Peter Jackson, seigneur du cinéma fantastique

vie et une âme à des créatures atypiques. Alors qu'Avatar ... pause de courte durée entre King Kong et The Lovely Bones, Peter Jackson confie que ses futurs.
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Peter Jackson, seigneur du cinéma fantastique

Peter Jackson est de retour avec la sortie en salle du deuxième volet du Hobbit: La désolation de Smaug. Retour sur le style mystérieux et merveilleux d'un cinéaste que la nature inspire.

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eter Jackson a sans doute redonné le goût de l'aventure au septième art durant cette dernière décennie. Il a réussi là où tant d'autres ont échoué. Il est capable d'intégrer des effets spéciaux numériques atteignant des niveaux de photoréalisme impressionnants à cette dimension dramatique indispensable dans ses films. On peut dire que le cinéaste aime se compliquer la tâche. La difficulté technique le motive à chaque film, et pour notre plus grand plaisir, à nous offrir la meilleure expérience visuelle et sonore. Sa passion et son respect total pour le 7ème Art le pousse à révolutionner le cinéma. Ce geek des années 2000 cherche continuellement à ce que le public accepte et croit en ses personnages virtuels, à l'image de Gollum ou de King Kong. Pas question de reprendre l'ancienne marionnette et les déguisements ridicules du remake de 76, Peter Jackson souhaite créer un King Kong crédible, unique et doté d'un charisme à l'écran jamais atteints par un acteur en images de synthèse. Après l'expérience du Seigneur des Anneaux, il s’attarde à animer Kong grâce à la capture des mouvements d'Andy Serkis qui seront recréés en images de synthèse. Loin de s'arrêter là, il envoie son comédien étudier les gorilles en Afrique. Très vite la Motion-capture issue des jeux vidéo s’avère comme

une évidence, mais les mouvements très subtils du visage, comme la respiration ou les déformations dues à l’acting, restent des paramètres aléatoires. Arrive l'idée du réalisateur de coupler la Mocap avec de l’animation key-frame, c’est-à-dire avec des points clés que l’animateur 3D pose manuellement, pour gérer ces problèmes. Enthousiasme, Jackson a réussi a donner une vie et une âme à des créatures atypiques. Alors qu'Avatar promet de démocratiser l’utilisation de la 3D pour ce type de blockbusters, Peter Jackson prend la décision de tourner sa nouvelle trilogie en haute fréquence en exploitant la technologie HFR (High Frame Rate). Dans le but de rendre l'immersion maximale dans le monde de Tolkien, le film est tourné en 48 images par secondes. Ce format new look apporte du rythme à l'action puisque la vitesse d'enregistrement et de projection sont synchrones. Que l'on soit en forêt ou en grotte abyssale, les scènes sont métamorphosées et deviennent spectaculaires. Véritable révolution pour le grand écran, cette nouvelle technologie va, selon le cinéaste, s'imposer dans les prochaines années.

L'écologie se rattache à l'univers Jackson Difficile de regarder une œuvre de Peter Jackson sans distinguer l'aspect écologique qui est très à la mode aujourd'hui. Dans la saga du Seigneur des anneaux, il avait d’ores et déjà abordé cette thématique environnementale. Dans Les Deux Tours, il y a par exemple ce passage où l’on voit la prise de l’Isengard par les Ents, des arbres contre des Uruk-hai, êtres hybrides issus d’un croisement entre des Gobelins et des Orques fabriqués par Saroumane. Il est donc évident que ce message soit de nouveau abordé dans Le Hobbit, dont de nombreux passages ont pour décors la forêt et la nature comme habitat, et où les paysages sont prépondérants. Il faut savoir que Tolkien se rattache clairement au courant anglo-saxon de l’éco-littérature. Déjà dans les années 1960, les hippies et leur "Flower power" avaient perçu ce message sur la préservation de la nature. Peter Jackson aime la terre, surtout celle du Milieu. Ses souvenirs d'enfance l'amènent à tourner au pays du long nuage blanc. D'ailleurs, il s'amuse à dire que «la Nouvelle-Zélande n'est pas un petit pays mais un grand village». Les caméras du cinéaste sillonnent ces couchers de soleil renvoyant une authentique nature sauvage. C'est ce qui fait l'univers si singulier de Jackson avec son ton et son atmosphère unique. Le réalisateur prend soin de placer le décor et installer une ambiance. Outre la saga du Seigneur des Anneaux, King Kong montre bien cette spécificité du Néo-zélandais. Fort de l’expérience acquise dans les effets spéciaux et la gestion de gros projets,

Jackson pouvait sans trembler s’attaquer à ce mythe du septième art et livrer sa copie revue et corrigée au goût du jour numérique. Le thème de l’aventure garde toute son importance mais le cinéaste se recentre sur le genre de ses débuts, comprenez la dramaturgie. Il aime mettre ainsi en valeur la relation entre la belle Ann Darrow et la bête, sublimée par la magie des technologies actuelles.

Un cinéaste boulimique de travail Lorsque Peter Jackson travaille sur un projet, il y met tout son cœur, son énergie et son temps. Il a vite compris que la musique est le fer de lance d'une saga à succès. Ainsi, il fait appel à l'un des plus grands compositeurs et chefs d'orchestre: Howard Shore. Contrairement à James Cameron, Peter Jackson n’a pas perdu son temps pour remonter en selle après les triomphes hors du commun de ses trois Seigneurs des Anneaux. Tel un réalisateur moderne, il s'amuse à semer des indices, comme s'il envisageait ses prochaines réalisations à l'avance. Il y a notamment ce passage dans La Communauté de l’Anneau où l’on voit Bilbo, âgé, racontant à des enfants ses aventures, des histoires, comme celle des Trolls, qui sont abordés dans Le Hobbit. Il y a également ces références à la légende d’Isildur (ancêtre d’Aragorn) qui fait partie des premières scènes du film, une légende qu’on retrouve dans Le Silmarillion (œuvre de JRR Tolkien). Après avoir travaillé de longues années sur les imposantes trilogies de Tolkien, et s'être accordé une pause de courte durée entre King Kong et The Lovely Bones, Peter Jackson confie que ses futurs projets seront bien loin des épopées à gros budgets. Certes, il y a une vie après les gorilles et les nains mais l'univers Jackson aura toujours sa place à Hollywood ■ Par Benjamin Lévêque