Page 1 126 LES RELATIONS DES JÉSUITES (VOL. 5 vne barque à
amples, pour les garnir de nippes ou de vieux hail- lons contre le froid; ſi nous avions quelques peaux de France vn peu plus douces que les groſſes am- paignes de vache, cela nous feroit vn bien incom- parable, notamment ſur le renouueau, quand les neges viennent à ſe fondre ſur le midy; car les ſou- liers des Sauuages ...
En fin vn rat muſqué deſ- cendit, & en rapporta: Auec ce morceau de terre il remit tout en eſtat : il refit des troncs d'arbres, & ti- rant des fléches à l'encontre, elles ſe changeoient en branches. Ce feroit vne longue fable de raconter. [79] comme
roſtir vne anguille auec vne petite broche de bois qu'ils picquent en terre aupres du feu, puis ils me la. preſenterent fur vn petit morceau d'eſcorce: ie la mangeay auec cet enfant, auquel ie demanday de l'eau: il m'en alla querir dans vne eſcue
ie dirois volõtiers mes ſentimens voiãt ces pauures barbares careſſer auec tant d'amour ceux qu'ils ne. cognoiſſent pas ! ... faiſoit feſtin, afin de les empeſcher d'entrer. C'eſt vne maxime entr'eux qui'ils ne mettront iamais le pied dans
Or ce pauure garçon ſe voiant de- cheu de l'amitié du ſieur de [32] Caën ſe jette du. coſté du ſieur du Pleſſis, c'eſtoit tomber pour luy de fiéure en chaud mal: car le ... eſpouſé la fille de Manitougache, elle ayant receu quelque meſcontentement de
aucun gouſt qu'ils y ayent; mais ſeulement, [25] di- fent-ils, pour ſe vanger & pour manger ceux qui les mangent. - Pendant que ces pauures captifs chantoient & dan- çoient, il y en auoit de noſtre equipage qui ſe rioient voyans cette barbarie:
terre, & ſemer du bled d'Inde, leur vie facheuſe & tres-miferable leur ennuye: mais en vn mot, la pro-. meſſe du Pere Eternel à ſon Fils s'effectuera toft ou tard. Dabo tibi gentes hereditatem tuam, & poſſeſsionem tuam terminos terre. On a f
teſte, l'Hiroquois ſe croiant plus fort que le mõta- gnaits, lui dit, Ne faisõs point tuer nos gens; mais luitons enſemble, & voions qui pourra emporter ſon cõpagnon. La propoſition acceptée, ce capitaine qui pour lors eſtoit eſpiõ des Montagnaits, f
ment, ſi les chiens les mangeoient, la chaſſe ne vau- droit plus rien. Le Pere me dit qu'il s'eſtonnoit du. degaſt de viande qu'ils faiſoient. Voila vn grand mal pour ce miſerable ... François qui accompagnoit le Pere. A peine auoient-ils fait deux c
ioug de la loy de Dieu. Le 21. de Mars, vn Sauvage mangeant chez nous à terre, ſelon leur coutume, s'arreſta tout court, di- fant qu'il ne mangeroit pas dauantage, autrement qu'il mourroit: Ie luy demanday pourquoy, il me dit qu'il auoit veu vne l
eos in nomine Patris, &c. Ecce ego vobiscum &c. Ie pris bon augure de ces paroles, quoy que ie viſſe bien qu'elle ne ſ'addreſſoient pas à vne perſonne ſi miſe- rable que moy; aufſli m'eſt-il aduis que ie viens icy comme les pionniers, qui
manday s'il auoit vn fils, & s'il ne ſeroit pas bien con- tent de nous le donner pour l'inſtruire, il me dit que ouy; ſa mere [67] conduiſant vne petite fille, moy croyant que ce fut vn garçon, ie l'appelle, diſant à ſa grand'mere qu'elle nou
prendre la langue, & quand ie la fçaurois, ğ tout feroit facile de part & d'autre. Le 19. la neige eſtant deſia fort haute, les Sauvages prirent huict élans, ou orignaux. Vers ce temps-là. 1'vn d'eux nommé Naffitamirineou, & ſurnommé des. François Br
Louys. XIII. à preſent regnant le 14. Feurier 1612. par le- quel il eſt defendu à tous Imprimeurs, ou Libraires, de n'imprimer ou faire imprimer aucun liure de ceux qui ſont compoſez par quelqu'vn de noſtredite Com- pagnie, ſans permiſſion des Superi
Il vient le foir aux Litanies en. noſtre Chappelle quand il couche chez nous, & comme il reſpondoit auec nous ora pro nobis, [39]. Pierre ſe riant de cela, luy demanda s'il entendoit bien ce qu'il auoit dit; Non, dit-il, mais ie croy que cela eſt