niger, un projet renforce les capacités des organisations de jeunes à travailler sur les questions d’extrémisme violent, de nonviolence et de citoyenneté responsable. De nombreux projets traitent également le problème de la pauvreté et du sous-développement des jeunes à travers l’éducation et la formation professionnelle. Ces préoccupations plus structurelles ont été mentionnées par des personnes interrogées dans le Nord du Nigéria, qui ont évoqué les discussions menées par Peace Direct en 2016. Les graves difficultés économiques dont souffrent les jeunes doivent être ciblées et traitées immédiatement. Le rapport de la réunion précise que « seule une stratégie ambitieuse d’accompagnement des jeunes et de création d’un développement économique plus juste pourra permettre de leur offrir un avenir meilleur – et de réduire leur participation à la violence ». L’insécurité économique est la préoccupation le plus souvent citée au sein des communautés étudiées dans ce rapport.23 Vingt-six projets concernent les enfants, mettant l’accent sur l’amélioration des connaissances sur

14

l’extrémisme violent et la promotion de la tolérance et du multiculturalisme. Les activités visant les communautés portent aussi essentiellement sur la promotion de la tolérance et du multiculturalisme. Les projets soutiennent aussi les communautés touchées par la violence à travers l’aide humanitaire et l’aide à la reconstruction des maisons et bâtiments locaux. Les chefs religieux et les enseignants sont des groupes cibles clés dans toute une série d’activités se concentrant sur leur rôle de promotion du contre-discours religieux et de promotion de la tolérance, ainsi que sur la coopération entre chefs religieux de confessions différentes. Au Tchad, une organisation évoquait le problème de la prolifération non-réglementée des écoles coraniques, principalement en zone rurale. Elle cherchait ainsi à former les maîtres coraniques à résister aux idéologies extrémistes violentes et à promouvoir la coexistence religieuse pacifique. L’une des personnes interrogées a indiqué que : Donnez aux élèves des notions de ce que sont la paix, la tolérance, le respect de l’autre, les textes des conventions des Nations unies sur les droits de l’enfant et la place des enfants dans l’islam. Avec la prolifération des écoles coraniques au Tchad, il est nécessaire de… sensibiliser les enseignants et les élèves, dans ces écoles, au respect mutuel, à la paix et à la coexistence pacifique.24

Encadré 2 : Les réseaux sociaux comme outil pour atteindre des objectifs multiples25 Au Nigéria, un projet numérique a appelé les femmes dans tout le pays à créer des groupes Whatsapp, invitant 100 femmes à rejoindre chaque groupe. Ces derniers servent de plateformes pour discuter de la menace de l’extrémisme violent et des signes d’alerte précoce de radicalisation et pour renforcer la solidarité afin d’améliorer la résilience de leurs communautés face à l’extrémisme violent. Les projets ciblant les femmes mènent toute une série d’activités de renforcement des capacités, en particulier de formation professionnelle ou pour aider les femmes à accompagner les victimes de traumatismes et à soutenir la déradicalisation. Les réseaux sociaux sont utilisés de plusieurs manières. Au Nigéria, l’une des personnes interrogées a plaidé pour davantage d’implication auprès des anciens combattants :26

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Schéma 8 : Participants aux projets

50 282 Hommes

100 Journalistes (38 hommes, 62 femmes)

21 808 Femmes

72 Forces de sécurité (58 hommes, 14 femmes)

9 550 Jeunes (9 120 hommes & 430 femmes)

62 Jeunes leaders (22 hommes, 40 femmes)

1 500 Jeunes vulnérables

27 Chefs religieux

1 210 Jeunes (seulement 34 filles)

22 Organisations religieuses

656 Jeunes gens

20 Enseignants (14 hommes, 6 femmes)

410 Enfants (119 garçons, 291 filles)

20 Organisations de jeunes (13 hommes, 7 femmes)

268 OSC

20 Volontaires (15 hommes, 5 femmes)

218 Groupes

10 Chefs traditionnels (8 hommes, 2 femmes)

200 Parents

5 Groupes de femmes

100 « Gardiens de communautés »

3 Plus de trois communautés

Les anciens extrémistes ont une expérience et des connaissances qui peuvent être importantes pour lutter contre la radicalisation et délégitimiser l’extrémisme violent. Ils peuvent accompagner les personnes risquant d’être recrutées, lutter contre l’idéologie extrémiste et inciter celles qui sont encore impliquées à quitter ces groupes. Il y a déjà une attention considérable portée à la prévention de la radicalisation des personnes ou pour éviter qu’elles ne rejoignent des groupes extrémistes, ou encore pour contester les opinions et les idéologies de ces personnes, groupes et mouvements. Cependant, on connait peu de choses quant aux expériences vécues par ceux qui souhaitent quitter ces organisations ou mouvements extrémistes, quant aux obstacles auxquels ils sont confrontés et à ce qui pourrait les aider à abandonner l’extrémisme violent. Il faut se doter de services d’accompagnement des personnes qui réfléchissent à la possibilité de rejoindre des groupes, organisations ou mouvements extrémistes, et de celles qui pensent les quitter. C’est le groupe cible auquel nous allons nous intéresser si nous avons l’opportunité de nous impliquer davantage dans cette intervention. Les projets régionaux, souvent mieux dotés en ressources, ont de multiples groupes cibles et activités. Nombre d’entre eux travaillent avec des responsables du gouvernement afin de renforcer à la fois leurs activités et les politiques. Certaines initiatives visent à lutter contre la radicalisation dans les prisons. Les personnes interrogées ont indiqué que les acteurs de la justice pénale constituent un groupe cible important pour les initiatives de CEV.

Les communautés, les OSC locales et les autorités locales sont également ciblées, notamment pour améliorer la durabilité des projets après le départ des organisations de mise en œuvre. La recherche de pérennité dès la phase de planification est ainsi une tendance positive. La plupart des objectifs, tels que la sensibilisation, ont pour but de doter les communautés vulnérables de connaissances et de capacités suffisantes pour que le projet continue après la fin de sa phase initiale. En renforçant les capacités et en sensibilisant ces communautés, les organisations de mise en œuvre espèrent également réduire la pression sur les gouvernements. Des renseignements ont également été demandés sur les méthodes de sélection des participants aux projets et d’incitation à participer aux activités. Onze personnes interrogées ont identifié les chefs communautaires et religieux comme étant des gardiens de leurs communautés pouvant aider à identifier les groupes les plus vulnérables. De nombreuses organisations ont dû approcher des chefs communautaires et traditionnels afin d’être présentées à leurs groupes cibles. Les OSC et les organisations nationales disposant de réseaux sont aussi valorisées à cet égard. Les enseignants, quant à eux, sont chargés d’identifier des enfants et des jeunes qui bénéficieront de bourses et de conseils post-traumatique et participeront aux clubs de paix. Pour les organisations régionales et internationales, les consultations avec les autorités étatiques sont indispensables à l’identification des communautés vulnérables. Au Cameroun, une organisation humanitaire

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

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locale a aidé à identifier des personnes déplacées internes qui avaient besoin d’accompagnement. Pour surmonter les difficultés de transport et d’accès, certaines organisations ont annoncé l’existence de leurs projets sur les réseaux sociaux et à la radio. Il a également été demandé aux personnes interrogées d’indiquer le nombre de participants impliqués dans le projet et la répartition entre hommes et femmes. Seules 50 personnes interrogées ont pu fournir des informations sur ce point ; le schéma 8 montre leurs réponses. Vingt-sept personnes n’ont pas indiqué le nombre de participants de leurs projets, soit parce que le projet était déjà terminé, n’avait pas encore commencé ou avait un nombre de participants si élevé qu’il était presque impossible de donner une estimation correcte. Les données fournies dans les schémas 7 et 8 cidessus montrent que les femmes et les filles occupent une place importante, bien qu’il n’ait pas été possible de la mesurer plus précisément. Le Cameroun est le pays où il y a le plus de projets (trois) indiquant travailler exclusivement avec des femmes et des filles. Selon une personne interrogée au Nigéria, les conflits affectant différemment les hommes et les femmes, son projet adoptait une approche sensible à l’égalité des genres afin de prendre en compte les besoins des femmes et optimiser leurs atouts. Une autre personne interrogée au Nigéria a indiqué que ses projets ciblaient les femmes qui étaient des cheffes traditionnelles ou religieuses et que 500 femmes cheffes religieuses avaient été formées à la détection de comportements constituant des signes d’alerte précoce d’extrémisme chez les enfants.

Théories du changement Les personnes interrogées ont expliqué comment les objectifs et les activités du projet sont censés contribuer à la lutte contre l’extrémisme violent. Le schéma 9 présente l’intégralité des réponses. Malgré la diversité des problèmes auxquels les six pays sont confrontés, deux axes principaux résument les facteurs favorisant l’extrémisme violent et les possibilités de les atténuer : le dénuement socioéconomique, auquel la meilleure réponse serait la formation professionnelle et l’aide humanitaire, et les conflits religieux et ethniques, auxquels la promotion de la tolérance et du multiculturalisme apporterait une réponse.

Suivi et évaluation Les personnes interrogées ont expliqué comment elles

16

mesuraient les résultats de leurs projets. Il leur a aussi été demandé si leur projet avait été évalué et, le cas échéant, comment ces évaluations avaient été menées et s’il leur était possible d’envoyer les rapports d’évaluation. Sur les 67 organisations participantes, 35 ont indiqué avoir évalué leurs projets et sept autres prévoyaient de le faire ; ensemble, ces groupes représentent 62 % des organisations interrogées (42 organisations) (schéma 10). Les données n’indiquent pas clairement si tous les projets de chaque organisation ont fait l’objet d’une évaluation, ou bien si la même approche a été utilisée dans chaque cas. Sur les 35 organisations ayant indiqué qu’elles menaient des évaluations, 17 étaient conduites en interne (schéma 11). La plupart des organisations financées par des bailleurs ou par des institutions intermédiaires avaient signé des accords qui imposaient des évaluations. Pour les projets qui n’avaient pas été évalués, la raison avancée était le coût de l’exercice et la priorité accordée à d’autres activités. Deux personnes interrogées ont dit que l’évaluation interne était plus rentable que de sous-traiter à un évaluateur indépendant. Il a été demandé aux personnes interrogées d’envoyer les rapports d’évaluation aux chercheurs lorsque cela était possible. Douze personnes, qui n’avaient pas de restriction imposée par leurs bailleurs, l’ont fait. D’autres organisations ont fourni aux chercheurs des informations supplémentaires sur leurs projets. Certaines personnes interrogées, dont les bailleurs ne souhaitaient pas que les documents soient partagés, ont partagé oralement certaines de leurs conclusions. Les rapports d’évaluation ont surtout fourni des informations sur les produits du projet, parfois cités en tant que « réalisations », par exemple le nombre de participants ayant assisté à des réunions, formations ou ateliers. Les rapports d’évaluation les plus détaillés, généralement fournis par des organisations internationales, comprenaient quelques informations sur les résultats. Les méthodes d’évaluation peuvent être classées en trois catégories : formelle, informelle et non planifiée (schéma 12). Les personnes interrogées ont souligné la difficulté d’évaluer l’impact des projets ayant de vastes objectifs de développement – par exemple, améliorer l’accès à l’éducation – à court et à moyen terme. Dans ce cas, les personnes interrogées ont indiqué utiliser des méthodes

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Schéma 9 : Théories du changement Activités

Groupe cible

Résultats attendus La construction de tours radio améliorera l’accès à l’information et le nombre de programmes, ce qui augmentera le nombre d’auditeurs des programmes CEV.

Construction d’infrastructures

La construction de salles de classes améliorera l’environnement d’apprentissage et contribuera à améliorer l’accès à des informations crédibles et de qualité.

Aide humanitaire et au développement

Les communautés se sentiront moins démunies lorsqu’elles auront eu accès à des moyens de subsistance, des ressources en eau et des services de santé.

Formation professionnelle

Les jeunes pourront avoir un revenu et ne seront plus tentés par les incitations financières à rallier des groupes extrémistes violents. La coexistence pacifique sera améliorée au sein des communautés.

Promotion de la tolérance et du multiculturalisme

Les tendances à la violence sont réduites lorsqu’on enseigne la tolérance et le multiculturalisme. If vulnerable communities feel accepted they will not fall victim to radicalisation la radicalisation.

PDI

Les conflits et la violence liés aux pâturages seront réduits.

Promotion de la coopération

Les canaux de communication entre OSC et ministères seront améliorés.

Recherche

Mener des recherches fournira des connaissances factuelles aux organisations et informera les décideurs politiques sur les conflits.

Réconciliation

Le sentiment d’injustice est un facteur de mobilisation vers l’extrémisme violent. Des réunions de réconciliation peuvent permettre de répondre aux revendications. Les femmes peuvent prendre soin de leur famille et subvenir aux besoins de leurs enfants. Les enfants qui rejoignent les groupes extrémistes violents sont souvent des enfants des rues. Avec un soutien socioéconomique des communautés, elles chercheront un emploi et l’autosuffisance plutôt que de rejoindre des groupes extrémistes violents.

Autonomisation socioéconomique

Si les PDI peuvent générer des revenus, cela peut atténuer l’insécurité dans la région.

PDI

Les jeunes se sentiront moins frustrés. Ils diffuseront le message et leurs connaissances et continueront le travail de PEV. Les femmes s’engagent à se battre et à protéger leurs droits aux niveaux politique, économique et social.

Autonomisation générale

Autonomiser les femmes sur la facilitation du dialogue afin qu’elles soient moins susceptibles de subir les atteintes des extrémistes.

Légende :

PDI

Jeunes

Enfants

Filles

Communauté

Chefs/ éducateurs religieux

Médias

Femmes

PDI

OSC

Agriculteurs & éleveurs

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

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Activités

Groupe cible

Résultats attendus Empêcher que les jeunes soient recrutés par des groupes extrémistes violents.

Activités de loisirs, culturelles et sportives

Les jeunes sont les plus susceptibles d’être recrutés et doivent construire leur propre identité pour devenir résilients. Créer des citoyens du monde, équipés pour faire face aux défis. Influencer les esprits des enfants et des jeunes lorsqu’ils sont perméables.

Renforcer la résilience

Si des messages positifs sont destinés très tôt aux enfants, alors ils deviendront des citoyens responsables et actifs. Les filles ne seront pas utilisées par Boko Haram pour commettre des attentats suicides. Les perspectives politiques et économiques pour les jeunes marginalisés seront améliorées.

Le recrutement des jeunes diminuera. Ils sont informés et sensibilisés quant à l’importance de la paix et de l’unité. La sensibilisation sur le genre et la jeunesse réduira les injustices et la marginalisation. Sensibilisation

La sensibilisation aux conséquences de l’extrémisme violent dissuadera de rejoindre des groupes extrémistes. Si les communautés connaissent leurs droits, elles s’assureront que les droits humains sont respectés en leur sein. En comprenant leur environnement, ils l’utiliseront à leur avantage.

Contre-discours

En montrant comment la religion est manipulée pour servir la violence, les communautés ne se feront plus berner par la propagande. En diffusant le contre-discours et en augmentant le nombre de gens qui peuvent le diffuser, les communautés resteront résilientes face à l’extrémisme violent.

Soutien psychosocial

L’offre de services de conseil entrainera une diminution du nombre de conflits liés au stress post-traumatique. Meilleure compréhension des conflits et de la façon dont le protocole d’alerte précoce peut améliorer les mécanismes de réponse. Les participants vont apprendre, tester, lancer et mettre en œuvre des projets de PVE.

Capacity building

Les jeunes sont plus susceptibles d’être recrutés et doivent construire leur propre identité pour devenir résilients. Les femmes et les hommes peuvent être des lanceurs d’alerte dans leur communauté. Les membres des communautés peuvent aider à mettre en œuvre des activités humanitaires. L’utilisation des médias traditionnels et nouveaux contribuera à la lutte contre l’extrémisme violent et la promotion de la démocratie, des droits humains et de la bonne gouvernance.

18

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Schéma 10 : Nombre d’organisations menant des évaluations

5

Non indiqué (8%)

35

7

Évalués (52%)

En cours durant le projet* (10%)

20

Non évalués (30%)

*

De nombreux projets étaient encore en cours et n'avaient donc pas encore été évalués, mais les personnes interrogées ont indiqué que l’évaluation serait menée à la fin du projet.

Schéma 11 : Évaluation des projets

17

5

5

8

• En interne • Indépendante • Les deux • Non indiqué

de suivi et des mesures de produits conçues pour évaluer les changements immédiats et les progrès permettant d’atteindre les résultats. De nombreuses organisations, outre des indicateurs de résultats, évaluent leurs projets en utilisant des indicateurs de produits, tels que le nombre de participants et les retours positifs reçus de manière formelle ou informelle. Un large éventail d’indicateurs de résultats et d’impact ont été évoqués, notamment la réduction des actes violents, l’amélioration des relations interculturelles, l’amélioration du sentiment d’inclusion, l’augmentation de l’activisme des jeunes, la volonté d’accueillir les extrémistes

repentants et de leur pardonner, et le nombre de femmes qui peuvent subvenir aux besoins de leur famille. Les indicateurs de produits comprenaient le nombre de participants aux activités, les retours positifs de leur part, le nombre d’heures de programmes radio diffusés par an et l’amélioration des compétences. L’évaluation et les indicateurs utilisés étaient vus de différentes manières. Par exemple, selon une personne interrogée au Nigéria, son organisation évaluait les résultats par la réduction de la violence, mesurée par les rapports de police sur le nombre d’actes liés à l’extrémisme violent.

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

19

La participation, en tant qu’indicateur pour l’évaluation, renvoie au nombre de participants aux activités, mais également à la représentativité ethnique et religieuse. Le club de paix d’une organisation qui a commencé avec 50 membres en 2006 en compte aujourd’hui plus de 8 000. Pour l’organisation, « le succès du club de paix se mesure au nombre de tribus [et] de religions différentes qui y sont représentées et au nombre d’amitiés qui se sont nouées. » Une autre personne interrogée a indiqué que son projet se mesurait par l’implication active des communautés dans le processus de consolidation de la paix (voir Encadré 3, page 23). La participation constitue aussi pour les personnes interrogées une indication du nombre de personnes touchées par le projet. Au Cameroun, le succès d’un projet a été mesuré par le nombre de bandes dessinées distribuées dans le but de sensibiliser à l’extrémisme violent. Le représentant d’un autre projet au Cameroun a dit que la participation d’organisations nongouvernementales locales aux activités du projet serait un signe de succès. Cinq organisations ont signalé spontanément que le maintien du contact avec les participants du projet était une méthode d’évaluation. Pourtant, lorsqu’il leur a été demandé si les projets avaient prévu de rester en contact avec les participants, anciens et actuels, 65 personnes ont dit avoir établi des mécanismes en ce sens sur le long terme, mais sans lien avec l’évaluation. Seules deux personnes interrogées, du Tchad et du Niger, ont dit ne pas rester en contact avec les anciens participants. Les personnes chargées de la mise en œuvre du projet étaient bien conscientes de la nécessité d’appréhender

les résultats de leurs interventions. Par exemple, lorsque les objectifs sont la formation et la sensibilisation, les organisations de mise en œuvre veulent savoir si elles ont pu apporter des changements. Trente personnes interrogées ont affirmé utiliser plus d’une méthode d’évaluation. Par exemple, certains projets demandaient un retour écrit au travers de questionnaires et d’enquêtes immédiatement après l’activité, alors que d’autres demandaient aussi des retours grâce à des groupes Whatsapp.

Financement Il a été demandé aux personnes interrogées de fournir des renseignements liés au financement de leur projet : nom des bailleurs, montants et durée du financement. Les personnes interrogées ont donné des renseignements financiers pour 81 projets ; 26 personnes interrogées ont refusé de communiquer les montants (schémas 13 et 14). Sur tous les pays étudiés, les projets au Nigéria avaient les financements les plus faibles, un projet faisant par exemple état d’un financement de 32 dollars américains. Trente-huit projets ont reçu moins de 100 000 dollars, et 12 projets ont reçu moins de 10 000 dollars. Les organisations internationales disposaient des montants les plus élevés, avec quatorze projets de plus d’un million de dollars chacun. Cinq autres projets ne dépassaient pas 500 000 dollars chacun. Soixante-quatre personnes interrogées ont pu indiquer qui, d’après elles, était le bailleur de leurs projets (schéma 15). Seules trois personnes ne l’ont pas fait. Tel qu’indiqué dans le schéma ci-dessous, beaucoup de

Schéma 12 : Méthodes de suivi et d’évaluation

26 Mesure des indicateurs de résultats

12 Participation

21 Chargé(e) de S&E officiel parmi le personnel

11 Non indiqué

18 Séances de suivi

6

Témoignages positifs

12 Questionnaires d’évaluation

5

Contact maintenu

Formel : Les projets ont été conçus avec un S&E clair et le personnel comprend habituellement un(e) agent(e) chargé(e) de modifier le plan. Informel : Une organisation peut avoir compilé une liste d'indicateurs de résultats à usage interne. Ces organisations reconnaissent tout de même la nécessité de l'évaluation et ont organisé des séances de suivi ou distribué des formulaires d'évaluation après une formation ou un atelier. Non planifié : N’ont pas encore prévu d'évaluer leurs projets ou sont encore occupés par la mise en œuvre du projet. Il s’agit ici des témoignages positifs et de la participation.

20

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Schéma 13 : Financement des projets

15

95

7

16

• Auto-financé • Institution extérieure • Par le gouvernement • Non indiqué

Schéma 14 : Montant du financement par projet (en dollars américains)

0 - 9 999

15

43

13

6

100 000 - 499 999

500 000 - 999 999 16

*

10 000 - 99 999

1 000 000 - 70 000 000

Certaines personnes interrogées au Nigéria, Burkina Faso et Tchad ont indiqué des montants de financement en naira ou en franc CFA. Les organisations financées par des pays européens ont fourni des montants en euros. Le taux de change du 9 juillet 2018 a été utilisé pour convertir tous ces montants en dollars américains.

Schéma 15 : Bailleurs

12 USAID/ OTI

4

PNUD

7 Union européenne

3

Nations Unies

7 Département d’état américain

3

DFID

6 National Endowment for Democracy

2

Banque mondiale

5 Creative Associates

2

France

5 UNICEF

2

Allemagne

4 Global Centre on Cooperative Security

2

Suisse

4 Peace Direct

2

HCR-ONU

4 OXFAM 4 Japon

42 Autre

*

Autres organisations : plus de 42 autres bailleurs ont été mentionnés. Les bailleurs spécifiques à un pays sont étudiés ci-dessous.

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

21

*

54%

an Un de 12 mois ins o M diqué n in o N

15%

15%

18 m ois

3%

8%

Trois ans

2%

3%

Plus de

tro is a ns

De ux an s

Schéma 16 : Durée du financement du projet

La majorité des personnes interrogées n'a pas indiqué la durée du cycle de financement.

« bailleurs » identifiés par les personnes interrogées sont des organisations intermédiaires ou de mise en œuvre qui elles-mêmes sont financées par d’autres sources. Quinze projets ont été décrits comme étant autofinancés : les organisations avaient elles-mêmes levé des fonds (notamment auprès du public) ou elles avaient des donateurs individuels. La plupart des personnes interrogées (sur 67 projets) n’ont pas donné d’informations quant à la durée du financement, sans expliquer pourquoi. La plupart de ceux qui ont donné cette information (schéma 16) ont indiqué que les projets étaient financés pour un an ou moins.

Partenaires de mise en œuvre du projet Les personnes ont été interrogées sur la contribution des membres de la communauté et d’autres organisations, afin d’identifier les acteurs impliqués dans la mise en œuvre des projets. Presque toutes les personnes interrogées ont indiqué travailler en partenariat avec les membres de la communauté et avec d’autres organisations (schémas 17 et 18). Les personnes interrogées ont signalé avoir approché des chefs communautaires et d’autres membres de la communauté pour trois raisons : ils facilitent souvent l’accès à des groupes concernés ; ils disposent d’informations détaillées sur l’histoire et les dynamiques de la communauté, ainsi que les besoins des groupes cibles ; et leur engagement est nécessaire pour garantir la durabilité des interventions.

22

Encadré 3 : L’avantage de soutenir des ONG locales : l’histoire de Michael27 Michael Sodipo a grandi à Kano, dans le Nord du Nigéria. En 2004, à la suite d’une attaque contre des symboles religieux à Jos, des représailles ont ciblé la ville de Kano et Michael, chrétien, a failli être tué. Il a réussi à s’enfuir et à se cacher mais il a perdu tous ses biens, notamment sa voiture, quand des gens en colère ont incendié sa maison. Pendant 19 ans, Michael a vécu dans une ville où il était vu comme un ennemi en raison de sa religion. Conscient que tant d’autres communautés et villages étaient confrontés aux mêmes problèmes et que la marginalisation de groupes religieux et ethniques pouvait nourrir la radicalisation, Michael a créé une organisation nommée Peace Initiative Network (Réseau des initiatives de paix). Dans le cadre de son premier projet, le club de paix, des enfants scolarisés et des jeunes de différentes religions et origines ethniques se réunissent après l’école pour participer à des débats et des matchs de football. Le club de paix a débuté en 2006 avec 50 membres, il en compte aujourd’hui plus de 8 000 dans quatre états du Nigéria. Une personne interrogée dans une organisation internationale travaillant au Nigéria a dit que cette dernière avait davantage de succès parce qu’elle collaborait avec le gouvernement, ce qui conférait au projet un plus grand soutien.

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Les défis liés à la mise en œuvre du projet Les personnes ont été interrogées sur les principaux défis de mise en œuvre de leurs projets. Le financement a été identifié comme le problème principal pour 28 projets. D’autres problèmes concernaient la logistique, la gestion, les compétences et l’expertise (schéma 19). Les différentes circonstances prévalant dans les pays ont posé des difficultés de mise en œuvre. Par exemple, des personnes interrogées au Tchad, au Niger et au

Burkina Faso ont signalé l’existence d’une réglementation du travail accordant aux employés en contrats à durée déterminée deux jours de congés payés par semaine pour chercher un nouvel emploi, dès trois mois avant la fin de leur contrat. Le personnel disposait donc d’un temps réduit pour mener les activités, ce qui a affecté leur moral et le calendrier du projet.28 Certaines personnes interrogées ont dit que les bailleurs ne comprenaient pas la nature de leur travail. Dans un exemple au Tchad, un bailleur (une organisation chrétienne) a insisté pour que son logo soit placé sur la

Schéma 17 : En quoi les membres de la communauté contribuent-ils à la mise en œuvre du projet ?

Total

Contribution

Description Collecte de données avant la conception du projet

27

Planification & exécution

Réunions de parties prenantes pour identifier les groupes cibles vulnérables au sein de la communauté Garantir la cohérence du projet Garantir la durabilité du projet Encourager la participation

27

Appui administratif et logistique

Fournir des lieux et équipements pour les réunions Services de traduction et d’interprétation Créer un environnement propice Liaison entre l’organisation et les groupes cibles

25

Participation

La communauté était le bénéficiaire ou groupe cible du projet

18

Capacités et expertise

Partage des connaissances sur le contexte et de renseignements sur la situation actuelle

Schéma 18 : En quoi d’autres organisations contribuent-elles à la mise en œuvre du projet ?

Total

Contribution

Description A signé un protocole d’accord (MoU) avec une autre organisation A fourni des capacités et/ou des personnes ressources

58

Partenariat

Partage des idées et des connaissances Partage des enseignements tirés Partage des réseaux et des contacts Aide à mener une évaluation externe du projet

16

Soutien financier

Don de fonds

A fourni le transport à l’organisation de mise en œuvre

18

Appui logistique et administratif

Don d’autres aides financières, comme des bourses

A fourni la sécurité et la protection A fourni des lieux et équipements pour les réunions

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

23

banderole d’un événement, alors même que cela pouvait éveiller parmi les chefs d’autres religions des soupçons sur l’objectif caché du projet d’espionner les autres communautés, voire de les convertir au christianisme. La personne interrogée pense que l’organisation a ainsi perdu de sa crédibilité. Deux organisations au Cameroun ont déploré des difficultés à obtenir une autorisation du gouvernement pour pouvoir travailler, qui peut prendre plusieurs semaines en raison de la méfiance du régime vis-à-vis des projets menés par des jeunes. Pour effectuer la

demande, le projet a dû soumettre une liste des sujets évoqués dans ses ateliers ou réunions. Un nombre relativement élevé de projets a identifié la sécurité comme étant une préoccupation, point intéressant à noter pour les bailleurs et les partenaires de mise en œuvre.

Enseignements tirés Les personnes ont été interrogées sur ce qu’elles changeraient si elles avaient l’occasion de mettre à nouveau le projet en œuvre.

Schéma 19 : Défis

Total

Défis

28

Financement

23

Logistique, transport et durée

25

Perception de la communauté et hostilité

17

Manque de soutien

Description Pas de financement disponible Financement insuffisant Lieux insuffisants pour accueillir des réunions et ateliers Difficultés de transport ou absence de route correctes vers les communautés rurales Le groupe cible n’a pas la possibilité de quitter le travail ou l’école pour participer aux ateliers, formations et réunions Perception d’une autre communauté ou groupe cible (habituellement s’il s’agit d’un groupe ethnique ou d’une religion différente) La communauté ou le groupe cible ne voit pas d’intérêt à participer au projet Hostilité envers l’organisation de mise en œuvre Hostilité envers le groupe cible bénéficiaire Absence de soutien de la communauté Absence de soutien des principales institutions du gouvernement Absence de soutien d’autres organisations

15

Insécurité

11

Illettrisme et pauvreté

Attaques permanentes de groupes extrémistes violents Taux de criminalité élevé et attaques au sein de la communauté La communauté ou le groupe cible ne participe qu’en raison de la contrepartie qu’ils reçoivent

24

9

Manque de capacités

6

Peur

4

Bailleur

3

Barrières de la langue

Demande d’argent de la communauté en contrepartie de sa participation ou de son soutien Manuels de formation ou autres documents peu pratiques quand les membres de la communauté ou du groupe cible ne savent pas lire L’organisation ne dispose pas de personnes ressources ou experts pour une activité spécifique L’organisation n’a pas assez de personnel La communauté ou le groupe cible est réticent(e) à participer par peur de représailles de groupes extrémistes violents Le bailleur fait de la micro-gestion de l’organisation de mise en œuvre Le bailleur ne comprend pas le besoin de confidentialité et de vie privée Dialectes au sein des communautés Absence de services d’interprétation ou de traduction

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Schéma 20 : Enseignements tirés

Total

Enseignements

Description Compiler des manuels de formation Rendre les projets plus pérennes Concevoir des projets pour d’autres pays autour du lac Tchad Ajouter une composante culturelle, élément unificateur capable de renforcer la prévention et de contribuer à la résolution pacifique des conflits Concevoir des projets de manière à donner de petites subventions aux communautés Introduire la composante recherche-action pour la paix Nous aurions publié des manuels avec lesquels travailler, nous pourrions mettre en œuvre le projet partout au Tchad, nous aurions plus de spécialistes et nous aimerions faire des vidéos pour montrer les dangers du ralliement aux groupes extrémistes violents Modifier l'approche de mise en œuvre en faveur d’une approche d'information-éducationcommunication (IEC) à travers une grande campagne de sensibilisation sur la prévention de l'extrémisme. Celle-ci consiste à transmettre aux bénéficiaires de nouvelles informations et connaissances sur la prévention de la récidive de l'extrémisme, afin d'empêcher les gens qui ont quitté les groupes d'y retourner. Mécanisme pour cibler les bénéficiaires d’activités génératrices de revenus (qui cible les plus pauvres et ne peut pas générer durablement des revenus)

31

Conception et mise en œuvre

Inclure le renforcement des capacités sur l'égalité entre les sexes et l'inclusion sociale afin de fournir une base commune aux hommes et aux femmes pour surmonter les obstacles culturels qui empêchent les femmes d'occuper des postes d'encadrement dans la prise de décisions et les processus de paix Insister davantage sur l’emploi des jeunes, le renforcement des capacités de non-violence et la citoyenneté Diviser les groupes cibles afin que les hommes, les femmes et les jeunes soient plus à l'aise pour échanger avec leurs pairs Renforcer l’engagement en faveur des droits humains par une journée d’éducation aux droits humains Se concentrer sur la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme qui nuisent à toutes les activités de promotion des droits humains Faciliter l'établissement de comités d'alerte précoce (CAP) composés de chefs traditionnels et religieux, de femmes, de jeunes et de chefs communautaires, au niveau des autorités locales et des communautés Revoir la conception du projet pour l'adapter à la réalité du terrain Revoir la conception des activités pour permettre plus de dialogue et d'interventions dans les écoles Inclure le « divertissement éducatif » dans les activités Prendre en compte les changements dans les politiques gouvernementales Revoir la conception de certaines activités pour inclure la sensibilisation et le renforcement des capacités des institutions gouvernementales afin d'améliorer la mise en œuvre des politiques et des programmes

Les réponses intégrales sont présentées dans le schéma 20. Plusieurs d’entre elles ont donné plusieurs réponses. Trente-huit personnes ont réfléchi aux limites de leur projet et à ce qu’elles changeraient si elles avaient la possibilité de le mener de nouveau à bien. Quand on leur demande ce qu’elles feraient avec un financement plus important, deux personnes

répondent qu’elles donneraient de petites subventions aux communautés et financeraient des initiatives communautaires, et une autre répond qu’elle construirait plus de maisons. Selon une personne au Cameroun, un financement plus important permettrait de payer les services de traducteurs : « les messages doivent être traduits dans les langues locales car il faut les ancrer dans la culture ».

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

25

Total

Enseignements

Description Anciens combattants et déserteurs Communautés vulnérables Institutions gouvernementales Intégrer spécifiquement les villages transfrontaliers dans les zones d'intervention Intégrer davantage d’enseignants

19

Inclure d’autres groupes cibles

Intégrer les familles de victimes d'attaques terroristes comme groupes cibles et lancer des actions d'intégration socioéconomique en leur faveur Intégrer les communautés hôtes des PDI afin qu'elles ne se sentent pas exclues Présence d'un agent de sécurité du début à la fin Impliquer les parents vulnérables dans des ateliers éducatifs et développer des stratégies de travail autonome Intégrer davantage de groupes à risque, comme les jeunes et les femmes Victimes et orphelins de groupes extrémistes violents Communautés

11

Améliorer la

Participation des médias et de journalistes

participation

Aider plus de jeunes à apprendre le commerce et à devenir autonomes Garantir une participation basée sur l’égalité entre les sexes Améliorer la participation des femmes Optimiser la logistique et la gestion administrative Prévoir des horaires qui conviennent à l'audience L'organisation recrutera elle-même des enfants pour les clubs de paix Produire une version vidéo des sketchs et organiser des projections suivies de débats dans les villages et localités les plus exposés, à risque et/ou victimes d'attaques terroristes Renforcer les capacités et équiper les comités, les autorités locales et les SD de téléphones et de numéros gratuits pour faciliter la collaboration et l'échange de renseignements

10

Planification améliorée

Obtenir une fréquence radio FM spécifique à Bamako, où nous n'avons que des radios partenaires, afin de mieux concurrencer la station de radio des Nations unies Mieux prévoir le calendrier Ajouter une nouvelle ligne d'action qui portera sur l'autonomisation économique des jeunes. Les objectifs poursuivis sous cet axe intégreraient les opportunités croissantes d'activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes. Rassembler suffisamment d'outils avant de partir sur le terrain et susciter l'intérêt des groupes cibles afin de mieux faire passer le message Mettre en œuvre les activités dans les zones rurales, pas seulement dans les villes Former les jeunes et les chefs religieux grâce à un manuel de formation adapté Plan de clôture du projet et stratégie de sortie adapté(e) pour le projet Faire en sorte que les manuels de formation soient traduits dans les divers dialectes locaux Services d’interprétation

26

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Total

Enseignements

Description Permettre davantage d’activités

8

Allonger la durée

Les programmes radio devraient avoir un temps d'antenne plus important afin de pouvoir discuter en profondeur des sujets Permettre une évaluation formelle Inclure davantage d’experts pour mener les formations

8

Partenaires de

Nous aurons plus de consultations avec le ministère du Commerce

mise en œuvre

Intégrer des musiciens afin d'attirer l'attention de l'audience Intégrer les ministères de l’État Demander davantage de financement

6

Financement

Demander plus de fonds pour reconstruire plus de maisons Montants alloués aux municipalités pour la construction et la réhabilitation des infrastructures Solliciter des financements auprès de plusieurs sources

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

27

Résumé des principales conclusions par pays Les conclusions sont résumées ci-dessous pour les projets par pays et au niveau régional. Les noms des bailleurs sont ceux qui ont été fournis par les personnes interrogées.

Burkina Faso L’étude a porté sur six projets au Burkina Faso, mis en œuvre par quatre organisations. Schéma 23 : Financements au Burkina Faso (en $)

Schéma 21 : Les projets au Burkina Faso

0 - 9 999

1 Thiou 1

Ouahigoya 1

1 Oula 2

1 Kaya 3 Ouagadougou

500 000 - 999 999

1 Niangoloko

1 000 000 - 70 000 000

*

Schéma 22 : Les groupes cibles au Burkina Faso

*

100 000 - 499 999

1

1 Bobo Dioulasso

16%

10 000 - 99 999

16%

16%

12%

12%

Montants exprimés en dollars américains

12%

12%

Autres : forces de sécurité ; autorités administratives, politiques et douanières ; services de l'État ; conseillers municipaux ; et organisations dirigées par des personnes handicapées.

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

OSC

Autres

Membres actuels

Schéma 24 : Les bailleurs au Burkina Faso

28

4%

1 Ministères burkinabè de la Défense & de la Sécurité

1

EdVenture Partners

1 UNESCO

1

Facebook

1 National Endowment for Democracy

1

Académie Deutsche Welle

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Anciens membres

Cameroun L’étude a porté sur 10 projets au Cameroun, mis en œuvre par six organisations. Schéma 25 : Les projets au Cameroun

Makari Fotokol

1 Blangoua 1 Kobro

3

Mozogo 1

2

Maroua

2 Mora 2 3

0 - 9 999

1 Goulfey

1

Kolofata 1

Zamay

Schéma 27 : Financements au Cameroun (en $)

1 1

Logone-Birni

10 000 - 99 999

1

Maga

Moulvoudaye

100 000 - 499 999

3

500 000 - 999 999

4

*

1 000 000 - 70 000 000

Montants exprimés en dollars américains

Schéma 28 : Les bailleurs au Cameroun

1

Yaoundé

4 Département d’Etat américain 1

UNICEF

3 Japon

1

SIDA

1 Bureau américain de la CEV

1

JICA

1 PNUD

1

UNTFHS

1 TRAC

1

USAID

Schéma 26 : Les groupes cibles au Cameroun

20%

*

15%

15%

10%

10%

10%

5% 5% 5%

5%

Autres : personnes déplacées internes

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

OSC

Autres

Membres actuels

Anciens membres

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

29

Tchad L’étude a porté sur 20 projets au Tchad, mis en œuvre par sept organisations. Schéma 29 : Les projets au Tchad

Schéma 31 : Financements au Tchad (en $)

0 - 9 999

2

5

10 000 - 99 999

100 000 - 499 999 1Lake Chad

Ngouri 1 Baga Sola1 Kaouda 1

1 Moussoro

Bol

2

Ndjamena

1 Hadjar Lamis

10 1 1

1

Abéché

500 000 - 999 999

2

Chari Baguirmi

1 000 000 - 70 000 000

Bongor

1

1

Moundou

*

Sarh

Montants exprimés en dollars américains

Schéma 30 : Les groupes cibles au Tchad

19%

*

16%

13%

12%

10%

9%

9%

3% 3%

3%

Autres : forces de sécurité ; membres du parlement ; chefs communautaires ; parents d’élèves ; enseignants.

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Enfants

Chefs religieux

OSC

Autres

Membres actuels

Anciens membres

Schéma 32 : Les bailleurs au Tchad

30

2 Global Centre on Cooperative Security

1

Agence de développement allemande (GIZ)

2 CCFD

1

Union européenne

2 Ambassade de France au Tchad

1

AFD

1 UNAO

1

Misereor

1 Japon

1

Bread for the World

1 PNUD

1

USAID/ PDEV

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Mali L’étude a porté sur quatre projets au Mali, mis en œuvre par quatre organisations. Schéma 33 : Les projets au Mali

Schéma 35 : Financements au Mali (en $)

0 - 9 999

10 000 - 99 999

1

100 000 - 499 999

2

1 1 1

Gao

500 000 - 999 999

Koulikoro

2

Sikasso

*

Schéma 34 : Les groupes cibles au Mali

19%

*

1 000 000 - 70 000 000

1

Bamako

19%

13%

Montants exprimés en dollars américains

12%

12%

12%

12%

Autres : partis politiques, groupes religieux, associations professionnelles.

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

Autres

OSC

Membres actuels

Anciens membres

Schéma 36 : Les bailleurs au Mali

1 National Endowment for Democracy

1

EIRENE

1 Suède

1

Projet Justice Mali

1 Suisse

1

USAID

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

31

Niger L’étude a porté sur 18 projets au Niger, mis en œuvre par huit organisations. Schéma 37 : Les projets au Niger

Schéma 39 : Financements au Niger (en $)

0 - 9 999

4

10 000 - 99 999

4

100 000 - 499 999

1 Dabaga 3 Agadez

Tillia

2 Tassara 1 Tchintabaraden

1

7Diffa

1 Abalak

1 Bani

4 Tahoua

Bangou

1 Tillabéry

1 Maradi

500 000 - 999 999

1

1 Kaou 4 Zinder

2

*

1 000 000 - 70 000 000

Montants exprimés en Dollars américains

Schéma 38 : Groupes cibles au Niger

19%

*

19%

13%

13%

13%

10%

7%

3% 3%

Autres : élus locaux, gouvernement

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

Schéma 40 : Les bailleurs au Niger

32

11%

3 OXFAM

1

ONU Femmes

2 HCR-ONU

1

LWR

1 Union européenne

1

ONU

1 Gouvernement nigérien

1

Suisse

1 IDDH

1

Royaume-Uni

1 PNUD

1

Conflict Pool

1 Foundation ROSA

1

GENOVICO

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

OSC

Autres

Membres actuels

Anciens membres

Nigéria L’étude a porté sur 71 projets au Nigéria, mis en œuvre par 31 organisations. Schéma 41 : Les projets au Nigéria Kanamma 1

1 Damasak 1 Mobbar 1 Kareto

Yunusari 1

2 Sokoto

Degaltura/ Ngamzai1

13 Borno State 2 Maiduguri

3 Yobe

5 Kano 1 Buhari

1 Maudori

1 Gamari

1 Michika Kaduna

12

Bauchi Jos 3

2 Barkin Ladi

Riyom 2 Abuja

4

2

8 Plateau 2 Nasarawa

State

2 Gombe

5 Mubi

Adamawa 6 State

2 Maiha

1 Jalingo

2 Yola

3 Taraba State

2 Kogi

3 Niger Delta

Schéma 42 : Les groupes cibles au Nigéria

18%

*

16%

13%

12%

11%

10%

10%

4%

3%

3%

Autres : chefs communautaires, forces de sécurité, gouvernement, victimes de Boko Haram.

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

OSC

Autres

Membres actuels

Anciens membres

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

33

Schéma 43 : Financements au Nigéria (en $)

12

0 - 9 999

28

3

100 000 - 499 999

500 000 - 999 999

1

2

*

10 000 - 99 999

1 000 000 - 70 000 000

Montants exprimés en dollars américains

Schéma 44 : Les bailleurs au Nigéria

34

6 Creative Associates

1

Macedonia Trust

4 Peace Direct

1

Friends of Nigeria

4 Union européenne

1

Peace Tech

3 UNICEF

1

British Council

3 USAID/OTI

1

World Faith

3 Nexus Fund

1

OXFAM

3 DFID

1

Pharos Observatory

2 Small Arms Survey

1

CEDEAO

2 Projet stabilité & réconciliation Nigéria

1

Search for Common Ground

2 National Endowment for Democracy

1

Action on Armed Violence through Women Education Programme

2 Global Centre on Cooperative Security

1

ONUDC

2 NERI

1

Women Environmental Programme

1 Philanthropie

1

TYPA

1 Peace Journalism Network

1

Danjuma Foundation

1 Adventure Partners

1

General Board of Global Ministries

1 Groupe international de femmes pour la paix 1 1 Banque mondiale 1

WANEP

1 Commission européenne

1

Holy Rosary Sisters

1 Tony Blair Institute for Global Change

1

DEAR Africa

1 Sisters of Ireland

1

Nigeria Regional Transition Initiative

1 American University of Nigeria

1

Banque mondiale

1 Mennonite Central Committee

1

RURCON

INTERCEP

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Les projets régionaux Douze projets concernaient plusieurs pays. Trois organisations qui mettaient en œuvre six projets ont été interrogées ; trois autres, mettant en œuvre six autres projets, ont posté des informations en ligne sur la conception, les résultats et l’évaluation. Schéma 45 : Projets mis en œuvre au niveau régional

3

Mali

8

Niger

7

Chad

Burkina

5 Faso

2

Nigeria

5

Cameroon

Schéma 46 : Les groupes cibles des projets régionaux

21%

*

18%

11%

11%

10%

8%

8%

8%

5%

Autres : gouvernements, chefs traditionnels, organes régionaux comme la CEDEAO et le G5 Sahel, acteurs de la justice pénale, forces de sécurité.

Jeunes

Communauté

Hommes

Femmes

Chefs religieux

Enfants

OSC

Autres

Membres actuels

Anciens membres

RAPPORT AFRIQUE DE L’OUEST 23 | SEPTEMBRE 2018

35

Schéma 47 : Le financement des projets régionaux (en $)

0 - 9 999

2

10 000 - 99 999

100 000 - 499 999

2

500 000 - 999 999

7

*

1 000 000 - 70 000 000

Montants exprimés en Dollars américains

Schéma 48 : Les bailleurs des projets régionaux

3 USAID

1

Gouvernement du Canada

2 Département d’Etat américain

1

Gouvernement du Danemark

2 PBSO et PBF (ONU)

1

National Endowment for Democracy

2 Union européenne

1

UNICEF

1 Bureau allemand des Affaires étrangères

1

PNUD

Observations Identifier les menaces et concevoir des réponses adaptées Les organisations locales ont relevé des divergences entre communautés locales et acteurs extérieurs sur la définition du terme « menace ». Beaucoup d’organisations ont évoqué de nombreux types de violence et l’inadéquation des activités de PEV pour résoudre dans leur globalité les risques et menaces auxquels sont confrontées les communauté. Par exemple, des personnes interrogées au Nigéria ont évoqué le conflit entre éleveurs peuls/foulanis et agriculteurs ainsi que l’insécurité dans le delta du Niger. La criminalité peut aussi parfois jouer un rôle important. Ce décalage exige de porter une attention plus soutenue à la conception des projets, en particulier ceux portant uniquement sur l’extrémisme violent. Les priorités locales peuvent être très différentes et concerner par exemple des questions structurelles, telles que l’économie, la justice et l’éducation. Il est donc

36

essentiel d’effectuer des consultations locales et un travail de recherche avant de concevoir les projets. Bien que tous les projets ne puissent répondre à tous les besoins, le projet peut inclure des activités de plaidoyer afin que des mesures soient prises par d’autres acteurs, notamment les gouvernements, pour répondre aux autres besoins.

S’attaquer aux facteurs structurels liés à l’extrémisme violent La pauvreté, les inégalités, l’absence de perspectives économiques, la faiblesse des États et de la gouvernance, la corruption, la criminalité, la mauvaise application des lois et les atteintes aux droits humains sont autant de difficultés auxquelles les citoyens font face quotidiennement. Nombre d’entre elles sont directement liées à l’extrémisme violent.29 Les gouvernements, les acteurs du développement et les bailleurs sont alors confrontés à un dilemme quant aux priorités à établir : soutenir des populations entières ou privilégier des groupes considérés comme vulnérables à l’extrémisme violent.

PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Cette étude a révélé que des projets, même de moindre ampleur, tentent d’aborder des enjeux structurels – souvent liés à l’éducation et à l’emploi, voire aux droits humains et à l’État de droit – et que des efforts sont faits pour travailler avec les gouvernements et les autorités locales.

La sensibilisation a été citée comme objectif dans 35 projets, qui visaient à informer les membres de la communauté, les jeunes, les enfants, les chefs et éducateurs religieux sur des thèmes liés à la religion, à la tolérance, aux relations entre groupes et à la compréhension de l’extrémisme violent.

Cependant, même les initiatives les plus efficaces répondront difficilement aux principaux enjeux structurels si elles ne sont pas passées à l’échelle.

Le renforcement de la résilience a été cité comme objectif dans 16 projets. Cette approche est intéressante car elle se focalise sur la résilience plutôt que sur les risques.

Conception, mise en œuvre et évaluation des projets

Activités

Les données de cet échantillon limité de projets montrent un large éventail d’efforts de la part des acteurs locaux, soutenus par de nombreux bailleurs et exécutants, principalement de l’extérieur. Cette étude n’a pas pu déterminer dans quelle mesure les recherches menées localement ont alimenté la conception des projets. Des organisations locales ont indiqué que les projets reposaient sur des connaissances existantes et sur des recherches portant sur les dynamiques locales, les besoins et les groupes cibles. Par exemple, une personne interrogée au Tchad a dit que son travail de renforcement des capacités des institutions judiciaires et légales dans la lutte contre le terrorisme avait été précédé d’une évaluation des capacités existantes. Vingt-huit personnes interrogées ont signalé les « difficultés de financement » comme faisant partie des défis de mise en œuvre du projet. L’insécurité constituait une autre difficulté importante. Les attaques permanentes de groupes extrémistes ne mettaient pas seulement en danger les communautés locales, elles empêchaient également les organisations de faire leur travail, notamment d’apporter une aide humanitaire immédiate. L’une des personnes interrogées a demandé la protection des forces de sécurité. Tous les projets ont proposé des « théories du changement » précises (voir schéma 10) sur le lien entre activités et atteinte des objectifs. Cela étant, le point faible que révèle cette étude est la question du suivi et de l’évaluation. Celle-ci est examinée plus bas.

Objectifs, activités et groupes cibles des projets Objectifs Parmi les objectifs les plus fréquemment mentionnés, 43 projets citent la promotion de la tolérance et du multiculturalisme, tandis que 24 évoquent la promotion de la coopération. Les relations entre groupes ou communautés constituent clairement une priorité.

La radio a élargi la portée des activités de promotion de l’éducation et du dialogue ; 11 personnes ont signalé l’utilisation de ce média, notamment pour promouvoir la paix et encourager les membres des groupes extrémistes à déserter. Son atout principal réside dans le caractère interactif des programmes puisque les auditeurs peuvent téléphoner pour soulever des questions et participer au débat.30 La radio permet de toucher un grand nombre de personnes à moindre coût.31 Les réseaux sociaux se révèlent utiles lorsque le taux de pénétration des téléphones mobiles est élevé chez les audiences cibles. Leur utilisation par des groupes extrémistes est bien connue, son importance dans les efforts de P/CEV l’est moins. Certains projets prévoient le recours aux réseaux sociaux tels que Whatsapp et Facebook pour atteindre des objectifs de P/CEV. Audelà des messages éducatifs, les groupes Whatsapp permettent d’encourager le dialogue et le débat, de soutenir les victimes et de partager des expériences personnelles. Certains projets ont utilisé l’art : musique, théâtre et médias visuels. Des musiciens du pays diffusent des messages de P/CEV, et les arts visuels permettent de toucher des publics très divers. Pour atteindre leurs objectifs, comme le renforcement des capacités et le soutien psychosocial, la plupart des activités favorisent des interactions directes en rassemblant les gens. Ceci nécessite non seulement d’avoir du personnel qualifié, mais aussi des infrastructures tels que des lieux de réunion et des moyens de transport. Ces éléments doivent être pris en compte lors de la conception, de la mise en œuvre et du financement des projets. Groupes cibles Sans surprise, les jeunes étaient le plus souvent au centre des projets examinés dans cette étude. L’Afrique est très jeune ; les personnes âgées de 14 à 25 ans représentent 60 % de la population du continent, et leur nombre

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pourrait doubler pour atteindre les 2,5 milliards d’ici 2050.32 Ces jeunes représentent un potentiel considérable pour bâtir un avenir prospère et pacifique pour l’Afrique, mais pour ce faire, ils ont besoin d’éducation, de formation et d’emplois. Beaucoup de projets examinés ici considèrent les jeunes avant tout pour les risques qu’ils représentent, et notent leur réceptivité aux messages extrémistes et à l’appât du gain. Cependant, les jeunes offrent également de nombreuses possibilités de renforcement de la résilience à travers leurs rôles au sein des communautés : ils sont membres de la famille, amis, parents et participants à des activités culturelles. Les possibilités sont multiples et la programmation des activités devrait y accorder une attention plus soutenue. Cette étude a établi peu de distinctions entre les rôles des jeunes hommes et des jeunes femmes ou entre les jeunes et les enfants. Cependant, il ressort clairement que bien plus d’efforts en faveur des enfants et des jeunes sont nécessaires, ce qui se fera principalement par de meilleures réponses sur le plan structurel. Les femmes sont largement reconnues dans les projets examinés. Les femmes font partie des bénéficiaires dans la plupart des projets. Davantage d’enseignements peuvent être tirés des initiatives les impliquant, en particulier celles qui sont conçues et menées par des femmes, comme les groupes Whatsapp « 100 femmes » évoqués plus haut. De nombreux projets ont mis l’accent sur la formation professionnelle des femmes. L’une des personnes interrogées au Nigéria s’est demandée : « Comment les femmes peuvent-elles subvenir à leurs besoins en période de violence ? Elles deviennent les soutiens de famille lorsque leur mari meurt, et elles doivent éduquer leurs enfants. Si elles ne peuvent offrir ces choses à leur famille, cela les traumatise encore plus. »33

Les chargé(e)s de mise en œuvre du projet Les OSC ou organisations communautaires locales détiennent des connaissances importantes dont manquent parfois les organisations étrangères, notamment sur l’histoire de la communauté, les dynamiques locales, les relations informelles, les réseaux et les normes culturelles. Cependant, elles ne disposent pas toujours de toutes les compétences requises pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer un projet. De nombreux projets examinés dans cette étude collaborent avec les communautés locales et d’autres

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organisations afin d’atteindre leurs objectifs, en particulier lorsque des compétences techniques sont requises. Cependant, lorsque des organisations et des chargé(e) s de mise en œuvre sont impliqués, le rôle des membres de la communauté (autres que les bénéficiaires directs du projet) se limite parfois à des consultations et à fournir l’accès demandé. Certains indices tendent à montrer que les organisations extérieures spécialisées dans le développement sont peut-être plus conscientes de ces problèmes que d’autres organismes faisant de la P/CEV. Cette question requiert davantage de recherche et d’évaluation.

Description des projets Les projets de PEV examinés dans le cadre de cette étude sont tous des projets communautaires dirigés par diverses organisations locales, internationales et bailleurs. Les recherches n’ont pas révélé l’existence de projets de P/CEV purement gouvernementaux. Bien que les activités gouvernementales en matière de développement ne relèvent pas de la PEV, il pourrait être utile, dans de futures recherches, d’examiner dans quelle mesure les projets gouvernementaux portant sur les enjeux de développement, de gouvernance et de justice, dans des zones où la menace de violence est élevée, peuvent aussi avoir un impact sur ce problème.

Les termes tels que « consolidation de la paix » et « prévention des conflits » ont été utilisés par 45 % des organisations dans cette étude Les termes tels que « consolidation de la paix » et « prévention des conflits » ont été utilisés par 45 % des organisations qui ont participé à cette étude. Ceci tend à prouver qu’il serait utile d’intensifier les échanges entre ces domaines et celui de la P/CEV.

Financement et durée des projets Moins de la moitié des projets étudiés (46 %) ont révélé la durée de leur financement. Parmi ceux qui ont fourni cette information, la plupart ont indiqué une durée de financement d’un an (15 % du total des personnes interrogées) ou moins (15 %). Ceci pose la question de l’impact que peuvent avoir ces organisations sur des périodes aussi courtes, question qui n’a toutefois pas été traitée dans cette étude.

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Sur le financement, les personnes interrogées se sont concentrées sur les objectifs qu’elles pouvaient atteindre avec les fonds alloués, tout en affirmant qu’il aurait été utile de disposer de financements supplémentaires. Selon une personne interrogée au Nigéria, « la reconstruction de six maisons, sur plus de 250, est trop peu significative pour avoir un réel impact. Afin de recommencer ce travail, nous allons mobiliser davantage de fonds pour que plus de gens puissent en bénéficier et soient dans un meilleur état d’esprit pour participer à d’autres activités de guérison. » Il serait intéressant de disposer d’éléments supplémentaires sur les financements afin de comparer les montants accordés aux organismes internationaux et ceux alloués aux OSC ou aux organisations communautaires locales.

Relations entre les projets de P/CEV et d’autres mesures antiterroristes Nous avons noté relativement peu de tentatives explicites d’aligner les projets de P/CEV sur les mesures antiterroristes. Dans de nombreux cas, la séparation entre les interventions sécuritaires et sociales peut s’avérer nécessaire, en particulier si des interactions passées ont creusé le fossé entre populations locales et forces de sécurité. Au Burkina Faso, un projet financé par le gouvernement travaille à l’amélioration des relations entre les populations civiles et les militaires. Alors que le projet semble focalisé sur le renseignement, sa mise en œuvre dans tout le pays pourrait améliorer la coopération et la confiance entre les communautés locales et les militaires, ce qui pourrait contribuer à la lutte antiterroriste et la P/CEV.

Suivi et évaluation Comme indiqué plus haut, le suivi et l’évaluation sont les points les plus faibles des projets examinés. D’après le schéma 10, 35 personnes sur 67 ont déclaré que leurs projets avaient été évalués, dont 17 en interne, et sept autres qu’elles prévoyaient de le faire. Bien que les documents fournis par des organisations internationales insistent sur cette question, les OSC et les acteurs communautaires lui accordent peu d’attention. Comme noté en introduction, il est essentiel pour mieux construire les initiatives actuelles et futures de P/CEV de parvenir à une meilleure compréhension des résultats des projets et d’établir des données factuelles, reposant sur la pratique. Malgré les nombreuses et solides théories intégrées aux projets, ces derniers font office de pilotes et leurs résultats sont cruciaux pour orienter les pratiques et investissements futurs. Les projets doivent être élaborés à partir de recherches menées localement, leurs actions doivent être documentées, leurs produits et résultats évalués, et ces derniers rendus publics.34 Ces mesures peuvent permettre d’établir un corpus de connaissances qui seront utilisées dans les futurs politiques et programmes. Il s’agit entre autres d’identifier les petits projets qui ont réussi et de trouver le moyen de les passer rapidement à l’échelle. Il est donc nécessaire d’investir suffisamment dans ces processus et que les exécutants et les bailleurs reconnaissent leur importance d’un point de vue global. Ceci est d’autant plus important que la P/CEV est un champ encore en friche.

Le financement et la mise en œuvre d’initiatives de P/CEV suscitent à l’évidence un enthousiasme marqué Plusieurs projets, en particulier les projets régionaux, de plus grande envergure, travaillent avec les agences de justice pénale. L’un de ces projets consiste à développer un guide pratique à l’intention des citoyens sur la collaboration avec les forces de défense et de sécurité afin de contribuer à la PEV et à la lutte antiterroriste. Des OSC locales mènent également des initiatives pour améliorer les relations entre les communautés, la justice pénale et les autorités locales. L’une des personnes interrogées au Tchad, par exemple, a indiqué que l’objectif du projet était de renforcer les capacités de la justice pénale afin de lutter contre le terrorisme dans le respect des droits humains. Ces contributions sont vraiment cruciales pour les efforts de P/CEV et doivent être encouragées. Lorsqu’il est possible de coopérer avec les agences de sécurité et de justice, les activités de P/CEV peuvent être très utiles sur un certain nombre de fronts. Dans l’immédiat, les interventions de la communauté peuvent aider les groupes vulnérables, tels que les enfants arrêtés pour terrorisme et victimes du terrorisme. Dans cette optique, l’établissement de relations de coopération apporterait de la valeur ajoutée aux efforts de P/CEV. De nombreuses activités de P/CEV intègrent la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit.

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Par exemple, une organisation au Tchad se concentre sur l’activisme en faveur de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit. Elle fait de la sensibilisation et de la formation, donne des conseils juridiques et visite des lieux de détention. L’attention portée à ces questions, ainsi que les actions évoquées plus haut, sont au cœur du travail de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. Ces questions doivent aussi être au centre des évaluations, quels que soient les objectifs directs de ces projets.

Recommandations La diversité des projets examinés dans le cadre de cette étude signale à l’évidence un enthousiasme marqué pour le financement et la mise en œuvre d’initiatives de P/CEV, quelles que soient les différentes méthodes employées. Les recommandations suivantes sont proposées sur la base de ces conclusions : • La P/CEV doit aller au-delà des projets à l’échelle communautaire. Des efforts doivent être faits pour traiter les facteurs structurels à l’origine des revendications et qui sont connus pour être associés à l’extrémisme violent, ainsi qu’à d’autres difficultés que subissent les citoyens. Les gouvernements doivent mieux communiquer sur leurs efforts et leurs progrès en matière de développement, de gouvernance et de justice, au niveau local et plus largement.

Les institutions de P/CEV et de lutte antiterroriste doivent trouver des moyens plus efficaces de mesurer les progrès réalisés • Les acteurs internationaux de la P/CEV doivent établir un recueil de données sur le sujet. Ceci suppose d’investir dans la conception, l’évaluation, l’élaboration des documents de projets et le partage des connaissances dans ce domaine. Ces mesures permettront également d’établir la PEV comme champ d’action légitime. • Les institutions de P/CEV et de lutte antiterroriste doivent mesurer plus efficacement les progrès accomplis (par exemple avec des évaluations fiables et des analyses longitudinales) et mettre les gouvernements face à leurs obligations en matière de gouvernance, de justice et de développement. • Les bailleurs et les organisations de mise en œuvre doivent travailler avec les communautés afin de

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comprendre les menaces telles qu’elles sont vécues localement, ainsi que les besoins spécifiques des bénéficiaires. Les projets doivent dépasser le prisme de la PEV et concevoir des initiatives plus larges afin d’aborder également la prévention de la violence au niveau local. • Les bailleurs et les professionnels doivent s’assurer que les initiatives de lutte antiterroriste et de P/CEV ne conduisent pas à des violations des droits humains, à des discriminations ou à une stigmatisation. Ils doivent enquêter sur les plaintes pour violations de droits humains, établir des codes de conduite et informer le public des mesures prises contre les auteurs de violations. • Les organisations de mise en œuvre et les bailleurs en matière de P/CEV doivent capitaliser sur les enseignements tirés et les méthodes développées dans la prévention d’autres formes de violence afin d’améliorer la conception et l’impact des projets, tant sur le fond que sur la forme (par exemple, l’utilisation de la radio pour étendre le champ d’intervention et réduire les coûts). Il peut s’agir entre autres d’organiser régulièrement des débats locaux pour discuter de sujets clés, tels que les enseignements tirés. • Les bailleurs doivent soutenir directement les organisations locales dans la conception, la mise en œuvre, l’évaluation et l’élaboration des documents de projets, et contribuer à répondre à d’autres besoins, tels que le renforcement des capacités, la pérennité des projets et la sécurité du personnel.

Conclusion Cette étude a analysé des initiatives de P/CEV sélectionnées dans six pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Cet échantillon limité a permis de tirer de nombreux enseignements, notamment sur les priorités des organisations de mise en œuvre, leurs difficultés et leurs besoins ainsi que les leçons qu’elles tirent de leur expérience. De nombreux enseignements pourraient être tirés des projets de P/CEV existants et futurs, mais cela se produit peu en raison du manque d’attention accordée à l’évaluation, la documentation et le partage des résultats. Cette limite entrave sérieusement la capacité des personnes chargées de concevoir et d’élaborer les projets à apprendre les unes des autres et à établir la crédibilité et la légitimité de leur travail de P/CEV.

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Annexe 1 : Organisations participantes L’Institut d’études de sécurité remercie les organisations suivantes et leur personnel pour leur aimable participation à ce projet de recherche. Attah Sisters Helping Hand Foundation (ASHH), Nigéria

IDP Goods, Cameroun

Association des jeunes juristes et sympathisants de Sikasso (AJJSS), Mali

Inganta Rayuwa Peace Network, Nigéria

Association burkinabé d’action communautaire (ABAC-ONG), Burkina Faso Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), Tchad Association rayons de soleil, Cameroun Association pour l’enseignement coranique et la protection des enfants mouhadjirine (AECPEM), Tchad Association jeunesse pour la paix et la non-violence (AJPNV), Tchad Alternative espaces citoyens (AEC), Niger Association pour le dialogue entre les jeunes de diverses religions (ADJR), Tchad Amicale université populaire, Tchad Collectif des organisations de défense des droits de l’homme et de la démocratie (CODDHD), Niger

Interfaith Council of Muslim and Christian Women’s Associations, Nigéria Islamic Counselling Initiatives of Nigeria (ICIN), Nigéria International Centre for Peace, Charities and Human Development (INTERCEP), Nigéria International Republican Institute (IRI), Niger, Mali et projet régional Kingsfaith Development and Youth Empowerment Initiative, Nigéria Leadership Initiative for Transformation and Empowerment (LITEAfrica), Nigéria Media Women for Peace, Cameroun Mouvement des jeunes pour le développement et l’éducation citoyenne (MOJEDEC), Niger North East Youth Initiative for Development, Nigéria New Era Educational and Charitable Support Foundation, Nigéria

Care Fronting Nigeria, Nigeria Club de Madrid, Nigéria

Neem Foundation, Nigéria

Children and Young People Living for Peace, Nigéria

ONG Jeunesse-enfance-migration-développement (JMED), Niger

Christian Foundation for Social Justice and Equity (CFSJE), Nigéria

ONG Adkoul, Niger

Conflict Resolution Trainers Network (CROTINN), Nigéria

Organisation pour la réflexion, la formation et l’éducation à la démocratie et au développement (ORFED), Mali

Centre for Environment, Human Rights and Development (CEHRD), Nigéria

Peace Empowerment Foundation, Nigéria

Centre for the Advocacy of Justice and Rights (CAJR), Nigéria

Peace Initiative Network (PIN), Nigéria

Centre for Environmental Education and Development, Nigéria

Women Against Violent Extremism (WAVE), Nigéria

Centre for Peace, Education and Community Development, Nigéria

Tabara Youth Transformation Initiative (TYTI), Nigéria

Club UNESCO de l’Université Abdou Moumouni (CUAM), Niger

Taimako Community Development Initiative, Nigéria

Cadre africain de coopération civilo-militaire (CCCM), Burkina Faso

United Nations Development Programme (UNDP), Cameroun, Tchad et projet régional

CRADHE, Tchad Community Policing Partners for Justice, Security & Democratic Reform, Nigéria Development Initiative of West Africa (DIWA), Nigéria Development, Education and Advocacy Resources for Africa (DEAR Africa), Nigéria Djamah-Afrik, Tchad

United States Agency for International Development (USAID), Cameroun et projet régional Réseau panafricain pour la paix, la démocratie et le développment (REPPADD), projet régional United Nations Office for Drugs and Crime’s Terrorism Prevention Branch (UNODC), projet régional

Emergency Preparedness and Response Team (JDPC), Nigeria

United Nations Peacebuilding Support Office (PBSO), Niger et projet régional

EducommunicAfrik, Burkina Faso

Women and Girl Child Rescue and Development Initiative, Nigéria

Fantsuam Foundation, Nigéria

Youths for Peace Building and Development in Africa (YOUPEDA), Nigéria

Federation burkinabé des associations, centres et clubs UNESCO (FBACU), Burkina Faso Fondation Hirondelle, Niger et Mali

Youth Initiative Against Violence and Human Rights Abuse (YIAVHA), Nigéria

Hope for the Needy Association (HOFNA), Cameroun

Youth Progressive Association in Taraba (TYPA), Nigéria

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Annexe 2 : Questionnaire Renseignements sur la personne/l’organisation interrogée Nom :__________________________________________________________________________________________________ Nom de l’organisation :____________________________________________________________________________________ Titre :___________________________________________________________________________________________________ Quelles fonctions assurez-vous dans le cadre des projets examinés ? :___________________________________________

Section 1 – Connaître l’organisation de mise en œuvre 1.1  Informations quant au projet : Nom du projet

Situation géographique

Pays

Bailleur

Financement • Montant • Durée

1.2  Informations quant aux projets liés à l’extrémisme violent : Nom du projet

Situation géographique

Pays

Bailleur

1.3 Votre organisation est-elle :

  Non-gouvernementale



  Institution gouvernementale

1.4 Votre organisation est-elle enregistrée sous le statut :

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  Non-lucratif



  Lucratif

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Financement • Montant • Durée

Section 2 – Connaître les interventions 2.1  Comment décrivez-vous le travail de votre organisation de manière générale ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.2  Comment décrivez-vous généralement votre projet ? De quel type de projet s’agit-il ? Oui

Non

Prévention de l’extrémisme violent Antiterrorisme Lutte contre l’extrémisme violent Consolidation de la paix Prévention des conflits Autre 2.3  Quels sont les objectifs de votre projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.4  Quelles activités menez-vous dans le cadre de votre projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.5  Pourquoi avez-vous choisi cet ensemble d’activités ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.6  Quels résultats pensez-vous atteindre grâce à ces activités ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.7  En quoi vos activités réduiront-elles les risques associés à l’extrémisme violent ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________

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2.8  En quoi les membres de la communauté contribuent-ils à votre projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.9  En quoi d’autres organisations contribuent-elles à votre projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.10  En quoi pensez-vous que cet ensemble spécifique d’activités entraînera les résultats mentionnés ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.11  Comment mesurez-vous les résultats du projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.12  Le projet a-t-il fait l’objet d’une évaluation ?______________________________________________________________ Si c’est le cas, s’agit-il d’une évaluation interne ou indépendante ?_______________________________________________ Si c’est le cas, pourriez-vous nous envoyer de la documentation sur votre évaluation ?______________________________ Si ce n’est pas le cas, pourriez-vous nous communiquer quelques-unes des principales conclusions ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.13  (Si aucune évaluation n’a eu lieu) : Quelles réalisations attendez-vous du projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.14  Quels défis principaux avez-vous connu durant la mise en œuvre de ce projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 2.15  Si vous deviez de nouveau mettre en œuvre le projet, que changeriez-vous ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________

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PRÉVENIR L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE

Section 3 – Connaître le groupe cible Nous souhaitons comprendre quel est le groupe cible de ce projet. 3.1  Qui est/sont le(s) groupe(s) cible(s) ? Quelle est la répartition des genre ?

Quelle est la tranche d’âge ?

Enfants (merci d’indiquer les tranches d’âge) Jeunes (merci d’indiquer les tranches d’âge) Femmes Hommes Communauté (merci de préciser) Anciens membres (n’ayant pas forcément participé aux combats) / déserteurs Chefs religieux Membres de groupes extrémistes violents (merci de préciser) Organisations de la société civile / Organisations non-gouvernementales (merci de préciser) Autres 3.2  Pourquoi votre projet a-t-il choisi ce(s) groupe(s) cible(s) ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 3.3  Comment les avez-vous impliqué(e)s dans le projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 3.4  Pourquoi ce(s) groupe(s) cible(s) ont-ils eu priorité sur d’autres groupes de la communauté ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 3.5  Pendant combien de temps le projet a-t-il fonctionné ? Est-ce votre premier projet ou y a-t-il des groupes qui ont terminé le projet ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________

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3.6  Combien de personnes participent actuellement au projet ? Groupes

Hommes

Femmes

3.7  Restez-vous en contact / prévoyez-vous de rester en contact avec les participants / anciens participants ? _______________________________________________________________________________________________________ _______________________________________________________________________________________________________ 3.8  Connaissez-vous d’autres organisations dans la région que nous pouvons contacter pour notre recherche ? Nom de l’organisation :____________________________________________________________________________________ Intitulé du projet :_________________________________________________________________________________________ Coordonnées :___________________________________________________________________________________________

Notes de fin 1

Assemblée générale des Nations unies, The United Nations global counter-terrorism strategy, A/RES/60/288, 20 September 2006, https://www.un.org/en/ga/search/view_doc. asp?symbol=A/RES/60/288&Lang=F.

2

Nations unies, Hailing new United Nations Counter-Terrorism Office, Sixth Committee speakers stress that root causes must be addressed in tackling global threat, 2 octobre 2017, GA/L/3541, https://www.un.org/press/en/2017/gal3541.doc. htm.

3

Assemblée générale des Nations unies, Plan d’action pour la prevention de l’extrémisme violent, A/70/674, 24 décembre 2015, https://www.un.org/ga/search/view_doc. asp?symbol=A/70/674&Lang=F.

4

5

Assemblée générale des Nations unies, Plan d’action pour la prevention de l’extrémisme violent, A/70/674, 24 décembre 2015, https://www.un.org/ga/search/view_doc. asp?symbol=A/70/674&Lang=F. Programme des Nations unies pour le développement, Preventing violent extremism through promoting inclusive development, tolerance and respect for diversity, www. undp.org/content/undp/en/ home/librarypage/democraticgovernance/conflict-prevention/ discussion-paper---preventingviolent-extremism-through- inclusiv.html, 10.

6

Assemblée générale des Nations unies, Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 16 décembre 1966, Recueil des traités, vol. 999, p. 171, article 49.

7

Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Report of the special rapporteur on the promotion and protection of human rights and fundamental freedoms while countering terrorism, 22 février 2016, https://documents-dds-ny. un.org/doc/ UNDOC/GEN/G16/088/68/PDF/G1608868. pdf?OpenElement.

8

Global Solutions Exchange, http://www.gsxpve.org/

9

C Frank, How human rights and the rule of law can address terrorism, Africa in the World Report 3, septembre 2017.

10 JL Striegher, Violent-extremism: an examination of a definitional dilemma, 2015, http://ro.ecu.edu.au/cgi/viewcontent. cgi?article=1046&context=asi. 11 US Joint Chiefs of Staff, DOD dictionary of military and associated terms, août 2018, www.jcs.mil/Portals/36/ Documents/Doctrine/pubs/dictionary.pdf. 12 Canterbury Christ Church University, Government definitions of extremism, radicalisation and terrorism, avril 2016, https:// www. canterbury.ac.uk/university-solicitors-office/docs/ governmentdefinitions-of-extremism-radicalisation-and- terrorism.pdf. 13 US Joint Chiefs of Staff, Counterterrorism, Joint Publication 3-26, 24 octobre 2014,http://www.jcs.mil/Portals/36/ Documents/Doctrine/pubs/jp3_26.pdf 14 Agence suédoise pour la coopération et le développement international, Thematic overview: preventing violent extremism (PVE) through development, décembre 2017, www.sida.se/ globalassets/sida/ eng/where-we-work/for-partners/s209461_ thematicoverview_ preventing_violent_extremism_webb-003_ final.pdf. 15 2014 National Network of Fusion Centers final report: glossary, https://www.dhs.gov/sites/default/files/publications/2014%20 Final%20Report_Glossary.pdf. 16 J Parsons, C Gokey and M Thornton, Indicators of inputs, activities, outputs, outcomes and impacts in security and justice programming, Department for International Development,

15 octobre 2013, https://assets.publishing.service.gov.uk/ government/uploads/system/uploads/attachment_data/ file/304626/Indicators.pdf. 17 Peace Direct, www.peacedirect.org. 18 Agence américaine pour le développement international, Cameroon peace promotion project, October 2016, www.usaid. gov/sites/default/ files/documents/1860/CP3%20Fact%20 Sheet%20Oct%20 2016.pdf. 19 International Centre for Peace, Charities and Human Development (INTERCEP), réponse écrite au questionnaire, 26 juin 2018. 20 Association pour le dialogue entre les jeunes de diverses religions (ADJR), réponse écrite au questionnaire, 18 mai 2018. 21 Development Initiative of West Africa (DIWA), entretien, 6 avril 2018. 22 Peace Direct, Local voices for peace in northern Nigeria: the views of local civil society on the causes of violent conflict in the region and the prospects for peace, 28 décembre 2016, https://reliefweb.int/report/nigeria/local-voices-peace-northernnigeria. 23 Peace Direct, Local voices for peace in northern Nigeria: the views of local civil society on the causes of violent conflict in the region and the prospects for peace, Peace Direct, 28 décembre 2016, https://reliefweb.int/report/nigeria/local- voices-peacenorthern-nigeria 24 Association pour l’enseignement coranique et la protection des enfants mouhadjirine, réponse écrite au questionnaire, 28 mars 2018. 25 Women Against Violent Extremism, WAVE 100 women, 2018, https://wavenigeria.org/what-we-do/. 26 New Era Educational and Charitable Support Foundation, réponse écrite au questionnaire, 9 avril 2018. 27 C Fraser, Peace talks: my experience of violence and of building peace, Peace Direct, 2017, www.peacedirect.org/ peace-talksmy-experience-violence-building-peace/. 28 Agence américaine pour le développement international, Peace through development II, novembre 2016, https://pdf.usaid.gov/ pdf_ docs/PA00MPDP.pdf. 29 Programme des Nations unies pour le développement, Journey to extremism in Africa, 2017, http://journey-to-extremism.undp. org/content/downloads/UNDP-JourneyToExtremism-report2017-english.pdf. 30 D Smith and S Wolters, Radio, social media and language as an agent in conflict: a case study of Dandal Kura Radio 31 International in the Lake Chad Basin, in The fabric of peace in Africa: looking beyond the state. 32 D Smith and S Wolters, Radio, social media and language as an agent in conflict: a case study of Dandal Kura Radio 33 International in the Lake Chad Basin, in The fabric of peace in Africa: looking beyond the state. 34 R. Kweitsu, Africa’s growing youthful population: reflections on a continent at a tipping point, Fondation Mo Ibrahim, 6 avril 2017, http://mo.ibrahim.foundation/news/2017/africas-growingyouthful-population-reflections-continent-tipping-point/. 35 Women and Girl Child Rescue and Development Initiative, entretien, 12 juin 2018. 36 C Frank, How human rights and the rule of law can address terrorism, Africa in the World Report 3, septembre 2017

À propos du rapport Afrique de l’Ouest de l’ISS Les rapports Afrique de l’Ouest proposent les résultats d’analyses poussées sur les problématiques actuelles liées à la sécurité humaine dans la région. Certains rapports analysent les grandes tendances des conflits et des menaces pour la paix et la sécurité, tandis que d’autres se concentrent sur les défis auxquels la région fait face, tels que la réforme du système électoral, la corruption ou les conflits intraétatiques.

À propos des auteures Isel van Zyl est chercheuse à l’ISS au sein du Programme sur les menaces transnationales et la criminalité internationale. Cheryl Frank dirige le Programme de l’ISS sur les menaces transnationales et la criminalité internationale.

À propos de l’ISS L’Institut d’études de sécurité établit des partenariats pour consolider les savoirs et les compétences afin de bâtir un meilleur futur pour l’Afrique. L’ISS est une organisation africaine à but non lucratif ayant des bureaux en Afrique du Sud, au Kenya, en Éthiopie et au Sénégal. L’ISS fait usage de ses réseaux et de son influence pour proposer aux gouvernements et à la société civile des analyses pertinentes et fiables, ainsi que des formations pratiques et une assistance technique.

Remerciements Ce rapport est publié grâce au soutien du gouvernement de la Norvège. L’ISS remercie également les membres de son Forum de partenariat pour leur soutien : la fondation Hanns Seidel, l’Union européenne et les gouvernements de l’Australie, du Canada, du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède et des États-Unis.

© 2018, Institut d’études de sécurité Les droits d’auteur de l’ensemble de ce document sont conférés à l’Institut d’études de sécurité et aux auteures, et aucune partie ne peut être reproduite en tout ou en partie sans l’autorisation expresse, par écrit, des deux auteures et des éditeurs. ISSN 2617-8184 Print ISSN 2617-8192 Digital

Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de l’Institut, de ses fiduciaires, des membres du Conseil consultatif ou des bailleurs de fonds. Les auteures contribuent aux publications de l’ISS à titre personnel. Image de couverture : © Amelia Broodryk/ISS 9

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