Page 1 148 LES RELATIONS DES JÉSUITES [VOL. 5 Vn de nos
lant leſcher vn peu de neige qui eſtoit ſur vne hache qu'il tenoit, venất à toucher le fer, ſa langue ſe cola. & gela fi ... ſe roule icy ſur la neige, comme en France ſur l'herbe de nos prairies, pour ainſi dire, ce n'eſt pas qu'elle ... cret cognu de tout le monde: il paſſoit deuant moy,. & voyant que ſa teſte eſtoit en danger d'arriuer à la.
Or ce pauure garçon ſe voiant de- cheu de l'amitié du ſieur de [32] Caën ſe jette du. coſté du ſieur du Pleſſis, c'eſtoit tomber pour luy de fiéure en chaud mal: car le ... eſpouſé la fille de Manitougache, elle ayant receu quelque meſcontentement de
terre, & ſemer du bled d'Inde, leur vie facheuſe & tres-miferable leur ennuye: mais en vn mot, la pro-. meſſe du Pere Eternel à ſon Fils s'effectuera toft ou tard. Dabo tibi gentes hereditatem tuam, & poſſeſsionem tuam terminos terre. On a f
aucun gouſt qu'ils y ayent; mais ſeulement, [25] di- fent-ils, pour ſe vanger & pour manger ceux qui les mangent. - Pendant que ces pauures captifs chantoient & dan- çoient, il y en auoit de noſtre equipage qui ſe rioient voyans cette barbarie:
teſte, l'Hiroquois ſe croiant plus fort que le mõta- gnaits, lui dit, Ne faisõs point tuer nos gens; mais luitons enſemble, & voions qui pourra emporter ſon cõpagnon. La propoſition acceptée, ce capitaine qui pour lors eſtoit eſpiõ des Montagnaits, f
ment, ſi les chiens les mangeoient, la chaſſe ne vau- droit plus rien. Le Pere me dit qu'il s'eſtonnoit du. degaſt de viande qu'ils faiſoient. Voila vn grand mal pour ce miſerable ... François qui accompagnoit le Pere. A peine auoient-ils fait deux c
ioug de la loy de Dieu. Le 21. de Mars, vn Sauvage mangeant chez nous à terre, ſelon leur coutume, s'arreſta tout court, di- fant qu'il ne mangeroit pas dauantage, autrement qu'il mourroit: Ie luy demanday pourquoy, il me dit qu'il auoit veu vne l
eos in nomine Patris, &c. Ecce ego vobiscum &c. Ie pris bon augure de ces paroles, quoy que ie viſſe bien qu'elle ne ſ'addreſſoient pas à vne perſonne ſi miſe- rable que moy; aufſli m'eſt-il aduis que ie viens icy comme les pionniers, qui
manday s'il auoit vn fils, & s'il ne ſeroit pas bien con- tent de nous le donner pour l'inſtruire, il me dit que ouy; ſa mere [67] conduiſant vne petite fille, moy croyant que ce fut vn garçon, ie l'appelle, diſant à ſa grand'mere qu'elle nou